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Ecaterina LUNG
Abstract: This paper tries to show how the romantic works of some of the most important
members of the Pre-Raphaelite Brotherhood imply a contestation of the Victorian society but
were accepted quite enthusiastically by the same society. The chivalrous ideals of Queen
Victoria and the prude attitude she tried to impose over the whole English society were
somehow mined by works of art that were inspired by passion and adulterous love.
2 LaurentBury, Which medievalism? The case of Ford Madox Brown, in « Cahiers Victoriens et
Édouardiens » , n° 73 (Avril 2011), p. 94.
3 Lucinda Hawksley, Essential Pre-Raphaelites, Dempsey Parr, Paragon, 1999, p. 8.
Analele Universităţii „Ovidius” Constanța – Seria Istorie
Volumul 12-13, 2015-2016
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souvenir assez vague et sa figure avait été traitée dans une clé plutôt ironique les
deux derniers siècles. Par contre, dans les premières décennies du 19e siècle
Arthur semble intéresser pas mal les Celtes – Ecossais, Gaulois qui voient en lui
une image de leur identité nationale4. C’est pourquoi les artistes plastiques
anglais ne s’y sont pas trop inspirés avant le milieu du 19e siècle5.
La fortune de la légende arthurienne avait commencée se changer et la
fascination émergente pour le monde arthurien doit beaucoup à Sir Walter
Scott, qui a utilisé Mallory pour « The Bridal of Triermain », publiée en 1813.
La société britannique allait apprécier le mode de vie des chevaliers, en
commençant avec la reine Victoria, qui aimait voir son époux adoré Albert
représenté en chevalier en armure selon la mode médiévale.
Cette vogue médiévale fait partie du mouvement culturel plus général du
romantisme et du Gothic Revival, dont j’ai déjà parlé mais en Grande Bretagne
l’accent mis sur la légende arthurienne dans les arts plastiques est plus
importante qu’ailleurs, en tant que symbole de la confidence de de l’identité6.
L’appel fait par la reine Victoria au model chevaleresque s’explique aussi par sa
situation personnelle. El est devenue reine très jeune et est mariée avec le prince
Albert qui a été reçu avec beaucoup d’hostilité par l’opinion publique anglaise,
qui voyait en lui un étranger, allemand et un coureur de dote. Pour gagner la
sympathie de son peuple, Victoria se présentait comme une demoiselle en
détresse qui avait besoin de l’aide d’un chevalier, qui pouvait être, selon le
contexte, son bien-aimé Albert ou son peuple tout entier.
En tout cas, la vogue médiévale et arthurienne recevait une sanction
officielle avec les travaux du nouvel bâtiment du Parlement, duquel on a dit
qu’était réalisé dans un style architectural néogothique. En 1847 pour ce nouvel
bâtiment de Westminster (Queen’s Robing Room), grâce en grande partie au
choix fait par le prince Albert, William Dyce a été commissionné pour peindre
les fresques. Ile peintre a choisi épisodes inspirés de la légende du roi Arthur,
connus grâce aux rééditions modernes de Malory (il y avait eu trois éditions
entre 1816 et 1817). Ce choix posait déjà un problème, car les histoires
d’adultère et inceste liées aux affaires de Guenièvre et Lancelot, Morgane et
Arthur entraient en contradiction avec les valeurs morales des Victoriens du
milieu de 19e siècle. Autres problèmes étaient liés à la signification eucharistique
de Graal, dans les conditions d’une accrue animosité anticatholique dans la
société anglaise. Finalement, Dyce a choisi de peindre dans une manière
allégorique, les vertus représentées étant inspirées par des épisodes de l’œuvre
de Malory (par exemple, la Piété était représentée par le départ des chevaliers
de la table ronde en quête du Graal). Dans la même année, William Bell Scott a
4 The Cambridge Companion to the Arthurian Legend, Cambridge University Press, Cambridge, 2012
(2009), p. 110.
5 Christine Poulson, The Quest for the Grail : Arthurian Legend in British Art 1840-1920, Manchester
University Press, Manchester, 1999, p. XIV.
6 Debra Mancoff , The Arthurian Revival in Victorian Art, Garland, New York; 1990, p. XXII.
Ecaterina LUNG
LA LEGENDE ARTHURIENNE DANS LES ARTS PLASTIQUES EN ANGLETERRE…
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réalisé « King Arthur carried to the land of enchantment », 1847, une des
premières peintures considérées à se réclamer directement de Mallory. La
légende arthurienne commençait en force son chemin dans la peinture
britannique de 19e siècle, répondant aux plusieurs besoins et idéaux de la
société.
A partir des années 30 du 19e siècle Alfred Tennyson commence à écrire
des œuvres inspirés par la légende arthurienne, même si la source n’était pas dès
le début Malory. La première version de The Lady of Shalot publiée en 1832,
thème qui allait connaitre un énorme succès quelques décennies plus tard était
inspirée par une courte nouvelle italienne anonyme imprimée en 18047. En 1842
le poème est retravaillé, et il va offrir source d’inspiration pour plusieurs artistes
de l’époque pendant les décennies à venir.
Tennyson se proposait de mettre en valeur une certaine unité morale des
légendes médiévales, étant de cette façon plus approprié aux idéaux morals
puritains de la société victorienne. Il a offert sources d’inspiration aux plusieurs
artistes, parmi lesquels les Préraphaélites sont les plus importants.
La fraternité des Préraphaélites (Preraphaelite Broterhood) formée en
1848 par Dante Gabriel Rossetti, William Holman Hunt et John Everett Millais,
auxquels assez vite se sont ajoutés d’autres, se proposait de renouveler la
peinture britannique accusée de sclérose académique par un retour aux grandes
maîtres italiens d’avant Rafael. Ils désiraient que leurs œuvres soient morales
mais ayant en même temps des qualités esthétiques. Leurs principes étaient la
franchise (ne plus imiter les maitres) et le réalisme (utilisation de couleurs vives
et utilisation de la nature comme source d’inspiration). En même temps, leur
inspiration est médiévale, ils utilisent thèmes religieuses ou arthuriennes, la
seconde étant quand même plutôt secondaire dans leurs premières années. Leur
renommée et tant que familiers avec les thèmes arthuriennes a fait que l’édition
de poèmes de Tennyson imprimé par Moxon en 1857 a des illustrations faits
par William Holman Hunt et Dante Gabriel Rosetti.
La vogue médiévale et arthurienne devenait grande dans les milieux
académiques anglais, et quand Benjamin Woddward a réalisé la salle de débats à
Oxford, il a fait appel à Rossetti pour peindre les murs dans la technique
médiévale de la fresque. Il s’agit de la fameuse histoire de la peinture de Oxford
union murals (1857-1859).
Rossetti avait senti le potentiel érotique dans Malory qu’il a choisi
comme source principale d’inspiration pour ces fresques. Il a collaboré avec
plusieurs artistes, le plus importants étant William Morris and Edward Burne
Jones. Ils étaient plus jeunes que lui, excessivement nourris par des lectures de
teinte médiévale et avaient eu l’idée de fonder une sorte de fraternité quasi monastique
dédiée au Saint Galaad. Sir Galaad était pour eux la figure centrale
de la légende arthurienne, ce qui s’explique aussi par les aspirations catholiques
of Burne Jones au moment quand il arrivait à Oxford). Ce qui les unissait c’était
leur manque d’intérêt pour leur propre époque industrielle8.
Dans une époque obsédé par la moralité basée sur le mariage légitime et
la famille, Rossetti a choisi comme personnage représenter Lancelot, symbole
de l’amour adultéré et instrument de la destruction du royaume d’Arthur – Sir
Launcelot’s vision of the San Grail. Lancelot doit choisir entre Guenièvre et l’ange
de Graal, vision qui n ’existe pas dans Malory – ce qui signifie le choix entre
amour sacré et amour profane. Un thème qui confère unité aux fresques est le
pouvoir des femmes sur les hommes, femmes qui peuvent leur donner plus de
force ou les en dériver. (Nimue, Guenièvre.) Les peintres d’Oxford étaient
jeunes et enthousiastes, mais ils ne maniaient pas la technique de la fresque et ce
pour cela leurs peintures se sont rapidement détériorées.
Plus tard dans leur vie Morris et Burne Jones vont revenir aux thèmes
qui les avaient intéressés lors de leur travail à Oxford. La seule peinture en huile
de Morris est La Belle Iseut, parfois intitulé Guenièvre, peinte en 1858, au
début de sa relation avec Jane Burden, devenue sa femme et qui, comme les
personnages arthuriennes, a eu une liaison adultéré (avec Rossetti). William
Morris, fasciné avec la figure de Guinevere, a écrit The Defence of Guenevere and
Other Poems (1858).
L’amitié qu’ils avaient liée à Oxford a perduré et Burne Jones et Morris
ont réalisé une série de tapisseries et des vitraux inspirés par la légende. C’était à
l’époque de la compagnie que Morris avait fondé pour promouvoir les arts et les
métiers de type médiéval, comme expression de son mécontentement avec
l’industrialisation moderne. Edward Burne Jones a travaillé jusqu’à sa mort a
une toile monumentale sur l’Arthur en Avalon (The last sleep of Arthur in Avalon),
considérée comme sa dernière œuvre importante9.
Pour conclure, on peut souligner plusieurs paradoxes liées à l’utilisation
de la légende arthurienne dans les arts plastiques de la deuxième moitié du 19e
siècle, qui peut servir plusieurs idéologies et politiques socio-culturelles.
L’accent mis sur la figure d’Artur, représenté parfois comme un héros solaire a
des relations avec le nationalisme anglais et l’impérialisme britannique, qui a pu
finalement utiliser un Celte comme symbole central. Dans une société obsédée
avec la moralité centrée sur la famille et le mariage légitime, des peintres ont
choisi comme sources d’inspiration les figures des adultères notoires, comme
Lancelot et Guenièvre, Tristan et Isolde. Au contrôle puritain des émotions ils
opposent la figure d’Elaine, the lady of Shalot, consommée jusqu’à mort par sa
passion pour Lancelot. Finalement, on peut nous demander si les œuvres des
peintres préraphaélites n’ont plutôt une signification dissidente, mettant en