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Amérique Latine Histoire et Mémoire.

Les
Cahiers ALHIM
Les Cahiers ALHIM
8 | 2004
Médias et migrations en Amérique Latine

Migrations et réseaux d’information au XIXème


siècle : Les agences Havas-Reuter en Amérique du
Sud, 1874-1876
Rhoda Desbordes

Édition électronique
URL : http://journals.openedition.org/alhim/412
ISBN : 978-2-914297-35-6
ISSN : 1777-5175

Éditeur
Université Paris VIII

Édition imprimée
Date de publication : 3 septembre 2004

Référence électronique
Rhoda Desbordes, « Migrations et réseaux d’information au XIXème siècle : Les agences Havas-
Reuter en Amérique du Sud, 1874-1876 », Amérique Latine Histoire et Mémoire. Les Cahiers ALHIM [En
ligne], 8 | 2004, mis en ligne le 18 avril 2005, consulté le 02 mai 2019. URL : http://
journals.openedition.org/alhim/412

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Migrations et réseaux d’information au XIXème siècle : Les agences Havas-Reut... 1

Migrations et réseaux d’information


au XIXème siècle : Les agences
Havas-Reuter en Amérique du Sud,
1874-1876
Rhoda Desbordes

1 Les migrations massives, s’alimentant essentiellement en Europe, sont un trait saillant du


XIXème siècle. Ces flux migratoires se dirigent vers les pays neufs, aujourd’hui les pays
sous-développés, et les territoires coloniaux. Ce phénomène s’inscrit dans le jeu
économique international où la fuite de la misère, la recherche de fortune et de terres
“ vierges ” font de l’Europe occidentale une région exportatrice de main-d’œuvre.
2 A partir du milieu du XIXème siècle, les mouvements trans-atlantiques entre l’Europe et
les Amériques s’intensifient. La migration massive que nous abordons ici, concerne
principalement la période 1860-1878, lorsque ces mouvements humains se maintiennent à
un niveau élevé et que les migrations européennes vers l’Amérique du Sud deviennent
importantes pour l’installation des agences Havas-Reuter.
3 L’implication, dans tout processus migratoire, d’acteurs, étatiques ou non, est évidente.
Les flux d’information circulent grâce à des dynamiques qui peuvent échapper aux Etats.
Les agences internationales d’information constituent des acteurs transnationaux qui
influencent les filières migratoires et surtout les rapports de l’information dans le monde.
Ces circuits d’échanges varient en fonction des réalités stratégiques et des calculs des
marchands de l’information. Ils érodent aussi toute homogénéité, s’il en a existée une
précédemment, surtout en Amérique du Sud.
4 Nous ne prétendons nullement présenter une étude exhaustive de l’immigration
européenne en Amérique du Sud au XIXème siècle, mais donner une série d’éclairages sur
certains aspects de cette immigration et de ses effets lors de la création des premières
agences Havas-Reuter dans la zone sud-américaine à la fin de ce siècle. Ainsi nous
expliquerons pourquoi cet événement migratoire peut être à l’origine de l’installation des
agences Havas-Reuter entre 1874-1876.

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5 Dans un premier temps, nous présenterons le phénomène d’émigration européenne au


cœur du XIXème siècle. Puis, dans un deuxième temps, nous aborderons la présence
européenne en Amérique du Sud en soulignant le moment qui précède l’établissement des
succursales Havas-Reuter dans le sous-continent. Enfin, dans un dernier temps, nous
examinerons les caractéristiques de ces migrants à travers l’exemple des premiers agents
Havas-Reuter.
L’émigration massive des Européens
6 L’Europe est fondamentalement terre de migrations. Tout au long de son histoire, elle a
connu d’extraordinaires brassages de populations. Ses flux migratoires ont varié en
intensité et en destination suivant les phases historiques : pacifiques ou violentes,
diffusions lentes ou exodes massifs.
7 Les liaisons terrestres et maritimes furent bouleversées dès le XVIème siècle par l’entrée
de l’Atlantique et du Pacifique dans les réseaux des échanges. Trois siècles plus tard, avec
les progrès de la navigation à vapeur, la réduction des distances et la baisse des prix,
l’Atlantique notamment, cesse d’être un espace marginal. Ainsi, au XIXème siècle, il est
l’espace du mouvement d’émigration européenne le plus massif qu’aucune autre période
de l’histoire n’ait jamais connu.
8 Ce panorama de l’émigration correspond à une certaine phase de développement
économique et démographique. L’Europe est en pleine révolution industrielle mais sa
prospérité est mal partagée. Les changements intervenus dans l’agriculture sont à
l’origine de cette émigration de masse car l’Europe touche le fond d’une grave crise
agricole et beaucoup de personnes sont forcées de quitter leur terre avant que les
industries des villes ne soient suffisamment développées pour pouvoir les absorber.
L’Amérique attire les migrants
9 Il est possible de signaler trois périodes distinctes de ce phénomène migratoire. La
première période de l’émigration outre-atlantique débute aux alentours de 1830 et
correspond à la fois à une demande de main-d’œuvre émanant des nouvelles républiques
latino-américaines et à un accroissement considérable de la population européenne dès la
fin du XVIIIème siècle :
Au cours de cette période, le poids spécifique de la population européenne passe de
23 à 26% de la population mondiale. 50 millions d’Européens vont alors gagner les
[trois] Amériques contre 3 millions d’Asiatiques et d’Africains 1.
10 La deuxième période de cette émigration correspond aux années 1860-1878, la plus
importante pour notre étude car elle comprend celle de l’établissement des succursales
Havas-Reuter en Amérique du Sud en 1874-1876 :
La moyenne annuelle des émigrants s’élève, de 200 000 au début de cette période, à
300 000 vers la fin, après une “ pointe ” de 350 000 entre 1870 et 1873. Au total, plus
de 5 millions sont partis outremer sans esprit de retour, nombre correspondant à
l’apogée démographique des grandes puissances occidentales du point de vue du
taux de natalité2.
11 Une troisième vague d’émigration commence dans les années 1880 et continue jusqu’à la
veille de la Première Guerre Mondiale. Bien qu’elle soit la plus importante
quantitativement, elle nous concerne moins puisqu’à ce moment-là, les agences Havas
sont déjà implantées dans le sous-continent.
12 Les facteurs de départ, liés aux transformations démographiques et sociales, se
conjuguent avec les facteurs d’appel. Il faut se souvenir que la connaissance du continent
américain et de ses richesses a considérablement progressé depuis sa “découverte” par

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les Européens en 1492. Ce territoire offre d’immenses possibilités, de vastes espaces et des
ressources variées. Une mise en valeur des pays que l’on nommera plus tard “ sous-
développés ”3 possédant un équipement technique encore modeste, faisant appel à de
grandes masses de travailleurs sans qualification spéciale pour la mise en culture des
espaces vierges, l’ouverture des chantiers miniers, la construction des chemins de fer,
celle des villes, est alors déclenchée. Ainsi, aux alentours de 1870 :
(…) l’Europe apprend l’existence d’immenses étendues fertiles et inoccupées dans
des pays dont elle connaît déjà les importantes richesses minières. Elle est prête à
expédier le trop plein de ses hommes, à peupler et développer ce nouveau monde 4.
13 Les migrations européennes se dirigent alors vers le Nouveau Monde car les frontières de
celui-ci sont ouvertes au commerce, aux investissements étrangers, au flux des capitaux
et à ceux d’informations.
Les agences d’information en Amérique du Sud
14 C’est dans ce contexte de phénomènes migratoires en direction de l’Amérique du Sud que
les dirigeants de l’agence française Havas commencent à orienter leur intérêt. Pendant la
décennie 1860-1870, le courant d’immigration vers ces pays sud-américains commence à
s’accroître. La première agence d’information du monde moderne est présente là où les
mouvements d’hommes provoquent des mouvements d’idées, de modes, de biens et de
capitaux. Outre son contrôle d’une grande partie de la publicité, de la presse et de
l’information françaises, l’agence Havas joue aussi un rôle prépondérant dans la
construction d’un cartel mondial d’agences5 qui se livrent à la collecte et la vente de
nouvelles. C’est à l’Agence Havas que nous devons donc le premier exemple d’un réseau
global d’information.
15 Dans leur lutte permanente pour de nouveaux débouchés et le partage de la terre, les
agences européennes réalisent une division du monde6. La concentration, la formation de
trusts et de cartels, étroitement liés aux Etats, ne leur sont pas inconnues. A ce moment-
là, les possessions territoriales de Havas comprennent des Etats d’Europe occidentale,
centrale et orientale. L’Amérique du Sud devient une position clé pour établir sa
supériorité et elle constitue alors un de ses objectifs stratégiques. Mais, attirée par la si
prometteuse poussée économique internationale du continent sud-américain, une autre
agence européenne inclut l’Amérique du Sud dans le paysage de ses zones d’influence
hors du vieux continent.
L’alliance Havas-Reuter
16 C’est l’agence anglaise Reuter qui assiste financièrement Havas dans son implantation en
Amérique du Sud. Le Joint Purse Agreement7 du 4 novembre 1869, proposé par Reuter à
Havas, est un accord d’exploitation, dans le monde entier, à bénéfices et à pertes égales.
17 Mais c’est surtout le deuxième traité Havas-Reuter, datant du 1er mai 1874, qui met en
commun
tous les services télégraphiques quelconques présents et à venir, tant en ce qui
concerne l’exploitation dans le monde entier des nouvelles politiques, financières
et commerciales, industrielles et générales qu’en ce qui regarde la transmission de
télégrammes privés et fractionnés sur le Globe de sorte que chacune des deux
parties [la Reuter’s Telegram Company et la société Havas Laffite et Compagnie]
aura droit comme par le passé à la moitié des bénéfices de cette double exploitation
commune, de même qu’elle supportera la moitié des pertes résultant des affaires
sociales8.
18 Ainsi, tous les coûts sont répartis entre les deux agences. Reuter possédait déjà un
correspondant à Rio de Janeiro depuis 18609 :

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Julius de Reuter avait monté, entre l’Amérique du Sud, les Antilles, les Etats-Unis et
la place de Londres, tout un service de “ privés ” qui impliquait l’entretien d’un
bureau fort coûteux à New York10 .
19 Dans le sous-continent, Havas et Reuter mettent en place une politique d’implantation
novatrice et réfléchie. Toutefois, en observant les données, rien ne rapproche
apparemment la France et l’Angleterre de l’Amérique du Sud, pas de relation de type
colonial et encore moins la langue.
20 À ce point de notre analyse, nous pouvons avancer l’hypothèse que le phénomène
migratoire y est pour beaucoup. Ces pays de l’hémisphère sud reçoivent, en proportion
inégale, des masses relativement importantes de population européenne. Cinq pays sud-
américains présentent en outre des politiques d’immigration : l’Argentine, le Brésil,
l’Uruguay, le Chili et le Pérou. Leurs gouvernements sont soucieux de recruter de la main-
d’œuvre : “ Affranchies du monopole où les tenait la puissance de tutelle, les ex-colonies
ouvertes à l’Europe tout entière ont assoupli les formalités d’immigration11 ”.
21 La plupart des points d’arrivée des immigrants voient alors s’installer chez eux des
agences Havas-Reuter. Celles-ci comprennent les pionniers de l’information
internationale, les agents Havas-Reuter.
L’origine spatiale des flux migratoires
22 Imparfaitement appréhendée par les appareils administratifs et statistiques, cette
immigration internationale est toutefois difficile à chiffrer12. Compte tenu des
imprécisions statistiques, on peut évaluer à 1 million le nombre d’Ibériques ayant
traversé l’Atlantique du XVIème au XVIIIème siècles et à 12 millions celui des Européens,
majoritairement Espagnols, Portugais et Italiens, qui se sont installés en Amérique latine
entre 1810 et 1950. L’émigration transocéanique espagnole concerne majoritairement la
Galice, les Canaries, la Nouvelle Castille, la Catalogne, le Pays Basque, les Asturies,
l’Andalousie et la région Cantabrique.
23 Les plus grands contingents d’émigrants européens ont pour origine les îles britanniques
et l’Allemagne. Durant cette période, environ 3,5 millions de personnes émigrent des
territoires allemands poussées par la pauvreté qui règne dans les campagnes et par les
mauvaises récoltes périodiques. De son côté, l’Angleterre tire sa force de sa politique de
peuplement, souvent sœur de l’émigration forcée des “ dissenters13 ” de toutes sortes,
mais aussi de la conquête de colonies de plantation en Amérique du Nord.
24 Dans la seconde moitié du XIXème siècle, nous assistons à des déplacements qui
proviennent, pour une bonne part, de l’Europe centrale et de l’Est et du Proche-Orient
méditerranéen.
25 La plupart des travaux concernant les immigrations en Amérique du Sud sont consacrés à
l’étude de l’immigration européenne des trois pays atlantiques : l’Argentine, le Brésil et
l’Uruguay. En Argentine et en Uruguay, les Italiens dominent, mais la présence espagnole
est très forte.
26 Le Brésil, au milieu du XVIIème siècle, abrite déjà une centaine de milliers d’Européens.
Plus tard, le roi João VI fonda une colonie suisse de 2 000 âmes à Nova Friburgo et en 1824
l’empereur Dom Pedro I, son fils, installe à son tour un millier d’Allemands à São
Leopoldo. D’abord destinée à des fonctions d’encadrement dans le Brésil colonial,
l’émigration portugaise devient au XIXème siècle massive et populaire. L’abolition de
l’esclavage exige de remplacer la main-d’œuvre noire et le peuplement du pays par un
apport extérieur. Des familles entières du Mezzogiorno, de Vénétie, du Piémont,

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rejoignent d’autres familles allemandes et espagnoles dans les plantations de café de


l’Etat de São Paulo. Les Espagnols y représentent cependant encore un courant
appréciable. La fin du XIXème siècle voit donc l’Italie accorder, plus que tout autre pays
européen, une importance primordiale à la question de l’émigration.
27 Le faible accroissement de la population française, minimale par rapport aux autres pays
européens14, explique le fait que son émigration ait peu retenu l’attention des
contemporains. Parmi les immigrants qui arrivent en nombre toujours croissant dans les
ports d’Amérique du Sud pendant cette période, les Français sont peu nombreux.
Néanmoins, ils sont présents en Argentine, au Brésil et au Chili. La contribution française
au phénomène est très inégale selon les régions de l’Hexagone : les zones côtières ne
fournissent pas le plus d’émigrants, à l’exception du Pays Basque, véritable terre
d’émigration, d’où est parti un contingent important. Dès le XVIème siècle, les sept
provinces basques fournissent des chefs militaires, des administrateurs, des
missionnaires, des soldats, des marins et des colons pour la conquête espagnole de
l’Amérique du Sud15. Puis, l’appel de l’émigration touche l’Aveyron dans la décennie
1885-189516. “ C’est aussi une sorte de tradition minière qui a poussé certains originaires
de Decazeville et des environs à s’installer au Chili, en Colombie, au Pérou17”.
28 Les Sud-Américains qui voient arriver de nouveaux venus partagent avec eux une
communauté de culture. La migration paraît plus facile si le migrant n’est pas confronté à
un changement total de ses repères culturels. En effet, dans cette immigration une
cohérence culturelle entre migrants et populations d’accueil est évidente.
29 La majorité de ces immigrants sont des Latins, fait qui facilite beaucoup leur intégration,
car « découvert » par des Méditerranéens, le continent américain est également latin, au
moins dans sa partie sud, en raison de son peuplement espagnol et portugais.
30 Les neuf villes choisies par les dirigeants de Havas et de Reuter pour s’implanter en
Amérique du Sud présentent certains éléments qui les rendent idoines pour accueillir une
succursale. D’abord, elles présentent des pourcentages importants de population
étrangère, c’est-à-dire des personnes qui ont besoin de communiquer avec leurs lieux
d’origine. Ensuite, elles se modernisent avec les progrès du commerce, l’investissement
des capitaux, la diversification des marchés et surtout avec le développement des voies de
communication.
Installation des succursales
31 La forte immigration et la modernisation déclenchent alors une expansion sans précédent
dans les états sud-américains. Les villes atlantiques du sous-continent sont les plus
favorisées, étant donné leur orientation géographique vers l’Europe occidentale. Ainsi, les
migrants préfèrent les terres basses du littoral peu peuplées face aux faibles possibilités
offertes par le Mexique et les pays andins18.
32 Entre les années 1840 et 1850, migration, urbanisation et communication ne peuvent être
séparées. Points d’arrivée des étrangers, ces villes se transforment en véritables centres
commerciaux, tandis que vers la fin du siècle elles sont aménagées sur le modèle des villes
européennes. Les bureaux Havas-Reuter sud-américains dessinent une géo-économie liée
aux grands ports et, en même temps, aux agglomérations urbaines.
33 Les routes maritimes et les voies de communication sud-américaines datent des siècles
précédents. Aussi bien les ports que les routes commerciales du “ commerce libre ”
établis par les couronnes ibériques dès la seconde moitié du XVème siècle deviennent,
trois siècles plus tard, des points d’établissement des agences Havas-Reuter.

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34 Pour l’ouverture de ces Bureaux, les agences d’information prennent ainsi en compte
l’organisation administrative des anciens colonisateurs. Nous l’avons déjà souligné, neuf
agences ou succursales de Havas-Reuter sont ouvertes dans différents ports de l’Amérique
du Sud. Ils constituent des anciens comptoirs avec des fonctions commerciales pour les
empires espagnol et portugais.
35 La domination agencière dans l’Amérique lusophone est représentée par cinq agences
brésiliennes : Para, aujourd’hui la ville de Belem, Pernambouc, aujourd’hui la ville de
Recife, Salvador de Bahia, Rio de Janeiro et Santos. Ainsi, dans l’Amérique portugaise, les
succursales s’établissent dans la plupart des anciennes capitaineries19 brésiliennes
existant depuis le XVIème siècle.
36 En ce qui concerne l’Amérique hispanique, l’ouverture des succursales se fait sur deux
fronts, sur l’océan Atlantique dans la région du Rio de la Plata, et sur l’océan Pacifique,
respectivement à Montevideo (Uruguay), et à Buenos Aires (Argentine), et d’autre part à
Lima (Pérou) et à Valparaiso (Chili). Buenos-Aires et Lima sont les anciennes capitales des
vice-royautés de la Plata et du Pérou respectivement, Valparaiso est une ancienne
capitainerie.
37 Il semble que l’installation de ces succursales ait suivi le sens des aiguilles d’une montre,
en commençant, en 1874, par le nord-est brésilien, pour couvrir progressivement les
points côtiers les plus importants jusqu’à l’installation de la succursale de Lima sur la côte
Pacifique en 1875.
Des pôles de communication
38 En plus d’une façade maritime avec des ports bien équipés, la présence des fleuves est un
élément important. Des fleuves tels que ceux de Pára ou de Pernambouc sont à la fois
source de richesse commerciale et moyen de communication. D’autres, sont convoités
pour leur embouchure, ce qui est le cas du bassin de La Plata, partagé entre les villes de
Buenos Aires et Montevideo. De son côté, Lima est traversée par onze rivières qui
débouchent sur l’océan Pacifique.
39 La construction des premiers chemins de fer privés montre les grandes possibilités du
continent. Depuis 1855, le projet d’une jonction, traversant l’Amérique méridionale de
Buenos-Aires jusqu’à Valparaiso et Santiago, entre les côtes pacifique et atlantique est
esquissé. Les deux premiers chemins de fer, auxiliaires presqu’indispensables pour le
peuplement et la mise en valeur de la Pampa argentine, furent le Ferrocarril Oeste,
commencé en 1857, et le Ferrocarril del Norte dont la construction débute en 1862. Le
réseau de chemin de fer devient dense en 1865, avec la construction du chemin de fer du
Sud. De plus, les Anglais prennent en main la construction du chemin de fer central de
Rosario à Cordoba.
40 Le Brésil construit la voie ferrée du haut Madeira, pour exploiter le haut bassin de
l’Amazone. Le Pérou établit deux petites lignes pour unir sa capitale à Callao, son port, et
à Chorrillos, sa cité balnéaire. Un groupe capitaliste américain, dirigé par Henri Meiggs,
qui avait réalisé au Chili la liaison Valparaiso-Santiago, entreprend l’étude, en 1869, d’un
“ central transandin ” qui paraît, en raison des ressources minières du pays, appelé à un
grand avenir.
41 Nous le voyons bien, les services publics passent peu à peu sous le contrôle de l’étranger :
les chemins de fer comme les transports urbains sont aux mains des sociétés anglaises,
pendant que d’autres compagnies, étrangères elles aussi, tiennent le télégraphe.

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42 Grâce à l’immigration plus massive vers le cône sud du sous-continent, Buenos Aires
présente l’essor le plus remarquable et passe de 177 000 habitants en 1870 à près de 1 300
000 en 1900, regroupant 32% de la population argentine. À la même époque, Rio de
Janeiro atteint aussi un million d’habitants avec une progression identique tout en ayant
une densité de population étrangère plus faible.
43 L’aboutissement du câble sous-marin transatlantique entre Londres et Pernambouc au
début de l’année 1874 et l’installation des liens télégraphiques dans la zone sud-
américaine démontrent que la plupart des villes sud-américaines sont bien équipées en
moyens de communication. La proximité géographique naturelle entre la côte orientale
du sous-continent et l’Europe, les moyens de communication accessibles depuis
longtemps et la présence d’une population d’origine européenne déterminent l’ouverture
des premiers Bureaux de l’Agence sur la côte atlantique de l’Amérique du Sud.
Immigrants et agences d’information
44 Le triangle Bahia, Pernambouc et Pára est occupé depuis son origine par des Hollandais.
Cette main-d’œuvre étrangère permet au Brésil de passer d’une économie archaïque,
fondée sur l’esclavage, à une économie capitaliste, moderne, fondée sur l’exploitation du
prolétariat. Les agences de Santos et Rio de Janeiro servent de lien à la population
majoritairement italienne et espagnole de São Paulo, pour promouvoir la
commercialisation de sa production de café vers l’Europe.
45 Un flux migratoire vers le sud de continent est amorcé par les agents recruteurs des
Compagnies d’immigration :
Emigration traditionnelle des cadets, et exode des ruraux non-paysans
alimentèrent le flux croissant des départs dont une grande partie se dirigea vers les
pays de la Plata, en raison des traditions migratoires locales établies au cours des
siècles précédents et renforcées par la propagande efficace des agents recruteurs au
service des grands propriétaires, uruguayens d’abord, argentins par la suite 20.
46 En Argentine, en 1850, à la chute du président Rosas, les Blancs représentaient seulement
4% d’une population estimée à 800 000 personnes ; vingt ans après, leur nombre avait
doublé. La Constitution argentine de 1853, dans son article 25, déclare que “ le
gouvernement organise l’immigration européenne ”. Et l’économiste argentin, Juan
Bautista Alberdi, l’inspirateur de cette Constitution, proclame : “ Gouverner c’est
peupler ”. Cent soixante mille immigrants européens arrivent dans les années 1860, et 260
000 dans la décennie suivante. En effet, en 1870, les étrangers représentent plus de 12% de
la population argentine. Quant à l’Uruguay, bien que ses statistiques soient plus modestes,
ce pays reste toutefois le point d’arrivée d’un dense flux européen. En 1880, des 100 000
habitants que compte la ville de Montevideo, 35 000 sont étrangers21.
47 Moins importantes encore, quantitativement, les immigrations vers la côte pacifique
concernent des personnes provenant d’Europe et des Etats-Unis. Malheureusement, ces
flux ont été très peu étudiés. Sur ce côté du continent, c’est surtout le Chili qui, en grand
progrès depuis qu’il est devenu, après 1850, le centre de ravitaillement des chercheurs
d’or de Californie, voit arriver une immigration d’origine allemande22. Au milieu du
XIXème siècle, le Chili était aussi peuplé que l’Argentine pour un territoire beaucoup plus
restreint23. Ce sont plutôt les immigrants illicites ou les marginaux, le plus souvent des
aventuriers ou des déserteurs qui restent dans les principaux ports de la côte chilienne.
Parmi eux, de nombreux Nord-Américains, Anglais et Français24.
48 Au Pérou, l’immigration, même minimale, n’est pas négligeable. Dans les rares études que
nous avons pu trouver25, les nationalités italienne, étasunienne, anglaise et française sont

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présentes. La plupart des Européens arrivent à partir du “ boom du guano ”26. Ces
quelques milliers d’immigrants se fixent à Lima et sur le littoral pacifique.
49 L’immigration de travailleurs et de négociants dans tous ces points contribue à
l’émergence d’une nouvelle classe sociale, une bourgeoisie qui participe à l’essor
commercial, la création d’entreprises, le développement des banques et des bureaux
d’affaires dans ces pays sud-américains. Nous assistons en conséquence à l’accroissement
d’une Amérique du Sud plus blanche et plus avancée qui détient plus de 60% de la
superficie de la région et qui compose la moitié de la population.
50 Ces immigrants construisent un capital qui est placé dans les banques européennes,
surtout anglaises, établies en Amérique du Sud. Ils exercent, en quelque sorte, des
pouvoirs économique et politique. Profitant du lien existant entre les finances et les
migrants, les directeurs des agences européennes voient en eux leurs meilleurs clients.
Services Havas-Reuter
51 Les activités administratives de l’agence Havas trouvent leur centre extérieur de décision
à Paris (rue Notre Dame des Victoires). Ainsi, toutes les branches et tous les services
agenciers en Amérique du Sud dépendent de la direction parisienne. Néanmoins, étant
donné que c’est à Londres qu’aboutit le câble transatlantique, la création d’un Bureau
“ Amérique du Sud ” dans la capitale britannique s’avère nécessaire. Elie Mercadier 27 est
chargé de créer et d’organiser les succursales et les services pour le continent sud-
américain. A Paris, après la retraite d’Auguste Havas28, la direction de l’agence est entre
les mains d’Edouard Lebey29, et ensuite à celles de Henri Houssaye30.
52 Havas et Julius Reuter proposent leurs services classiques de dépêches privées et de
renseignements. En Amérique du Sud, le service de dépêches privées concerne la
communication rapide des messages télégraphiques rapides personnels entre des
particuliers. Ces dépêches sont généralement confiées aux agences européennes par des
commerçants31, étrangers pour la plupart, pour être transmises en Amérique du Sud.
53 En plus du service des privées, un service de renseignements, commerciaux ou politiques,
est également proposé aux clients sud-américains. Les services commerciaux concernent
surtout les matières premières et les services politiques concernent les événements
journalistiques. Désireuses de s’intégrer en maintenant leur culture d’origine, les
communautés d’immigrants créent leurs propres journaux. Ainsi, le service de
renseignements politique est orienté vers la presse locale étrangère de la région.
54 Au Brésil, le service de “ privées ” est établi en 1874, et celui de renseignements, en 1875.
La même année, nous assistons au début du service de “ privées ” dans les pays
hispaniques. E. Mercadier réussit à commencer le service de renseignements dans tous les
Bureaux hispaniques simultanément en 1876, mais seuls les pays du sud du continent
(Argentine et Uruguay), dont la croissance est plus rapide à cause de l’immigration,
obtiennent un nombre véritablement plus important d’abonnés.
55 Un service créé “ à la carte ” dans le continent sud-américain est celui connu sous le nom
de “ signalement des vapeurs ”. Celui-ci recense l’arrivée des immigrants et des
cargaisons aux ports atlantiques sud-américains, en particulier de Pernambouc, de Rio de
Janeiro, de Montevideo et de Buenos Aires. Ces ports constituent les principaux points de
départ et d’arrivée de grands paquebots anglais contenant les migrants et les
marchandises. Le nombre des nouveaux arrivants dans le sous-continent est envoyé en
Europe par télégraphe grâce à un code spécial employé par l’agent.

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56 De bonnes communications, dans ses deux acceptions, transport mais aussi informations,
favorisent l’épanouissement des migrations. Sans affirmer que les agences d’informations
ont un rôle dans l’accroissement de l’immigration en Amérique du Sud, nous pouvons
dire qu’elles ont peut-être une influence dans la direction des flux. Havas-Reuter peut
présenter le sous-continent de manière attractive au public européen, ce qui explique
cette affirmation :
Les services de correspondances rentrent également dans le but de notre
exploitation et vous pourriez offrir au Gouvernement la publicité de nos feuilles
pour la publication de correspondances fournissant des détails sur les événements
politiques, les travaux publics, la prospérité commerciale, etc., tous détails qui
seraient présentés sous un jour favorable au gouvernement du Général Prado. En
échange de ce bon procédé le Gouvernement du Pérou devrait rétribuer les services
que nous lui rendrions certainement en nous faisant en quelque sorte son Introducer
auprès du public européen dont il est en général peu connu et surtout peu apprécié
32
.
Les agents Havas-Reuter
57 Lorsque nous pensons aux premiers correspondants internationaux de presse, nous nous
référons aux premiers journalistes envoyés pour couvrir la Révolution Française. Vers la
fin du XVIIIème et au début du XIXème siècle, ce sont les grands journaux comme le Times
londonien qui établissent des correspondants tout autour de la planète. Son fondateur,
John Walter, est le premier à former au sein de son personnel des agents en vue de cet
objectif.
58 À la différence de ce qui s’est passé en Europe et en Amérique du Nord33 où ce sont les
journaux qui ont commencé à établir des centres de nouvelles à l’étranger, les premiers
correspondants présents en Amérique du Sud n’étaient pas issus de ces grands médias et
n’étaient même pas des correspondants dans le sens où nous les connaissons aujourd’hui.
Les agents Havas-Reuter sont les représentants et directeurs des succursales à l’étranger.
Ces cadres commerciaux, dans un premier temps recrutés sur place et dans un deuxième
temps envoyés par la maison mère, constituent une catégorie des élites migrantes qui
apparaissent peu dans les images des migrations car elles sont discrètes et limitées en
nombre. Ces migrants temporaires envoyés par les deux agences signataires du Joint Purse
Agreement34 peuvent être français ou britanniques. De tous les agents recensés à cette
période35, le seul agent britannique, M. Walter F. Bradshaw qui devient l’agent de
Valparaiso pendant 5 ans36, est envoyé par Reuter.
59 Dans tous les cas, les agents Havas, au premier stade de l’implantation, sont tous des
Européens. Ils se perçoivent comme étrangers dans ces milieux où ils résident. Ils
conservent leurs modes de vie, leurs habitudes de consommation, l’usage de leur langue
(la correspondance Havas est faite en français), et fréquentent de préférence leurs
compatriotes. En fait, ils considèrent tous les éléments de leur vie à travers le prisme de
leurs pays d’origine. Ils ne se détachent pas de leurs origines nationales. Leur présence
dans une succursale Havas à l’étranger n’entraîne pas une rupture des liens avec leurs
sociétés d’origine.
60 Même si leur qualité d’immigrant temporaire devient permanente, c’est-à-dire s’ils
demeurent dans leurs pays d’accueil, les premiers agents Havas-Reuter ne deviennent
jamais des binationaux. Ils sont envoyés pour faire des bénéfices au profit de l’entreprise
mère.
61 L’accord de “ fusion d’intérêts ” entre les agences française et britannique, valable pour
20 ans, présente une possibilité de dénonciation à partir de 1876. En janvier de cette

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année, Havas demande sa révision et le Joint Purse Agreement prend fin avec le traité du 20
mai. L’agence française entame alors seule l’exploitation de l’Amérique du Sud à partir de
juillet 1876. Toutefois, l’empreinte de ces deux grandes agences européennes restera
longtemps visible dans le développement des futurs réseaux de l’information sud-
américaine.
62 La plupart des études traitant le mouvement de migration des principaux pays d’Europe
vers l’Amérique du Sud ne concernent que les pays atlantiques. Cependant, nous avons vu
que les activités commerciales et le développement de la côte pacifique provoquent aussi
une immigration digne d’être étudiée plus en profondeur.
63 La présence d’une population d’immigrés dans le sous-continent est importante pour
l’installation des deux agences mondiales d’information. Le réseau ainsi établi par Havas-
Reuter marquera le Nouveau Monde pendant quarante ans. L’immigration se produit
avant l’installation d’Havas-Reuter mais celle-ci a pu influencer les flux en attirant les
migrants vers des endroits spécifiques.
64 L’implantation de la fusion Havas-Reuter en Amérique du Sud est le produit d’une
situation socio-économique déterminée dont les deux agences ont su tirer parti : la
domination de la part de l’Angleterre en ce qui concerne son investissement dans la
construction des chemins de fer et dans l’installation des réseaux télégraphiques dans le
sous-continent, et les affinités culturelles de la France avec les pays du sous-continent.
65 Cependant, les agences Havas et Reuter développent une politique d’implantation qui
s’adapte aux besoins particuliers du continent sud-américain, le service de signalement
de vapeurs en est un bon exemple.
66 Enfin, bien que les agences de Montevideo et de Buenos Aires soient les plus productives
du sous-continent vers la fin des années 1880 et au début des années 1890, l’Argentine
semble être l’axe principal de l’immigration et, au fur et à mesure de l’implantation des
services Havas, elle deviendra la plus importante succursale d’Amérique du Sud.
67 Source : Fonds Havas aux Archives Nationales, 5AR37,57,63 et 118.

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NOTES
1.Guy Richard, 1996, p. 187.
2.H. Hauser ; P. Benaerts ; J. Maurain ; F. Lhuillier, Du libéralisme à l’impérialisme : 1860-1878,
Paris : PUF, 1952, p. 458-459.
3.C’est le président américain Truman qui, dans son “ discours sur l’état de l’union ”, le 20
janvier 1949, utilise pour la première fois ce terme en annonçant une croisade contre la
pauvreté : “ Nous devons nous engager dans un nouveau programme audacieux et utiliser
notre avance scientifique et notre savoir-faire industriel pour favoriser l’amélioration des
conditions de vie et la croissance économique dans les régions sous-développées ”.
4.Pierre Riado, L’Amérique Latine de 1870 à nos jours : Economies, sociétés et vie politique, Paris,
Masson, 1980, p. 14.
5.Avec, principalement, l’agence allemande Wolff, créée en 1849, et l’agence britannique
Reuter, créée en 1851. L’Associated Press des Etats-Unis, créée en 1848, se joint à cette
triade européenne un peu plus tard.
6.Les “trois grandes” signent en 1859 un traité de partage du monde qui verrouille
l’ensemble du marché de l’information sur les cinq continents et reste en vigueur jusqu’à
la fin de la première guerre mondiale.
7.Contrat de “ Fusion d’intérêts ”.
8.Cf. Archives Nationales, 5 AR 411.
9.Robert W. Desmond, 1978, p. 249.

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10.Pierre Frédérix, 1959, p. 140.


11.G. Richard,1996, p. 187.
12.H. Domenech ; M. Picquet, 1995, p. 20-21.
13.Dénomination générale des membres des sectes protestantes en dehors de l’Eglise
officielle d’Angleterre et dénomination particulière des Irlandais presbytériens.
14.M. Reinhard et al., 1968.
15.Henry de Charnisay, 1996.
16.H.Hauser, 1993.
17.Pierre George, 1976.
18.Il ne faut pas oublier qu’il s’agit d’abord d’une mise en valeur agricole et que les
migrants recherchent des terres plates plus faciles à travailler avec des climats
permettant l’agriculture. De plus, ils s’installent d’abord à l’endroit où ils arrivent, c’est-
à-dire sur le littoral atlantique.
19.Les Portugais divisent tout le Brésil en douze gouvernements ou capitaineries dont
huit appartiennent immédiatement au roi du Portugal et les autres à des seigneurs
particuliers qui les ont peuplés à leurs dépens. Les douze capitaineries sont : Maranhão,
Ceará, Rio Grande, Itamaraca, Pernambouc, Bahia de tous les Saints, Ilhéus, Porto Seguro,
Espirito Santo, São Tomé, Saint Vincent et Amaro.
20.J. P. Mathy, “ Comme un oiseau sur la branche : émigration aux Etats-Unis et retour
des Basques de Baigori, 1945-1965 ”, Emigration française : études de cas : Algérie, Canada,
Etats-Unis. Paris : Publications de la Sorbonne, 1985, p. 234-235.
21.Cf. Annuaire Didot Bottin, 1880, p. 4524.
22.Gilberto Harris Bucher, 1997, p. 543-566.
23.C. Norambuena, 1990, p. 69-101.
24.Cf. Archives Diplomatiques, Correspondance Politique, N°19, Santiago du Chili.
25.Teodoro Hampe-Martinez, 1993, p. 459-491.
26.Depuis le milieu de XIXème siècle, le Pérou profite de la prospérité que procure le
guano, un engrais naturel que l’on ramasse sur les îles côtières désertiques. L’oligarchie
s’enrichit tandis que le pays se modernise. Le président Balta offre le monopole de
l’exploitation du guano à la maison française Dreyfus qui lui accorde un prêt.
27.Véritable correspondant vedette de l’agence française, Mercadier est nommé, en
novembre 1875, directeur du bureau sud-américain qui se trouve physiquement à
l’intérieur de l’agence Reuter à Londres. En 1876, c’est lui qui décide de la suppression ou
du maintien d’une succursale sud-américaine. Il reste à ce poste jusqu’au complet
démarrage des services sud-américains, c’est-à-dire jusqu’au milieu 1876 pour y
retourner en 1900.
28.Fils cadet du fondateur de l’agence, Charles-Louis Havas.
29.Formé par Auguste Havas, Edouard Lebey est le fils d’un des associés de la société
Havas-Laffite.
30.Ami personnel d’Edouard Lebey, cet avocat de formation, devient secrétaire général de
l’agence française en 1876.
31.P. Frédérix, op. cit., p. 139.
32.Cf. Archives Nationales, 5 AR 57(5), f.191, lettre non signée écrite à Paris, le 16 juin
1877, et adressée à M. Norman Evans, l’agent de Lima.
33.Les premiers correspondants de presse en Amérique du Nord sont ceux de The Times ;
ils se sont établis depuis les années 1830 à New York et à Washington. Le correspondant
de Washington, Matthew J. Davis, était aussi correspondant pour le Courier and Enquirer
new-yorkais.

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34.Contrat de “ Fusion d’intérêts ”, cf. supra note 7, page 5.


35.Carte : “Premiers agents Havas-Reuter en Amérique du Sud”
36.Donald Read,1999, p. 33.

INDEX
Mots-clés : Amérique latine, Havas, Reuter, Emigration

AUTEUR
RHODA DESBORDES

Université Paris III, Sorbonne Nouvelle, Centre de Recherche sur l’Information et les
Médias en Europe (CHRIME)

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