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Conférence François Taillandier

Réussit à trouver un ton juste, celui d'un écrivain écrivant sur un autre écrivain.
Revue « L'atelier du roman ».
Intérêt pour question de langue et de langage; essai de dire le monde réel, contemporain au delà de
l'ère du soupçon, pense toujours que le roman a des pouvoir de dire le monde pour peu qu'on puisse
inventer des formes nouvelles : Régis Jauffrey, Houellebecq...

Prophétie de Borges d'accréditer l'existence d'un autre monde... l'univers Tlön prend naissance et
supplante la réalité.

Le fantasme d'etre ecrivain, une affaire d'enfance et même de la petite enfance. « le pressentiment
que j'aimerais en faire autant », avec des éclipses de l'envie, a mis longtemps à réaliser quelque
chose.
On est écrivain parce qu'on a un problème avec le langage et avec l'expression dans le langage.
Besoin d'un détour par l'écrit, détour qui peut être laborieux. Problème? Pas identifiable... Peut-être
la psychanalyse? Perception du réel qui n'aurait pas d'intérêt à être mentionné dans la conversation,
incongru par ex.

« Comment se fait il que nous ne parlions pas plus en alexandrin? » Problème dans le langage, on
arrive jamais a donné la forme qui permet de faire triompher le dire, et on cherche par l'écriture, et
provisoirement on croit qu'on a trouvé...

Racine considéré comme le plus grand écrivain de tous les temps par Taillandier. - dire les choses
avec une certaine précision et exactitude.

Le sentiment qu'il y a qqchose à chercher, quelque chose de secret, de caché ( genre Aragon, le
secret de sa naissance!). L'intrigue, idée d'aller face à la résolution de quelque chose, donc peut etre
lié à la petite enfance parce que le monde des grands est énigmatique. (EX : Question de la
sexualité)
Le roman passe par la figure du dévoilement, de l'enquête : Le Club des Cinq...

Quatre premiers romans : ne les considère plus comme intéressants (cf. Enrique Vila-Matas) Un peu
écrivain à la Bartleby...
Les Clandestins sont un peu le plus grand brouillon de La Grande Intrigue, donc le rejette.

T. a écrit un petit roman sur Racine (Les Nuits Racine), en voulant faire un essai sur l'auteur. Il s'est
aperçu que ce qui l'intéressait c'était de voir l'évolution de la société devant lui, qui faisait naître des
personnages, des rites que les romanciers d'avant n'ont pas pu voir = montrer ce qu'il y a de
singulier et de neuf dans la société telle qu'elle apparaît.
===> sentiment de changer de monde. (avant/après)
Infiltration de comique dans les tragédies de Racine que T. exprime par le biais d'un de ses
personnages...

La réalité a quelque chose d'inédit, et les romans sont une manière de tenter de répondre à cet inédit
qui n'a rien d'évident. On a tous l'impression d'être happé par quelque chose. Le roman a toujours
une partie de hasard. = roman tentative d'y voir un peu plus clair.
« décryptage » = mot très utilisé dans la presse.
Question narrateur/auteur
L'auteur est concerné dans Des hommes qui s'éloignent, parce que point de départ est le suicide d'un
être proche, et donc le roman vient de la volonté de cicatriser cela.

Anielka est le reflet d'une situation personnelle sur laquelle il ne s'étend pas dans le roman parce que
ne voulait pas raconter sa vie. T. a essayé de regarder ses questions, ses doubles à travers le regard
d'un AUTRE. Le personnage d'Anielka est autre par rapport à elle-même, parce que d'origine
étrangère, à cause de ses actes qu'elle ne comprend pas elle meme, et autre pour l'écrivain parce
qu'elle est le féminin. (altérité féminine = altérité suprême pour l'auteur! // Anna Blume)
Un personnage éclaire l'autre, une complicité entre Anielka et l'auteur/narrateur. « Je comprends, il
me semble. »

Il a fallut surmonter une crise d'écrivain assez forte parce qu'imagine les autres personnages qui se
tourne vers l'auteur/narrateur en lui demandant ce qui fait sa légitimité. Pourquoi parle t il d'eux?

« Ardoise, et préférence »

Sa culture littéraire de base est très traditionnelle, lecture des classiques et a construit ses propres
préférences à partir cela.
– Balzac, Eugénie Grandet
– Racine
– Borges, découvert à l'université. Labyrinthique et mystérieux.
– Aragon (œuvre déroutante, sorte de bagarre avec choses aimées, d'autres détestées)
– Paul Valéry (poèmes, essais – adversaire du roman)
– Anatole France (découverte l'adolescence, l'a beaucoup inspiré pour La Grande Intrigue)
– Kundera (création romanesque en France entachée d'une grande futilité par rapport à Céline,
etc... Bien peu d'ambition, candidats à se vendre à la télé, impression que la littérature n'a
plus d'ambition. Et Milan Kundera rappelle que le roman est une forme de la pensée, une
manière d'envisager des choses sérieuses)

notion de quête valable chez les enfants ou les grands enfants que nous pouvons être, Idée de quête
essentielle à condition d'accepter la notion de paradoxe, sans laquelle on ne peut comprendre la
pensée de Borges; remise en question assortie d'humour... = Borges, précurseur d'écrivains
contemporains?

Idée que l'on ne sait rien, nous sommes la proie d'interrogations ( // Paul Auster!), pense avoir des
réponses guidées par la raison, la politique... Borges joue avec cette incertitude en tant qu'écrivain
avec les idées les plus saugrenues au sein de ses romans. Le scepticisme énorme de Borges : peut-
être que la vérité sur l'être humain était contenu dans un rêve oublié? Ce qui donne un chatoiement
chez Borges... « Les augures de la secte de Freud » Le roman est un domaine où il ne faut pas
avoir de certitudes, ne pas partir de certitudes, laisser évoluer l'oeuvre et les personnages.

II. «  La Grande Intrigue » = un cycle romanesque et généalogique

Succession de trois générations. Peu d'exemple en ce moment d'auteurs qui se lancent dans des
cycles romanesques.

T. se rend compte que dans ses oeuvres précédentes, il avait tendance à faire remonter le passé, les
origines, donc volonté d'aller dans la longue durée, dans l'historique, et les cycles romanesques
comme Les Thibault sont l'occasion de remonter dans le passé, dans les héritages que l'on a reçu.
Naissance Taillandier 1955 – 5 volumes
« Nous sommes tous le fruit de notre propre durée. »

T. ne voulait pas faire une saga familiale qui parte de l'histoire de la grand-mère, etc, plutôt va et
vient dans le passé et le présent, mais risque de chaos... Avec les 5 volumes, 1955 et publication qui
dans les dates prendra sens, avec les 55 chapitres... Contraintes formelles qui lui rappelaient
l'Oulipo.

– Conception du chapitre
Selon T. on peut lire chaque chapitre indépendamment l'un de l'autre... Et même commencer un
volume au hasard. = par exemple, en écrivant un moment dans la vie d'un personnage.
Grande liberté formelle. = règle de discontinuité, de ton, d'approche parce que la réalité est
complexe.
Nicolas et Louise reviennent dans la maison de famille, ils sont cousins et font l'amour dans le lit de
la grand-mère. Dans cette situation de départ, volonté de symboliser la progression des
personnages, parce qu'il faut fracturer quelque chose. La maison de famille est comme un coffre fort
dans lequel il faut trouver quelque chose, et les souvenirs se croisent pour essayer de comprendre
les personnages qu'ils y ont rencontrés.
Entreprise quelque peu déceptive, et le dernier chapitre s'intitule « Les lacunes de la Grande
Intrigue » car il n'y a aucune révélation centrale...

Disparité parce que le réel ne relève pas d'un seul type de discours.
Eviter qu'un personnage soit la voix de la vérité, il faut que tous les personnages soient dans
l'incertitude, et l'auteur n'a pas le dernier mot non plus.
T. aime l'absence de conclusion, toujours ambiguë, toujours part de mystère...

Processus de l'écriture

Il n'y a pas de raisonnements, quelque chose qui est de l'ordre du sensible. (// Paul Auster)
C'est une idée qui traîne, qui prend pied, et qui finit par être écrite.

Écrivain/Journaliste

Il ne se considère pas comme journaliste parce qu'écrit des chroniques dans l'Humanité, une par
semaine, donc une certaine porosité entre les deux casquettes. Il oublie assez vite ses chroniques, ne
les relit pas, et a certaines surprises lorsqu'il les relit. Avec des points de contacts entre les deux,
comme ci les chroniques étaient un brouillon ou une esquisse de ses romans.

Élucidation des titres de La Grande Intrigue

– Option Paradis, société peut être le paradis grâce à la consommation (cf. La génération
d'Eric, Ricard)
– Telling, communication instantanée, le retour au purgatoir. Le telling : le fait de donner un
récit, de donner une version des choses, l'explication d'un événement intriguant, lorsqu'on se
raconte, peut toujours être modifié.
– Il n'y a personne dans les tombes, idée des générations et du temps. Le temps de la
conscience, de la mémoire n'est pas chronologiques. Les évènements extremement lointain
peuvent être très présents.  « Le roman tente de franchir à rebours les barrières du temps. »
– Les romans vont où ils veulent, l'auteur n'est pas le maître à bord.
– Time to turn, influence de l'anglais dénoncée.
La psychanalyse ouvre des portes. La psychanalyse de bazar lorsqu'on analyse toutes les paroles... Il
faut savoir être sceptique vis à vis de la psychanalyse, mais il y a certainement un bienfait dans cette
« science ».

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