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conte
PS•MS•GS
par Claudine Bonnefond

10 contes pour une année

La dernière
galette
D ans la vitrine de la boulangerie, à peine
éteintes les lumières de Noël, voici que
pointe le bout du nez des galettes des Rois.
Levure, farine, œufs, sucre, beurre ont
été mélangés avec adresse par le boulan-
ger pour donner naissance à de belles
galettes blondes, rondes et dorées à souhait.
Dans leur pâte, le boulanger a glissé une j olie
fève en porcelaine: un bonhomme ou une étoile, une lune ou un petit âne.
Hélas, le boulanger, étourdi ou pressé, a oublié de déposer une fève dans
l’une des galettes à présent installées en vitrine.
Les autres se moquent d’elle:
«Une galette sans fève, ça n’existe pas, c’est comme une voiture sans
moteur, c’est ridicule. RI-DI-CULE!!!»
Notre pauvre galette sans fève voit s’en aller ses sœurs une par une, ache-
tées par de gros gourmands.
Même les croissants rient d’elle:
« Une galette sans fève, ça n’existe pas, c’est comme un vélo sans roues,
c’est ridicule. RI-DI-CULE !!!»
Notre galette sans fève sent de grosses larmes de chagrin rouler sur ses
joues dorées.
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conte
PS•MS•GS

Venant à passer sous la vitrine, une petite souris nommée Lili prêta l’or eille
aux propos moqueurs des galettes.
Elle s’en fut tout raconter à ses sœurs dans un coin du four nil : les souris
tinrent une assemblée extraordinaire des souris de la boulangerie, et déci-
dèrent d’un commun accord de chercher ce qui pourrait remplacer une fève.
Mais quoi ? Un vieux bouton de chemise ? Un fruit confit ? Une olive noire ?
Les souris ne manquaient pas d’idées, mais aucune ne leur plaisait vraiment.
A force de tourner en rond, Lili la souris finit par r emarquer sur le trottoir,
en face de la boulangerie, une pièce brillante, une véritable pièce en or !
Vous devinez la suite : Lili récupère la pièce, la nettoie, grimpe discrètement
dans la vitrine, dépose son précieux butin dans le ventr e de la galette avant de
repartir furtivement vers son trou, ravie.

*
La journée passe et le soir, il ne reste plus dans la vitrine illuminée que notr e
galette accompagnée d’un gros pain un peu rassis.
Dehors, de rares passants emmitouflés affrontent la nuit glaciale en pressant
le pas. Le boulanger va bientôt éteindr e la lumière et fermer sa boutique,
lorsque soudain la porte s’ouvre, laissant apparaître un minois transi de fr oid.
Le boulanger le connaît, c’est un petit garçon qui vit seul avec sa maman : il
vient chercher le pain rassis, qui est moins cher , car il n’est pas très riche.
Notre boulanger vend le pain à l’enfant et r egarde la dernière galette.
« Prends-la, petit, je te la donne, à demain.
– Merci, monsieur, bonne soirée. »
Et voilà, la bonté d’un boulanger et l’astuce d’une souris ont fait un petit
garçon heureux ce soir-là !
Et doublement heureux au moment où il découvrit, à la place de la fève,
brillant de tous ses feux, une jolie pièce en or .

FIN

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