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AUTEUR :
L. Petre, interne en santé au travail
en
résumé
obligatoire, volet 2 : au moins un travail ? Pour une transforma- travail en pluridisciplinarité est
programme spécifique au SIST et tion sociale ? Aider l’entreprise à nécessaire pour :
volet 3 : actions mutualisées (sur la prendre une décision ? Créer les O compléter les approches, les
base du volontariat). À la fin 2015, 18 conditions d’un changement ? … champs investigués ;
CPOM ont été signés en région Île- Une posture entre des postures. O prendre du recul, comparer des
de-France (recouvrant 2 610 000 L’intervenant, avec un regard ex- analyses, envisager des angles de
salariés, soit 82 % des salariés de la terne, réalise un travail d’analyse vue différents… ;
région). de la demande. Il repère les objec- O transférer à d’autres acteurs pour
Le programme TMS du CPOM défi- tifs attendus de l’intervention, les pérenniser les actions identifiées
nit comme priorité leur préven- motivations de chacun : s’agit-il pendant l’intervention.
tion, les objectifs étant d’engager d’asseoir une démarche de pré- Il s’agit d’une démarche pédago-
une dynamique de prévention en vention, de répondre à une obli- gique partagée entre les différents
entreprise, de développer des ac- gation réglementaire, de résoudre membres de l’équipe pluridisci-
tions collectives en pluridisciplina- un conflit ?… Cela pose très rapi- plinaire qui produit un socle com-
rité, de mutualiser les retours d’ex- dement la question de la posture mun. L’objectif pour l’intervenant,
périence et les bonnes pratiques. des acteurs de l’entreprise, leurs au bout du compte, est de pouvoir
La démarche opérationnelle de attentes vis-à-vis de cet interve- passer du « faire » au « faire-faire ».
prévention des TMS, ciblée au ni- nant externe, leur mobilisation au- Une évaluation des interventions.
veau des secteurs d’activité prio- tour du projet. Cela réclame, pour Évaluer, pour quoi faire ? Com-
ritaires, est de sensibiliser, d’aider l’intervenant, de bien définir son ment ? Avec qui ? Quels objets ?
et d’accompagner les entreprises champ, son registre d’intervention, L’évaluation de ces interventions
dans le repérage, l’évaluation des l’objet d’analyse et de transforma- serait-elle une façon de se profes-
risques et la mise en œuvre d’un tion. Par exemple, l’intervenant sionnaliser ? C’est autant de ques-
plan d’action propre à chaque en- peut être sollicité à partir d’indi- tions pour ouvrir le débat sur l’in-
treprise. Une action spécifique est cateurs qui seraient dans le rouge, térêt de cette étape qui peut à la
engagée au niveau national, ciblée d’une souffrance exprimée. Mais, fois servir les pratiques et donner
sur les entreprises les plus contri- au final, sur quels leviers s’appuie- à voir aux entreprises le chemin
butives en termes de maladies t-il pour transformer la situation : parcouru durant l’intervention.
professionnelles liées aux TMS, l’organisation, le fonctionnement
dénommée TMS Pros (https://tms- du collectif, le management ?
pros.fr). Une temporalité. Considérer le
contexte et l’histoire de l’interven- LA PLURIDISCIPLINARITÉ
tion : celle-ci s’inscrit dans un conti- EN SANTÉ AU TRAVAIL :
nuum (il y a un avant et un après). UNE RICHESSE POUR LA
QU’EST-CE QU’UNE La situation est le fruit d’un proces- PRÉVENTION
INTERVENTION EN sus, d’un système évolutif : est-ce S. Pironneau, médecin du travail,
PRÉVENTION ? que l’intervention se fait dans un pôle IPRP, MT2I
A.M. Gallet, Agence nationale contexte « à chaud » ou « à froid » Parler d’une action pluridiscipli-
pour l’amélioration des condi- (contentieux plus ou moins forts, naire en santé au travail fait appel
tions de travail (ANACT) personnes stigmatisées) ? à un objet et à des acteurs variés.
Plusieurs éléments sont à prendre L’intervenant inscrit son action L’objet est la « santé au travail »,
en compte lors d’une intervention dans la durée. Installer l’interven- objet complexe, qui appartient à
en prévention. tion nécessite de prendre le temps, tout le monde : employeur, salarié,
« Intervenir c’est “venir entre, venir de transmettre des savoir-faire préventeur, médecin du travail,
au milieu” mais c’est aussi “prendre en interne pour pérenniser les dé- instances de représentants du per-
part” ». Il y a toujours une idée de marches (objectif de transférabilité sonnel, État…
posture de médiation, de tiers, de compétences, méthode). L’intervenante met en exergue la
de facilitation ou d’animation Une méthode. D’autres compé- perception différente de chaque ac-
qui est sous-tendue, voire atten- tences que celles de l’intervenant teur sur la prévention des risques.
due. Prendre part : comment et peuvent être utiles : en santé, dans Il ne s’agit pas de savoir qui a la
sur quoi ? Sur l’analyse du travail, le domaine juridique, réglemen- bonne vision, mais de partager les
l’amélioration des conditions de taire… À lui de les identifier. Un différents points de vue pour enri-
rience concernant le changement une confrontation des visions. L’ob- naliser le pôle et d’avoir moins
de paradigme de la fiche d’entre- jectif atteint est la mise en place du d’interventions mais de meilleure
prise (FE) et de dépasser la forma- PAC qui coordonne une démarche qualité, en mettant l’accent sur
lité réglementaire pour l’amener de prévention entre l’entreprise et l’observation et la hiérarchisation
vers une démarche de prévention le SIST. des actions de prévention. Dans un
basée sur la co-construction d’un En conclusion, cette nouvelle ap- premier temps, une méthode d’ob-
plan d’action concerté (PAC) avec proche, qui va au-delà de la régle- servation « de base » est mise en
l’entreprise. La préparation du pro- mentation, a permis le croisement place. Elle s’appuie sur la méthode
jet d’intervention s’est articulée au- des visions complémentaires au des 5M (milieu, méthode, matériel,
tour de 3 étapes, sur une durée d’un sein du SIST, la création d’un par- matériaux, main d’œuvre), l’IPRP
an. L’équipe pluridisciplinaire (le tenariat dans une dynamique référent accompagne, en tuteur, les
médecin du travail, le responsable pérenne avec l’entreprise. La FE assistants mesurage bruit (AMB) et
du pôle prévention technique, le n’est plus l’objectif final, mais un AST en intervention. Deux guides
binôme IST/THS) a participé à la point de départ, un livrable parmi d’observation sont rédigés par et
première étape, la préparation de d’autres. pour les AST et les AMB, l’un por-
l’intervention, étape primordiale tant sur le comportement en obser-
qui permet d’expliquer le sujet à vation et l’autre sur les matériaux.
l’entreprise et d’évaluer son enga- La démarche de professionnalisa-
gement dans le projet. Cette pre- PRÉVENTION DU RISQUE tion a permis d’élargir le domaine
mière étape a permis de trouver un BRUIT : DU MESURAGE AU d’intervention : la maîtrise du bruit
mode de fonctionnement (à titre MAINTIEN DANS L’EMPLOI depuis la source jusqu’au récep-
d’une journée dédiée par mois) et J. Fortin, hygiéniste, AMIEM teur, la mise en œuvre d’actions
a donné naissance à une réflexion Le SIST AMIEM, qui couvre le dépar- d’information ou de sensibilisation
commune de l’équipe pluridiscipli- tement du Morbihan, compte un des opérateurs ou des encadrants,
naire sur la méthodologie de la FE. pôle médical et un département le développement des actions en
La deuxième étape, réalisation de de prévention des risques profes- lien avec le maintien dans l’emploi.
la FE, s’est construite sur les visites sionnels composé d’un pôle IPRP et Progressivement, ce dernier thème
de terrain dans les ateliers, une réu- assistants en santé au travail (AST), et l’insertion professionnelle sont
nion sur les risques psychosociaux d’un pôle prévention mal de dos et abordés au travers de demandes
(RPS) avec la participation d’une d’un pôle mesurage bruit. d’aménagement de poste (nouvelle
psychologue et 7 demi-journées À la création de ce dernier pôle, typologie) et en construisant des
de rédaction. Les visites de terrain, en 2007, les objectifs principaux liens avec les acteurs en place.
atelier par atelier, ont permis au étaient d’évaluer l’exposition au Ainsi, ce pôle se structure avec un
binôme IST/TSH de comprendre le bruit des salariés, de définir une fil rouge « la maîtrise du bruit », de
fonctionnement de l’entreprise, de surveillance médicale simple (SMS) son émission jusqu’à sa percep-
faire des observations en temps ou renforcée (SMR), mais aussi de tion.
réel et de recueillir le ressenti des répondre, le cas échéant, aux obli-
salariés sur les risques profes- gations réglementaires de l’adhé-
sionnels. Cette étape a permis la rent, de diversifier l’activité des
rédaction d’un document recen- assistants médicaux et d’apporter MISE EN PLACE D’UN ESPACE
sant les risques professionnels (y un service afin de compenser le DE TRAVAIL COLLABORATIF :
compris les RPS) et l’état de leur retard dans les visites. Les résultats L’EXEMPLE D’UNE ÉQUIPE
prise en compte effective. Plusieurs étaient cependant trop imprécis, DE PSYCHOLOGUES EN
réunions de l’équipe pluridiscipli- les situations de travail n’étaient SANTÉ AU TRAVAIL
naire ont été nécessaires pour faire pas toujours renseignées avec M.L. Pidet, D. Bruneau, ACMS
émerger la vision du SIST sur les be- ponctuellement un oubli d’élargir L'ACMS, SIST d'Île-de-France, pre-
soins de santé au travail de l’entre- à la diversité et à la variabilité de nant en charge 1 million de salariés,
prise. Lors de la troisième étape, la l’activité. Malgré un nombre d’in- compte une équipe de 12 psycholo-
co-construction du PAC, la FE a été terventions assez important, les gues du travail. Ceux-ci sont impli-
remise à l’employeur. La réunion rapports étaient hétérogènes sur le qués dans des interventions à ca-
de concertation entre le service de fond et sur la forme. De ce constat ractère collectif et de courte durée
santé et l’entreprise a donné lieu à est née la décision de profession- sur les risques psychosociaux, dans