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FONCTIONS DE LA LITTERATURE

La littérature se définit comme l’ensemble des œuvres écrites ou orales auxquelles on


reconnaît une finalité esthétique ou morale.

Elle se définit également comme l’ensemble des œuvres orales et écrites qui dépasse dans
leur objet le simple cadre de l’observation et qui visent à des objectifs d’ordre esthétique,
moral ou philosophique.

La question de son utilité est souvent posée. En effet, quand certains reconnaissent qu’elle
n’est pas utilitaire (on peut très bien vivre sans elle), d’autres par contre la conçoivent
comme utile car son action est d’un autre ordre, celui du vital.

1) La littérature comme moyen de connaissances (portée didactique)


Voltaire disait « un livre n’est excusable qu’autant qu’il apprend quelque chose ».En
s’exprimant ainsi, il met en relief cette mission de diffusion de connaissances qui est
la plus connue de la littérature. Ainsi la littérature devient un moyen de prise de
possession affective et intellectuelle du monde et de l’homme.
a. Moyen de connaissance du monde

Le vaste monde ouvert à notre curiosité nous est en partie inaccessible.


Semblable aux touristes qui passent souvent sans rien voir, nous avons besoin
pour comprendre l’essentiel du passé et même du présent, de la médiation de la
littérature.

o Connaissance du passé : le passé peut être ressuscité dans une œuvre


littéraire. En effet en respectant la vérité historique, l’écrivain revêt
l’habit de l’historien. Balzac ne disait-il pas : « Le roman c’est l’histoire
des mœurs ». L’œuvre littéraire peut donc nous livrer l’arrière-plan
d’une époque, ainsi que l’arrière-plan moral. Exemple : lire les romans
du XIXe siècle, c’est se retremper dans l’époque du seconde Empire : lire
Les Misérables de Hugo c’est replonger dans le contexte de la
restauration (retour de la monarchie au pouvoir).
o Connaissance d’autres Civilisations : Par le biais de l’exotisme, le lecteur
sort du nombrilisme pour aller à la rencontre de l’autre, d’une autre
culture.

En effet, les pays lointains ont toujours attiré les écrivains. Exploré ou rêvé, situé au-delà des
mers ou dans l’espace réel ou imaginaire, terrifiant ou idéalisé, ils fournissent aux poètes,
aux romanciers, un point de départ pour le rêve ou la réflexion.

o Connaissance du Présent : nous avons beau être informés submergés d’images et de


nouvelles, nous ne sommes pas toujours en mesure de comprendre notre temps
présent. La littérature peut être un excellent moyen de saisir de l’intérieur les grands
problèmes et drames contemporains. En effet, l’écrivain s’adonne souvent à un
témoignage sur son époque. C’est le cas de Mariama Ba mettant en relief les drames
de la polygamie au Sénégal dans son roman Une Si Longue Lettre.
b. Moyen de connaissance de l’homme

Georges Sand disait « L’étude des lettres n’est rien d’autre que l’étude des hommes ».
Cette approche de l’humain est un des grands privilèges de la littérature qui est ainsi un
miroir permettant la connaissance de soi, de l’auteur, d’autrui.

o Connaissance de l’auteur : lire une œuvre, c’est souvent découvrir la personnalité de


son auteur .Car celui-ci a souvent tendance à se diluer dans son œuvre, à véhiculer son
Moi, ses convictions sa vision du monde dans son œuvre. Lorsqu’il s’agit d’œuvres
autobiographiques, elle devient un moyen de connaitre un homme : les péripéties de
sa vie.
o Connaissance de soi

Pour André Malraux le rôle de l’écrivain est de « tenter de donner conscience à des
hommes de la grandeur qu’il ignore en eux ».

Joubert s’inscrit dans la même dynamique quand il déclare : « les écrivains qui ont de
l’influence ne sont que des hommes qui expriment parfaitement ce que les autres pensent
et qui réveille dans les esprits des idées et des sentiments qui tendaient à éclore ».

De même Marcel PROUST disait : « une œuvre littéraire est un instrument d’optique
introspectif ».

Par conséquent tous ces écrivains font de l’œuvre littéraire un miroir où le lecteur peut se
reconnaître et se comprendre .Elle permet une descente dans les profondeurs du Moi pour
une prise de conscience plus lucide, plus sérieuse de nos potentialités. C’est la raison pour
laquelle Romain Roland disait « On ne lit pas un livre, on se lit à travers un livre ».

o connaisance d’autrui

Dans la préface de Les Contemplations, Hugo disait « On se plaint quelques fois des
écrivains qui disent « Moi » .Parlez-nous de nous leur crie-t-on ! Hélas quand je vous parle de
moi je parle de vous .Ne le sentez-vous pas ?

Ainsi la littérature est aussi, l’expression d’une humanité une et diverse : le Moi de l’écrivain
est donc le Moi Universel. Ainsi exaltant sa tragédie personnelle d’un homme tiraillé entre le
spleen et l’idéal, Baudelaire interpelle son lecteur en ces termes : « hypocrite lecteur mon
semblable, mon frère ».

Par conséquent, l’infinie diversité des œuvres, la multiplicité des personnages créés peuvent
nous permettre de mieux comprendre la nature humaine (caractères psychologies). L’on
comprend donc aisément ces propos de Jean Guehenno : « la vraie lecture commence quand
on ne lit plus pour se distraire et se fuir, mais pour se trouver ».

2) La littérature moyen de formation


L’initiation au monde par le livre permet le développement de l’intellectuel et de la
personnalité.
a) La morale (Fonction Didactique)

La littérature peut permettre de mieux comprendre les problématiques morales incarnées


dans la conscience des personnages. Ainsi, la culture apporte une riche expérience de la vie.
Simone de Beauvoir disait dans ce cadre : « enfant, adolescent, la lecture était non
seulement mon divertissement favori, mais aussi la clé qui m’ouvrait le monde. Elle
m’annonçait mon seulement mon avenir : m’identifiant à des héroïnes de roman, je
pressentis à elles mon destin... elle m’a servi à étendre mes connaissances, à multiplier
mes expériences à mieux comprendre ma condition d’être humain. »

b) L’Esthétique

La littérature est un moyen d’initiation à la beauté. Comme les autres formes d’art, elle
contribue à la formation du goût. Ainsi, selon Eve Kassil « Si un homme n’a jamais lu les
bons auteurs , les livres qui bouleversent les cœurs et les intelligences de millions de
lecteurs, s’il ne peut réciter une ou deux douzaines de vers de son poète favori , celui-là est
condamné à l’indigence spirituelle ! » Ainsi, qu’il soit poète ou romancier, l’écrivain est ce
séducteur qui par la magie de l’art veut susciter chez le lecteur cette délectation, ce plaisir de
la contemplation de l’œuvre d’art. Ce qui fait dire à Gautier « l’art doit griser » et même à
Flaubert « le but de l’art, c’est le beau avant tout »

3) La littérature moyen d’interrogation

André Malraux disait : « Bien que chaque paragraphe d’un roman affirme tout grand roman
interroge. » Une assertion que corrobore Jean Cocteau en affirmant : « un bon livre est
celui qui sème à foison des points d’interrogation ». Et André GIDE pour synthétiser :
« Inquiéter tel est mon rôle le public préfère toujours qu’on le rassure.il en est celui dont
c’est le métier, il n’en est que trop ».

De même l’on a pu dire que la philosophie était l’art de bien poser les questions plutôt que
celui d’y répondre ; de même l’on peut prétendre que la littérature est un moyen
d’interroger le monde, ses épaisseurs et ses mystères .Il s’agit pour l’écrivain d’éveiller
l’inquiétude du lecteur ,une inquiétude qui peut être d’ordre :

o Métaphysique (René de Chateaubriand)


o Psychologique (l’Etranger de Camus)
o Social (la Nausée de J.P SARTRE)
Ecrivains existentialistes, Sartre et Camus en posant les jalons de la réflexion sur la condition
humaine veulent inciter l’homme à s’interroger sur lui-même, sur son existence sur
l’absurdité, le non-sens de la vie. En problématisant l’homme et sa condition, l’écrivain veut
aider chacun à partir d’une réflexion à trouver sa vérité, sa philosophie de l’existence, sa
conception de la vie. C’est la raison pour laquelle, répondant à la question d’un journaliste
sur le rôle de l’écrivain. Eugène Ionesco disait : « il pose des problèmes ..., il est évident que
je préfère l’écrivain qui pose des problèmes, à celui qui pose des solutions ». En effet, les
œuvres de Camus (Caligula, L’Etranger, La Peste) celles de Sartre ( La Nausée ,Les Mots)
constituent de véritables interrogations sur l’homme et sa condition.

4) La littérature comme moyen de divertissement (portée ludique)

Robert Escarpit disait : « toute lecture est d’abord une évasion ; mais il y’a mille façons de
s’évader et l’essentiel est de savoir de qui et de vers quoi on s’évade ».

Diderot disait : « j’aime éperdument à lire c’est vous dire tellement que je n’aime pas à
penser ».

Jean Paul Sartre disait : « Je dois à ces boites magiques (les romans de Jules Vernes) mes
premières rencontres avec la beauté .Quand je les ouvrais, j’oubliais tout ».

Ces différentes assertions prouvent que le rôle de la littérature c’est d’abord de divertir.

C’est bien évidement ce que cherche prioritairement tout lecteur .Le souci d’instruire de se
cultiver vient ensuite.

La littérature d’évasion longtemps considérée comme une littérature de rêverie a conquis


maintenant ces lettres de noblesse.

Dégouté par les contingences de la vie sociale, assoiffé de rêve, le lecteur trouve un refuge
dans cette littérature qui le transporte vers un monde plus vaste, plus beau, plus habitable
que celui dans lequel il vit. C’est la raison pour laquelle Georges Sand disait : « Un livre a
toujours été pour moi un ami, un conseiller, un consolateur éloquent et calme dont je ne
voulais pas épuiser vite les ressources ».

En définitive la littérature n’est pas directement utilitaire mon son utilité se comprend si on
admet que l’homme ne vit pas seulement de nourriture terrestre, il vit en lui sa faim de
connaissances et la soif des rêves.

Cependant, certains penseurs proposent de se défier de la lecture. C’est le cas de


Chateaubriand qui déclarait : « Si René n’existait pas je ne l’écrirais plus .s’il m’était
possible de le détruire, je le détruirais : il a infesté l’esprit d’une partie de la jeunesse ;
effet que je n’avais pu prévoir car j’avais au contraire voulu la corriger ».
C’est dire que certaines lectures peuvent avoir des effets pernicieux, déviationnistes,
imprévisibles. Ce qui fait dire à André Gide : « Jette mon livre, dis-toi ben que ce n’est
qu’une des milles postures possibles en face de la vie. Cherches la tienne ».

Cette défiance vis-à-vis de la littérature se justifie dans une tendance à perdre le lecteur, à
l’enivrer, à l’envoûter, à le détacher des réalités terrestres. Anatole France ne se prive pas
d’avertir « Ceux qui lisent beaucoup de livres sont comme des mangeurs de haschisch. Ils
vivent dans un rêve ; le poison subtile qui pénètre leurs cerveaux les rend insensibles au
monde réel et les jette en proie à des fantômes terribles ou charmants ».

BONNE LECTURE. Délectez- vous, assimilez les bons

points, cultivez-vous .

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