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IL Y A 130 ANS, LA BATAILLE DE COTONOU

Quand Glèlè mourut en décembre 1889,


Béhanzin prit sa suite. Le nouveau roi ne voulait surtout
pas perdre de temps sur un dossier qui lui tenait
particulièrement à coeur, la location du village
Koutonou aux français par son père à ce qui équivalait à
20.000 CFA par an. Les termes du loyer lui semblaient
exagérément défavorables à son royaume. Il le faisait
savoir aux représentants français du vivant même de son
père.
Ceux-ci ne considéraient guère les récriminations du "
Vidaho" prince héritier du trône. Mais depuis un mois
qu'il a pris les rênes du pouvoir à Abomey, il remit
l'autorité de son royaume sur Cotonou en y nommant
des représentants.
Une location n'étant pas une cession ou une annexion,
Béhanzin ne comprenait pas pourquoi son
administration devrait laisser place à celle française sur
un village de Koutonou de plus en plus en verve grâce à
sa façade maritime. Les français accueillirent
froidement et avec méfiance ce redéploiement de
l'administration autochtone de Danhomè sur une cité
qu'ils convoitisent désormais ostensiblement en y faisant
débarquer des troupes.
Dans un contexte de tensions continues entre Béhanzin
et le lieutenant gouverneur Bayol, les autorités
Danhoméennes déployées à Cotonou sont arrêtées le 02
février 1890 pour avoir ouvertement protesté contre
l'occupation militaire et l'utilisation à des fins
belliqueuses de la cité maritime par la France.
Sous prétexte de leur expliquer les raisons de la
présence des troupes Françaises à Cotonou, les autorités
danhoméennes sont invitées au Comptoir (sis à Ganhi)
puis arrêtées et emprisonnées parce qu'elles auraient
distribué de la poudre à canon et des armes blanches aux
habitants de Koutonou pour défendre le village contre
l'occupation française en attendant l'arrivée des troupes
d'élites Dahoméennes depuis Abomey.
Béhanzin qui avait fait le rappel et la levée des troupes
depuis le 21 février, fut davantage en colère quand il
apprît que ses préfets avaient été arrêtés. Il décida à son
tour de riposter en faisant otage de 8 français à Ouidah
dont le révérend père Dorgère.
La guerre devint dès lors inévitable entre un Béhanzin
déterminé à sortir Cotonou des griffes d'un contrat
léonien de location, et les troupes françaises déployées
dans l'unique dessein d'arracher de force la cité
maritime à Abomey.
Le colonel Terillon attaqua à la lisière de Cotonou à
Cadjehoun les positions de Béhanzin tenues par un
régiment de 500 guerriers danxoméens qui étaient
l'avant-garde des troupes d'Abomey. Ce régiment
commandé par les chefs Béléhonmè, Banoupo ( une
femme amazone), Ahintonton contre-attaqua. L'issue du
combat se déssina très vite entre une armée super-
équipée dotée d'une puissante artillerie et une armée
certes audacieuse, volontaire mais mal équipée et
tactiquement sobre.
La France sortie victorieuse de cet affrontement, avait le
triomphe modeste. Les pertes qu'elle a subies malgré la
victoire sont importantes et elle est stupéfaite de
découvrir qu'en face il y a une véritable organisation
militaire dont le corps d'élite formé de femmes
guerrières, les Amazones, a plus que sidéré par sa
bravoure, son courage et sa ténacité au combat.
Et le combat de Cadjehoun ne serait qu'un accrochage
au vu de ce que préparait Béhanzin. Depuis quelques
jours en effet, attendaient deux mille guerriers
cantonnés autour d'Allada, deux mille autour de Ouidah
et une centaine vers les villages de Godomey et Zogbo
puis d'autre contingents postés au gué de l'ouémé pour
prendre Cotonou en tenaille.
Le 02 mars 1890, Béhanzin quitta Allada et établit son
camp à Godomey et de là, les guerriers de Danxomè se
rapprochèrent silencieusement de Cotonou.
Le lieutenant-gouverneur Jean Bayol disposant de
précieux renseignements sur l'ennemi se préparait aussi
au combat. Il mobilisa à cet effet près de 400 tirailleurs
sénégalais et d'une trentaine de soldats blancs dotés d'un
armement nettement supérieur à celui de l'armée de
Béhanzin, armement comprenant des pièces d'artillerie.
Dans la nuit du 03 au 04 mars 1890, sous une violente
tornade, l'armée Danhoméenne encercla Cotonou par
des régiments entiers d'Amazones encadrant les soldats.
Quand l'assaut fut donné, l'effet de surprise avait été
annihilé par un soldat français qui ne dormait pas et qui
donna l'alerte. Sous une pluie battante, une furieuse
bataille s'engagea. Surprise ! L'armée Danhoméenne qui
ne décrocha pas malgré les lourdes pertes, se montra
quelque peu à la hauteur d'une armée française de
métier. À la fin des combats, Jean Bayol écrira dans un
télégramme adressé à ses supérieurs à Paris : 《 Les
soldats Danhoméens ont montré une bravoure et un
acharnement inouïe au combat. Plus question de réduire
l'armée Danhoméenne dans l'immédiat, mieux valait
négocier.》
En effet, les Français étaient à la fois admiratifs et
inquiets de tels soldats qui méprisaient à tel point la
mort qu'ils continuaient à attaquer malgré les lourdes
pertes subies.
La bataille de Cotonou par son intensité ébranla
fortement les certitudes françaises et à la suite de celle-
ci, l'armée Danhoméenne se déploya en position
défensive sur tout Cotonou et les troupes françaises
constamment harcelées par les guerriers de Béhanzin
ont dû se replier sur Porto Novo que Béhanzin attaqua le
20 avril à Atchoukpa.
À Abomey, la bataille de Cotonou fut ressentie comme
la pire des défaites depuis Abéokuta malgré le fait que
des positions des troupes danxoméennes soient
désormais tenues sur le village à façade maritime et que
les français aient reculé pour conforter les leurs sur
Porto-Novo. Les pertes du côté de Béhanzin furent
considérables et il en tira un enseignement : ses troupes
manquent d'artillerie lourde ce qui fit la différence selon
ses chefs militaires.
Béhanzin se mit alors à l'idée de doter son armée de
canons de longue portée. Pour ce projet, il se rabattit sur
Ajavon, un riche commerçant établi à Ouidah qui avait
ses entrées en Europe. Celui-ci lui commanda via Accra
des canons en Allemagne. Béhanzin, dans l'attente de
livraison des précieuses armes lourdes, prépare encore
une fois la guerre....
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