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Marciano Océane 08/01/20 19 pages

OC Dr Balester Cours 1

Les Adhésifs Amélo-Dentinaires

Plan :
I. Introduction
II. Critères requis
III. Classifications
A - Approche historique
B - Approche rationnelle
IV. Mécanismes d’action des différents systèmes
A - Les M&R3
B - Les M&R2
C - Les SAM
V. Efficacité des systèmes adhésifs
A - Influence de l’acidité des agents de mordançages
B - Compatibilité
C - Considérations pratiques et sensibilités opératoires
D - Qualité et durabilité de l’interphase dentine-adhésif
VI. Conclusion

I. Introduction

L’utilisation d’adhésif est obligatoire. Il existe peu de matériaux auto-adhésif. Il permet de faire un
lien entre la dent et le composite.
Un adhésif est un biomatériau d'interface. Le composite seul, par exemple, n’adhère pas sur une
dent. La biodentine et le CVI sont les seuls matériaux qui y adhèrent seuls. Tandis que pour que le
composite adhère, il faut une interface.

Adhésif = Lien adhérent et étanche entre les tissus dentaires calcifiés/minéralisés et les
biomatériaux d’assemblage ou de restauration.

Avant on avait besoin d’accroches (cavités rétentives etc). Désormais on est dans un contexte de
dentisterie adhésive qui est moins mutilante (préservation de la dent donc possibilité de ré-
intervenir par la suite), plus esthétique et biocompatible. C’est une révolution.

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Efficacité ?
L'efficacité de l'adhésion dépend de la mise en œuvre → efficacité opérateur dépendant (je peux
avoir le même flacon que mon collègue et avoir des résultats différents car les adhésifs sont
sensibles à la manipulation).
Chaque adhésif a son mode d’emploi qu’il faut bien comprendre pour bien les utiliser.

Comment ?
On utilise des monomères susceptibles de pénétrer les microrugosités de l'émail et de la dentine
avant de se lier par polymérisation au matériau de restauration (souvent un composite).
Pour cela, il faut une attaque acide préalable ou simultanée à leur application sur les tissus
dentaires. On aura une interface mixte tissus-biomatériaux : effet Velcro (entrelacement qui crée
une rétention) → ADHESION MICROMECANIQUE.

II. Critères requis

A – Biocompatibilité

Il ne doit pas induire de réaction néfaste pour l'utilisateur et le destinataire : pas allergisant, pas
toxique, pas de potentiel mutagène.

Il est parfois allergisant : surtout chez le praticien malgré les gants.

Il y a une cytotoxicité vis à vis de la pulpe qui a été prouvée. L’adhésif du futur, idéal, ce serait
l’adhésif qui permettrait une cicatrisation dentinaire. Mais en attendant, s’il y a une effraction
pulpaire on va plutôt utiliser de la bio dentine.
Cependant, on a prouvé que même si c’est agressif pour la pulpe, l’adhésif est assez bien toléré si
on respecte deux conditions :
- Qu’on ne soit pas en coiffage direct (pas directement sur la pulpe).
- Qu’on ait une interface étanche.

B – Adhésion et étanchéité

L’adhésif doit coller et immédiatement (faut pas que ça prenne deux heures pour coller). Il doit
aussi coller suffisamment fortement pour s'opposer aux contraintes de polymérisation (rétraction
de prise).
Le point faible des composites est qu’ils se contractent entre 1 et 5 % du volume lors de la
polymérisation. L’effet induit est un déchirement au niveau du joint d’adhésif pouvant créer un
hiatus et l’apparition de fêlures. Pour vaincre cela, on fait par petits apports successifs qui ne
concernent qu’une paroi à chaque fois.
Notre but c’est d’être étanche à l'échelle de la bactérie, donc du micromètre, mais on y arrive à
l’échelle nanomètre.

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C – Durabilité

L’adhésif utilisé doit être durable et limiter les colorations marginales, la reprise de caries, les
sensibilités et le décollement dans le temps.

Il est plus facile de coller sur l'émail que sur la dentine.

D – Simplicité et efficacité de mise en œuvre

But : des résultats thérapeutiques fiables et reproductibles.


Problème d’aujourd’hui : les industriels cherchent à simplifier les procédures d'adhésion ce qui va
parfois à l’encontre de la qualité adhésive.

III. Classifications

A – L'approche historique : classification en fonction de leur chronologie d'apparition


(les 8 générations)
Les 3 premières sont à titre informatifs, il faut connaitre les autres

ère
1) 1951 -1982 : 1 génération ou période des pionniers

On commence à utiliser les résines acryliques (ce avec quoi on fait les provisoires en OP fixée) pour
les restaurations esthétiques, mais on n’avait pas de procédures de collages donc le joint était
médiocre.

Joint de qualité médiocre car :


- Écart dilatométrique (par rapport à la température)
- Pas de potentiel d’adhésion
- Retrait de prise (6%)

➔ Percolations, reprise de caries.


➔ Agression pulpaire et coloration.

2) 1955 : mordançage de l’émail (photo des %)

L’adhérence à l’email après traitement acide a été démontrée par BUONOCORE.


On commence à avoir un collage sur l’émail que l’on mordance avec de l’acide phosphorique à 85%.
Maintenant entre 32-38% (pseudo-collage car pas encore d’adhésif : juste mordançage qui crée des
reliefs). On obtient un bon collage sur l’émail mais pas de collage sur la dentine !

3
ème
3) 1980-185 : 2 génération avec introduction de la notion de système adhésif

On utilise une nouveauté : le primer qui permet une meilleure adhésion à la dentine. Le collage
sur la dentine est amélioré. Collage email bien , collage dentine nul.

4) 1985-1992 : 3 ème génération ; introduction de la notion de système adhésif

Plusieurs produits associés (résine adhésive + qq chose)


Collage de la dentine mieux

La dentine n’étant pas mordancée à cette époque, l’adhésion était essentiellement due au collage
de la boue dentinaire.

ème
5) 1992 : 4 génération ; reconnaissance du concept de mordançage total ++

Le collage commence à devenir fiable sur la dentine et sur l’émail. En effet à l’époque, mordancer
la dentine était hors de question, par peur d’agresser la dent.

On va pourtant finir par comprendre l’utilité du concept de mordançage total, qui permet
d’éliminer la boue dentinaire (considérée avant comme une barrière aux agressions) et de créer
une déminéralisation de la surface, ce qui permet la pénétration de l’adhésif.

On a donc la création d’une couche hybride : effet velcro entre collagène, polymères d’adhésif et
polymères de matériaux de restauration → adhésion micromécanique.
On entre dans une nouvelle ère : la dentisterie adhésive.

On procède alors selon trois étapes :


1. Mordançage acide.
2. Mouillage et pénétration de la surface traitée (primaire ou primer).
3. Résine adhésive.

C’est une révolution de la dentisterie (possibilité de faire des facettes, overlay…).


Mais il faut des conditions irréprochables. Il est donc impératif de mettre la digue (contamination,
humidité) !
Les dentistes ont commencé par rejeter ces nouveaux matériaux car procédures trop longues et
dures.
Donc les industriels ont tenté de simplifier avec les générations futures d’adhésifs. Industriels +
simple + rapide

ème
6) 5 génération : regroupement des produits

On passe de trois à deux produits : le mordançage acide et dans un même flacon : le primer et la
résine adhésive.

4
ème
7) 1995 : 6 génération les auto-mordançants (en parallèle de la 5 ème )

On utilise 2 produits avec dans le même flacon le mordançage acide et le primer (on parle d’auto-
mordançant) et ensuite la résine adhésive. Ce n’est pas du tout la même acidité qui est utilisée
dans ce système.

ème
8) 2000 : 7 génération les « tout en un »

Ici on aura les trois produits (mordançage acide, primaire et résine adhésive) dans le même flacon.

ème
9) 8 génération : les « universels »

Ils sont assez validés aujourd’hui et beaucoup utilisés. Ils commencent à avoir une adhésion
A

chimique sur la dent grâce à une molécule qu’on appelle le MDP10. Ils sont dits universels parce
qu’on peut les utiliser sans, avec mordançage ou en mordançage partiel.
Adhésifs « multimodes » en un flacon, il existe 3 approches possibles :
- Sans mordançage préalable (SAM1)
- Avec mordançage sélectif (uniquement à l’email)
- Total Etch (MR2)

B – L'approche rationnelle : mode d'action et nombre d'étape cliniques


Il existe :
- 2 grandes classes (selon le mode d’action),
- 2 subdivisions pour chaque classe (selon le nombre d'étape clinique)

Connaitre ce schéma +++

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M&R : Mordançage et rinçage :
M&R3 = Mordançage et rinçage en trois étapes (mordançage acide, primaire et résine adhésive).
M&R2 = Mordançage et rinçage en deux étapes cliniques (mordançage acide/ primaire et résine
adhésive dans un même flacon).
SAM : Système auto mordançant à partir de la 6eme génération. En une (tout dans un même flacon)
ou deux (mordançage acide et primaire dans un même flacon/ résine adhésive) étapes cliniques.

➔ Globalement M&R3 et SAM2 sont des bons systèmes.


++ Schéma à retenir

Une fois que l’on a appliqué le mordançage, on rince et on sèche pour évaporer les solvants : on
laisse une surface sèche sans être desséchée. La classe à laquelle appartient l’adhésif correspond
à la manière de l’utiliser.

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IV. Mécanismes d’action des différents systèmes
Après le fraisage de la cavité se forme une couche de boue constituée des
débris d’usinage, « smear layer » ou boue dentinaire. C’est globalement
un agglomérat d'hydroxyapatites, de protéines et de bactéries formés à la
surface de la cavité et qui va même rentrer un peu au niveau des tubulis
dentaire

Quel que soit le système, le traitement acide permet :


- D’éliminer complètement la « smear layer »,
- La conditionner : créer des microporosités/microrugosités permettant l’infiltration de
monomères qui en polymérisant formeront « l'interphase » entre les tissus dentaires et la
restauration.
Couche hybride= infiltration du collagène

Pour la dentine, il s'agit de remplacer l'hydroxyapatite (composant de la fraction minérale),


éliminée par le traitement acide, par des monomères de résine qui vont s'ancrer entre les fibres
de collagène.

➔ Velcro : accroche micromécanique. Dans la photo, on voit la trame de collagène. Il faut infiltrer
ce réseau de collagène pour éviter l’hypersensibilité dentaire.

A – Les M&R3 (adhésif de 4ème génération = gold standard, standard thérapeutique).

3 étapes :
- Mordançage (avec acide orthophosphorique 37%)
- Rincer et sécher mais pas trop sinon effondrement du collagène il va se tasser et l’adhésif ne
pourra pas rentrer. Il doit rester un peu d’humidité.
- Primer (en 2 flacons existe)
- Résine adhésive
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Étape 1 : mordançage (et rinçage) : ++++
Mordançage/ « Etching »

Application d'un gel d'acide ortho phosphorique (30 à 40%) :


- 30 sec sur l’émail, (car email très minéralisée)
- 15 sec max sur la dentine (limiter car la dentine plus susceptible a l’attaque acide, et l’adhésif ne
s’infiltrera pas au niveau du collagène ++)
- Rinçage plus de 15 sec (éliminer le maximum possible d’acide)

8
Effet du mordançage sur l’émail :
Une surface amélaire non traitée est lisse.
Si on effectue un mordançage, rinçage et séchage, on obtient sur l’émail les classiques faciès
propices (dendritiques) à l’ancrage micromécanique de l’adhésif.
Après 30s de mordançage, on a une déminéralisation sur 10 microns.

La surface développée augmente = énergie de surface augmente (x2 environ)


Si l’adhésif est fluide avec une bonne mouillabilité, il pourra s'étaler et pénétrer dans les
anfractuosités de l’émail permettant la rétention micromécanique.

L’émail est blanc crayeux suite à l’application de l’acide. Interface email extension de la résine (tag)
On voit des sortes de pic après mordançage.
- Primer : 5 couches
- Evaporer les solvants
- Adhésif : il ne faut pas de gros excès
- Photopolymériser : le maximum de temps 30 sec, plus que ce qui est indiqué par le
fabriquant
Chaque étape est importante.

Mordançage sur la dentine (structure très différente de l’émail) :


On est sur une structure moins minéralisée.
Énergie de surface après mordançage plus faible que celle de l’émail.
Il faut un primer amphiphile

Intrinsèquement humide (donc hydrophile) ce qui s'oppose à la pénétration d'une résine


hydrophobe. C’est-à-dire que la couche adhésive n’accepte pas l’humidité, donc on ne peut pas
coller directement : d’où l’utilité d’utiliser le primer qui infiltre la zone gorgée d’eau et laisse le
passage à la résine hydrophobe par la suite.

Dans la dentine, plus on se rapproche de la pulpe, plus les tubulis seront nombreux (âge aussi :
jeune = + de tubulis). Donc si l'étape adhésive n'est pas bonne, on pourra avoir des sensibilités post-
opératoires. Cela a une influence sur le choix de l’adhésif. Il y aussi les problèmes de pressions du
fluide intra-tubulaire.
La concentration des tubules est plus importante au niveau de la pulpe. Plus on est proche de la
pulpe plus il y a une possibilité de communication. Dans une situation de carie profonde, on évitera
l’acide, on s’orientera plus sur la SAM car la résine est cytotoxique.

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Pour résumer, le mordançage (l'etching) :
- Élimine ou CONDITIONNE la boue dentinaire ce qui permet l’ouverture des tubulis,
- Déminéralise superficiellement les surfaces péri et inter-tubulaires sur quelques
micromètres (dentinaire autour et entre les tubulis).
Ce qui a pour effet de laisser à nu le réseau de fibrilles de collagène entrelacées et dispersées dans
l'eau du rinçage qu’il faut laisser sec-humide.

Donc après mordançage, on est dans un contexte de surface traitée qui est hydrophile (1/4
collagène, ¾ d’eau).

Comment infiltrer une quantité suffisante de monomères méthacryliques, hydrophobes ?


Proposition 1 : sécher pour éliminer l’eau et rendre la surface hydrophobe (sécher mais pas trop)
Problème : collapsus des fibres de collagène lors du séchage devenant une barrière qu’on ne peut
plus infiltrer. Elles adhèrent entre elles pour constituer un feutrage compact non propice à la
pénétration de la résine.

Proposition 2 : application d'un primer (molécule amphiphile, tête hydrophobe et queue


hydrophile, ce qui fera l'interface entre la surface hydrophile et la résine hydrophobe).
Il faut sécher sans sécher. Enlever l’excès d’eau mais en laisser. Prendre un coton humide et
tamponner l’excès d’humidité. Il faut une surface humide brillante mais sans excès. Puis appliquer
le primer qui chassera les molécules résiduelles.

Étape 2 : application d’un primaire « primer » :

Rôle majeur dans l'adhésion à la dentine. Pas email (qu’adhésif). Frotter plusieurs fois, et infiltrer le
réseau de collagène.

Objectif de l'étape :
- Soit maintenir suffisamment poreux le réseau de collagène.
- Soit permettre sa ré-expansion s’il a été collapsé lors du séchage (ré ouverture).

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Il faut bien frotter la surface avec et ensuite souffler pour chasser l’eau.
Cette application permet la perméabilité de la dentine déminéralisée après évaporation de l'eau
qu'elle contient.
La surface hydrophobe va être favorable à la pénétration de la résine. Les fibrilles sont accessibles.

Composition des primers :


- Eau
- Monomères hydrophiles (souvent l’HEMA),
- Solvant organique (favorise l'évaporation de l'eau après application du primer), souvent
acétone ou éthanol, fait le lien chimique avec la résine.

Il y a un groupe méthacrylate hydrophobe + un groupe hydroxy hydrophile. La polymérisation de


HEMA est catalysée par le collagène.
L'élimination quasi-complète de l'eau par séchage est indispensable pour la formation d'une
interphase de qualité. On doit avoir un aspect satiné.

Étape 3 : la résine adhésive : tout simplement, pas plusieurs couches. 1 uniforme

Elle doit pénétrer les tubules et s'infiltrer dans les espaces inter fibrillaires, inter et péri-tubulaires.

Après copolymérisation avec le composite, on aboutit à une interphase adhérente et étanche entre
le composite et la dentine.
Il faut absolument le primer et ce groupement hydrophobe pour qu’il puisse pénétrer.

Cette interphase est constituée :


- D’une couche hybride inter et péri tubulaire,
- De brides (tags) résineuses intra tubulaires = extensions de résine qui viennent plonger dans
les tubulis.
Couche hybride car entrelacement de deux types de polymères : ++ (photo)
- Les fibres de collagène de la matrice dentinaire, polymère biologique/naturel,
- Les macromolécules de l’adhésif, polymère de synthèse.

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Dans le cas d’une restauration que l’on refait, il faut sabler la dent pour enlever tous les restes du
collage de la restauration précédente.

B – Les M&R2

Mordançage + un seul flacon (primer + résine adhésive).


Peut paraitre plus simple, mais la mise en œuvre est plus délicate. Pas de très bons résultats
cliniquement. Essayer de les éviter

Le M&R2 est-il plus simple que M&R3 ? En apparence seulement car la mise en œuvre reste
délicate.

Composition du deuxième flacon :


- Monomères hydrophobes,
- Monomères hydrophiles,
- Solvants organiques (souvent alcool ou acétone) pour pénétration du produit et
évaporation de l’eau,
- Parfois des charges,
- Amorceurs de polymérisation.

Beaucoup de choses pas toujours compatibles ensemble et donc plus compliquer à savoir si notre
collage est bon.

On applique ici un seul produit et on souffle ensuite doucement et longtemps.

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Le problème vient du « wet bonding » (= dentine sèche humide) qui devient cruciale dans le collage
- En excès, l'eau s'oppose à la formation d'un joint adhésif continu = sur-mouillage (« over-
wetting »),
- Si séchage trop intense = effondrement du réseau de collagène (« over-drying »).

En résumé, un bon degré d'humidité dentinaire est difficile à atteindre.

Dentine sèche humide, pour obtenir le bon degré d'humidité, il y a plusieurs techniques :
- Séchage à l'air progressif en se rapprochant de la préparation.
- Aspiration des excès avec la canule salivaire.
- Absorption des excès avec une boulette de coton ou une micro-brosse. +
- Séchage de la cavité puis réhydratation par tamponnement (par boule de coton).

Le fait d’utiliser un M&R3 est plus facile sur cette manœuvre de dentine sèche/humide.
Les M&R2 qui contiennent un solvant à base d'acétone sont beaucoup plus sensibles à l'état
d'humidité de la dentine que ceux à base d'alcool (éthanol ce qui est souvent le cas chez le M&R3).

C – Les SAM (système auto mordançant)

Il n’y a plus de mordançage ni de rinçage, donc plus de problème de dentine sèche humide.
Il faut de préférence faire le mordançage uniquement de l’email même si c’est compliqué.

Les SAM contiennent tous de l'eau qui est nécessaire pour activer l'ionisation des monomères
fonctionnels acides. Il n'y a pas de rinçage après application. On n’utilise plus d’eau du tout.

Les monomères acides (pas acide ortho-phosphorique : donc moins violent) déminéralisent et
infiltrent simultanément l'émail et la dentine : ils dissolvent d'abord la phase minérale de la boue
dentinaire avant d'attaquer superficiellement la dentine sous-jacente. La boue dentinaire n'est
donc pas totalement éliminée mais infiltrée (conditionnée).

On crée une couche adhésive.


Après polymérisation, les constituants organiques de cette boue sont imprégnés par la résine de
l'adhésif, ainsi que les fibres de collagène de la surface traitée.
Donc la couche hybride contient à la fois des protéines de la boue et les fibres de collagène, elle est
beaucoup moins épaisse en profondeur et en hauteur que celle des M&R (acidité très inférieure).
Secouer les flacons.

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1) Les SAM2

Étape 1 : Application du primaire auto mordançant (self-etching primer) :


Déminéralise et infiltre simultanément les tissus dentaires calcifiés.
Pour que sa diffusion en profondeur soit efficace, il doit agir pendant un temps minimum (20 à 30
secondes selon les produits) et doit être appliqué de façon énergique. Puis on doit procéder à une
évaporation soigneuse qu'il contient.
On va beaucoup moins en profondeur. La couche hybride est plus fine.

Étape 2 : Application d'une résine majoritairement hydrophobe


C'est généralement une résine classique très similaire à celle des M&R3. Elle permet d'obtenir une
copolymérisation efficace avec la matrice des composites

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2) SAM1 « all in one »

Les SAM1 combinent mordançage, primaire et adhésif en un seul produit.

Avantage : simplifie la procédure clinique (plus ergonomique, moins cher, moins long, moins
d'erreurs potentielles). Mais le pouvoir adhésif n’est pas aussi important que M&R3 par
exemple.

Composition : eau, monomères hydrophiles, solvants, monomères hydrophobes.

La coexistence des constituants dans une solution homogène ne peut se faire que dans des limites
critiques de composition.
Risque de séparation de phase lors de l'application surtout si évaporation de l'eau insuffisante.
Dès qu’il y a 2 composants dans un même flacon il faut remuer afin d’obtenir un mélange
homogène.

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V. Efficacité des systèmes adhésifs

A – Influence de l’acidité des agents de mordançages

Au niveau de l’émail :
La qualité du mordançage est le facteur principal influençant les valeurs d'adhésion à l'émail (plus
que la nature de l'adhésif) : acide ortho phosphorique (30 à 40%). Il faut laisser le bon temps
d’application.

Qualité d'adhésion à l'émail des SAM ? Mordançage sélectif : essayer de mordancer uniquement
l’email même si c’est difficile, être minutieux +
Non car l’acide n’est pas suffisamment violent pour attaquer la surface de l’émail.

Les faciès d'attaque générés par les SAM sur l’émail sont moins rétentifs que ceux de l’acide ortho
phosphorique....

Possibilité de mordancer les marges amélaires pour palier à cette moins bonne adhésion.

On a donc un SAM1 mais on est obligé de rajouter des étapes en faisant ce mordançage sélectif.
Autant directement faire M&R3.

Au niveau de la dentine :
Attention, un temps de mordançage trop long rend plus aléatoire l'infiltration complète de la
zone déminéralisée. Pour un gel d'acide ortho phosphorique à 35-40 %, il est conseillé de ne pas
prolonger le temps de contact au-delà de 15 secondes.

Attention : avec les SAM, ne pas mordancer la dentine !


Autre problème des SAM : épaisseur de la boue dentinaire, il faut finir les préparations avec des
grains fins (fraises à fine granulométrie qui génèrent moins de boue donc meilleur collage).

Les personnes se brossant les dents de manière auront des fissures, la dentine sera très
minéralisée exception ici du temps de mordançage.

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B – Compatibilité

Certains adhésifs sont incompatibles avec les composites chémo-polymérisables ou duals →


zone non polymérisée à l'interface → échecs cliniques ! On utilise ces composites pour les
tenons fibrés : une fois injectés dans le canal, la lumière ne peut pas passer donc prise chimique.

Cette incompatibilité est principalement due à l'acidité de certains adhésifs. Les deux ne collent pas
ensemble. Par exemple, si on fait un tenon fibré il faut vérifier la compatibilité. L’acidifie impacte
la réaction de chémopolymérisation.

➔ Concerne certains MR2, et presque tous les SAM1


➔ Aucun souci pour MR3 et SAM2.

En pratique, si on utilise un matériau dont tout ou partie de la polymérisation est activée


chimiquement, il faut un adhésif :
- Soit photo polymérisable à pH neutre (ou proche de la neutralité)
- Soit un système mélangé à un activateur additionnel (avantage : adhésif DUAL). Pas dit à
l’oral

C – Considérations pratiques et sensibilités opératoires

Outre le gain de temps, d'ergonomie et de coûts, les SAM ont d'autres avantages :
1. Suppression de la séquence de rinçage après mordançage qui est une étape à risque (acide) de
brûlure chimique des tissus buccaux et à risque de saignement si parodonte marginal/proche
inflammatoire. Donc mettre la digue !!
2. Réductions des sensibilités post-opératoires. La smear layer n'ayant pas été éliminée mais
imprégnée, pas de mouvement hydrodynamiques au sein des tubulis. L'obturation tubulaire
explique l'absence de sensibilités post-opératoires.

D – Qualité et durabilité de l’interphase dentine-adhésif

La formation d'un joint réellement étanche au contact de la dentine reste toujours un


problème à résoudre.

Raison n°1 : complexité du substrat :


Rarement dentine primaire saine mais dentines secondaires, tertiaires, sclérotiques,
carieuses, déminéralisées, reminéralisées ou hyperminéralisées. La qualité du collagène sera
alors moins bonne.

Raison n°2 : l'interphase dentine-adhésif est souvent imparfaite :


La zone de dentine déminéralisée n'est que partiellement infiltrée par les monomères.
Ce différentiel d'épaisseur génère des défauts à la base de la couche hybride qui entraîne
des nano fuites (= nano-leakage).

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Raison n°3 : Même si la pénétration de l’adhésif est bonne, l’hybridation ne l’est pas forcément :
Il peut y avoir du collagène non protégé par une gaine de résine qui peut être le siège de
dégradations par l’action protéolytique d’enzymes bactériennes, salivaires, voire endogènes.

Raison n°4 : Tay et Coll. ont montré que la couche adhésive formée par les adhésifs contenant des
monomères hydrophiles se comporte comme une membrane semi-perméable, traversée par l’eau.
Ceci entraîne une perte d'étanchéité donc peut conduire à des dégradations. L’évaporation est très
importante pour obtenir une couche homogène !

Raison n°5 : Pashley et Coll. ont montré la dégradation du réseau protéique due à l’action de
métalloprotéases matricielles d’origine endogènes, c’est-à-dire d’enzymes originellement
présentes dans la dentine et qui la dégrade naturellement. Ce qui démontre l'importance du collage
périphérique à l’émail ++ (attention mordançage sélectif de l’email sur les systèmes auto-
mordançants)

Raison n°6 : Sensibilité à la manipulation des adhésifs : +


Une petite erreur aura de grosses conséquences.
Les systèmes simplifiés ne sont pas plus tolérants que les M&R3, bien au contraire... La pénétration
M&R2 est très dépendante de l'état plus ou moins humide de la dentine déminéralisée. Idem si
séchage trop brutal ou insuffisant des SAM1 et SAM2.

Raison n°7 : Attention aux temps de polymérisation préconisées :


Les temps de polymérisation indiqué par les industriels ne permettent pas aux adhésifs simplifiés
(M&R2 et SAM1) d’atteindre un taux de polymérisation satisfaisant.

Il faut multiplier ce temps x2 voir x3 car ils ont été calculés pour des lampes très puissantes.

C’est essentiel d’augmenter le temps de polymérisation quand la lampe n’est pas puissante : 1 min
chaque couche notamment au pavillon dentaire. ++++

De plus, si le taux de polymérisation diminue, la perméabilité de la couche adhésive augmente et


donc la pérennité de l’interphase diminue. Faire attention à notre soufflette afin qu’elle n’envoie
pas de l’eau sur notre surface hydrophobe.
Il faut plus polymériser en clinique par rapport à ce qui est indiquée.

Raison n°8 : La formation et l’entrainement pratique des praticiens sont des conditions nécessaires
à l’optimisation de joints collés. Il faut s’entrainer et se remettre en question pour progresser.

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VI. Conclusion

Malgré des progrès thérapeutiques considérables, il reste encore du travail pour assurer la fiabilité
et la longévité des interfaces adhésifs-tissus dentaire (notamment sur la dentine).

Plusieurs revues de littérature disent que les MR&3 sont les adhésifs les plus performants et les
moins sensibles à la technique de mise en œuvre.

Les SAM ont deux avantages majeurs :


- Pas de question d'humidité.
- Moins de sensibilité post-opératoire. ( attaque acide moins importante , infiltre bien le
collagène )
Mais les SAM ne sont pas aussi performants sur l'émail que les M&R.

En clinique on aura le M&R3.

Quoi utiliser ?
- Secteur antérieur → beaucoup d'émail = M&R
- Secteur postérieur → beaucoup de dentine = SAM, mais mordançage préalable de l'émail...

Plus une cavité est profonde et le patient jeune, plus l'indication d'un SAM peut être posée pour
éviter les sensibilités post opératoires.

La procédure adhésive ne peut pas se simplifier sans conséquences sur la qualité du joint.

Celle-ci doit être longue et rigoureuse. La manipulation est aussi importante que la qualité
intrinsèque du produit.
Ce qui est important c’est la façon dont on va l’utiliser (ex : petits apports successifs).
Pour assurer la sécurité des pièces relativement chères on utilise un M&R3 à Marseille.

POINTS IMPORTANT DANS CE COUR :

A partir de la 4 ème génération, connaitre les classifications

Connaitre la composition grossière de chaque classe (l’acide, le primer etc.)

Au niveau clinique, savoir si problème de surmouillage (M&R oui, pas pour les SAM)

Problème des SAM (évaporation etc..)

Connaitre ce qui va impacter au niveau clinique, ainsi que le choix en fonction des situations

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