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en AUTEUR :
résumé A. Schaller, département Études et assistance médicales, INRS
C
MOTS CLÉS
Les intervenants en projet de service. La notion d’équipe
Pluridisciplinarité /
prévention des risques santé au travail / est renforcée et les actions sont à
professionnels (IPRP) sont IPRP (intervenant mener par priorité. Quelles contri-
directement impactés par en prévention butions pour les IPRP, s’agissant d’un
la réforme des services de des risques ette journée était label et non d’un métier ? Quels sont
professionnels)
santé au travail. Dans cette organisée par l’Association fran- les enjeux ? Quelles compétences ?
organisation des services en çaise des intervenants en santé Comment collaborer ?
équipes pluridisciplinaires, au travail (AFIST) et portée par un
les IPRP participent à comité issu du groupe régional
l’élaboration des projets de des intervenants en prévention de
service et à la mise en place Bourgogne - Franche-Comté. QUELLES IMPLICATIONS
des contrats pluriannuels F. Blanchard, ingénieur conseil ré- POUR LES INTERVENANTS
d’objectifs et de moyens gional, responsable de la Direction EN PRÉVENTION
conclus avec les DIRECCTE régionale des risques professionnels DANS L’ÉLABORATION
et les CARSAT. Des exemples de la Caisse régionale d’assurance DES PROJETS DE
régionaux d'organisations maladie d’Ile-de-France (CRAMIF), SERVICES ET DANS LES
de la pluridisciplinarité et de M. Brun, directeur du Centre inter- CONTRACTUALISATIONS
réseaux ont été présentés lors services de santé et de médecine du AVEC LES PARTENAIRES ?
de cette journée nationale. travail en entreprise (CISME), et A.
Desarmenien, président de l’AFIST DE LA CMT AU PRST, QUELLE
ont accueilli les participants en rap- ARTICULATION PAR L’IPRP ?
pelant le thème et le contexte de la J.S. Barbotin, SIST – Arve Mont-
journée. Blanc (74)
Avec la réforme de la santé au travail, À l’échelon local, la commission
la question de l’identité des interve- médico-technique (CMT), compo-
nants en prévention des risques pro- sée du directeur, de médecins du
fessionnels (IPRP) des SIST se pose. travail, d’IPRP, d’infirmiers en san-
Cette nouvelle loi impose le travail té au travail, d’assistants en santé
en pluridisciplinarité pour établir le au travail, est une instance d’orien-
tation des actions de prévention. objectifs régionaux dans le CPOM. et de prévention dans les entreprises
Son rôle est d’élaborer le projet Seul bémol, les priorités de service ou les organisations publiques ou
pluriannuel de service qui devient ne sont pas toujours en phase avec privées, que cela soit à plein temps
ainsi un élément déterminant de celles de la région selon les SIST. ou bien à temps partiel. Dans ce sens
l’activité et de l’organisation des Lors de la mise en œuvre du PRST 1 les ergonomes, les médecins du tra-
SIST. Les contrats pluriannuels en Rhône-Alpes, les IPRP partici- vail, les inspecteurs du travail ne sont
d’objectifs et de moyens (CPOM) pant aux comités techniques ont pas des préventeurs mais des acteurs
sont signés sur la base de ce projet connu des problèmes d’agenda de la prévention. Nous distinguons
de service entre les SIST, la Caisse (délais trop courts, manque de dis- aussi les préventeurs institutionnels,
d'assurance retraite et de la santé ponibilité) et d’accès aux informa- qui sont des préventeurs œuvrant
au travail (CARSAT) et la Direc- tions. Ces dernières étaient relayées dans des institutions de prévention
tion régionale des entreprises, par le médecin inspecteur régional (CARSAT, Mutualité sociale agricole,
de la concurrence, de la consom- du travail aux 700 médecins du tra- Organisme professionnel de pré-
mation, du travail et de l'emploi vail de Rhône-Alpes, mais les IPRP vention du bâtiment et des travaux
(DIRECCTE). Les IPRP, en tant que n’en n’étaient pas destinataires. publics…). »
membres de la CMT, sont une Des pistes d’amélioration sont Les préventeurs ont des objectifs
force de propositions émanant de proposées : appui de réseaux régio- communs, mais peut-on parler
groupes de travail en vue de réa- naux d’IPRP, présence d’IPRP ou de d’un groupe professionnel ? Pour
liser des actions collectives. À ce représentants aux diverses sociétés certains, l’étiquette IPRP n’a pas
titre, ils participent à l’élaboration de médecine du travail … d’importance, ce qui guide leur pra-
de la politique de prévention des La réforme inscrit l’action des SIST tique, c’est leur métier et non cette
services interentreprises de santé dans la politique de santé au tra- habilitation.
au travail (SIST) et contribuent aux vail, définie au niveau national Quel type de relations profes-
actions de prévention. dans le cadre du Conseil d’orien- sionnelles peut s’établir entre les
À l’échelon régional, le Comi- tation sur les conditions de travail médecins du travail, les infirmiers,
té régional de prévention des (COCT) et déclinée au niveau régio- les IPRP, les ingénieurs et techni-
risques professionnels (CRPRP) se nal par les CRPRP et le PRST. Dans ciens sécurité, et les CHSCT et les
compose du préfet de région, de ce contexte, les IPRP sont des ac- institutions (CARSAT, DIRECCTE,
représentants d’administrations teurs en santé au travail au même OPPBTP…) ?
régionales de l’État (DIRECCTE…), titre que les médecins du travail. Il Les résultats de l’« étude des moda-
de représentants de salariés, de re- manque toutefois des personnes- lités de coopération et de coordi-
présentants d’employeurs, d’orga- relais, à l’image des médecins nation des actions et des acteurs
nismes régionaux d’expertise et de inspecteurs régionaux du travail, de la prévention des risques pro-
prévention (CARSAT…), d’experts interlocuteurs des médecins du fessionnels dans les entreprises du
scientifiques ou techniques (mé- travail. Les IPRP font du reporting Nord-Pas-de-Calais » [Frimat, 2012*]
decins, IPRP…). C’est un organisme de terrain et contribuent à l’amé- * FRIMAT P, donne un éclairage sur l’organisa-
consultatif, une instance de dia- lioration de la connaissance en ROQUET P - Étude tion et la place de chacun dans les
logue et d’échanges, de coordina- santé au travail. des modalités de équipes de santé au travail.
tion des actions de prévention, un coopération et Les médecins du travail interrogés
de coordination
relais de la politique nationale de LÉGITIMITÉ ET CRÉDIBILITÉ DES dans l’étude déplorent le manque
des actions et
prévention. Ce comité contribue à INTERVENANTS EN PRÉVENTION : des acteurs de de temps consacré à la prévention
la politique régionale de préven- RÉSULTATS DE RECHERCHES MENÉES la prévention primaire dans leur activité, leur
tion et donne un avis sur le Plan EN NORD-PAS-DE-CALAIS des risques cœur de métier. Ils ne sont pas
régional de santé au travail (PRST) : J. Kubiak, université Versailles professionnels fermés à l’idée de changement
dans les
objectifs, actions et moyens, en co- Saint-Quentin (78) dans leur service, mais ont du mal
entreprises du
hérence avec les axes prioritaires Pour la première fois en 1960, Caloni Nord – Pas-de- à considérer qu’ils peuvent délé-
de prévention (troubles musculos- définit le préventeur comme « celui Calais. 2012 guer ou partager certains aspects
quelettiques – TMS –, risques psy- qui fait de la prévention son occupa- de leur métier. Un langage com-
chosociaux…) du Plan de santé au tion essentielle ». En 2004, Garrigou mun et des formations adaptées
travail (PST). La participation des élargit la définition : « par préven- sont nécessaires. Les infirmier(e)s
IPRP à l’élaboration du PRST per- teurs, il faut entendre des personnes craignent que leur compétences au
met une meilleure intégration des en charge des questions de sécurité sein de l’entreprise, par leur proxi-
bien-être des travailleurs ? L’orateur méthode de dépistage DÉPARIS en prévention, des assistantes et
fait d’ailleurs remarquer que le mot (dépistage participatif des risques) » infirmières en santé au travail. Les
« salarié » avait été rarement pro- explique en détail une démarche qui résultats de ce travail de fond plu-
noncé depuis le début du colloque. vise à donner un sens au travail des riprofessionnel sont très encoura-
Pour rappel, en 1947, l’Organisation ** Statégie Sobane et uns et des autres.** geants, avec de plus en plus de solli-
mondiale de la santé (OMS) a défini guide de dépistage citations de la part des entreprises.
la santé comme un état complet de Déparis : Pour J.C. Beyssier, il est nécessaire
www.deparisnet.be
bien-être physique, mental et social, de sortir du traitement du risque
ne consistant pas seulement en une INTERVENANTS EN ou de la « demande », pour se for-
absence de maladie ou d’infirmité. PRÉVENTION : QUELLE mer aux besoins en prévention.
Pour l’orateur, l’évaluation des IDENTITÉ POSSIBLE AU Les pratiques de chacun doivent
risques doit être différenciée de leur TRAVERS DE DISCIPLINES évoluer. Un travail d’organisa-
prévention. En favorisant des me- ET D’APPROCHES AUSSI tion interne, une articulation des
sures qualitatives au détriment des VARIÉES ? compétences et des missions est
mesures quantitatives, cette nou- nécessaire au sein des services.
velle approche de la santé au travail DES BESOINS À L’ACTION : DES CHOIX Les principales difficultés restent
permet davantage de répondre aux D’ORGANISATION ET D’ORIENTATIONS de faire partager ces orientations
risques croissants actuels : TMS, J.C. Beyssier, AGEMETRA/AST par tous et de faire comprendre
stress, insatisfaction au travail… La Grand Lyon (69) et accepter l’organisation. Une
globalité des problèmes, dans le L'AGEMETRA compte 20 000 adhé- crise d’identité existe au sein des
contexte général de la situation de rents dans tous les secteurs d'acti- services entre médecins du tra-
travail est ainsi prise en compte. vités. Elle suit 230 000 salariés sur vail et IPRP, lesquels font état d’un
L’organisation de la complémenta- 34 centres médicaux répartis dans le manque de reconnaissance. La
rité des compétences est à mettre département du Rhône. L’AST Grand question du niveau de la forma-
en place, avec la pluridisciplinarité, Lyon compte 14 500 adhérents et tion médicale des infirmier(e)s se
l’interdisciplinarité et la transdisci- assure le suivi de 205 000 salariés pose également, face à la raréfac-
plinarité. Dans une approche par- sur 23 centres répartis sur Lyon tion des médecins du travail.
ticipative, les salariés, acteurs de la et la proche agglomération. Dans En conclusion, l’intervenant met en
prévention, et leur encadrement cette région, ce sont surtout les avant l’« énorme » besoin de coor-
direct discutent de leurs conditions grosses entreprises qui sollicitent dination et d’animation dans les
de vie au travail et recherchent en- le service, ayant une dynamique de services, entre les services et avec
semble des mesures d’amélioration. prévention propre (connaissance les autres institutionnels, pour par-
L’IPRP devient alors un partenaire des besoins, CHSCT…). Les très nom- venir à une action collective.
et n’est plus considéré comme un breuses petites entreprises ont de
gêneur. Dans la mise en place d’une réels besoins mais restent difficiles NORMANDIST : ORIGINES ET
nouvelle stratégie d’amélioration à atteindre, faute de moyens, de FONCTIONNEMENT DU RÉSEAU
des situations de travail, en pensant temps ou de connaissances. Face à NORMAND DES INTERVENANTS
« pourquoi » et « comment » et non une telle diversité, une offre homo- EN SANTÉ AU TRAVAIL
pas « combien », travailleurs, pré- gène est compliquée. B. Queval, président de
venteurs, experts coordonnent leurs Un travail d’adaptation aux spé- NormandIST. SANTRA PLUS (76)
interventions le plus rapidement, cificités des adhérents a été mis En 2006, le réseau IPRP Norman-
efficacement et économiquement en place pour aller chercher les die regroupe la Haute-Normandie
possible. Des méthodes applicables non-demandeurs par le biais des et la Basse-Normandie, mais, faute
pour les PME et non seulement branches professionnelles et en d’une réelle structure, ses actions
pour les grandes entreprises sont proposant des services d’accompa- sont limitées. NormandIST naît
à développer. En intégrant l’entre- gnement d’entreprise à la préven- d’une réflexion de groupe qui, en
prise au quotidien, l’IPRP change tion, en particulier aux TPE-PME. 2010, apporte un regard pluridis-
d’image en contribuant aussi à son Pour cela, des intervenants aux ciplinaire sur les problématiques
développement et l’on peut parler compétences diversifiées ont été de santé au travail. L’objectif est
de bénéfices. recrutés : des spécialistes (ergo- alors de partager et de capitaliser
La « Stratégie SOBANE (dépistage, nomes, ingénieurs en toxicologie, compétences, techniques et expé-
observation, analyse, expertise) et psychologues…), des conseillers riences, de favoriser la circulation
CONCLUSION