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Les marques de charpente

Author(s): François Calame


Source: Ethnologie française, nouvelle serie, T. 13, No. 1 (janvier-mars 1983), pp. 7-24
Published by: Presses Universitaires de France
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Accessed: 22/06/2014 17:58

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FrançoisCalarne

chargedes établissages surune piècede boisconstitue


plutôtunegêneà la lecture dumessage.
decharpente
Lesmarques En effet,le butsémiologique
quage diffère.
de ces modesde mar-
Ainsitousles animauxdu clanA consti-
tuentun ensemblecaractérisé par une marquecorn*
munedifférente de celledu clanB. Au contraire, tou-
tes les piècesde la charpente A n'ontpourdénomina-
teurcommunque d'êtreentreposées ou assembléesà
proximité les unes des autres.Prisesisolément,ces
pièces n'ontrienqui puissedéterminer leur apparte-
Dans le cadrede la recherche surl'architecture ru- nance à l'une ou l'autre construction.
rale française, le domainede la construction en bois C'estau sein- de ce lienténude destination commune
constitue un terrain caractériser et de proximité que les pièces d'une même charpente
privilégié pour chaque le jeu de leursmarquesdifférentes. Si
stylerégional.Cependant,la charpente de combleru- fontintervenir
rale n'a guère faitl'objet, jusqu'à présent,d'étude l'on retientl'actuelleconceptionnormaliséedu mar-
on pourraaffirmer
systématique; or, la France pourraits'enorgueillir quage desl'arbalétrier charpentes, que, par
fermede
d'une des plusgrandesvariétésmorphologiques en la exemple, gauchede la première
matière. la charpente A, taillépar un ouvrier,portela même
Parmiles différents aspectssous lesquelson peut marque que son homologuede la charpente B, taillé
ce les
aborder domaine, systèmes marques des techni- par un autre ouvrier. Seuls les distingueront d'éven-
tuels critères morphologiques: dimensions, es-
ques propresaux charpentiers depuisle MoyenAge
constituent à eux seulsun aspectoriginal de la manière sence,etc.
dontun groupedonné,voiredes individus isolés,ont
résolule problèmesémiologique qui se posaità eux 1. La nécessité desmarques
pourdifférencier et reconnaître les partiesconstituan-
tesd'unensemble Quelle est la nécessitéde l'opération de marquage?
complexe. tracentet taillentd'avancesurl'aire
La charpented'une toitureou d'un colombagese Les charpentiers
l'ensembledes piècesqui vontformer la tota-
composed'un nombreparfoistrèsgrandde piècesde d'épuré lité de la construction. Aucunepièce n'estinterchan-
bois, réalisant une forme variable: dans le cas d'une
avec une autre,mêmesi les deux remplissent
toiture,un prismerecouvertd'un matériauétanche. geable unefonction similaire et cela même
Quel estle problèmeparticulier que posent les consti- (deuxarbalétriers),
tuants de telsensembles ? pour des bois aux dimensions normalisées. Mêmedébi-
tés industriellement, les bois présentent des irrégulari-
« Certains chameaux portent des «feux» surtoutesles tés dimensionnelles, dontles assemblages doiventtenir
partiesdu corpset,pourpeu qu'ilsaientétévolésdeux compte.Dès lors,unemarqueoriginale estapposéesur
ou troisfois,ils sontcomplètement couverts de cicatri- chaque pièce à un momentprécisde la réalisation de
ces. Ce blasoncompliquén'estpas sansutilité yil aide à l'ouvrage.Le détailhistorique de ces opérations pour
identifier et retrouver les chameauxperdus.(J.Cha- la charpentesavanteest parfaitement décritpar le
pelle,NomadesnoirsduSahara1 .) » compagnon MarcelLe Port2.
J'essaierai, de moncôté,de distinguer à quelstypes
Tout commeles chameauxdes troupeauxafricains, de raisonnement classificatoireobéissentces marqua-
les piècesd'unecharpente doiventjustifier leurappar- gesdanslesréalisations de charpente vernaculaire.
tenanceà un ensemble.C'est en cela que l'on peut On peut déterminer quatretypesd'exigencesqui
assimiler une pièce de bois marquéepar les charpen- peuvent présider à l'opérationdumarquage :
tiersà un animalportant ses identifications. L'analogie
se renforce encorelorsquela piècede charpente, réuti- A. Le charpentier surson chantier doitpouvoir,face
lisée dans plusieursbâtiments successifs, arboreplu- au tas de bois qu'il va mettreen œuvre,reconnaître
sieursmarquescontradictoires, tout commela bête chaquepièce et l'orienter convenablement : c'estde là
nomadedécrite ci-dessus. que naissentles premières conventions de marquage,
Mais, si la superposition des marquesdu bétail attestéesdès le XIIesiècle(cf. l'églisede Lez Fontai-
ajouteà sa personnalisation et fournit des indicessup- nes,Nord,étudiéeparle compagnon Le Port);chaque
plémentaires pour le repérage,en revanche,la sur- élémentcomporteune marquesurle mêmecôté,dit
Ethnologiefrançaise,XIII, 1983,1

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8 FrançoisCalarne

Typede pan de boissoignéd'unemaisonruralepicardeà Warluis,


des piècesde bois différentes
Oise. La multiplicité qui composent
une charpente
traditionnellement à utili-
en bois obligele bâtisseur
serunsystèmede repérageélaboré.

Marquage
- parcoïncidence
- parcorrespondance
avec:

'
i 1
unpian l'ordrenatureldeschiffres
(marquesésotériques) |

systèmeséquentiel à base
système
sansbase
- parsystème articulation
de première

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Les marquesde charpente 9

et généralement
face d'établissage, en bas ou en bout On constatedoncque la dernière
exigencedes mar-
de pièce,selonque la pièce est verticaleou horizon- quages peut être ambiguë:individualisme et ésoté-
tale. rismepeuventêtre recherchés tout autantque leur
Le charpentier doitsans risquede confusionrecon- inverse,clartéet normalisation
(Cf. l'entretien
avec
naîtrechaquepièceen fonction, commeon le verra,de GastonGrenotdansYAnnexe).
typesde discriminants.
différents
B. Le systèmeemployépour marquerles bois doit 2. Les systèmes
pouvoirs'adapteravec souplesseà tous les typesde Les exigencesétantdéfinies,nous allonsentrevoir
que l'ouvrierest amenéà concevoir:com-
structures
quel sortleurestréservédansles schémasintellectuels
ble,colombage,beffroi,
pressoir,pont,etc. dumarquage.
C. La règled'économiemaximum Rappelonscependantqu'aucunetentativede des-
poussele charpen- criptionexhaustive des variations
tierà utiliserun nombrele plus restreint possiblede les, et encoremoinsde leurinterprétation historiques régiona-
signes différents3.Dans ce cas, en effet, l'effort de anthropolo-
mémorisation et de manipulation du systèmede mar- gique, ne peutêtrefaitedansl'étatactueldes connais-
sera sances. Cette étude resteranécessairement fragmen-
ques d'autantplus faible. taire.
D. Le travaildu charpentier estuntravaild'équipequi 1.
comporte une divisiondes tâchesparfoishiérarchique, Marquage parcoïncidence
voire conflictuelle. «L'orientvautle trait»proclame Ce mode semblecaractéristique de tousles assem-
fermement un dictonentenduen 1978chezles Compa- blagesde charpente en France: les deuxpiècesà join-
gnonscharpentiers du Devoir. S'il prendla peinede dreportent unemêmemarqueau droitde l'assemblage
l'affirmer, c'estque la perception de cetteéquationn'a en question.(Bien que souventredondantes, ces mar-
pastoujours étéde soi. ques ne sont pas portéesexhaustivement à tous les
Que signifiecet adage sybillin?L'« orient»est la assemblages.) Un exempleproposéparMarcelLe Port
qualitéde l'hommede chantier, du charpentier (bien) présente cettesituation extrême où le système principal
«orienté»qui saiten un clind'œilorganiser une manu- de repéragedes traverses d'un beffroi (églisede Cam-
tention, une manœuvre de levage: c'estun mélangede pan, Hautes-Pyrénées) se faitentreelles par coïnci-
bon sens,d'agilitéd'espritet d'expérience appliquésà dence; dans ce cas-là,les piècesmarquéesn'ontpour
la dynamique d'unchantier. Il faitappelà des qualités tout pointcommunque d'êtreparallèles,sans avoir
qui sonten généralpossédéespar bon nombrede ru- d'assemblage commun (Fig.1).
rauxhabituésaux travauxde forceet aux manœuvres
de charroi4.
Le «trait»,lui, concernela pratiquedu dessinde
charpente et estréservéà un personnage
souventsans comprendre
particulier,
«gâcheur5»,c'est lui qui trace,qui marqueles pièces;
d'autresexécutent,
turedu bâti. Mais le responsabledu levagen'a pas
le
la struc- k A '
> /l' l
forcément besoind'êtrel'auteurde la conception pour
peu qu'il puissereconnaître les piècesdu tas de bois
grâceà un repérageconventionnel qu'il a en commun
avec le concepteur. C'esttoutel'utilité de la normalisa-
tionactuellepermettant une relativemobilitédes per-

S l' ' )
sonnes: nul n'est indispensable.Mais ce principe
mêmea pu êtrerejetédans des circonstances où le
concepteur entendait conserver la hautemainsurune
mêmeconstruction. Dès 1627,Mathurin Joussenous
1. Troispiècesde charpente
expliquecetteréalité: horizontales
etparallèlesd'un beffroi
« Ils ontaussidescontres oufaussesmarques, donton àmation
l'églisede Campan,Hautes-Pyrénées, portentchacuneune infor-
ditque quelques-uns se servent graphiquecomplémentaire pour guiderle charpentierlors
pourempêcher que d'au- de leur levage. Il s'agit d'un marquagepar coïncidence.Relevé
tresqu'eux-mêmes nemontent leursouvrages6. » d'aprèsundessinde MarcelLe Port.

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10 FrançoisCalarne

°A A U<> La coïncidence des


concernedansce cas-là,à l'instar
marquesemployéesde nos jours par les menuisiers
(Fig.2), une seule figuredont l'imagecomplèteest
obtenuepar la réunionde toutesles pièces,porteuses
chacuned'unepartiede la marque.
La coïncidenceutiliséebeaucoupplusgénéralement
dans les assemblagesde charpentes faitsimplement

"° - n- *v
correspondredeuxpiècesportant exactement la même
information.

2. Marquage parcorrespondance
Face à un nombrede piècesplusimportant que dans
le cas précédent qui esttrèsexceptionnel, les charpen-
tierssonttrèsfréquemment amenésà concevoirleur
travaild'une manièrerépétitive. Chaque assemblage
ou pièce prendainsi une place au sein d'une série
ordinalefaisant, ou non,référence à l'ordrenaturel des
chiffres.L'ordrecorrespond toujoursà l'orientation de
la démarche de levage: de nosjours,préciseMarcelLe
Port,les charpentiers leurpremière
établissent fermeà
l'ouestpourrecevoirla lumièrede l'estle matin;elle
2. Le marquagepar coïncidenceestfréquemment employépar les est signaléepar la marqueordinale«un», signifiant
menuisiers de châssisparexemple.
pourl'établissage
Ce relevéa étéfaitd'aprèsun dessinde l'ouvragede G. Steelet que cetteferme serala première montée.
R. Paye,Constructionsenbois,Bruxelles,Éd. Érasme,p. 52. Plusieurscas de figurese présentent et ellesontdes
anthropologiques
significations différentes.

Correspondance avec un plan. Des exemplesrelati-


vementnombreux de systèmes de marquagede char-
penteprouvent que le concepteur n'avaitpas l'inten-
tion d'utiliserun code transparent ni même lisible,
semble-t-il,pourd'autrescharpentiers. La seulecorres-
pondanceexistantentreles bois et la construction à
laquelleils sontdestinéss'opèreparrapportà un plan
de montage graphique ou mêmesimplement mémorisé.
Considérons plusieurs exemples:

tir a
Prenonsla charpentede la Fig. 4: chaque assem-
blageconstitue uneentitéporteused'unsigneoriginal,
ou éventuellement répétépar hasard(c'est le cas des
deux assemblagesdu mêmecôté sur la fermenotée
«un, contremarque». Mais manifestement le concep-
teur connaissaitdes systèmesplus conventionnels
puisqu'ilsaity fairemalicieusement référence: principe
ordinal:II, III, IIII; ou divisiond'unefermeen demi-
plansdontl'un portela contremarque caractéristique.
Toutesces marques,dontcertaines n'ontpu êtrerele-
vées pour des raisonstechniques, sonthomogèneset
d'origine(marquesau ciseau).
3. Le principede la coïncidences'emploie,plusfréquemment que au sys-
surlesfiguresprécédentes,pourindiquerla correspondancedeuxà Fig. 5. Cet exemplecompositefaitréférence
deux de pièces de charpenteà Les
assembler. deux piècesportent tèmeordinalen ce qui concernel'ordrede levagedes
alorsunemêmeinformation. à tenonetmortaise.
Ici assemblage élémentsde structure poinçons,sous-
longitudinale:

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Les marquesde charpente 11

4. Plan partielde marquaged'une charpente ancienneà Gerberoy


(Oise). La seule correspondance
existantentreles bois et la cons-
tructions'opèrepar rapportà un plan de montage,graphiqueou
mémorisé. Certainesmarquesn'ontpu êtrerelevées.

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/A fft'
Air* ''''% b
// Mil ''

1/' liljlll! Jg
'

ABC

5. Plan de marquage d'une charpenteancienne à Froidmont


de ferme(A, B, C) et les mêmes,dessinées
(Oise) : troisélévations
de profilsurla coupelongitudinale. Le marquagedesliensobliques
que Von voitsur la coupe longitudinale indiqueune progression
(2 à 6) qui correspond à l'ordredanslequellesfermesontétémises
en place. Quantau marquagedesfermes,il estésotérique(Corres-
pondanceavecunplan).

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Les marquesde charpente 13

faîtage,liens.Il n'enva pas de mêmepourles éléments


disposésperpendiculairement à cetaxe.
Deuxcasde figure se présentent:
Sur les fermesA et C, chaqueassemblageest mar-
qué sansêtrereliéau restede la ferme, pas plusqu'au
demi-plan gaucheou droitauquel il pourraitapparte-

/- -¥-7
nir.L'oppositionbinairefranc(degrézéro) / contre-
marque(degréun) de la ferme C n'est valable que
pour cette seule ferme,et non pour l'ensembledes
demi-plans gauche/droite commeil est coutumede le
faire.
Ferme B, la structure colombagequi caractérise
cettefermede refendse révèlesurdéterminante quant M Al
au principe de marquage;c'estici le côtérépétitifde la
successiondes poteletsqui amènela suppression
notionsde demi-plans
la permanencedu signepatte d'oie pour toutesles
des
droitet gauche,et l'on observe A A
pièces de remplissage,
transition.
numérotées
Les piècesde structure,
de un à six sans
elles,n'ontrévélé M M
aucune marque spécifique(arbalétriers, entrait),et
c'estpeut-être
ractéristique
cetteabsence(degré0) qui est leurca-
sémiologique pourla ferme B. II Ik
Fig. 6. Dernier exemplede marquageésotérique,
III Ilk
- 4- - un
fournipar une charpenteutilisantapparemment un

im
principe ordinalconforme à l'ordrenaturel des chiffres,
et l'opposition binairefranc/contremarque correspon-
dant aux demi-plans gauche-droite: on déchantevite
lorsqu'onconstatecomment ces pseudo-principes sont
réellement appliqués!Pourcorserla chose,le charpen-
tieremploieaux extrémités des signesoriginaux, très
vaguement soumisà l'opposition droite(un seulsigne)
/gauche(deuxsignes).Il y a de quoi donnerdes soucis
à plusd'unlevageur nonlégitime ! Jean-Louis Taupin7 6. Autreexemplede marquagepar correspondance avec un plan
décrit,pour sa part,le cas de l'églisede l'abbaye de montage,graphiqueou mémorisé.Charpentede l'hôtel de
d'Ambronay (Ain) dontle marquage,conforme à un Noailles(Oise), 1759.
plan,se faitpar utilisationde signesempruntés à l'al-
phabetrunique,ou du moinsà l'imageque pouvaient
s'en fairedes hommesdu XVIIIesiècleaprèssa repro-
duction dansYEncyclopédie.
Dans les cas que nous avons cités,le charpentier
semble généralement connaîtretout ou partied'un
code plus conventionnel puisqueles allusionsy sont

ÏÏ 'a ~ï^
faitescouramment.
La lectureparpropagation surunemêmepiècecom-
portantplusieursassemblagesavec marquesésotéri-
ques peutconstituer un auxiliaireappréciépourla re-
connaissancede l'enchaînement des opérationsde
montage : parexemple,l'entrait retroussé (Fig.7) nous 1. Cettepièce de charpente, provenantde Vexemple5, portetrois
Sa lecturepar le charpentier,
apportetroisindications sur les pièces qui l'environ- marquesdifférentes. toujourspar
avec un plan, est aidée par la propagationde
nent.Par cetteinformation, le charpentier évitede se correspondancesur la pièce même: les complémentaires
l'information des trois
reporterdeux fois à son code. Cette possibilitéde demi-assemblages sontinstantanément
connus.

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lecturepar propagation intervient par ailleurssurtou- Mais le cas le plusfréquemment rencontré concerne
tes les charpentes à pan de bois en complément de(dès le XIIe siècle)une numération à base. Son évolu-
n'importe quel principede marquage,maisson intérêt tion faittoutparticulièrement l'objet d'un historique
est moinsévidentpour des références à des codes parMarcelLe Port,pourla tradition savante,ainsique
numériques conventionnels : l'entraitde la fermeB de parJean-Louis Taupin,pourla régionalpine.En adop-
la Fig.5 nousannonceinstantanément parses marques tantgénéralement la base cinq9,le système peututili-
touteslespiècesde colombage qu'elleva accueillir. serun nombrevariablede signesdifférents. Jean-Louis
Taupinpose le problèmede l'existence possibled'une
Correspondance avec l'ordrenatureldes chiffres. écritureoriginaleà base7, observéedans l'églisede
Lorsquele charpentier,soucieuxde lisibilité,
optepour Bailly-le-Franc. Mais, dans la plupartdes cas, nous
un marquageconforme à l'ordrenatureldes chiffres,
il avons affaireà une écritureprochedes chiffres ro-
peutemployer unenumération séquentielleetsansbase mains,simplement adaptésauxexigences du graphisme
commele révèlent les examensdes premières charpen- sur le bois (Fig.9). Ce mode de marquageavec ces
tes connues(XIIesiècleà Lez Fontaines,Nord8).Le nombreuses variations historiques et régionales semble
nombred'entaillesaugmenteavec celui des éléhients prédominer en Francepourla charpente savante,ce
de la structure.
MaisJean-Louis Taupinconstateégale- qui amèneMarcelLe Portà cetteremarquepeut-être
mentl'emploisystématique de ce procédédans la ré- hâtiveence quiconcerne la charpente populaire :
gion des Alpes jusqu'à la fin du XIXesiècle. Ceci « L'évolutionde la manièrede marquerles bois telle
sembleexclurel'hypothèse qu'unetellepratiquesoitle que nousla présentons traduitla formela pluscourante
faitde charpentiers
illettrés
(Fig.8). et quasi généralequi futemployée sur une surfacedu

D 0
DD 00
HDD 0 00
DDOD
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oooc
^'

laico ccooo
nono ececee 9. Les marquesde charpente
nièressurlespiècesde bois:
de différentes
peuvents'effectuer ma-

ODOíDOD ÛCOCOCO A : à la pointeà tracer(traceret);


B: àia pierrenoire(minedeplomb);
C : à la rainette;
8. Exemplesde marquagepar correspondance avec Tordrenaturel D : au ciseauà bois.
dansun système
des chiffres, séquentielsansbase. Ce marquageest Le changement de graphisme dans une mêmecharpente peut à
fréquemment utiliséen Savoie jusqu'au XIXe siècle. Cf. Jean- lui seulêtresignifiant: pour un côté,au ciseau
marquesà la rainette
Louis Taupin,Étudescomparées. à boispourle côtéopposé.

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qui couvrepratiquement
territoire la Francedans ses 10. La nécessité de pratiquer
des combinaisons de marquagesdiffé-
actuelles.Il y a doncde forteschancespour
frontières rentsintervient toutparticulièrement lorsque de nombreuxplans
existentdans la construction de pans de bois ou de
qu'une charpente que nous n'aurionspas visitéesoit différents
toiturescomplexes,par exemple.A chacunedes entitéssuivantes
marquée selonceprincipe. » unmonème(ou graphème)
peutcorrespondre particulier:
Cette affirmation établiraitl'évidencede tous les A : pignon;
systèmesde marquagedes charpentes, principepeu B : plandefaîtageetde sous-faîtage;
confortéparles quelquesexemplesde charpente rurale C : côtédroitd'unemaison,à l'exclusion
D : arêtier
etseschevrons
dupignon;
rencontrésplushaut. (empanons).

3. Marquage parsystème depremière articulation


« L'emploidanslesmécanismes defonction d'uncode
qui concernel'indication significative,de classesqui
résultent de la multiplication logiquede classesplus
larges,est avantageux non seulement parce qu'il rend
plus aiséesles opérations de classement que supposele
maniement de ces mécanismes, maisencoredu faitque
l'apprentissage de ces mécanismes (...) en devient plus
»
facile10.
La nécessitéde pratiquer des combinaisons de mar-
quagesdifférents intervient toutparticulièrement lors-
que de nombreux plansdifférents existent dansla cons-
truction, dansla réalisation de pansde boispar exem-
ple (Fig.10). Chaque pièce de charpentese trouve
ainsi référéepar rapportà un ordre(numérotage à
base, en général)et à un ou plusieurs sous-ensembles
dugrandensemble « bâtiment ».
Dans ces cas, la marqued'unepiècede charpente se
présentecommeun message,que l'on peutdécompo-
ser en monèmes(ou graphèmes, c'est-à-direen unités
minimales de première articulation)ayantchacun«à la
fois uneformeet un sens11».Ainsila marque«trois,
franc,un monté,au ciseau»constitue un segment, dé-
composéà la lecture enquatremonèmes.

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16 FrançoisCalarne

En aucuncas, les systèmes de marquages ne présen-


tent la deuxièmearticulation indispensable pour la
constitution d'un langage.Les systèmesde marques
constituent des ensemblesde signaux,présentant ou
nonla première articulation,etnonunlangage.
Dès le XIIesiècle,les piècesde charpente étantpar
convention établiestoutesdu mêmecôtéparrapport à
l'épure,la successionordinaledes fermesse trouve
automatiquement articuléeautourde la divisionen
deux demi-plans:droiteet gauchede la construction
par rapportà l'axe (Fig.11). Le charpentier a écono-
m üT miséde ce faitla moitiédes signesdifférents
auraitfallupour numéroter
qu'il lui
tous les chevrons.Cette
divisionpar l'axe du faîtages'avèredu restetrèscom-
11. £/«procédééconomiqueensignespourdéterminer lespiècesde
munément pratiquéepar les charpentiers grâceà des
droiteetlespiècesde gauched'unecharpente
par rapport à l'axe du marquesspécifiques. La plussimpledes combinaisons
faîtage.La face de marquageétantdonnéeunefoispour toutes,la basée sur l'oppositionbinairedistingueainsi la pré-
présencede la marquesurun côtéou l'autrede la pièce détermine senced'une marqued'un côté avec la simpleabsence
sa positionparrapportau faîtage. de cettemarquede l'autre: franc= degrézéro/con-
tremarque = degréun(Fig.12).
Les charpentiers des exemplesprésentés aux figures
4 et 5 n'ontpas utiliséles possibilités simplificatrices de
MIL Al la divisiongénéraledu bâtiment en deux demi-plans

MIL droite/gauche; ils ont, au contraire,divisé chaque

J1 (Fig.5), voirmême
fermeen deuxcôtésindépendants
en simplesassemblagesporteursd'une marquediffé-
renteà chaquefois.
Pourillustrer toutesles possibilités,utiliséesou non,
offertes au charpentier par l'articulation,nous pren-

A Al dronsun exemplefourni
Saint-Just-les-Marais
parun hangarà pande boisà
(Oise) dontnousavonsrelevéla
desmarques.
quasi-totalité
Reconstituons la démarche de l'ouvrier faceà sontas

A A de bois (Fig.13 et 14). Son premier


feraselonla distinction
actede partagese
entreles monèmes franc,con-
tremarque et ' Le critèresuivantrésidedansle choix
IHK //// du procédégraphique
marques à la rainette
: marquesau ciseau (Fig.9A),
(Fig. 9C). Cetteopération binaire
trèséconomique,en regarddu stocktoujourslimité
Ilk 1» des modesd'expression,
santespossibilités
offreau charpentier
simplificatrices.
d'intéres-
Curieusement, l'ar-
bre montreque ces facilités n'ontété qu'incomplète-
IL // mentutilisées;la comparaison du nœudciseau-rainette
prouveque dansdeuxcas surtrois,le gâcheurn'a pas
^v exploitésa trouvaille:la surchargede la possibilité
franc-ciseau est source de confusionpossible,par
exempleentreles piècesde colombagedu pignonI et
* / / ceux du gouttereaufranc.Le nœud ciseau-rainette
pour les pièces contremarque est, lui, correctement
12. Plan de marquaged'unegrangeà Mottois(communede Saint- utilisé.
Quentin-des-Prés, Oise) bâtieen 1779. L'oppositionbinaireentre et font
les piècesavec et sans contremarque détermine la disposition
gau- Les critèressuivantssont morphologiques
cheetdroite.Système de premièrearticulation. appeldirectement au savoirdu charpentier : ici le code

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Les marquesde charpente 17

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k PIGNON I nn n
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II11
/¿il_ü_ ll' franc^ciseauLJ
LJli

13 et 14. Plan de marquagecompletd'un hangardu presbytère de cellesprovenantdu colombageou des sablières;


Saint-Just-des-
Marais(Oise). Le système de marquagefaitici usage pourquoina-t-il
de la premièrearticulation, pas usé du mêmeprocédépour le côtéfranc(côtédroit)? C'estune
mais sans en tirertoutesles possibili- énigme,qui traduitbienle caractère
tés: en effet,
le charpentier
a utiliséentreautrel'oppositiongraphi- inattendu
de biendes marqua-
ges vernaculares.(En raisonde la réduction
du tableau,certains
que ciseau/rainettedans certainscas (côté contremarque, c'est-à- marquagesnefigurent
direcôtégauche)pour opposerles piècesde charpentes pas complètement.) »
de fermeà

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18 FrançoisCalarne

BOIS

FRANC

CISEAU RAINETTE CISEAU

Monté Morphologie Morphologie Morphologie Morphologie


ferme colombage sablière ferme
jL^Jfjaj^gtu

I H Ml MU Tournisse Chevillé haute basse I II III lili

Ai //' w^^. a
Coupe Coupe miiimiiia
aiaii/uiAxVixii II l'
i haute basse I l'

'
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I IIIA AJIIAXII IHIA AJHAXil
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Les marquesde charpente 19

CONTREMARQUE A

RAINETTE CISEAU RAINETTE

Morphologie Morphologie Poteau Tournisse

A M'
colombage sablière a

/'
Tournisse Chevillé haute basse | UNIIIHAAl
A
courte longue

baX NIIIMIIIAAIAIlAX^I '''' » I,


Se6

lUt A /«lA XII I MIA AHIA XII

14.Hangardupresbytèrede Saint-
Just-des-
Marais(Oises).
Voirlégendepageprécédente.

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20 FrançoisCalarne

' ''y' NIVEAUdegœ 2


1; ' 'A ^ "F^deux monte

U il ! ! | M M I V' [H ^JlVEXJdegrél
iI !i' ' P ~~H // ; ! j ¡ ' ' ! i "R,unmonte
• ! ; // ! ' , | '
I | i V' '' ' !; marques disparues

¡Í ^■■||'' i! !i /7|fv. ii
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p

15. L'élévationd'un pignonde pan de bois à Roy-Boissy(Oise)


présenteun marquagedontle caractère dominantrésidedans l'as-
d'un travailqui voitse succéderlespoteauxde colom-
vectrépétitif
bage sans distinctionde niveaupour le rectangle du bas. On y
observeunenumération à basecinq.

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Les marquesde charpente 21

de marquagese faitpauvreet ne participe plusguère


que par numération. Seul l'œildu levageurlui permet
de distinguer un arbalétrier de 4 m d'un poteletde
colombagede 50 cm, marquésles deux d'un même
chiffreau franc.
On peutobserver la constitution de classesd'équiva-
lence au sein de piècestellesque les colombagesdu
pignonIIII (marquésA): les troispremierspoteaux
portentla mêmemarque . Des critèresmorphologi-
ques les différencient; il s'agitd'une tournisse courte,
d'unetournisse longue,d'unpotelet.De la mêmema-
nière,on observesystématiquement dans le pan de
bois de l'Oise une hiérarchisation des poteletsde co-
lombage.Les tournisses, jugéessubalternes, portent le
numérode la déchargesurlaquelleellesviennent repo- A Á
ser. On constatepar ailleursque toutesles piècesche-
villéesportentun numérospécifique,contrairement
auxtournisses nonchevillées.
Pour concluresurl'exemplede Saint- Just,on cons-
tate l'emploide 34 monèmesdifférents : quatremar-
ques différentes (franc,contremarque, ' monté),deux A ^
graphismes(ciseau, rainette), douze chiffres, seize
morphologies (colombage,ferme,tournissecourte,
tournisse longue,etc.).
L'articulationde ces 34 monèmespermettrait de dis-
tinguer sansconfusion 11396piècesde charpente. No-
treexemplen'en présenteque... 124. C'est direcom- A X
bien le systèmearticuléest ici sous utilisé,bien que
déjà trèséconomiquepar rapportau numérotage pur
et simpletel qu'on le voitsur la Fig.15. Sur ce pi-
gnon15,on a privilégié dansle marquagedescolomba-
ges le principe de la numération, selonuneconception ¿
répétitive du travail.En changeant de niveau,les co- l
lombages voient ^implement leurnuméro d'ordre croî-
tre,commesi la progression étaithorizontale. Le code
icise faitpauvre.
Considérons un autreexemple(Fig.16): il présente
le recoursmixteà la numération (c'esticila contremar- - '<<
ordinaledes fermes), /A ' !
que qui marquel'appartenance
articuléeavec la divisionen deuxdemi-plans (I et II),
ou avecla numération sansdistinction de gauche/droite
lorsque le caractèrecolombageest surdéterminant
(ferme 6). Le procédéest intéressant au niveau de
l'emploid'uncode riche,qui n'utilise pratiquement pas
la morphologie des pièces,maisson défautestla com-
plexitédesmarques, difficilesà traceretà déchiffrer.
L'examend'un dernierexemplede construction en
bois vernaculaire, anglaiscelui-là(Fig.17) nous pré-
senteune utilisation presqueoptimaledu principede
l'articulationpour un pignonde colombage.Chaque 16. Plan de marquaged'une grangeà Roy-Boissy(Oise). On ob-
niveaud'entrebande (pièceshorizontales) estdotéd'un serve ici un recoursmixteà la numérationarticuléeavec une
monèmespécifique qui est complétéà chaqueassem- divisionendeuxdemi-plans(let II).

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22 FrançoisCalarne

// / / ''V' NIVEAU

(■i/zii
W
**/
mirn^JT
// ''
' N ^NIVEAU
' ^
^'poïtedoie
demi-cercle

= -= p^ i-EZ = œU

17. Un pignonanglaisà pan de bois (Stratford-on-Avon,Grande-


Bretagne)qui présentebien Vutilisation du système
simplificatrice
articulation.
de première

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Les marquesde charpente 23

i n n n ^L [pu
{ Hh ¡V
U kA U à | P
un/franc con^renranqueun7patted oie un monfe un,tras un,cfern-cercle
conrrennarque,
un monte

18. Exemplesde marquage.

blage par un chiffre:niveau «demi-cercle», niveau _.™ Systèmede marquage :


Exigencessatisfaites
«patted'oie», niveau«demi-cercle etpatted'oie», ni- privilégié clarté souplesse économie convention
veau «franc»,etc. Remarquonssimplement que si le 1 Coïncidence X
charpentier avait utiliséla divisiondroite/gauche, il
auraitainsipratiquéuneéconomiede plus.Nousavons 4 Plan X X
affaireà un cas où le code joue son pleinrôlesimplifi- 5 Plan X X
cateur,et faitappel le moinspossibleà un savoir 6 Plan X X
technique complémentaire. oo
Numérationsans v
A v
A v
A
base
Conclusion 12 Articulation X X X X
Que conclurede ces différents exemples? Le tableau 13 Articulation X
récapitulatifsuivantaideraà se repérer,et permettra 15 Numérationà base X
en particulier de voirquel système de marquageentre 16 Articulation X X X X
principalement en vigueurpourchaquespécimen. Puis, 17 Articulation X X X X
si Tonse souciedes quatreexigences de l'opérationde
marquageexposéesplushaut,on observeraqu'aucune
d'elles ne sembleabsolument déterminante. Tout au II estdonctrèsfréquent qu'uneconstruction ne nous
plus peut-onremarquer des tendances.L'exigencede livreque certains aspectsdu marquage.C'estpourquoi
l'économiquesemblela plus malmenée,dans six cas maintsspécimens ne nousfournissent que les tendances
surdix.Quantaux nécessités d'uncode conventionnel, dontleursystème de marquagefaitpreuve: tendanceà
elles n'apparaissent que dans la moitiédes cas. Bien une conception répétitive du travail,tendanceà la dé-
entendu, on peutse poserla questionde la représenta- composition de la construction en entitésgéométriques
tivitédes spécimensretenusici. Il nous fautpréciser (plans, demi-plans, pignons,etc.) ou technologiques
qu'un trèsgrandnombrede charpentes ruralessont (arêtiersetempanons, noues,absides,etc.),etc.
illisibles
sousl'anglede leurmarquageen raisonde très De toutesfaçons,aucunprincipesimpled'un point
nombreux avatarsdans la construction,ainsique des de vue rationnel ne sembleêtretotalement utilisé.Ces
dégradations de tousordres: un pan de bois surdeux systèmesde marquagesontavanttoutconçuspar et
estexposéaux intempéries dansuneconstruction: tou- pourdes techniciens du bâtiment, et fontintervenir, à
tes les marquesontdoncdisparu.Quantaux pans de un moment ou à un autre,des pansde la connaissance
bois intérieurs d'une étable,ils aurontété systémati- techniquedu charpentier qui se substituent pourtelle
quementsucés et polispar le bétail: pas de lisibilité opérationde discrimination à la rigueurd'un système
nonplus! totalementabstrait. F. C, Paris

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24 Calarne
François

► ANNEXE ► NOTES

avecGastonGrenot
Entretien Je tiensà exprimerma reconnaissancepour
anciencommischarpentier leursprécieuxconseilsà MM. Marcel Le Port,
compagnon-charpentier, FernandMeyer,ingé-
Oise
Petit-Lihus, nieurau Centrede morphologiemathématique
et
de l Ecole des Mines PhilippeRichard,ingé-
25 septembre
1981 nieurau Centred'ethnologie
française.

- F.C. : « Quelle était la compositionde Ventre-


prise? »
- G.G. : «II y avait les deux Dubois (Paul Dubois,
le patron,et son père Victoris,oncle et grand-onclede
Gaston Grenot), un compagnonqu'on avait d'Auchy-
la-Montagne,un appelé AdalbertClabaut, il étaitbeau-
coup plus vieux,il étaità peu près de l'âge de Voncle 1. Jean Chapelle. Nomades noirsdu Sahara,
Dubois (...)» Paris,Pion, 1957,p. 361.
- F.C. : «Comme commis,vous faisiez le même tra-
2. Marcel Le Port. « Évolution historiquede
vailque les anciens? » la charpenteen France» (sous presse), in La
charpenteet la construction en bois. Encyclo-
- G.G.: «Même travail, non, parce qu'ils avaient
pédie des métiers,Paris, éditée par l'Associa-
quand même la capacité d'avoir fait vingtans de plus tionouvrièredes Compagnonsdu Devoir. Pu-
blicationen fasciculesdepuis 1977.
que moi. Cest pas au boutde deux, trois,ou quatreans
que vous êtes aussi capable qu'un autre. Il y a des 3. Luis Prieto. Messages et signaux, Paris,
choses qu'on peutfaire;pour scierde long, moi, je scie PUF, 1966,p. 79.
aussi bien que n'importelequel qui étaitavec nous. Il y 4. Il ne fautpas négligerla valeur métaphori-
avait des affairesqu'il fallaitquand mêmeprendredes que de l'expressiondans le systèmede valeurs
précautions. Même l'autre compagnon qui travaillait symboliques des compagnonnages, puisque
avec lui, l'oncle, il le laissaitpas faire rien, hein? Ct l'Orient indique une direction,entre autre,
celle d'où vientla lumièredu matin.
homme, il étaittrèscourageux,il travaillaittrès bien,
mais il fallait la place du patron, puis la place d'un 5. Terme en usage actuellement,souventsy-
ouvrieretpuis la place d'un apprenti. nonymede contremaître.Le gâcheurest dé-
tenteurd'un savoir intellectuel- ou plus mi-
» Ce qu'il n'auraitpas su faire,je crois,c'est un plan, nutieux- et, à ce titre,il garde l'initiativede
parceque c'estminutieux, hein? défaireunplan. la conception.
»J'étais plusieursfois avec lui quand il faisait des
6. Mathurin Jousse. Théâtre de Vart de la
plans, même moi, j'ai quittécertainement un peu trop charpenterie,La Flèche, 1627. Réédition:
tôtpour ça, c'étaitjustesi je pouvais n'enfaire. C'estpas L'Art de la charpenterie.Paris,1702,p. 8.
sept ans que j'ai travaillé.Parce que c'étaitun as pour 7. Jean-Louis Taupin. Études comparées.
fairedesplans. » Rapport pour l'obtentiondu titred'architecte
- F.C. : « Adalbertauraittailléunefermecomplète? » en chefdes monumentshistoriques.Paris, Re-
prographie,1979.
- G.G. : « Ça oui, question-là,d'équarrirun poteau 20 8. Étude de Marcel Le Port, sous presse in
sur 20 (cm de section),toutça, il le faisaitavec moi ou Encyclopédiedes métiers.
bien avec son père, etpuis lui-même.Faire les coupes, il 9. Jean-LouisTaupin.op. cit.
en étaitcapable. »
10. Luis Prieto. Messages et signaux, Paris,
- F.C. : «Mais prendredes mesures;fairetaillertoute PUF, 1966,pp. 94-95.
uneferme?»
11. Georges Mounin. Clefs pour ¡a linguisti-
- G. G. : « Ça, c'étaitplus délicat.» que, Paris,Seghers,1968,p. 65.

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