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Armand Colin

LE DYNAMISME DE LA TECHNOLOGIE DES TÉLÉCOMMUNICATIONS ET SON TRANSFERT A


L'ASIE DU SUD-EST
Author(s): Meheroo Jussawalla and Suzana Mila
Source: Revue Tiers Monde, Vol. 35, No. 138, Technologies de communication et
d'information au Sud : la mondialisation forcée (Avril-Juin 1994), pp. 297-312
Published by: Armand Colin
Stable URL: http://www.jstor.org/stable/23592218
Accessed: 26-06-2016 10:54 UTC

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LE DYNAMISME DE LA TECHNOLOGIE
DES TÉLÉCOMMUNICATIONS
ET SON TRANSFERT
A L'ASIE DU SUD-EST

par Meheroo Jussawalla*

La transformation dynamique de la technologie des télécommunica


tions a transformé l'organisation sociale et économique de la produc
tion, au point de faire de la connaissance un élément central du dévelop
pement. La caractéristique novatrice de cette organisation réside dans le
fait que la connaissance intervient directement dans le processus de pro
duction, devenant elle-même un facteur de cette production au même
titre que le capital et le travail. La convergence des technologies de l'in
formatique et des télécommunications, généralement appelées technolo
gies de l'information (Tl), constitue l'élément central de ce nouveau
mode de production. Si l'investissement dans l'infrastructure de produc
tion et de transmission de l'information conditionne la croissance éco
nomique, la localisation et l'utilisation de cette infrastructure sont tout
aussi importantes. La création, l'utilisation et le transfert de la connais
sance provoquent des retombées dynamiques et sont à l'origine d'un
surcroît d'innovation (Antonelli, 1991).
C'est essentiellement l'intégration des marchés mondiaux qui a été à
l'origine de la diffusion et de l'absorption croissante des innovations
dans le monde en développement. Dans les pays du Sud-Est asiatique,
la nouvelle division internationale du travail a permis de surmonter les
désavantages de leur accès tardif à ces innovations.
Le Sud-Est asiatique est en effet l'un des pôles de croissance parmi
les plus dynamiques du monde. Tous les pays de la région connaissent
des taux de croissance de 6 à 9 % par an. Leur commerce avec les Etats
Unis a largement dépassé le volume commercial transatlantique des

* East-West Center, Program on Communication and Journalism, Honolulu University.

Revue Tiers Monde, t. XXXV, n° 138, avril-juin 1994

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Etats-Unis, et va vraisemblablement le doubler d'ici 1995. Cette crois


sance potentielle se voit renforcée par la coopération établie au sein
d'organisations telles que le PECC (Pacific Economie Cooperation Coun
cil) et l'APEC (Asia Pacific Economie Cooperation). Tandis que le PECC
est constitué par des entreprises de la région, l'APEC, qui dispose d'une
sous-commission spéciale des télécommunications, est composée de
représentants gouvernementaux.
La concurrence des multinationales des Etats-Unis, du Canada, de
l'Europe et du Japon ne cesse de s'intensifier sur les marchés des Télé
communications du Sud-Est asiatique. Elle se voit stimulée par la crois
sance des marchés : la taille du seul marché des équipements était esti
mée à 113 milliards de dollars en 1990 et devrait atteindre 178 milliards
en 1995. En 1991, par exemple, l'Indonésie a lancé un appel d'offres afin
d'ajouter 350 000 lignes à son réseau téléphonique. La concurrence
entre AT & T et NEC est devenue si aigüe et soumise à de telles pressions
politiques que l'Indonésie a doublé sa demande de lignes et a réparti
l'offre entre les deux sociétés. De la même façon, en Thaïlande, British
Telecom a obtenu un contrat pour installer 300 000 lignes. Ces gouver
nements sont pragmatiques et suppléent leur insuffisance de monnaie
forte par une participation privée étrangère. L'Indonésie encourage les
entreprises privées à fournir des réseaux de transmission par satellite
(VSAT), afin d'atteindre l'objectif du Rapport « Missing Link » : un télé
phone dans un rayon de 30 km pour chaque habitant.
Cependant, les quatre Dragons dépassent leurs concurrents par l'es
sor de leurs exportations. La Corée du Sud et Taïwan sont en train de
suivre l'exemple du Japon sur le marché mondial des télécommunica
tions ; la première, avec une production intérieure d'équipements d'une
valeur de 5 milliards de dollars, dont 2 destinés à l'exportation, est au
premier rang. De la même façon, Fujitsu et NEC sont en train de tirer
des enseignements de leur expérience dans la vente des techniques
actuelles de commutateurs aux Etats Unis, dans le but de développer
leurs exportations vers Hong-kong et Singapour. La digitalisation com
binée avec le câble à fibre optique a progressé non seulement chez les
quatre Dragons mais aussi en Malaisie : ces derniers sont en train d'y
encourager l'utilisation des réseaux à large bande et d'y expérimenter le
RNIS (Réseau numérique à intégration de services). Taïwan aussi bien
que la Corée avancent à grand pas dans le cellulaire ; Taïwan avait
197 000 téléphones cellulaires en 1991; il existe en Corée deux sociétés
produisant des réseaux mobiles, Korea Mobile Telecom étant dans l'in
capacité de satisfaire la demande de téléphones de voiture.
Malgré les investissements en R & D (Recherche et Développement),
la raison principale du ralentissement du progrès réside dans l'absence

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de normes compatibles dans le domaine de la technologie digitale. La


concurrence entre les fournisseurs de matériel digital rend difficile les
décisions politiques. Le premier satellite de communication sud-coréen
sera mis en orbite en 1995 et le RNIS est programmé pour 1996. Daewoo
a déjà installé 20 000 lignes avec système de commutation digitale en
Iran. A Taïwan, Ericsson et Motorola ont obtenu de gros contrats pour
des réseaux cellulaires. Cable and Wireless fournit les services d'appui.
Les joint-ventures constitués entre les sociétés asiatiques et les four
nisseurs d'équipements étrangers sont parvenus à jouer un rôle majeur
dans la région Asie-Pacifique en créant des emplois locaux et en pro
gressant vers des technologies plus avancées. Par exemple, la Sapura
Holdings de la Malaisie est devenue un exportateur important de télé
phones sophistiqués, de cabines téléphoniques, de téléphones cellulaires,
de machines et de fournitures de télécopie, sous franchise de sociétés
américaines et européennes. Cette société est en train de se faire une
place sur le marché ; Sapura est également fournisseur de cartes télépho
niques et de cabines publiques à Hanoi et à Hô Chi Minh Ville. Cepen
dant, les taxes sur les produits importés en Asie limitent le commerce à
l'intérieur de l'ASEAN.
De même, la Thaïlande a son propre producteur de récepteurs satel
lite, appelé Samart Engineering, qui produit non seulement pour le mar
ché intérieur mais exporte également dans la région. Un accord de
coopération avec participation locale a été mis au point en Thaïlande
dans le but de fournir de l'équipement pour des commutateurs télépho
niques digitaux. Les Sociétés étrangères concernées sont Siemens et NEC
et l'entreprise créée — appelée Telecom Asia —, bénéficie d'une conces
sion de trente ans pour installer les lignes téléphoniques à Bangkok.
Contrairement à la CEE, il n'y a eu ni accord ni actions en vue d'har
moniser les politiques de Télécommunications dans la région Asie-Paci
fique. Il existe pourtant une certaine coordination externe. Le défi reste
de réunir les acteurs concernés dans toutes les sphères de la société, dans
tous les secteurs de l'économie et de l'écologie. Rien ne doit s'opposer
au libre flux de l'information.
Bien que le transfert de technologie à grande échelle présente autant
de risques que de chances, les pays de la région Asie-Pacifique sont par
venus à maximiser leurs bénéfices et à maintenir leur identité culturelle.
Le Japon a été le premier à développer un modèle fondé sur le concept
de Johoka Shakai ou Société d'Information, modèle qui a été imité par
les membres de l'Association des Nations du Sud-Est asiatique (ASEAN).
La Révolution de l'Information a été un grand avantage pour les Nou
veaux pays industrialisés (NPI) de Hong-kong, Singapour, Taïwan et
Corée du Sud. Le modèle de développement japonais a influencé non

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seulement l'économie de cette région, mais aussi la croissance des tech


nologies nouvelles des télécommunications, ainsi que les structures insti
tutionnelles et les droits de propriété de ces services. La convergence
technologique, en tant qu'agent de changement, a été largement procla
mée par Koji Kobayashi, l'ancien PDG de la Nippon Electronic Corpo
ration à travers son idée de C et C (Computing and Communications).
La convergence est aujourd'hui mieux réalisée au moyen des multimé
dias fondés sur des systèmes digitaux. Les multimédias dépendent de la
combinaison des disques compacts avec des puces très performantes et
des câbles à fibres optiques. La technologie de la réalité virtuelle est
venue appuyer les perspectives d'une utilisation de multimédias chez des
particuliers ou en bureautique. Ces changements sont en train de gagner
rapidement le Sud-Est asiatique à partir du Japon et ils stimulent l'ac
tion des responsables économiques de l'une des régions les plus dynami
ques du monde. La plupart des pays de 1'ASEAN ont enregistré des taux
de croissance situés entre 6 et 10 % en 1991. Une augmentation conco
mitante de l'investissement, due à une grande diversification de la
demande des usagers, a également été observée.
L'impact de l'investissement multinational en Asie du Sud-Est se fait
également sentir dans l'apparition d'intérêts régionaux tels que le
consortium Cable and Wireless, Pacific Telesis, ainsi que le câble sous
marin à fibre optique reliant Tokyo et l'Oregon. La conséquence en a
été un regroupement régional des concurrents dans les télécommunica
tions afin d'obtenir une part de ce marché en croissance. L'investisse
ment des entreprises transnationales (ET) dans l'électronique a démarré
en Asie du Sud-Est dans les années 60, avec de bas niveaux d'équipe
ment et un nombre important de salariés. De tels investissements ont
servi de catalyseur au développement du secteur des services. Aussi bien
Hong-kong que Singapour ont développé leurs services financiers et
bancaires et établi des services électroniques pour leurs opérations bour
sières afin d'intégrer les cours des marchés mondiaux en continu. De ce
fait, ces « villes intelligentes » ont ouvert le chemin aux flux des services
régionaux dans les secteurs bancaire et financier, lesquels ont par la
suite favorisé le développement des services financiers à Taïwan et en
Corée du Sud. Des régimes fiscaux préférentiels ont encouragé les flux
d'investissements étrangers directs vers l'Asie de l'Est de sorte que les
actifs totaux des conglomérats localisés dans cette région ont représenté
de l'ordre de dix à quinze fois le PIB des pays hôtes. Une grande partie
de cette croissance peut être attribuée à l'offre de services de télécommu
nications, qui a permis un rapide transfert électronique des fonds et des
données, instaurant ainsi une interdépendance entre les principaux
exportateurs de la région.

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Les joint-ventures entre les sociétés américaines et japonaises dans le


secteur des télécommunications ont joué un rôle significatif dans la
restructuration des actifs des groupes. Ces entreprises estiment que ces
formes d'investissement constituent une méthode moins risquée de s'in
tégrer aux marchés mondiaux. Par exemple, AT & T a conclu un accord
avec NEC en 1990 pour échanger ses systèmes de publication assistée par
ordinateur contre les puces beaucoup plus performantes de NEC. De la
même façon, Texas Instruments s'est mis d'accord avec Kobe Steel pour
produire des circuits intégrés au Japon. Motorola a créé une joint-ven
ture avec Toshiba et Hitachi, ainsi que INTEL avec nmbs et Micro Sys
tems avec Sony. Cette avalanche de joint-ventures montre combien le
commerce régional fonctionne déjà sans recourir à des accords formels.
Ces alliances mettent en évidence que les Transnationales ont contourné
les négociations gouvernementales, ce qui donne un argument en faveur
de l'hypothèse de Kenichi Ohmae dans « Borderless World » (monde
sans frontières) selon laquelle ces groupes transnationaux montrent plus
d'attachement à leur clientèle des différentes parties du monde qu'à leurs
propres gouvernements. Même la Chine, qui n'autorise pas les transna
tionales à installer leurs filiales sur son territoire, a profité de la partici
pation étrangère grâce aux joint-ventures . Alcatel de France, Siemens
d'Allemagne et NEC du Japon fournissent des Stored Program Control
Exchanges (commande par programme enregistré) à la Chine dans le
cadre de ces accords.

LES POLITIQUES DE PRIVATISATION


ET DE RESTRUCTURATION INDUSTRIELLE

En 1982, les Etats-Unis ont été les premiers à mettre en œuvre une
politique d'ouverture des marchés, en ôtant à AT & T son monopole.
En 1985, suivant le Royaume-Uni, le Japon a instauré une nouvelle loi
déréglementant la Nippon Telephone and Telegraph Company (NTT).
Ces changements de politique tiennent principalement à la poussée des
nouvelles technologies et à l'importance de la demande adressée à
celles-ci. Les décideurs du monde entier ont ressenti leur incapacité à
suivre la dynamique des changements dans les télécommunications, sur
tout quand ils se sont rendus compte du caractère désuet des équipe
ments depuis l'intensification du recours à l'informatique. Dans le Sud
Est asiatique, l'existence d'organismes publics établis par la loi
— appelés Poste, Téléphone et Télégraphe (PTT) — était de règle. Ils
contrôlaient tous les services des télécommunications et leurs revenus

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entraient dans le budget du gouvernement, ce qui se traduisait par un


ralentissement de leurs investissements. En raison de la vague de déré
glementation observée dans les pays occidentaux, ces ptt ont réalisé
qu'il était temps de modifier leurs pratiques et de permettre une certaine
ouverture à la concurrence, notamment en ce qui concerne les services à
valeur ajoutée (Jussawalla, 1993).
Il faut signaler que les pays asiatiques du Pacifique n'ont adopté
strictement ni le modèle américain ni le modèle japonais de libéralisa
tion des ptt, et cela en raison des différences relatives à la doctrine
politique et à l'organisation économique. Dans la région, les politiques
de déréglementation vont d'un système complètement centralisé,
comme à Singapour, jusqu'à une combinaison d'opérateurs publics et
privés, comme en Malaisie. Le besoin de transfert technologique a
également constitué une pression pour le changement, mais la décision
définitive dépend des facteurs intérieurs et de la demande des consom
mateurs. Les décideurs publics de ces pays sont devenus conscients du
fait que la déréglementation ne garantit pas, à elle seule, l'efficience du
réseau des télécommunications. Elle devrait, en fait, être accompagnée
de changements organisationnels et structurels ainsi que de politiques
de gestion de la transition. Deux implications étroitement liées en
découlent : premièrement, la restructuration des télécommunications a
un impact sur tous les autres secteurs de l'économie qui dépendent de
leurs services ; deuxièmement, les politiques de libéralisation doivent
être compatibles avec les tendances du marché mondial, de façon à
permettre à ces pays de profiter des nouvelles occasions offertes par les
marchés.
La Malaisie a aussi privatisé les PTT, devenus Malaysia Telekom. Ses
actions ont été vendues à la bourse de Kuala Lumpur en 1991. Cette
déréglementation fait une place à de nouveaux fournisseurs de services
du secteur privé tels que Celcom et Atur 800, deux concurrents sur le
marché du téléphone cellulaire. De la même façon, les services de ban
ques de données sont fournis par deux firmes : Teledata et Maypac. La
société privatisée, Telekom Malaysia, fournit également des téléphones
cellulaires et des radio-téléphones, mais la plus grande part du marché
du téléphone cellulaire (53 %) revient à Celcom.
La toute nouvelle compagnie privée Telekom Malaysia fournit des
services de base intérieurs et internationaux, et elle est en train de
contacter des fournisseurs étrangers car elle a prévu d'investir 12 mil
liards de dollars en nouveaux équipements sur les cinq années à venir.
Cette compagnie a fait un appel d'offre de 2 milliards de dollars pour
des lignes de téléphone digital. Un tel investissement a conduit à la for
mation d'entreprises locales dans le secteur des télécommunications

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telles que Sapura et Federal Cables qui sont en concurrence pour cet
appel d'offre. Sapura fournit déjà des terminaux pour les usagers.
En Thaïlande, il existe deux monopoles étatiques : Telephone Orga
nization of Thailand (TOT) et Communications Authority of Thailand
(CAT). Ils contrôlent, respectivement, les communications intérieures et
internationales. Leur privatisation n'est pas prévue dans un avenir
proche. Seule la libéralisation de nouveaux services est actuellement ten
tée avec l'autorisation du gouvernement. En juillet 1992 le gouverne
ment thaïlandais a annoncé qu'il allait établir un contrat pour l'installa
tion d'un million de téléphones dans les zones rurales. Un consortium
privé s'est constitué dans le pays et Shinwatra est devenu le chef de file
des services à valeur ajoutée.
Le Singapour Press Holdings, détenteur du monopole des journaux
pendant des décennies, va maintenant faire face à un concurrent (même
s'il appartient au secteur gouvernemental), le National Trade Union
Congress, qui devait publier un journal rival du Strait Times à partir
de 1993. Singapour est devenu le plus grand investisseur en équipements
dans les technologies de l'information au Sri Lanka, en Arabie Saoudite et
dans une moindre mesure, dans la Silicon Valley. Le dernier investisse
ment effectué aux Etats-Unis n'est pas aussi rentable que prévu. A l'heure
actuelle, Singapour estime devoir se conformer à la vague des change
ments et a annoncé la privatisation de ses services de télécommunications
en 1993 et la vente en bourse des actions de Singapour Telecoms.
Les modifications des réglementations en Corée du Sud ont été
effectuées plus lentement. Le monopole de l'opérateur étatique des
télécommunications, Korea Telecom, a été ouvert à la concurrence.
En 1991, la Data Communications Corporation of Korea (dacom) a
commencé à s'adresser au marché international des services téléphoni
ques internationaux et des banques de données en concurrence avec
Korea Telecommunications. Le gouvernement avait également décidé
d'accorder une licence à un nouvel opérateur de communications cel
lulaires, mais les élections présidentielles de décembre 1992 ont
conduit à l'ajournement de ce contrat, relatif aux communications
mobiles. Un consortium de trois firmes étrangères : GTE, des Etats
Unis, Vodaphone, du Royaume-Uni et Hutchison, de Hong-kong ont
rejoint Sunkyong Corporation dans son offre pour lancer ce système.
Dans le domaine des semi-conducteurs, la Corée a devancé les expor
tations japonaises sur le marché américain, il faut dire qu'elle dispose
d'un secteur privé plus oligopolistique que celui de Taïwan et de
Hong-kong. Samsung et Lucky Gold Star se sont toutes les deux fait
une place pour la fourniture des équipements électroniques sur le mar
ché américain et celui de l'ASEAN.

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A Taiwan, deux institutions réglementent le secteur, à savoir le


ministère des Communications et la Direction générale des télécommu
nications (dgt). Depuis 1987, Taïwan a progressivement levé les bar
rières s'ajustant ainsi aux impératifs politiques. La concurrence a été
introduite dans l'équipement des consommateurs et dans les réseaux
intérieurs à valeur ajoutée. Taïwan a également conquis le leadership
dans la technologie de l'image et dans la production des téléphones
mobiles et des ordinateurs personnels.
La plus importante entreprise du secteur privé déréglementée à
Hong-kong a sans doute été le système d'Asiasat. Les services des télé
communications de Hong-kong sont modernes et permettent au pays
d'être le centre régional des affaires mondiales et de constituer une porte
d'accès vers la Chine. Environ 80 % des centraux sont digitaux ; sa poli
tique de prix des services, compétitive et agressive, a donné au pays une
excellente infrastructure de télécommunications. Hong-kong Telecom
fournit des services intérieurs et internationaux de base et ses principaux
actionnaires sont Cable and Wireless et China International Trust and
Investment Company (eine). Elle dispose d'un important secteur de
communication mobile qui a augmenté de 13 % entre 1991 et 1992. Il
existe une forte concurrence sur le marché cellulaire entre Hutchison
Telecom et Pacific Link. Hutchison est le principal fournisseur des ser
vices cellulaires depuis 1985 avec 50 % de parts de marché. Il est prévu
que ce marché devra augmenter de façon exponentielle après 1995,
lorsque les régions éloignées et les nouveaux centres urbains de la Chine
auront demandé des services cellulaires, moins coûteux que les services
territoriaux pour les grandes étendues. Rendre légale à Hong-kong la
revente de circuits intégrés pourrait conduire à une concurrence accrue
et à une rationalisation croissante de la politique des prix des services de
télécommunication internationaux dans l'Asie du Sud-Est (Milton
Mueller, 1993).
L'extension à travers le Pacifique des câbles sous-marins à fibre
optique reliant les continents et réduisant les tarifs des services interna
tionaux élargit le choix des consommateurs en matière de télécommuni
cation. Depuis le milieu des années 90, un câble sous-marin installé par
Cable and Wireless a été mis en service ; il relie le Japon, Hong-kong et
la Corée du Sud. Le North Pacific Cable (NPC) raccorde Tokyo à Pacific
City dans l'Oregon et atteint Anchorage. Le Transpacific Câble 3 va de
Hawaï au Japon, puis jusqu'à Guam, les Philippines et Taïwan. Près de
quinze systèmes de câbles ont été installés dans la Région Asie-Pacifique
à un coût de 3,5 milliards de dollars.

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Technologie des télécommunicatons et Asie du Sud-Est 305

LA STANDARDISATION NÉCESSAIRE POUR UN MARCHÉ MONDIAL

En 1984 quand, aux Etats-Unis, le monopole d'AT & T a été sup


primé, Théodore Levitt, de la Harvard Business School, a affirmé que la
réalité économique rendait le passage de la situation de monopole à
celle d'un marché ouvert essentiel quoique périlleux. En effet, la compa
tibilité des standards d'équipements est indispensable à l'efficacité des
réseaux de Télécommunications, mais on n'a pas prévu quelles en
seraient les conséquences sur la création de standards régionaux et sur
la concurrence entre les standards brevetés et négociés. Le terme
« standard » implique un ensemble d'accords uniformisant les systèmes
de télécommunications et assurant la compatibilité des ordinateurs
construits par les différents producteurs. Les décideurs publics souhai
tent protéger les droits des usagers et leur rendre la technologie plus
accessible, ce qui implique d'uniformiser les standards et de garantir la
connexion des équipements. L'Europe a adopté la Clause du Réseau,
ouvert en juin 1990, pour promouvoir la concurrence mais la transition
vers son application rend nécessaire un accord sur les standards.
L'Union internationale des télécommunications (Uli) a créé le Groupe
d'Etude XVIII chargé de donner des recommandations concernant les
systèmes digitaux et les Réseaux numériques d'intégration de services
(RNIS). Le processus a été confié au Comité consultatif pour le téléphone
et le télégraphe internationaux (CCTTI) qui est un sous-comité de 1'UIT.
C'est à ce moment-là que les standards régionaux sont entrés dans la
scène mondiale, jusqu'alors dominée par la CCTTI.
Depuis lors, les Nations collaborent dans le cadre de groupements
régionaux pour l'examen de ces problèmes stratégiques. L'Europe a
créé, la première, l'Institut des Standards de télécommunications euro
péennes (ISTE), afin de mettre au point des standards uniformes pour la
Communauté européenne. Dans les discussions de la charte des services
dans l'Uruguay Round, le GATT a considéré que l'uniformisation des
standards constituait un élément indispensable au libre échange des
équipements et des services. Des influences politiques ont joué dans les
débats, lors des négociations sur les tarifs et les principes régissant les
conditions de location des lignes sur les réseaux.
Pour la région Asie-Pacifique, le problème principal reste celui de la
transition d'une demande de standards centrée sur la technologie à une
autre orientée sur le marché et guidée par les besoins des utilisateurs.
L'Amérique du Nord a créé le sous-comité T1 sur les standards, consti
tué par des usagers venant du monde des affaires et par des vendeurs de
technologie, alors que le Japon possède deux groupes ayant ce même

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objectif : Telecommunications Technology Comittee (TTC) formé par


des sociétés privées, et Telecommunications Technology Council qui est
une structure gouvernementale attachée au ministère des Postes et des
Télécommunications. Les pays en voie de développement du Sud-Est
asiatique sont dans l'incertitude car ils doivent accepter les équipements
de différents concurrents lesquels peuvent ne pas être compatibles, ce
qui risque d'affecter leur efficacité globale. Même le concept de libre
accès aux systèmes de télécommunications est remis en cause par la
concurrence entre standards régionaux.
En février 1990, les Etats-Unis ont organisé une conférence à
Fredricksburg, le Standardization Summit, afin d'introduire un standard
mondial d'interconnexion en partenariat avec la CCTTI. Les pays de
1'ASEAN suivent ces évolutions avec beaucoup d'intérêt en raison de la pro
lifération des systèmes intelligents tels que la redistribution automatique
d'appels et les services automatisés de réclamations qui utilisent les
connexions intelligentes du réseau avec l'extension des téléphones cellu
laires mobiles. Des stations de base régionales deviennent nécessaires. Ces
systèmes mobiles sont importants car les Réseaux de communications
personnels (RCP) réduisent les coûts de transmission de l'information à
566 mégabits par seconde. L'effet le plus important pour les pays asiati
ques résulte de la reconnaissance, par les vendeurs, des protocoles, tels
que X25 et X400 ; avec des ressources limitées en devises fortes, il devient
difficile pour les pays de la région d'acheter les équipements les moins coû
teux ; ces produits peuvent ne pas être compatibles, et réduire, de ce fait,
l'efficience de tout le réseau. Le Japon a exercé une influence fondamentale
dans ce domaine sur la région de 1'ASEAN, en constituant un Conseil asia
tique RNIS afin d'établir des standards. Plusieurs pays asiatiques, dont
l'Inde et la Chine, sont devenus membres de ce Conseil. En 1989, la Thaï
lande a lancé un réseau de transmission de données par « paquets » et a
réservé un canal afin de traiter des fac-similés exactement comme le font
Europnet et Internet. Normalement, ce réseau opère seulement entre pays
voisins, mais il peut être étendu à l'échelle internationale en fonction de la
compatibilité de l'équipement. Deux protocoles sont en train d'être utili
sés dans la région Asie-Pacifique, pour l'échange de données informatisées
(EDI) : le premier, utilisé par Singapour — appelé UN/EDIFACT (standard
des Nations Unies) — l'est aussi par Hong-kong, l'Australie et la Nou
velle Zélande ; mais la Corée utilise ANSI X. 12 (American National Stand
ards Institute) ; de même, pour le videotex, Singapour emploie Teletel, le
Japon NAPLPS et les Etats-Unis en général ASCII. Par conséquent, l'accès
aux bases de données à travers les continents devient coûteux et difficile.
Les coûts de conversion des équipements, y compris les vidéo-cassettes,
sont élevés (voir Jussawalla et Steinour, 1993).

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Technologie des télécommunicatons et Asie du Sud-Est 307

GUERRES DES SATELLITES DANS LE PACIFIQUE

L'Indonésie a été le premier pays du Tiers Monde à posséder, à faire


fonctionner son propre satellite et à reconnaître que les coûts ne varient
pas en fonction de la distance des communications par satellite. Le sys
tème Palapa, lancé en 1976, a été le premier à offrir la télévision et le
téléphone aux 13 000 îles de l'archipel. Le système Palapa B2R fournit
la capacité de réémettre en Thaïlande, en Malaisie, à Singapour, aux
Philippines et en Papouasie - Nouvelle-Guinée. En 1991, Indosat et
Perumtel, les deux institutions des télécommunications gouvernemen
tales indonésiennes, ont mis sur pied une société privée appelée Palapa
Pacific Nusantra qui utilise un nouvel espace pour son système A2, à
savoir la couverture des îles du Pacifique et de Hawaï. CNN et ESPN ont
opté pour Satelindo, société privée propriétaire du système Palapa, pour
leurs émissions en Asie en concurrence avec Asiasat. Home Box Office
et TV New Zeland sont également en train de négocier pour réémettre en
utilisant le même système. Le 14 mai 1992 la fusée Delta a mis en orbite
le satellite B-4 de l'Indonésie pour sa société d'Etat qui a été privatisée
sous le nom de Satelindo.
Jusqu'à présent, la possession de récepteurs de satellites en Malaisie,
à Singapour et en Thaïlande est illégale et d'autres pays de la région exi
gent des licences. En Asie du Nord, Intelsat diffuse la programmation de
CNN mais alors qu'une antenne de satellite Intelsat doit avoir au moins
7,5 m de large, des petites antennes de 2,5 m peuvent recevoir les
signaux du système Palapa.
Bien que prévoyant de disposer d'environ 600 réémetteurs vers 1995,
la Malaisie et la Corée du Sud ont passé l'une et l'autre des commandes
à la Hughes Corporation pour la construction de leurs satellites natio
naux. Jamais depuis le lancement du premier satellite Intelsat, appelé
Lanibird, en 1965, de telles guerres pour les satellites n'avaient encore
éclaté dans le Pacifique. Aussat a été lancé au début des années 80, suivi
par JCSat, du Japon ; alors qu'Intelsat fonctionnait déjà, ils ont tous
coexisté avec Intelsat ; ils ont servi à fournir des services point à multi
point dans la région. Cette concurrence nouvelle s'explique par le fait
que le niveau actuel du trafic a dépassé celui effectué à travers l'océan
Atlantique, et qu'il augmente, malgré le nombre croissant de câbles
sous-marins à fibre optique. Les services du satellite sont utilisés pour le
téléphone et à plus long terme pour la télévision. Intelsat déployera ses
séries de sept engins spatiaux, dont deux en orbite dès 1994. Il existe une
demande croissante de services d'affaires pour Intelsat et les îles du
Pacifique utilisent leur service Vista pour la transmission de données.

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Malgré cette importante capacité de transmission déjà disponible,


d'autres sociétés telles que Panamsat et Pacstar projettent également de
mettre en orbite de nouveaux satellites sur le Pacifique vers le milieu des
années 90. La capacité de transmission sera encore excédentaire dans la
région même si la demande augmente de façon exponentielle ; cette
surabondance rend difficilement compréhensible le fait que la Malaisie
et la Corée du Sud aient commandé des satellites nationaux à Hughes.
Des considérations politiques se sont peut-être imposées au-delà des cri
tères économiques. Un satellite russe a été lancé par Rimsat en collabo
ration avec Tongasat ; il a été mis en orbite géostationnaire dans la zone
couverte par la Nusantra Palapa et a conduit à une confrontation entre
Tonga et l'Indonésie.
Au même moment, un groupe conduit par Télécommunications Inc
et la TV néo-zélandaise a été constitué avec pour objectif de lancer le pre
mier canal TV satellite d'information d'affaires avant la fin 1993 (Asian
Wall Street Journal, vol. XV, n° 9, 1er mars 1993). La Singapour Broad
casting Corporation possède 10 % des actions de l'Asia Business News.
Elle est la dernière entrée sur ce marché asiatique en développement très
rapide ; elle est en concurrence avec le réseau d'Asiasat Star TV qui
s'étend de Bahrein à Hokkaido et qui a une audience de 45 millions de
téléspectateurs en Asie et dans le Moyen-Orient. La nouvelle Asia Busi
ness News sera émise à partir d'un réémetteur du système Satelindo de
l'Indonésie sur le satellite B-2 qui couvre l'Asie du Sud-Est, Hong-kong,
Taïwan et la Chine du Sud.
Nombreux sont ceux qui considèrent que le siècle à venir est appelé
à être le « Siècle asiatique » ; les communications par satellite y sont
devenues hautement compétitives : elles devancent la demande et
s'adressent à une grande variété de langues et de cultures.

LA CHINE S'ÉVEILLE AUX TÉLÉCOMMUNICATIONS

Dans les années 80, la Chine avait davantage de postes de télévision


que de téléphones ; le nombre de ces derniers a augmenté : 9 % dans les
zones urbaines et 5 % dans les zones rurales (Statistical Year Book of
China, 1986). En 1980, on comptait seulement 4,2 millions de télé
phones, c'est-à-dire 0,4 téléphones pour 100 habitants, la moyenne
mondiale étant pour cette année-là de 11 %. En 1987, la pénétration de
téléphones en Chine s'élevait à 0,75 %, à comparer aux 7,6 % du
Mexique et aux 6,3 % du Brésil. La course aux commutateurs avancés
et aux technologies de transmission dans le RCP (Réseaux de communi

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Technologie des télécommunicatons et Asie du Sud-Est 309

cation personnelle) s'accélère. La Chine a encore besoin de produire des


postes de téléphone digitaux, des commutateurs digitaux et des moyens
de transmission avancés. La capacité de production est dépassée par la
demande de nouvelles lignes, malgré une production annuelle de
200 000 unités. Depuis 1984, la Chine a introduit la commande de com
mutation pour ses réseaux, mais elle a dû importer des PABX pour les
moderniser. Le moyen de transmission de base reste le câble de cuivre,
les systèmes de micro-ondes n'intervenant que dans 4 % de l'ensemble.
Les taux d'appels effectifs sont en conséquence très bas : environ 30 %
en zone urbaine.
Ce lent développement est en partie le résultat des structures admi
nistratives. Le MPT est le monopole unique pour les services et les équi
pements ; il contrôle aussi l'autorité locale des télécommunications. La
centralisation des décisions ralentit les progrès et le système ne dispose
pas d'une capacité de réaction appropriée face aux besoins des marchés.
Le budget annuel des télécommunications ne représente que 1 % du
total des dépenses étatiques et les investissements ont une rentabilité
faible ou nulle. En 1988, ce système a été profondément modifié, ayant
bénéficié de sources de financement en provenance du gouvernement
central et des régions, ainsi que des capitaux étrangers et de l'autofinan
cement local. Le chiffre d'affaires des services de télécommunications est
encore très bas, en moyenne 0,15 % du PNB, à comparer avec les 3 %
d'autres pays en développement.
La Chine a été importatrice de technologies nouvelles et le fournis
seur principal en a été le Japon. Les importations en provenance des
Etats-Unis ont été peu importantes et limitées aux commutateurs RNIS
d'AT & T. Le Japon a également accordé un prêt de 5,29 milliards de
dollars pour financer les importations chinoises. La Chine a aussi d'au
tres pays fournisseurs moins importants, tels que la Suède (Ericsson) et
la France (Alcatel). Chacun d'entre eux a vendu 100 millions de dollars
d'équipements de télécommunications en RCP, mais le transfert de tech
nologies à grande échelle présente de sérieux problèmes, à cause de l'in
compatibilité des protocoles. Si elle veut exporter, la Chine doit égale
ment augmenter ses capacités de recherche et d'équipement. Pour
atteindre cet objectif, la Chine a récemment créé un joint-venture avec
Ericson pour produire à Pékin 300 000 lignes de RNIS. Northern Tele
com participe à un joint-venture similaire, de 13 milliards de dollars,
pour produire des postes de téléphone digitaux. Le câble à fibre optique
a été largement utilisé pour les transmissions dans les plus grandes
villes. La première ligne inter-urbaine à longue distance s'étendant à tra
vers la Chine centrale et couvrant 22 000 km sera terminée en 1991.
Cette ligne fournira six canaux de données et aidera à réduire les tarifs

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sur les longues distances. En mai 1990, AT & T a signé un contrat pour
la vente d'un commutateur 5ESS et ajoutera 16 000 lignes de téléphones
aux commutateurs existant dans la province de Wuhan.
La Chine a également investi dans la technologie cellulaire pour son
infrastructure. A Pékin, le système Motorola est utilisé avec 900 MHz et
il a une capacité future d'expansion vers la large bande. Il y a trois
entreprises distributrices de systèmes cellulaires fournissant des commu
tateurs et des stations de radio de base. Ericsson est le fournisseur le
plus important de STAT (système de télécommunications à accès total) et
a vendu des téléphones radio pour la police et le Département d'Etat.
Les réseaux de Motorola sont concentrés à Pékin et à Shanghaï. Nova
tel, du Canada, a vendu 5 300 systèmes TACS, utilisés dans le Chong
quing en Chine centrale. Le pays fournit un marché potentiellement
croissant pour les systèmes cellulaires car le cellulaire est plus intéres
sant au niveau des coûts que les lignes métalliques, notamment pour le
vaste et lointain arrière pays.
Les télécopieurs ont été importés depuis le début des années 80 et les
utilisateurs étaient près de 10 000 en 1988. Des services publics de télé
copie sont disponibles dans les bureaux de poste des villes les plus
importantes. La demande annuelle a augmenté de 4 %, mais le nombre
limité de lignes de téléphone constitue une contrainte pour le marché de
la télécopie.
Le développement le plus spectaculaire en Chine a été le lancement
de Asiasat I, le 7 avril 1990, lorsque la fusée Longue Marche III l'a pro
pulsé dans l'espace. Le créneau orbital utilisé est situé exactement au
dessus de Singapour. La Chine, le Japon, la Malaisie, la Birmanie, la
Thaïlande, l'Afghanistan et le Pakistan peuvent diriger leurs antennes
satellites vers Asiasat I et recevoir Star TV 24 heures sur 24. (Far Eastern
Economie Review, 14 juin 1990). Asiasat ne respecte pas les structures de
régulation des programmes de télévision. Dans le rayon d'action du
satellite qui va de Kaboul à Hokkaido, les signaux vidéo, audio et de
données peuvent être échangés en utilisant des antennes de 3 m. Cette
possibilité est fournie par la China International Trust et Investment
Corporation, Hutchison, Whampoa de Hong-kong et Cable and Wire
less, de Grande-Bretagne. Le satellite de télécommunication a 24 réé
metteurs et n'a pas été conçu à l'origine pour des communications pan
asiatiques.
AT & T a consenti des investissements importants dans le marché
chinois des Télécommunications afin d'obtenir une part du marché de
l'équipement représentant plusieurs milliards de dollars. AT & T s'occu
pera de la production de ses interconnexions 5ESS, d'autres produits de
consommation électronique et de télécomunications. AT & T traitera

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Technologie des télécommunicatons et Asie du Sud-Est 311

avec la Commission de planification de l'Etat plutôt qu'avec le ministère


de Postes et de Télécommunications. De la même façon, Sprint a vendu
des réseaux de données et des systèmes de courrier électronique à la
Chine.
Les investissements fixes dans l'industrie chinoise des télécommuni
cations ont augmenté de 50 % en 1992 par rapport à 1991. La capacité
d'échange a atteint 29,5 millions des lignes (Asia week, 18 août 1993,
40). L'objectif est d'installer un téléphone par foyer d'ici l'an 2000. Un
avantage, la Chine n'a pas à remplacer la plupart des commutateurs
analogiques ! Elle avance à grands pas vers le digital, fonctionnant avec
des lignes interurbaines à fibre optique. Le centre industriel de Wuhan
doit être transformé en un laboratoire de télécommunication. NECV pos
sède 35 % du système de transmission optique au Wuhan. Philips
détient 50 % de la Yang Optical Fiber Co., établie en 1991.
A l'heure actuelle, la Chine semble prête à abandonner son emprise sur
les télécommunications et, exception faite des services de base, à permettre
aux forces du marché d'opérer. Son objectif est d'attirer 25 milliards de
dollars de capitaux car elle est le marché le plus grand du monde.

CONCLUSION

Au cours de cette analyse, nous avons constaté que les télécommuni


cations sont devenues une priorité fondamentale pour l'investissement ;
elles ont apporté une contribution significative à la croissance écono
mique des pays de l'Asie du Sud-Est. Il est également apparu que ces
pays sont devenus beaucoup plus interdépendants que par le passé pour
les échanges, l'investissement et les transferts de technologie.
La croissance des blocs régionaux semble aller à l'encontre de l'esprit
des négociations du GATT ; les exportateurs asiatiques ont aujourd'hui
beaucoup d'appréhension envers la zone de libre-échange de l'ALENA.
La raison en est que le Mexique sera maintenant un fournisseur majeur
des exportations à bas salaire vers les Etats-Unis et qu'il recevra aussi
une partie plus grande des investissements américains. L'Asie exporte
normalement des biens pour une valeur de 200 milliards de dollars
annuels aux Etats-Unis et des pressions politiques montent en faveur de
la création d'un bloc de libre-échange entre les pays asiatiques. Ces pays
sont concernés par « la règle d'origine » selon laquelle les biens doivent
remplir certaines conditions pour être admis dans les marchés nord
américains, règle qui s'applique à l'équipement des télécommunications,
aux ordinateurs, aux composants et aux exportations électroniques. Il

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est prévu que les exportations mexicaines aux Etats-Unis dépasseront


celles du Japon affectant ainsi les flux de données et les réseaux interna
tionaux à valeur ajoutée ainsi que le transfert de technologie vers les
pays asiatiques. Alors que l'ALENA va donner naissance à un marché de
6 000 milliards de dollars, l'entrée sur ce marché de la plupart des pays
de 1'ASEAN deviendra plus restrictive, à cause des réglementations améri
caines. Mais par ailleurs, il y a des pays qui prévoient de tirer des avan
tages de l'ALENA, tels que la Corée du Sud, qui a programmé des inves
tissements au Mexique. Hitachi a délocalisé la production de VCRs de la
Californie au Mexique. De la même façon Hong-kong projette d'entrer
dans le secteur industriel mexicain pour la production textile et électro
nique. Les coûts salariaux dans certains pays tels que la Chine et l'Indo
nésie sont encore plus bas qu'au Mexique. L'organisation régionale
demande d'importantes mesures d'ajustement et les technologies des
télécommunications faciliteront la réalisation de ces changements. La
collaboration existant actuellement entre les pays de l'ASEAN et les mem
bres de l'APEC atteint, dans l'ensemble, les objectifs d'une zone de libre
échange et les systèmes nationaux et régionaux de satellites ont contri
bué à développer un sentiment d'interdépendance entre ces pays. Ils ne
perdront vraisemblablement pas leur leadership parmi les pays en déve
loppement participant à la révolution de l'information.

(Traduit par Suzana Mila.)

RÉFÉRENCES

Antonelli Christiano (1991), The Diffusion of Advanced Telecommunications in Deve


loping Countries, OCDE, Centre de développement, Paris.
Jussawalla Meheroo (1993), The Challenge of Change, in Global Telecommunica
tions Policies, Ed. Jussawalla, Greenwood CT 193-206.
Jussawalla Meheroo et Steinour Diane (1993), « Global Standards and their Impact
on the Asia-Pacific Region », Paper presented to the Telecommunications Sub
mittee of APEC, Australia, March.
Mueller Milton (1993), New Zealand Revolution in spectrum management, in Infor
mation Economics and Policy, vol. 5, 2, 159-178.

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