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Titre II : La filiation par adoption :

L’adoption est régie par les articles 343 à 370-5 du Code civil auxquelles
s’ajoutent des dispositions complémentaires de Code de l’action sociale et des
familles. C’est une filiation choisie qui est établie par un jugement.
A l’inverse de la procréation médicalement assistée qui consiste à aider
médicalement un couple à réaliser son projet d’engendrer, l’adoption donne une
famille à un enfant qui n’en avait pas ou plus, sauf dans l’hypothèse de l’adoption
de l’enfant du conjoint ou une adoption intrafamiliale. Pratiquée par les Romains,
ignorée par l’Ancien Droit, la Révolution  a rétabli l’adoption. Le Code civil l’a
maintenue sous l’influence de Napoléon- Bonaparte, réservée aux majeurs, à des fins
uniquement successorales.
La loi du 19 juin 1923 a ouvert l’adoption aux mineurs. Les conditions de
l’adoption ont été étendues et assouplies au cours du XX°. L’essentiel se trouve
dans la loi du 11 juillet 1966, assoupli par la loi du 22 décembre 1976. La loi du
5 juillet 1996 a tenté de rendre l’adoption plus simple, plus sûre et plus juste.
Pour l’adoption des enfants étrangers, il a fallu attendre la loi du 6 février
2001.La loi du 22 janvier 2002 « relative à l’accès aux origines des personnes
adoptées et pupilles de l’Etat » traite des conditions dans lesquelles les enfants
adoptés peuvent obtenir des informations relatives à leur naissance. La loi du 4
juillet 2005 a modifié le déroulement de la procédure d’adoption. Les critères
auxquels le juge se réfère pour accepter ou refuser la demande de déclaration
d’abandon d’un mineur ne sont plus « sauf le cas de grande détresse des parents »
mais « le désintéressement prolongé » de l’enfant. La procédure d’agrément
préalable est uniformisée dans tous les départements et simplifiée.
L’accompagnement des familles et de l’adopté est renforcé. L’Agence française de
l’Adoption est créée pour favoriser et sécuriser les adoptions internationales.
Modification des articles 361,365 et 370-2par la loi du 13 décembre 2011.La loi du
17 mai 2013 est également intervenue et a modifié les articles 345-1, 353-2, 357,
357-1 pour l’adoption plénière, 360, 361, 363 pour l’adoption simple. Cette
institution a été profondément bouleversée par l’admission de l’adoption par un
couple homosexuel. Cela éloigne la filiation adoptive du modèle de la filiation
charnelle.
Le Conseil constitutionnel a refusé de censurer le texte sur ce point : Il a en
effet jugé « qu’aucune exigence constitutionnelle n’impose …que les liens de
parenté établis par la filiation adoptive imitent ceux de la filiation biologique »
et « qu’il n’existe aucun principe fondamental reconnu par les Lois de la
République en matière de caractère bilinéaire de la filiation fondé sur l’altérité
sexuelle ». (Décision N° 2013-669  DC du 17 mai 2013, considérants 51 et 56). Il
s’est contenté de formuler une réserve d’interprétation consistant à préciser que
les couples de personnes de même sexe sont soumis aux règles, conditions et
contrôles institués en matière de filiation adoptive et notamment à la nécessité
d’obtenir un agrément et une décision judiciaire, les 2 procédures administrative
et judiciaire ayant pour but de vérifier que l’adoption est conforme à l’intérêt de
l’enfant (considérants 52 à 54).
Certains auteurs estiment que d’autres bouleversements pourraient intervenir dans
le domaine de l’adoption : des conditions d’âge ?
Pour limiter l’impact psychologique qu’une double parenté paternelle ou maternelle
est susceptible de créer chez l’enfant, la doctrine suggère de renforcer l’accès
aux origines personnelles (article L.174-1 CASF) pour permettre aux enfants de
construire leur identité en favorisant la connaissance du « roman familial ».La loi
du 26 juillet 2013 relative à l’arrêté d’admission de la qualité de pupille de
l’Etat a été censurée par le Conseil Constitutionnel : l’article L 224-8 CASF devra
être réécrit.
 
Il existe deux formes d’adoption :
--   L’adoption plénière qui rompt les liens avec la famille par le sang lorsqu’ils
étaient établis et qui fait acquérir à l’enfant une nouvelle filiation avec les
mêmes droits que s’il était né des adoptants.
--   L’adoption simple qui maintient au contraire la filiation par le sang et fait
acquérir à l’adopté une seconde filiation à l’égard des adoptants, seuls investis
des droits et devoirs d’autorité parentale.
Si les effets des deux types d’adoption diffèrent, les conditions en revanche sont
presque les mêmes sous réserve de celles tenant à l’âge de l’adopté.
 
 Chapitre 1 : L’adoption plénière
 Section 1 : Les conditions de l’adoption plénière
 I  / Les conditions relatives à l’adoptant :
 -        La présence de descendants chez l’adoptant ne fait plus obstacle à
l’adoption depuis la loi du 22 décembre 1976. Cependant, il appartient au juge de
vérifier si l’adoption n’est pas de nature à compromettre la vie familiale :
article 353 alinéa 1 Code Civil.
-        Si celui qui devait adopter décède, cela ne fait pas obstacle à l’adoption
dès lors que l’enfant avait déjà été recueilli. L’adoption plénière est possible
pour une personne seule ou pour un couple.
-        En cas d’adoption individuelle, l’adoptant doit être âgé de plus de 28 ans
au jour de la demande (article 343-1 alinéa 1), sauf s’il s’agit de l’enfant du
conjoint (article  343-2). Les adoptants doivent avoir quinze ans de plus que les
enfants qu’ils se proposent d’adopter. S’il s’agit des enfants du conjoint, la
différence d’âge est alors réduite à 10 ans. Cet écart peut même être réduit pour «
justes motifs » (article 344 alinéa 1 et alinéa 2).
Si l’adoptant est marié et non séparé de corps, le consentement de son conjoint est
nécessaire à moins que ce dernier soit dans l’impossibilité de manifester sa
volonté (article 343-1).
 L’adoption plénière de l’enfant du conjoint n’est permise que dans 4 hypothèses
(article 345-1 du Code Civil):
-        Lorsque l’enfant n’a de filiation légalement établie qu’à l’égard de ce
conjoint.
-        Lorsque l’enfant a fait l’objet d’une adoption plénière par ce seul
conjoint et n’a de filiation établie qu’à son égard (loi du 17 mai 2013).
-        Lorsque l’autre parent que le conjoint s’est vu retirer totalement
l’autorité parentale.
-        Lorsque l’autre conjoint est décédé et n’a pas laissé d’ascendants au
premier degré ou lorsque ceux-ci se sont manifestement désintéressés de l’enfant.
-        Pour une adoption conjugale, elle peut être demandée par des époux non
séparés de corps, mariés depuis plus de deux ans ou âgés l’un et l’autre de plus de
28 ans (article 343 Code Civil).
-        Ce type d’adoption plénière ne concerne pas les partenaires liés par un
Pacs ni les concubins (différence avec l’AMP ouverte aux couples non mariés
justifiants d’une vie commune article L 2141-2).
 L’adoption de l’enfant du conjoint était particulièrement souhaité par les
homosexuels parce qu’elle laisse subsister la filiation d’origine à l’égard du
parent biologique ; jusqu’à la loi du 17 mai 2013, ils n’y avaient pas accès. Le
Conseil constitutionnel et la CEDH n’avaient pas jugé contraire aux droits
fondamentaux : l’ouverture du mariage aux couples homosexuels leur donne accès à
cette institution, dans les conditions du droit commun.
 
II / Les conditions relatives à l’adopté :
 -    Une condition générale : l’intérêt de l’enfant.
L’adoption ne peut être prononcée que si elle est « conforme à l’intérêt de
l’enfant » : article 353 alinéa 1. L’intérêt de l’adopté est apprécié
souverainement par les juges du fond et s’entend tout à la fois sous ses aspects
matériels, patrimoniaux, extrapatrimoniaux et moraux. Lutte contre les fraudes à
l’adoption : parenté, alliance, adoption d’une enfant avec son grand-père… (Article
345-1 du Code Civil).
 -    Une 1èrecondition particulière : l’âge de l’adopté
L’adoption n’est en principe possible qu’à l’égard des enfants de moins de 15 ans
(article 345 alinéa 1) parce qu’elle s’inscrit dans une démarche éducative.
Cependant, l’article 345 alinéa 2 du Code Civilprévoit une exception : « 
Toutefois, si l’enfant a plus de quinze ans et a été accueilli au foyer en vue de
l’adoption avant cet âge par des personnes ne remplissant pas les conditions pour
l’adoption ou si l’enfant a fait l’objet d’une adoption simple avant d’avoir
atteint cet âge, il pourra alors être adopté pendant sa minorité et dans les deux
ans qui suivent sa majorité » (jusqu’à l’âge de 20 ans).
En toute hypothèse, lorsque l’enfant est âgé de plus de treize ans, son
consentement personnel à l’adoption plénière sera nécessaire (article 345 alinéa
3).
 -    Une 2ème  condition particulière : l’enfant doit être adoptable
Article 347: il en existe 3 catégories.
 
a.    Les enfants donnés en adoption par leurs parents (article 347-1) :
 Le droit de consentir à l’adoption n’appartient qu’aux père et mère, sans
possibilité de délégation (article 377-3 du Code Civil) pas même aux grands-parents
ni au mineur émancipé. Dès que la filiation est légalement établie envers les deux
parents, titulaires de l’autorité parentale, il faut le consentement de chacun
d’eux, le dissentiment ne valant pas consentement ; le consentement du survivant
suffit en cas de décès de l’un d’eux (article 348 du Code Civil) Si les père et
mère sont décédés ou hors d’état de manifester leur volonté ou en cas de retrait
total de l’autorité parentale, le consentement émane du conseil de famille après
avis de la personne qui prend soin de l’enfant (article 348-2 du Code Civil) Si
l’enfant est sans filiation établie, recueilli par l’aide sociale à l’enfance et
pupille de l’Etat, le consentement est donné par le conseil de famille des pupilles
de l’Etat. Le consentement doit être recueilli par acte authentique, à peine de
nullité. Cet acte peut être indifféremment passé devant un notaire français ou
étranger, devant les agents diplomatiques ou consulaires français, ou devant le
service de l’aide sociale à l’enfance lorsque l’enfant lui a été remis (article
348-3 alinéa 1 du Code
Civil).                                                                             
                                                          Si l’enfant adoptable a
moins de deux ans, il doit obligatoirement être remis au service de l’aide sociale
à l‘enfance ou à un organisme autorisé pour l’adoption sauf si l’accord est donné
pour qu’il soit adopté par un membre de la famille jusqu’au sixième degré (article
348-5 du Code
Civil).                                                                             
                                                              Si l’identité de
l’adoptant est en principe connue lorsque le consentement est donné, l’article 348-
4 du Code Civil précise que le choix de l’adoptant est laissé au tuteur avec
l’accord du conseil de famille des pupilles de l’Etat  ou de celui de la tutelle
organisée à l’initiative de l’organisme autorisé pour
l’adoption.                                            
Hors l’hypothèse d’une adoption intrafamiliale, si l’enfant est âgé de moins de
deux ans, ses parents par le sang doivent le remettre à l’ASE ou à un organisme
autorisé pour l’adoption et ne peuvent pas choisir les adoptants (article 348-5 du
Code Civil) Le but est d’éviter le trafic de nourrissons et la fraude à
l’adoption.                                                                         
                          Ce consentement doit être également donné en parfaite
connaissance de cause. Ce consentement peut être rétracté dans les deux mois
(article 348-3 alinéa 2 du Code Civil). La rétractation est discrétionnaire et doit
être faite par lettre recommandée avec avis de réception adressée à la personne ou
au service qui avait reçu le consentement ; la remise de l’enfant à ses parents sur
demande verbale vaut rétractation et en fait preuve.Passé ce délai, l’enfant peut
être placé en vue de son adoption (article 351du Code Civil).
S’il n’a pas encore fait l’objet d’un placement, ses parents peuvent encore
demander à le reprendre mais le juge en apprécie alors l’opportunité en fonction de
l’intérêt du mineur (article 348-3 alinéa 3 du Code Civil).           
b.    Les pupilles de l’Etat :
Article 349 du Code Civil: Ce sont les pupilles de l’Etat dont les parents n’ont
pas consenti à l’adoption, le consentement émane du conseil de famille des pupilles
de l’Etat (article 349 du Code Civil) Les pupilles de l’Etat sont pris en charge
par le département et placés sous un régime spécial de tutelle dont les organes
sont constitués du préfet (en qualité de tuteur) et du conseil de famille des
pupilles de l’Etat. Pour ces enfants, l’ASE doit bâtir un projet d’adoption dans
les meilleurs délais (article L 225-1 CASF).
 
Cela recouvre plusieurs situations :
-        Les enfants sans filiation établie ou connue (sous X ou trouvés) et
recueillis depuis plus de deux mois par l’ASE.
-        Les enfants dont la filiation est établie et connue qui ont été
expressément remis à l’ASE en vue de leur admission comme pupilles de l’Etat depuis
plus de deux mois par les personnes ayant qualité pour consentir à l’adoption.
-        Les enfants expressément remis à l’ASE depuis plus de 6 mois par leur père
ou leur mère, alors même que leur filiation est établie et connue mais dont l’un
des parents n’a pas fait connaître dans ce délai de 6 mois son intentions (article
L.224-4 et L.224-6 CASF).
-        Les orphelins de père et de mère dont la tutelle n’a pas été organisée
dans le cadre familial ou qui ont été confiés à l’ASE depuis plus de deux mois.
-        Les enfants confiés à l’ASE par décision judiciaire de retrait total de
l’autorité parentale prononcée contre les père et mère.
-        Les enfants recueillis par l’ASE à la suite d’une déclaration judiciaire
d’abandon fondée sur l’article 350 du Code Civil.
Le choix des adoptants est réalisé par le préfet en accord avec le conseil de
famille.
 
c.    Les enfants judiciairement déclarés abandonnés :
 Article 350: Il s’agit des enfants recueillis par un particulier, un établissement
ou l’ASE puis qui ont été judiciairement déclarés abandonnés en raison du
désintérêt  manifeste des parents durant l’année qui précède l’introduction de la
demande en déclaration d’abandon.
Les critères auxquels le juge se réfère pour accepter ou refuser la demande de
déclaration d’abandon d’un mineur ne sont plus « sauf le cas de grande détresse des
parents » mais « le désintéressement prolongé » de l’enfant. Cette nouvelle
disposition devrait permettre de faire désormais prévaloir l’équilibre psychique et
affectif qu’une enfant peut trouver dans une famille adoptive sur les liens
biologiques le plus souvent artificiels avec sa famille d’origine.
Cette déclaration d’abandon rend les enfants adoptables. Cependant, l’abandon n’est
pas déclaré si durant cette période, un membre de la famille a demandé à assumer la
charge de l’enfant et si cette demande est jugée conforme à l’intérêt du mineur
(article 350 alinéa 4 du Code Civil).
Le TGI est compétent pour déclarer l’enfant judiciairement abandonné. Il délègue
l’autorité parentale sur l’enfant aux services de l’aide sociale à l’enfance, à
l’établissement ou à qui ce dernier a été confié (article 350 alinéa 5 du Code
Civil). Le jugement de déclaration d’abandon est notifié au demandeur, aux parents
et au tuteur le cas échéant qui peuvent faire appel dans un délai d’un mois à
compter de la signification. Les autres personnes peuvent former tierce opposition
mais celle-ci n’est recevable qu’en cas de dol, de fraude, ou d’erreur sur
l’identité de l’enfant (article 350 alinéa 6 du Code Civil). 
 
III / Les conditions relatives au lien entre l’adoptant et l’adopté :
 Il faut tout d’abord un écart d’âge minimal entre l’adoptant et l’adopté. La loi
impose en principe une différence d’âge minimale de 15 ans entre l’adoptant et
l’adopté (article 344 alinéa 1 du Code Civil). Cette différence peut toutefois être
réduite à 10 ans en cas d’adoption de l’enfant du conjoint et même davantage par le
tribunal pour justes motifs (article 344 alinéa 2).
L’éventualité d’un lien de parenté entre l’adoptant et l’adopté : la préexistence
d’un lien de filiation ou d’alliance n’est pas un obstacle à la création d’un
nouveau lien de filiation adoptive. L’adoption intra- familiale est autorisée. Par
contre, s’il existe entre les père et mère un des empêchements à mariage pour cause
de parenté, la filiation déjà établie à l’égard de l’un ne peut être établie à
l’égard de l’autre.
Exemple :Paris 5 avril 2005, JCP G 2005, N°2176 : l’adoption sollicitée par le
frère consanguin de la mère se heurte à l’interdiction posée par la loi de
l’établissement d’une double filiation de l’enfant issu de relations entre frère et
sœur et doit être rejetée par le juge. Un époux a la possibilité d’adopter les
enfants de son conjoint à condition que la filiation de l’enfant ne soit établie
qu’à l’égard de ce seul conjoint (article 345-1 alinéa 1). Il n’est pas possible à
une femme d’adopter l’enfant reconnu par son époux et né d’une mère de substitution
ayant accouché sous X : Arrêt de la Cour de cassation, Assemblée Plénière du 31 mai
1991.
 
Section 2 : La procédure de l’adoption plénière
 Elle se décompose en deux phases :
La personne qui désire adopter un enfant pupille de l’Etat doit obtenir un
agrément. Il doit ensuite accueillir l’enfant dans son foyer pour que le jugement
d’adoption puisse éventuellement être prononcé.
 
I / L’agrément :
 Il est exigé pour les adoptions des pupilles de l’Etat (article L 225-2 et
suivants CASF) et les enfants étrangers (article L 225-15 CASF) et les enfants
recueillis par un organisme autorisé pour l’adoption, sauf si l’Ase lui avait
confié la garde de l’enfant (article 353-1 alinéa du Code Civil et L 225-2
CASF).Cette procédure de délivrance d’un agrément a pour objectif de vérifier si
les demandeurs à l’adoption présentent les qualités requises pour élever les
enfants qu’ils souhaitent adopter. L’agrément se fait auprès du Service de l’aide
sociale à l’enfance du département de résidence de la personne souhaitant adopter
un pupille de l’Etat (article L 225-2 CASF).L’agrément est accordé par le président
du conseil général, responsable du service de l’aide sociale à l’enfance auprès du
département, après avis d’une commission départementale d’agrément (article L 225-2
alinéa 2 CASF). Le refus peut être contesté devant le Tribunal administratif.
L’agrément est accordé ou refusé dans le délai de 9 mois qui suivront la
confirmation de la demande du candidat à l’adoption (article 225-2 alinéa 2 CASF),
pour une durée de 5 ans. Il est accordé « en considération des conditions d’accueil
offertes par le demandeur sur les plans familial, éducatif et psychologique »
article L 225-4 CASF). L’obtention de cet agrément n’ouvre pas automatiquement
droit à l’adoption immédiate d’un enfant. Inversement, le refus d’agrément ou son
obtention tardive n’est pas systématiquement un obstacle à l’adoption. En effet,
l’adoption peut être prononcée sans agrément dans plusieurs cas :
-        Lorsqu’il existe entre les personnes à qui le service de l’ASE a confié
l’enfant pour en assurer la garde et de pupille de l’Etat des liens affectifs
établis qui justifie la mesure d’adoption (article L 225-2 alinéa 1).
-        Lorsque l’aptitude des adoptants à accueillir l’enfant a « été
régulièrement constatée dans un Etat autre que la France en cas d’accord
international engageant à cette fin le dit Etat » (article L 225-2 alinéa 1).
-        Lorsque l’agrément a été refusé ou n’a pas été délivré dans le délai légal
« s’il estime que les requérants sont aptes à accueillir l’enfant et que cette
adoption est conforme à son intérêt (article 353-1 alinéa 2 du Code Civil).
-        Le suivi obligatoire de l’enfant : la loi du 5 juillet 2005 prévoit une
aide de proximité pour les familles. Dans chaque département, le président du
Conseil général désignera au sein de ses services au moins une personne chargée
d’assurer les relations avec l’agence française de l’adoption (article L 225-16
CASF). Le mineur placé en vue de l’adoption ou adopté bénéficiera d’un
accompagnement par service de l’aide sociale à l’enfance ou l’organisme autorisé et
habilité pour l’adoption, à compter de son arrivée au foyer de l’adoptant et
jusqu’au prononcé de l’adoption plénière en France ou jusqu’à la transcription du
jugement étranger (possibilité de prolongation : article L 225-18 CASF).
 
 
II / Le placement de l’enfant en vue de l’adoption :
La phase de placement préalable de l’enfant au foyer de l’adoptant consiste dans la
remise matérielle de l’enfant aux futurs adoptants (article 351 alinéa 1) ce qui
suppose que le consentement à l’adoption a été préalablement et valablement
donné.                                             
Pour les enfants donnés en adoption par leurs parents, le placement ne pourra
intervenir qu’après l’expiration du délai de repentir ouvert à ces parents en
application de l’article 348-3 du Code Civilet s’ils n’ont pas demandé devant le
TGI la restitution de l’enfant, même à l’expiration de ce délai de repentir
(article 348-3 alinéa 3 du Code
Civil).                                                      
La remise de l’enfant ne consiste pas seulement en une remise matérielle de
l’enfant à ses futurs adoptants mais une « pré adoption » rendant impossible la
restitution de l’enfant à sa famille d’origine (article 352 alinéa 2 du Code
Civil).  C’est à la date du placement que les parents biologiques perdent leurs
droits sur leurs enfants. L’enfant ne peut plus faire l’objet d’une reconnaissance
ou d’une déclaration de filiation (article 352 alinéa 1 in
fine).                                 
Le placement est réalisé soit par l’ASE soit par l’accueil au foyer en cas d’accord
entre les particuliers, pendant au minimum 6 mois (article 345 du Code Civil) la
requête en vue de l’adoption ne peut être déposée avant l’écoulement de ce délai.
Il peut durer plus longtemps. Lorsque le placement en vue de l’adoption cesse ou
lorsque le jugement refuse de prononcer l’adoption, les effets du placement sont
alors rétroactivement résolus.
 
III / Le jugement d’adoption :
La procédure judiciaire d’adoption : le TGI (du lieu où demeure le requérant, voir
l’article 1166 CODE DE PROCÉDURE CIVILE quand ils demeurent à l’étranger) est saisi
par une requête de l’adoptant ou du couple qui désire adopter (article 1168 CODE DE
PROCÉDURE CIVILE). L’affaire est instruite en chambre du conseil, après l’avis du
Ministère public (article 1170 CODE DE PROCÉDURE CIVILE), dans un délai de 6 mois à
compter du dépôt de la requête (article 1168 CODE DE PROCÉDURE CIVILE). 
                                                                                    
                                  Le tribunal doit s’assurer que toutes les
conditions légales de l’adoption sont réunies et que la volonté constante de
l’adoptant, qui peut retirer sa requête jusqu’au jour où le jugement est passé en
force de chose jugée. Le tribunal doit également contrôler l’opportunité de
l’adoption au regard de l’intérêt de l’enfant (article 353 alinéa 1 et 2 du Code
Civil) et de l’ordre public (expertise possible pour vérifier s’il n’y a pas un
trafic d’enfants ou contrat de mère porteuse). Il juge aussi si l’adoption ne
risque pas de compromettre la vie familiale en présence d’autres descendants
(article 353 alinéa 2 du Code Civil) selon les cas, il peut prononcer ou non
l’adoption malgré l’opposition des descendants. Le tribunal peut soit prononcer
l’adoption plénière soit la refuser soit prononcer l’adoption simple avec l’accord
du requérant (article 1173 CODE DE PROCÉDURE CIVILE). Le juge dispose d’un pouvoir
discrétionnaire, sa décision n’a pas à être motivée (article 353 alinéa 5 du Code
Civil).Ce jugement produira des effets du jour de la requête introductive.
Il peut être frappé d’opposition pendant 30 ans par les tiers intéressés (les
parents par le sang) en cas de dol ou fraude (article 353-2 alinéa 1). La loi du 17
mai 2013 a précisé que « constitue un dol la dissimulation au tribunal du maintien
des liens entre l’adopté et un tiers, décidé par le juge aux affaires familiales
sur le fondement de l’article 371-4 ».Il est susceptible d’appel dans les 15 jours
du jugement par les parties et également par les tiers auxquels la décision a été
notifiée. Le pourvoi en cassation leur est ouvert dans les conditions du droit
commun. Le jugement donne lieu à une transcription sur les registres d’état civil
du lieu de naissance de l’adopté dans les 15 jours de la date à laquelle le
jugement est passé en force de chose jugée, à la requête du procureur de la
République (article 354 alinéa 1). La transcription ne contient aucune indication
relative à la filiation de l’enfant (alinéa 3 in fine). Cette transcription tient
lieu d’acte de naissance à l’adopté (alinéa 4).
 
Section 3 : Les effets de l’adoption plénière
 L’adoption plénière substitue de manière irrévocable une nouvelle filiation à la
filiation d’origine. Les effets existent à compter de la requête en adoption.
L’adoption plénière emporte deux effets principaux :
 
I / La rupture totale avec la famille d’origine :
-        L’adoption confère à l’enfant une filiation qui se substitue à sa
filiation d’origine. Il cesse d’appartenir à sa famille par le sang (article 356 du
Code Civil).
-        L’acte de naissance original est considéré comme nul.
-        Il perd son nom d’origine, tout droit à succession, l’obligation
alimentaire disparaît.
-        Toutefois, les prohibitions au mariage subsistent entre l’adopté et sa
famille de sang (article 356 du Code Civil).
-        La jurisprudence a cependant admis un droit de visite des grands-parents
par le sang, s’il n’est pas contraire à l’intérêt de l’enfant.
 Attention : L’adoption de l’enfant du conjoint bien que plénière laisse subsister
la filiation d’origine à l’égard de sa famille d’origine (article 356 alinéa 2). Il
conserve son nom ses droits successoraux….à l’égard de ce conjoint mais les perd à
l’égard de son autre parent par le sang.
II / L’intégration de l’adopté dans sa famille adoptive :
-        L’adopté a dans la famille de l’adoptant les mêmes droits et les mêmes
obligations qu’un enfant dont la filiation a été établie conformément aux
dispositions générales relatives à la filiation (article 358 du Code Civil)
(Vocation successorale, obligations alimentaires, autorité parentale.
-        L’adopté prend le nom de l’adoptant : son nom d’origine disparaît au
profit de celui de l’adoptant (article 357modifié par la loi du 17 mai 2013).
-        En cas d’adoption de l’enfant du conjoint ou d’adoption par deux époux,
l’adoptant et son conjoint, ou les adoptants choisissent par déclaration conjointe
le nom de famille conféré à l’enfant : soit le nom de l’un d’eux, soit leurs deux
noms accolés dans l’ordre choisi par eux, dans la limite d’un nom de famille pour
chacun d’eux : article 357 alinéa 2. Cette faculté de choix ne peut être exercée
qu’une seule fois. Si les adoptants avaient déjà des enfants, l’adopté portera le
même nom que ses frère ou sœur (article 357 alinéa 4).
Lorsque les adoptants ou l’un d’entre eux portent un double nom de famille, ils
peuvent, par une déclaration écrite conjointe ne transmettre qu’un seul nom à
l’adopté (article 357 alinéa 6).
àEn l’absence de déclaration conjointe mentionnant le choix de nom de l’enfant,
celui-ci prend le nom de l’adoptant et de son conjoint, ou de chacun des deux
adoptants dans la limite du premier nom de famille pour chacun d’eux accolés dans
l’ordre alphabétique.                     Le tribunal peut modifier les prénoms de
l’enfant (article 357 alinéa 7 du Code Civil) sur la demande de ou des adoptants.
Cette intégration dans la famille adoptive est absolue, sans effet rétroactif à la
naissance de l’adopté (article 355 du Code Civil) et définitive (article 359 du
Code Civil). Les effets de l’adoption partent du jour du dépôt de la requête :
article 355 du Code Civil. L’adopté aura donc 2 statuts qui se
succéderont.                                                            L’adoption
plénière est irrévocable : article 359 du Code Civil. Elle ne peut être annulée et
si l’adoptant manque à ses devoirs éducatifs, ce sont des mesures d’assistance
éducative qui seront mises en place. Cependant, la loi du 5 juillet 1996, l’article
360 alinéa 2, prévoit qu’en cas de « motifs graves » (désintérêt manifeste de
l’adoptant) l’enfant pourra faire l’objet d’une nouvelle adoption, mais il s’agira
d’une adoption simple.                                                  
En raison de son caractère irréversible, l’adoption plénière ne peut être annulée à
raison d’un vice du consentement de l’adoptant, dans la mesure où cela résulte d’un
jugement et non d’un acte privé.

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