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Cours présenté par L.

Oucherif
 Sartre dans Qu’est-ce que la littérature?
veut montrer à quoi « sert » la littérature.
 Une activité, quelle qu’elle soit se définit
par son but et le but est approprié à un
moyen.
 Chez l’écrivain, le moyen employé est le
langage.
 Sartre distingue le poète de l’écrivain.
 « Les poètes sont des hommes qui refusent d’utiliser le
langage. » p. 18.
 Le poète, selon Sartre, a choisi « l’attitude poétique » qui
ne considère pas le mot comme un signe.
 « Le poète est hors du langage, il voit les mots à l’envers,
comme s’il n’appartenait pas à la condition humaine […]
Au lieu de connaître d’abord les choses par leur nom, il
semble qu’il ait d’abord un contact silencieux avec elles
puisque, se tournant vers cette autre espèce de choses que
sont pour lui les mots, les touchant, les tâtant, les palpant,
il découvre en eux une petite luminosité propre et des
affinités particulières avec la terre, le ciel et l’eau et toutes
les choses créées. », p. 20
 L’écrivain, qui est le prosateur, est « un parleur ».
 « La prose est utilitaire par essence; je définirais
volontiers le prosateur comme un homme qui se sert
des mots […] L’écrivain est un parleur: il désigne,
démontre, ordonne, refuse, interpelle, supplie, insulte,
persuade, insinue. » p. 25.
 Sartre explique le rôle de la parole.
 Selon les termes de Sartre, le fait de parler, c’est agir. Si
par exemple, on se met à nommer la conduite d’une
personne, on aura participer à la lui faire connaître. La
personne « se voit ».
 « Ainsi le prosateur est un homme qui a choisi
un certain mode d’action secondaire qu’on
pourrait nommer l’action par dévoilement […]
L’écrivain « engagé » sait que la parole est
action: il sait que dévoiler c’est changer et qu’on
ne peut dévoiler qu’en projetant de changer. »
p.28.
 En se servant de la parole, l’écrivain se donne
pour objet de dévoiler les comportements
humains. Il a pour mission de faire connaître
l’homme dans le but de l’aider à changer.
 « […] dès à présent nous pouvons conclure que
l’écrivain a choisi de dévoiler le monde et
singulièrement l’homme aux autres hommes
pour que ceux-ci prennent en face de l’objet
ainsi mis à nu leur entière responsabilité. »p.
29
 (voir la suite sur la réflexion poésie/roman)
 En s’ouvrant aux autres, l’écrivain les aide à
mieux voir ce qui les entoure et à mieux se
connaître.
 Les hommes deviendront ainsi eux-mêmes
responsables de leur lecture.
 « […] nous estimons que l’écrivain doit s’engager
tout entier dans ses ouvrages, et non pas comme
une passivité abjecte, en mettant en avant ses
vices, ses malheurs et ses faiblesses, mais
comme une volonté résolue et comme un choix,
comme cette totale entreprise de vivre […] »
p.40.
 L’écrivain se doit lui aussi d’être conscient de son
engagement, de sa volonté de partager avec les
autres hommes sa vision du monde.
 «[…] l’opération d’écrire implique celle de lire comme
son corrélatif dialectique et ces deux actes connexes
nécessitent deux agents distincts. C’est l’effort
conjugué de l’auteur et du lecteur qui fera surgir cet
objet concret et imaginaire qu’est l’ouvrage de l’esprit.
Il n’y a d’art que pour et par autrui. » p. 50
 Sartre insiste sur le lien étroit qui existe entre l’acte
d’écrire et l’acte de lire. Le premier ne peut pas exister
sans l’existence du deuxième et vice versa.
 Le lecteur tient le rôle d’un éclaireur et d’un créateur à
la fois.
 « Puisque la création ne peut trouver son
achèvement que dans la lecture, puisque l’artiste
doit confier à un autre le soin d’accomplir ce qu’il a
commencé, puisque c’est à travers la conscience du
lecteur seulement qu’il peut se saisir comme
essentiel à son œuvre, tout ouvrage littéraire est un
appel. Ecrire, c’est faire appel au lecteur pour qu’il
fasse passer à l’existence objective le dévoilement
que j’ai entrepris par le moyen du langage. » p.53.
 L’écrivain et le lecteur partagent des tâches
similaires; ils sont tous les deux amenés à agir pour
dévoiler quelque chose à partir de l’œuvre. Ils sont
aussi tous les deux des créateurs.
 Mais la création du lecteur est, comme le souligne
Sartre, « dirigée », puisqu’elle part d’une création
première qui est celle de l’écrivain.
 L’écrivain fait comme un appel au lecteur pour
l’amener à faire sa propre création à partir de sa propre
œuvre.
 L’appel de l’écrivain est la liberté du lecteur.
 C’est cette liberté qui selon Sartre collabore à la
production de l’œuvre.
 « Si j’en appelle à mon lecteur pour qu’il mène à bien
l’entreprise que j’ai commencée, il va de soi que je le
considère comme liberté pure, pur pouvoir créateur,
activité inconditionnée; je ne saurais donc en aucun
cas m’adresser à sa passivité, c’est-à-dire tenter de
l’affecter, de lui communiquer d’emblée des émotions
de peur, de désir ou de colère. » p. 55
 « la lecture est un rêve libre » p. 57
 « Ainsi la lecture est un pacte de générosité
entre l’auteur et le lecteur; chacun fait
confiance à l’autre, chacun compte sur
l’autre, exige de l’autre autant qu’il exige de
lui-même. Car cette confiance est elle-même
générosité: nul ne peut obliger l’auteur à
croire que son lecteur usera de sa liberté; nul
ne peut obliger le lecteur à croire que
l’auteur a usé de la sienne. C’est une décision
libre qu’ils prennent l’un et l’autre. » p. 62

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