Vous êtes sur la page 1sur 6

TD 195

SUIVI POUR VOUS

Rôle et place des IPRP exerçant


au sein de SIST : quelles
évolutions depuis la réforme
de 2004, quelles perspectives
suite à la réforme de 2011 ?
Journée nationale des intervenants en prévention des risques
professionnels (IPRP). Paris, 7 décembre 2012

en AUTEUR :
résumé A. Schaller, département Études et assistance médicales, INRS

C
MOTS CLÉS
Les intervenants en projet de service. La notion d’équipe
Pluridisciplinarité /
prévention des risques santé au travail / est renforcée et les actions sont à
professionnels (IPRP) sont IPRP (intervenant mener par priorité. Quelles contri-
directement impactés par en prévention butions pour les IPRP, s’agissant d’un
la réforme des services de des risques ette journée était label et non d’un métier ? Quels sont
professionnels)
santé au travail. Dans cette organisée par l’Association fran- les enjeux ? Quelles compétences ?
organisation des services en çaise des intervenants en santé Comment collaborer ?
équipes pluridisciplinaires, au travail (AFIST) et portée par un
les IPRP participent à comité issu du groupe régional
l’élaboration des projets de des intervenants en prévention de
service et à la mise en place Bourgogne - Franche-Comté. QUELLES IMPLICATIONS
des contrats pluriannuels F. Blanchard, ingénieur conseil ré- POUR LES INTERVENANTS
d’objectifs et de moyens gional, responsable de la Direction EN PRÉVENTION
conclus avec les DIRECCTE régionale des risques professionnels DANS L’ÉLABORATION
et les CARSAT. Des exemples de la Caisse régionale d’assurance DES PROJETS DE
régionaux d'organisations maladie d’Ile-de-France (CRAMIF), SERVICES ET DANS LES
de la pluridisciplinarité et de M. Brun, directeur du Centre inter- CONTRACTUALISATIONS
réseaux ont été présentés lors services de santé et de médecine du AVEC LES PARTENAIRES ?
de cette journée nationale. travail en entreprise (CISME), et A.
Desarmenien, président de l’AFIST DE LA CMT AU PRST, QUELLE
ont accueilli les participants en rap- ARTICULATION PAR L’IPRP ?
pelant le thème et le contexte de la J.S. Barbotin, SIST – Arve Mont-
journée. Blanc (74)
Avec la réforme de la santé au travail, À l’échelon local, la commission
la question de l’identité des interve- médico-technique (CMT), compo-
nants en prévention des risques pro- sée du directeur, de médecins du
fessionnels (IPRP) des SIST se pose. travail, d’IPRP, d’infirmiers en san-
Cette nouvelle loi impose le travail té au travail, d’assistants en santé
en pluridisciplinarité pour établir le au travail, est une instance d’orien-

MARS 2013 — RÉFÉRENCES EN SANTÉ AU TRAVAIL — N° 133 101


SUIVI POUR VOUS
Rôle et place des IPRP exerçant au sein de SIST :
Quelles évolutions depuis la réforme de 2004,
quelles perspectives suite à la réforme de 2011 ?

tation des actions de prévention. objectifs régionaux dans le CPOM. et de prévention dans les entreprises
Son rôle est d’élaborer le projet Seul bémol, les priorités de service ou les organisations publiques ou
pluriannuel de service qui devient ne sont pas toujours en phase avec privées, que cela soit à plein temps
ainsi un élément déterminant de celles de la région selon les SIST. ou bien à temps partiel. Dans ce sens
l’activité et de l’organisation des Lors de la mise en œuvre du PRST 1 les ergonomes, les médecins du tra-
SIST. Les contrats pluriannuels en Rhône-Alpes, les IPRP partici- vail, les inspecteurs du travail ne sont
d’objectifs et de moyens (CPOM) pant aux comités techniques ont pas des préventeurs mais des acteurs
sont signés sur la base de ce projet connu des problèmes d’agenda de la prévention. Nous distinguons
de service entre les SIST, la Caisse (délais trop courts, manque de dis- aussi les préventeurs institutionnels,
d'assurance retraite et de la santé ponibilité) et d’accès aux informa- qui sont des préventeurs œuvrant
au travail (CARSAT) et la Direc- tions. Ces dernières étaient relayées dans des institutions de prévention
tion régionale des entreprises, par le médecin inspecteur régional (CARSAT, Mutualité sociale agricole,
de la concurrence, de la consom- du travail aux 700 médecins du tra- Organisme professionnel de pré-
mation, du travail et de l'emploi vail de Rhône-Alpes, mais les IPRP vention du bâtiment et des travaux
(DIRECCTE). Les IPRP, en tant que n’en n’étaient pas destinataires. publics…). »
membres de la CMT, sont une Des pistes d’amélioration sont Les préventeurs ont des objectifs
force de propositions émanant de proposées : appui de réseaux régio- communs, mais peut-on parler
groupes de travail en vue de réa- naux d’IPRP, présence d’IPRP ou de d’un groupe professionnel ? Pour
liser des actions collectives. À ce représentants aux diverses sociétés certains, l’étiquette IPRP n’a pas
titre, ils participent à l’élaboration de médecine du travail … d’importance, ce qui guide leur pra-
de la politique de prévention des La réforme inscrit l’action des SIST tique, c’est leur métier et non cette
services interentreprises de santé dans la politique de santé au tra- habilitation.
au travail (SIST) et contribuent aux vail, définie au niveau national Quel type de relations profes-
actions de prévention. dans le cadre du Conseil d’orien- sionnelles peut s’établir entre les
À l’échelon régional, le Comi- tation sur les conditions de travail médecins du travail, les infirmiers,
té régional de prévention des (COCT) et déclinée au niveau régio- les IPRP, les ingénieurs et techni-
risques professionnels (CRPRP) se nal par les CRPRP et le PRST. Dans ciens sécurité, et les CHSCT et les
compose du préfet de région, de ce contexte, les IPRP sont des ac- institutions (CARSAT, DIRECCTE,
représentants d’administrations teurs en santé au travail au même OPPBTP…) ?
régionales de l’État (DIRECCTE…), titre que les médecins du travail. Il Les résultats de l’« étude des moda-
de représentants de salariés, de re- manque toutefois des personnes- lités de coopération et de coordi-
présentants d’employeurs, d’orga- relais, à l’image des médecins nation des actions et des acteurs
nismes régionaux d’expertise et de inspecteurs régionaux du travail, de la prévention des risques pro-
prévention (CARSAT…), d’experts interlocuteurs des médecins du fessionnels dans les entreprises du
scientifiques ou techniques (mé- travail. Les IPRP font du reporting Nord-Pas-de-Calais » [Frimat, 2012*]
decins, IPRP…). C’est un organisme de terrain et contribuent à l’amé- * FRIMAT P, donne un éclairage sur l’organisa-
consultatif, une instance de dia- lioration de la connaissance en ROQUET P - Étude tion et la place de chacun dans les
logue et d’échanges, de coordina- santé au travail. des modalités de équipes de santé au travail.
tion des actions de prévention, un coopération et Les médecins du travail interrogés
de coordination
relais de la politique nationale de LÉGITIMITÉ ET CRÉDIBILITÉ DES dans l’étude déplorent le manque
des actions et
prévention. Ce comité contribue à INTERVENANTS EN PRÉVENTION : des acteurs de de temps consacré à la prévention
la politique régionale de préven- RÉSULTATS DE RECHERCHES MENÉES la prévention primaire dans leur activité, leur
tion et donne un avis sur le Plan EN NORD-PAS-DE-CALAIS des risques cœur de métier. Ils ne sont pas
régional de santé au travail (PRST) : J. Kubiak, université Versailles professionnels fermés à l’idée de changement
dans les
objectifs, actions et moyens, en co- Saint-Quentin (78) dans leur service, mais ont du mal
entreprises du
hérence avec les axes prioritaires Pour la première fois en 1960, Caloni Nord – Pas-de- à considérer qu’ils peuvent délé-
de prévention (troubles musculos- définit le préventeur comme « celui Calais. 2012 guer ou partager certains aspects
quelettiques – TMS –, risques psy- qui fait de la prévention son occupa- de leur métier. Un langage com-
chosociaux…) du Plan de santé au tion essentielle ». En 2004, Garrigou mun et des formations adaptées
travail (PST). La participation des élargit la définition : « par préven- sont nécessaires. Les infirmier(e)s
IPRP à l’élaboration du PRST per- teurs, il faut entendre des personnes craignent que leur compétences au
met une meilleure intégration des en charge des questions de sécurité sein de l’entreprise, par leur proxi-

102 N° 133— RÉFÉRENCES EN SANTÉ AU TRAVAIL — MARS 2013


mité avec le milieu de travail et les dicales autonomes et à l’embauche OUn directeur de SIST regrette que
salariés, disparaissent au profit de de médecins étrangers. Cette orga- ce soit le législateur qui oblige à
tâches standardisées et déconnec- nisation pluridisciplinaire a modifié répondre aux besoins d’une entre-
tées du travail. En revanche, ne plus la responsabilité hiérarchique du prise.
travailler de manière isolée mais médecin du travail ainsi que la place OAujourd’hui, le service fonctionne
au sein d’une équipe pluridiscipli- et l’action de chacun des acteurs. comme une entreprise et son direc-
naire est apprécié. Les médecins du De nouvelles opportunités se sont teur doit dynamiser l’action collec-
travail déclarent évaluer les risques ouvertes aux IPRP qui, depuis, par- tive.
en collaboration avec les IPRP. Mais ticipent fortement à la démarche O La dimension collective de la
pour ces derniers, une relation de de prévention. Ils interviennent sur prestation du service de santé au
subordination existe. La coordina- demande du médecin ou de l’entre- travail s’est accrue.
tion des actions de prévention par prise en fonction de leur domaine OLa qualité de la conduite de projet
le chef d’entreprise leur semble de compétences : aide à l’évaluation dépend des compétences des IPRP
plus légitime. des risques, ergonomie, mesures et à passer du champ de la gestion à
En conclusion pour J. Kubiak, la prélèvements, risques psychoso- celui du mode projet.
coordination des actions et la coo- ciaux, aide à la démarche pénibilité, ODe façon générale, plusieurs IPRP
pération des acteurs de prévention formations… ont témoigné pour exprimer qu’ils
passent par une recomposition Le rôle de chacun est devenu clair, s’estimaient encore insuffisam-
des territoires professionnels : une les relations avec les médecins ment formés au travail en pluridis-
interdépendance, un partage du sont transparentes. Ils travaillent ciplinarité.
territoire commun, une sorte de en réelle complémentarité et le
« donnant/donnant » profession- rôle des IPRP est valorisé en tant STRATÉGIE D’INTERVENTION EN BIEN-
nel. Un phénomène d’« hybrida- qu’experts. Ils apportent une visibi- ÊTRE AU TRAVAIL
tion» des savoirs de la santé au tra- lité sur la prévention des entreprises J. Malchaire, unité Hygiène et
vail avec ceux venus de la sécurité nivernaises en connaissant leurs physiologie du travail, université
et de la gestion des risques est à besoins et leurs attentes. Quatre catholique de Louvain, Belgique
mettre en place. D'après E. Morin ans plus tard, 9 équipes médicales La démarche dite « classique » en
qui écrivait en 2011 : « Les disciplines autonomes couvrent l’ensemble du santé au travail est très souvent
doivent demeurer à la fois ouvertes département. En 2012, dans le cadre source de frustration, voire d’échec.
pour se nourrir de l’extérieur et enfer- de la réforme des SST et du projet de En effet, suite à un problème, un
mées pour exprimer leur identité ». service, une nouvelle CMT élargie a « spécialiste » est sollicité pour des
été constituée intégrant l’ensemble mesurages, des comparaisons aux
PROJET DE SERVICE : QUELLES des métiers avec la direction, le pré- valeurs limites, des propositions
OPPORTUNITÉS POUR LES IPRP ? sident et un représentant des parte- d’améliorations générales (EPI, for-
C. Lancelot, A. Gaillard, F. Lacour, naires sociaux. La forte participation mation…) qui aboutissent à un rap-
service interentreprises de santé et l’intégration au projet de service port plus ou moins long. L’employeur
au travail de la Nièvre (MTN) (58) des IPRP leur a permis de progresser le lit-il ? Des actions sont-elles me-
Ce service, créé en 1943, suit et de devenir ainsi acteurs dans une nées ? Le coût pour l’entreprise est-il
38 500 salariés, principalement du démarche structurée. pris en compte ?
secteur industriel (métallurgie, auto- Cette démarche, adaptée à une éva-
mobile, agroalimentaire, imprime- Dans les échanges avec la salle, luation ponctuelle ou spécifique,
rie, industrie du bois…), répartis sur des commentaires et témoignages répond à des situations de travail
6 grands bassins d’emplois ; 80 % à plusieurs niveaux ont été émis : critiques (fortes concentrations
des entreprises comptent moins de O L’entreprise est dorénavant plus de toxiques, niveaux de bruit très
10 salariés. présente dans la démarche de pré- élevés…). Mais dans ce cas, les tra-
En 2007, des postes sont vacants : vention grâce à la participation de vailleurs sont très rarement, voire
il n’y a plus de médecins du tra- la direction et des représentants de jamais consultés afin de rechercher
vail. Suite à des désaccords, la CMT salariés au CRPRP. des mesures d’amélioration.
démissionne et l’agrément du ser- O La dimension économique de Cette vision de la santé au travail
vice est perdu. Cette crise aboutit l’entreprise est à intégrer avant de reste trop légaliste et pas assez pré-
à la réorganisation du service, à la développer un projet, faute de créer ventive. S’agit-il d’éviter les sources
création des premières équipes mé- de la frustration. d’insatisfaction ou de contribuer au

MARS 2013 — RÉFÉRENCES EN SANTÉ AU TRAVAIL — N° 133 103


SUIVI POUR VOUS
Rôle et place des IPRP exerçant au sein de SIST :
Quelles évolutions depuis la réforme de 2004,
quelles perspectives suite à la réforme de 2011 ?

bien-être des travailleurs ? L’orateur méthode de dépistage DÉPARIS en prévention, des assistantes et
fait d’ailleurs remarquer que le mot (dépistage participatif des risques) » infirmières en santé au travail. Les
« salarié » avait été rarement pro- explique en détail une démarche qui résultats de ce travail de fond plu-
noncé depuis le début du colloque. vise à donner un sens au travail des riprofessionnel sont très encoura-
Pour rappel, en 1947, l’Organisation ** Statégie Sobane et uns et des autres.** geants, avec de plus en plus de solli-
mondiale de la santé (OMS) a défini guide de dépistage citations de la part des entreprises.
la santé comme un état complet de Déparis : Pour J.C. Beyssier, il est nécessaire
www.deparisnet.be
bien-être physique, mental et social, de sortir du traitement du risque
ne consistant pas seulement en une INTERVENANTS EN ou de la « demande », pour se for-
absence de maladie ou d’infirmité. PRÉVENTION : QUELLE mer aux besoins en prévention.
Pour l’orateur, l’évaluation des IDENTITÉ POSSIBLE AU Les pratiques de chacun doivent
risques doit être différenciée de leur TRAVERS DE DISCIPLINES évoluer. Un travail d’organisa-
prévention. En favorisant des me- ET D’APPROCHES AUSSI tion interne, une articulation des
sures qualitatives au détriment des VARIÉES ? compétences et des missions est
mesures quantitatives, cette nou- nécessaire au sein des services.
velle approche de la santé au travail DES BESOINS À L’ACTION : DES CHOIX Les principales difficultés restent
permet davantage de répondre aux D’ORGANISATION ET D’ORIENTATIONS de faire partager ces orientations
risques croissants actuels : TMS, J.C. Beyssier, AGEMETRA/AST par tous et de faire comprendre
stress, insatisfaction au travail… La Grand Lyon (69) et accepter l’organisation. Une
globalité des problèmes, dans le L'AGEMETRA compte 20 000 adhé- crise d’identité existe au sein des
contexte général de la situation de rents dans tous les secteurs d'acti- services entre médecins du tra-
travail est ainsi prise en compte. vités. Elle suit 230 000 salariés sur vail et IPRP, lesquels font état d’un
L’organisation de la complémenta- 34 centres médicaux répartis dans le manque de reconnaissance. La
rité des compétences est à mettre département du Rhône. L’AST Grand question du niveau de la forma-
en place, avec la pluridisciplinarité, Lyon compte 14 500 adhérents et tion médicale des infirmier(e)s se
l’interdisciplinarité et la transdisci- assure le suivi de 205 000 salariés pose également, face à la raréfac-
plinarité. Dans une approche par- sur 23 centres répartis sur Lyon tion des médecins du travail.
ticipative, les salariés, acteurs de la et la proche agglomération. Dans En conclusion, l’intervenant met en
prévention, et leur encadrement cette région, ce sont surtout les avant l’« énorme » besoin de coor-
direct discutent de leurs conditions grosses entreprises qui sollicitent dination et d’animation dans les
de vie au travail et recherchent en- le service, ayant une dynamique de services, entre les services et avec
semble des mesures d’amélioration. prévention propre (connaissance les autres institutionnels, pour par-
L’IPRP devient alors un partenaire des besoins, CHSCT…). Les très nom- venir à une action collective.
et n’est plus considéré comme un breuses petites entreprises ont de
gêneur. Dans la mise en place d’une réels besoins mais restent difficiles NORMANDIST : ORIGINES ET
nouvelle stratégie d’amélioration à atteindre, faute de moyens, de FONCTIONNEMENT DU RÉSEAU
des situations de travail, en pensant temps ou de connaissances. Face à NORMAND DES INTERVENANTS
« pourquoi » et « comment » et non une telle diversité, une offre homo- EN SANTÉ AU TRAVAIL
pas « combien », travailleurs, pré- gène est compliquée. B. Queval, président de
venteurs, experts coordonnent leurs Un travail d’adaptation aux spé- NormandIST. SANTRA PLUS (76)
interventions le plus rapidement, cificités des adhérents a été mis En 2006, le réseau IPRP Norman-
efficacement et économiquement en place pour aller chercher les die regroupe la Haute-Normandie
possible. Des méthodes applicables non-demandeurs par le biais des et la Basse-Normandie, mais, faute
pour les PME et non seulement branches professionnelles et en d’une réelle structure, ses actions
pour les grandes entreprises sont proposant des services d’accompa- sont limitées. NormandIST naît
à développer. En intégrant l’entre- gnement d’entreprise à la préven- d’une réflexion de groupe qui, en
prise au quotidien, l’IPRP change tion, en particulier aux TPE-PME. 2010, apporte un regard pluridis-
d’image en contribuant aussi à son Pour cela, des intervenants aux ciplinaire sur les problématiques
développement et l’on peut parler compétences diversifiées ont été de santé au travail. L’objectif est
de bénéfices. recrutés : des spécialistes (ergo- alors de partager et de capitaliser
La « Stratégie SOBANE (dépistage, nomes, ingénieurs en toxicologie, compétences, techniques et expé-
observation, analyse, expertise) et psychologues…), des conseillers riences, de favoriser la circulation

104 N° 133 — RÉFÉRENCES EN SANTÉ AU TRAVAIL — MARS 2013


des informations et d’être reconnu ORGANISATION DE LA tion de la demande, de mettre en
au niveau régional. PLURIDISCIPLINARITÉ AUTOUR place des outils pour faciliter leur
Le réseau est constitué d’un bureau, DU RISQUE CHIMIQUE travail et d’homogénéiser les ré-
de commissions professionnelles S. Martinez, Groupement ponses aux entreprises.
(Cpro) et de groupes projet. Le bu- interprofessionnel médico-social, Elle est composée de trois méde-
reau, composé d’un(e) président(e) GIMS (13) cins, d’une assistante en santé au
et de deux vices-président(e)s, re- Grâce à ces 11 centres, le Groupe- travail, d’une assistante risque
présente le réseau dans différentes ment interprofessionnel médico- chimique et d’un ingénieur risque
instances, entretient les liens avec social (GIMS) suit 130 000 salariés chimique. Trois niveaux d’inter-
les autres réseaux et les directeurs répartis dans 16 000 entreprises. vention par équipe permettent
des SIST et met en relation les IPRP En 2006, le service embauche deux d’identifier la toxicité, d’analy-
avec les groupes projet et les Cpro. ingénieurs polyvalents qui se spé- ser les risques et de réaliser des
C’est aussi le bureau qui diffuse cialisent dans le risque chimique enquêtes étiologiques (figure 1).
l’information, coordonne l’orga- en 2008. En 2010, deux assistantes À chacune des étapes, des docu-
nisation des réunions et alimente « risque chimique » sont recrutées ments sont produits pour mener
le site Internet (www.normandist. et une formation des assistants au plan d’actions. La CRC sert aussi
jimdo.com). Les Cpro, composées et des infirmiers en santé au tra- de relais avec la CMT et les parte-
de personnes de même spécialité vail est mise en place. En 2011, le naires externes au SIST.
(ergonomes, chimistes, psycho- besoin de coordonner l’ensemble « Dans cet exemple de mise en place
logues…), échangent leurs infor- des acteurs mène à la création de la de la pluridisciplinarité, il s’agit d’un
mations et leurs savoirs. Chaque commission risque chimique (CRC). voyage et non d’une destination…».
commission est autonome dans Celle-ci a pour but d’optimiser la Si une méthode, des protocoles et
son organisation. Des réunions plé- collaboration entre les différents des outils existent, il reste à chacun
nières permettent de présenter les membres de l’équipe pluridiscipli- à se les approprier.
activités des différentes commis- naire, de définir leur rôle en fonc-
sions, des groupes projet et de faire
le bilan du réseau. Dans ce cadre, ,Figure 1
des réunions de travail portant sur Le protocole d’intervention de la commission risque chimique du GIMS.
un ou deux thèmes, en lien avec
le PST, voire les PRST mais aussi Aide aux fiches de
les besoins des SIST, sont organi- État des lieux sur le Évaluation de la prévention des
Enquête étiologique
sées, en invitant des intervenants risque chimique maîtrise du risque expositions aux agents
chimiques dangereux
extérieurs (CARSAT, INRS…) et des
experts. Le bureau élargi avec un
représentant de chaque Cpro parti-
cipe au choix des thématiques et au
Diagnostic 1er niveau Équipe de proximité :
contenu des réunions, et contacte AST, IDEST
les intervenants extérieurs. Équipe d’expertise :
Ce fonctionnement transparent assistantes risque
chimique
permet des liens réguliers avec
Besoin Équipe d’expertise :
les directions des SIST et facilite la Oui
d’aller plus Diagnostic 2e niveau : ingénieurs risque
diffusion du calendrier annuel des loin ? Analyse des fiches de chimique
réunions et des ordres du jour. Ce- Non données de sécurité
pendant, la disparité des politiques
des SIST, une seule CARSAT mais Besoin
Oui Diagnostic 2e niveau :
d’aller plus
deux DIRECCTE, le besoin de temps Évaluation
loin ? de la maîtrise
et de volontaires pour animer le Non
réseau et le manque de moyens
financiers compliquent la mise en
œuvre des différentes actions. PLAN D’ACTION

MARS 2013 — RÉFÉRENCES EN SANTÉ AU TRAVAIL — N° 133 105


SUIVI POUR VOUS
Rôle et place des IPRP exerçant au sein de SIST :
Quelles évolutions depuis la réforme de 2004,
quelles perspectives suite à la réforme de 2011 ?

Toutes ces interventions ont ex- et impose l’équipe pluridiscipli-


primé une volonté forte de tra- naire dont les fonctions de chaque
vailler ensemble. À leur suite, la membre sont encore floues, ce qui
discussion s’est orientée autour peut désorienter les IPRP. La gou-
de plusieurs points relatifs au vernance des SIST doit mettre en
statut et à la reconnaissance des place une réflexion qui dépasse la
IPRP. Pour plusieurs intervenants, fonction particulière des IPRP pour
il y a nécessité de passer au-delà s’intéresser à leur capacité et leur
de la revendication d’un statut. méthode d’action. Des personnes
À l’exemple des « soignants », il travaillant ensemble peuvent se
faut préférer la « fonction », celle neutraliser si elles sont identiques,
de prévenir les risques profession- ou s’opposer si elles sont en concur-
nels, en mutualisant les connais- rence. L’aventure proposée au-
sances professionnelles. De même, jourd’hui est de créer de la valeur
la perte de la procédure d'habili- ajoutée grâce à la différence des
tation des IPRP, remplacée par un métiers, des origines et à leur com-
dispositif d'enregistrement auprès plémentarité, ce qui nécessite une
des DIRECCTE, pose un problème formation à travailler ensemble.
de reconnaissance et également
d’identification des IPRP au sein Dans ce changement profond
des SIST, puisque certains profes- de l’organisation des SIST, deux
sionnels (assistantes sociales, psy- notions sont très significatives :
chologues…) peuvent ne pas être la contractualisation des actions
enregistrés. Enfin, un recensement et leur priorisation. On parle de
serait nécessaire pour renforcer le missions, d’objectifs et de moyens
réseau sur un plan régional et afin en allant rechercher les besoins
d’établir un réseau national. Le sur le terrain. Au final, on ne doit
CISME, qui fédère et représente les pas s’arrêter à la sémantique mais
SIST depuis 60 ans, est facilitateur construire des projets ensemble,
dans ces échanges. la clé de l’action collective demeu-
rant la confiance.

CONCLUSION

Pr H. Seillan, groupe Préventique


H. Seillan salue l’esprit de re-
cherche qui a accompagné cette
première journée scientifique
consacrée aux IPRP. Il souligne
qu’il ne faut pas parler de pluri-
disciplinarité mais de pluricompé-
tences ou plurimétiers. Les deux
« mamelles » de la compétence sont
le savoir et l’expérience de terrain.
La compétence est spécifique à une
fonction. Il faut donc s’interroger
collectivement sur la fonction. En
1946, les médecins exerçaient seuls
toutes les fonctions. Aujourd’hui,
la réglementation parle de tâches

106 N° 133 — RÉFÉRENCES EN SANTÉ AU TRAVAIL — MARS 2013

Vous aimerez peut-être aussi