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HISTORIQUE DE L'OPERATION AMISOM

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AMISOM

Mission de l'Union Africaine en Somalie

La Mission de l'Union africaine en Somalie (AMISOM), créée le 19 janvier 2007 par le


Conseil de Paix et Sécurité de l’UA et entérinée le 20 février par la résolution 1744 du
Conseil de sécurité de l’ONU, a pour principale mission de fournir un soutien aux
Institutions Fédérales Transitoires somaliennes dans leurs efforts de stabilisation du pays
et dans la poursuite du dialogue politique et de la réconciliation. Originellement prévue
pour être déployée pendant six mois avant le déploiement d'une force de l'ONU, elle a été
renouvelée à plusieurs reprises par le Conseil de sécurité puis renforcée en 2012 pour
atteindre le seuil des 17 000 soldats déployés.

Depuis la chute du régime dictatorial de Siad Barré en 1991, la Somalie est déchirée par les
guerres entre les nombreuses milices se disputant leurs fiefs respectifs sans parvenir à contrôler
l’ensemble du territoire. La Somalie devient un pays ingouvernable, une situation qui plonge la
population dans une extrême pauvreté et une insécurité quotidienne, à la merci des rackets des
milices et des seigneurs de guerre. Cette insécurité chronique, qui pousse plusieurs Somaliens
à prendre les armes -qui pullulent- pour former des milices d’autodéfense censées remplacer
les forces nationales, génère ainsi un cercle vicieux de violences.
L’ECHEC DES INTERVENTIONS INTERNATIONALES (1992-1995)

Dans sa résolution 751 du 24 avril 1992, le Conseil de sécurité de l’ONU autorise le


déploiement d’une mission de paix en Somalie (ONUSOM I), qui a pour mandat initial de
surveiller le respect d’un cessez-le-feu à Mogadiscio; la mission se retire toutefois du sud du
pays le 10 septembre 1991. En août 1992, le mandat et les effectifs d’ONUSOM I sont élargis
de manière à lui permettre de protéger les convois humanitaires et les centres de distribution
dans l’ensemble de la Somalie, touchée par une crise humanitaire de grande ampleur.

Le 3 décembre 1992, après une nouvelle détérioration de la situation sécuritaire et humanitaire


en Somalie, le Conseil de sécurité adopte la résolution 794 qui autorise les États membres à
créer la Force d’intervention unifiée (UNITAF), qui peut « employer tous les moyens
nécessaires pour instaurer aussitôt que possible des conditions de sécurité pour les opérations
de secours humanitaire en Somalie ». À son plus haut niveau, l'UNITAF compte environ 40
000 membres, dont 30 000 Américains déployés dans le cadre de l’opération Restore Hope. Si
le déploiement de l’UNITAF est accepté par le Conseil de sécurité, son commandement relève
des États participants.

Le 26 mars 1993, le Conseil de sécurité décide dans la résolution 814 de mettre fin à
l’ONUSOM I et de créer une deuxième opération de Nations Unies en Somalie (ONUSOM II),
forte de 8 000 hommes et chargée de reprendre les activités de l’UNITAF. Cette dernière voit
ses effectifs réduits à moins de 2 000 soldats à partir de mai 1993, quand la première phase de
l’opération américaine Restore Hope prend fin. La deuxième phase de l’opération américaine,
appelée Continue Hope, est ensuite mise en place afin d’appuyer l’ONUSOM II dans son
mandat. Conformément à la résolution 814, les troupes restantes de l’UNITAF sont alors
placées sous commandement onusien.

À partir du 8 août 1993, les États-Unis déploient des troupes de rangers hors du commandement
de l'ONU afin de traquer un chef de guerre somalien, le général Mohamed Farrah Aidid. Cette
opération, dénommée Operation Gothic Serpent, culmine les 3 et 4 octobre 1993 avec « la
bataille de la mer Noire », une opération militaire visant à capturer deux proches d’Aidid
participant à une réunion à Mogadiscio qui se transforme en véritable bataille urbaine au cours
de laquelle 19 soldats sont tués, dont 18 rangers américains. Les pertes somaliennes, qui n'ont
pu qu'être estimées, se chiffreraient entre 150 et 1 000 morts. Cette bataille sanglante provoque
le retrait quasi-immédiat des forces américaines et françaises. La mission ONUSOM II, dont le
mandat est tombé sous le coup de Chapitre VI de la Charte de l’ONU dès février 1994, prend
fin le 2 mars 1995.
AUTORITE CENTRALE ET EFFORTS DE RECONCILIATION

Suite à ce retrait international, les chefs de guerre continuent de se disputer le contrôle de


portions du territoire somalien, dont la capitale Mogadiscio. Plusieurs initiatives de
réconciliation nationale et d’établissement d’un gouvernement central sont lancées par les pays
voisins et la communauté internationale, sans parvenir à produire de résultats tangibles.
Lors d’une série de conférences tenues à Djibouti entre le 20 avril et le 5 mai 2000, la
Conférence nationale de réconciliation somalienne est toutefois mise sur pied dans le but de
former un Gouvernement national de transition (TNG). Le 26 août 2000, un président somalien
est élu par l’Assemblée Nationale de Transition, forte de 245 membres et fondée sur une
représentation clanique. Les actions du TNG rencontrent toutefois sur le terrain l’opposition du
Conseil de la Restauration et de la Réconciliation Somalienne, un mouvement créé en avril
2001, en majorité par des chefs de guerre prétendant à la gouvernance du pays.

Ce n’est qu’en 2004 que les deux mouvements se réconcilient et acceptent de travailler
ensemble, ouvrant ainsi la porte à l’établissement d’un gouvernement central fonctionnel. En
janvier de cette même année, le président ougandais et président de l’Autorité
intergouvernementale sur le développement (IGAD), Yoweri Museveni, négocie un accord
dans lequel les parties s’entendent sur la création d’un gouvernement fédéral de transition
(TFG). Le 22 août 2004, un parlement de transition de 275 membres est investi et, le 10 octobre,
le président du Puntland, Abdullahi Yusuf Ahmed, est élu président intérimaire de la Somalie
par le Parlement de transition. En raison de la situation sécuritaire en Somalie, le TFG et le
Parlement de transition siègent toutefois au Kenya jusqu’en 2006, lorsqu’ils déménagent à
Baidoa. Le TFG et les institutions de transition (TFI), qui bénéficient alors d’une certaine
reconnaissance auprès de la population, effectuent d’importants progrès sur le plan du
renforcement des institutions, en créant notamment le Conseil National de la Réconciliation, la
Cour Suprême ou les Conseils de district. Le manque de financement et de capacité
institutionnelle empêchent toutefois les institutions de transition d’étendre leur contrôle à
l’ensemble du territoire et de la population et de consolider les acquis. En 2005, l’IGAD décide
de créer une mission de soutien à la paix en Somalie (IGASOM) afin d’appuyer l’action du
TFG et de lui permettre d’exercer un contrôle sur l’ensemble du territoire, à l’exception du
Somaliland. Cette mission ne sera cependant jamais déployée sur le terrain, et sera remplacée
et englobée dans les faits par la Mission de l'Union Africaine en Somalie (AMISOM), dont la
création sera impulsée par plusieurs développements durant le mois de février 2006.
LES AFFRONTEMENTS DE 2006

En 2006, pour la première fois depuis sa création, le TFG réussit à siéger en Somalie dans la
ville de Baïdoa, à 260 kilomètres au nord-ouest de la capitale. Le même mois, l'Alliance pour
la restauration de la paix et contre le terrorisme (ARPCT) est créée par un regroupement de
chefs de guerre, d’hommes d’affaires et de membres du TFG dans le but de contrer l’influence
grandissante de l’Union des tribunaux islamiques (UTI), un groupe composé de 15 tribunaux
islamiques somaliens souhaitant instaurer la charia en Somalie. L’UTI comporte des éléments
modérés, dont Sharif Sheikh Ahmed qui sera élu président fin 2008, mais aussi radicaux : le
groupe Al Shebab émergera ainsi de la branche radicale de l’Union. Bien que fortement
décentralisée, l’UTI réussit à se coordonner de manière à faire respecter un ordre civil relatif
dans les territoires sous son contrôle et devient un des groupes les mieux organisés, si bien
qu’au début de l’année 2006, l’UTI devient le principal acteur de l’opposition au TFG. Les
affrontements sporadiques autour de Mogadiscio entre l’ARPCT et l’UTI augmentent
rapidement en intensité et une bataille urbaine meurtrière pour le contrôle de la capitale a lieu
de mars à mai 2006.

Le 20 juin, les troupes éthiopiennes font leur entrée en Somalie pour fournir une assistance
militaire au TFG, alors retranché dans la ville de Baïdoa, et lutter contre l’UTI. Durant l’été
2006, cette dernière consolide tout de même son contrôle sur la capitale, qui connaît un
semblant de paix et de tranquillité pour la première fois depuis plus de 15 ans. En août,
l’aéroport de Mogadiscio et le port de la capitale entrent en activité pour la première fois depuis
1995.

En septembre, l’UTI occupe le Jubaland et la ville de Kismayo, ce qui détériore


considérablement ses relations avec le Puntland et le Somaliland. Le même mois, des
escarmouches entre les troupes éthiopiennes et l’UTI contribuent à faire augmenter la tension
et, en octobre, le commandement de l’UTI déclare le jihad contre tous soldats éthiopiens
présents en Somalie en raison de leur soutien au TFG. En novembre, les troupes islamistes font
des avancées dans la région du Galmudug et l’UTI entre officiellement en conflit avec la région
du Puntland. Dans le même temps, les troupes du TFG et de l’Éthiopie se rassemblent autour
de Baïdoa alors que les incidents violents se multiplient dans la région. Les affrontements
s’intensifient début décembre autour de Baïdoa, et d’importants renforts éthiopiens, dont des
chars d’assaut, sont déployés le 20 décembre. Ce n’est que le 24 décembre que l’Éthiopie admet
que ses soldats participent directement aux combats contre l’UTI. Suite à une bataille meurtrière
qui fait quelque 3 000 morts et 4 000 blessés dans ses rangs, l’UTI évacue Mogadiscio et laisse
les troupes somaliennes et éthiopiennes rentrer dans la capitale le 28 décembre. Les combattants
islamistes se replient alors dans le sud-est, où ils subissent une défaite à Kismayo le 1er janvier
2007; les derniers combattants tentent de fuir vers le Kenya. Le 22 janvier, le chef du conseil
exécutif des tribunaux islamiques, Sharif Sheikh Ahmed, se rend aux autorités kényanes; il sera
libéré dix jours plus tard après avoir rencontré l’ambassadeur américain au Kénya.

Cette victoire des forces gouvernementales ouvre ainsi la voie à l’extension de l’influence du
gouvernement transitoire au-delà de la ville de Baïdoa, mais inaugure une période d’incertitude
en matière de sécurité. Les forces gouvernementales sont peu équipées pour faire face aux
attaques répétées des nombreuses milices islamiques et claniques. D’autre part,
l’interventionnisme éthiopien reçoit un accueil pour le moins mitigé au sein de la population au
moment où le gouvernement de transition en quête de légitimité s’emploie à réconcilier les
Somaliens.
LA CREATION ET LE DEPLOIEMENT DE L’AMISOM (2007-2013)

L’implication du CPS de l’UA

Durant sa 69ème session du 19 janvier 2007, le Conseil de Paix et Sécurité (CPS) de l’UA décide
dans sa décision PSC/PR/Comm(LXIX) du déploiement d’une force de paix en Somalie
dénommée Mission de l'Union africaine en Somalie (AMISOM), pour une période de six mois
au terme de laquelle l’ONU devra prendre le relais. Cette décision donne à l’AMISOM le
mandat d’aider et soutenir le gouvernement fédéral de transition, de faciliter les opérations
humanitaires en Somalie et consolider la paix et la stabilité en Somalie en appuyant le dialogue,
ainsi que d’assurer la protection des institutions de transition et de leurs infrastructures. La force
doit initialement être composée d’un effectif de neuf bataillons d’infanterie de 850 hommes
chacun, appuyés par des composantes maritime et aérienne, ainsi que de 270 policiers et d’une
composante civile appropriée.

Après plusieurs débats portant sur les aspects financiers et l’hésitation de nombreux pays
africains à envoyer des troupes, le déploiement de l’AMISOM se concrétise avec l’engagement
de nouveaux pays (Nigéria, Burundi, Malawi, Ghana et Ouganda). Le Commissaire à la paix et
la sécurité de l’UA, Saïd Djinnit, annonce le 12 février 2007 le lancement de la « phase
opérationnelle » de la mission, espérant envoyer le plus rapidement possible les trois premiers
bataillons. Le 20 février, en adoptant la résolution 1744, le Conseil de sécurité de l’ONU prend
note de la décision du CPS du 19 janvier et décide d’autoriser les États membres de l’UA à
établir pour une période de six mois cette mission en Somalie, qui sera habilitée à prendre toutes
les mesures nécessaires pour s’acquitter de son mandat.

Dans sa décision du 19 janvier 2007, le CPS stipulait que le déploiement initial de l’AMISOM
devrait comporter un minimum de trois bataillons d'infanterie et comprendre les dispositions
adéquates pour le déploiement rapide de bataillons supplémentaires. Cependant, au début du
mois de mars 2007, seulement deux bataillons ougandais, soit 1 700 hommes, sont déployés;
ils ne sont rejoints que le 20 janvier 2008 par un bataillon burundais. Les limites logistiques,
l’insécurité sur le terrain, les conditions de vie particulièrement difficiles des soldats déployés
et la difficulté à mobiliser les pays contributeurs empêchent un déploiement complet des
effectifs autorisés.

Un certain désengagement onusien

Le Conseil de sécurité réitère à plusieurs reprises son intention de déployer une mission de paix
pour prendre le relais de l’AMISOM, comme initialement mentionné dans la résolution 1744.
Le 21 août 2007, s’il proroge pour la première fois le mandat de l’AMISOM, il prie le Secrétaire
général de débuter les procédures pour que des Casques bleus prennent la relève en Somalie.
Le 9 novembre 2007, le Secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, estime toutefois que les
conditions politiques et sécuritaires ne permettent pas un déploiement réaliste et viable et
s’oppose ainsi au déploiement d’une force de paix de l’ONU en Somalie pour remplacer
l’AMISOM.

Le nouveau Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, présente malgré tout le 14 mars 2008
un rapport (S/2008/178) dans lequel il élabore divers plans d’action pour une éventuelle mission
intégrée de maintien de la paix en Somalie. Le rapport recommande d’intégrer les trois volets
de l’action de l’ONU en Somalie soit le volet politique, le volet sécuritaire et le volet
programmatique. Le 16 janvier 2009, le Conseil adopte la résolution 1863 dans laquelle il
réaffirme son intention de prendre la suite de l’AMISOM et prie le Secrétaire général de lui
soumettre un rapport sur l’établissement d’une telle mission. Ce dernier envoie donc une
mission d’évaluation technique en Somalie et rend son rapport le 9 mars 2009. Le 16 avril, le
Secrétaire général fait parvenir au Conseil de sécurité un rapport spécial (S/2009/210) pour
l’informer de la situation en Somalie et de ses recommandations concernant le mandat d’une
éventuelle mission de l’ONU. Le rapport élabore quatre options d’intervention pour l’ONU en
Somalie:
- Option A : Une transition de l’AMISOM à une opération de maintien de la paix des Nations
Unies;
- Option B : Maintenir le cap : renforcer l’AMISOM tout en mettant en place les organismes de
sécurité somaliens;
- Option C : Maintenir le cap en optant pour une « empreinte légère » en Somalie;
- Option D : Engagement sans présence sécuritaire internationale.

Ces options ne s’excluent pas nécessairement et sont prévues pour faire partie d’une action
échelonnée. Dans son rapport, le Secrétaire général élabore ainsi une approche en trois phases
pour l’implication future de l’ONU en Somalie, l’option B et C étant considérées comme des
étapes préliminaires à l’établissement d’une mission onusienne prévue dans l’option A.

Parallèlement, l’ONU en Somalie c’est aussi un dispositif d’appui logistique de 18 agences,


fonds et programmes du système onusien qui visent à aider l'AMISOM dans son mandat, à
appuyer les structures gouvernementales de transition, à mettre en œuvre un plan national de
sécurité, à former les forces de sécurité somaliennes, ou à aider à créer un environnement sûr
pour l'acheminement de l'aide humanitaire. Parmi ce dispositif figure notamment le bureau
d’appui des Nations Unies à l’AMISOM (UNSOA), mis sur pied en 2009. Selon la résolution
1863 du Conseil de sécurité, l’UNSOA a pour mandat d’offrir à l’AMISOM un dispositif
d’appui logistique, notamment en matériel et en services, afin de garantir les capacités
opérationnelles de la mission et en préparation du déploiement d’une éventuelle mission de
l’ONU. L’UNSOA fournit entre autres un effort considérable pour améliorer les conditions de
vie des soldats de l’AMISOM. Les activités de l’UNSOA sont financées par des contributions
des Nations Unies et par l'intermédiaire du Fonds d'affectation spéciale créé à la demande du
Conseil de sécurité au cours de la conférence des donateurs en Somalie à Bruxelles, le 23 avril
2009.
DEVELOPPEMENTS POLITIQUES ET SECURITAIRES (2007-2012)

Dès la cérémonie de bienvenue des soldats, le 6 mars 2007, la mission est attaquée. En raison
des déplacements massifs de population et des difficultés à acheminer l’assistance humanitaire
aux personnes dans le besoin, ce sont toutefois les civils somaliens qui sont les principales
victimes de la recrudescence des violences en Somalie.
En septembre 2007, les forces restantes de l’UTI et d’autres groupes d’opposition se retrouvent
à Asmara, la capitale érythréenne, pour former l’Alliance pour une nouvelle libération de la
Somalie (ARS) chargée de combattre les soldats éthiopiens et le TFG. L’ARS est dirigée par
Sharif Cheikh Ahmed, l’un des fondateurs et ancien président de l’UTI, considéré comme le
chef de file des modérés au sein de l’Union. À partir de ce moment, la division entre les
islamistes « modérés » et les « radicaux » devient de plus en plus évidente. Le groupe armé Al
Shebab, qui a évolué à partir de l’aile jeunesse radicale de l’UTI, devient de plus en plus
indépendant et multiplie les actions, se positionnant ainsi comme principale force d’opposition
au TFG et à l’AMISOM.

Du 31 mai au 9 juin 2008, des pourparlers de paix dirigés par l’Envoyé spécial de l’ONU en
Somalie, Ahmedou Ould-Abdallah, sont tenus à Djibouti entre le TFG et l’ARS. Les
négociations se concluent par la signature d’un cessez-le-feu, suivi le 18 août par la signature
d’un accord de paix en 11 points. L’Accord de Djibouti reste encore la fondation du processus
politique sur lequel l’intervention internationale s’appuie dans son effort de stabilisation.

En janvier 2009, 275 nouveaux parlementaires sont assermentés : 200 provenant de l’ARS et
75 de la société civile. Le 31 décembre 2009, ce nouveau Parlement élargi élit Sharif Cheikh
Ahmed à la présidence somalienne, suite à la démission du président Abdullahi Yusuf Ahmed
le 29 décembre 2009. Le partage du pouvoir est cependant rejeté et dénoncé par une faction de
l’ARS, dirigée par le Sheikh Hassan Dahir Aweys, ainsi que par les autres groupes islamistes.
Depuis l’élection de Sharif Cheikh Ahmed à la présidence, le TFG a pris des mesures tangibles
pour tendre la main, directement ou par allié interposé, aux groupes d’opposition qui sont restés
en dehors du processus de paix de Djibouti. D’autre part, le TFG et le Parlement fédéral de
transition continuent d’assurer leurs fonctions à partir de Mogadiscio.

Parallèlement, les forces éthiopiennes achèvent leur retrait de Mogadiscio le 15 janvier 2010;
les derniers contingents regagnent l’Éthiopie le 25 janvier. Malgré l’appui des troupes de
l’AMISOM, les forces de sécurité du nouveau gouvernement de coalition sont incapables de
sécuriser l’ensemble des positions évacuées par l’armée éthiopienne, laissant ainsi un vide qui
permet aux forces d’Al Shebab et à d’autres groupes d’opposition, dont Hizbul Islam, de
regagner leur contrôle sur une partie du territoire somalien, entraînant une augmentation
considérable des attaques contre les forces gouvernementales et les soldats de l’AMISOM. Les
shebabs tiendront la capitale jusqu’à l’été 2011, lorsqu’une offensive de l’AMISOM les forcera
à effectuer « une retraite tactique » hors de la ville.

En Somalie centrale, une alliance progouvernementale connue sous le nom Ahlu Sunna Wal
Jama’a (ou d’Al-Sunna w’al-Jama’a) se forme et réussit à chasser les rebelles de plusieurs villes
de la région de Ceel Buur au cours de l’année 2009. Le 21 juin 2009, le TFG et Ahlu Sunna
Wal Jama’a signent une déclaration initiale de coopération sous les auspices du Bureau
politique des Nations Unies pour la Somalie (BUPNUS), qui sera suivie le 15 mars 2010 par
un accord de coopération entre les deux partis. Selon l’ONU, il s’agit d’une avancée
significative dans le cadre de la stratégie d’ouverture au dialogue que le TFG s’est attaché à
appliquer.

Le 11 juillet 2010, 76 personnes sont tuées et au moins 65 autres blessées lors d’un double-
attentat perpétré dans des bars de Kampala durant la finale de la Coupe du monde de football.
Ces attentats sont revendiqués par Al Shebab, qui affirme dans son communiqué être en guerre
avec l’Ouganda, un des principaux contributeurs à l’AMISOM. Il s’agit du premier attentat
majeur commis par le groupe islamiste en dehors de la Somalie. La période qui suit est marquée
par des affrontements sporadiques dans la capitale somalienne et dans le reste du pays entre les
forces du TFG (ou les milices pro-gouvernementales) et les shebabs.

Fin août, les shebabs lancent à Mogadiscio une grande offensive contre les forces
gouvernementales qui dure plusieurs jours et coûte la vie à au moins 65 personnes, sans
toutefois réaliser de gains militaires.

Au cours des mois qui suivent, la situation humanitaire prend une nouvelle fois les devants de
la scène. Affectées par une période de sécheresse sans précédent, deux régions du Sud du pays
(sud de Bakool et Lower Shabelle) sont déclarées en état de famine par l’ONU en juillet 2011.
Les shebabs, pourtant, refusent toute intervention de la plupart des ONG internationales dans
les zones qu’ils contrôlent. La famine s’étendra à six régions et touchera plus de quatre millions
de Somaliens avant de perdre en intensité dans les premiers mois de 2012.

Le renforcement de l’AMISOM

En date du 31 mai 2010, 6 120 soldats africains sont tout de même déployés au sein de
l’AMISOM, ce qui représente 76,5% des effectifs autorisés. Lors d’un sommet extraordinaire
de l’IGAD sur la Somalie tenu le 5 juillet 2010 à Addis Abéba, les pays membres décident de
déployer immédiatement 2 000 soldats supplémentaires au sein de l’AMISOM étant donné
l’aggravation des violences en Somalie. Ils demandent en outre aux chefs d’État-major des États
membres d’organiser une réunion d’urgence pour soumettre un plan d’action à la Commission
de l’UA. Le lendemain, l’Ouganda se déclare prêt à déployer plus de troupes en Somalie à la
condition que le mandat de l’AMISOM soit renforcé.

Dans la résolution 1964 adoptée le 22 décembre 2010, le Conseil de sécurité de l’ONU autorise
le déploiement de 4 000 soldats supplémentaires au profit de l’AMISOM, portant ainsi
ses effectifs à un total de 12 000 hommes, afin de stabiliser la situation sécuritaire dans la
capitale. Seuls 8 000 soldats sont toutefois déployés.

Le 5 janvier 2012, le Conseil de Paix et de Sécurité de l’UA approuve un nouveau Concept


Stratégique pour les futures opérations de l’AMISOM, élaboré par les Ministres de la Défense
des pays contributeurs de troupes à l’AMISOM et destiné à « l’amélioration de la force de
l’AMISOM et au renforcement des gains réalisés sur le terrain ». Il « prie instamment le Conseil
de Sécurité d’examiner rapidement et d’autoriser le soutien requis pour la mise en œuvre » de
ce concept, qui prévoit :
 l’augmentation du nombre du personnel en uniforme de l’AMISOM appuyé par l’ONU de 12
000 à 17 731, dont 5 700 du contingent djiboutien et des troupes Kenyanes sous une nouvelle
casquette, ainsi que la composante police de l’AMISOM,
 le déploiement des troupes supplémentaires par le Burundi et l’Ouganda pour atteindre le
nombre de 12 000 actuellement autorisé par l’ONU, étant entendu que l’utilisation de ces
troupes supplémentaires sera déterminée sur base des besoins dans les principales zones
libérées,
 l’insertion des troupes de l’AMISOM dans les zones libérées avec le soutien de l’Éthiopie, étant
donné l’urgence de l’intention exprimée par l’Éthiopie de se retirer de ces zones,
 l’extension du secteur de responsabilité de l’AMISOM par une rapide insertion des troupes de
l’AMISOM dans toutes les zones libérées,
 l’octroi des nécessaires facilités et multiplicateurs de force, ainsi que le soutien logistique aux
autres composantes de l’AMISOM, et
 l’amélioration des forces de sécurité du GFT et ses forces alliées pour leur permettre de jouer
un rôle accru dans la mise en œuvre du Concept Stratégique.
Afin de consolider les avancées effectuées au cours de l’année 2011, le Conseil adopte le 22
février 2012 la résolution 2036 (2012), dans laquelle il autorise l’UA à augmenter le nombre
maximum de troupes de l’AMISOM à 17 731 hommes et demande à l’AMISOM de se déployer
« dans les quatre secteurs définis dans le concept stratégique » adopté le 5 janvier 2012 par le
Conseil de paix et de sécurité de l’UA. Il invite en outre les forces kényanes - présentes au sud
de la Somalie depuis octobre 2011 (voir ci-dessous) - à intégrer rapidement la mission, et
appelle les autres pays africains à contribuer à la mission. Alors que les shebabs viennent
d’officialiser leur ralliement avec Al-Qaïda, le Conseil souligne le risque accru posé par les
combattants shebabs qui « constituent une menace terroriste pour la Somalie et pour la
communauté internationale ». L’intégration des forces kényanes a lieu en mars, Djibouti déploie
quelque 150 soldats (sur 500 prévus) en avril et la Sierra Leone annonce en juin son intention
d’envoyer 850 militaires. À la mi-2012, 6 711 Ougandais, 4 836 Burundais, 3 150 Kényans et
124 Djiboutiens sont ainsi déployés sur le terrain pour aider les forces du TFG à repousser les
shebabs. Le Sénégal, le Cameroun et la Zambie ont, pour leur part, déployé du personnel à l'État
major de la mission. Les forces éthiopiennes, présentes dans le sud-ouest depuis début 2012 ne
sont, elles, pas sous la casquette de l’AMISOM et il est prévu qu’elles soient remplacées au
plus vite par les troupes de l’AMISOM.

Le processus de transition (2011-2012)

Le 3 février 2011, les parlementaires somaliens prorogent unilatéralement leur mandat pour une
durée de trois ans alors que celui-ci devait venir à échéance le 20 août, au même moment que
celui du TFG, conformément aux Accords de Djibouti. Cette mesure unilatérale provoque une
vive réaction de la part de la communauté internationale, qui souligne que le gouvernement de
transition a brillé par son inefficacité : aucun projet de constitution n’a été rédigé, aucune
élection n’est en vue et le processus de paix est quasiment au point mort. Le représentant de
l'ONU en Somalie, Augustine Mahiga, déplore notamment que cette mesure ait été prise « sans
les consultations requises » et l’UE, principal donateur du TFG, menace à plusieurs reprises de
conditionner son aide à des résultats « tangibles ». Au vu des réactions internationales, cette
mesure ne sera finalement pas appliquée. « La solution est de prolonger d'un an le mandat du
gouvernement, jusqu'en août 2012 (...), car sur le terrain nous sommes toujours en guerre »
contre les shebabs, déclare ainsi en avril le Premier ministre somalien, Mohamed Abdullahi
Mohamed. « D'ici là, nous accomplirons un certain nombre de tâches », promet-il, soulignant
que « les choses avancent lentement, je ne peux pas faire de miracle, j'ai besoin de plus de
temps ».

Le 9 juin 2011, les responsables somaliens signent les Accords de Kampala afin de mettre un
terme aux querelles entre le président du Parlement, Sharif Hassan Sheik Aden, et le président
Sharif Sheik Ahmed, qui n’arrivent pas à s’entendre sur la marche à suivre une fois le mandat
de l’administration arrivé à échéance, en août 2012. Ces Accords aboutissent à l’adoption, en
septembre 2011, d’une feuille de route portant sur l’organisation d’un scrutin pour le mois
d’août 2012 ainsi que sur la rédaction d’une nouvelle constitution. Le président du Parlement,
M. Aden, conditionne toutefois sa signature au départ du Premier ministre Mohamed Abdullahi
Mohamed, avec qui il ne veut plus travailler; M. Abdiweli Mohamed Ali est ainsi nommé
Premier Ministre en remplacement de M. Mohamed, qui démissionnera une semaine après
malgré le soutien populaire et son refus initial. « Le Conseil de sécurité des Nations Unies n'a
eu de cesse de le répéter, si par manque de volontarisme les objectifs n'étaient pas atteints alors
l'aide au gouvernement ne serait plus débloquée de façon systématique », prévient alors le
Représentant spécial de l'ONU pour la Somalie, Augustine Mahiga.

Le 6 septembre 2011, une Feuille de route contenant des repères et des échéanciers en vue de
la fin de la période de transition est signée à Mogadiscio. Le texte réaffirme que l'adoption de
la constitution somalienne d’ici juin 2012 constitue l’une des principales tâches du TFG. À cette
fin, un Comité d'Experts pour la Constitution est nommé le 23 septembre. Plusieurs conférences
constitutionnelles sont alors organisées pour tenter de définir les détails des institutions qui
seront créées sous la future constitution. C’est ainsi que la conférence de Garowe, organisée du
21 au 23 décembre 2011, se penche sur les critères de représentation et de sélection, mandat et
taille du nouveau parlement fédéral. La réunion de Garowe du 15 au 17 février 2012 permet,
elle, d’aborder les questions du fédéralisme, des systèmes de gouvernance, des systèmes
électoraux et de la mise en place des institutions gouvernementales. L’Accord de « Garowe II »,
signé sous les auspices de l’ONU à l’issue de la réunion le 18 février par le président de la
Somalie, les présidents des régions sécessionnistes du Puntland et du Galmudug ainsi que le
chef de la puissante milice anti shebab Ahnu Suna Wal Jamaa, prévoit le remplacement, en août
2012, des instances de transition par une nouvelle structure politique comprenant une
commission électorale indépendante, une assemblée constituante et un nouveau parlement
fédéral devant être composé d'un minimum de 30 % de femmes. Dans ce nouveau système
politique, le Puntland et le Galmudug seront reconnus comme états au sein d'une structure
fédérale.

Une semaine après, une quarantaine de pays et une dizaine d'organisations internationales se
réunissent pour la conférence de Londres sur la Somalie afin d’étudier la suite à donner au
processus en cours. Selon les termes du communiqué final, ceux-ci s’engagent à appuyer le
processus politique de transition, à renforcer l'AMISOM pour lutter contre les shebabs, déjà
soumis à une forte pression militaire, à former les forces de sécurité somaliennes et à mieux
coordonner l'assistance humanitaire dans ce pays qui se relève à peine de plusieurs mois de
famine. Une réunion de suivi de ce « plan Marshall pour la reconstruction de la Somalie » est
prévue à Istanbul en juin 2012.

La grande offensive contre Al Shebab (2011-2012)

Fin février 2011, les 9 000 soldats de l’AMISOM, appuyés par les troupes gouvernementales,
lancent une offensive majeure dans Mogadiscio et parviennent progressivement à reprendre les
positions tenues par les shebabs dans la capitale, au prix de plusieurs semaines de violents
combats, et à détruire les réseaux de tunnels et tranchées creusés par les rebelles dans la capitale.

Il s’agit du point de départ d’une vaste offensive contre les shebabs à laquelle participeront
l’armée somalienne, les milices pro-gouvernementales et l’AMISOM mais aussi d’autres
nations, qui ouvriront d’autres fronts plus tard dans l’année. Mi-octobre 2011, des troupes
kényanes franchissent en effet la frontière au sud de la Somalie pour rejoindre la lutte contre
les shebabs dans le cadre de l’opération Linda Nchi, lancée après que des miliciens d'Al Shebab
aient été accusés d'avoir enlevé plusieurs touristes étrangers et travailleurs humanitaires
au Kenya. Le 21 octobre 2011, c’est l’IGAD qui décide de soutenir les opérations militaires
coordonnées dans le sud de la Somalie. Le vice-premier ministre éthiopien, Hailemariam
Dessalegn, indique également de son côté que son pays rejoindra sous peu la campagne militaire
pour éradiquer Al Shebab. Les troupes éthiopiennes rentrent dans le centre de la Somalie le 19
novembre, un mois après le début de l'offensive militaire kényane dans le sud. Ces interventions
de l'armée éthiopienne, à l'ouest, et de l'armée kényane, au sud, font progressivement reculer
les shebabs, qui se voient forcés d’abandonner le contrôle de plusieurs villes et territoires. Le
22 février 2012, les forces pro-gouvernementales somaliennes, appuyées par l'armée
éthiopienne, capturent un important bastion shebab, Baidoa, au sud-ouest du pays. Rappelons
qu’avant de passer sous contrôle shebab en 2009, la ville avait abrité pendant trois ans le
Parlement somalien de transition.

Le 13 février 2012, quelque 100 troupes de l’AMISOM sont déployées à Baidoa pour ce qui
constitue la première sortie de la mission hors de Mogadiscio. Une équipe avancée de 2 500
hommes est par la suite envoyée dans la troisième plus grande ville du pays afin de remplacer
les troupes éthiopiennes, dont la présence ne devait être que temporaire. La ville d’Afgoye,
dernière poche shebab à proximité de la capitale, tombe en mai suite à l’opération Free
Shabelle; c’est ensuite au tour de la ville d’Afmadow, dans le sud de la Somalie, d’être libérée
début juin de l’emprise des insurgés. Les troupes de l’AMISOM de rapprochent alors de
l’ultime bastion shebab, le port de Kismayo, importante source de revenus pour les rebelles.

Mi 2012, ces offensives conjointes ont réduit l'emprise, jusque là quasi-totale, des shebabs sur
le sud et le centre de la Somalie. Ceux-ci conservent toutefois le contrôle de plusieurs poches à
travers le pays ainsi que la capacité de mener des attaques spontanées, de type guérilla,
notamment dans la capitale.
Début juillet, les troupes kényanes passent sous commandement de l’AMISOM et l’avancée
des forces pro-gouvernementales se poursuit. Le dernier bastion d’al-Shebab, la ville portuaire
de Kismayo, est abandonné par les militants islamistes le 10 septembre. Sur le plan politique,
la transition s’accélère à la fin de l’été, poussée par la communauté internationale qui souhaite
voir le pays doté d’institutions légitimes.

La fin de la transition

Le 25 juillet, l’Assemblée constituante débute ses travaux, menant le 1er août à l’adoption d’une
Constitution provisoire. Le 20 août, Mohamed Osma Jawari est élu président du Parlement et
le 10 septembre, Hassan Cheikh Mohamoud obtient la majorité des voix des députés devenant
président du pays.

Le 16 septembre 2012, il prête serment à Mogadiscio et présente les six axes prioritaires de son
gouvernement. Il s’agit de la sécurité et la stabilité, la réconciliation nationale et le dialogue, la
fourniture de services de base, la relance économique, le renforcement des relations
internationales, ainsi que l’unité et l’intégrité du pays. La composition du gouvernement fédéral
est approuvée par le Parlement le 13 novembre 2012, ce qui permet aux autorités du pays de
débuter la mise en œuvre de son plan en six points. Le gouvernement envisage également un
Plan national de stabilisation et de sécurité (NSSP), qui prévoit de renforcer la sécurité et l’Etat
de droit par le biais d’action à moyen et long termes.
Le 1er novembre 2012, la présidente de la Commission de l’UA nomme un Représentant spécial
et chef de l’AMISOM, l’ambassadeur Mahamat Salah Annadif, basé à Mogadiscio. En plus
d’être un représentant direct de l’Union Africaine sur place, son rôle est d’appuyer le FGS et
les dirigeants politiques somaliens. Les conditions sécuritaires n’étant pas réunies à Mogadiscio
la majorité des personnels internationaux est basée à Nairobi, et se déploiera dans la zone de la
mission lorsque la situation se sera améliorée.
A trois reprises, le Conseil de Sécurité des Nations Unies adopte des résolutions prolongeant le
déploiement de l’AMISOM : le 30 octobre 2012 avec la résolution 2072, le 7 novembre 2012
avec la résolution 2073 et le 6 mars 2013 avec la résolution 2093. Cette dernière autorise le
maintien du déploiement de l’AMISOM jusqu’au 28 février 2014 ainsi qu’une levée partielle,
pour une durée de douze mois, de l’embargo sur les armes imposé à la Somalie depuis 1992.
Ainsi, durant les douze prochains mois, les mesures de l’embargo ne s’appliqueront pas aux
livraisons d’armes, de matériel militaire ou à l’offre de conseils, d’assistance ou de formation
destinée aux Forces de sécurité du Gouvernement fédéral somalien. Le but de cette résolution
est de renforcer les capacités du FGS à assurer la sécurité des citoyens à travers les SNSF.

La MANUSOM

Le 2 mai 2013 le Conseil de Sécurité des Nations Unies adopte la résolution 2102 dans laquelle
il décide de créer, d’ici au 3 juin 2013, la Mission d’assistance des Nations Unies en Somalie
(MANUSOM). Cette mission, envisagée pour une période de douze mois, a pour objectif
d’offrir l’appui des Nations Unies au FGS en termes de conseils stratégiques, de coordination
des donateurs internationaux, et de renforcement capacitaire, afin de favoriser le processus de
paix et de réconciliation. Elle doit être dirigée par un Représentant spécial du Secrétaire général,
Nichloas Kay, basé à Mogadiscio.
Selon la résolution 2012, il est prévu que 17 731 personnels soient déployés dans le cadre de
l’AMISOM et que la composante police de la mission comprenne 490 officiers. La mission
continue de soutenir les efforts de dialogue et de réconciliation aux niveaux local et régional en
mobilisant les clans, et au niveau national en mettant en contact les différents acteurs politiques
somaliens. L’AMISOM continue également de soutenir les SNSF, par le biais de formations,
d’encadrement et de directives opérationnelles. La composante police de l’AMISOM joue un
rôle très actif dans ce sens, puisqu’elle apporte un appui considérable à la Force de police
somalienne (SPF) et prévoit son déploiement dans de nouveaux secteurs. La mission poursuit
la fourniture d’assistance humanitaire en coopération avec les agences humanitaires des Nations
Unies. Des couloirs et des points d’entrée ont ainsi été sécurisés afin de répondre aux besoins
de la population dans les zones sous contrôle gouvernemental. L’AMISOM a également facilité
des cours de perfectionnement destinés à la fonction publique somalienne, qui ont eu lieu en
janvier 2013 au Burundi. Des équipements de bureaux ont également été offerts en avril 2013.
En outre, la Commission de l’UA a lancé, par le biais de l’AMISOM, un processus d’interaction
avec la Diaspora somalienne. Les 9 et 10 mai 2013, une réunion a eu lieu à Londres, regroupant
les représentants de plusieurs composantes de la Diaspora somalienne au Royaume-Uni. Le but
était de sensibiliser les participants à la situation en Somalie, et de mobiliser leur soutien en
faveur du processus de paix.

Les difficultés financières et opérationnelles de l’AMISOM

La situation sécuritaire continue de s’améliorer au pays, bien qu’elle demeure fragile. La ville
de Jowhar, base principale d’Al Shebab, a été sécurisée en décembre 2012 et la sécurité a été
renforcée autour de Kismayo. Toutefois, les capacités opérationnelles et financières limitées de
l’AMISOM ne permettent plus d’avancées majeures. En 2013, les efforts ont davantage porté
sur la consolidation du contrôle des villes reprises plutôt que sur la prise de nouveaux territoires.
Pour cette raison, Al Shebab contrôle toujours plusieurs zones importantes. En mars 2013, les
forces de l’AMISOM et les SNSF reprennent toutefois le contrôle de la totalité de la route
reliant Mogadiscio à Baidoa, jusqu’alors contrôlée en partie par Al Shebab. Cependant, la
mission est incapable de se déployer dans la ville de Huduur, lorsque les Forces de défense
nationale éthiopiennes s’en retirent. Al Shebab profite de cette occasion pour reprendre le
contrôle de la ville, ce qui engendre un exode de population. Cet exemple est caractéristique
des difficultés que rencontre l’AMISOM sur le terrain, en raison de son manque de moyens,
notamment de multiplicateurs de force (hélicoptères), qui l’empêche de se déployer rapidement.
Dans l’ensemble, Al Shebab a subi des défaites successives qui l’ont affaibli, mais le groupe
reste très actif, comme en témoigne l’attentat suicide contre la Cour Suprême du 14 avril 2013.
De nombreuses attaques ont également eu lieu dans la capitale, ce qui a amené le lancement de
l’ « Opération de stabilisation de Mogadiscio » depuis le 15 mai 2013, impliquant les SNSF,
l’Agence nationale somalienne des renseignements et de la sécurité (NISA) et l’AMISOM.
L’AMISOM fait aujourd’hui face à des difficultés de financement en raison de la crise
financière qui a affecté les partenaires de la mission. Le soutien logistique est également
souvent décrit comme inadéquat. Par conséquent, le Comité de coordination des opérations
militaires (CCOM) a convenu lors de sa réunion du 10 avril 2013 que la mission avait atteint
ses limites opérationnelles et ne devrait pas étendre sa zone d’opération. Les SNSF ne
bénéficiant d’aucun appui logistique, l’AMISOM n’a pas pu transférer les zones sécurisées aux
autorités somaliennes, et a continué de les gérer en utilisant ses propres ressources, ce qui a
empêché l’extension de sa zone d’opérations. L’absence de multiplicateurs tels que les
hélicoptères et l’insuffisance de véhicules blindés de transport de troupes viennent également
aggraver la situation.

Jean-Guilhem Barguès
Agent de recherche au ROP

Nina Gutierrez
Chercheure-stagiaire au Centre d’études des Crises et des Conflits internationaux (CECRI),
Université catholique de Louvain

22 juillet 2013
MANDAT DE L'OPERATION AMISOM
< Retour au détail de l'opération AMISOM

AMISOM
Mission de l'Union Africaine en Somalie

Le mandat de l’AMISOM est défini dans les termes suivant par le communiqué de la 69ième session du CPS :

- Fournir un appui aux institutions fédérales de transition dans leurs efforts vers la stabilisation de la situation dans
le pays et la poursuite de dialogue et de réconciliation,

- Faciliter la fourniture de l'aide humanitaire, et

- Créer des conditions favorables à la stabilisation à long terme, la reconstruction et le développement en Somalie.

Dans les résolutions 1744, au paragraphe 4, et 1772, au paragraphe 9, le Conseil de sécurité de l’ONU décide
d’autoriser les États membres de l’UA à maintenir en Somalie une mission qui sera habilitée à prendre toutes
mesures nécessaires pour s’acquitter du mandat suivant :

- Favoriser le dialogue et la réconciliation en Somalie en concourant à assurer la liberté de mouvement, les


déplacements en toute sécurité et la protection de tous ceux qui prennent part au dialogue [de réconciliation
nationale] ;

- Assurer, le cas échéant, la protection des institutions fédérales de transition afin qu’elles soient en mesure
d’assumer leurs fonctions et veiller à la sécurité des infrastructures clefs ;

- Aider, selon ses moyens et en coordination avec d’autres parties, à la mise en œuvre du Plan national de sécurité
et de stabilisation et en particulier au rétablissement effectif et à la formation des forces de sécurité somaliennes
sans exclusive ;

- Contribuer, à la demande et selon ses moyens, à la création des conditions de sécurité nécessaires à
l’acheminement de l’aide humanitaire ; [et de,]

- Protéger son personnel, ainsi que ses locaux, installations et matériel, et assurer la sécurité et la liberté de
mouvement de son personnel.

Dans sa résolution 2036, le Conseil décide "qu’outre les tâches énoncées au paragraphe 9 de la résolution 1772
(2007), le mandat de l’AMISOM prévoit que la Mission s’établira dans les quatre secteurs définis dans le concept
stratégique du 5 janvier et y prendra, en coordination avec les Forces somaliennes de sécurité, toutes les mesures
nécessaires pour faire reculer la menace que représentent Al-Chabab et les autres groupes armés de l’opposition,
afin d’instaurer dans toute la Somalie des conditions propices à une gouvernance efficace et légitime."

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