conte

PS•MS•GS
par Claudine Bonnefond

10 contes pour une année

La citrouille
de Tourlourou
I
l était une fois un gentil lutin des
bois appelé Tourlourou. Il vivait
dans une jolie petite maison, au
milieu d’une grande forêt. Ses
amis étaient Noisette l’écureuil,
Quipic le hérisson et Lunette la
taupe.
Tourlourou savait faire pousser
plein de bonnes choses : du blé,
toutes sortes de légumes, et aussi
des citrouilles. C’était un excellent jardi-
nier.
Vers la fin de l’été, Tourlourou eut dans son jar-
din la plus belle, la plus grosse citrouille jamais vue au
monde. Elle était énorme, ronde, orange comme un soleil couchant.
Le lutin hésitait à en faire de la soupe, comme il en avait l’habitude avec
les autres citrouilles. Il décida donc de la poser sur le bord de la fenêtre pour
décorer sa maison.
Non loin de là, dans un horrible logis tout crasseux, végétait une sorcière
nommée Abracadabrax.
Tourlourou ne l’aimait pas, et elle n’aimait pas Tourlourou : il était bien trop
gentil ! Elle n’aimait que les gens méchants, les maisons sales et la laideur.

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PS•MS•GS

Un beau matin, sillonnant les parages à califourchon

sur son balai, la sorcière aperçut la citrouille sur la
fenêtre.
« Screu-gneu-gneu de screu-gneu-gneu, par les
poils de mon menton, il me faut cette citrouille, gronda-
t-elle. J’ai une recette sublime de chair de citrouille
mélangée à de la bave d’escargot et à des pattes
d’araignées grillées ! Je reviendrai cet après-midi ! »
Mais Tourlourou, qui bêchait son jardin derrière
la maison, avait tout entendu. Il courut chercher
sa citrouille et la cacha dans sa cave.
L’après-midi, lorsqu’elle revint sur les lieux,
Abracadabrax s’étonna de ne plus voir la citrouille
sur la fenêtre. Elle comprit qu’on l’avait changé de
place et, furieuse, elle s’approcha plus près de la maison.
Elle vit alors la citrouille qui illuminait toute la cave à travers le soupirail.
« Screu-gneu-gneu de screu-gneu-gneu, par la verrue ornant mon nez,
cette nuit je reviendrai, et alors je la volerai ! »
Tourlourou, aux aguets, prit peur et cacha sa citrouille dans le grenier.
Après le coucher du soleil, quand le jardin fut plongé dans la pénombre,
Abracadabrax entra dans une colère noire en constatant que la citrouille avait
disparu de la cave ; elle écumait de rage, toute verte, la bave aux lèvres.
Elle s’apprêtait à cracher ses malédictions sur Tourlourou et sa maison, quand
soudain…
Soudain, apparurent deux silhouettes à la lucarne du grenier : c’étaient
Noisette l’écureuil qui bombardait la tête de la sorcière avec les pommes de pin,
et Tourlourou qui lançait la citrouille de toutes ses forces sur la tête de l’affreuse
Abracadabrax. Pendant ce temps, plus bas dans le jardin, le hérisson roulé en
boule piquait la sorcière. Quant à la taupe, elle creusait des galeries sous la
terre. Des mottes de terre se formaient au ras du sol et la sorcière trébuchait
sans arrêt.
*
Abracadabrax est partie en courant, à demi assommée. Puis jamais on ne l’a
revue. Par miracle, la citrouille ne s’était pas abîmée dans sa chute. Tourlourou
l’a posée sur la table de la cuisine. Il paraît que certains soirs, la citrouille sourit
au lutin. On l’aurait même entendue chanter.
FIN
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