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SUIVI POUR VOUS TD 228

Journée nationale de l’AFISST *


Différentes formes d’intervention
en prévention
Paris, 4 décembre 2015

AUTEUR :
L. Petre, interne en santé au travail

en
résumé

conditions de travail (ARACT), les


L’objectif de cette journée MOTS CLÉS PARTENARIATS SIST & services interentreprises de santé
nationale de l’AFISST, organisée IPRP /
CPOM : CO-CONSTRUCTION au travail (SIST), les fédérations
autour du thème « Différentes pluridisciplinarité /
santé au travail EN ÎLE-DE-FRANCE. professionnelles et les syndicats.
formes d’intervention en
UNE DÉMARCHE La mission des SIST comporte plu-
prévention », était d’amener
OPÉRATIONNELLE POUR LES sieurs dimensions : la conduite
les intervenants en prévention
des risques professionnels TMS d’actions sur le terrain ; le conseil
(IPRP) à réfléchir sur leurs F. Lemire, Ingénieur conseil régio- auprès des employeurs, des salariés
pratiques pour partager les nal adjoint, Caisse régionale d’as- et de leurs représentants ; la sur-
connaissances associées. surance maladie d’Île-de-France veillance de l’état de santé des tra-
Les différents acteurs de (CRAMIF) vailleurs et le suivi de la traçabilité
l’équipe pluridisciplinaire L’enjeu majeur de la Convention des expositions professionnelles.
(médecin du travail animateur d’objectifs et de gestion entre l’État En Île-de-France, la co-construction
et coordonnateur d’une et la Sécurité sociale, branche Acci- des contrats pluriannuels d’objec-
équipe d’IPRP, toxicologue, dents du travail - maladies profes- tifs et de moyens (CPOM) a impliqué
ergonome, technicienne en
sionnelles, COG AT-MP, 2014-2017, les SIST, les services de la DIRECCTE
hygiène et sécurité (THS),
est de développer des partena- et de la CRAMIF. Les groupes de tra-
infirmière en santé au travail * AFISST :
(IST), hygiéniste du travail et riats afin de coordonner la pré- vail tripartites ont produit les socles
Association
psychologues du travail) ont française des vention en agissant directement communs de 6 thématiques priori-
mis en commun les bonnes intervenants en entreprise, en capitalisant les taires pour la région : la prévention
pratiques d'intervention en en prévention bonnes pratiques et en déployant de la désinsertion professionnelle
prévention pour une évolution des risques les messages de prévention. Dans (PDP), les risques psychosociaux
du rôle des IPRP dans le futur. professionnels
cet objectif, les partenaires de la (RPS), les troubles musculosque-
de services
interentreprises de CRAMIF sont notamment la Direc- lettiques (TMS), le risque routier, le
santé au travail tion régionale des entreprises, de la risque cancérogène, mutagène et
concurrence, de la consommation, reprotoxique (CMR) et les accidents
du travail et de l'emploi (DIRECCTE), du travail. Le CPOM, développé sur
l’Organisme professionnel de pré- une durée de 5 ans, inclut 3 volets
vention du bâtiment et des travaux de programmes d’actions : volet 1
publics (OPPBTP), l’Association à choisir parmi les 6 thématiques
régionale de l'amélioration des prioritaires, la PDP étant un sujet

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Journée nationale de l’AFISST
Différentes formes d'intervention
en prévention

obligatoire, volet 2 : au moins un travail ? Pour une transforma- travail en pluridisciplinarité est
programme spécifique au SIST et tion sociale ? Aider l’entreprise à nécessaire pour :
volet 3 : actions mutualisées (sur la prendre une décision ? Créer les O compléter les approches, les
base du volontariat). À la fin 2015, 18 conditions d’un changement ? … champs investigués ;
CPOM ont été signés en région Île- Une posture entre des postures. O prendre du recul, comparer des
de-France (recouvrant 2 610 000 L’intervenant, avec un regard ex- analyses, envisager des angles de
salariés, soit 82 % des salariés de la terne, réalise un travail d’analyse vue différents… ;
région). de la demande. Il repère les objec- O transférer à d’autres acteurs pour
Le programme TMS du CPOM défi- tifs attendus de l’intervention, les pérenniser les actions identifiées
nit comme priorité leur préven- motivations de chacun : s’agit-il pendant l’intervention.
tion, les objectifs étant d’engager d’asseoir une démarche de pré- Il s’agit d’une démarche pédago-
une dynamique de prévention en vention, de répondre à une obli- gique partagée entre les différents
entreprise, de développer des ac- gation réglementaire, de résoudre membres de l’équipe pluridisci-
tions collectives en pluridisciplina- un conflit ?… Cela pose très rapi- plinaire qui produit un socle com-
rité, de mutualiser les retours d’ex- dement la question de la posture mun. L’objectif pour l’intervenant,
périence et les bonnes pratiques. des acteurs de l’entreprise, leurs au bout du compte, est de pouvoir
La démarche opérationnelle de attentes vis-à-vis de cet interve- passer du « faire » au « faire-faire ».
prévention des TMS, ciblée au ni- nant externe, leur mobilisation au- Une évaluation des interventions.
veau des secteurs d’activité prio- tour du projet. Cela réclame, pour Évaluer, pour quoi faire ? Com-
ritaires, est de sensibiliser, d’aider l’intervenant, de bien définir son ment ? Avec qui ? Quels objets ?
et d’accompagner les entreprises champ, son registre d’intervention, L’évaluation de ces interventions
dans le repérage, l’évaluation des l’objet d’analyse et de transforma- serait-elle une façon de se profes-
risques et la mise en œuvre d’un tion. Par exemple, l’intervenant sionnaliser ? C’est autant de ques-
plan d’action propre à chaque en- peut être sollicité à partir d’indi- tions pour ouvrir le débat sur l’in-
treprise. Une action spécifique est cateurs qui seraient dans le rouge, térêt de cette étape qui peut à la
engagée au niveau national, ciblée d’une souffrance exprimée. Mais, fois servir les pratiques et donner
sur les entreprises les plus contri- au final, sur quels leviers s’appuie- à voir aux entreprises le chemin
butives en termes de maladies t-il pour transformer la situation : parcouru durant l’intervention.
professionnelles liées aux TMS, l’organisation, le fonctionnement
dénommée TMS Pros (https://tms- du collectif, le management ?
pros.fr). Une temporalité. Considérer le
contexte et l’histoire de l’interven- LA PLURIDISCIPLINARITÉ
tion : celle-ci s’inscrit dans un conti- EN SANTÉ AU TRAVAIL :
nuum (il y a un avant et un après). UNE RICHESSE POUR LA
QU’EST-CE QU’UNE La situation est le fruit d’un proces- PRÉVENTION
INTERVENTION EN sus, d’un système évolutif : est-ce S. Pironneau, médecin du travail,
PRÉVENTION ? que l’intervention se fait dans un pôle IPRP, MT2I
A.M. Gallet, Agence nationale contexte « à chaud » ou « à froid » Parler d’une action pluridiscipli-
pour l’amélioration des condi- (contentieux plus ou moins forts, naire en santé au travail fait appel
tions de travail (ANACT) personnes stigmatisées) ? à un objet et à des acteurs variés.
Plusieurs éléments sont à prendre L’intervenant inscrit son action L’objet est la « santé au travail »,
en compte lors d’une intervention dans la durée. Installer l’interven- objet complexe, qui appartient à
en prévention. tion nécessite de prendre le temps, tout le monde : employeur, salarié,
« Intervenir c’est “venir entre, venir de transmettre des savoir-faire préventeur, médecin du travail,
au milieu” mais c’est aussi “prendre en interne pour pérenniser les dé- instances de représentants du per-
part” ». Il y a toujours une idée de marches (objectif de transférabilité sonnel, État…
posture de médiation, de tiers, de compétences, méthode). L’intervenante met en exergue la
de facilitation ou d’animation Une méthode. D’autres compé- perception différente de chaque ac-
qui est sous-tendue, voire atten- tences que celles de l’intervenant teur sur la prévention des risques.
due. Prendre part : comment et peuvent être utiles : en santé, dans Il ne s’agit pas de savoir qui a la
sur quoi ? Sur l’analyse du travail, le domaine juridique, réglemen- bonne vision, mais de partager les
l’amélioration des conditions de taire… À lui de les identifier. Un différents points de vue pour enri-

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chir la représentation collective de fing, un suivi des effets et des indi- O niveau 2 « diagnostic-recomman-
la santé au travail et faire le choix cateurs et capitaliser sur le retour dation », intervention classique
d’une action commune. Une di- d’expérience. des IPRP, donnant lieu à un rapport
mension supplémentaire doit être étayé comprenant le diagnostic et
prise en compte : la vision de l’objet des préconisations techniques et/
évolue au fur et à mesure des ex- ou organisationnelles en lien avec
périences. Avant chaque action, il DÉFINITION DE NIVEAUX les risques identifiés (métrologie
faut donc interroger chaque acteur D’INTERVENTION DANS LA d’ambiance, étude-aménagement
sur la façon dont il voit la santé au DÉMARCHE DE PRÉVENTION d’un poste, prévention globale des
travail à ce moment-là, vis-à-vis de E. Bichon, ingénieur chimiste et A. RPS…) ;
cette action précise. Izing, ergonome, Action santé au O niveau 3 « accompagnement-pré-
Chaque acteur a un domaine de travail, Doubs (AST 25) vention », intervention qui s’inscrit
compétences, en rapport avec son D’après le Code du travail (art. sur un plus long terme, assurant
métier, qui peut aller d’interven- R. 4623-38), l’IPRP « assure des mis- un transfert de connaissances, un
tions très précises d’expertise à des sions de diagnostic, de conseil, d’ap- suivi et un accompagnement de
actions de pure communication. pui et d’accompagnement » auprès l’entreprise dans les démarches
Chaque acteur, selon sa personna- des entreprises. L’AST 25 est un SIST de prévention (par exemple, aide
lité, a sa zone de préférence, mais qui suit 6 200 entreprises et 65 000 à l’élaboration d’un cahier des
indépendamment de cela, en fonc- salariés. La problématique obser- charges pour l’intervention d’un
tion de la situation et de l’objectif vée au sein de ce service est liée à consultant). L’intérêt final de ce
recherché, il va choisir de se posi- l’élargissement de l’équipe avec niveau est de permettre à l’entre-
tionner plutôt comme expert ou de nouvelles disciplines, d’autres prise de s’approprier la démarche
plutôt comme communiquant… intervenants et au développement de prévention, de traiter de façon
et faire appel à différents outils naturel des pratiques que cette autonome la gestion des risques
de travail qu’il a en sa possession. croissance a engendrées. Ces chan- et l’amélioration des conditions
C’est ce qui fait la richesse du mé- gements ont pu représenter une de travail, tout en représentant un
tier de chacun, qu’il est important source d’incompréhension des mé- gain de temps pour les IPRP (moins
de préserver. decins du travail et des entreprises d’interventions, organisation de
La difficulté du travail en pluridis- sur les missions des IPRP, ainsi que l’intervention par l’entreprise).
ciplinarité est de ne pas enfermer des problèmes de cohésion à l’inté- En conclusion, le processus et la
les autres acteurs, plus ou moins rieur même des équipes. En 2009, réflexion des IPRP sur la définition
connus, dans une demande d’in- un accord est trouvé qui porte sur des niveaux d’intervention a per-
tervention, à reproduire de façon l’idée de conserver une cohérence mis d’améliorer les pratiques au
répétitive au risque d’appauvrir de pratiques entre les disciplines. quotidien (aide à l’identification du
leur métier. En 2011, l’équipe ressent le besoin périmètre de l’intervention, évalua-
À partir de ces éléments, construire de prendre du recul et de réfléchir tion possible des temps et durées
une action pluridisciplinaire en sur l’organisation et les pratiques de l’intervention) et les relations
santé au travail, c’est : des IPRP. De cette réflexion a émer- dans le collectif.
O avant chaque action, prendre le gé, entre autres, le constat d’un par-
temps de partager le point de vue tage de « formes » d’intervention
de chacun des acteurs concernés quels que soient la discipline ou
sur la « santé au travail » pour l’intervenant. DE LA FICHE D’ENTREPRISE
identifier et définir ensemble la Les interventions sont réparties A U P L A N D ’A C T I O N
problématique qui sera traitée col- sur 3 niveaux qui partagent la CONCERTÉ : DE L’OBLIGATION
lectivement ; même démarche et les mêmes R ÉG L E M E N TA I R E À L A
Opermettre à chaque acteur de se objectifs : DÉMARCHE DE PRÉVENTION
positionner vis-à-vis de celle-ci et O niveau 1 « appui-conseil », inter- C. Herea, infirmière en santé au
de ce qu’il peut apporter ; vention courte, dans le but de dif- travail (IST) et E. Marguerite, tech-
O réaliser l’action, chacun appor- fuser des informations sur une thé- nicienne en hygiène et sécurité
tant sa contribution et conscient matique particulière (toxicologie, (THS), AMETIF
des autres autour de lui ; ergonomie, psychologie du travail, Le but de cette présentation était
O et, à la fin, effectuer un débrie- ambiance physique de travail…) ; de partager un retour d’expé-

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Différentes formes d'intervention
en prévention

rience concernant le changement une confrontation des visions. L’ob- naliser le pôle et d’avoir moins
de paradigme de la fiche d’entre- jectif atteint est la mise en place du d’interventions mais de meilleure
prise (FE) et de dépasser la forma- PAC qui coordonne une démarche qualité, en mettant l’accent sur
lité réglementaire pour l’amener de prévention entre l’entreprise et l’observation et la hiérarchisation
vers une démarche de prévention le SIST. des actions de prévention. Dans un
basée sur la co-construction d’un En conclusion, cette nouvelle ap- premier temps, une méthode d’ob-
plan d’action concerté (PAC) avec proche, qui va au-delà de la régle- servation « de base » est mise en
l’entreprise. La préparation du pro- mentation, a permis le croisement place. Elle s’appuie sur la méthode
jet d’intervention s’est articulée au- des visions complémentaires au des 5M (milieu, méthode, matériel,
tour de 3 étapes, sur une durée d’un sein du SIST, la création d’un par- matériaux, main d’œuvre), l’IPRP
an. L’équipe pluridisciplinaire (le tenariat dans une dynamique référent accompagne, en tuteur, les
médecin du travail, le responsable pérenne avec l’entreprise. La FE assistants mesurage bruit (AMB) et
du pôle prévention technique, le n’est plus l’objectif final, mais un AST en intervention. Deux guides
binôme IST/THS) a participé à la point de départ, un livrable parmi d’observation sont rédigés par et
première étape, la préparation de d’autres. pour les AST et les AMB, l’un por-
l’intervention, étape primordiale tant sur le comportement en obser-
qui permet d’expliquer le sujet à vation et l’autre sur les matériaux.
l’entreprise et d’évaluer son enga- La démarche de professionnalisa-
gement dans le projet. Cette pre- PRÉVENTION DU RISQUE tion a permis d’élargir le domaine
mière étape a permis de trouver un BRUIT : DU MESURAGE AU d’intervention : la maîtrise du bruit
mode de fonctionnement (à titre MAINTIEN DANS L’EMPLOI depuis la source jusqu’au récep-
d’une journée dédiée par mois) et J. Fortin, hygiéniste, AMIEM teur, la mise en œuvre d’actions
a donné naissance à une réflexion Le SIST AMIEM, qui couvre le dépar- d’information ou de sensibilisation
commune de l’équipe pluridiscipli- tement du Morbihan, compte un des opérateurs ou des encadrants,
naire sur la méthodologie de la FE. pôle médical et un département le développement des actions en
La deuxième étape, réalisation de de prévention des risques profes- lien avec le maintien dans l’emploi.
la FE, s’est construite sur les visites sionnels composé d’un pôle IPRP et Progressivement, ce dernier thème
de terrain dans les ateliers, une réu- assistants en santé au travail (AST), et l’insertion professionnelle sont
nion sur les risques psychosociaux d’un pôle prévention mal de dos et abordés au travers de demandes
(RPS) avec la participation d’une d’un pôle mesurage bruit. d’aménagement de poste (nouvelle
psychologue et 7 demi-journées À la création de ce dernier pôle, typologie) et en construisant des
de rédaction. Les visites de terrain, en 2007, les objectifs principaux liens avec les acteurs en place.
atelier par atelier, ont permis au étaient d’évaluer l’exposition au Ainsi, ce pôle se structure avec un
binôme IST/TSH de comprendre le bruit des salariés, de définir une fil rouge « la maîtrise du bruit », de
fonctionnement de l’entreprise, de surveillance médicale simple (SMS) son émission jusqu’à sa percep-
faire des observations en temps ou renforcée (SMR), mais aussi de tion.
réel et de recueillir le ressenti des répondre, le cas échéant, aux obli-
salariés sur les risques profes- gations réglementaires de l’adhé-
sionnels. Cette étape a permis la rent, de diversifier l’activité des
rédaction d’un document recen- assistants médicaux et d’apporter MISE EN PLACE D’UN ESPACE
sant les risques professionnels (y un service afin de compenser le DE TRAVAIL COLLABORATIF :
compris les RPS) et l’état de leur retard dans les visites. Les résultats L’EXEMPLE D’UNE ÉQUIPE
prise en compte effective. Plusieurs étaient cependant trop imprécis, DE PSYCHOLOGUES EN
réunions de l’équipe pluridiscipli- les situations de travail n’étaient SANTÉ AU TRAVAIL
naire ont été nécessaires pour faire pas toujours renseignées avec M.L. Pidet, D. Bruneau, ACMS
émerger la vision du SIST sur les be- ponctuellement un oubli d’élargir L'ACMS, SIST d'Île-de-France, pre-
soins de santé au travail de l’entre- à la diversité et à la variabilité de nant en charge 1 million de salariés,
prise. Lors de la troisième étape, la l’activité. Malgré un nombre d’in- compte une équipe de 12 psycholo-
co-construction du PAC, la FE a été terventions assez important, les gues du travail. Ceux-ci sont impli-
remise à l’employeur. La réunion rapports étaient hétérogènes sur le qués dans des interventions à ca-
de concertation entre le service de fond et sur la forme. De ce constat ractère collectif et de courte durée
santé et l’entreprise a donné lieu à est née la décision de profession- sur les risques psychosociaux, dans

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le but d’aider à l’élaboration du de conduire la réflexion pour la
document unique (DU), à la gestion POINT SUR LE préparation du rapport d’interven-
des situations de crise, aux sensibi- DÉVELOPPEMENT DE tion (dimension collective de l’éva-
lisations et à l’accompagnement de L’OUTIL D’ÉVALUATION luation), de questionner les choix
comités de pilotage… DES INTERVENTIONS EN méthodologiques et de révéler les
Ces interventions sont de deux PRÉVENTION DES RPS ET effets inattendus de l’intervention
types : en amont d’une mutation TMS (par exemple, la prise en compte
du travail pour éviter que celle-ci I. Mary Cheray, SMIA des dimensions psycho-organisa-
ne génère des RPS et en aval pour Une démarche d’évaluation des in- tionnelles du travail). Une réflexion
orchestrer la prise en charge des terventions en prévention des RPS est en cours entre les membres du
RPS qui n’ont pu être prévenus. et TMS a été constituée par l’INRS groupe « SIST » sur la manière dont
Le système français de santé au tra- avec l’ANACT. Elle donnera lieu à la le guide sera transmis et présenté
vail est passé d'une approche mé- publication d'un guide accompa- aux acteurs des SIST pour encoura-
dicale individualisée à un modèle gné d’une grille d’évaluation, pré- ger et favoriser son utilisation.
d'intervention pluridisciplinaire, vue courant 2016 sur les sites de
mêlant ainsi diverses conceptions l’ANACT et de l’INRS, et relayé par
du risque, de la santé et de la pré- l’AFISST. Ce guide a un but formatif
vention. Ce changement de para- (et non normatif), pour l’évaluation
digme, en lien avec les mutations et l’amélioration des pratiques.
du travail et la place de la santé Au-delà des thématiques RPS et
dans le modèle économique de l'en- TMS, ce guide est adaptable aux
treprise, amène à une réflexion sur interventions « complexes », quel
les pratiques. À cet effet, l’équipe que soit le modèle d’intervention.
de psychologues de l'ACMS a mis Un groupe métiers « SIST », porté
en place un espace de travail colla- par l’AFISST, composé de 14 inter-
boratif, animé par un intervenant venants (des ergonomes, des psy-
extérieur, qui lui permet de pen- chologues du travail, un médecin
ser ses interventions comme des du travail et un épidémiologiste), a
dispositifs associant différents ac- participé à la co-construction et à
teurs (médecins, employeurs, IPRP, l’expérimentation du guide.
salariés). Le dispositif est structuré Pour évaluer une intervention, l’in-
autour de 8 demi-journées par an tervenant va analyser et renseigner
,animées par un formateur, avec la grille d’évaluation sur le contexte,
un déroulement des séances en la préparation et la conduite de
3 temps : exposé d’un cas pratique, l’intervention et les effets atten-
discussion et capitalisation. Les ap- dus et inattendus de celle-ci. Dans
ports de cet espace réflexif portent un second temps, l’intervenant
sur une meilleure prise en compte va synthétiser son évaluation en
du contexte des interventions, une termes de pistes d’amélioration des
reconfiguration des stratégies d’in- pratiques en fonction du contexte
tervention, un développement des et des effets observés, et en termes
compétences au sein de l’équipe, la de pratiques à conserver. Ce guide
consolidation d’un dialogue pluri- permettra de mesurer, pour ces
disciplinaire et la protection de la interventions complexes, parfois
santé des intervenants. longues, « le chemin parcouru »,

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