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2021 édition


 LE THÈME

01 Pourquoi le
18 juillet 1936 ?
par José Javier Esparza

« EN TEMPS DE TROMPERIE UNIVERSELLE, DIRE LA VÉRITÉ


DEVIENT UN ACTE RÉVOLUTIONNAIRE » - GEORGES ORWELL

Les généraux Franco et Mola

L
(au centre) ’histoire de la guerre civile cette survie permet d’alimenter le
d’Espagne (1936-1339) fait feu de leur haine du moribond.
partie de ces histoires qui Peu importe, d’ailleurs, que ce
n’appartiennent pas encore à moribond soit mort, il faut faire
l’Histoire. Des hommes comme s’il ne l’était pas. Sa
s’acharnent sur elles, dans le mémoire, au moins, doit être
temps présent, comme des maintenue vivante, telle que la
héritiers s’acharneraient sur des haine l’a configurée, parce que
mourants, pour les empêcher de cette haine, elle, est à ce point
glisser dans le repos et la paix. Ils brûlante qu’elle ne se résoudrait
ont besoin de les faire survivre, pour rien au monde à mourir. La
fût-ce artificiellement, parce que haine est ici plus forte que la

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POURQUOI LE 18 JUILLET 1936 ?

mort et elle entend envahir le champ de l’Histoire, de propagande dans les écoles et les Universités, ni celui de
cette histoire en tout cas de la Guerre Civile espagnole, l’antichristianisme, car cette politique, qui ne peut renier
par une prétention et une mise en oeuvre forcenée qui l’intégralité de ses origines, s’accompagne d’une
confinent à la folie obsessionnelle. obsession à effacer les symboles chrétiens de l’espace

L e cas de l’histoire de la Guerre d’Espagne est public.


singulier en ceci que ceux qui s’octroient désormais L’instrument privilégié, hier comme aujourd’hui,
le droit exclusif de l’écrire en sont les Vaincus. C’est la demeure le Mensonge.
première histoire écrite par des Vaincus, ou des héritiers Il faut en particulier convaincre chaque citoyen, dès le
de Vaincus, pour d’autres Vaincus, ou pour la confusion berceau, que Franco fut un démon, qu’il fut responsable
mémorielle de ceux qui ne partagent pas leur de la Guerre civile, qu’il détruisit la démocratie et la
communion quasi-mystique dans le socialisme et ses République, qu’il fut un fasciste ennemi du peuple. Peu
avatars, passés ou présents. importe que tout cela soit faux, et peu importe qu’il ait
La haine qui résulte de la défaite d’hier est d’autant apporté à l’Espagne, quarante ans durant, une paix et
plus vive et pathétique pour ces héritiers de la défaite du une prospérité exceptionnelles en sa longue histoire. Si la
«  Sens de l’histoire  » qu’elle est objectivement sans gauche pouvait organiser dans chaque école, chaque
remède  : quoi qu’ils fassent, quoi qu’ils disent service public et chaque entreprise un «  quart d’heure  »
aujourd’hui, l’histoire est bien marquée par cette défaite de la haine, comme dans 1984, avec pour cible le portrait
indélébile. C’est d’ailleurs ce qui excite tant leur vindicte du Caudillo, elle le ferait avec enthousiasme.
car ce passé, sans retour, est pour eux un éternel présent. Il importe désormais de s’informer pour essayer, au
Cette histoire repose pourtant dans le temps, telle qu’elle travers des braises encore brûlantes des passions, de
fut écrite par le sang, les héroïsmes et les fureurs percevoir ce que furent les faits, quitte à revendiquer en
d’hommes qui ne sont plus de ce monde. C’est pourquoi cela d’être «  révolutionnaire  » au sens où l’entendait
le temps continué ne devrait être que celui de la raison, Orwell, personnellement instruit de ce que fut la Guerre
de la réconciliation et de la paix. d’Espagne, en brandissant l’étendard de la vérité au
Mais la haine ne se satisfait pas de cela. milieu du « mensonge universel ».
Les partis de gauche espagnols, inconsolables, ne
semblent respirer que pour l’alimenter, comme s’ils
avaient la nostalgie du sang et de la souffrance, avec
P our contribuer à contrer cette vague massive de
mensonge et de propagande, nous entreprenons ici
quelques publications, avec l’espoir qu’elles pourront au
peut-être le secret espoir de déclencher un nouveau moins aider à sortir, par un peu de curiosité, du
conflit dont, cette fois, ils pourraient sortir vainqueurs. A «  politiquement convenu  » - en ce domaine comme en
dire vrai, ce conflit est en cours. Impuissants à faire que tant d’autres où la liberté intellectuelle se trouve
l’histoire fût autre qu’elle ne fût, ces Républicains new condamnée.
look déploient leurs efforts à l’effacer des mémoires pour Nous commençons par un texte de M. José Javier
la réécrire en leur faveur. Staline revit en ces méthodes de Esparza, intitulé « 18 juillet 1936 : pourquoi ? », traduit de
purge mémorielle, dont on se surprend à observer l’Espagnol. Pourquoi cette Guerre d’Espagne a-t-elle
qu’elles n’éveillent que si peu de réactions en nos explosé ? L’auteur, journaliste, historien, a écrit de
sociétés supposément libérales. Il est vrai qu’elles sont de nombreux chroniques, livres, romans. Ce texte est un
mode dans tout le monde occidental, qui s’y abandonne article tiré du site espagnol La Gaceta.
avec délices.
Au service de ce révisionnisme, rien ne manque : ni le Patrick de Pontonx
concours de la loi, ni celui de la presse, ni celui de la

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 POURQUOI LE 18 JUILLET 1936 ?

POURQUOI Y EUT-IL UN 18 JUILLET 1936 ? Néanmoins, la propagande de la gauche, qui exagéra à


l’infini la répression gouvernementale contre les insurgés

S ans le soulèvement
de 1936, la guerre
civile qui a suivi et sa
[puis, aussitôt, l’insignifiant cas de corruption connu
comme «  marché noir  »], créa une atmosphère de
revanche absolument insupportable. L’instabilité des
victoire, Franco ne serait gouvernements successifs de centre-droit, harcelés par
passé à l’Histoire que l’hostilité du président de la République, Alcalá Zamora,
comme un militaire fit le reste. En novembre 1935 Alcalá Zamora provoqua
distingué de la guerre un changement de gouvernement, délogea la CEDA du
d’Afrique. Mais le 18 pouvoir, confia le cabinet à un homme de sa confiance,
juillet a eu lieu. Une Portela Valladares, et signa le décret de dissolution des
guerre a éclaté. Il l’a chambres du Parlement,
gagnée. De cette guerre provoquant ainsi la
est sortie un régime qui a convocation automatique
José Javier Esparza modifié pour toujours d’élections législatives. L’une
l’Histoire de l’Espagne. des premières décisions de
C ’ e s t p o u rq u o i i l e s t Portela fut d’éloigner de
indispensable de commencer notre examen de ce que fut Madrid les militaires qu’il
le franquisme par le commencement : pourquoi y at-il eu considérait peu fiables.
un 18 juillet 1936 ? Franco, par exemple, fut
envoyé aux Canaries. Alcalá
ACTE UN : OCTOBRE 1934 Zamora avait sans aucun
doute ses raisons. Persuadé

I l faut passer en revue dans le détail les événements


pour comprendre ce qui s’est passé. En octobre 1934,
la gauche –
que la droite ne partageait
pas son projet républicain
originaire, et également
fondamentalement le Parti convaincu que la gauche
Alcalá Zamora
Socialiste – et le reviendrait à la charge si la
séparatisme catalan avaient droite l’emportait à nouveau,
tenté un soulèvement il pensait être la seule garantie de stabilité. Son objectif
révolutionnaire contre le était de créer une grande force de centre qui calmerait
gouvernement de la les uns et les autres. Il a cependant certainement
République. L’excuse était surestimé ses propres capacités, parce que ce “centre”
l’entrée au gouvernement ne fut jamais une «  grande force ». De fait, elle allait
de la CEDA, le parti des sombrer dans l’insignifiance la plus absolue. Les élections
droites, qui était de février 1936 furent sa tombe.
Largo Caballero assurément celui qui avait
gagné les élections DES ÉLECTIONS MALHONNÊTES
précédentes, mais que la
pression de la gauche avait écarté jusqu’alors des
portefeuilles ministériels. Les socialistes, majoritairement
bolchévisés sous la direction de Largo Caballero,
L es élections de février 1936 furent tout sauf un
exemple de propreté démocratique. Le climat
général, pour commencer, était celui d’une irréversible
voulaient instaurer la dictature du prolétariat, et les crispation. La gauche formait un vaste bloc, le Front
séparatistes catalans, de leur côté, aspiraient à proclamer Populaire, allant des républicains d’Azaña à ce qui n’était
leur indépendance. Le coup d’État de la gauche a encore qu’un petit Parti Communiste, en passant,
échoué, bien qu’en certains lieux, comme les Asturies, il évidemment, par le Parti Socialiste Ouvrier Espagnol
ait donné lieu à une pré-guerre civile. Les représailles (PSOE), lequel était le grand parti de masse de la gauche.
politiques sur les dirigeants de ceux qui tentèrent ce La coalition comptait en outre sur le soutien exprès des
coup d’État furent minimes. Largo Caballero lui-même, anarchistes de la CNT. Azaña voyait ce bloc comme une «
instigateur principal du complot, ne fit qu’un an de prison conjonction républicaine » qui permettrait de maintenir la
et, une fois jugé, fut très étonnamment acquitté. droite éloignée du pouvoir et de mener à bien le projet

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POURQUOI LE 18 JUILLET 1936 ?

sorte de révolution française à l’espagnole. La gauche pas ce qui s’est passé. La


révolutionnaire consentirait-elle à rester en marge ? droite dénonça le vol de
Azaña paraissait persuadé que sa simple personne bulletins, mais ses plaintes ne
suffirait à conjurer tout danger. En outre, il misait sur la furent pas prises en compte, «
proximité de socialistes notables tels qu’Indalecio Prieto, faute de preuves ». En pleine
partisans d’une “révolution tourmente, le gouvernement
graduelle”. Cependant, de Portela, effrayé, résolut de
l’aile majoritaire du PSOE, confier le pouvoir à Azaña,
celle de Largo Caballero, c'est-à-dire aux vainqueurs du
voyait les choses de premier tour, de telle sorte
manière différente, car que le second tour des
pour elle la victoire élections – puisqu’il s’agissait
électorale n’était qu’un Manuel Azaña d’un système à deux tours –
passage obligé pour soit placé sous le contrôle de
instaurer la dictature du ceux-là même qui avaient falsifié
prolétariat. Il faut lire les
textes de Largo Caballero
lui-même et de son
journal, Claridad : le PSOE
d’alors rêvait ouvertement
d’une Espagne soviétique.
Indalecio Prieto La droite, de son côté, se
présentait aux élections
dans un état d’esprit qui
était partagé entre l’exaspération, la déception et la
peur. Après avoir été délibérément éloignée du pouvoir
– pourtant légitimement gagné – par des manœuvres de
palais, elle était confrontée à la dure constatation de ce
que ses voix avaient servi à bien peu de chose et, par
dessus tout, terrifiée par la volonté révolutionnaire sans
équivoque de la gauche.
Ses candidats aspiraient dès lors de plus en plus à des
solutions “d’ordre” et croyaient de moins en moins en la
République elle-même. Il n’y avait certainement pas de
projets des droites pour la IIe République. S’il y en avait
eu un, l’amère expérience de gouvernement l’avait
chassé pour toujours. Général Francisco Franco

Les élections furent gagnées par le Front Populaire.


Ce que personne ne peut dire, c’est qu’elles furent le premier. La propagande a grandement mythifié la
gagnées honnêtement. Les résultats du premier tour – en victoire électorale du Front Populaire en 1936, mais la
voix – ne furent jamais proclamés. De fait, le premier vérité est que ce fut, à proprement parler, une fraude
calcul relativement documenté du scrutin réel fut celui électorale.
que publia Tusell dans les années 1970 [un ballotage Que faisait Franco à ce moment-là ? Il allait ici et là. Il
donnant un léger avantage à la gauche], et encore ce apparaissait dans la vie publique, mais sans éclat. En
résultat est-il discutable. Le décompte des voix et 1936, Franco était un jeune général de 44 ans – il portait
l’attribution consécutive des sièges furent une foire ce grade depuis l’âge de 33 ans – qui éveillait les plus
d’empoigne à cause de la pression violente des piquets grands soupçons au sein du Front Populaire. Il avait été
de la gauche, qui adultérèrent les scrutins et attribuèrent gentilhomme de chambre du roi Alphonse XIII, qui
les sièges de députés à leur entourage. parraina même son mariage, ce qui faisait de lui un
Rien n’est plus éclairant que de lire les mémoires des monarchiste même s’il ne l’était pas d’une manière
intéressés eux-mêmes, d’Azaña à Prieto, qui ne cachent militante. Premier directeur de l’Académie Militaire de

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 POURQUOI LE 18 JUILLET 1936 ?

Saragosse – jusqu’à ce qu’Azaña la ferme – relégué de juin 1936, il y eut plus 300 assassinats politiques. Les
ensuite au commandement d’une brigade à La Corogne anarchistes l’avaient lancée des années auparavant, au
avant d’être dédommagé par une affectation aux cours du premier mandat d’Azaña. À présent les
Baléares, Franco entra de nouveau dans le cercle des socialistes se joignaient à l’orgie de coups de feu et
dirigeants militaires lorsque le gouvernement de Gil d’incendies. De l’autre côté, les phalangistes répliquaient.
Robles l’éleva au Et ce n’étaient pas les seuls, parce que le climat politique
rang de général de se détériorait très rapidement. Le gouvernement, devant
division et, bien plus, un tel spectacle, était débordé par les événements. Il
lorsque lui fut pouvait réprimer les droites, mais il lui était beaucoup
confiée la mission plus difficile de le faire pour les gauches, parce qu’en fin
d’étouffer la révolte de compte sa majorité parlementaire dépendait d’elles.
d’octobre 1934, ce Pour conjurer le climat de guerre civile et asseoir son
qu’il fit sous le propre pouvoir, Azaña et le socialiste Indalecio Prieto
commandement ourdirent une manœuvre plus ou moins légale qui passait
nominal d’un par le renversement d’Alcalá Zamora de la présidence de
militaire républicain la République, car ils se méfiaient de lui. Il se trouve que
et maçon, le général la loi ne permettait au président de dissoudre les Cortes
Gil Robles López Ochoa. que deux fois, la seconde devant être jugée par la
L’ a n n é e s u i v a n t e , chambre. Or Alcalá Zamora avait dissous les Cortes deux
Franco fut désigné chef d’État-Major de l’Armée, une fois : la première, pour former les constituants, et la
nomination qui le plaçait sans équivoque dans le champ seconde pour convoquer les élections de 1936 [c'est-à-
de la droite républicaine. C’est pourquoi dire pour porter la gauche au pouvoir].
il fut éloigné aux Canaries lorsqu’Alcalá Prieto et Azaña s’accrochèrent à cela
Zamora priva la droite de pouvoir. Le pour accuser le président d’avoir dissous
gouvernement du Front Populaire fit les Cortes sans justification. En réalité, il
rapidement la preuve de sa faiblesse. s’agissait d’un coup d’État légal.
Azaña forma un cabinet exclusivement L’objectif était qu’Azaña devienne
républicain, sans socialistes, car ceux-ci, président de la République et
en dépit de leur majorité parlementaire, qu’Indalecio Prieto devienne président
préférèrent se maintenir en marge des du gouvernement mais quelque chose
ministères. Par générosité ? En réalité, vint contrarier leurs plans : l’opposition
non. Il s’agissait plutôt pour eux de la fraction socialiste majoritaire, celle
d’achever dans les rues ce qu’ils de Largo Caballero, lequel ne voulait en
n’auraient pas pu faire dans l’exercice du aucun cas de Prieto au gouvernement.
pouvoir. Si Alcalá Zamora espérait Pourquoi ? À la fois à cause de l’ambition
pouvoir contrôler la gauche républicaine, de Largo, qui était allergique à toute
les faits démontrèrent qu’il s’était autorité qui ne fût pas la sienne, et à
gravement trompé. cause de la crainte de ce que Prieto ne
Casares Quiroga paralyse le processus révolutionnaire. Les
L’erreur d’Azaña ne fut pas moindre,
qui pensait de son côté pouvoir contrôler factions de Prieto et de Largo s’étaient
les socialistes. Un fait seulement : l’état d’urgence, affrontées à coup de feu pendant la
proclamé formellement par le gouvernement Portela campagne électorale. Ce n’est pas maintenant qu’ils
Valladares le 17 février 1936, fut ensuite prorogé, mois allaient faire la paix. Prieto resta sans récompense. C’était
après mois, par le gouvernement d’Azaña contre ce que en avril 1936. La direction du gouvernement finit par
le Front Populaire lui-même promettait dans son échoir à un homme d’Azaña, Casares Quiroga, sans
programme. énergie pour contrôler l’emballement des gauches. Bien
au contraire, toute sa volonté semblait mise à se gagner
LE PRINTEMPS TRAGIQUE la faveur des révolutionnaires. Le résultat fut une politique
absolument arbitraire. Franco fit les frais dans sa propre
Y avait-il des raisons de s’alarmer ? Oui. La violence chair d’un bon exemple de cette politique hémiplégique
était déjà maîtresse des rues. Entre les mois de février et lorsqu’il se présenta comme candidat aux élections

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POURQUOI LE 18 JUILLET 1936 ?

partielles de Cuenca. Dans cette exprimer son inquiétude devant la


province, la bagarre électorale de situation politique et sa
février avait laissé la circonscription préoccupation dans des domaines
sans représentant. Il fallut militaires. C’était une dernière
renouveler les élections et les cartouche. Casares n’a même pas
droites présentèrent une liste répondu.
“préventive” : elle était composée Le plan de Mola était prêt à la fin du
de José Antonio Primo de Rivera, printemps. Ce n’était pas un
afin qu’il sorte de prison, de “pronunciamiento” comme ceux du
Goicoechea, qui était le chef le plus 19e siècle, ni davantage un coup
connu des monarchistes de d’État “technique”, avec occupation
Renovación Española, et de Franco de centres de pouvoir, mais bien
lui-même. plutôt une sorte de marche militaire
À ce qu’il semble, Gil Robles, sur Madrid à partir des centres que
alors dans l’opposition, voulait José Antonio Primo de Rivera l’on espérait contrôler à la périphérie
l’attirer à Madrid et exhiber sa : Barcelone, Pampelune, la Galice,
présence aux Cortes en guise l’Andalousie, etc. Franco ne le voyait
d’avertissement. Le gouvernement s’opposa à la toujours pas clairement, mais l’effervescence dans les
candidature de Franco et le résultat final de ces élections rues et l’impuissance du gouvernement conduisaient à un
fut tout aussi frauduleux que celui des élections dénouement inéluctable.
générales. À ce stade, les Le 13 juillet 1936, des policiers
conspirations à l’intérieur de la d’obédience socialiste sortent de la
droite étaient déjà inévitables. caserne de Pontejos, à Madrid, pour
Et Franco ? Il se réunit avec les tuer les chefs de l’opposition.
uns et les autres, il participe avec Quelqu’un prévient Gil Robles à
Mola à une discrète assemblée de temps et il peut se sauver, mais la
généraux retraités, il maintient police localise Calvo Sotelo dans sa
également des contacts avec la maison, le fait monter dans un
CEDA, il rencontre même José fourgon et là lui tirent deux balles
Antonio Primo de Rivera [ils ne dans la tête.
s’entendirent absolument pas]. Mais « Cet attentat, c’est
Fernando la guerre
Sánchez Dragó », – dira
si quelque chose caractérise bien le chef socialiste Zugazagoitia
Franco à cette période, c’est son lorsque les propres auteurs du crime
extrême prudence. lui racontèrent ce qui était arrivé.
Beaucoup lui reprocheront alors C’était vrai.
son indécision et son manque de Ce jour, Franco cessa de douter. Le
courage, mais il ne s’agissait pas de soulèvement commença dans l’après-
cela. Pendant son étape de chef de midi du 17 juillet à Melilla.
Calvo Sotelo
l’État Major – Payne et Palacios ont
Le coup d’État proprement dit
très bien documenté cet épisode –
échoua, mais comme celui-ci n’était
Franco avait créé un service de contre-vigilance pour
pas seulement une conspiration militaire mais une
connaître l’ambiance dans les casernes, et grâce à cet
rébellion de la moitié de l’Espagne, il tourna en guerre
instrument il savait que le pourcentage de
civile.
révolutionnaires à l’intérieur des forces armées était très
élevé. Il savait que toute tentative d’écarter le Front C’est ainsi que tout commença.
Populaire du pouvoir se solderait inévitablement par
beaucoup de sang répandu. Il savait aussi que la passivité José Javier Esparza
du gouvernement conduisait les choses à une situation
sans retour.
Le 23 juin 1936, Franco écrivit au président du
gouvernement d’alors, Casares Quiroga, pour lui

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