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MPSI-Éléments de cours Axiomatique du corps des réels 28 février 2020

Axiomatique du corps des réels


Rédaction incomplète. Version 0.4 28 février 2020

Plan

I. Pré-requis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
II. Présentation axiomatique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
III. Premières propriétés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
1. Autour de la relation d'ordre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
1. Plus grand et plus petit élément. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
2. Intervalles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
3. Raisonnement à la Cauchy . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
2. Autour du "c'est pas trop gros".. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
1. Caractère archimédien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
2. Densités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
3. Fonction partie entière. Division euclidienne réelle. . . . . . . . . . . . . . . . . 3
4. Approximations décimales. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
3. Autour de la propriété de la borne supérieure.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
1. Partie non vide minorée. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
2. L'ensemble des rationnels ne vérie pas la propriété de la borne supérieure. . . . . . . . . 5
3. Parties convexes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
4. Suites monotones.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7

Index

 approximations décimales, 4  partie entière, 3


 développement décimal, 4  partie fractionnaire, 3
 fonction partie entière, 3  présentation axiomatique
 forme normalisée d'un réel, 4 corps des réels, 1
 mantisse d'un nombre réel, 4  question de cours
 nombres décimaux, 4 partie convexe de R, 6
 notation scientique d'un réel, 4 rationnels, irrationnels, densité, 3
 partie convexe, 6  raisonnement à la Cauchy, 2
 partie dense, 3  théorème des valeurs intermédiaires, 6

I. Pré-requis

Ensembles innis d'entiers. Vocabulaire général relatif aux suites. Toute partie non vide de N admet un
plus petit élément. On utilisera aussi souvent que 1 est le plus petit élément de N∗ ce qui se traduit par :
∀(a, b) ∈ Z2 : a − 1 < b < a + 1 ⇒ b = a

Pour toute partie innie I de N, il existe une bijection strictement croissante de N dans I . Voir Entiers
naturels - Dénombrement.
Opérations sur les suites. Ensembles de valeurs associés à une suite. Suites majorées, minorées, bornées.
Suites extraites. voir Suites de réels.
Groupe des entiers relatifs. Corps des rationnels Présentation axiomatique de Z : groupe avec une relation
d'ordre (à rédiger).
Présentation axiomatique de Q : corps avec une relation d'ordre (à rédiger).
Division euclidienne dans Z, conséquence dans Q.
Bornes supérieures et inférieures rappel des dénitions. Voir Relations
Convergence d'une suite vers 0.
Borne inférieure. Borne supérieure Présentons une dénition des notions de borne supérieure et de borne inférieure
dans le cadre général d'un ensemble ordonné c'est à dire muni d'une relation d'ordre.

Cette création est mise à disposition selon le Contrat 1 Rémy Nicolai C2192
Paternité-Pas d'utilisations commerciale-Partage des Conditions Initiales à l'Identique 2.0 France
disponible en ligne http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/2.0/fr/
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Dénition. Soit E un ensemble ordonné et A une partie de E . On dit que A admet une borne supérieure si
et seulement si l'ensemble de ses majorants admet un plus petit élément. Ce plus petit élément est appelé la
borne supérieure de A et noté sup A. On dit que A admet une borne inférieure si et seulement si l'ensemble
de ses minorants admet un plus grand élément. Ce plus grand élément est appelé la borne inférieure de A et
noté inf A.
Remarque. Pour admettre une borne supérieure, une partie A doit être majorée mais ce n'est pas forcément
susant. Un exemple est donné plus loin avec E = Q

II. Présentation axiomatique

Présentation axiomatique.
R c'est plus gros que Q : Q est un sous-corps ordonné de R.
R c'est bien : Toute partie non vide et majorée de R admet une borne supérieure.
R c'est pas trop gros : la suite (dénie dans N∗ ) des inverses des entiers converge vers 0.

III. Premières propriétés

1. Autour de la relation d'ordre


On présente ici quelques conséquences du premier groupe de propriétés qui résultent des propriétés usuelles
des opérations et de l'inégalité dans R.

1. Plus grand et plus petit élément.


Tout ensemble ni de nombres réels admet un plus grand et un plus petit élément.
Dénition. Soit a un nombre réel, on dénit :
a+ = max(0, a) a− = max(0, −a) |a| = max(a, −a)
Bien remarquer que a+ et a− sont des réels positifs.
Proposition. Soit a et b des nombres réels, alors :
a = a+ − a− |a| = a+ + a− ||a| − |b|| ≤ |a + b| ≤ |a| + |b|

2. Intervalles
Dénition des neuf types d'intervalles :
[a, b] ]a, b] ]a, b[ [a, b] [a, +∞[ ]a, +∞[ ] − ∞, b] ] − ∞, b[ R
avec des inégalités larges ou strictes. On dénit aussi :
←−→
[a, b] = [min(a, b), max(a, b)]
Dénition. La longueur d'un intervalle du type [a, b], ]a, b], ]a, b[, [a, b] est b − a.
Remarque. Tout intervalle de longueur strictement plus petite que 1 contient au plus un entier. Tout intervalle de
longueur strictement plus grande que 1 contient au moins un entier.

3. Raisonnement à la Cauchy
Un raisonnement à la Cauchy consiste à déduire une inégalité large à partir d'une famille d'inégalités strictes
plus faibles.
Par exemple : soit a et b deux réels, alors
(∀x ∈ R : x < a ⇒ x ≤ b) ⇒ a ≤ b
On prouve la contraposée :
Lorsque b < a, il existe bien un x < a (par exemple a+b
2 ) tel que b < x. La réciproque est vraie mais ne présente
en général pas d'intérêt.
Voir par exemple la démonstration du théorème de passage à la limite dans une inégalité.

Cette création est mise à disposition selon le Contrat 2 Rémy Nicolai C2192
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2. Autour du "c'est pas trop gros".

0 a b

Fig. 1: Densité et petits bonds

1. Caractère archimédien
Proposition. R est archimédien c'est à dire que
∀a > 0, ∀b > 0 : ∃n ∈ N tel que b ≤ na

Preuve. Considérons le réel strictement positif ab . La dénition de la convergence vers 0 de la suite 1


assure

n n∈N∗
l'existence d'un entier N tel que
1 a
∀n ≥ N : <
n b
Choisissons un n ≥ N , on a bien alors b < na d'après les propriétés usuelles de l'inégalité.

2. Densités
Dénition (partie dense). Une partie A de R est dite dense si et seulement si, pour tout intervalle I de R non
réduit à un point, A ∩ I 6= ∅.
Proposition. Tout intervalle contient une innité de nombres rationnels et une innité de nombres irrationnels.
Les ensembles Q et R − Q sont denses dans R.

Preuve. Le principe (voir gure 1) est de former un "petit bond" assez petit (la suite des inverses converge vers
0) puis de progresser en faisant de tels petits bonds (caractère archimédien).
On veut montrer qu'un intervalle de la forme ]a, b[ avec a < b contient un rationnel.
Comme la suite des inverses des entiers converge vers 0, il existe un entier q0 tel que q10 < b − a.
Comme R est archimédien, l'ensemble N des entiers p tels que p q10 > a est non vide. À cause de la propriété
fondamentale de N, cet ensemble admet un plus petit élément p0 . Par dénition, p0 ∈ N donc a < pq00 . D'autre
part :

1 p0 1 p0
p0 − 1 < p0 ⇒ p0 ≤ p0 − 1 est faux ⇒ p0 − 1 ∈
/ N ⇒ (p0 − 1) ≤a⇒ ≤a+ ⇒ < a + (b − a) = b
q0 q0 q0 q0

On a donc montré qu'il existait un rationnel p0


q0 ∈ ]a, b[. On peut poursuivre le raisonnement :
   
p1 p0 p2 p1
∃ ∈ a, ∃ ∈ a, ···
q1 q0 q2 q1

On veut montrer maintenant qu'un intervalle de la forme ]a, b[ avec a < b contient un irrationnel.
On verra plus loin que Q ne vérie pas la propriété de la borne supérieure. Comme Q R, il existe donc au moins
un nombre irrationnel x. Alors −x est aussi irrationnel (comme x = −(−x), si −x était rationnel, x le serait aussi).
On peut donc supposer que l'irrationnel x est strictement positif. On peut reprendre le raisonnement.
Comme la suite des inverses converge vers 0, il existe un entier q0 tel que
1 b−a x
< ⇒ <b−a
q0 x q0
Le raisonnement est exactement le même avec les petits bonds x
q0 de longueur irrationnelle. Il existe donc un entier
p0 tel que
p0 x
x0 = ∈ ]a, b[
q0
Le nombre x0 est irrationnel car x = p0 x 0 .
q0
Donc si x0 était rationnel, x le serait aussi. La suite du raisonnement
est identique.

Cette création est mise à disposition selon le Contrat 3 Rémy Nicolai C2192
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3. Fonction partie entière. Division euclidienne réelle.


Proposition - Dénition (partie entière). Pour tout réel x, il existe un unique entier appelé partie entière de x
et noté E(x) ou bxc tel que
bxc ≤ x < bxc + 1 ⇔ x − 1 < bxc ≤ x
Preuve. Montrons d'abord l'unicité. Si p et p0 sont des naturels vériant l'encadrement de dénition :
) )
p≤x<p+1 x−1<p≤x
⇒ ⇒ x − 1 − x < p − p0 < x − (x − 1) ⇒ −1 < p − p0 < 1 ⇒ p = p0
p0 ≤ x < p0 + 1 x − 1 < p0 ≤ x

Soit x > 0, comme R est archimédien, il existe un ensemble non vide M = {k ∈ N tq x < k}. Notons m le plus
petit élément de M.
De m − 1 < m, on tire que m ≤ m − 1 est faux donc m − 1 ∈ / M ce qui entraîne m − 1 ≤ x. De m ∈ M, on tire
x < (m − 1) + 1.
Remarques. 1. L'encadrement dénissant la partie entière de x peut aussi s'écrire :
x − 1 < bxc ≤ x

2. Pour tout réel x, on note {x} = x−bxc. On dit que c'est la partie fractionnaire de x .On a alors x = bxc+{x}
avec {x} ∈ [0, 1[.
3. On peut démontrer de même l'existence et l'unicité d'un réel dxe tel que
dxe − 1 < x ≤ dxe

4. Approximations décimales.
Dénition (Nombres décimaux). Pour tout n ∈ N, on dénit Dn par
1
Dn = Z ensemble des multiples de 10−n .
10n
L'ensemble des nombres décimaux est noté D avec D = ∪n∈N Dn .
On peut remarquer que D0 = Z et que D est une partie de Q mais D 6= Q. Un nombre rationnel est décimal
si et seulement son produit par une certaine puissance de 10 est un entier. Ainsi 31 n'est pas un nombre décimal.
L'ensemble Dn est aussi l'ensemble des réels que l'on peut atteindre à partir de 0 par des  petits bonds  de
±10−n .
Dénition (valeurs décimales approchées). Pour tout réel x > 0 et tout n ∈ N, dénissons mn (x) et rn (x) par :
x = mn (x) + rn (x) avec mn (x) ∈ Dn et rn (x) ∈ 0, 10−n .
 

Le nombre mn (x) est l'approximation décimale par défaut à l'ordre n de x.


Par dénition,
mn (x) ≤ x ≤ Mn (x) 0 ≤ Mn (x) − mn (x) ≤ 10−n
On convient de noter rn (x) le reste de la décomposition c'est à dire
Remarques.  Les ensembles Dn sont de plus en plus grands : chacun est inclus dans le suivant Dn ⊂ Dn+1 .
Ceci entraîne que la suite des approximations par défaut est croissante.
 Cette dénition s'interprète avec des parties entières :
partie entière
(
n n n 10n mn (x) = b10n xc
10 x = 10 mn (x) + 10 rn (x) ⇔ .
| {z } | {z } 10 rn (x) = {10 x} partie fractionnaire
n n
∈Z ∈[0,1[

Considérons le reste modulo 10 de b10n xc (notons un ce reste et qn le quotient). Il appartient à J0, 9K et


 

10n x = 10 qn + un + {10n x} ⇒ 10n−1 x = qn + 10−1  un + {10n x}


 
|{z} |{z} | {z }
∈Z ∈[0,9] ∈[0,1[
n−1 −1
⇒ {10 x} = 10 (un + {10n x}) ⇒ 10 {10n−1 x} = un + {10n x}
|{z} | {z }
∈Z ∈[0,1[

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On en déduit que un est aussi la partie entière de 10 × {10n−1 x}.


On dénit la décimale d'ordre n de x notée dn (x) comme étant cet entier entre 0 et 9.
le reste modulo 10 de b10n xc


 le chire des unités dans l'écriture décimale de 10n mn (x)


dn (x) =

 le reste de la division par 10 de 10n mn (x)

la partie entière de 10 × {10n−1 x}

Remarque. Si la suite des décimales d'un nombre réel est périodique à partir d'un certain rang, alors ce réel est
rationnel (la réciproque est vraie).
Proposition (forme normalisée. Notation scientique). Pour tout nombre réel x strictement positif, il existe un
unique couple (m, e) tel que
x = m 10e avec m ∈ [1, 10[ et e ∈ Z.
Dénition. On dit que m est la mantisse du réel.
Preuve. Comme 10n ≥ n pour n ∈ N∗ , le caractère archimédien de R montre que l'ensemble E des k ∈ N∗ tels
que x < 10k est non vide. Soit k0 le plus petit élément de cet ensemble. Alors
)
k0 ∈ A
⇒ 10k0 −1 ≤ x < 10k0 ⇒ 1 ≤ x 101−k0 < 10.
k0 − 1 ∈
/A

On en déduit que le couple (m, e) avec m = x 101−k0 et e = 1 − k0 convient. L'unicité résulte de


0 0 0
m 10e = m0 10e ⇒ m0 10e −e < 10 ⇒ 10e −e < 10 ⇒ e0 ≤ e.

L'autre inégalité se prouve de la même manière ; d'où e = e0 puis m = m0 .


Proposition (Algorithme naïf de développement décimal d'un réel). Soit x ∈ [1, 10[. Il admet une seule décimale
avant la virgule qui est d0 (x) = bxc.
Le dévelopement après la virgule s'obtient par l'algorithme suivant :
x1 = 10 (x − bxc)) ∈ [0, 10[ , d1 (x) = bx1 c ∈ J0, 9K
x2 = 10 (x1 − d1 (x)) ∈ [0, 10[ , d2 (x) = bx2 c ∈ J0, 9K
x3 = 10 (x2 − d2 (x)) ∈ [0, 10[ , d3 (x) = bx2 c ∈ J0, 9K
.. ..
. .
Preuve. La relation fondamentale de l'algorithme s'écrit comme
xn+1
xn+1 = 10(xn − dn (x)) ⇔ xn = dn (x) + .
10
On en déduit la décomposition décimale de x :

x1 d1 (x) x2 d1 (x) d2 (x) x3


x = bxc + (x − bxc) = d0 (x) + = d0 (x) + + 2 = d0 (x) + + + 3
10 10 10 10 102 10
d1 (x) dn (x) xn+1 xn+1
+ n+1 avec ∈ 0, 10−n .
 
= · · · = d0 (x) + + ··· n n+1
10 10 10 10

Cet algorithme est naïf car on ne dispose en général d'aucun moyen commode pour évaluer les nombres indiqués.

3. Autour de la propriété de la borne supérieure.


1. Partie non vide minorée.
Proposition. Une partie non vide minorée de R admet une borne inférieure.

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Preuve. Soit B une partie non vide et minorée. On note A la partie de R formée par les x tels que −x ∈ B .
Soit m un minorant de B . Pour tout x de A, −x ∈ B donc m ≤ −x donc x ≤ −m. Ainsi −m est un majorant de
A qui est donc une partie non vide et majorée.
Montrons que − sup A est la borne inférieure de B . On a déjà vu que si m est un minorant de B alors −m est un
majorant de A donc sup A ≤ −m donc m ≤ − sup A. Ainsi − sup A est un majorant de l'ensemble des minorants
de B .
D'autre part, pour tout b ∈ B on a −b ∈ A donc −b ≤ sup A donc − sup A ≤ b donc − sup A est un minorant de
B . C'est donc le plus grand des minorants c'est à dire la borne inférieure.

2. L'ensemble des rationnels ne vérie pas la propriété de la borne supérieure.


On se propose ici de donner un exemple de partie de Q majorée mais n'admettant pas de borne supérieure.
Toute démonstration faisant appel à un nombre réel positif dont le carré est 2 n'est pas satisfaisante car il faudrait
commencer par démontrer son existence. Attention, on ne peut pas utiliser la fonction x → x2 car les résultats sur
les fonctions continues et les tableaux de variations sont démontrés à partir des propriétés de R. On doit travailler
uniquement avec des nombres rationnels.
Introduisons les parties A et B
A = x ∈ Q tq x ≥ 0 et x2 < 2 B = x ∈ Q tq x ≥ 0 et x2 > 2
 

On veut montrer que A est majoré et ne possède pas de borne supérieure. On pourrait le faire en raisonnant par
l'absurde et en montrant que (sup A)2 = 2 mais cela revient à ce qui est proposé ici.
On va prouver et utiliser trois résultats :
1. Si x ∈ A, il existe y ∈ A tel que x < y .
2. Si x ∈ B , il existe y ∈ B tel que y < x.
3. Il n'existe pas d'entiers p et q tels que p2 = 2q 2 .
Le point 3. a été prouvé comme un exemple de la propriété fondamentale de N (descente innie). On peut en
déduire que A et B sont complémentaires dans Q.
A∩B =∅ A ∪ B = Q+

Pour démontrer 1., considérons un y = x + h avec h rationnel et 0 < h < 2−x 4 .


2

Alors, d'une part h < 24 = 21 < 1 donc h2 < h, d'autre part x < 32 car x2 < 2 alors que 9
4 > 2. On en déduit

2 − y 2 = 2 − x2 − |{z}
h2 − |{z}
2x h > 2 − x2 − 4h > 0 ⇒ y ∈ A
<h <3

La démonstration de 2. est du même type. On considère y = x − h avec h rationnel tel que 0 < h < x 2−2 et on
2

vérie que y 2 − 2 > 0.


Montrons que l'ensemble des majorants de A est égal à B .
 Le résultat 1 montre que A n'admet pas de plus grand élément. Donc, si m est un majorant de A, alors
m∈ / A donc m ∈ B .
 Si m ∈ B , alors pour tout x ∈ A, x2 < 2 < m2 . Comme les deux sont strictement positifs, x < m. Ceci est
valable pour tous les x ∈ A donc m est un majorant de A.
 Le résultat 2 est symétrique du résultat 1. Il signie que B n'admet pas de plus petit élément.
Ainsi, en restant dans l'ensemble Q, la partie majorée A n'admet pas de borne supérieure.
En revanche, si on se place dans R, la partie A admet une borne supérieure, notons la m. Avec les outils utilisés ici,
il n'est pas facile de montrer que m2 = 2. Pour prouver l'existence de racines carrées dans R, il vaut mieux utiliser
le théorème des valeurs intermédiaires qui sera prouvé plus loin (en utilisant les propriétés de R). La fonction
x → x2 − 1 est continue. Elle est strictement négative en 1 et strictement positive en 2, elle prend donc la valeur
0 quelque part entre les deux.

3. Parties convexes.
Dénition (partie convexe). Une partie I de R est dite convexe lorsque
←−→
∀(a, b) ∈ I 2 : [a, b] ⊂ I

Il est clair par dénition que tout intervalle est convexe.

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Proposition. Toute partie convexe de R est un intervalle.


Ce résultat est à relier au théorème des valeurs intermédiaires de la partie Propriétés globales des fonctions
continues
Preuve. Soit I une partie convexe de R : neuf cas sont possibles :
 I est borné.
cas 1. I admet un plus petit élément a = min I et un plus grand élément b = max I .
cas 2. I admet un plus petit élément a = min I et n'admet pas de plus grand élément (on note b = sup I ).
cas 3. I n'admet pas de plus petit élément (on note a = inf I ) et admet un plus grand élément b = max I .
cas 4. I n'admet pas de plus petit élément (on note a = inf I ) et n'admet pas de plus grand élément (on
note b = sup I ).
 I est majoré et n'est pas minoré.
cas 5. I admet un plus grand élément b = max I .
cas 6. I n'admet pas de plus grand élément (on note b = sup I ).
 I est minoré et n'est pas majoré.
cas 7. I admet un plus petit élément a = min I .
cas 8. I n'admet pas de plus petit élément (on note a = inf I ).
 (cas 9.) I n'est ni minoré ni majoré.
Dans chaque cas I est un intervalle de l'un des neuf types présentés.
Par exemple dans le cas 3, montrons que I =]a, b].
 Pour tout x ∈ I : a < x ≤ b car a est un minorant qui n'est pas dans I et b est un majorant.
 Considérons un x quelconque dans ]a, b]. Si x = b alors x ∈ I car b = max I . Si a < x < b, alors a n'est ni un
minorant ni un majorant de I . Il existe alors u ∈ I tel que u < x et un v ∈ I tel que x < v donc x ∈ [u, v]
ce qui entraine (par convexité de I ) que x ∈ I .
On vient de prouver l'égalité annoncée par une double inclusion.
Les autres cas sont analogues. Leur traitement constitue un bon exercice d'entrainement aux manipulations de
borne supérieures et inférieures.

4. Suites monotones.
Théorème. Toute suite croissante majorée converge vers la borne supérieure de l'ensemble de ses valeurs.
Preuve. Soit (an )n∈N une suite croissante de nombre réels. Cette suite est majorée, l'ensemble (noté V ) de ses
valeurs admet donc une borne supérieure notée M .
Pour tout ε > 0, M − ε n'est pas un majorant de V . En eet M ≤ M − ε est faux et M est le plus petit des
majorants de V . Il existe donc N ∈ N tel que uN ≤ M − ε est faux autrement dit M − ε < uN . Mais alors, pour
tous les entiers n ≥ N , comme la suite est croissante,
M − ε < uN < uN +1 ≤ · · · ≤ un ≤ M < M + ε

Ce qui est la dénition de la convergence vers M .

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