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14 | HIVER 2018
Pour en finir avec les médecines parallèles
Index

Auteurs Pour en finir avec les médecines parallèles


Mots-clés

Numéros en texte intégral


Le surgissement de médecines « révolutionnaires »
en France (fin XVIIIe-début XIXe siècle) : magnétisme,
17 | été 2020
Alimentation phrénologie, acupuncture et homéopathie
16 | hiver 2019
Hygiène du cadavre The emergence of “revolutionary” medicines in France (late 18th–early 19th centuries):
magnetism, phrenology, acupuncture and homeopathy
15 | été 2019
Nouvelles recherches en histoire
contemporaine
Olivier Faure
14 | hiver 2018
Pour en finir avec les médecines p. 29-45
parallèles

13 | été 2018 https://doi.org/10.4000/hms.1657


Sexologie et idéologies

12 | hiver 2017 Résumé | Index | Plan | Texte | Notes | Citation | Auteur


Médicalisation de la sexualité

11 | été 2017
Économie des savoirs
Résumés
10 | hiver 2016
Guerre, maladie, empire
FRANÇAIS ENGLISH
9 | été 2016
Syphilis

8 | hiver 2015 Avant et après la Révolution, le mesmérisme, le magnétisme, la phrénologie,


Agir
l’acupuncture, l’homéopathie, dans la plupart des cas nés dans le monde
7 | printemps 2015 germanique, furent introduits en France où ils attirèrent l’attention de la
Soins
sphère publique. Dans les années 1830, les partisans de ces doctrines
6 | automne 2014 constituèrent un véritable mouvement, une nébuleuse, dans laquelle docteurs
Santé mentale
et laïcs s’investissaient en même temps dans deux ou trois systèmes
5 | printemps 2014 médicaux. Nombre d’entre eux étaient aussi partisans des nouvelles doctrines
Anatomical Models socialistes comme le saint-simonisme et le fouriérisme. Au début les autorités
4 | automne 2013 médicales et les grands médecins prêtèrent attention à ces doctrines portées
Santé en chiffres par des médecins éclairés, mais ils les rejetèrent assez vite, non pour leur
3 | printemps 2013 inefficacité mais pour leur incapacité à expliquer en termes scientifiques
Expertise psychiatrique et genre l’action de leurs thérapeutiques.
2 | automne 2012
Remèdes

1 | printemps 2012 Entrées d’index


Pudeurs

Mots-clés : magnétisme, mesmérisme, acupuncture, phrénologie, homéopathie,


saint-simonisme, fouriérisme
Tous les numéros →
Keywords: magnetism, mesmerism, acupuncture, phrenology, homeopathy, saint-
Comptes-rendus simonism, fourierism

Par titre

Par auteur Plan


Par année de parution
Une arrivée groupée

La formation d’une nébuleuse


La revue
L’intérêt du monde médical
À paraître Deux conceptions de la même science
Rédaction et comités La connexion politique

Charte de la revue Histoire, Un cultic milieu ouvert ?


médecine et santé

Consignes aux auteur·e·s

Informations
Texte intégral

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Crédits du site

Politiques de publication
1 Il y a déjà bien longtemps que les chercheurs en sciences sociales ont pris au 1 Hervé Guillemain et
sérieux ce que l’on appelle encore parfois dans le public les médecines Nathalie Richard,
« Towards a
Appels à contribution parallèles. Au sein de cet immense ensemble, je me contente d’aborder celles
Contemporary
qui, au-delà de leurs différences, sont majoritairement pratiquées et diffusées Historiography of
Appels clos
par des médecins et reposent sur un corpus théorique qui se revendique de la Amateurs in Scien (...)

science. Il n’est plus question de les rejeter dans les ténèbres de la foi aveugle
Suivez-nous opposée à la science rationnelle, ni de voir dans leur succès le simple résultat
de l’éternelle « crédulité du public » ou même le reflet des difficultés de la
Flux RSS médecine dominante. En effet, jamais l’homéopathie et l’acupuncture ne se
sont mieux portées que depuis les années 1960 malgré les immenses
Lettres d’information avancées opérées depuis par la médecine « classique ». L’homéopathie, la
phrénologie, l’acupuncture sont donc désormais saisies pour ce qu’elles sont,
c’est-à-dire des mouvements tout à la fois scientifiques, sociaux, culturels et
La Lettre d’OpenEdition
politiques baignant dans des contextes changeants : ce texte s’inscrit dans ce
courant. La seule originalité qui le constitue consiste à appréhender ces
médecines, non pas isolément comme on l’a fait jusque-là, mais globalement
au moment bien précis où elles apparaissent en France. Cette lecture conjointe
et précisément datée veut démontrer qu’elles ne constituent pas une série de
doctrines ou de thérapeutiques indépendantes et isolées mais plutôt une
véritable nébuleuse dans laquelle les mêmes hommes cultivés, nourris des
mêmes aspirations, circulent et se rencontrent. Parmi ceux-ci, on rencontre de
nombreux médecins dont la présence semble démentir l’idée d’un rejet global
de doctrines absurdes par des médecins unanimes dans leur détermination
rationnelle. Parmi les adeptes, on trouve aussi de nombreux « laïcs » non-
médecins ou pour mieux dire des amateurs 1 qui ont étudié la médecine et/ou
se passionnent pour les questions médicales. La phrénologie et l’homéopathie
surtout sont largement des sciences de profanes. Nombre d’entre eux font de
cet engagement médical le prolongement ou la source de leur engagement
politique, tant la médecine est considérée à l’époque comme une science
sociale.

Une arrivée groupée


2 Successivement et presque simultanément dans les années 1775-1830 2 Laurence Brockliss et
surgissent toute une série de techniques, de doctrines médicales Colin Jones, The Medical
World of Early Modern
révolutionnaires qui intéressent bien au-delà du monde professionnel. Bien sûr France, Oxford, Oxford
les XVIIe et XVIIIe siècles avaient été fertiles en systèmes médicaux et l’on avait Univer (...)
vu les iatro-mécanistes s’opposer aux iatro-chimistes et ces deux-là aux
animistes puis aux vitalistes. Néanmoins ces débats, moins tranchés qu’on ne
l’a dit, n’avaient concerné que l’élite médicale 2.
Revue soutenue par
l’Institut des sciences 3 L’arrivée presque conjointe du magnétisme, de la phrénologie, de
humaines et sociales du l’acupuncture et de l’homéopathie modifie radicalement le débat. Toutes ces
CNRS
théories sont révolutionnaires car aucune ne peut être rattachée ni aux
découvertes du XVII
e siècle, ni se rattacher à la filiation chrétienne comme
l’animisme et le vitalisme. Par ailleurs, et cette chronologie n’est pas le fruit du
hasard, toutes ces théories naissent et se répandent lors d’une courte période
qui s’étend de part et d’autre de la Révolution. Celle-ci est marquée par un
véritable engouement pour les sciences et par la formation d’un « espace
public » qui se constitue dans les salons, les sociétés savantes ou
philanthropiques. Ces systèmes médicaux et thérapeutiques devinrent donc
l’objet d’un débat auquel participent toutes les élites de la société.

4 Chronologiquement, le ballet s’ouvre par l’arrivée à Paris de Franz-Anton 3 Robert Darnton, La fin
Mesmer (1734-1815) en 1778. Depuis le travail pionnier de Robert Darnton 3, des Lumières : le
mesmérisme et la
le mesmérisme a été l’objet d’une riche historiographie encore en pleine
Révolution, Paris, Perrin,
évolution comme en témoigne un tout récent numéro des Annales historiques 1984 (édition (...)
de la Révolution française 4. Avant de revenir sur ses implications médicales,
4 Annales historiques de
sociales et politiques, on peut être bref sur l’histoire factuelle du mesmérisme.
la Révolution française,
On sait que dans les dernières années de l’Ancien Régime, le mesmérisme 391, 2018, Le
occupa plus de place que n’importe quel autre sujet et qu’il fut l’objet d’au mesmérisme et la
moins 200 brochures publiées avant et après la condamnation de la doctrine Révolution français (...)

par l’Académie de sciences (1784). Cet engouement ne fut pas seulement


5 Robert Darnton, La fin
passager et certains individus furent profondément marqués par l’expérience. des Lumières…, op. cit.,
Près de cinquante après, le marquis de Montlosier écrivait : « Aucun p. 61.
événement, pas même la Révolution ne m’a laissé des lumières aussi vives
6 Un somnambule
que le magnétisme 5. » La découverte du somnambulisme provoqué, ou désordonné ? Œuvres du
sommeil magnétique, préfigurateur de l’hypnose, par Armand Chastenet marquis de Puységur
de Puységur (1751-1825), est aussi bien connue grâce à l’heureuse publiées et présentées
par Jean-Pierre Pe (...)
republication de ses œuvres, finement présentées par Jean-Pierre Peter 6.
Bertrand Méheust a scrupuleusement recensé les expériences de magnétisme 7 Bertrand Méheust,
et les innombrables ouvrages et brochures qui y furent consacrés dans la Somnambulisme et
e médiumnité, t. 1, Le défi
première moitié du siècle, montrant bien l’importance qu’avait prise cette
XIX
du magnétisme animal,
question dans le monde scientifique 7. Anne Martin-Fugier 8 a aussi bien Le Plessis-Robi (...)
montré que le magnétisme devint un phénomène mondain, étant bien entendu
8 Anne Martin-Fugier, La
que les salons n’étaient pas seulement des lieux de frivolité mais qu’ils
vie élégante ou la
diffusaient aussi des idées et des pratiques nouvelles. Bonne observatrice de la formation du Tout-Paris
vie mondaine qu’elle animait, Delphine de Girardin affirmait que chaque (1815-1848), Paris, Seuil,
société a son magnétiseur et sa petite somnambule 9. La plupart des écrivains 1993 (...)

de renom, comme Théophile Gautier, qui fréquentaient ces salons furent


9 Ibid., p. 265.
captivés par le magnétisme. Alexandre Dumas fit venir chez lui le célèbre
somnambule Alexis et son magnétiseur et rapporta l’expérience au Journal 10 Bertrand Méheust,
des Débats 10. Dans sa préface à la Comédie humaine, Balzac rendait Somnambulisme et
mediumnité, op. cit.,
hommage au « magnétisme animal aux miracles duquel je me suis familiarisé
p. 207.
depuis 1820 11 ». Bien que moqué ou dénoncé, le magnétisme occupa
durablement l’espace public et acquit une certaine légitimité grâce au prestige 11 Robert Darnton, La fin
des Lumières…, op. cit.,
de ceux qui le promouvaient.
p. 166.

5 Grâce à l’excellente étude de Marc Renneville 12, on connaît bien le succès de


12 Marc Rennevile, Le
la phrénologie que l’on ne fait ici que rappeler sommairement. L’arrivée du langage des crânes : une
pape de la phrénologie, Franz Josef Gall (1758-1828), à Paris en octobre 1807, histoire de la phrénologie,
reproduit le scénario de l’arrivée de Mesmer. L’événement privé devient vite Le Plessis-Robinson,
Synth (...)
public puisque cette installation est suivie, en 1808, par des cours ouverts à
tous qui ont un certain retentissement si l’on en juge par l’importance du
public qui les suit (200 à 300 personnes), des polémiques relayées par la
presse, des vaudevilles et pièces de théâtre qui la prennent pour objet, des
prises de position des plus hauts personnages en sa faveur (Metternich, Junot,
Fouché, Decazes…). Le succès ne se dément pas puisque Gall donnait encore
des conférences en 1820.

6 Troisième à arriver sur la scène, l’acupuncture le fait de façon très discrète. 13 Lucia Candelise,
Parce qu’elle passe pour être à cette époque plutôt un « acte chirurgical « L’appropriation de
l’acupuncture en France
qu’une véritable interprétation du savoir médical chinois 13 », la première
au XXe siècle : un
apparition de la méthode n’a guère été étudiée. Elle mérite donc un processus d’accul (...)
développement plus important. Louis V. Joseph Berlioz (1776-1848), père
14 Louis V. Joseph
d’Hector, fut le premier utilisateur de l’acupuncture qu’il expérimenta pour la
Berlioz, Mémoires sur les
première fois en 1810 sur une jeune femme, « aussi intéressante par ses maladies chroniques, les
charmes extérieurs que par les agréments de son esprit et la bonté de son évacuations sanguines et
cœur 14 » mais fâcheusement atteinte de fièvre nerveuse. Bien que simple l’acup (...)

médecin d’un gros bourg du Bas-Dauphiné, La Côte-Saint-André (Isère), Louis


15 L’exemplaire détenu
Berlioz appartenait à la république des savants. En 1809 et 1810, il participa à par la Bibliothèque
trois concours ouverts par les sociétés de médecine de Bordeaux, Montpellier municipale de Lyon (cote
et Paris. Un de ses mémoires portait sur les maladies chroniques (Montpellier), 394608, également
consultable en (...)
les deux autres sur les évacuations sanguines. En 1816, il décida de publier
ces mémoires sous forme d’un ouvrage, Mémoires sur les maladies 16 Engelbert Kaempfer
chroniques, les évacuations sanguines et l’acupuncture, dont il fit sans doute (1651-1716), botaniste
don à des sociétés de médecine et assurément à celle de Lyon 15. C’est dans le d’origine allemande est
l’auteur d’une Histoire
cadre du mémoire sur les évacuations sanguines (p. 147-343) qu’il intégra un
naturell (...)
court chapitre (p. 296-311) consacré à l’acupuncture. Il ne s’agissait donc pas
d’un traité sur cette thérapeutique mais bien plutôt de la relation de quelques 17 Willem Ten Rhyne [ou
Rhijne] (1647-1700),
expériences. En effet, Berlioz, comme tous ses contemporains, ignorait
chirurgien et botaniste
presque tout des pratiques asiatiques de la méthode qu’il employait puisqu’il hollandais en mission au
affirmait à tort que « les Chinois et les Japonais s’en servent d’une façon Cap de (...)
empirique et leur pratique ne fournit aucun document qui puisse en régulariser
18 Réédité en 1828 dans
l’emploi ». Par ailleurs, s’il jugeait que les éloges donnés à l’acupuncture par
Antoine-Laurent Bayle
Kaempfer 16 et Ten Rhyne 17 étaient justes et mérités, il ne faisait pas de (dir.), Bibliothèque de
référence précise à leurs écrits. Du reste, ceux-ci étaient bien brefs sur ce thérapeutique, p. 412-
419.
thème. De Kaempfer on ne connaît que son court appendice (cinq pages) à
son histoire du Japon consacré au traitement de la colique par l’acupuncture
telle qu’elle est utilisée par les Japonais 18.

7 Pour Berlioz, l’acupuncture n’était pas un système médical complet mais une
simple technique qu’il utilisait en alternance avec d’autres traitements, comme
l’opium et surtout les évacuations sanguines dont il était un chaud partisan.
Outre sur l’intéressante jeune femme, il utilisa l’acupuncture sur un paysan de
40 ans attaqué de toux convulsive avec douleur à l’épigastre. Sans relater
d’expériences précises, il recommandait la méthode pour les contusions sans
ecchymose, « les douleurs qui sont la suite d’un effort ou d’un travail forcé »,
le rhumatisme vague, « les douleurs nerveuses de la tête et celles qui
surviennent durant le paroxysme des fièvres intermittentes ». Il envisageait
même de l’utiliser pour ramener les asphyxiés à la vie. Sur le plan technique, il
se servait d’une aiguille d’acier longue de trois pouces « que je n’enfonce pas à
coups de marteau comme les Chinois et les Japonais mais en la roulant entre
mes doigts ». S’il ne voyait pas l’intérêt d’utiliser plusieurs aiguilles, il
n’excluait pas que « la communication du choc galvanique par un appareil de
Volta accroîtrait les effets médicaux de l’acupuncture » (p. 304-305).

8 C’est dans cette direction que se tourna Jean-Baptiste Sarlandière (1787- 19 Jean-Baptiste
1838). Bien qu’il se soit proposé de réclamer l’antériorité de son usage, il ne Sarlandière, Mémoire sur
l’électro-puncture
se mit au mieux à l’acupuncture qu’en 1815, soit cinq années après Berlioz.
considérée comme un
Comme ce dernier, il était plein du mépris habituel des Européens pour les moyen nouveau de tra
Asiatiques. Voilà ce qu’il écrivait : « Les prodiges que ces peuples attribuent à (...)

ce moyen peuvent bien tenir quelque chose de leur imagination orientale et de


leur amour du merveilleux et c’est bien ce qui a empêché les nations d’Europe
d’y porter attention. » Pour tout dire, Sarlandière ne croyait pas à
l’acupuncture simple nimbée « d’un prestige merveilleux et consistant dans la
simple présence d’une aiguille dans nos tissus sans autre action ». Aussi
promouvait-il l’électro-acupuncture dans laquelle « l’aiguille ne joue pas le
principal rôle […] mais sert de conducteur à l’électricité qui, introduite à
travers la peau dans le tissu musculaire […] modifie la vitalité de ces tissus à
tel point qu’elle y dénature la douleur et fait cesser l’irritation 19 ».

9 Des deux acupunctures, c’est la première qui servit de guide aux expériences 20 Haime, « Notice sur
pratiquées à l’hôpital de Tours dès 1816-1817. En effet, Berlioz avait été lu. l’acupuncture et
observations sur ses
Son confrère Haime, médecin à Tours, convainquit Bretonneau de le laisser
effets thérapeutiques »,
pratiquer l’opération dans son service 20. C’est aussi par l’entremise d’un autre Annales de la S (...)
lecteur de Berlioz, Morand, que Jules Cloquet (1790-1883) introduisit
21 Mémoire sur
l’acupuncture dans les salles de chirurgie et les consultations de l’hôpital Saint-
l’acupuncture suivi d’une
Louis à Paris. Il faudrait vérifier dans quelle mesure la mention qu’il fait à son série d’observations
propos des « journaux consacrés à la publication des faits cliniques recueillies sous les yeux
remplissent leurs colonnes sur ce nouveau moyen de guérir les maladies » de M. Jules C (...)

correspond à la réalité. Au vu de la disparition précoce de cette première


expérience, il ne semble pas que l’acupuncture ait eu un grand retentissement
dans l’opinion contrairement à l’avis de Morand selon lequel « les gens du
monde eux-mêmes ne veulent pas rester étrangers à cette conquête faite par
la médecine, partout on parle de l’acupuncture dans les salons comme à
l’Institut 21 ». Néanmoins, l’affaire mériterait une enquête.

10 Enfin, l’homéopathie vint compléter le tableau. Comme le magnétisme et la 22 Olivier Faure, Et


phrénologie, elle est liée à la personne charismatique de son fondateur, Samuel Hahnemann
inventa l’homéopathie : la
Samuel Hahnemann (1755-1843), mais elle n’attend pas l’installation du
longue histoire d’une
fondateur à Paris (1835) pour faire son entrée en scène comme en témoigne la médecine alter (...)
publication en 1831 de la Lettre aux médecins français sur l’homéopathie
rédigée par le médecin lyonnais d’origine napolitaine, Sébastien Des Guidi
(1767-1863). Cette proclamation est le fruit des nombreuses visites (pour ne
pas dire pèlerinages) effectuées à Köthen, petite ville de Saxe où réside
Hahnemann de 1822 à 1835 et du succès de son livre phare, Organon de la
médecine rationnelle [devenu par la suite De l’art de guérir] (1810) traduit en
français en 1824 par von Brunnow, puis en 1832 par Jourdan. L’année
suivante, le choléra offrit à l’homéopathie l’occasion de s’affirmer sur la scène
médicale. Sans doute autant que la phrénologie et le magnétisme,
l’homéopathie fut l’occasion de débats enflammés qui donnèrent lieu à la
publication de plusieurs centaines de brochures polémiques (600) et à la
création de nombreuses sociétés 22.

La formation d’une nébuleuse


11 Les années 1830 ne furent pas seulement celles de l’organisation des écoles 23 Un somnambule
phrénologiques et homéopathiques mais aussi celles pendant lesquelles des désordonné ?…, op. cit.,
p. 54.
hommes se mirent à circuler entre les différentes doctrines voire à adhérer à
plusieurs d’entre elles. Bien sûr, les fondateurs de doctrines comme Gall ou
Hahnemann ignorèrent ou condamnèrent les pratiques voisines, à l’image de
Gall qui dénonça l’homéopathie et le magnétisme. Ainsi refusa-t-il d’examiner
le jeune Hébert que Puységur voulait lui présenter 23. Il n’en alla pas de même
chez les simples militants, qu’ils soient médecins ou « amateurs ». Plutôt que
de donner une liste de noms, on retiendra ici deux personnages qui montrent
bien comment on pouvait être parfois tout à la fois phrénologue, magnétiseur
et homéopathe.

12 Le docteur Frapart a l’avantage et l’inconvénient d’être un médecin si obscur 24 Frapart, Lettre sur le
que l’on ignore même ses dates de vie. Il n’était, selon ses dires, « ni magnétisme et le
somnambulisme à
professeur, ni agrégé, ni médecin d’un hôpital, ni membre de la plus petite l’occasion de Mlle Pigeaire
société savante, ni membre de la Légion d’honneur, ni même membre d’un à M.M. Arago, (...)
bureau de charité 24 ». Pourtant, le personnage mérite qu’on s’y arrête 25 Bertrand Méheust,
Somnambulisme et
puisqu’il adhéra en même temps à l’homéopathie et au magnétisme et joua un
médiumnité, op. cit.,
rôle essentiel dans leur diffusion. Frapart est jusqu’à présent surtout connu p. 435.
pour avoir été le stratège de l’affaire Pigeaire à propos du magnétisme, « celui
qui en lançant des invitations soigneusement dosées a réuni ces assemblées 26 Ibid., p. 437.

de savants, d’hommes politiques, d’écrivains et de gens du monde qui se sont


27 Frapart, Lettres sur le
succédé pour assister aux séances de lectures magnétiques 25 ». Bertrand magnétisme et le
Méheust le décrit très justement comme un « médecin propagandiste, homme somnambulisme…,
op. cit., lettres n° 13
du monde, pamphlétaire tour à tour candide et cynique, humble et
p. 61 et n° 26 p. (...)
arrogant 26 ». En revanche, Méheust signale à peine que ses écrits traitent
aussi de l’homéopathie, de la phrénologie de Gall, du bilan de l’œuvre de
Broussais. C’est en partie par la phrénologie que Frapart en vint à
l’homéopathie en constatant que, « excepté le front du général Foy nous
n’avons pas en France de front plus vaste que celui de Hahnemann et que ce
front est fait pour ceindre le diadème de la science ». Le lien qu’il établit entre
le magnétisme et l’homéopathie est encore plus étonnant à nos yeux :
« Puisqu’un bon somnambule trouve le remède au mal et que les
infinitésimaux sont des remèdes, il est évident qu’il suffirait, pour faire
disparaître les entraves au traitement magnétique, de diriger exclusivement la
clairvoyance thérapeutique des somnambules sur les infinitésimaux 27. »

13 Non-médecin, le Comte de Las Cases (1804-1854), fils du mémorialiste de 28 Olivier Faure, Et


Sainte-Hélène, député sous la monarchie de Juillet, était aussi adepte des trois Samuel Hahnemann
inventa l’homéopathie…,
thérapeutiques. Son adhésion à l’homéopathie est le fruit d’un itinéraire à la op. cit., p. 56-57 et 99-
fois sensible et intellectuel. De santé fragile (il meurt à 50 ans) et très attentif 100.
à ses moindres incidents de santé, capable de rédiger une histoire très précise
de ses maladies depuis l’enfance, il étudie aussi la médecine en amateur. Déçu
par le flou que présente cette science, il est convaincu par un médecin anglais,
Frederick Quin (1798-1878), de lire l’Organon qui l’enthousiasme. Deux
rencontres avec Hahnemann à Köthen (1832 et 1833) le transforment en
disciple et propagandiste de l’homéopathie tant le fondateur de l’homéopathie
exerçait d’emprise sur ses visiteurs. Chez lui, le recours à l’homéopathie faisait
bon ménage avec le magnétisme. Il n’hésita pas à confier à Hahnemann qu’il
avait magnétisé une femme qui, mise en état de somnambulisme,
l’hypnotisait 28.

14 À côté de ces quelques parcours complets, on pourrait en ajouter d’autres qu’il 29 Ibid., p. 82-84 et 114.
faudrait retracer, comme ceux de Foissac, qui incitait ses malades mis en état
de somnambulisme à choisir des médicaments homéopathiques qu’il leur
faisait respirer et qui devint membre de la Société de phrénologie, de Teste, à
la fois homéopathe et magnétiseur, de Sarlandière, acupuncteur et
phrénologue, de Fleury Imbert, phrénologue en vue (et époux de la veuve de
Gall) converti à l’homéopathie dans ses dernières années 29, de Dubois,
phrénologiste et magnétiseur…

15 Pour ces hommes, les différentes doctrines n’étaient pas des chapelles isolées
et rivales mais elles représentaient des territoires aux frontières poreuses et
qui acceptaient la multi-appartenance. Enfin cette nébuleuse n’était pas au
départ nettement séparée du reste de la médecine (sauf assez vite pour
l’homéopathie). Ceux qui étaient attentifs aux nouvelles méthodes restaient
des médecins qui ne renonçaient pas aux pratiques habituelles ni ne
récusaient les connaissances établies. Ils voyaient dans ces techniques ou ces
théories des moyens de faire avancer la science médicale et la thérapeutique.
L’intérêt gagna même les hautes sphères du monde médical et provoqua un
débat sur lequel il faut revenir.

L’intérêt du monde médical


16 Loin de séduire seulement une frange minoritaire de médecins obscurs et
marginaux, les systèmes proposés retinrent l’attention des plus grands noms
de la médecine du temps qui se partagèrent assez également entre l’hostilité
absolue et l’intérêt marqué. Il n’y eut donc pas condamnation unanime et les
débats scientifiques ne furent pas totalement éclipsés par les questions
professionnelles.

17 Les médecins étaient le deuxième groupe le mieux représenté au sein de la 30 Louis V. Joseph
mesmérienne Société de l’Harmonie mais on ne sait guère quelle fut la Berlioz, Mémoires sur les
maladies chroniques…,
réception de l’acupuncture. Berlioz notait lui-même que l’une de ses opérations op. cit., p. 305.
avait été « accusée de témérité par les membres de la société de médecine de
Paris composant la commission nommée pour faire le rapport sur les ouvrages 31 Cité dans ibid., p. 18.

envoyés au concours de 1811 30 ». Dans le Nouveau dictionnaire de médecine,


Pierre-Augustin Béclard (1785-1825) rédigea un article plutôt sévère. Il
écrivait « qu’avant d’étudier les effets thérapeutiques de cette singulière
opération, il convient d’apprécier avec exactitude les effets de la piqûre sur les
différentes parties du corps ». Il mettait en garde « contre les piqûres les plus
profondes, celles qui intéressent les viscères qui, si elles ne produisent pas
toujours des accidents, cependant elles en déterminent quelquefois de très
graves et même la mort. » Sans condamner la méthode, sa conclusion portait
une fin de non-recevoir : « Avant d’avoir fait des expériences sur cette
opération et avant qu’elle fût employée comme moyen curatif en usage, j’étais
disposé à croire qu’il fallait la laisser à ses inventeurs. L’expérience m’a
confirmé dans cette opinion. » 31.

18 Assez logiquement, la phrénologie intéressa de nombreux aliénistes insatisfaits


des explications physiologiques de la maladie mentale proposées par Pinel.
Aussi la plupart d’entre eux (Esquirol, Foville, Ferrus, Bottex, Brierre de
Boismont) accordèrent-ils foi à la phrénologie. Au moins dans sa dimension
anatomique, celle-ci séduisit aussi des cliniciens comme Jean-Pierre Bouillaud
(1796-1881) mais aussi des pathologistes comme Gabriel Andral (1797-1876),
tous deux professeurs à la faculté de Paris et membres de l’Académie de
médecine quasiment depuis sa création. Bien qu’au cœur des instances
dominantes de la médecine, Bouillaud présida deux fois la Société
de phrénologie.

19 Le magnétisme bénéficia de l’intérêt de médecins jouissant du même profil.


Les aliénistes Georget et Ferrus virent dans la magnétisation une façon de
soigner leurs patients. Parmi les cliniciens, Henri-Marie Husson (1772-1853),
médecin de l’hôtel-Dieu de Paris, membre de l’Académie de médecine (1821)
qu’il présida en 1839, hébergea dans son service des expérimentations
magnétiques. Professeur de clinique médicale à Paris, Léon Rostan (1790-
1866) fit de même et écrivit un traité du magnétisme animal (1825). Bien qu’il
eût rédigé dans sa jeunesse une analyse favorable des leçons de Gall (1808),
Nicolas Philibert Adelon (1782-1862) fut très tôt comblé d’honneurs. Il fut
membre de l’Académie de médecine (1821) qu’il présida (1831), agrégé de
médecine (1823), professeur de médecine légale (1826).

20 Si l’homéopathie s’attira au mieux la neutralité de certains membres de l’élite 32 Marc Renneville, Le


médicale, plusieurs d’entre eux montrèrent leur sympathie pour deux ou langage des crânes…,
op. cit., p. 111.
trois doctrines nouvelles. Chirurgien, membre de l’Académie de médecine,
Germain-Jules Cloquet (1790-1883) se distingua à la fois en expérimentant
l’acupuncture dans son service à l’hôpital Saint-Louis (1825) et en pratiquant
l’ablation d’une tumeur sous sommeil magnétique (1829). Pourtant rien ne
vaut le parcours de François Broussais (1772-1838). Pourfendeur des
systèmes médicaux, passant pour le chantre d’une médecine matérialiste, il
montra à la fin de sa vie un intérêt différencié pour les nouvelles méthodes.
Douteux et pour le moins transitoire (quatre mois) son recours aux soins d’un
homéopathe pur (1837) aurait été un choix d’ordre purement privé face à la
maladie qui l’emporta l’année suivante. En revanche, il est évident qu’il a signé
avec Frapart (un de ses élèves) le récit de la cure d’un malade par
magnétisme. Son engagement dans la phrénologie fut encore plus net puisqu’il
consacra à ce thème l’un de ses derniers cours de pathologie générale et
thérapeutique (1836). Certes, comme le note Marc Renneville, ce cours était
plus le fruit d’un mariage de raison que d’un ralliement sans condition.
Broussais cherchait à regagner un peu de son prestige malmené depuis
l’épisode du choléra et voyait surtout dans la phrénologie une doctrine propre
à arracher la question des facultés mentales aux philosophes pour la faire
rentrer dans le domaine de la physiologie 32. Il n’empêche que par son
prestige et l’importance du réseau de ses élèves (Frapart), Broussais fut un
vecteur essentiel de la légitimation des doctrines nouvelles.

21 L’affirmation répétée des homéopathes, phrénologues et magnétiseurs selon


laquelle ils auraient été la cible d’une véritable mise à l’index et d’une
persécution de la part de leurs confrères, et particulièrement de l’Académie
hostile à toute nouveauté, ne tient donc pas. Bien au contraire, l’intérêt fut vif
et les positions partagées. Du reste, la condamnation de l’homéopathie ne fut
acquise qu’à une courte majorité de l’Académie (1835) et celle-ci était
tellement divisée sur le magnétisme qu’elle ne put prendre aucune décision, se
contentant, faute de consensus, de mettre fin en 1842 à un vain débat qui
durait depuis dix-sept ans. De plus, il n’existait pas deux blocs homogènes,
l’un en faveur des doctrines nouvelles et l’autre qui leur aurait été opposé.
Ainsi l’académicien Bouillaud, très engagé dans la phrénologie fut l’un des
grands pourfendeurs de l’homéopathie et du magnétisme.

Deux conceptions de la même


science
22 Il est évidemment hors de question de rejeter a priori hors de la science de
son temps les méthodes proposées à la charnière des XVIIIe et XIXe siècles. Le
point d’achoppement avec les confrères ne portait pas sur les résultats de ces
méthodes mais sur leur explication. Les résultats parurent si inexplicables
qu’ils furent rejetés. Comment concevoir que des médicaments dépourvus de
substance puissent agir ? Comment admettre que l’implantation d’une simple
aiguille puisse soulager la douleur ? Comment accepter qu’un somnambule
puisse lire des textes, poser un diagnostic, prescrire un traitement ? Derrière
ces questions en apparence triviales se cachent deux conceptions d’une même
démarche scientifique.

23 Loin de s’opposer à la science de leur temps, acupuncteurs, magnétiseurs, 33 Morand, Mémoire sur
homéopathes et phrénologues multipliaient les observations dans la droite l’acupuncture suivi d’une
série d’observations…,
ligne de la médecine clinique dont ils étaient partie prenante. Formés en op. cit., p. 6.
Allemagne et en Autriche, temple de la médecine d’observation, Mesmer, Gall
et Hahnemann avaient été initiés à la démarche clinique et l’avaient
scrupuleusement appliquée jusqu’à sa logique la plus extrême. De même,
l’acupuncteur Morand se comptait parmi « les hommes sages qui, faisant taire
leurs passions, se recueillent dans le silence pour méditer des faits observés.
Dédaignant le faste des théories, craignant de s’égarer en marchant dans le
vaste domaine des hypothèses, ils suivent avec persévérance la route étroite
de l’observation notent les faits avec une scrupuleuse exactitude puis les
rapportent avec candeur et bonne foi 33 ».

24 La démarche de ces médecins semble se limiter à l’observation brute des faits


et réduit presque à néant la question de la causalité. Frapart résume assez
bien les divergences méthodologiques entre les partisans et les adversaires de
ces nouvelles méthodes. S’adressant à Bouillaud qui condamne l’homéopathie
et le magnétisme en arguant que voir sans les yeux est une chose surnaturelle
ou contre naturelle, il répond :

Il y a deux manières d’étudier les sciences dites naturelles. La première 34 Frapart, Lettres sur le
consiste à aller des faits aux théories, la seconde des théories aux faits. magnétisme et le
somnambulisme…,
M. Bouillaud a sans doute tout lu sur le magnétisme et l’homéopathie. Aussi,
op. cit., lettre n° 14
il a voulu juger la science avant de voir les faits. Si cette manière est la plus p. 111 (souligné p (...)
commode, elle n’est pas la meilleure car les faits et les faits seuls, telle est la
seule base solide de toute science. Pour acquérir une conviction magnétique,
il aurait fallu que M. Bouillaud magnétisât souvent et pour acquérir une
conviction homéopathique qu’il essayât longtemps sur lui les
infinitésimaux 34.

25 Dans ce cadre, l’explication des faits n’est pas une question majeure. « Si l’on 35 Haime, « Notice sur
me demande de quelle manière agit l’acupuncture, écrit Haime, j’avoue qu’il l’acupuncture… », art.
cité, p. 192.
me sera difficile de répondre 35. » Plus radical, comme souvent, Frapart
avoue : « je suis prêt à reconnaître que je ne comprends rien aux phénomènes 36 Frapart, Lettres sur le
magnétiques ». À propos des médecins de bonne foi qui nient l’action des magnétisme et le
somnambulisme…,
médicaments homéopathiques, il écrit : « ils ont voulu comprendre avant de
op. cit., lettre n° 26
voir alors qu’il n’y avait rien à comprendre mais tout à voir, ils n’ont pu p. 144.
pénétrer jusqu’à la vérité 36 ». Puységur dénonçait de son côté les hommes
qui ont « l’inconsidération de prononcer qu’un fait n’est pas vrai parce qu’il ne 37 Un somnambule
désordonné ?…, op. cit.,
leur est pas expliqué ni démontré 37 ».
p. 215.

26 Cet apparent refus de comprendre ne renvoie pas les méthodes dans le


38 Frapart, Lettres sur le
domaine de la croyance. Il y a en effet dans la démarche une volonté de magnétisme et le
« réduire l’inexplicable à la raison scientifique ». À ceux qui traitent d’absurde somnambulisme…,
op. cit., p. 96 (souligné
le magnétisme parce qu’il est étonnant, ses partisans répondent que c’est la
par Olivier Fau (...)
théorie actuelle qui est fausse ou incomplète. En généralisant, Frapart rappelle
que « ce qui paraît aujourd’hui impossible sera peut-être évident demain et
que ce qui est au-dessus de la science n’est pas pour cela au-dessus du
possible 38 ». Les expériences de Lavoisier mettant en évidence l’existence de
gaz invisibles ou de Galvani et Volta révélant l’existence d’un fluide invisible,
pouvaient donner du crédit à cette affirmation. Dans ce contexte, le
magnétisme ou l’homéopathie avait des chances de profiter du déplacement
des frontières ainsi opéré entre le croyable et l’incroyable.

27 Au-delà de la scrupuleuse observation des faits, les méthodes pouvaient offrir 39 Charles Hervier,
deux avantages par rapport aux pratiques et connaissances en vigueur. Elles Théorie du mesmérisme,
Paris, Agasse, 1818.
répondaient d’abord à la volonté, de plus en plus affirmée, de tout essayer
pour soigner, sinon pour guérir. C’était là un défi croissant pour une médecine
qui supportait de moins en moins le décalage entre ses capacités
diagnostiques et son impuissance thérapeutique. Même si elles agissaient de
manière mystérieuse, certaines méthodes inhabituelles soulageaient la douleur
et, si les premières enquêtes fort contestées ne démontraient pas la
supériorité des infinitésimaux face au choléra, elles ne marquaient pas non
plus une claire supériorité des autres thérapeutiques. Par ailleurs, certaines
d’entre elles, comme le magnétisme et l’homéopathie, prétendaient soumettre
à une loi la multitude des observations collectées par la médecine du
XVIII
e siècle. Le magnétisme rétablissait une médecine universelle et réunifiée.

Il ne connaissait qu’une cause des pathologies (l’obstacle à la circulation du


fluide universel), préconisait une thérapeutique unitaire. Selon l’auteur d’une
Théorie du mesmérisme, au lieu d’une infinité de maladies, il n’y avait plus
qu’une vie, une santé, une maladie et par conséquent qu’un remède 39. Sans
aller aussi loin, Hahnemann finit par identifier dans la psore (affection
cutanée) le substrat de toutes les maladies qu’il fallait traiter par un remède
unique, le soufre, avant de mettre en œuvre des traitements individuels
fondés sur la double loi des semblables et de l’infinitésimalité. Ces théories
rassuraient des cliniciens comme Fleury Imbert qui pensait que « les faits
accumulés ne constituent pas plus une science qu’un amas de matériau ne
constitue un édifice ». D’autres, déçus par les théories antérieures démenties
par la nature ou dépourvues de perspectives thérapeutiques, ne se résignaient
pas à l’éclectisme et voyaient dans ces systèmes fondés sur l’observation la
boussole qu’ils recherchaient.

28 Les partisans des méthodes alternatives ne poussèrent pas seulement jusqu’au


bout la logique de la médecine d’observation mais ils en tirèrent des
propositions thérapeutiques et pour certains des lois générales auxquelles
aspiraient encore de nombreux médecins. En revanche, non seulement elles
ne convainquirent pas les sceptiques, mais elles en accrurent sans doute les
rangs par leur caractère incroyable. Il resterait ici à analyser sérieusement et
historiquement le scepticisme et l’éclectisme médical de cette époque.

La connexion politique
29 Dans le cadre des études sur chaque théorie, beaucoup a déjà été dit sur les
connexions établies entre ces écoles médicales et des courants politiques
contestataires allant de la contestation prérévolutionnaire aux premiers
courants socialistes.

30 Le symbole le plus fort de cette double appartenance politique et médicale est,


sans doute, le lit de mort de Saint-Simon où, le 15 mai 1825, Broussais et Gall
accourent à l’appel du phrénologiste Bailly pour aider son médecin traitant,
Sarlandière. Les liens entre le libéralisme radical et la phrénologie sont bien
attestés. La doctrine de Gall recrute massivement parmi les membres de la
Société de la morale chrétienne, de la Société pour l’instruction primaire et
parmi d’anciens membres de la Charbonnerie. Elle compte à la fois des
hommes politiques, des philanthropes et des médecins. Appert, Las Cases,
Lasteyrie, Ternaux et bien d’autres se retrouvent au sein de la Société
phrénologique. Le ralliement de Las Cases à la phrénologie semble avoir été en
lien avec ses préoccupations sociales et politiques de l’époque. Il voyait dans
la phrénologie « la science la plus propre à nous apprendre pourquoi l’homme
agit sur ce qui l’environne et comment on peut agir sur lui ». Il en retenait
plusieurs applications dans l’art de gouverner les hommes, dont l’instruction.

31 La frontière entre le libéralisme radical et le saint-simonisme n’était pas nette


et beaucoup passaient de l’un à l’autre quand ils ne combinaient les deux
appartenances. Au moins deux figures marquantes du mouvement saint-
simonien furent l’un homéopathe, l’autre phrénologue. Ami de Saint-Simon et
correspondant d’Enfantin, Étienne Marin Bailly (1796-1837) rédigea la partie
médicale des Opinions littéraires, philosophiques et industrielles attribuées à
Saint-Simon (1825). Sur la tombe du maître, il aurait fait de celui-ci le
fondateur d’une physiologie de l’espèce humaine. De son côté, l’homéopathe
Léon Simon (1798-1867) fut l’un des hommes forts de la communauté saint-
simonienne de Ménilmontant puisqu’il fut directeur du 3e collège puis chef de
cuisine de la communauté et à ce titre l’un des plus proches d’Enfantin. C’est
lui qui aurait suggéré au « père » l’analogie entre la ville idéale et le corps
humain. D’autres saint-simoniens médecins ou laïcs comme l’homme d’affaires
lyonnais Arlès-Dufour (1797-1872) étaient aussi adeptes de l’homéopathie. Ce
dernier essaya en vain de convertir Enfantin d’y adhérer. Il y eut aussi des
noyaux provinciaux mêlant étroitement homéopathie et saint-simonisme. Les
liens avec le fouriérisme ne furent pas moins forts. Le phrénologue Fleury
Imbert, d’abord saint-simonien, les homéopathes Benoît Mure et Jaenger
furent des fouriéristes militants et le premier l’inventeur de son propre
système socialiste, l’Armanase ou le règne de la capacité. Imbert et Mure
créèrent ou soutinrent des colonies fouriéristes, l’une en Algérie, l’autre
au Brésil.

32 On peut déceler quatre raisons à cette collusion médico-politique. Que ce soit


avant la Révolution ou après, la revendication ouvertement politique des
jeunes en quête de neuf ne trouva guère de débouchés ni sous l’Empire
autoritaire ni sous la Restauration. Néanmoins, le militantisme médical
révolutionnaire ne fut pas seulement un substitut de l’engagement politique.
Robert Darnton a peut-être un peu trop rapidement postulé que le magnétisme
attira de jeunes ambitieux préalablement radicalisés. On peut plutôt penser
que l’engagement dans le magnétisme fut plutôt une école de radicalisation, le
combat contre le despotisme des académies servant de laboratoire à la lutte
contre le régime politique. Après la Révolution, les jeunes médecins, comme
les jeunes ingénieurs polytechniciens, fournirent les gros contingents de la
contestation politico-médicale. Outre leurs frustrations politiques, les jeunes
médecins voyaient s’offrir devant eux des carrières sociales médiocres et une
pratique décevante par son inefficacité thérapeutique. Les ingrédients de la
double contestation étaient réunis chez ces jeunes gens dont il faudrait
préciser le profil.

33 Encore fallait-il que cette contestation latente se fasse jour. Ici, il faut redonner 40 Paul Bénichou, Le
leur place aux créateurs des théories contestataires. On sait que l’époque fut temps des prophètes,
Paris, Gallimard, 1977.
Le temps des prophètes 40 aussi bien sur le plan littéraire que social. Il le fut Repris dans id.,
aussi en médecine. Visiblement Mesmer, Gall et surtout Hahnemann 41 étaient Romantismes frança (...)
des leaders charismatiques qui avaient la capacité, non seulement de
41 Olivier Faure, Et
convaincre, mais aussi de recruter des disciples fidèles attachés à leur cause et
Samuel Hahnemann
à leur personne. Au-delà de leur attraction personnelle, les leaders inventa l’homéopathie…,
charismatiques des nouvelles médecines savaient se poser en victimes du op. cit., p. 33-46.
despotisme, en Galilée persécuté et en appelaient au peuple et au public. Le
message était transparent et ne pouvait que convaincre ceux qui, à tort ou à
raison, croyaient vivre sous la chape de plomb d’une société étriquée et figée.

34 Néanmoins, pour avoir tant d’emprise, encore fallait-il que la frontière entre la 42 Judith Schlanger, Les
politique et la médecine ne fût pas trop considérable. Si elle était fort métaphores de
l’organisme, Paris, Vrin,
ancienne, la métaphore organiciste qui comparait le corps humain au corps 1971 (rééd. L’Harmattan,
social s’était nettement étendue depuis la fin du e
XVIII siècle 42. Elle ne fut 1995).
jamais aussi forte que dans ces milieux contestataires. À la recherche d’une
43 Marc Renneville, Le
justification scientifique à leur doctrine, le saint-simonisme et le fouriérisme la langage des crânes…,
cherchèrent naturellement dans la médecine et d’autant plus que les jeunes op. cit., p. 108, 144 et
médecins contestataires envahirent leurs rangs. Plus ceux-ci étaient nombreux 148.

et plus la référence à la médecine s’accroissait. Sous l’inspiration de Léon


Simon, Enfantin décrivit la ville à l’image du corps humain (ce qui n’était pas
nouveau) et Bailly fit de Saint-Simon l’inventeur d’une physiologie de l’espèce
humaine. En sens inverse, la phrénologie fut mobilisée par la nébuleuse
réformatrice comme la science qui devait fournir aux législateurs, instituteurs
et moralistes, les données nécessaires pour introduire dans la législation,
l’instruction, la philosophie, les perfectionnements réclamés de toute part 43.

35 En médecine comme en politique, l’espoir d’un ordre nouveau passait par 44 Fleury Imbert, De la
l’attente d’un homme providentiel qui le révélerait. Ainsi, le phrénologue Fleury nécessité d’une théorie en
médecine, Lyon, Rossary,
Imbert appelait-il de ses vœux dès 1833 « le génie qui fera cesser nos 1833, p. 13.
discordes, imposera une autorité durable à la médecine et sera pour elle dans
les siècles à venir ce qu’a été Hippocrate 44 ». Près de vingt ans plus tard, il 45 Discours prononcé à
l’ouverture de la Société
crut le reconnaître dans Hahnemann qui n’hésitait pas à se présenter comme
homéopathique gallicane
le messie qui apporte « la vérité, cette révélation divine d’un principe de la le 15 septembre 1835,
nature éternelle 45 ». Cette attente de l’homme providentiel était un sentiment Genève (...)
assez partagé qui explique le succès des annonciateurs d’une nouvelle société
46 Paul Bénichou, Le
ou d’une nouvelle médecine. En ce sens, les écoles socialistes et médicales
temps des prophètes,
font partie de ce messianisme du début du siècle qui sort de la sphère op. cit.
purement religieuse 46. Ce messianisme explique aussi que le magnétisme,
47 David Armando et
comme l’homéopathie, ait pu s’associer aussi bien aux espérances
Bruno Belhoste, « Le
révolutionnaires qu’aux orientations réactionnaires, qu’elles aient pu venir en mesmérisme… » art. cité.
renfort de la tradition catholique ou fonder une religion nouvelle incompatible
avec la tradition de l’Église 47.

Un cultic milieu ouvert ?


36 Loin d’être des médecines parallèles, les systèmes dont on vient de retracer 48 Arnaud Baubérot,
l’introduction en France naquirent au sein de la médecine d’observation et Histoire du naturisme : le
mythe du retour à la
furent principalement portés par d’authentiques docteurs mais qui ne nature, Rennes, Presses
constituaient qu’une minorité de la profession. Ils formaient une nébuleuse universit (...)
contestataire qui s’apparente à un cultic milieu tel qu’il a été défini par Colin
Campbell et appliqué au milieu naturiste par Arnaud Baubérot 48. Ces hommes
étaient bien de ces individus qui tenaient pour acquises des croyances et des
valeurs que la science établie ne reconnaissait pas comme légitimes et
envisageaient toutes les possibilités pourvu qu’elles sortent des sentiers
battus. Cet état d’esprit était aussi propice aux interactions entre des
domaines divers comme la médecine et la politique. La période pré et post-
révolutionnaire dans laquelle l’ancien monde était mourant mais le nouveau
pas encore établi était propice à la recherche de prophètes comme Mesmer,
Gall et Hahnemann à l’instar de Saint-Simon. Dans ce contexte, ce milieu ne
constituait en rien une secte. Les interrogations qu’il portait, les solutions qu’il
proposait séduisaient partiellement les gens établis.

37 Si ce cas de figure est évidemment spécifique à cette époque, le même 49 Olivier Faure,
schéma semble s’être partiellement reproduit dans l’entre-deux-guerres même « Esquisse d’une histoire
des marges médicales en
s’il n’y eut plus de prophètes et que les prolongements politiques aient été
France (XIXe-milieu
radicalement différents 49. Par bien des aspects, la période très contemporaine e siècles) (...)
XX

offre aussi de très nettes parentés avec ces deux épisodes. Ceux-ci offrent de
riches perspectives aux recherches futures qui devront en particulier utiliser
les approches biographiques et la formation des réseaux constitués par ces
activistes et leurs compagnons de route.

Notes

1 Hervé Guillemain et Nathalie Richard, « Towards a Contemporary Historiography of


Amateurs in Science (18th-20th Centuries), Gesnerus, 73/2, 2016, p. 201-237.

2 Laurence Brockliss et Colin Jones, The Medical World of Early Modern France,
Oxford, Oxford University Press, 1998, p. 144-150.

3 Robert Darnton, La fin des Lumières : le mesmérisme et la Révolution, Paris,


Perrin, 1984 (édition originale 1968).

4 Annales historiques de la Révolution française, 391, 2018, Le mesmérisme et la


Révolution française. Voir en particulier David Armando et Bruno Belhoste, « Le
mesmérisme entre la fin de l’Ancien régime et la Révolution : dynamiques sociales et
enjeux politiques », p. 3-26.

5 Robert Darnton, La fin des Lumières…, op. cit., p. 61.

6 Un somnambule désordonné ? Œuvres du marquis de Puységur publiées et


présentées par Jean-Pierre Peter, Le Plessis-Robinson, Synthélabo, 1999.
7 Bertrand Méheust, Somnambulisme et médiumnité, t. 1, Le défi du magnétisme
animal, Le Plessis-Robinson, Synthélabo, 1999.

8 Anne Martin-Fugier, La vie élégante ou la formation du Tout-Paris (1815-1848),


Paris, Seuil, 1993 (1re éd. Fayard, 1990) p. 265-268.

9 Ibid., p. 265.

10 Bertrand Méheust, Somnambulisme et mediumnité, op. cit., p. 207.

11 Robert Darnton, La fin des Lumières…, op. cit., p. 166.

12 Marc Rennevile, Le langage des crânes : une histoire de la phrénologie, Le


Plessis-Robinson, Synthélabo, 2000.

13 Lucia Candelise, « L’appropriation de l’acupuncture en France au XXe siècle : un


processus d’acculturation et d’insertion locale dans le contexte de globalisation » dans
Liliane Hilaire-Perez et Larissa Zakharova (dir.), Les techniques et la globalisation au
XX
e siècle, Rennes, Presses universitaires de Rennes (Carnot), 2016, p. 205-226.

14 Louis V. Joseph Berlioz, Mémoires sur les maladies chroniques, les évacuations
sanguines et l’acupuncture, Paris, Caillebois, 1816, p. 298.

15 L’exemplaire détenu par la Bibliothèque municipale de Lyon (cote 394608,


également consultable en ligne sur le portail Numelyo : http://numelyo.bm-lyon.fr/)
porte cette dédicace de l’auteur.

16 Engelbert Kaempfer (1651-1716), botaniste d’origine allemande est l’auteur d’une


Histoire naturelle, civile et ecclésiastique de l’Empire du Japon en deux volumes
traduite en français en 1729.

17 Willem Ten Rhyne [ou Rhijne] (1647-1700), chirurgien et botaniste hollandais en


mission au Cap de Bonne-Espérance puis en Indonésie, auteur de Dissertatio de
arthritide. Mantissa schematica. De acupunctura (1683).

18 Réédité en 1828 dans Antoine-Laurent Bayle (dir.), Bibliothèque de


thérapeutique, p. 412-419.

19 Jean-Baptiste Sarlandière, Mémoire sur l’électro-puncture considérée comme un


moyen nouveau de traiter efficacement la goutte, le rhumatisme et les affections
nerveuses et sur l’emploi du moxa japonais en France, suivi d’un traité de
l’acupuncture et du moxa, Paris, Delaunay, 1825, p. 1.

20 Haime, « Notice sur l’acupuncture et observations sur ses effets thérapeutiques »,


Annales de la Société de médecine pratique de Montpellier, 23/3, 1818, p. 177-192.

21 Mémoire sur l’acupuncture suivi d’une série d’observations recueillies sous les
yeux de M. Jules Cloquet par M. Morand, Docteur-médecin, Paris, Crevot, 1825, p. 5.

22 Olivier Faure, Et Samuel Hahnemann inventa l’homéopathie : la longue histoire


d’une médecine alternative, Paris, Flammarion, 2015.

23 Un somnambule désordonné ?…, op. cit., p. 54.

24 Frapart, Lettre sur le magnétisme et le somnambulisme à l’occasion de


Mlle Pigeaire à M.M. Arago, Broussais, Bouillaud, Paris,
Dentu/Germer/Baillière/Bourgeois-Maze, 1839, p. 121.

25 Bertrand Méheust, Somnambulisme et médiumnité, op. cit., p. 435.

26 Ibid., p. 437.

27 Frapart, Lettres sur le magnétisme et le somnambulisme…, op. cit., lettres n° 13


p. 61 et n° 26 p. 152.

28 Olivier Faure, Et Samuel Hahnemann inventa l’homéopathie…, op. cit., p. 56-57 et


99-100.

29 Ibid., p. 82-84 et 114.

30 Louis V. Joseph Berlioz, Mémoires sur les maladies chroniques…, op. cit., p. 305.

31 Cité dans ibid., p. 18.

32 Marc Renneville, Le langage des crânes…, op. cit., p. 111.

33 Morand, Mémoire sur l’acupuncture suivi d’une série d’observations…, op. cit.,
p. 6.

34 Frapart, Lettres sur le magnétisme et le somnambulisme…, op. cit., lettre n° 14


p. 111 (souligné par Olivier Faure).

35 Haime, « Notice sur l’acupuncture… », art. cité, p. 192.

36 Frapart, Lettres sur le magnétisme et le somnambulisme…, op. cit., lettre n° 26


p. 144.

37 Un somnambule désordonné ?…, op. cit., p. 215.

38 Frapart, Lettres sur le magnétisme et le somnambulisme…, op. cit., p. 96


(souligné par Olivier Faure).

39 Charles Hervier, Théorie du mesmérisme, Paris, Agasse, 1818.

40 Paul Bénichou, Le temps des prophètes, Paris, Gallimard, 1977. Repris dans id.,
Romantismes français, vol. 1, Le sacre de l’écrivain. Le temps des prophètes, Paris,
Gallimard (Quarto), 2004, p. 445-985.

41 Olivier Faure, Et Samuel Hahnemann inventa l’homéopathie…, op. cit., p. 33-46.

42 Judith Schlanger, Les métaphores de l’organisme, Paris, Vrin, 1971 (rééd.


L’Harmattan, 1995).

43 Marc Renneville, Le langage des crânes…, op. cit., p. 108, 144 et 148.

44 Fleury Imbert, De la nécessité d’une théorie en médecine, Lyon, Rossary, 1833,


p. 13.
45 Discours prononcé à l’ouverture de la Société homéopathique gallicane le
15 septembre 1835, Genève, Gruaz, 1835.

46 Paul Bénichou, Le temps des prophètes, op. cit.

47 David Armando et Bruno Belhoste, « Le mesmérisme… » art. cité.

48 Arnaud Baubérot, Histoire du naturisme : le mythe du retour à la nature, Rennes,


Presses universitaires de Rennes, 2004, p. 242-243. Je remercie Arnaud Baubérot de
m’avoir rappelé ce concept.

49 Olivier Faure, « Esquisse d’une histoire des marges médicales en France (XIXe-
milieu XX
e siècles) », dans id., Aux marges de la médecine. Santé et souci de soi,

France, XIX
e siècle, Aix-en-Provence, Presses universitaires de Provence, 2015, p. 319-

332.

Pour citer cet article

Référence papier
Olivier Faure, « Le surgissement de médecines « révolutionnaires » en France
(fin XVIIIe-début XIXe siècle) : magnétisme, phrénologie, acupuncture
et homéopathie », Histoire, médecine et santé, 14 | 2019, 29-45.

Référence électronique
Olivier Faure, « Le surgissement de médecines « révolutionnaires » en France
(fin XVIIIe-début XIXe siècle) : magnétisme, phrénologie, acupuncture
et homéopathie », Histoire, médecine et santé [En ligne], 14 | hiver 2018, mis en
ligne le 15 mars 2019, consulté le 10 septembre 2021. URL :
http://journals.openedition.org/hms/1657 ; DOI : https://doi.org/10.4000/hms.1657

Auteur

Olivier Faure
Université de Lyon (Jean-Moulin), LARHRA (UMR 5190)

Articles du même auteur

Esquisse d’une histoire des marges médicales en France (XIXe - milieu XXe siècle)
[Texte intégral]
An outlined history of medical margins in France (19th-mid 20th centuries)
Ensayo de una historia de los márgenes médicos en Francia (siglo XIX-mediados del
siglo XX)
Paru dans Histoire, médecine et santé, 15 | été 2019

Pour une autre histoire des pratiques médicales alternatives [Texte intégral]
For another history of alternative medical practices
Paru dans Histoire, médecine et santé, 14 | hiver 2018

Alexandre Klein et Séverine Parayre (dir.), Histoire de la santé (XVIIIe-XXe siècles)


[Texte intégral]
Presses universitaires de l’université de Laval/Hermann, Québec/Paris, 2015
Paru dans Histoire, médecine et santé, 14 | hiver 2018

DÉPLAUDE Marc-Olivier, La hantise du nombre : une histoire des numerus clausus


de médecine [Texte intégral]
Paris, Les Belles Lettres, coll. « Médecine et sciences humaines », 2015
Paru dans Histoire, médecine et santé, 10 | hiver 2016

BELMAS Élisabeth et NONNIS-VIGILANTE Serenella (dir.), Les relations médecin-malade des


temps modernes à l’époque contemporaine [Texte intégral]
Lille, Presses universitaires du Septentrion, 2013
Paru dans Histoire, médecine et santé, 8 | hiver 2015

Une histoire du soin est-elle possible ? [Texte intégral]


Paru dans Histoire, médecine et santé, 7 | printemps 2015

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