De l’universel au singulier : les enjeux heuristiques et
pédagogiques des sciences de gestion en Afrique
Moukala Ndoumou Mike Université Omar Bongo
Que les sciences de gestion(SG) soient considérées comme les
benjamines des sciences humaines et sociales(SHS) est un lieu commun de l’histoire de cette discipline. Et, si dans les pays occidentaux leur institutionnalisation remonte au XXe siècle, la réappropriation par les instances académiques africaines des SG est non seulement récente, compte tenu de la jeunesse de leurs universités, il semble que les postures heuristiques et pédagogiques restent, dans la plupart des cas, on peut plus européocentrées. Or, si les SHS en général ont du mal à revendiquer l’universalité de leurs critères de scientificité, la spécificité de l’objet des SG, c’est-à-dire l’organisation, n’autorise pas à s’inscrire dans une épistémologie générale. S’il est acquis que les visages de l’organisation sont protéiformes, la pratique des SG en Afrique ne peut faire l’économie d’une épistémologie régionale, sans laquelle elle ne pourrait revendiquer une identité, notamment dans un contexte de mondialisation des savoirs gestionnaires. Selon l’expression d’Yves Lilian(2013), de nombreux écrits appellent à une recherche en SHS sur l'Afrique évitant les concepts "européocentrés" et prenant en compte les spécificités africaines sur le plan épistémologique et méthodologique, ou cherchant à promouvoir une approche centrée sur l'Afrique qui conceptualise la réalité et situe les Africains dans leur univers cosmologique, symbolique et pragmatique. Suivant la logique de l’épistémologie contextualiste ou régionale, nous tentons d’interroger l’universalité et la singularité des sciences de gestion en Afrique. On pourra alors nous demander si la recherche et la pédagogie gestionnaires en Afrique doivent être réduites aux principes épistémologiques universellement établis ou, tout en considérant la relativité et la complexité de l’objet des SG, les pratiques heuristiques et pédagogiques devraient aussi se nourrir des épistémologies endogènes du continent noir.