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LA MÉTA-ANALYSE SUR DONNÉES RÉSUMÉES
Patrick Maison
Association de recherche en soins infirmiers | « Recherche en soins infirmiers »

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2010/2 N° 101 | pages 18 à 24
ISSN 0297-2964
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017-024 Methodologie MAISON_BAT 10/05/10 11:40 Page 18
MÉTHODOLOGIE
Patrick MAISON,
Maître de conférence, Praticien Hospitalier
Unité Recherche Clinique
CHU Henri Mondor
RESUMÉ A B S T R AC T
La Méta-analyse sur données résumées The meta-analysis on summary data
L’information scientifique et médicale est, de The scientific and medical information is
nos jours, abondante et facilement accessible, nowadays abundant and easily because of
en raison des progrès des systèmes d’informa- advances in information systems and changes
tion et de l’évolution du nombre de travaux de in the number of research. This multiplicity
recherche. Cette multiplicité impose un travail requires a synthesis if one wishes to achieve
de synthèse si l’on souhaite aboutir à une a specific answer to a question
réponse précise à une question posée. The meta-analysis is a method to perform
La méta-analyse est une méthode permettant such work by combining the results of seve-
de réaliser un tel travail en combinant les résul- ral studies to synthesize objective as a speci-
tats de plusieurs études pour faire une synthèse fic protocol and well reproducible. It also
objective selon un protocole précis et ainsi allows to quantify the overall result for all
reproductible. Elle permet aussi de quantifier le studies considered, and thus obtain a more
résultat global pour l’ensemble des études precise and more acceptable generalization.
considérées et ainsi obtenir une réponse plus The meta-analysis on summary data presen-
précise et une généralisation plus acceptable. ted here, as opposed to those based on indi-
Les méta-analyses sur données résumées, pré- vidual data are more frequently used because
sentées ici, par opposition à celles sur données they make it easier to aim for exhaustivity,
individuelles sont plus fréquemment utilisées essential for synthesis unbiased.
car elles permettent plus facilement de tendre The work of synthesis should be detailed in a
vers l’exhaustivité, condition essentielle pour protocol to ensure reproducibility. It occurs
une synthèse non biaisée. in 4 stages: research studies, selection, data
Le travail de synthèse doit être protocolisé afin extraction and analysis. Its feasibility is main-
d’assurer sa reproductibilité. Il se déroule en 4 ly limited to the existence of sufficient num-
étapes : la recherche des études, la sélection, bers of studies that may be included.
l’extraction des données et l’analyse. Sa faisabi- This method is widely used in medical research
lité est essentiellement limitée à l’existence en since the 1970s, both being also care research.
nombre suffisant d’études pouvant être incluses. It has become essential for the development
Cette méthode largement utilisée en recherche of recommendations. The scope is limited
médicale depuis les années 1970, tant à l’être aussi only to that of previous studies. The evalua-
en recherche en soins. Elle est devenue incon- tion of the effect of drugs or other therapies
tournable pour l’élaboration de recommanda- but also epidemiology, screening, diagnosis or
tions. Le champ d’application est seulement limité nursing research are areas where the meta-
à celui des études déjà existantes. L’évaluation des analysis can be applied.
effets de médicaments ou autres thérapeutiques
mais aussi l’épidémiologie, le dépistage, le dia-
gnostique ou la recherche en soin sont autant de
domaines où la méta-analyse peut être appliquée.
Mots clés : Méta-analyse, méthodologie, revue Keywords : Meta-analysis, statistical method,

systématique, recherche en soin, recherche synthesis, nursing research, systematic review,
clinique, synthèse de la littérature, informa- evidence based research, clinical research,
tion scientifique. recommendations.
18 RECHERCHE EN SOINS INFIRMIERS N° 101 - JUIN 2010

MÉTHODOLOGIE LA MÉTA-ANALYSE SUR DONNÉES RÉSUMÉES
L’information scientifique et médicale est, de nos jours, sous forme de moyenne ou de fréquence pour l’ensemble
abondante et facilement accessible, en raison des progrès des patients inclus dans l’étude. Elles sont obtenues le plus
des systèmes d’information et de l’évolution du nombre souvent par la lecture de l’article exposant les résultats
de travaux de recherche. Cette multiplicité impose un tra- de chaque étude. Les données individuelles sont les don-
vail de synthèse afin d’obtenir une réponse précise à une nées de chaque sujet (patient) ayant participé à la dite
question donnée. Cette tache peut s’avérer complexe tant étude, elles sont obtenues à partir des questionnaires
sur le plan de la recherche et de la sélection des informa- ayant été utilisés pour la collecte des données de chaque
tions que pour l’interprétation et la conclusion à en tirer. sujet de chaque étude ou bien à partir des bases de don-
De plus, la qualité des différentes étapes de ce type de nées compilant ces mêmes informations. Si dans l’absolu
travail conditionne la conclusion finale. Ainsi un expert en les méta-analyses sur données individuelles permettent
charge d’une synthèse étaie son avis à partir des résultats une plus grande souplesse voir robustesse de l’analyse sta-
des études dont il a eu connaissance. Mais un autre expert tistique finale, il est souvent difficile d’obtenir toutes les
réalisant une synthèse sur la même question pourra abou- bases de données de toutes les études qu’il serait sou-
tir à une conclusion partiellement ou totalement diffé- haitable d’inclure dans la méta-analyse. Cette limite peut
rente soit parce qu’il n’aura pas basé ses conclusions sur être lourde de conséquence dans le cadre d’un travail de
exactement les mêmes études soit parce qu’il en aura fait synthèse qui se doit, comme nous le verrons, d’être le
une interprétation différente. plus exhaustif possible dans la recherche et la sélection
des études afin de ne pas aboutir à un résultat global biaisé.
La méta-analyse est une méthode permettant de réaliser Ainsi, les méta-analyses sur données résumées sont les
un tel travail en combinant les résultats de plusieurs plus courantes et, seuls les principes et la méthode les
études pour faire une synthèse objective selon un pro- concernant seront présentés ici.
tocole précis et ainsi reproductible (1, 2). Elle permet
aussi de quantifier le résultat global pour l’ensemble des
études considérées. Elle répond à une méthode précise
tant pour la recherche, la sélection, la présentation et PRINCIPES
l’analyse des études disponibles pour une question don-
née. Ainsi contrairement aux avis d’expert, sa conclusion Dès qu’il existe plusieurs études ayant entrepris de
et ses résultats sont supposés reproductibles quelque soit répondre à une même question en objectif principal ou
l’auteur. Cette méthode est largement utilisée dans tous secondaire, la méta-analyse devient une méthode incon-
les domaines de la recherche biomédicale pour l’inter- tournable pour faire la synthèse de ces études et appor-
prétation globale d’études multiples et diverses, parfois ter une réponse globale en accord avec les connaissances
contradictoires. Elle permet aussi une analyse plus précise du moment. Le champ d’application est seulement limité
des données par l’augmentation du nombre de cas étu- à celui des études déjà existantes. Comme souvent en
diés et une généralisation plus acceptable par la prise en recherche clinique, l’évaluation des effets des médica-
compte de résultats émanant de sources différentes. Dans ments est le premier domaine d’application mais l’épidé-
le domaine de la recherche en soins infirmiers, les mêmes miologie, le soin en général, le dépistage ou le diagnos-
causes produisant les mêmes effets, en 2009 plusieurs tique sont autant de domaines où la méta-analyse peut
méta-analyses ont été publiées dans des revues interna- être appliquée.
tionales spécialisées en soins infirmiers (source Medline). Par exemple, une équipe hollandaise a récemment publié
Dans ces mêmes revues, de nombreux articles récents dans Journal of Advanced Nursing, une méta-analyse sur la
promeuvent cette méthode afin de réaliser l’analyse et la question de l’effet de la musique sur la qualité du sommeil
synthèse des connaissances, dans un contexte de forma- (8). Ils ont ainsi recherché en consultant 5 bases de don-
tion ou de recherche (3, 4, 5). nées toutes les études s’étant intéressées au sujet : ici
l’intervention est l’écoute de la musique et l’effet évalué
Si le principe de la méta-analyse date du début du siècle est la qualité du sommeil. Selon leurs critères de sélec-
dernier, les premières méta-analyses dans le domaine bio- tion, ils ont retenu 5 études dont ils ont extrait les don-
médical sont apparues dans les années 1970, (6, 7), depuis nées intéressantes à l’aide d’un formulaire pré-établi.
l’intérêt et la publication de travaux utilisant cette Enfin, ils ont analysé ces données et ont pu conclure à un
méthode ne cessent de croître. La méta-analyse présente effet bénéfique mais modeste de cette intervention sur la
aussi un intérêt majeur pour les institutions ou les socié- qualité du sommeil sur les patients concernés. Nous
tés savantes souhaitant diffuser des recommandations allons détailler ces différentes étapes.
basées sur une revue systématique de la littérature avec
un niveau de preuve élevé. Hormis un travail de synthèse, l’intérêt d’une méta-ana-
Il existe plusieurs types de méta-analyses mais on distingue lyse est d’augmenter la puissance et donc la précision de
principalement les méta-analyses sur données résumées la quantification finale mais aussi sa représentativité et sa
et celles sur données individuelles. Les données résumées généralisation. Et si besoin, elle permettra de lever les
correspondent aux informations globales, par exemple doutes en cas de discordances entre les travaux précé-
RECHERCHE EN SOINS INFIRMIERS N° 101 - JUIN 2010 19

demment réalisés. Enfin, elle peut permettre aussi de publiées peuvent également être trouvées : dans les
réaliser des études complémentaires (analyse en sous actes des congrès, en interrogeant directement des
groupe, étude d’association…) et de suggérer de nou- experts, chercheurs et investigateurs du domaine, en
velles hypothèses. consultant des registres d’études nationaux ou interna-
Le travail doit être protocolisé afin d’assurer sa repro- tionaux (http://clinicaltrials.gov/). Quand le sujet porte
ductibilité. La rédaction d’un protocole a priori per- sur un médicament ou autres produits de santé, il est
mettra la réalisation d’un travail objectif de qualité avec possible d’interroger le ou les fabricants concernés.
des méthodes standardisées et reconnues. La partie
méthode de ce protocole doit définir et détailler les 4 Sélection et inclusion
étapes principales d’une méta-analyse (1, 2): la
recherche des études, la sélection, l’extraction des Les études destinées à être inclus dans la méta-ana-
données et l’analyse. lyse doivent faire l’objet d’une sélection soigneuse, à la
fin de la phase de recherche bibliographique. Une pre-
mière pré-sélection a pour but d’éliminer les études
sans rapport avec la problématique de la méta-analyse,
MÉTHODE mais qui ont été retenues par la recherche bibliogra-
phique qui doit ratisser très large (très sensible et peu
spécifique) pour être la plus exhaustive possible. Après
La recherche d’étude cette présélection fastidieuse débute la sélection pro-
prement dite. Le but de cette phase est de ne retenir
La recherche d’étude doit être la plus exhaustive pos- que des travaux répondant aux critères de sélection
sible, afin de minimiser tout biais de publication. En préalablement définis dans le protocole pouvant
effet, le résultat obtenu pour une étude est détermi- concerner : la population, la pathologie, l’intervention,
nant pour sa publication et les études avec un résultat le critère de jugement et la méthodologie.
significatif ont plus de chance d’être publiées d’une part Les critères de sélection des études doivent être défi-
et dans des revues à impact élevé et à large diffusion nis a priori afin d’éviter au maximum que le choix des
internationale d’autre part. Il est alors nécessaire de études se fasse en fonction de leurs résultats ou
réaliser une recherche d’étude portant sur une ques- d’autres facteurs subjectifs (renommée des auteurs,
tion, la plus exhaustive possible. Pour cela, toutes les ancienneté, etc.).
sources d’informations permettant d’avoir connais-
sance de l’existence d’une étude doivent être sollici- Il convient ici de ne pas oublier qu’un des avantages
tées. La simple connaissance de l’existence d’une étude de la méta-analyse par rapport à une seule étude est
terminée ou en cours est intéressante. Elle permet de l’obtention d’une estimation de l’effet global à partir
contacter les responsables et de leur demander de d’une population plus large. La sélection ne devra donc
transmettre des données nécessaires à la réalisation pas être trop sélective sous peine de perdre cet inté-
de la méta-analyse. La présentation des résultats peut rêt. Toujours dans ce but d’exhaustivité, autant que
être sous différentes formes : des articles scientifiques possible, la langue de rédaction des résultats des
publiés dans des revues biomédicales, des résumés de études ne doit pas être un critère de sélection.
communications orales ou écrites lors de congrès, une Il arrive parfois qu’une même étude soit publiée à plu-
déclaration auprès d’organisme d’enregistrement ou sieurs reprises. Il est important de repérer ces publi-
de registre d’étude ou tout rapport d’étude pouvant cations multiples afin de ne pas sur-représenter cer-
être détenu pas un promoteur. taines données et de conserver une indépendance
entre les différentes unités statistiques de la méta-ana-
La principale source et la première consultée sont les lyse. Leur identification peut se faire par : le nom des
bases de données bibliographiques informatisées. auteurs, l’acronyme de l’étude, l’intervention (traite-
Aucune base bibliographique n’étant exhaustive, il est ment), le nombre de patients, le pays d’origine, les
souhaitable d’en interroger plusieurs. La principale dans années de diffusion…
le domaine biomédicale est MEDLINE, disponible en
accès libre sur Internet (http://www.ncbi.nlm.nih.gov La lecture et la sélection des études par deux per-
/pubmed). Trois autres bases de données généralistes sonnes différentes est impérative pour plusieurs rai-
existent : EMBASE, BIOSIS et PASCAL. Et d’autres sons : des erreurs d’inattention sont inévitablement
bases spécialisées peuvent également être utiles. commises dans cette tâche qui s’avère fastidieuse si le
Ensuite, la recherche doit s’enrichir afin de tendre vers nombre d’études est élevé, le manque d’information
l’exhaustivité par tous les moyens disponibles et en dans les publications conduit parfois à une interpréta-
étant persévérant et méthodique. tion qui peut différer suivant les lecteurs. La double
La bibliographie citée par les publications constitue une lecture permet de discuter ces points. Les discor-
source de références facile et particulièrement intéres- dances notées à la fin de cette double lecture pour-
sante pour les études anciennes. Des études non ront être résolues par concertation et obtention d’un

consensus entre les deux lecteurs, ou tranchées par un Biais de publication

troisième méta-analyste.
Les études ont d’autant plus de chance d’être publiées
Extraction que leurs résultats s’avèrent statistiquement significa-
tifs. De ce fait la littérature peut ne pas refléter la réa-
La phase suivante d’extraction des données est réali- lité, mais en donner un aperçu plutôt optimiste. Cette
sée de façon concomitante à la sélection, lors de la situation est susceptible de biaiser le résultat d’une
lecture des études. Une même fiche d’extraction pré- méta-analyse (biais de publication) et justifie la
établie à partir du protocole doit être utilisée par les recherche d’exhaustivité.
deux méta-analystes réalisant le travail de sélection et
d’extraction des données. La publication sélective a plusieurs causes : les auteurs
peuvent considérer d’emblée que leur résultat sont
Les éléments recueillis dans ce type de fiche dépen- sans intérêt, les comités de lecture des revues rejet-
dent fortement du domaine de la méta-analyse mais tent plus facilement un résultat non significatif, et les
ils doivent comporter des informations concernant : commanditaires (promoteurs et/ou financeurs des tra-
1) les caractéristiques des études (la méthodologie, les vaux) jugent éventuellement délétère la publication de
effectifs, les caractéristiques de la population, de la résultats peu favorables.
pathologie et de l’intervention…) et
2) les données nécessaires à l’estimation de l’effet glo- La méthode la plus utilisée pour rechercher un biais
bal (prévalence, incidence, moyenne de l’effet, ou de publication est graphique (9). Il s’agit de représen-
fréquence de succès…) ter la distribution des effets standardisés de études
(voir paragraphe 5, analyse : effet standardisé) en fonc-
L’extraction des données peut nécessiter un contact tion de leur effectif ou au mieux de leur déviation stan-
direct avec les auteurs des études lorsqu’il existe des dard (10). Si la répartition sur cette figure dite « fun-
discordances entre plusieurs parties de la publication, nel plot » est en entonnoir symétrique (« funnel »),
que des données ne figurent pas dans la publication ou on peut considérer que les effets d’un éventuel biais de
encore si les données brutes figurent sous forme de publication sont limités.
graphique et sont donc plus difficiles à extraire. Parfois
l’extraction complète ne peut être réalisée faute d’ac- Figure 2
cès à l’ensemble des informations d’intérêt, l’étude ne « Funnel Plot »
peut alors être incluse dans la méta-analyse.
Entre la phase initiale de recherche volontairement
peu spécifique mais très sensible et la phase finale de
l’extraction, le nombre d’études finalement retenues
chute habituellement de façon drastique (figure 1).
Figure 1
Nombre d’études à chaque phase (Recherche / Sélection / Analyse).
Exemple sur la question de l’association entre l’utilisation d’antibio-
tiques de type beta-lactamines et la présence de pneumocoque
résistant chez l’enfant
Analyse
Effet standardisé
L’effet que l’on cherchera à quantifier et/ou à compa-
rer dans la méta-analyse peut être une variable quan-
titative ou qualitative. On entend par effet ici, le para-
mètre que l’on souhaite estimer qui peut prendre
différente forme, par exemple : un effet d’une inter-
vention sur un paramètre clinique (poids, pression
artérielle, guérison, ..) ou bien une prévalence ou une
incidence (d’une pathologie, de l’utilisation d’une stra-
tégie…). La méthode de quantification et d’analyse dif-

férera alors selon le type de variable (11, 12). Si la le principe est celui d’un test de Chi2 à k-1 degré de
méta-analyse de variables qualitatives est plus courante liberté où k est le nombre d’études.
et la méthode plus consensuelle, il est tout aussi pos-
sible de réaliser une méta-analyse à partir d’une Q = Σ wi (di)2 – (Σ wi di) 2 / Σ wi où di représente l’ef-
variable quantitative et donc par exemple à partir des fet standardisé de chaque étude et wi son poids
moyennes et écart-types recueillies dans les différentes (inverse de la variance) dans l’estimation globale.
études considérées. En cas d’hétérogénéité significative, il est possible de
Pour chacune des études, il est nécessaire d’avoir une poursuivre la méta-analyse soit en excluant la ou les
estimation de l’effet étudié et donc du ou des para- études sources d’hétérogénéité soit en utilisant un
mètres d’intérêts. La méthode d’estimation doit être modèle aléatoire qui tiendra compte d’une variabilité
standard à toutes les études. Le principe repose sur une entre les études contrairement au modèle fixe. Ce qui
pondération de l’effet brut de chaque étude par l’inverse aura pour conséquence d’élargir l’intervalle de
de la variance (voir par l’effectif) de chaque étude. confiance de l’estimation de l’effet global.
Effet standardisé = di = effet dans l’étude i / variance Analyses complémentaires

observée dans l’étude i Il est possible de réaliser des analyses en sous-groupes,
en départageant les études en fonction de paramètres
Effet global d’intérêt, par exemple : l’ancienneté des études, leurs
L’effet global (D) correspond à la moyenne des effets méthodologies (observationnelles/expérimentales), la
standardisés (di) de chaque essai, pondérée par l’in- dose utilisée (les études utilisant une dose moyenne
verse de leur variance (wi). Cette pondération permet inférieure à la médiane globale versus celles utilisant
aux essais dont les résultats ont une faible variance de une dose supérieure).
contribuer fortement à l’estimation commune, contrai- Pour les paramètres continus (comme pour l’exemple
rement aux essais avec des résultats à forte variance. de la dose), il est possible aussi sous certaine condition
Sachant que la variance qui est aussi le reflet de la pré- de réaliser une méta-régression, c’est-à-dire une
cision dépend du nombre de sujets inclus dans l’étude, régression linéaire entre l’effet standardisé et la dose
les études incluant le plus grand nombre de patients moyenne observée dans chaque étude par exemple,
auront plus d’influence sur l’effet global. en utilisant une pondération toujours sur l’inverse de
la variance.
Effet global = D = Σ wi di / Σ wi La méta-analyse permet aussi de réaliser des compa-
raisons indirectes par exemple entre deux interven-
Test tions n’ayant jamais été comparées entre elles direc-
L’effet global peut être testé par exemple en fonction d’une tement mais chacune ayant été comparée à de tierces
hypothèse nulle selon laquelle l’effet global serait égal à 0. interventions. Ce type de comparaisons qui peuvent
Un test Z classique à partir des di et de leur variance être multiples et en réseau, doit être interprété avec
pourra permettre de rejeter cette hypothèse nulle et de précaution.
conclure à un effet significativement différent de 0.
Présentation des résultats
Hétérogénéité :
La méta-analyse a pour but de quantifier un effet com- La présentation des résultats d’une méta-analyse est
mun à toutes les études incluses. Cela suppose une elle aussi relativement standardisée. Deux étapes
homogénéité c’est-à-dire qu’elles étudient bien toutes importantes doivent être respectées : la présentation
le même effet. Afin de tester cette hypothèse, on doit descriptive des études incluses dans la méta-analyse et
réaliser un test d’homogénéité afin de vérifier si au la représentation le plus souvent graphique des effets
moins l’une de ces études ne se différencie pas de l’en- standardisés de chaque étude et l’effet global (figure 3
semble. En cas de significativité du test et donc d’hé- page suivante). Des logiciels spécifiques comme le logi-
térogénéité, se posera la question du bien fondé d’une ciel RevMan de la Collaboration Cochrane peuvent
analyse conjointe de toutes ces études. Il convient alors être utilisés (http://ims.cochrane.org/revman) afin de
de retrouver la où les études responsables de cette réaliser la présentation finale mais aussi la plupart des
hétérogénéité. Pour cela, le test d’hétérogénéité est étapes précédentes.
répété en retirant la ou les études qui semblent res-
ponsables jusqu’à l’obtention d’un test non significatif.
Une fois identifiée(s) la ou les études, il s’agira de trou-
ver quelles sont leurs caractéristiques qui différent : CONCLUSION
population, intervention, méthode de mesure… et qui
pourraient expliquer l’hétérogénéité. La principale limite d’une méta-analyse est sa faisabilité
Le test statistique utilisé pour évaluer cette hétérogé- essentiellement liée à l’existence (et en nombre suffi-
néité est principalement le test Q de Cochrane dont sant) d’études pouvant être incluses. Le nombre

Figure 3
Représentation des effets standardisés (odds ratio (OR) et intervalle de confiance 95%) par étude et de l’effet global. Chaque OR est symbolisé
par un carré dont la surface est proportionnelle au poids (effectif ou inverse de la variance) de l’étude dans la méta-analyse. Le trait horizontal
de chaque effet correspond à l’intervalle de confiance à 95%. Le losange inférieur lui représente l’OR de l’effet global, sa largeur représente
l’intervalle de confiance qui est normalement nettement inférieur à ceux des études en raison du gain de puissance obtenu au global. Si l’inter-
valle de confiance coupe l’axe du 1, l’OR correspondant n’est pas significatif. Ici plusieurs études n’aboutissent pas à un effet significatif mais
l’effet global est lui significatif.
d’études doit être suffisant pour permettre la réalisation vaux de thèse nécessitant avant tout une synthèse
des tests statistiques. Une autre limite importante est des connaissances existantes tout en aboutissant à
liée au niveau de preuve. Par rapport à une étude iso- une publication.
lée, la méta-analyse permet d’obtenir un meilleur niveau
de preuve en réduisant l’erreur aléatoire par une quan- Il est toujours préférable d’initier ce type de travail en
tité d’information supérieure. Le niveau de preuve d’une collaboration avec un méta-analyste expérimenté. Mais
méta-analyse dépend des études introduites. L’inclusion il existe de nombreux guides, dont principalement celui
d’études biaisées par exemple réduira d’autant le niveau de la collaboration Cochrane qui diffuse sur son site et
de preuve globale de la méta-analyse. via son réseau international de méta-analystes des
recommandations reconnues (http://ims.cochrane.org)
Cela ne signifie pas qu’il soit nécessaire de limiter la réa- et très utile pour la réalisation de chaque étape d’une
lisation d’une méta-analyse aux essais cliniques c’est-à- méta-analyse.
dire aux études expérimentales pouvant prétendre à
un haut niveau de preuve. Si la question concerne la
pratique courante ou bien une observation en vie réelle
(fréquence d’une pathologie ou d’une pratique), seules
des études observationnelles peuvent répondre à ce BIBLIOGRAPHIE
type de question. La méta-analyse inclura donc des
études observationnelles et son niveau de preuve sera
supérieur à celui d’une seule étude observationnelle 1. D’Agostino RB, Weintraub M. Meta-analy-
mais dans l’absolu inférieur à celui d’un essai. sis: a method for synthesizing research.
Clinical Pharmacology & Therapeutics.
Le principe d’une méta-analyse étant peu complexe, 1995;58:605-16.
la réalisation d’un tel travail est parfois considérée
comme étant simple et rapide mais en pratique un tel 2. Manuel pratique de méta-analyse des études
projet nécessite souvent une bonne année de travail. thérapeutiques, Michel Cucherat, Jean Pierre
Il n’en reste pas moins qu’il s’agit d’une méthode Boissel, Alain Leizorovicz, université de Lyon 1,
appropriée pour initier un programme de recherche, CHU Lyon (http://www.spc.univ-
rédiger des recommandations ou débuter des tra- lyon1.fr/livreMA/frame.htm)

3. Holopainen A, Hakulinen-Viitanen T, improve sleep quality: meta-analysis. J Adv

Tossavainen K. Systematic review—a method Nurs. 2009 Jul;65(7):1356-64.
for nursing research. Nurse Res. 2008;16(1):72-
83 9. Matthias Egger, G. Davey Smith, M. Schneider
& C. Minder.. “Bias in meta-analysis detected by
4. Cronin P, Ryan F, Coughlan M. Undertaking a simple, graphical test”. BMJ. 1997;315: 629–624.
a literature review: a step-by-step approach. Br (http://www.bmj.com/cgi/content/full/315/7109/6
J Nurs. 2008 Jan 10-23;17(1):38-43. 29).
5. Lipp A Using systematic reviews. Nurs Manag 10. Jonathan A. C. Sterne & Matthias Egger.
(Harrow). 2007 Nov;14(7):30-2. “Funnel plots for detecting bias in meta-ana-
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LA MÉTA-ANALYSE SUR DONNÉES RÉSUMÉES

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18 RECHERCHE EN SOINS INFIRMIERS N° 101 - JUIN 2010

MÉTHODOLOGIE LA MÉTA-ANALYSE SUR DONNÉES RÉSUMÉES

RECHERCHE EN SOINS INFIRMIERS N° 101 - JUIN 2010 19

20 RECHERCHE EN SOINS INFIRMIERS N° 101 - JUIN 2010

LA MÉTA-ANALYSE SUR DONNÉES RÉSUMÉES

consensus entre les deux lecteurs, ou tranchées par un Biais de publication

RECHERCHE EN SOINS INFIRMIERS N° 101 - JUIN 2010 21

Effet standardisé = di = effet dans l’étude i / variance Analyses complémentaires

22 RECHERCHE EN SOINS INFIRMIERS N° 101 - JUIN 2010

LA MÉTA-ANALYSE SUR DONNÉES RÉSUMÉES

RECHERCHE EN SOINS INFIRMIERS N° 101 - JUIN 2010 23

3. Holopainen A, Hakulinen-Viitanen T, improve sleep quality: meta-analysis. J Adv

24 RECHERCHE EN SOINS INFIRMIERS N° 101 - JUIN 2010

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