A
Messieurs les Président et Conseillers
Composant la 1° Chambre Correctionnelle
de la COUR D’APPEL.
de COTONOU
MEMOIRE
Valant conclusions
Dossier N°266/PG/19/1* Chambre
AFF: Lionel ZINSOU — DERLIN C/ M.P.
Audience du 04 Février 2020
Monsieur Lionel Alain Louis ZINSOU - DERLIN, communément appelé Lionel
ZINSOU, né le 23 Octobre 1954 a Paris de nationalité béninoise et de nationalité
frangaise demeurant et domicilié présentement 4 PARIS, Président de société,
assisté du Batonnier Robert DOSSOU, de Maitre Nadine DOSSOU
SAKPONOU, et de Maitre Rockas AMOUSSOUVI, Avocats au barreau du Bénin,
SCPA Robert M.DOSSOU 1 avenue Steinmetz 01 BP 1204 COTONOU, Tél: 21
31 44 11; 94.97 71 86, Email »secretariat@cabinetrobertdossou.com ou
anadossou@yahoo fr ou cab fdossou@yahoo.fr au’ Cabinet desquels il élit
expressément domicile.
Athonneur,
Messieurs les Président et Conseillers de la Cour,
De vous exposer ci-aprés ses observations a 'appui de l'appel par lui interjeté le
05 Aoat 2019 contre toutes les dispositions du jugement N°043/19/3*"* CD rendu
le 02 Aodt 2019 par la 3° Chambre Correctionnelle des Citations Directes du
Tribunal de Premiére Instance de Premiére Classe de COTONOU. L'appel a été
enregistré le 06 Aout 2019.
1. FAITS ET PROCEDURE
1- le Procureur de la République prés le Tribunal de Premiere Instance de
COTONOY, spontanément, sans aucune plainte ni dénonciation préalable
aucune a, par citation directe du 13 Novembre 2018, attrait Lionel ZINSOU
devant ledit Tribunal pour se voir déclarer coupable et condamner du chef
«dlusage de fausse attestation/ certificat falsifié et usage dattestation ou
de certificat falsifiés et de dépassement des dépenses de compagne. »
2- le dossier de procédure ne comporte aucune piéce. Les seuls prétendus
éléments de preuve sont constitués par les dires du Ministére Public.
Les conseils du prévenu ont par lettre des 29 Avril et 07 Juin 2019 réclamé
au Procureur de la République les actes de procédure et les piéces du
dossier.Piéces Nt aet 1b
Lettres au P.R des 29 Avril et 07 Juin 2019
En guise de réponse, le Procureur de la République, par exploit portant
« signification de correspondance et de piéces » en date du 14 Mai 2019 a
transmis au conseil de Lionel ZINSOU
- Correspondance ‘du Procureur de la République en date du 07 Mai 2019
invitant Monsieur Lionel ZINSOU a se présenter a l'audience du Tribunal le
07 Juin 2019 a 08 heures 00 ;
- Copie de la citation directe en date du 13 Novembre 2018 ;
- Copie de la dénonciation de la citation directe en date du 13 Novembre
2018 ;
Piece N°2
Exploit du 14 Mai 2019
3- Monsieur Lionel ZINSOU a déposé au juge de Premiére Instance un
mémoire valant conclusions, daté des 25 Juin et 17 Juillet 2019 et signé de
lui et de son avocat Béninois.
Ledit mémoire, toujours pertinent au regard de la décision querellée est en
sa substance ainsi libellé
«| SUR LE DEPASSEMENT DE DEPENSES DE CAMPAGNE
4- Il faut retenir qu'il S‘agit- de la campagne présidentielle de 2016 soit une
campagne terminée depuis plus de deux ans avant l'introduction de la
procédure. Car toute prévention en matiére pénale est fondée sur un texte.
Nous examinerons donc le droit (forme et fond) qui s'applique a la matiére
avant de voir si en la présente espéce il y a lieu a retenir le prévenu dans
les liens de la prévention.
A) EN DROIT
Lincrimination du dépassement des dépenses de campagne électorale est faite &
Particle 112 de la loi N°2013-06 du 25 Novembre 2013 portant Code Electoral :
« Article 112 :
Dans les soixante (60) jours qui suivent le scrutin o Iélection est acquise, les
candidats individuels ou les partis politiques ayant pris part au scrutin déposent
contre récépissé auprés de la chambre des comptes de la Cour supréme, le
compte de campagne accompagné des piéces justificatives des dépenses
effectuées.
La chambre des comptes de la Cour supréme rend publics les comptes de
campagne afin de recueillir dans un délai de quinze (15) jours les observations
des partis politiques et des candidats sur lesdits comptes
Aprés verification des comptes, s'il est constaté un dépassement des dépenses de
campagne, la chambre des comptes de la Cour Supréme adresse dans les quinze
(15) jours, un rapport au procureur de la République prés le tribunal de premiéreinstance de Cotonou pour les élections présidentielles ou législatives et prés le
tribunal de premiére instance territorialement compétent, en ce qui conceme les
élections communales, municipales et celles des membres de Conseils de village
et de quartier de ville aux fins de poursuites contre les contrevenants »
Il appert de cette disposition que
1°) la constatation du dépassement est faite par la Chambre des Comptes de la
Cour Supréme.
2°) Si le dépassement est constaté, la chambre des comptes de la Cour Supréme
«adresse dans les quinze (15) jours, un rapport au procureur de la
République... »
Le Procureur de la République n’est pas habilité en cette matiére a s'auto-saisir.
B) EN ESPECE :
1°) action est irecevable :
5- Il n'y a eu aucune constatation de dépassement de dépenses et le
Procureur de la République le reconnait expressément « depuis la cléture
des opérations liées au scrutin présidentiel de mars 2016, aucun
dépassement des frais de campagne du candidat Lionel Alain Louis
ZINSOU n’a été constaté et dénoncé par la Chambre des Comptes de la
Cour Supréme »
(Citation directe du 13 Novembre 2018 page 2)
En conséquénce, l'action introduite par le” Procureur de la République
contre Lionel ZINSOU est irrecevable.
2°) Subsidiairement et Pour Mémoire: Ce n’est pas Lionel ZINSOU qui a
géré la trésorerie de campagne et déposé les comptes de campagne
En effet, l'article 112 du Code électoral en son alinéa 1® précise que dans
les 60 jours qui suivent le scrutin oti 'élection est acquise « Jes candidats
individuels_ou les partis politiques ayant pris part _au_scrutin »
déposent le compte de campagne « accompagné de piéces justificatives
des dépenses effectuées ».
Ainsi, les candidats individuels peuvent déposer mais les partis politiques
peuvent également déposer pour le compte de leur candidat.
En lespéce, Lionel ZINSOU a été présenté par trois partis politiques
regroupés dans I'Alliance Républicaine, a savoir : FCBE, PRD et R.B
La trésorerie de la campagne de Lionel ZINSOU a été gérée par I’Alliance
Républicaine, ou l'un de ses membres, qui a procédé au dépdt des
comptes de campagne, avec les piéces justificatives
ILSUR L’USAGE DE FAUX6- Il convient de préciser qu'aucune fabrication de faux ni falsification
n’apparait dans la présente poursuite engagée « spontanément » par le
parquet de Cotonou. II ne s'agit donc en l'espéce que de usage de faux
quill faut examiner.
Mais auparavant, il convient de préciser le droit applicable.
A) EN DROIT
Outre les principes généraux du droit pénal, il est a relever que la matiére de faux
et d'usage de faux est régie par l'article 161 du Code pénal en vigueur '6poque
des faits argués d'infractions (Code Bouvenet) :
« Article 161 - Quiconque fabriquera sous le nom d'un fonctionnaire ou un officier
public un certificat de bonne conduite, indigence ou autre circonstances propres &
appeler la bienveillance du gouvernement ou des particuliers sur la personne y
désignée, et a lui procurer places, crédit ou secours sera puni dun
emprisonnement de six mois 4 deux ans.
La méme peine sera appliquée : 1°) & celui qui falsifiera un certificat de cette
espéce, originairement véritable, pour 'approprier 4 une personne autre que celle
laquelle il a 6t6 primitivement délivré ; 2°) tout individu qui se sera servi du
certificat ainsi fabriqué ou falsifié.
Si ce certificat est fabriqué sous Ie nom d'un simple particulier, la fabrication et
usage seront punis de quinze jours. six mois d’emprisonnement.
(Loi 22 mai 1951, JO. AOF. 1951, p. 830). - Sera puni d'un emprisonnement de
six mois 4 deux ans et d'une amende de 40.000 4 400.000 francs ou de l'une de
ces peines seulement, sans préjudice de l'application le cas échéant, des peines
plus fortes prévues par le présent code et les lois spéciales, quiconque
1°) Aura établi sciemment une attestation ou un certificat faisant état de faits
matériellement inexacts ;
2") Aura falsifié ou modifié d'une fagon quelconque une attestation ou un certificat
originairement sincére ;
3°) Aura fait sciemment usage d'une attestation ou d'un certificat inexact ou
falsifié ».
En outre, les principes généraux repris par la loi N°2018-16 du 28 Décembre 2018
portant Code Pénal en République du Bénin sont applicables.
Ainsi, 'examen de la présente espéce appelle une attention particuliére sur la
prescription de l'article 4 du nouveau Code Pénal :
« Article 4 : la loi pénale est d'interprétation stricte.
En cas d'ambiguité ou de doute, elle est interprétée en faveur de la personne qui
fait 'objet d'un enquéte ou de poursuite.Est interdite 'interprétation par analogie des dispositions de la loi pénale ».
Il est enfin utile de rappeler les dispositions de l'article 7-2 de la Charte africaine
des droits de 'Homme et des Peuples qui prescrivent que «nul ne peut étre
condamné pour une action ou une omission qui ne constituait pas, au moment ou
elle a eu lieu, une infraction légalement punissable... »
Cette prescription est reprise aux articles 16 et 17 alinéa 2 de la Constitution
béninoise.
B) EN L'ESPECE
7- En la présente espéce, la poursuite du Ministére public n'est fondée sur
aucune preuve mais sur un raisonnement spécieux non incriminé par aucun
texte et se présentant comme suit :
Le Ministére Public, dans sa citation directe du 13 Novembre 2018, part
d'acte notarié selon lequel Lionel ZINZOU aurait emprunté de I'argent pour
la campagne électorale pour déclarer
«Attendu que depuis la cléture des opérations liées au scrutin présidentie! de
Mars 2016, aucun dépassement des frais de campagne du candidat Lionel Alain
Louis ZINZOU n'a été constaté et dénoncé par la Chambre des Comptes de la
Cour Supréme ;
Quiil s'ensuit que le candidat Lionel Alain Louis ZINZOU a opéré une déclaration
inexacte de ses comptes de campagne pour en obtenir la validation ;
Attendu que ¢e\ comportement du candidat Lionel'Alain Louis ZINZOU constitue
les infractions dusage de fausse attestation/certificat falsifié et usage d'attestation
ou de certificat falsifié et de dépassement des dépenses de campagne »
Méme l'acte notarié visé par le Ministére public n'est pas communiqué
On ne peut arguer d'usage de faux qu’aprés avoir prouvé existence du faux selon
Varticle 161 du Code Pénal
Il chet en conséquence de dire et juger que I'infraction n'est pas constituée.
1. EN CONCLUSION
8- 1°) Au titre du dépassement des frais de campagne, l'action du Ministére
Public est irrecevable.
2°) Au titre de 'usage de faux, l'action du Ministére Public appelle rejet.
Au total il échet de relaxer purement et simplement Lionel ZINSOU des fins
de la poursuite.
3°) L'exposant se réserve d'amplifier et compléter les présentes écritures
par ses Avocats de méme a présenter ses observations sur toutes
pieces que le Ministére Public produira en cours de procédure.»9- La plaidoirie de la défense a été fondée sur les écritures déposées. Et
malgré la clarté du raisonnement juridique, le Tribunal par jugement
N°043/19/3*" CD du 02 Aoit 2019 a statué ainsi qu'il suit
« Enla forme
- Déclare recevable l'action du Ministére Public ;
Au fond
- Retient le prévenu Lionel Alain louis ZINSOU — DERLIN dans les liens des
préventions de dépassement des dépenses de compagne, a’établissement
et d'usage de fausse attestation ;
- Le condamne a cing (05) ans diinéligibilité et a Cinquante Millions
(50.000.000) FCFA d'amende ferme ;
- Le condamne en outre 4 six (06) mois d'emprisonnement assortis de
sursis ;
Contrainte par corps : trente (30) pour les frais, trente (30) jours pour les
amendes »
C’est la décision attaquée sur appel de la SCPA Robert M. DOSSOU
N°002/GTC/2019 en date du 05 Aout et enregistré le 06 Aodt 2019 et sur
appel incident.du Procureur de layRépublique»N°03/GTC/19 du 06 Aodt
2019.
10- Dans la cédule de citation figurant au dossier, il est toutefois mentionné
« Appelants : SCPA Robert M. DOSSOU pour ZINSOU - DERLIN Lionel
Alain louis, AGOLIGAN et le Procureur de la République. »
Ily a lieu de clarifier si la survenance dans le dossier du nom AGOLIGAN
est une simple erreur d’écriture ou un autre miracle de ce dossier.
Il- DISCUSSION
14- II n'y a rien, absolument rien qui tienne debout dans le jugement querellé
au regard des régles du droit pénal.
Pour statuer ainsi quiil 'a fait, le premier Juge a dénaturé les faits de la
cause, a fait fi de toutes les régles en matiére de preuve et
particuliérement en droit pénal et violé gravement la loi
A) SUR LA DENATURATION DES FAITS DE LA CAUSE
12-Le Premier juge, a la page 7 du jugement dont appel affirme « qu’a la
barre, Maitre Robert DOSSOU représentant le prévenu Lionel Alain Louis
ZINSOU — DERLIN n'a pas nié la transaction intervenue entre son client et
Ie préteur ; qu'il a simplement demandé la production et le dépot au dossier
judiciaire de linstrumentum »Ni Lionel ZINSOU, ni aucun de ses avocats n'ont a infirmer ni confirmer
Vaffaire des 15.000.000.000 dont a fait état la partie poursuivante et sur
laquelle le juge a assis sa décision
Acte doit étre donné a Lionel ZINSOU de n’avoir rien a dire sur ce prétendu
emprunt de Quinze milliard (15.000.000.000) de Francs CFA et sur le
prétendu acte notarié non communiqué ni produit au dossier.
Acte doit également lui étre donné de ce que son silence sur cette
allégation du Procureur de la République non soutenu par aucune preuve
ne saurait servir de preuve au juge pénal.
B) SUR LES PRETENDUES PREUVES EN LA PRESENTE ESPECE
13-Le dossier présenté par le Procureur de la République en Premiére
Instance comme celui présenté 4 la Cour de céans ne comporte aucune
preuve,
Les deux chefs de poursuite dans la présente espéce, le faux et usage de
faux d'une part, le dépassement des frais de campagne d’autre part exigent
la production au dossier de preuves qui ne peuvent qu’étre des piéces
Clest-a-dire « document, écrit, papiers, spécialement documents produits
devant une juridiction par les parties 4 l'appui de leurs prétentions »
(Gérard CORNU. Vocabulaire juridique PUF. Paris 1987 page 683) : les
comptes de campagne sont sous-tendus par des piéces comptables cest-
a-dire des papiers produits et le faux oujson usage postule obligatoirement
un papier faussement produit ou-un papier authentique au départ mais
altéré.
14-Au lieu de produire des documents, le Ministére Public et & sa suite le
Premier Juge ont mené un raisonnement gravement critiquable et hors de
toute norme du droit pénal. Ce raisonnement est intégralement repris au
point 7 des présentes écritures.
Et ce Premier Juge d'affirmer « le prévenu a non seulement établi mais
également fait usage d'une attestation ou d'un certificat faisant état de
faits matériellement inexacts pour justifier les dépenses quil a effectuées
au cours de la campagne présidentielle de Mars 2016 »
Aucune preuve matérielle au dossier ni méme un commencement de
preuve ne permet au juge d’affirmer que le prévenu A ETABLI, A FAIT
USAGE, FAIT ETAT DE FAITS MATERIELLEMENT INEXACTS, POUR
JUSTIFIER DES DEPENSES ...etc.
Le Premier juge n’avait jamais été saisi de létablissement par Lionel
ZINSOU d'un faux. II ne s‘agissait que d'usage.
Il est extrémement grave que la défense évoque a une audience, absence
de preuve au dossier y compris un acte notarié dont a parlé le Procureur de
la République et que non seulement le juge ne réagit pas mais statue
exclusivement avec les dires du ministére Public.Il échet que la Cour constate quill n’existe aucune preuve au dossier, la
partie poursuivante n’en ayant fourni aucune. Il n'y a donc aucune
matérialité des infractions arguées et donc pas d’infraction.
C) SUR L'IMPUTABILITE EN LA PRESENTE ESPECE :
15-En la présente espéce, une autre notion essentielle du droit pénal a été
pervertie : celle de l'imputabilité de infraction aprés que la réalité de
Vinfraction edt été établie. Ce qui n’est déja pas le cas.
16-Lionel ZINSOU a constamment affirmé et continue d’affirmer que =
- Ce n'est pas lui qui a géré les comptes de sa campagne électorale mais le
Trésorier de |'Alliance Républicaine qui I'a soutenu.
- Ce mest pas lui qui a opéré le dépat de ses comptes de campagne mais le
trésorier de I'Alliance Républicaine.
Il n'y a, a ce jour au dossier un seul élément permettant au juge de
repousser cette double affirmation
17-Au contraire, le juge considére cette affirmation comme une supposition
(sans montrer en quoi): «a supposer, ainsi qui, est prétendu par la
défense’ du \prevenu, que /a trésorerievde Lionel Alain Louis ZINSOU-
DERLIN a été gérée par VAlliance Républicaine, c'est bien son compte de
campagne qui a été.déposé 4 la Chambre des Comptes de la Cour
Supréme et non le compte de campagne de Alliance Républicaine »
(ugement page 7)
Latticle § de la constitution de la République du Bénin affirme: « Les
partis politiques concourent 4 expression du suffrage... ». C’est sur le
fondement de cette prescription constitutionnelle qu’a été élaborée la loi
N°2013-06 du 3 Septembre 2013 (renforcée récemment par la loi N°2019-
43 du 15 Novembre 2019 portant code électoral).
En effet, plusieurs dispositions du Code Electoral et particuliérement
article 112 concerné par la présente espéce précise & chaque fois « ... les
candidats individuels OU les partis politiques ayant pris part au scrutin.... »
Quel critére le Procureur de la République et le Juge ont suivi pour
préférer en l'espéce lindividu a Alliance de partis politiques ? AUCUN
18-Or en matiére pénale, dés lors que I'infraction est établie sur des preuves,
la partie poursuivante et le juge recherchent l'imputabilité clest-a-dire « le
rapport de causalité entre l'acte et la personne qui I'a accompli, ou bien la
démonstration d'un rapport de cause a effet entre 'acte accompli par cette
personne et le fait délictue! qui est défendu par la loi » (Adrien Charles
DANA Essai sur la notion d’infraction pénale — LGDJ-Paris 1982 page 47 §
43
: Piece D1
Alors que l'article 141 du code électoral, aprés avoir fixé en son alinéa 1°
les peines encourues en cas de dépassement du plafond des frais decampagne électorale, précise en son second alinéa: « Toutefois, les
formations politiques concernées peuvent, aprés paiement de |'amende,
participer toute consultation électorale ». Ce qui signifie que les
formations politiques peuvent gérer des frais de campagne, déposer des
comptes de campagne et encourir des sanctions pénales en cas de
dépassement. Mais qu'on ne saurait leur faire application de l'inéligibilté
19-Qui a établi les comptes de campagne du candidat Lionel ZINSOU ? Qui a
déposé lesdits comptes ? OU se trouve le faux et qui a établi ou utilisé le
faux ?
Sans réponses & ces questions, il est impossible de déterminer a qui pourra
6tre imputée Infraction régulirement établie. En 'espéce, I'infraction n'est
pas prouvée et il ne saurait y avoir imputabilit.
D) SUR_LA VIOLATION DE LA REGLE SPECIALIA GENERALIBUS
DEROGANT
20- Au fondement du systéme de droit pénal moderne et qui est celui de la
République du Bénin demeure le principe posé au 18** siécle par Cesare
BECCARIA:: « nullum, crimen, nulla poena, sine lege » (nul crime, nulle
peine sans la loi ou en d'autres termes : il n'y a pas d'infraction, il n'y a pas
de peine en dehors d'un texte légal).
La docttine lestime que))« la \régle)de \interprétation: restrictive apparait
aujourd'hui comme une conséquence directe de légalité des délits et des
peines : le juge sous prétexte dinterprétation ne peut rien ajouter a la [oi,
incriminer et frapper d'une peine des actes que le législateur n’a pas pris en
considération. Si la loi pénale doit étre interprétée restrictivement - 4 la
différence de la loi civile - c'est pour la raison qu'elle met toujours en cause
la liberté individuelle qui ne saurait, en régime libéral, tolérer que les seuls
atteintes rigoureusement exigées par lintérét public » (Henri Roland et
Laurent Boyer. Adages du droit francais — Edit. LITEC. Paris 1992 page
667)
Pidce 02
Tous ces préceptes propres au droit pénal rentrent dans le cadre de I'adage
général couvrant toutes les matiéres du droit: spécialia generalibus
dérogant (les régles spéciales dérogent aux régles générales)
21-Or le jugement dont appel a violé ces régles et la loi pénale sur trois points :
D'abord en faisant d'un prétendu prét et d'un prétendu acte notarié ne
entrant pas dans les comptes de campagne un élément constitutif de
infraction supposée ;
Ensuite en déclarant qu'aux termes des articles 1*, 30 et 38 du code de
procédure pénale, la mise en mouvement de l'action publique est une
prérogative du Ministére Public qui regoit les plaintes et dénonciations et
apprécie la suite a leur donner... etc «en tout autre matiére, il peut
également s‘autosaisir et mettre en mouvement action publique » ;
Et enfin le droit fondamental de Lionel ZINSOU 4 la défense ;22-Alors que d'une part, l'article 112 alinéa 3 du code électoral subordonne la
mise en mouvement de |'action publique 4 une double condition : le constat
du dépassement des dépenses de campagne par la chambre des comptes
de la Cour Supréme et envoi d'un rapport par la chambre des comptes au
Procureur de la République dans un délai de 15 jours et d’autre part, le
méme article 112 en son 2° alinéa établit fermement et clairement le droit
& la défense du candidat ou du parti politique : « fa Chambre des Comptes
de la Cour Supréme rend publics les comptes de campagne afin de
recueillir dans un délai de quinze (15) jours, les observations des partis
politiques et des candidats sur lesdits comptes »
Le premier juge prive le prévenu Lionel ZINSOU de toute possibilité de
discuter les éléments constitutifs de la prétendue double infraction : la loi
pénale du Code électoral n'a nullement visé les ressources amoncelées en
vue de la campagne électorale mais les DEPENSES de campagne ; alors
de combien Lionel ZINSOU aurait dépassé le plafond des frais de
campagne et quelles sont les piéces comptables qui établiraient ce
prétendu dépassement ?
Et quelles seraient les piéces falsifiées ou altérées ?
23-Les 3 alinéas de larticle 112 du Code électoral sont si clairs quills
nautorisent aucun juge a déclarer « qu'il ne résulte pas de article 112 de
la loi n° 2013-06 du 25 Novembre 2013 portant Code électoral en
République du Bénin que le Ministére Public ne peut pas s‘autosaisir en
cas de dépassement des\dépenses deicampagne » (jugement p.5)
ll appert ainsi que les prescriptions pénales du Code électoral n’habilitent
pas le Procureur a s’autosaisir, Des régles spéciales de ce genre existent
dans d'autres matiéres pénales comme par exemple la diffamation.
AU TOTAL
24- A titre principal du Chef de dépassement des frais de campagne, l'action
du Ministére Public est irrecevable et subsidiairement appelle rejet du fait
que l'infraction n’est pas constituée et en tout cas n'est pas prouvée.
Au titre de faux et usage de faux infraction n’est pas non plus constituée et
en tout état de cause aucune piéce falsifiée ou altérée n’a été produite.
L’exposant précise que tous ses moyens exposés en premiére instance et
repris en la présente note aux points 4 4 9 sont intégrés 4 ses moyens
d'appel
PAR CES MOTIFS
et tous autres a compléter ou suppléer doffice s'il échet,
25-Recevoir Monsieur Lionel ZINSOU en son appel
- Lui donner acte de ce qu'il n’a rien dit et n’a rien a dire sur la prétendue
affaire de 15.000.000.000 de Francs ni sur le prétendu acte notarié non
communiqué ni produit au dossier ;Lui donner également acte de ce que son silence sur cette allégation du
Procureur de la République non soutenue par aucune preuve ne saurait
servir de preuve au juge pénal ;
- Le dire bien fondé en son appel et annuler le jugement N°043/19/3e CD
rendu le 02 Aodt 2019 par le Tribunal de Premiére Instance de Premiére
Classe de COTONOU.
Evoquant et statuant 4 nouveau
26-dire et juger que l'action du Ministére Public au titre du dépassement des
frais de campagne électoral est irrecevable et au subsidiaire déclarer la
prévention non fondée et en tout cas non prouvée,
Dire et juger que la prévention au titre au départ d'usage de faux puis
devenue faux et usage de faux n'est pas fondée et en tout cas pas
prouvée, la rejeter ;
Relaxer purement et simplement Monsieur Lionel Alain Louis ZINSOU-
DERLIN des fins de toutes les poursuites ;
- Metre les frais a la charge du Trésor Public
SOUS TOUTES RESERVES
Cotonou, le 3 Février 2020
Production:
Pieces 1a et 1b : lettres de SCPA Robert M. DOSSOU au PR
Pigce D1 : Extrait de Adrien-Charies DANA,
Essal sla noon dination DOSS
pitco D2: Adages du Dra France Cabinet Roben DOS
Nadine DOSSOU SAKPONOU
Rockas AMOUSSOUVI
Avocats
SCPA Robert M. DOSSOU