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de Rome
Résumé
Une étude approfondie de la présence dominicaine en Orient et du rôle des frères prêcheurs dans l'ancien domaine byzantin
était nécessaire pour mieux comprendre leur action déterminante dans la mise en œuvre du concile de Ferrare-Florence en
1438-1439.
Confrontant des sources très diverses, l'auteur dresse le tableau, le plus exhaustif à ce jour, des établissements dominicains en
Méditerranée orientale et autour de la mer Noire, ainsi que de ceux de Perse, d'Arménie et d'Europe centrale. Grâce à l'étude
de la dynamique missionnaire de l'ordre, sollicité de manière très variable par les papes successifs, l'ouvrage apporte une
contribution importante au renouvellement de l'histoire des contacts entre Grecs et Latins à la fin du Moyen Âge, tant dans la
mise en évidence d'une proximité quotidienne qui tend à émousser les divergences religieuses que dans la prise en compte de
l'expression du prosélytisme des métropoles latines.
Au centre de cette mosaïque, une attention toute particulière est consacrée au couvent de Péra, situé dans la colonie génoise
de Constantinople et de certains de ses religieux (Philippe de Péra, André Chrysobergès) qui entretiennent des rapports étroits
avec l'élite intellectuelle byzantine. Préparant le concile de Florence et ses discussions théologiques qui aboutiront au décret
d'Union de 1439, l'œuvre de ces frères prêcheurs apportera également une importante contribution à l'Humanisme naissant.
, . Les Dominicains et la chrétienté grecque aux XIVe et XVe siècles. Rome : École Française de Rome, 1997. pp. 3-476.
(Publications de l'École française de Rome, 237);
https://www.persee.fr/doc/efr_0223-5099_1997_ths_237_1
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Le premier folio du ms. B.A.V. Palat. lat. 604 : dialogue d'André Chrysobergès
aux citoyens de Modon.
CLAUDINE DELACROIX-BESNIER
LES DOMINICAINS ET LA
CHRÉTIENTÉ GRECQUE
Diffusion en France:
DIFFUSION DE BOCCARD
11 RUE DE MÉDICIS
75006 PARIS
REMERCIEMENTS
2 Bernard Gui O.P., Notitia altera status ordinis, qualis erat anno MCCCIII
post erectionem sex novarum provinciarum ex divisione totidem antiquarum ex
Bernardo Guidonis..., Quétif - Echard, éd., Scriptores Ordinis Praedicatomm, I,
XII; Jourdain Cathala O.P., Mirabïlia descripta, Avignon, 1329, TH. Kaeppeli,
Scrìptores Ordinis Praedicatorum Medii Aevi, 3, Rome 1980, p. 51-52.
3 A. Walz, Compendium historìae ordinis praedicatorum, Rome, 1948, p. 163.
4 Th. Kaeppeli, SOP MA, 2, op. cit., p. 122, t. 4, p. 103-105.
6 LES DOMINICAINS EN ORIENT
dique donc qu'il y avait six couvents dans la province de Grèce : Cla-
renza, Thèbes et Modon pour la Grèce continentale; Negrepont en
Eubée, Candie et La Canèe pour la Crète. Mais les fondations furent
plus nombreuses et les documents antérieurs ou postérieurs
donnent d'autres noms.
Dans la chronique de Morée, il est dit que Guillaume II de Ville-
hardouin construisit des églises à Andravida, à quelques kilomètres
de Clarenza5. Cette cité était en effet devenue la résidence de l'é-
vêque d'Olena pendant le règne de Geoffroy Ier (1210-1228/30). Parmi
les fondations de Guillaume II de Villehardouin (1246-1278), l'église
Sainte-Sophie, donnée aux Dominicains6, était un vaste bâtiment,
qui servit plus d'une fois de lieu d'assemblée, pendant le règne de ce
prince d'Achaïe7. La nomination de Théodore Chrysobergès OP,
évêque d'Olena, le 10 avril 1418, montre l'importance et la continuité
de la présence des Prêcheurs dans le Nord-Ouest du Péloponnèse au
XVe siècle8. Un document des archives de l'ordre, datant du XVIIe
siècle9, indique également qu'il existait deux petits couvents dans les
îles Ioniennes, à Zante et Céphalonie.
En Crète, ce même document du XVIIe siècle donne les noms de
nombreux établissements dominicains, vraisemblablement filiales
des deux maisons principales. Le couvent Saint-Pierre de Candie fut
fondé au XIIIe siècle. Jacques de Milan, un des premiers Prêcheurs
du couvent de Milan, fut un de ses grands prédicateurs. Il avait reçu
sa vocation de missionnaire en 1244, nous disent ses biographes. Il
24 C'est ainsi que Guillaume de Lagneto, vicaire des Prêcheurs de Péra, signe
en 1335 une transcription du chrysobulle d'Andronic III à la commune de Péra :
«Rector ecclesiae sancii Michaelis de Peyra et vicarìus in eodem loco domini archi-
episcopi Ianuensis», Historiae Patriae Monumenta Vili, Liber Iurium rei publicae
Genuensis, II, Turin, 1857, p. 437, cité par R.J. Loenertz, La Société, I, op. cit.,
p. 44, p. 61.
12 LES DOMINICAINS EN ORIENT
protégée, elle fut trois fois détruite par les «Sarrasins» comme
l'indique une lettre de Boniface IX, datée du 12 décembre 1389,
accordant des indulgences à ceux qui contribueront à sa reconstruction.
L'église Sainte-Catherine, avec la maison annexe, était, si l'on se
réfère aux actes de Raymond de Capoue, une dépendance du couvent
de Caffa. Il faut ajouter les trois maisons des Frères Uniteurs
d'Arménie31 : Saint-Nicolas, Saint-Pierre-et-Paul et Saint- Jacques-Hors-
les-murs. Saint-Nicolas, le couvent principal, apparaît dans les actes
du maître général Raymond de Capoue en 1389. La même année, le
13 décembre, Boniface IX accorde des indulgences aux visiteurs de
Saint-Pierre-et-Saint-Paul32. La coïncidence des dates montre que le
pape répondait à des suppliques adressées par les Dominicains de
Caffa et peut laisser supposer que l'installation des Frères Uniteurs à
Caffa était bien antérieure, puisqu'ils possédaient déjà deux maisons
en 1389.
Trébizonde était le troisième pôle du commerce génois du Mare
Majus, selon l'expression couramment utilisée et dans les sources
génoises et dans les archives pontificales pour désigner la Mer Noire
à cette époque, montrant ainsi son importance pour les
Occidentaux. Sur la rive méridionale, la colonie génoise disposait de
conditions tout à fait différentes. Il ne pouvait être question d'une
situation de monopole, Trébizonde étant la capitale de l'empire des
Grands Comnène et les Génois ne bénéficiant que d'une concession
territoriale, de même que les marchands vénitiens. Les marchands
ligures s'installèrent à la même époque à Trébizonde et à Caffa. La
présence d'un consul est en effet attestée en 1290 et la loggia des
marchands en 1302. L'empereur Alexis II leur concéda officiellement
un terrain, au lieu dit «Leontocastro» dans les premières années du
XIVe siècle33. Le couvent des Prêcheurs fut fondé par un frère du
couvent d'Orvieto, André della Terza, après son arrivée en Orient en
131534. Il succéda à Franco de Pérouse à la tête de la Société des
continebat, quod olim dilectus filius Arabiet, frater dicti conventus, antequam idem
frater ad fidem catholicam, relictis haeresi et erroribus Graecorum schismaticorum,
ex quibus orìginem duxit, accederei, quamdam ecclesiam de bonis suis sub vocabu-
lo Beatae Mariae Virginis, ad unum miliare ve/ circiter extra muros Caphen., funda-
vit et construi fecit...». Ce texte complète la documentation du Père Loenertz.
L'éditeur du document, A. Tautu, déduit sa nationalité de son nom, Arabiet (Gara-
bied), mais on notera que le texte dit qu'il a abandonné les erreurs des Grecs et ne
parle pas du schisme arménien (note 2, p. 429).
31 La congrégation des Frères Uniteurs d'Arménie fut fondée dans les années
1330-1340. Elle était très liée à l'ordre de Saint Dominique comme nous le
verrons plus loin.
32 RJ. Loenertz, La Société, I, op. cit., p. 105-106.
33 P. Stringa, Genova e la Liguria nel Mediterraneo, insediamenti e culture
urbane, Gênes, 1982, p. 390-392.
34 R.J. Loenertz, La Société I, op. cit., p. 98.
14 LES DOMINICAINS EN ORIENT
d) La mission de Perse
Trois sources du début du XIVe siècle nous donnent un état des
missions en Orient au moment de la naissance de la Société des
Frères Pérégrinants. Le De Loch Fratrum Minorum et Predicatorum
in Tartarici50 est un document établi par un Franciscain avant 1318,
puisque la métropole de Sultanieh n'y figure pas. L'autre source
dominicaine, les Mirabilia descritta, fut rédigée par Jourdain Cathala
O.P. et décrit la mission de Perse en 132851. Il faut ajouter le
témoignage du chroniqueur franciscain Jean Elemosina52. Alors que la
Société n'était pas encore constituée, il existait plusieurs couvents
dominicains dans une région comprenant la Grande Arménie, le
Caucase et la partie orientale du plateau anatolien. Les Prêcheurs s'y
étaient installés au cours de la seconde moitié du XIIIe siècle.
Trois villes d'Azerbaïdjan étaient stations missionnaires. Tabriz
avait en 1290 une mission franciscaine et une mission dominicaine,
comme l'atteste le chroniqueur franciscain Jean Elemosina53. Ma-
raghah, un peu plus au Sud, près du lac Urmia, longtemps résidence
de l'Il-Khan de Perse, avait aussi son couvent, comme l'atteste le De
Locis. Les Dominicains étaient en bons termes avec le patriarche de
l'Eglise nestorienne Mar Yahballahah III : Ricoldo de Montecroce
eut la permission de prêcher dans l'église de Bagdad et c'est un
Dominicain, Jacques, de la province de Provence, qui l'informa de
l'élection du nouveau pape, le Prêcheur Benoît XI, en 130454. Entre ces
deux cités, Dehikerkan avait son couvent dominicain55. Plus à
l'Ouest, en Arménie mineure, Siwas n'est pas mentionnée comme
station missionnaire dans le De Locis, mais une maison des
Prêcheurs y est attestée en 128956. Sur le versant Nord du Caucase, le
couvent de Tiflis est attesté par les relations de voyage de Simon de
Saint-Quentin (1247) et de Guillaume Rubrouck (1257)57.
51 R.J.
50 G. Golubovitch,
Loenertz, Leéd.,
développement
2, p. 72. territorial de la Société des Pérégrinants,
dans AFP, 2, 1932, p. 75.
52 R.J. Loenertz, La Société, I, op. cit., p. 152, 153, 155.
53 R.J. Loenertz, La Société, I, op. cit., p. 153.
54 Ibid., p. 160-161.
55 Ibid., p. 163-164.
56 Ibid., p. 173.
57 Ibid., p. 137, note 7. M. Tamarati cite aussi Vincent de Beauvais, Spe-
18 LES DOMINICAINS EN ORIENT
culum historìale, II, lib.XXXI, c. 42, col. 1300 : «Frater Guichard Cremonensis
sciens mores et consuetudines Tartarorum, quas a Georgianis didicerat, inter quos
edam in eorum civitate Tripolis, in domo fratrum per annos 7 conversatus fuerat».,
L'Eglise géorgienne des origines à nos jours, Rome, 1910, p. 430, note 2.
58 Sur le ressort respectif des missions dominicaines et franciscaines, G. Go-
lubovitch, Historia Missionum FF. Praedicatorum, La Gerarchla Domenicana e
Francescana negli Imperi Tartari del'Asia (1307-1318), Florence, 1917.
TROIS PROVINCES 19
72 Ibid., p. 368.
73 E.C. Skrzinskaja, Stona della Tana, in Studi Veneziani, 10, 1968, p. 3-45.
74 Sur les relations entre les deux républiques marchandes et les
établissements génois en Orient, voir M. Balard, La Romanie génoise, 2 vol., Rome, 1978.
75 M.E. Martin, Venetian Tana in the later fourteenth and fifteenth centuries,
dans Byzantinische Forschungen, 11, 1987, p. 375-380.
76 P. Stringa, Genova e la Liguria nel Mediterraneo, insediamenti e culture
urbane, op. cit., p. 349.
77 Dominique de Pologne devait appartenir à la résidence dominicaine de
Tana : R.J. Loenertz, La Société, I, op. cit., p. 97; le passage du De Locis, mention-
24 LES DOMINICAINS EN ORIENT
94 G. Pistarino, / Gin dell'Oltremare, IV, Due secoli tra Pera e Coffa, p. 199-228.
95 Ibid., VI, A Chilia e Licostomo, p. 247-370.
96 M. Balard, Les actes de Kilia du notaire Antonio di Ponzio, 1360, Paris,
1980.
TROIS PROVINCES 29
100 Edition partielle de ce traité par A. Kern, Der Libellus de notifia orbis,
dans AFP, 8, 1938, p. 82-123 : «Per isiam provinciam [Volaquiam] transit Danu-
bius, fluvius maximum in orbe terrarum, descendes de Alamania per Ungariam,
inde per Volaquiam, et intrat mare Magnum circa Nicostomum, quem habent Ia-
nuenses, et dicitur Nicostomus id est os lupi, quia intrans mare facit multas insulas
et ora ... licet nos habemus plura loca ordinis Predicatorum et Minorum...», p. 103
li 4-11.
101 A. Roccatagliata, Notai genovesi in Oltremare, Atti rogati a Chio (1453-
1454, 1470-1471), in Collana storica di fonti e studi, 35, Gênes 1982, n° 119.
102 Le chapitre de Magdebourg avait supprimé la Société des Frères
Peregrinante en 1363, RJ. Loenertz, La Société II, dans AFP 45, 1975, p. 108-109.
103 CICO XII, n° 247, la liste des couvents rattachés à la Société des Frères Pé-
régrinants s'établit ainsi selon ce document : Lwow (Lamburg), Kamieniec, Smo-
trycz, Lancut, Przemysl et Seret.
TROIS PROVINCES 31
108 O. Halecki, Jadwiga of Anjou and the Rise of East Central Europe, op. cit.,
p. 61, p. 124.
109 CICO XII, n° 248, Marguerite de Seret, seigneur de Valachie mineure
reçoit ce privilège dans les mêmes termes que le seigneur de Kamieniec, Alexandre,
le prince évoqué à la note précédente.
110 Pierre de Seret était à Lwow en 1378, où il plaça son domaine dans la
suzeraineté de la Pologne, O. Halecki, Jadwiga of Anjou and the Rise of East Central
Europe, op. cit., p. 175.
111 Baracz, Rys dziejow zakonu kaznodziejskiego w Polsce, t. 2, Lwow, 1860,
p. 499,
n° 1. ex archives de Lwow : Ada extraneos conventus conserventia, fase. 17,
112 R.J. Loenertz, notes inédites.
113 Pominili dzejow, Lwow, 1, n° 350.
114 A. Theiner, Vetera Monumenta Poloniae et Lithuaniae, p. 642-643,
n° DCCCLXVI.
TROIS PROVINCES 33
signis, temperatiores mitioresque fecisti, quam forte multorum eiusdem loci homi-
num iudicio et communi voce populi, suorum magnitudo scelerum exigere videre-
tur, acclamantibus pluribus eundem haereticum debuisse ac debere poenis graviori-
bus subiacere ac proinde ibidem subortum fuisse scandalum et conturbationem
plurimorum». La bulle pontificale ne donne que peu de précisions sur ce
Prêcheur : «Antonio, Ordinis Fratrum Praedicatorum professore, Ulis partibus auctori-
tate apostolica inquisiture haeretica pravitatis... » II est par ailleurs inconnu.
3 CICO, ibid, n° 126, 126a, 126b.
4 l'éditeur donne la date du 1er février 1420 pour le document 126b, ce qui est
manifestement une erreur, puisqu'il y est fait allusion à une lettre adressée au
pape, datée du «decimo kal. martii pontificatus Nostri anno quinto» que le même
éditeur a traduite entre parenthèse par «= 20 febr. 1422».
38 LES DOMINICAINS EN ORIENT
Comme en Crète vingt ans plus tôt, le pape dut donc, sous la
pression du clergé local et de la population, infléchir ses
recommandations vers plus de rigueur à l'égard des Juifs.
Il faut remarquer d'autre part qu'à Chios au XVe siècle, comme
en Crète au siècle précédent, les inquisiteurs ne pouvaient intervenir
contre les communautés juives.
Il s'avère en effet, qu'après la rigueur prônée pendant la
première période de domination latine, pendant tout le XIIIe siècle, peu
à peu, la politique pontificale s'était assouplie à l'égard des
communautés religieuses non catholiques de la province de Grèce. Même si
l'on peut constater quelques excès de rigueur, ponctuellement,
comme l'intervention de Pierre Thomas à Chypre, il faut remarquer
le rôle des Mendiants dans l'application de la politique pontificale.
La lecture des différentes chroniques de Chypre ne montre
jamais les Dominicains cherchant à convertir les Grecs, alors que
l'intervention de Pierre Thomas est largement rapportée5. Il est même
rare de les voir dans leur rôle de religieux. Les Prêcheurs
constituaient, à Chypre, la communauté religieuse la plus opulente6 et
leurs relations avec la dynastie des Lusignan paraissent très
privilégiées.
Le couvent des Prêcheurs de Nicosie était à Chypre un lieu
particulièrement illustre7. Il fut fondé grâce à la comtesse Alix d'Ibelin,
issue d'une des plus grandes familles de la noblesse franque de
Chypre8. Les rois de Chypre s'y firent souvent inhumer de même que
d'autres membres de la famille des Lusignan9 comme Hugues,
prince de Galilée et cousin du duc de Bourbon. Pour le repos de
l'âme de ce dernier, Bertrand Lesgare, procurateur du duc, fit une
33 BOP, éd. Ripoll, II, p. 299 : «.Sane cum ad extirpandos errores, seminan-
damque orthodoxe fidei veritatem sint in ultramarìnis partibus, que per infidèles oc-
cupantur, quamplures personae necessariae, ac edam opportunae». Urbain VI
demande donc au maître général de l'Ordre et à son vicaire en Orient de lui
désigner trois frères capables d'assumer l'office de l'inquisition. R.J. Loenertz, La
Société I, op. cit., p. 74-75. Voir également la Liste des Dominicains en Orient et
la liste des inquisiteurs.
34 CICO XIII, 1, n° 79, 13 février 1400.
35 R.J. Loenertz, La Société I, op. cit., p. 76; ce fut le cas de Léonard de
Chios, de Louis de Pise, de Christophe de Viterbe, de Jean Baptiste Fattinanti et
de Vincent Robini de Chypre.
44 LES DOMINICAINS EN ORIENT
50 BOP, II, p. 196 : «Dilecto filio Lamentio de Hungarìa, ceterisque filiis et Fra-
tribus Ordinis Predicatorum, in terris Saracenorum, Grecorum, Bulgarorum, Ra-
cianorum, Ruthenorum, Cumanorum, Tartarorum, Iberorum, Alanorum, Gazaro-
rum, Gothorum, Scytharum, Nubianorum, Nestorianorum, Armenorum, Indorum,
Mochelitarum,
51 CICO IV,aliarumque
1, n° 40, note
non6,credentium
l'éditeur dit
nationum
: «Iberì, Orientalium
Hiberi seu Georgiani».
et Aquilonis...».
Pour
Etienne de Lusignan O.P. : «Li Giorgiani sono greci detto in greco Iverì, soggetti a'
Moscoviti, et essi in Cipro non hanno altro vescovo che quello dell'isola greco, et li
Greci et Giorgiani hanno pero alcune differentie tra di loro circa le cose della fede».
texte du XVIIe siècle, cité par J. Hackett, A History of the Orthodox Church of
Cyprus, op. cit., note 2, p. 522. Alors que les Abkhazes et les Lazi peuplaient la
Géorgie occidentale, les Ibères habitaient la Géorgie orientale, B. Martin-Hisard,
Christianisme et Eglise dans le monde géorgien, Le monde géorgien, Géorgie, Ibérie,
dans Histoire du Christianisme, 4, Paris, 1993, p. 549-550.
52 R. Janin, Eglises orientales et rites orientaux, op. cit.; J. Dauviller,
Byzantins d'Asie Centrale et d'Extrême Orient au Moyen Age, dans REB 11, 1953, p. 81.
53 Ses informations furent complétées par Guillaume de Rubrouck puis par
Guillaume Adam, qui les placent dans l'obédience grecque, A.D. von den Brinc-
ken, Nationes Christianorum Orientalium, op. cit., p. 134-135.
LES PRÊCHEURS EN ORIENT, UNE MISSION? 49
63 «Hic ergo sit finis huius opusculi mei Iohannis archiepiscopi Soltaniensis
sive tocius orientis ordinis fratrum Praedicatorum...», Libellus de notitia orbis, éd.
Kern, AFP 8, 1938, p. 123.
MBOP11I, p. 498-499.
65 MOPH, 8, p. 266, lin. 18-23.
66 R.J. Loenertz, La Société II, op. cit., p. 130-140, citation des trois
paragraphes de la bulle Dum levamus mettant en évidence les problèmes spécifiques
52 LES DOMINICAINS EN ORIENT
Le fait est que leur réintégration fut de courte durée puisqu'en 1475
le maître général Leonardo Mansuetis écrivit au provincial de
Pologne pour lui signifier que les couvents de Ruthénie faisaient partie
intégrante de la province de Pologne67.
Mais le clergé séculier contestait également les privilèges des
missionnaires et tenta à plusieurs reprises d'assujettir les
Dominicains à la bulle Super cathedram. Celle-ci réglementait les rapports
entre les Frères mendiants et les prêtres séculiers pour l'usage des
lieux sacrés et l'administration des sacrements. Les tensions furent
particulièrement graves à Lwow et plusieurs archevêques de Halicz
durent intervenir. A Lwow, ville marchande, la communauté
catholique était importante et, par conséquent, le clergé séculier
nombreux. Sans reprendre les épisodes multiples du conflit, le jugement
prononcé par l'évêque Mathias de Przemysl donne la conception des
séculiers sur ce que devait être une terre de mission. Il faisait suite à
une démarche du prieur du couvent de Lwow, Materne, soutenu par
le vicaire général de la Société, Pierre de Terrena, qui était venu en
Pologne et avait obtenu de l'archevêque de Halicz, Jacques Strepa, le
vidimus de la bulle Cum vos ad terras de 1374. Selon Mathias de
Przemysl, la ville de Lwow ne pouvait être considérée comme telle
bien que schismatiques et infidèles y fussent nombreux. En effet elle
était gouvernée par un prince catholique et possédait un évêque
catholique. En conséquence, il ne pouvait y avoir de Frères Pérégri-
nants à Lwow et les Dominicains devaient y être soumis à la bulle
Super cathedram. Mathias concédait cependant que dans les autres
régions de Ruthénie, gouvernées par des princes schismatiques, les
Prêcheurs pouvaient jouir de leurs privilèges de missionnaires. Ainsi
l'évêque de Przemysl pensait que la confession du prince
déterminait le statut de terre de mission et non la situation religieuse de la
région. Mais ce jugement, malgré une louable tentative de
clarification, révèle l'ambiguïté de l'état missionnaire. En effet, si on le suit,
les colonies génoises ne pouvaient en jouir. Cependant les privilèges
des Peregrinante y furent peu contestés. La situation en Pologne
était différente en raison de la pression exercée par le provincial et
un clergé local puissant.
Le problème des rapports entre mendiants et séculiers se posa
dans des termes similaires en Moldavie. Un groupe de bulles de
Martin V est très éclairant sur la rivalité entre les deux clergés dans
cette région, en 1420. Ainsi, lorsque l'évêque de Moldavie, Jean de
Ryza O.P., demanda l'application de la bulle Super cathedram, le
69BEFAR, Lettres communes, Jean XXII, nn° 46053, 46054, 46760, 47167,
48453 noter éditeur.
70 J. Richard, La Papauté et les missions, op. cit., p. 186-188.
LES PRÊCHEURS EN ORIENT, UNE MISSION? 55
CHAPITRE III
ROMANIE GÉNOISE,
ROMANIE VÉNITIENNE, DEUX MONDES,
ET LES AUTRES : HELLÉNITÉ DU MONDE RURAL
ET COSMOPOLITISME URBAIN
2 - Le cas de Chypre
6 B. Arbel, The Cypriot Nobility from the Fourteenth to the Sixteenth century :
a New Interpretation, dans Latins and Greeks, op. cit., p. 175-197.
7 J. Richard, Chypre sous les Lusignans, Paris, 1962. J. Richard mentionne
les Contostefano parmi les familles appartenant, au début du XVe siècle, à la
bourgeoisie grecque francisée avec les Sain Quéras (ou Sakéras), les Cappadocas
et les Mâcheras, note 14, p. 25.
8 W.H. Rudt de Collenberg, Les premiers Podocataro. Recherches basées sur le
testament de Hugues (1452), dans Thesaurismata, 23, Venise, 1993, p. 130-182.
66 LES DOMINICAINS EN ORIENT
32 Sur les institutions des comptoirs génois et le rôle des notables locaux,
M. Balard, La Romanie génoise, I, op. cit., p. 355-386.
33 M. Balard, Les Orientaux à Caffa au XVe siècle, dans Byzantinische
Forschungen, 11, 1987, p. 223-238.
34 R. A. Vigna, dans Atti VII, 2; P. Stringa, Genova e la Liguria nel
Mediterraneo, Gênes, 1982, p. 377.
72 LES DOMINICAINS EN ORIENT
tiers n'étaient pas séparés, les actes notariés montrent, en effet, que
les maisons des Grecs et celles des Latins étaient souvent accolées.
D'autre part les activités économiques étaient l'occasion d'échanges
intercommunautaires. Les archontes, propriétaires terriens et
producteurs agricoles, contrôlant la main d'œuvre paysanne grecque, et
les Mahonais, vivant du commerce et de la banque, étaient
complémentaires et leur collaboration était nécessaire, ainsi pour la
commercialisation des produits locaux comme le mastique39, l'huile,
le vin, le coton et la soie. Cette complémentarité permit à
l'aristocratie indigène de s'insérer dans les réseaux commerciaux dirigés tant
vers les pays occidentaux que vers les pays turcs.
Dans ces conditions put s'opérer une certaine fusion entre les
élites des deux communautés, les alliances économiques étant
renforcées par des liens matrimoniaux40. Le bilinguisme était fréquent
et il y eut des mariages mixtes à tous les niveaux de l'échelle sociale :
les sources en fournissent des exemples. Depuis l'arrivée des Génois,
la pratique sociale du mariage mixte ne cessa de se développer, avec
l'arrivée de réfugiés grecs, chassés par les Turcs. Cette immigration
s'amplifia sans cesse jusqu'à la conquête turque. Beaucoup de
nobles byzantins s'allièrent à des familles génoises41. A Chios, la
famille des Argenti, originaire de Ligurie et installée là depuis la
première croisade, était considérée comme grecque; la famille des Gat-
tilusi, gouvernant Lesbos, était très hellénophile. Un correspondant
de Manuel Calécas, Manuel Paléologue, confia à ce célèbre
théologien grec uniate l'éducation de son fils42. Les Génois permirent le
maintien des traditions grecques, ainsi le serment sur les icônes,
«more grecorum», remplaçant dans les actes juridiques le serment
sur les Evangiles. Mais les coutumes matrimoniales des Latins
furent également influencées par la culture grecque, comme le
montre le procès en annulation d'un mariage par l'archevêque de
Mitylène, Léonard de Chios O.P., au milieu du XVe siècle. Son argu-
POUVOIRS CIVILS
ET PRÉSENCE DOMINICAINE
confier ce siège à un autre vénitien; également Reg. Senat., op. cit., 2, n° 1288,
1315, 1321.
2 F. Thiriet, La Romanie vénitienne, Paris, 1959, p. 283-286.
3 F. Thiriet, la Romanie vénitienne, op. cit.
4 G. Fedalto, La Chiesa latina I, op. cit., p. 398-401.
5 Texte édité par Miltenberger, Zur Geschichte der lot. Kirche im Orient im 15.
Jahrh., dans Römische Quartalschrift, 8, 1894, p. 275-281.
6 La dénomination «ordre de Saint Basile» dans les sources latines désigne
simplement un moine de rite grec. Il est nécessaire de faire le rapprochement
entre le nom de ce moine grec et la famille Calécas qui donna le patriarche Jean
XIV, condamné par le synode de 1347 pour antipalamisme et le Dominicain Ma-
POUVOIRS CIVILS ET PRÉSENCE DOMINICAINE 79
eccl. Caffensi ep. Giffridi...»; BOP III, p. 228 : «ex certis rationalibus causis absol-
vimus...»; il faut noter que ce frère appartenait à une grande famille génoise qui
avait des intérêts en Mer Noire, M. Balard, La Romanie génoise, I, p. 234. Le
consul de Soldaïa, qui demandait la nomination de Dominique Mariana
O.F.M. sur ce siège, en 1455, appartenait également à cette famille, R.A. Vigna,
dans Atti VI, op. cit., n° CXLII.
12 R.A. Vigna, / vescovi domenicani liguri, Gênes, 1887, p. 141-153 et
appendices.
13 Th. Kaeppeli, Scriptores O.P. Medii Aevi, II, Rome, 1975, p. 310-311.
14 CICO XIII, 1, n° 75-76, 22 sept. 1399 : Barthélémy Ventura s'opposa à ce
transfert. Boniface IX dut menacer d'excommunication le prélat et faire
intervenir l'archevêque de Gênes. Les documents pontificaux ne sont guère explicites
sur les raisons de ce transfert. Le seul élément clair est l'intervention des
autorités laïques de Gênes et de Caffa.
15 Dominique Mariana O.F.M. était natif de Caffa, R.A. Vigna, / Vescovi,
op. cit., p. 133.
POUVOIRS CIVILS ET PRÉSENCE DOMINICAINE 81
18 CICO XII, n° 91 : «Nuper ... audivimus, quod cum olim per antipatriachas
constantinopolitan. haereticos et schismaticos unus episcopus seu potius
antiepiscopus hereticus et schismaticus in insula tua ... mitteretur et resideretur ... per
quemdam Ducem Venetiarum, tuum praedecessorem, fuit tarn provide quant ca-
tholice ordinatum ac sub gravi poena statutum,... et quod edam per eumdem
praedecessorem tuum sub diversis gravibus poenis fuit statutum, quod nullus
schismaticus dictae insulae exiret de Ma a schismatico episcopo existente extra ipsam insu-
lam quoscunque ordines recepturus».
19 Ce problème de l'absentéisme fut chronique dans l'église catholique en
Orient et Grégoire XI dut envoyer une lettre à l'ensemble des prélats, même de
rite oriental, pour rappeler l'obligation de résidence : CICO XII, n° 151.
20 F. Thiriet, Reg. Senat., 2, op. cit., n° 1370, n° 1984.
84 LES DOMINICAINS EN ORIENT
27 Cette affaire de la famille Rampani est à replacer dans le cadre d'un projet
pontifical, initié par Jean XXII. Le but était de construire une Eglise grecque de
rite catholique, avec à sa tête un prélat. Georges Rampani, archiprêtre de Saint-
Michel des Grecs aurait pu tenir ce rôle. Dans les instructions de Jean XXII
comme d'Urbain V, il n'est pas question d'imposer aux Grecs le rite catholique
mais de l'aménager, cf. J. Gill, Pope Urban V (1362-1370) and the Greeks of Crete,
dans Orientalia Christiana Periodica, 39, 1973, p. 461-468. Le système des réserves
était d'autre part utilisé par le pape pour récompenser, sinon induire les
conversions comme le montre le document n° 159 (CICO XII).
28 CICO XII, n° 91, texte cité.
86 LES DOMINICAINS EN ORIENT
37 Sur le culte rendu par les Cretois orthodoxes à Saint François, G. Mercati,
Nuove Minuzie, Fra Massimo da Constantinopoli O.P. e l'uso del greco coi Greci
uniti di Oriente, in Studi bizantini e neoellenici, 4, 1935, p. 312-315.
38 CICO XIII, 2, n° 179, il est vrai que le pape qui donna cette autorisation
était Jean XXIII, alors très préoccupé par la convocation du concile de Constance
et peu au courant des affaires de la Crète.
39 Le conseil des Dix était chargé des affaires concernant la sécurité de la
République. Les délibérations du conseil, concernant l'action de Marco Sciavo
furent éditées par F. Thiriet, Le zèle unioniste d'un Franciscain crétois et la riposte
de Venise, XII, Variorum Reprints, Londres, 1977.
40 F. Thiriet, La situation religieuse en Crète au début du XVe siècle, dans By-
zantion, 36, 1966, Mémorial Henri Grégoire, p. 201-212.
POUVOIRS CIVILS ET PRÉSENCE DOMINICAINE 89
neur. Les clercs latins, ne comprenant pas le grec, croient qu'on les
injurie. Les autorités finirent par lui reconnaître ses droits, mais cet
épisode est exemplaire du climat de tension et du fossé culturel qui
pouvait exister entre les deux clergés après deux siècles de vie,
séparée, mais dans le même pays. D'autre part, le pape insiste sur
l'importance de l'obédience romaine, mais, pour ce qui est des rites, sur la
liberté pour le clergé uniate de respecter les traditions grecques. Il est
dommage que les sources ne donnent pas de précision sur les
concessions faites en matière de rituel.
3 - A Chypre et à Rhodes,
LES DEUX HIÉRARCHIES COEXISTAIENT
42 CICO V, 1, n° 4.
43 Chronique d'Amadi, De Mas Latrie, éd., op. cit., p. 396; chronique de Flo-
rio Boustron, p. 247.
44 R.J. Loenertz, d'après la vie de Pierre Thomas par Philippe de Mézières,
Fr. Philippe de Bindo Incontri O.P. du couvent de Péra, inquisiteur en Orient, dans
AFP, 18, 1948, p. 265-280. Le P. Loenertz doutait de l'objectivité des chroniques
chypriotes.
45 Makhairas, Récital, R.M. Dawkins, éd., op. cit., paragraphe 102.
POUVOIRS CIVILS ET PRÉSENCE DOMINICAINE 91
troubles graves avaient en effet éclaté car, selon les Hospitaliers, «ils
avaient divulgué de fausses opinions religieuses pour tromper les
gens simples»62. L'année suivante, l'archevêque et le métropolite
durent intervenir pour des faits semblables. Dans ces différentes
affaires, les documents montrent le métropolite et certains clercs
orthodoxes dénonçant les moines hostiles à l'Union et demandant
l'intervention du bras séculier, c'est à dire des Hospitaliers. Tout cela
montre donc une volonté de compromis entre les Hospitaliers et
l'élite grecque afin de préserver la paix sociale, mais des éléments
extérieurs vinrent, dans les années 1470, alimenter la polémique
dogmatique entre Latins et Orthodoxes, comme ce fut le cas en Crète à
plusieurs reprises au cours du même siècle.
73 Les décrets d'union des Grecs et des Arméniens datent de 1439, le 1er fut
signé le 6 juillet, le second, le 22 novembre.
74 G. Hofmann, éd., Acta Camerae Apostolicae, Rome, 1950, n° 128 : «...His
accedit Grecorum Armenorumque recens tenellaque reductio, quibus populis cum
tota urbs habita sit, quis ignorât, quantum boni presulis ingenium profìcere possit,
ut vetusti mores novis melioribusque preceptis corrìgantur. Que cum ita sint, mul-
tum duique circumspexi, quemnam proponerem virum sanctitati vestre huic tam
difficili provincie satis idoneum, cum interea oblatus est mihi vir singularis, magis-
ter Iacobus Campora, quern nescio an alter in tota nostra regione possit equare, qui
nunc et prior est conventus sui et simul predicationis munere fungitur...».
75 En 1447, il participait, dans la région de San Remo, à un procès de femmes
accusées à tort d'hérésie, en 1449, il emprunta de l'argent à un frère de son
couvent de Gênes, en mars 1455, un document de la massaria de Caffa montre
qu'il était absent de son siège, en septembre 1457, un acte notarié prouve qu'il
assistait à une cérémonie d'ordination sacerdotale. Les documents sur l'emprunt de
1449 sont édités par R.A. Vigna, / vescovi, op. cit., n° XV-XVI, les autres sont
mentionnés par G.G. Musso, // tramonte di Caffa genovese, in Miscellanea di storia
ligure in memoria di Giorgio Falco, Gênes, 1966, p. 311-336.
76 La lettre d'Eugène IV est éditée par R.A. Vigna, / vescovi, op. cit.,
appendices, doc. n° XIII. Le pape lui rappelle que l'union des Arméniens est une œuvre
à laquelle il est très attaché, qu'il lui en a confié le soin lorsqu'il l'a nommé à
Caffa. Il s'étonne de ne pas avoir encore reçu la visite annoncée, alors qu'il demeure
à Gênes depuis de nombreux mois. Qu'il se hâte car son retour à Caffa est urgent.
Eugène IV écrivit le même jour à l'archevêque de Gênes afin qu'il intervienne
dans le même sens (doc. n° XIV).
77 II s'agit des diocèses des autres communautés chrétiennes de Caffa.
78R.A. Vigna, dans Atti, VII, 2, op. cit., p. 630-631.
POUVOIRS CIVILS ET PRÉSENCE DOMINICAINE 101
79 M. Balard, la crise des années 1450, dans, Les Orientaux de Caffa, op. cit.
80 Des témoins déposèrent contre l'évêque de Caffa à propos d'une esclave,
Agnès, âgée de sept ans et demi. Embarquée sur un navire en 1440, elle était
l'objet d'un litige entre deux propriétaires italiens. L'un d'entre eux la reçut au nom
102 LES DOMINICAINS EN ORIENT
5 - Un exemple original :
les relations entre les dominicains et
les princes de la mouvance territoriale polonaise
122 CICO XIV, 1, n° 153-153a-153b, Ringoia (ou Ringalla) obtenait le 1er juillet
1420, l'annullation de son mariage pour cette raison et des indulgences pour les
visiteurs de la nouvelle cathédrale. Ringalla était une fille de Kejstut et une sœur
de Witold, prince de Lituanie, G. Rhode, Die Ostgrenze Polens, op. cit., table
généalogique n° 9.
123 S. Papacostea, Byzance et la croisade au Bas-Danube à la fin du XIVe siècle,
dans Revue roumaine d'histoire, 30, 1991, p. 3-21.
POUVOIRS CIVILS ET PRÉSENCE DOMINICAINE 113
124 V. Laurent, Aux origines de l'Eglise de Moldavie, dans Revue des Etudes
Byzantines, 5, 1947, p. 158-170.
125 Mircea avait conclu une alliance avec Ladislas Jagellon en 1389, puis se
tourna vers Sigismond en 1395, avec lequel il s'allia contre les Turcs, O. Halecki,
Jadwiga of Anjou, op. cit., p. 175, 214-215.
126 Sur les tensions diplomatiques entre la Hongrie et la Pologne, O. Halecki,
Jadwiga of Anjou, op. cit.; Les deux souverains trouvèrent un compromis à Lu-
blau, en 1412, en se partageant les principautés danubiennes en deux zones
d'influence, Z.H. Nowak, Kaiser Siegmund und die polnische Monarchie, dans
Zweitschrift für historische Forschung, 15, 1988, p. 423-436.
127 S. Papacostea, La fondation de la Valachie et de la Moldavie et les
Roumains de Transylvanie : une nouvelle source, op. cit., p. 391.
128 «C'est à la demande du roi de Hongrie, Louis d'Anjou, que le siège d'Arges
fut érigé en 1380 et suffragant de Kalocs», Louis espérait une domination réelle
sur la Valachie, N. Iorga, Histoire des Roumains, t. 3, op. cit., p. 301-302.
129 Ibid., p. 319, p. 329.
114 LES DOMINICAINS EN ORIENT
les deux capitales de la chrétienté se fera par Buda. Plus loin, leur
étude montrera combien les Dominicains s'y impliquèrent.
Les Prêcheurs ne purent avoir, dans ces conditions, qu'un faible
impact sur les régions où la composante grecque était majoritaire.
C'est pourquoi leur présence fut beaucoup plus sensible dans les
régions les plus orientales, où l'emprise de l'Orthodoxie était moins
forte, c'est à dire sur l'ensemble constitué par la Romanie génoise et
sa zone d'influence. Mais il convient de remarquer que les autorités
politiques, tant génoises que vénitiennes ou chypriotes, ont toujours
veillé à contrôler étroitement la situation religieuse de leurs
domaines respectifs dans le but d'assurer la paix sociale. Le
prosélytisme catholique, et donc l'action dominicaine, furent par
conséquent toujours contenues dans d'étroites limites, ainsi que
l'ont bien illustré les différends souvent graves entre les évêques
dominicains de Caffa et le consul de la cité. Cependant le rapport entre
domaine politique et domaine religieux est complexe comme nous
l'avons vu à propos de l'extension de la Société des Frères
Peregrinante dans les régions slaves de la voie moldave. Ici, l'action
dominicaine fut toujours favorisée lorsqu'elle soutenait un dessein
politique. La construction des états de l'Europe du Centre-Est, depuis la
fin du XIVe siècle jusqu'au milieu du siècle suivant, constitua donc
une conjoncture favorable au développement des missions
catholiques.
Cependant cette très forte influence dominicaine s'explique
aussi par le dynamisme de la Société des Frères Peregrinante, qui joua
un rôle majeur et multiple dans l'histoire des relations entre Rome
et Byzance. Les missionnaires, leurs initiatives tant dans
l'organisation de la Société que dans son évolution, eurent un rôle si grand
qu'il est nécessaire de déterminer quelle fut la part de la politique du
Saint Siège dans leur action.
Ml
SECONDE PARTIE
POLITIQUE PONTIFICALE
ET INITIATIVES MISSIONNAIRES
Adf
CHAPITRE I
RECRUTEMENT ET ORIGINE
DES PRÊCHEURS MISSIONNAIRES
a) En Crète vénitienne
Les Prêcheurs furent fort peu nombreux sur les sièges épisco-
paux de Romanie vénitienne. En Crète, tant à la tête de cette Eglise
que parmi les suffragante, il n'est possible de relever qu'un ou deux
frères de l'Ordre de Saint-Dominique, parfois aucun, comme à Kis-
samos. Il convient de remarquer également que le prélat qui fut
chargé de l'application du décret d'Union était l'archevêque de Crète,
Fantino Vallaresso, un Vénitien, comme la plupart d'entre eux. Il
faisait partie du groupe des collaborateurs d'Eugène IV au concile de
Florence, dont beaucoup appartenaient à l'Ordre de
Saint-Dominique et furent envoyés en Orient avec la même mission. Fantino
Vallaresso, lui, n'était pas Dominicain mais c'était un ami d'André
Chrysobergès O.P., avec qui il entretint une correspondance dont il
ne reste qu'une lettre.
Pour dire quelques mots des Dominicains nommés dans la zone
d'influence vénitienne et qui font exception, Théodore Chrysobergès
fut nommé évêque d'Olena en 1418, où il resta peut-être jusqu'à sa
mort en 1429 ou 1430. Ce diocèse était suffragant de Patras et l'é-
vêque devait résider à Andravida. Bien que n'appartenant pas à la
Romanie vénitienne, l'archevêché de Patras jouissait une certaine
indépendance depuis 1336, mais Venise y exerçait son influence2.
Les Prêcheurs étaient bien présents dans la région, comme il a été
noté plus haut, mais Théodore paraît avoir été le seul évêque
dominicain, si l'on excepte Pierre de Aginerco, de l'obédience de Clément
VII, pendant le Grand Schisme3.
ficales permettent de donner un tableau assez précis des cadres de l'Eglise latine
et des missions dominicaines en Orient.
2 La rupture avec le prince d'Achaïe se produisit en 1336, lorsque
l'archevêque de Patras, Guillaume Frangipani, est allé à Venise et devint citoyen
vénitien, A. Bon, La Morée franque, p. 242 sq.; G. Fedalto, La Chiesa latina, I, op. cit.,
p. 351-353.
3 G. Fedalto, La Chiesa latina, II, op. cit., p. 182-184.
4 W.H. Rudt de Collenberg a remarquablement démontré que le clergé
chypriote était très majoritairement franc jusqu'au XVe siècle.
RECRUTEMENT ET ORIGINE DES MISSIONNAIRES 121
c) Chios et Mitylène
La présence de Prêcheurs originaires de la zone d'influence
génoise, telle qu'elle est apparue à Famagouste, se retrouve en Egée
orientale. La hiérarchie latine de cette région comprenait une
métropole, Mitylène et plusieurs sièges suffragante, Chios et les Deux-
Phocées12. Le seul évêque attesté par les sources sur le siège d'Ere-
sos, dans l'île de Mitylène, est un Prêcheur, Luc Michaelis de Saint-
Laurent de Pise (1374). Il était lecteur au couvent de Caffa avant son
élection, qui eut lieu dans l'église Saint- Antoine de Péra13. Cette
église et son hôpital furent très souvent administrés par un
Prêcheur. L'existence de ce seul titulaire s'explique par le fait que
l'archevêque de Mitylène désirait un auxiliaire pour administrer sa
province : cette tâche fut confiée à Luc de Pise. Les Prêcheurs furent les
plus nombreux à être nommés sur ce siège métropolitain au cours
du XVe siècle. Il existe toutefois des exceptions comme la présence
de Dorothée, en 1438, qui faisait partie de la délégation grecque au
concile de Florence et était partisan de l'Union. Il semble que
Stéphane de Florence n'ait été que titulaire non-résident du siège car,
dans la bulle de nomination de son successeur, c'est le décès
d'Angelus Fortis O.P. (nommé en 1405) et non le transfert de Stéphane à
Thèbes qui est mentionné.
Il convient maintenant de souligner la présence dans cette liste
d'une personnalité illustre et bien connue, Léonard de Chios O.P.14.
forts pour les missions dans son pays; le second était un frère
français, qui avait répondu favorablement à l'appel de Jean de Tabriz et de
ses compagnons. Le rôle de ces deux missionnaires est si important
dans le déroulement des relations entre Rome et le monde schisma-
tique qu'un assez long développement lui sera consacré plus loin.
Respectant l'alternance, le Saint-Siège nomma un Franciscain
pour succéder à Jean de Rouen, Alexandre O.F.M., qui était
précédemment sur le siège de Trébizonde. A partir de 1391, les évêques
de Caffa sont quasi exclusivement des missionnaires dont il est
possible d'établir l'origine génoise. Une incertitude persiste sur sa
nationalité exacte de Barthélémy Ventura O.P. (1391-1398), mais il était
Ligure ou Génois31. A la suite d'un conflit avec les autorités de Caffa,
il fut transféré, comme il a été vu plus haut, sur le siège de Soldaia,
dont l'évêque rejoignit sur celui de Caffa. C'est ainsi qu'un
Franciscain génois, Jean de Saulo, lui succéda32. Une série de quatre
évêques, dont l'origine génoise est facile à établir, vient ensuite.
Jérôme de Gênes O.P., nommé vers 1404, était fils du couvent Saint-
Dominique de Gênes et dut exercer une fonction importante dans
les stations missionnaires de Crimée33. Gioffredo Cicala O.F.M. lui
succéda en 1417. Une grande famille génoise de ce nom était établie
à Péra dès 128134. Il est fort vraisemblable que cet évêque fût issu de
cette famille et était donc né en Romanie génoise. Les deux suivants
sont des personnalités bien connues, Jacques Campora (1441-1459)35
et Jérôme Panissari (1459-1469); ce dernier était Prêcheur du
couvent réformé de Sainte-Marie du Castello de Gênes36. Leur
successeur fut un Grec uniate, Pacôme, comme on l'a vu plus haut.
Ainsi la liste des évêques de Caffa est-elle exemplaire de l'évolution de
l'origine des Prêcheurs d'Orient puisque les premiers furent des
Occidentaux, puis furent nommés ensuite des missionnaires indigènes.
Cependant le contrôle de plus en plus strict exercé par la métropole
sur la nomination des prélats de Romanie introduit une particulari-
31 Selon R.A. Vigna, / Vescovi, op. cit., p. 90-93, la plupart des auteurs
anciens et modernes le disent Ligure, mais l'un d'entre eux, Borzino, qui avait à sa
disposition des papiers anciens du couvent Saint-Dominique de Gênes et des
papiers de maisons privées, le dit Génois. Les Ventura étaient inscrits parmi
l'antique noblesse génoise. Mais Ligure ou Génois, ou fils d'un colon établi
outremer, Barthélémy Ventura appartenait, par sa naissance au domaine d'influence
génoise.
32 Ibid., p. 91, «...il francescano Giovanni Sauli genovese pur egli...».
33 Ibid., p. 95-99.
34 M. Balard, La Romanie génoise, I, op. cit., p. 235-236.
35 R.A. Vigna, / Vescovi, p. 141-153
36 Ibid., p. 175-182; R.J. Loenertz, La Société, II, op. cit., p. 136-137, p. 141.
Voir la liste des Dominicains en Orient.
RECRUTEMENT ET ORIGINE DES MISSIONNAIRES 127
41 RJ.
42 R.A. Loenertz,
Vigna, / Vescovi,
La Société,
op. I,cit.,
op.p.cit.,
118-119,
p. 123.Ce frère mineur serait
effectivement né à Caffa, de Monteacuto, étant son patronyme. Comme beaucoup de
noms de colons génois, sans doute d'origine modeste, il avait gardé le souvenir du
village ancestral. Monteacuto était situé sur la Riviera orientale, non loin de
Levanto.
43 Levanto est une localité de la Riviera du Levant; trois familles de Levanto
on été relevées à Péra et deux à Caffa, à la fin du XIIIe siècle, M. Balard, La
Romanie génoise, I, op. cit., p. 241.
44 Ibid., p. 242, p. 246.
45 D. Gioffré, Lettere di Giovanni da Pontremoli, Mercante genovese, 1453-
1459, in Collana Storica di Fonti e Studi, 33, Gênes, 1982; E. Basso, Genova : un
impero sul mare, la diaspora dei Liguri : il caso dei Lunigianesi, Cagliari, 1994,
p. 166-185.
RECRUTEMENT ET ORIGINE DES MISSIONNAIRES 129
54 V.M.
53 Voir Index
Fontana,
des Sacrum
Prêcheurs.
Theatrum Dominicanum, Rome, 1666, p. 305.
55 V.M. Fontana, Sacrum Theatrum Dominicanum, op. cit., p. 304.
56 M.A. van den Oudenrijn, Bishops and Archbishops of Naxivan, dans AFP 6,
1936, p. 161-216, en particulier.
132 POLITIQUE PONTIFICALE ET INITIATIVES MISSIONNAIRES
60 François de Tabriz est peut être identifiable avec le frère François O.P., qui
intervint dans les négociations entre Tamerlan et les puissances occidentales à ce
moment et dont il sera question plus loin. On est en effet en droit de penser qu'il
fut proposé par Jean de Castamon, qui le connaissait, pour lui succéder sur le
siège de Naxivan.
61 Dans ces listes épiscopales, seuls les prélats qui résidèrent dans leur
diocèse peuvent intéresser cette étude, or il est d'autant plus difficile de les discerner
qu'ils sont les moins connus dans les documents pontificaux. C'est ainsi que
J. Richard, dans La Papauté et les missions, op. cit., p. 224, a pu écrire : «II est
difficile de tirer parti des provisions d'évêques ou d'archevêques décidées par le
siège apostolique : en effet, le jeu des réserves pontificales donnait à la papauté le
droit de pourvoir aux sièges vacants par transfert, ou par décès en curie romaine,
ou pour d'autres raisons».
62CICO XIV, 2, n° 527, CICO XV, n° 1; voir la liste des Dominicains en
Orient.
134 POLmQUE PONTIFICALE ET INITIATIVES MISSIONNAIRES
79 L'origine
78 La Sociétéde
II, Gérard
op. cit. de
p. Podio
130. est incertaine, mais peut-être Génois. Luc
Bozzolo, fils du couvent de Péra, était vraisemblablement un fils de colon ligure.
Bozzolo était un village situé au Nord de la Spezia.
80 R.A. Vigna, / Vescovi, op. cit., BOP III, p. 9.
81 CICO X, n° 127.
140 POLITIQUE PONTIFICALE ET INITIATIVES MISSIONNAIRES
CHAPITRE II
1 A l'appel de Clément VI, sept frères de Sainte Marie Nouvelle partirent pour
la 337,
n° croisade,
344, 352,
S. Orlandi,
371, 376,// 389,
necrologio
443. di Santa Maria Novella, Florence, 1955,
144 POLITIQUE PONTIFICALE ET INITIATIVES MISSIONNAIRES
2 La chambre apostolique paya une aumône de 20 fl. peu avant son départ de
la curie. R.J. Loenertz, La Société I, op. cit., p. 36, note 5; L.A. Redigonda, Andrea
della Terza, in Dizionario biografico degli Italiani, 37, Rome, 1989, p. 513-514.
3 «Demum ad nostram patriam remeavit, barba prolixa nutritus ut Ermenus
vel Grecus, exortans fratres et eos ducens ut primicerius de provincia nostra ad
idem opus ministerìi omnipotens Dei quod ipse adsunserat » , extrait du nécrologe
d'Orvieto concernant André della Terza, dans R.J. Loenertz, Les missions
dominicaines en Orient au XIVe siècle et la Société des Frères Pérégrinants pour le Christ,
AFP 2, 1932, p. 62.
4 R.J. Loenertz, La Société I, op. cit., p. 69.
LES DOMINICAINS DANS LES RELATIONS ROME-BYZANCE 145
7 G. Mollat-G. de Lesquen, éd., BEFAR, Jean XXII (131 6-1 334), Lettres
communes, n° 46551, 47572, 47589.
8 CICO VII, 2, n° 115 : «Magnifico virì imperatori Trapezondarum ... ut tu et
populus tuae ditionis commissus tuae studio ad unitatem eiusdem catholicae et
universalis Ecclesiae revertimini ... ac dilectos filios Fratres Praedicatorum et Mi-
norum Ordinum ad partes ipsas venientes, per illas transitum faciendo, caritative
recipias ...et maxime venerabilem fratrem nostrum Bernardum de Guardiola epis-
copum Diagorganensem ...»
9 G. Mollat-G. de Lesquen, éd., BEFAR, Jean XXII (1316-1334), Lettres
communes, n° 48284, 48802.
10 CICO VII, 2, n° 119 : «in novitate tarnen huiusmodi reductionis eorum, cum
nondum essent tune in firma radice piantati, quasi modo genitis infantes lacté dul-
cedinis nutriendos, tollerantiae supportandos humeris et ad praemissa lenitate po-
tius quant necessitate trahendos merito iudicamus».
LES DOMINICAINS DANS LES RELATIONS ROME-BYZANCE 147
MOPH IV, p. 209, li. 22-25; p. 232, li. 23-26; p. 331, li 34-37.
150 POLITIQUE PONTIFICALE ET INITIATIVES MISSIONNAIRES
21 R.J. Loenertz, La Société, II, op. cit., p. 112 et notes 20-22, pour la mention
des sources.
22 CICO XII, n° 150.
152 POLITIQUE PONTIFICALE ET INITIATIVES MISSIONNAIRES
25 Louis d'Anjou était à ce moment beaucoup plus préoccupé par les affaires
intérieures de son domaine, en particulier dans la négociation du mariage de ses
filles, qui recevraient son héritage, O. Halecki, Jadwiga of Anjou and the Rise of
East Central Europe, dans Atlantic Studies on Society in Change, n° 73, Columbian
154 POLITIQUE PONTIFICALE ET INITIATIVES MISSIONNAIRES
ni par signer une trêve avec les Turcs, ce qui ruinait tout espoir
d'union pour de nombreuses années.
En effet à côté de cette action diplomatique, une série de
discussions théologiques était menée par les Dominicains auprès des
autorités religieuses grecques. Le groupe de missionnaires, partant
pour l'Arménie au printemps de l'année 1374, s'était arrêté à
Constantinople pour discuter de l'union avec Jean Cantacuzène,
oncle de Jean V et empereur de Byzance de 1347 à 1355. Après avoir
restitué la couronne à son neveu, il s'était retiré dans un monastère
et était devenu le principal interlocuteur du pape sur les questions
théologiques26. D'après les lettres pontificales de janvier-février
1375 27, la discussion eut lieu à Constantinople, entre la délégation
latine (les trois évêques, accompagnés de l'ambassade envoyée en
juillet) et la délégation grecque. Celle-ci réunissait autour de l'ex-empe-
reur, des prélats, clercs et religieux. La rencontre avait été préparée
soigneusement avant le départ des missionnaires. Grégoire XI avait
demandé au doge de Venise son avis sur l'envoi d'une ambassade
pontificale à Constantinople, dont il avait annoncé la composition :
les archevêques de Patras et de Thèbes, deux maîtres en théologie et
deux Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem. Le pape avait aussi
demandé à l'évêque de Ceneda, Gasbert d'Orgueil, maître en
théologie de l'ordre des Prêcheurs28, un dossier scripturaire ainsi qu'un
rapport sur la discussion qu'il avait eue avec les Grecs lors de sa
mission de 1350, sous Clément VI.
La papauté avait en effet organisé à plusieurs reprises, dans les
décennies précédentes, des discussions théologiques. Après Richard
l'Anglais et François Camerino, en 1333, Gasbert d'Orgueil O.P.,
évêque de Ceneda, et Guillaume Emergavi O.F.M., évêque de Kissa-
mos, avaient été envoyés par Clément VI pour discuter avec Jean
Cantacuzène de l'union29. L'empereur avait, alors repris le projet de
concile œcuménique, proposé par Barlaam le Calabrais, en 1339.
University Press, New York, 1991. L'auteur de cet ouvrage précise que c'était la
partie polonaise de cet héritage qui souciait le plus Louis d'Anjou, les années
1370 sont en effet le moment où il affirme sa domination sur les régions
orientales, Ruthénie, Podolie et Lituanie, se heurtant aux seigneurs locaux.
26 Jean Cantacuzène discuta d'un projet d'union avec Paul, évêque de
Smyrne en 1367, J. Meyendorff, Projets de concile œcuménique en 1367, dans
Dumbarton OaL· Papers, 14, Washington, 1960.
27 CICO XII, n° 135-139.
28 Gasbert d'Orgueil appartenait à la province de Toulouse et était maître en
théologie à Avignon, au moment de sa première intervention à Constantinople,
Th. Kaeppeli, Scriptores Ordinis Praedicatorum Medii Aevi, 2, op. cit., p. 11; la
relation de cette discussion, SOP, I, p. 674-675. Son interlocuteur en 1350 était déjà
Jean Cantacuzène, alors empereur de Byzance.
29 CICO IX, n° 161-162.
LES DOMINICAINS DANS LES RELATIONS ROME-BYZANCE 155
Quatre ans plus tard, une nouvelle délégation des Frères Uni-
teurs séjourna à la curie. Ils soumirent plusieurs suppliques, qui
donnent le nom de certains de ses membres50. L'un d'entre eux,
Georges, Arménien de Saint-Nicolas est dit laïc, habitant le diocèse
de Naxivan, les autres sont des Frères Uniteurs51. Frère Joseph porte
le titre de maître de l'ordre des Frères Uniteurs. Chef de la
congrégation, il obtient différentes facultés pour lui et ses successeurs pour
une période de vingt ans : absolution des péchés et administration
de tous les autres sacrements auprès des Chrétiens et de ceux qui
veulent se convertir en Arménie majeure et dans le diocèse de Sulta-
nieh52. Deux autres frères furent nommés sur des sièges vacants :
Pierre de Qrna à Naxivan et Job de Maku, sur la métropole de Maku-
Saint-Thaddée53. En dehors de toutes sortes de problèmes
immobiliers, cens ou occupation indue d'une maison léguée aux Frères
Uniteurs de Caffa, les suppliques montrent le dynamisme des
Catholiques de ces régions d'Orient si menacées. Dans une de leurs
suppliques, les Frères Uniteurs de Caffa, demandant des indulgences
pour les visiteurs de la nouvelle église Sainte-Marie-et-tous-les-
Saints de Baraverio, indiquent que les fidèles étaient nombreux54.
Ces suppliques révèlent aussi un phénomène curieux. En effet, le
pape accorda un pouvoir d'excommunication générale contre les hé-
tion de l'évêque avec participation des laïcs. Une lettre de Paul III semble
impliquer qu'elle devait exister depuis longtemps avant 1544.
50 La série de suppliques s'étale sur une période allant d'octobre 1423 à avril
1424. La présence de Georges de Saint-Nicolas est attestée par la supplique
n° 259a de l'édition CICO XIV, 1.
51 Georges de Saint-Nicolas est l'auteur de plusieurs suppliques en 1423-1424,
mais la précision de son état de laïc n'apparaît que dans celle du 17 juin 1426
CICO XIV, 1, n° 363. Bien que les documents soient avares d'informations, il semble
que Georges était un Arménien catholique, originaire du quartier de Caffa
entourant le couvent Saint-Nicolas, appartenant aux Uniteurs. Les textes montrent en
effet ses liens avec la cité de Caffa. Mais il résidait dans le diocèse de Naxivan en
1426. Ces textes témoignent donc de la permanence de relations étroites entre la
cité de la Mer Noire et la Grande Arménie. Ce qui peut paraître étrange c'est
qu'un laïc ait demandé et obtenu, conjointement il est vrai avec le nouvel évêque
de Naxivan, la faculté d'excommunier les infidèles et les hérétiques (CICO XIV, 1,
n° 259a).
52 Joseph avait demandé ces facultés pour une durée de trente ans, motivant
sa supplique par la distance séparant l'Arménie de la curie, CICO XIV, 1,
n° 259a-259b; M.A. van den Oudenrijn, Linguae Haicanae, op. cit., n° 35.
53 Les deux prélats demandèrent un subside de soixante florins d'or pour les
frais de leur voyage de retour, ainsi que deux personnes les accompagnant.
54 «...cum temporibus Vestris sit quaedam ecclesia de uovo fundata in
honorem Beatae Mariae Virginis et Omnium Sanctorum de Baraverio Nacchaonen. dio-
cesis, et conservata, in qua non modicum fìdelium viget, quae ut Vestrae Beatitudi-
nis suffragiis magis augeatur...», CICO XIV, 1, n° 269b.
LES DOMINICAINS DANS LES RELATIONS ROME-BYZANCE 161
tit.V; c. 1, 2, rit. VII; e. 10, tit. XXIV, 1. L), aux archevêques était attribué le droit
de confirmer et d'ordonner les évêques suffragante qui avaient été élus...; mais
plus tard le souverain pontife se réserva le droit de confirmer et de consacrer les
évêques...», E. Valton, Dictionnaire de théologie catholique, V, 2, col. 1705.
59R.J. Loenertz, La Société, I, op. cit., p. 112; CICO XIV, 2, n° 367, 383.
60 Ce frère Joseph doit être distingué du maître de la congrégation des Uni-
teurs mentionné dans la lettre de Martin V, en 1423. Selon M.A. van den Ouden-
rijn, celui-ci devait être du couvent de Sahapouns. Le maître en théologie de 1431
était d'Aparan, Linguae Haicanae, op. cit., n° 36.
LES DOMINICAINS DANS LES RELATIONS ROME-BYZANCE 163
64 CICO XIII, 1, n° 95, nous savons la date de ce transfert (sexto kelendas sep-
tembris pontificatus Nostri anno IX) par la bulle qui nomme de l'un de ses
successeurs sur le siège de Naxivan, Stéphane de Sceczhew O.F.M.
65 CICO XIII, 1, n° 58.
66 CICO XIII, 1, n° 59. Cette lettre répond à une supplique de l'archevêque et
nous donne l'inventaire des objets qui ont été dérobés : «baculum pastoralem, mi-
LES DOMINICAINS DANS LES RELATIONS ROME-BYZANCE 165
82 « Usque quo isti Franki habent duos papas, non timeo eis facere gwerram,
sed quando erit unus, tune oportet facere pacem cum eis»., A. Kern, éd., Der Libel-
lus de notitia orbis, op. cit., p. 100, li. 101-102.
83 II faut remarquer que Manuel Chrysoloras recommanda, lui aussi, le tiers
ordre dominicain de Venise au pape Innocent VII et à Ange Correr, patriarche
latin de Constantinople, comme l'indiqua Thomas Caffarini lorsqu'il déposa au
procès en canonisation de Catherine de Sienne, le 20 juin 1412, M. H. Laurent
O.P., Il processo castellano, in Fontes vitae S. Catharinae Senensis Historici, 9,
Milan, 1942, p. 74, p. 7-14.
LES DOMINICAINS DANS LES RELATIONS ROME-BYZANCE 171
84 Source mentionnée par N. Iorga, Histoire des Roumains, III, p. 388, note
3, éd. Urkunden zur Geschichte der Deutschen in Siebenbürgen, III, 1904, n° 1635.
85 R.J. Loenertz, Evêques dominicains def deux Arménies, dans AFP, 10, 1940,
p. 268.
86 Manuel II envoya des lettres de félicitations au nouveau pape élu
Alexandre, et des documents accréditant son ambassadeur, Jean Chrysoloras, H. von Si-
monsfeld, Analekten zur Papst und Konzilgeschichte im 14 und 15 Jahrhundert,
dans Abhandlungen der hist. Kl. der kön. bayerischen Akademie der Wissenschaf-
172 POLITIQUE PONTIFICALE ET INITIATIVES MISSIONNAIRES
date de cette nomination. Il dut mourir peu après car, ensuite, les
sources deviennent complètement silencieuses à son sujet.
Le séjour à Brasov, en Transylvanie, montre qu'il dut reprendre
le même trajet de retour que lors de ses précédents voyages de 1404
et 1408, empruntant l'axe commercial majeur assurant la liaison
entre la Hongrie et la Mer Noire. Brasov était une des principales
étapes de cette route87. Il devait séjourner au couvent des Prêcheurs
de Licostomo, avant de s'embarquer pour Constantinople. Ce
document est riche d'informations sur la situation religieuse de ce gros
marché. La communauté catholique était nombreuse et ses séjours
réguliers lui avaient permis d'y nouer des relations amicales. Le
document de juillet 1409 est une charte d'indulgences en faveur de la
fraternité du Corps du Christ, qui avait fait construire un autel dans
l'église Sainte-Marie. Jean de Sultanieh accorda aussi des
indulgences, en 1412, aux fidèles visitant l'église des Prêcheurs de Lwow.
Sa présence dans cette ville s'explique très bien car Lwow était un
marché important, sur une autre route commerciale assurant la
liaison entre l'Europe centrale et la Mer Noire. Il demeurait très
certainement au couvent des Dominicains appartenant à la Société des
Frères Peregrinante. La commodité de ces routes commerciales,
momentanément devenues sûres, n'explique cependant pas totalement
les séjours de Jean de Sultanieh dans ces villes d'Europe centrale. Il
faut certainement les replacer dans le cadre du développement des
relations diplomatiques entre les puissances chrétiennes, Hongrie,
Pologne, Lituanie, Valachie, Moldavie, qui devaient assurer la
défense de l'Europe centrale et celle de l'empire byzantin. Cependant
sa nomination comme administrateur de la métropole de Chine,
deux ans auparavant, montre qu'il tenait toujours à son projet d'é-
vangélisation de l'ensemble de l'Orient. Dans les documents
diplomatiques dont il fut l'inspirateur sinon l'auteur, il est toujours
désigné comme archevêque de Sultanieh, c'est à dire d'Orient88. C'est
ten, 20, Munich, 1893, p. 1-57, lettre éditée p. 45-46. Il est possible de penser que
Jean de Sultanieh avait informé l'empereur grec de cette élection.
87 Sur l'importance de l'étape commerciale de Brasov, S. Papacostea, Kilia et
la politique orientale de Sigismond de Luxembourg, dans Revue roumaine
d'histoire, 15/3, 1976, p. 425-427. Le thème général de cet article permet à son auteur
de montrer les efforts déployés par Sigismond pour assurer la sécurité des
marchands sur cette route reliant la Hongrie à la mer Noire, nécessaire à
l'acheminement des produits orientaux vers son royaume, Venise contrôlant la côte
Dalmate.88 Dans les bulles pontificales, il| est désigné par les termes habituels : «Ioan-
nis archiepiscopi Soltaniensis » , CICO XIII, 1, n° 59, 65; «Iohanni archiepiscopo
Soltaniensi, administratori in spiritualibus et temporalibus ecclesiae Cambaliensis »
dans la bulle de nomination de Jean XXIII, CICO XIII, 2, n° 119. Alors que dans
les traductions latines des lettres de Tamerlan, celles qui émanent de la cour de
LES DOMINICAINS DANS LES RELATIONS ROME-BYZANCE 173
ainsi qu'il se définit aussi dans son Libellus, où, comme nous l'avons
vu plus haut, il a soin de rappeler que le ressort attribué par Jean
XXII à la métropole de Sultanieh couvre l'ensemble des régions
d'Orient, jusqu'aux sources du Nil89. Mais il indique aussi que
l'archevêque de Khambaliq, Charles de France O.F.M., est décédé depuis
longtemps et comme il n'a pas été remplacé, il exprime le désir de
rejoindre son nouveau siège90. Nommé administrateur de Pékin,
sans doute avait-il envisagé un grand voyage en Orient depuis Lwow
car, dans un autre passage du Libellus, il dit que la route la plus
courte pour aller en Chine passe par Moscou91. Excellent
connaisseur des affaires de l'Orient, dont il était originaire, ses voyages en
Italie et en Europe centrale lui donnèrent une vision d'ensemble des
problèmes de la chrétienté de son temps. Très impliqué dans la
défense du christianisme oriental, comme plusieurs de ses
contemporains, il tenta tout pour mettre fin aux schismes, condition d'une
entreprise commune contre les Turcs. A la fin de sa vie, conscient qu'il
ne pouvait rien faire de plus en Occident, il pensa qu'il ne lui restait
plus que l'œuvre de prédication à laquelle il était voué. Il était sur le
point d'embrasser de son œuvre tout l'Orient lorsqu'il fut surpris par
la mort.
France (Sylvestre de Sacy, Mémoire sur une correspondance inédite, op. cit.,
p. 474, p. 478-480, p. 521-522) comme de celle d'Angleterre (Royal and Historical
Letters during the Reign of Henry IV, Rerum Brit. med. aev. SS., I, Londres, 1860),
ou du comité cardinalice de Pise (J. Vincke, Briefe zum Pizaner Konzil, Bonn,
1940, p. 94, p. 231-236), il se dit «archiepiscopus orientisi ou «. archiepiscopus Sol-
taniensis seu orientisi ou encore «archiepiscopus totus orientisi). Il en est de
même pour la charte d'indulgence de Brasov et pour le Libellus.
89 Libellus de notitia orbis, éd. A. Kern, op. cit., p. 121, li 36-37.
90 Ibid., p. 119, li 11-16.
91 Ibid., p. 105, li 5.
174 POLITIQUE PONTIFICALE ET INITIATIVES MISSIONNAIRES
dans, quod fieri erat necesse, a rege Polonie caperetur aut aliter sinistre tractetur.
Quod ita factum fuisse aliqui mihi dixerunt. Aperte ego cognovi per Hueras eiusdem
principis ad me scriptas, in quibus narrât, se cum tota sua potencia adversus Hus-
sitos esse paratum, sed dubitare nee satis admirari [posse], cur dominus rex
Polonie cum Hussitis fréquentes collocaciones habeat».
100 «...dux magnus Witoldus cum plurimus orientalibus gentibus cum maxime
Tartans ac Ruthenis, Poloni vero cum suis quos patentissimos et ad bella aptissi-
mos haberent nee in pauco numero astarent . . .» .
101 Lettre de l'évêque de Cracovie au cardinal Cesarini, Codex epistularis sae-
culi XV, II, Cracovie, 1891, p. 289 : «Non tantum enim timendum erit ab unaparte
de hereticis Bohemie, si hec gwerra duraverit, sed magis ab hereticis et schismaticis
Ruthenis ftdem Grecorum sectantibus, qui inter se videntur de multis articulis,
videlicet communione utriusque speciei, paupertate cleri et aliis multis supersticioni-
bus, concordare cum Bohemis, et sunt unius ydiomatis. Multi edam inter eos nun-
cii frequenter percurrunt, et novissime detentus est in regno Polonie unus nuncius
duds Sigismond Coributhi apud Bohemos commorantis, cuius fratres germani et
fere totum genus patemum et maternum sunt cum duce Switrìgallo in Lythuania
ritu schismaticorum viventes, cum Htteris favorabilibus ad exercitum Taboritarum
et ipsum ducem Sigismondum, per cuius medium hec omnia dirigunt...».
178 POLITIQUE PONTIFICALE ET INITIATIVES MISSIONNAIRES
leurs domaines. A tel point que l'évêque de Moldavie lui écrivit pour
demander aide et conseil102.
Ainsi André Chrysobergès, envoyé du pape en Europe centre-
orientale pour des questions religieuses, la croisade contre les
Hussites et la convocation du concile de Bâle, fut-il conduit à régler des
problèmes purement politiques, touchant à la mise en place des
états de l'Est de l'Europe centrale. Cette évolution de sa mission est
due à des initiatives locales. En 1429, André Chrysobergès avait pris
l'initiative de chercher les solutions propres à restaurer la concorde
entre Jagellon et Witold. Vicaire général de la Société des
Peregrinante, et par là, responsable des couvents de Ruthénie, Podolie et de
Moldavie, il connaissait bien les rivalités politiques de la région,
c'est pourquoi l'évêque de Cracovie put lui confier une autre mission
diplomatique. Si le nonce apostolique dut rentrer à Rome pour
poursuivre cette mission, car les moyens dépendaient du pape, les
solutions avaient été élaborées sur place. Il faut remarquer aussi que
l'un de ses interlocuteurs à Rome est le cardinal Julien Cesarini,
responsable de la question hussite. C'est ce dernier qui prit le
commandement de la croisade en Bohème, le 1er janvier 1431.
La route continentale continua d'être le chemin diplomatique
obligé des Dominicains entre Byzance et Rome. Bien que difficile,
cette route fut choisie par deux évêques génois de Caffa : Jacques
Campora et Jérôme Panissari. Le premier laissa deux discours à
Graz et à Buda, montrant que le plan global de lutte contre les
Turcs, tel que l'avait élaboré André Chrysobergès était encore
d'actualité. La réconciliation de la Pologne avec la Hongrie était le
préalable nécessaire à la mise sur pied de la ligue anti-ottomane.
En conclusion : ces allées et venues des Prêcheurs entre Orient
et Occident manifestent de leur part une solution globale à la
présence des schismatiques. Leur apostolat auprès des communautés
devait être aussi efficace que possible et cela nécessitait des effectifs
missionnaires conséquents mais aussi une organisation efficace de
leur congrégation. C'est pourquoi ils négocièrent et obtinrent, à
plusieurs reprises, la restauration de la Société des Frères Peregrinante,
qui offrait la souplesse nécessaire à cette efficacité. Il leur fallait éga-
102 Lettre de l'évêque de Cracovie, Ibid., p. 290 : «Est eciam duce predicto
Switrigal et Ruthenis in liga quidam woyevoda Moldawie alias Walachie de Molda-
wia, potens schismaticus, omagialis et subditus régis nostri et regni, quem eciam
novissime predictus dux ab obediencia domini régis abstraxit promissis suis vanis,
et signanter, quod velit sectam et ritum eorum extollere, qui eciam dominum regem
nostrum diffidavit, non habens aliam causant, preterquam quod dicit ipsum
dominum nostrum regem et suos vette eorum fidem destruere; et hic univit se eciam cum
Thurcis, quibus conftrmavit dominia sua hac intencione...; et quod periculosius
est, admisit in dominio suo quendam sacerdotem religiosum de ordine Minorum
sectam Hussistarum publice predicare et docere...».
LES DOMINICAINS DANS LES RELATIONS ROME-BYZANCE 179
CHAPITRE I
321 Les
Cet
Supra
exposé
actes
notes
dufera
maître
83 et
l'objet
84,
général
p.d'une
140.Raymond
prochainede publication.
Capone, dans MOPH XIX, p. 220-
223.
4 Pour l'ensemble de l'œuvre de traduction réalisée par les Prêcheurs
d'Arménie : M.A. van den Oudenrijn, Linguae Haicanae, op. cit.
186 UNE MÉTHODE DOMINICAINE
1 - Conversions constantinopolitaines
conde moitié du XIVe siècle. Et ainsi que nous le verrons plus loin,
ses membres seront les auteurs des derniers traités défendant la
doctrine catholique avant le concile de Florence. Se sont rencontrés,
autour de Démétrios Cydonès, des descendants de grandes familles
ayant donné à l'Eglise grecque des patriarches : Maxime
Chrysobergès et Manuel Calécas. La famille Chrysobergès se convertit dans les
années 1370 et donna trois frères à l'ordre des Prêcheurs. Maxime
était l'aîné, Théodore et André étaient plus jeunes. Ils participèrent
tous les trois soit aux négociations qui permirent la réunion du
concile d'Union, soit à l'œuvre polémique dominicaine et les deux
derniers firent une brillante carrière dans la hiérarchie latine en
Orient. C'est Démétrios Cydonès qui présenta Maxime à l'empereur
Manuel II, qui en fit son collaborateur pendant son exil à Lemnos17.
Maxime entra ensuite au couvent de Péra en même temps que son
frère Théodore. Ils complétèrent leurs études de théologie aux
couvents de Padoue puis de Venise18. André était diplômé de l'université
de Padoue et reçut le grade de maître en théologie grâce à un
privilège de Martin V, sa participation, comme interprète, aux
discussions entre le pape et la délégation grecque à Constance ayant
interrompu ses études19. Maxime fut, à la différence de ses frères, plus
un pasteur qu'un politique et son champ d'action fut principalement
la Crète, où il chercha à développer une liturgie catholique en langue
grecque, comme nous l'avons vu dans la première partie. Parmi les
autres disciples de Démétrios se trouvait un autre Grec converti, qui
suivit le même parcours spirituel que Maxime Chrysobergès,
Manuel Calécas. Neveu du patriarche unioniste Jean XIV Calécas
déposé en 1347 en raison de son opposition au Palamisme, il fut initié à
la théologie catholique par Démétrios Cydonès. Après avoir
longtemps résisté aux pressions du pouvoir byzantin, il avait fait l'objet
de menaces malgré la protection impériale et avait dû se réfugier au
couvent de Péra20. Après un long périple entre les îles de
Méditerranée et un séjour au couvent des Bénédictins de Milan, il prit l'habit
des Dominicains à Mitylène21. Manuel Calécas était avant tout un
intellectuel, et fut l'auteur d'importants traités de théologie montrant
son cheminement vers la doctrine catholique22. Son abondante cor-
31 Voir p. 261.
32 Voir note 31, p. 155.
33 J. Darrouzès, émet deux hypothèses, Ioannes de Fontibus ou Philippe de
Péra, Conférence sur la primauté du pape à Constantinople en 1357, dans REB 19,
1961, p. 76-110.
34 Jean Cantacuzène, lors de sa discussion avec le légat pontifical, Paul de
Smyrne, avait repris le projet que Barlaam le Calabrais avait exposé à la curie, en
1339, et pensait donc que la seule voie possible vers la fin du schisme était un
concile œcuménique. Il estimait cependant qu'un délai était nécessaire afin de
permettre aux théologiens byzantins d'obtenir la compétence nécessaire à un
dialogue avec les Latins, dans de bonnes conditions, J. Meyendorff, Projets de concile
œcuménique en 1367, dans Dumbarton Oaks Papers, 14, Washington, 1960, p. 149-
168.
35 A. Luttrell, Greeks, Latins and Turks on the Late Medieval Rhodes, dans
Byzantinische Forschungen, 11, 1987.
LA CONVERSION DES ÉLITES 195
une de ses lettres, le félicitait d'avoir su garder son intérêt pour les
lettres malgré ses importantes charges administratives40.
Ainsi, à partir du règne de Jean VI Cantacuzène, des liens étroits
s'étaient établis entre l'empereur et ces lettrés convertis, Prêcheurs
ou sympathisants. Mais ceux-ci durent quitter la Grèce dans les
dernières années du XIVe siècle et moururent tous en exil car la
protection impériale était devenue impuissante à garantir leur sécurité.
Depuis les années 1360, le parti palamite n'avait cessé d'accroître
son influence à la cour. Démétrios Cydonès n'avait pu empêcher la
condamnation de son frère Prochoros par le synode en 1367. Lui-
même dut fuir en Italie et mourut en Crète, citoyen vénitien. Manuel
II réclama au doge de Venise les livres de son maître. Les archives de
Venise ont enregistré l'inventaire de sa bibliothèque au moment de
sa mort. Elle comprenait trois manuscrits, l'un rassemblait plusieurs
œuvres de Platon, le second le quatrième évangile, un psautier et des
autorités de l'Eglise grecque et le troisième était un ouvrage
d'Hérodote41. Cet inventaire de la bibliothèque de celui qui fut le principal
promoteur de l'idée de l'Union à Byzance au XIVe siècle semble
accréditer l'hypothèse, souvent avancée, d'un retour de Démétrios
Cydonès à l'Eglise grecque. Le père des frères Chrysobergès décéda
aussi en Crète, auprès de son fils, Maxime. Manuel Calécas mourut à
Mitylène, sans avoir pu revenir à Constantinople, de même que
Maxime Chrysobergès. Théodore et André Chrysobergès ainsi que
Manuel Chrysoloras retournèrent pour des missions diplomatiques
dans la capitale byzantine mais n'y résidèrent plus de façon durable
à partir des années 1390. Deux témoignages sont formels sur cette
nécessité de l'exil, celui de Jean de Sultanieh dans son Libellus et
l'apologie de Manuel Calécas, adressée à Manuel IL En effet, comme
Prochoros Cydonès, frère Manuel avait cherché le plus longtemps
possible à rester membre de l'Eglise grecque tout en s'opposant au
Palamisme. Mais le souvenir des souffrances de son oncle et les
menaces dont il était l'objet l'avaient décidé à partir. Pour lui, comme
pour un certain nombre de convertis, les persécutions contre les
opposants au Palamisme, devenu doctrine officielle, provoquèrent la
fuite et l'adhésion au catholicisme.
L'influence des Prêcheurs de Péra et des Grecs convertis fut
cependant déterminante pour l'évolution des rapports entre les deux
32 Ed. L. Allatius, Graecia orthodoxa, II, Rome 1659, p. 1074-1088; P.G. 154,
col. 1217-29.
33 Edition de la traduction en latin d'Ambroise Traversali en vue du concile
d'Union (1423), P.G. 152, col. 11-258.
34 Ms. Bale, Univ. Bibl. A I 32, f» 1-39.
35 A. Dondaine, Contra Graecos, op. cit., p. 387.
36 Ms. BNCF, C. 7.419, f° 98r : «Sed quia Greci nullum sanctorum nostrorum
recipiunt quantum ad testimonia fidei confirmanda dicentes quod nos corumpimus
dicta sanctorum quod ipsi fecerunt et faciunt nobis imponentes ideo dimissis dictis
sanctorum occidentalium solum ad dicta sanctorum orìentalium accedam ut ex li-
bris eorum comprehendantur».
37 F. Stegmüller, Ein lateinischer Kontroverstraktat gegen die Griechen aus der
Universitätsbibliothek Uppsala, op. cit., p. 125-126.
L'ÉCRIT POLÉMIQUE, L'ARME FAVORITE 211
38 Ms.
39
4140 A. Dondaine,
BNCF, C.7.419,
Contraf°
ff°
Graecos,
98r,
87.
109v-138.
texteop.cité
cit.,à la
p. note
423. 104, infra.
212 UNE MÉTHODE DOMINICAINE
Andronic II, «conscient du mal qu'il avait fait», avait renoué les
négociations avec Rome46. Voici comment Philippe de Péra nous
rapporte les inquiétudes de l'empereur après avoir évoqué le décès de
Georges Métochitès et les efforts déployés par les Grecs pour que sa
sépulture demeure secrète47. Dans le Libellas, il donne une version
très proche de ces faits mais il ajoute que c'est un moine, secrétaire
de l'empereur qui lui a dit les sentiments de ce dernier48. Cette
mention du Lïbellus confirme les relations de Philippe de Péra, déjà
établies à la fin du règne d' Andronic IL Selon son récit, Georges
Métochitès serait mort avant la mission de Benoît de Corne et l'empereur
aurait envoyé Simon d'Oria demander au pape d'envoyer des légats
pour négocier l'union49. Philippe de Péra dit que Benoît de Corne
était nonce pontifical et ne parle pas de Charles IV le Bel. L'auteur
évoque ensuite le coup d'état d'Andronic III et l'échec des
pourparlers. Les légats pontificaux furent déçus car l'ancien empereur avait
nié avoir jamais fait dire au pape qu'il était prêt à discuter de la fin
du schisme. Et Philippe de Péra rend compte, dans le Lïbellus et
dans le De oboedientia, de la déception du légat pontifical devant la
mauvaise foi de l'empereur50.
Notre auteur met donc en relation l'échec des négociations avec
Rome et les problèmes internes de l'empire byzantin. En effet la
guerre civile avait éclaté en 1321 à cause du meurtre du despote
Manuel, frère d'Andronic III, qui s'était alors rebellé contre son grand-
père. Andronic II priva son petit-fils de ses droits de succession au
trône. Après plusieurs années de guerre, en 1328, Andronic III, aidé
du grand domestique, Jean Cantacuzène, l'emporta et contraignit
son grand-père à se faire moine. Les atermoiements d'Andronic II
dans ses relations avec Rome s'expliquent donc par sa crainte de
voir le peuple, hostile à l'union, se mettre du côté d'Andronic III.
Plus tard, Philippe de Péra rendit visite à l'archevêque grec de
Durazzo pour lui montrer les autorités grecques qu'il avait réunies
59 R.J. Loenertz, Fr. Philippe de Bindo Incontri du couvent de Péra, dans AFP
18, 1948, p. 265-280.
60 Th. Kaeppeli, Deux ouvrages, op. cit., p. 172.
61 Ibid., p. 164-165.
L'ÉCRIT POLÉMIQUE, L'ARME FAVORITE 217
placé par des évêques et des moines grecs. A la mort d'Ignace, Pho-
tios, dont l'influence sur le clergé grec était restée majoritaire, fut
rétabli sur le siège patriarcal. Le concile d'union de 879-880 jeta l'ana-
thème sur le huitième concile et fut un triomphe pour Photios.
Depuis ce moment les Orientaux ne reconnaissent plus l'existence de
ce huitième concile62.
Depuis les années 1950, les historiens contemporains ont
cherché à relativiser l'importance de la rupture entre Rome et Byzance
au moment du conflit entre Ignace et Photios et, en même temps, à
donner de ce dernier une image plus conforme à la réalité63. De
nombreuses sources grecques apportent surtout des témoignages
négatifs sur la personnalité de Photios. Mais F. Dvornik montre que
les documents écrits sous le patriarcat de Photios et, en particulier
au moment du concile de 879-880, contiennent nombre d'arguments
en faveur de la primauté romaine64. Cependant l'insistance de
Philippe de Péra à faire du schisme de Photios la première rupture
grave avec l'Eglise romaine est à prendre en considération.
Ensuite frère Philippe rédigea trois autres ouvrages. Après avoir
traduit les actes du huitième concile, il s'attacha au problème
historique que posait le schisme dans son Libeïïus. Ce petit livre donne,
en effet, une approche historique des divergences avec les Grecs. Il
écrivit ses deux dernières œuvres à peu près en même temps, en
1358/5965. Le De oboedientia, fondé sur des sources canoniques, des
actes conciliaires et des lettres pontificales, justifie l'obédience à
Rome. Si ces sources remplissent une grande partie des feuillets, le
discours historique n'est pas absent et l'auteur nous donne un
développement assez long sur la carrière de Photios et sur la révolte en
Sicile, au temps de Constantin Monomaque. Le dernier ouvrage, le
De processione Spirìtus Sancii est en quelque sorte le couronnement
de l'ensemble de l'œuvre de Philippe de Péra.
77 Ms. BNCF, f° 88, Nectarius fut un des rares patriarches issus de la classe
sénatoriale. Selon Diodore de Tarse, il fut inscrit sur la liste des candidats
présentés par Théodose Ier bien qu'il ne fût pas baptisé, A. Kazhdan, dir., Oxford
dictionary of Byzantium, New York - Oxford, 1991, 2, p. 1451.
78 Théophile d'Alexandrie : patriarche d'Alexandrie (385-412). La persécution
qu'il mena contre les partisans d'Origène le fit entrer en conflit avec Jean Chry-
sostome, patriarche de Constantinople (398-403), qui les protégeait. A
Constantinople en 403, où il devait se disculper, il parvint à retourner la situation à son
profit et déposa Jean Chrysostome. Il fut alors excommunié par le pape Innocent
Ier auprès duquel Jean avait fait appel, DECA, t. 2, Paris, 1990, p. 2426-2427.
79 Arsace, patriarche (404-405), il fut imposé par l'impératrice Eudoxie après
la déposition de Jean Chrysostome. Il ne fut jamais reconnu comme patriarche
par le pape et l'Occident, DECA, t. 1, Paris, 1990, p. 256.
80 «Hic Arsacius fuit ordinatus expulso Johanne Crisostomo de sede per Theo-
fillum allexandrinus favore imperatoria Archadii agente imperatrice Eudoxia contra
quam Innocentius papa litteras et nuntios misit qui nuntii fuerunt detenti in quo-
dam castro nomine thira per duos annos. » Ms. BNCF, f° 88r. «Castrum Thira» doit
être identifié à Théra, Santorin.
81 Nestorius, patriarche (428-431), il fut déposé par le concile d'Ephèse (431).
Il insistait sur la nature humaine du Christ, DECA, t. 1, Paris, 1990, p. 1742-1744.
L'analyse de Philippe de Péra est tout à fait juste.
82 Concile d'Ephèse, 431.
222 UNE MÉTHODE DOMINICAINE
qui s'était imposée aux Pères, d'ajouter au symbole que l'Esprit Saint
procédait du Père par le Fils89.
En effet, reprend notre auteur, par quatre fois, l'erreur sur la
procession du Saint Esprit fut introduite par les Grecs. Là encore
son argumentation s'appuie sur l'histoire. Pour en arriver à cette
conclusion, il s'est livré à de nombreuses recherches, a compulsé
diverses histoires et chroniques, interrogé ses contemporains, des
Grecs bien informés. Il fait, en particulier appel au souvenir de son
maître, frère Simon, déjà évoqué, qui avait lui-même discuté de
cette question avec un Grec. Philippe précise que cet homme, un
haut magistrat, avait grande réputation parmi les Grecs, car il
connaissait très bien les chroniques. Après avoir confronté ses
diverses sources, il arrive aux conclusions suivantes : l'erreur sur la
procession du Saint Esprit fut faite une première fois par Nestorius,
ensuite dans les années qui précédèrent le VIIe concile, puis par Pho-
tios et enfin à l'époque de Constantin Monomaque. Pour les deux
premières fois il invoque des preuves textuelles. C'est Saint Thomas
qui dit que Nestorius fit cette erreur et si le VIIe concile ajouta «per
Filium» ce n'était pas pour rien. Il développe pour les deux autres
fois une argumentation historique. Cette erreur fut reprise par Pho-
tios parce que le pape ne voulait pas le confirmer sur le siège de
Constantinople90. Pour Philippe de Péra l'addition du Fiîioque ne
pouvait être qu'antérieure à la crise photienne et l'affirmation
grecque était anachronique. Elle n'a pu être faite non plus du temps
du pape Pascal, à l'époque de Photios, puisque 25 ans les séparent;
lorsque Pascal était pape, Photios n'était pas adulte et encore moins
patriarche de Constantinople. La question de l'addition a été de
nouveau soulevée, par les Grecs, à l'époque de Constantin Monomaque,
sios (784-806) pour ses qualités de diplomate, un laïc (de nouveau), chef de la
chancellerie impériale, G. Dagron, ibid., p. 122-129.
89 «...videtur insurrexisse tempore concilii vii ut superius tractum est non
enim sine magna causa sancii patres addiderunt in simbolo spirìtum sanctum ex
patre per filium procedere». Ms. BNCF, f° 94r. Le symbole de Nicée II donne à
propos de la procession du Saint Esprit : «Credimus... Et in Spiritum Sanctum, Do-
minum, vivificantem, qui ex Patre Filioque procedit...» Mansi, XIII, p. 729. II
convient de noter ici le problème de l'équivalence entre per et ex et la différence
de traduction entre le traité de Philippe de Péra, qui avait lu le texte grec et la
version officielle du symbole de l'Eglise latine, éditée par Mansi.
90 Par deux fois cet argument est donné par Philippe de Péra : «Tertio...
tempore fotii... et hoc quod papa Nicholaus noluit ipsum confirmare in sede patriar-
chatus quia ut tractum est invasit sedem vivente ignatio patriarcha. », f° 94r; «...ut
dictum est primus qui opposuit sumpta occasione contra ecclesiam pro tali addi-
tione fuit fotius et nulla alia causa fuit nisi quia papa Nicolaus primus noluit eum
consentire ut confirmatione eum in sede patriarchatus qui vivente ignatio patriar-
chatum invasit tirannice...», f° 95r.
224 UNE MÉTHODE DOMINICAINE
c'est à dire 180 ans et plus après Photios. L'auteur construit ainsi son
argument politique expliquant le schisme de Constantin Mono-
maque : la rupture à propos de la procession du Saint Esprit est due
à la révolte de la Sicile. Et il renvoie à un autre de ses ouvrages, le De
oboedientia. A ce moment du récit on pourrait s'attendre à voir
évoqué le schisme de Michel Cérulaire. Il n'en est pas question. Philippe
de Péra dit que c'est à l'occasion de la rébellion de Sicile que
l'empereur retira les Grecs de l'obédience de Rome. Dans le De oboedientia,
Philippe de Péra donne davantage de détails sur cette rébellion. La
cause, selon lui, en est la politique de Constantin Monomaque qui a
ordonné le pillage de l'île, en particulier des marbres polychromes
des églises, pour construire le monastère Saint Georges des Man-
ganes à Constantinople91. Il évoque également les soupçons de
Constantin Monomaque à l'égard du pape, qui, selon lui, aurait
favorisé la révolte de la Sicile. Puis, assez brièvement, il rend compte de
l'ambition de Michel Cérulaire pour le titre et les insignes
pontificaux de même que le soutien de l'empereur au cours de la réunion
d'un synode lorsqu'il revendiqua le patriarcat œcuménique pour
Constantinople92. Ainsi la divergence sur le Filioque permit-elle à
l'Eglise grecque de revendiquer la première place au nom de
l'orthodoxie. En fait, selon ses recherches, il est impossible de dire à quelle
époque, sous quel pape, par quel concile le Filioque fut ajouté au
symbole : les Grecs disent que c'était au temps de Photios, mais
l'addition du Filioque a, en réalité, servi d'argument à la rupture avec
Rome, du temps de Constantin Monomaque. Pour ces deux
dernières dissidences de l'Eglise grecque, Philippe de Péra invoque
donc essentiellement des arguments politiques et c'est encore plus
net pour celle de Constantin Monomaque. Ainsi l'erreur grecque sur
la procession du Saint Esprit est-elle envisagée par notre auteur
comme liée aux relations, de plus en plus difficiles, avec le Saint
Siège.
Si aucun de ses contemporains n'est capable de préciser
l'époque de l'addition du Filioque, c'est, selon Philippe de Péra qu'elle
est très ancienne et dépasse la mémoire humaine. Il émet cependant
plusieurs hypothèses. Après avoir découvert que, déjà du temps du
97 L'auteur du livre apporté par le moine grec doit être Athanase, métropolite
de Cyzique de 1315 à 1350. Athanase était un correspondant de Grégoire Palamas.
Il participa au synode qui condamna Barlaam le Calabrais en juillet 1341.
Adversaire du patriarche Jean XIV Calécas, il soussigna le tomos du synode de 1347,
consacrant la victoire du palamisme. J. Darrouzès, Regestes du Patriarcat, Paris,
1977, 5, n° 2110, 2206, 2209, 2213; PLP, 1, n° 389.
98 «...cum essem minus expertus in talibus et similibus ipsi me falebant et
sepe. Et ideo hoc posui Ulis qui volunt disputare cum greets ne decipiantur. Hiis po-
sitis procedamus ad auctoritates sanctorum ex quibus ostenditur quod spiritus
sanctus est sic a pâtre sic et ab ipso fïlio. », Ms. BNCF, f° 97r.
L'ÉCRIT POLÉMIQUE, L'ARME FAVORITE 227
Les Grecs utilisent des textes où des mots ont été omis
volontairement et ont laissé de côté ceux qui montraient la procession du
Saint Esprit par le Fils.
Notre Dominicain effectue cette lecture critique par la
confrontation des différentes éditions des Pères grecs. Car si les Grecs
soupçonnent les Latins d'avoir corrompu leurs textes, Philippe de Péra
montre que les Grecs en ont fait autant. Notre auteur s'est donc mis
en quête du texte authentique en cherchant les livres anciens. Ainsi
dans le seul passage bien connu de son œuvre, Philippe de Péra
raconte comment il a retrouvé des textes grecs mentionnant
clairement que l'Esprit Saint procède du Fils avec l'aide d'un noble grec,
que l'on a identifié avec Démétrios Cydonès". Cette recherche avait
été précédée d'une discussion au cours de laquelle notre polémiste
dominicain avait évoqué l'absence suspecte du nom de Jésus dans
certains textes grecs de l'Evangile. En lisant le Contra Eunomium de
Saint Basile, Philippe s'est aperçu que les preuves de la procession
du Saint Esprit par le Fils avaient été volontairement omises dans
les nouvelles éditions100.
Il nous dit aussi comment il a retrouvé le symbole Quicumque
Vult. On sait aujourd'hui que l'attribution de ce texte à saint Atha-
nase n'est plus reconnue101, mais ce document a tellement été mis à
contribution dans les discussions entre les deux Eglises que le récit
de Philippe de Péra mérite qu'on s'y arrête, car c'est pour lui une
nouvelle occasion de montrer la mauvaise foi des Grecs. Dans son
traité, il indique en effet que les Grecs affirment ne pas avoir reçu ce
document parce que, selon eux, Athanase l'a écrit au cours de son
exil et qu'elle était adressée au pape. Mais il réfute cette opinion
disant qu'il a retrouvé ce document, epistula ad Julianum, dans un très
vieux livre dont un folio était presque complètement détérioré par le
temps102. Cette découverte sera reprise par Manuel Calécas dans son
traité Adversus Graecosm.
99 SOP I, p. 646-647, cité par R.J. Loenertz, Fr. Philippe de Bindo Incontri
O.P. du couvent de Péra, inquisiteur en Orient, AFP 18, 1948, p. 265-280.
L'identification a été faite par Th. Kaeppeli grâce au Libellus, Deux ouvrages, op. cit.,
p. 164-165.
100 «Notandum quod istud dictum beati basila [filli ymago est spiramen eius
spiritus] in antiquis libris invenitur, in novis non invenitur...», Ms. BNCF, f° lOlv.
101 V. Laurent, Le symbole «Quicumque Vult» et l'Eglise byzantine, dans Echos
d'Orient 35, 1936, p. 385-397.
102 «Athanasius... misit epistulam julio pape de fide sua... quae epistula non
fuit scripta in greco nec missa in greciam. Ideo excusant se non habere. Ego autem
simbolum fidei invent scriptum in uno libro antiquissimo unde fuerat folium ex-
tractum ubi hoc erat scriptum fere totum dilaceratum ex antiquitate.», Ms. BNCF,
f° lOlr; Ms. Bale A VI 15, i° 114v : «...ego autem invent hoc simbolum fidei in greco
in uno libro antiquissimo... ».
103 Sur la tradition grecque du symbole Quicumque vult, et l'assertion de Ma-
228 UNE MÉTHODE DOMINICAINE
113 C'est la deuxième fois que cette expression «hqueus dyaboli» apparaît
dans le texte, la première fois elle était appliquée à Eusèbe de Nicomédie, arien et
partisan d'Eusèbe d'Antioche, au moment du concile de Nicée. Il fut patriarche
de Constantinople (341-342).
114 Jean Beccos, patriarche de Constantinople (1275-1282), écrivit entre
autres un ouvrage contre le tomos de Grégoire de Chypre, P.G. 141; Beck, p. 683.
115 Grégoire de Chypre, patriarche de Constantinople (1283-1289), fut
effectivement forcé d'abdiquer par la double opposition des Arsénites et des
Unionistes, A. Kazhdan, dir., Oxford Dictionary of Byzantium, 2, op. cit., p. 876-877.
116 «Notandum quod greci tot auctorìtatibus sancii cirìlli nesciantes eas negare
quod sanctus cirìllus hoc non dixit dieta, ipsius in hoc non recipiunt dicentes : dixit
quod beatus cirìllus quod Spiritus sanctus sic est a pâtre sic est a Filio, sed hoc dixit
coactus per dicta hereticorum...», Ms. BNCF, f° 109r.
117 «Item Anasthasius antiocenus de quo non invent quo tempore floruerit de
quo invent istud dictum : ... », Ms. BNCF, i° 109r. Il est vraisemblable qu'il s'agisse
d'Anastase, patriarche d'Antioche (559-570), qui dut intervenir dans les querelles
christologiques de son temps. Il est l'auteur de plusieurs traités sur la Trinité ou
sur l'incarnation par exemple. Il s'opposa à l'édit de l'empereur Justinien sur
l'aphtartadocétisme et fut déposé par le fils de ce dernier, Justin. Ami de Grégoire
le Grand, celui-ci obtint sa réhabilitation et la restitution de son siège patriarcal,
DECA, t. 1, op. cit., p. 112-113.
118 «Maximus monachus fuit tempore sextit concilii qui propter persecutionem
hereticorum et maxime constantini tertii imperatorìs venit romam. Libri et dicta is-
L'ÉCRIT POLÉMIQUE, L'ARME FAVORITE 231
étant reconnue par les deux Eglises, il termine par une citation de
son œuvre. Ce n'est pas la lettre à Marin, prêtre de Chypre, qui sera
tant mise à contribution jusqu'au concile de Florence mais une
réflexion sur le prophète Zacharie, que l'on trouve aussi dans un des
traités du début du XIVe siècle119.
Le De processione de Philippe de Péra est donc une œuvre
originale dans sa méthode de discussion avec les Grecs comme dans son
système de références. Sur ce point, son originalité consiste dans le
choix des citations comme dans leur utilisation. En effet Philippe de
Péra a beaucoup réduit le nombre des Pères grecs cités par ses
prédécesseurs sans doute à la suite de ses conversations avec
l'archevêque grec de Durazzo. Celui-ci le convainquit de l'intérêt du
Thesaurus, qu'il avait pu découvrir préalablement chez son maître,
Simon, comme nous le verrons plus loin. Il cite les symboles des trois
premiers conciles et, parmi les Pères grecs, il utilise essentiellement
les œuvres d'Athanase et de Cyrille d'Alexandrie, dont il extrait
respectivement une vingtaine et une quarantaine de citations. Les
apocryphes des traités du XIIIe siècle ont été éliminés, on ne trouve en
effet aucune mention du Pseudo-Grégoire, utilisé par l'anonyme de
1252 et par Bonaccursius120. En revanche, il a des références qui lui
sont propres, comme Théodore de Raithu121. En effet ce théologien
n'est pas cité par les polémistes latins, mais Jean Beccos en donne
une dizaine de citations dans son florilège de patristique grecque, à
l'appui de la thèse latine, les Epigraphae122. Il convient donc de
penser que ce recueil de textes en faveur de la procession du Saint
Esprit par le Fils fut une de ses sources et ceci s'explique par les
relations de Philippe de Péra avec les Grecs sympathisants de la cause
unioniste, comme nous l'avons vu plus haut. Mais de plus, en
comparant les citations de Cyrille d'Alexandrie dans le traité de
Philippe de Péra et dans les Epigraphae, qui en sont particulièrement
riches, les mêmes extraits du commentaire sur l'Evangile de Jean se
tius maximi recipiuntur a greets sicut cuiusque alterius sancii et habentur valde
autentica...», Ms. BNCF, f° 109r.
119 F. Stegmüller, Ein lateinischer Kontroverstraktat gegen die Griechen aus der
Universitätsbibliothek Uppsala, dans Kyrkohistorisk Arrskrift, 1954, p. 133.
120 Si l'on suit l'attribution du traité anonyme du Ms. latin Vat. 819 par Th.
Kaeppeli, Contra Graecos, op. cit., p. 406-418.
121 Théodore de Raithu était moine d'un monastère près de Raithu, péninsule
du Sinaï. Il fut évêque de Pharan et mourut en 625. Surnommé le philosophe, il
est l'auteur d'une histoire des hérésies et d'un ouvrage de dialectique. Peut-être
doit-on lui attribuer l'ouvrage de jeunesse de Leontios de Byzance «De Seeds» et
des fragments de lettres... Tusculum-lexikon, griechischer und lateinischer
Autoren des Alterstums und Mittelalters, p. 777, Munich, 1982; Beck, p. 382-383.
122 P.G. 141, col. 622 B-C, 638 A, 663 D, 667 B-C, 671 d, 679 C-D, 682 A-B,
687 A.
232 UNE MÉTHODE DOMINICAINE
127 «primo igitur videndum est [ ] error iste scilicet quod spiritus sanctus non
sit a filio apud Greco insurrexit. Secundum autem quod patet colligi de diversiis
historiis et cronicis quatuor vicibus primo enim ut dictum est error iste introductus
fuit...», Ms. BNCF, f°94r .
128 «...per quodam simbolo nestorìanorum de quo simbolo beatus Thomas de
Aquino facit mentionem... quod simbolum invent in greco in actis tertii concilii
epheseni. » ; à propos du symbole de Nicée revu par les Pères du concile d'Ephèse :
«Predica sancii patres fecerunt etiam thomum brevem ut nullus aliam fidem doce-
ret vel exponeret quam illam qua scripta est a sanctis patribus in nicea congregatis.
Et hoc fecerunt quod in simbolo nestorianorum de quo superius dictus est contine-
bantur in littera quae erant contra fidem sanctorum predictorum. Quod thomum
non intelligentes nec legentes nec attegantes ut scriptum est sumpserunt... thomum
maie allegant quia non legerunt. Et... invent eum predictum thomum in utraque
lingua.», Ms. BNCF, f° 88; f° 89.
129 «Quantum ad veritatem certitudinis nunquam inveni nec in latino nec in
greco nec in aliquo concilio in partibus occidentalibus celebrato propter errorem in-
surgentem scilicet spiritum sanctum non procedere a filio. Et quod mihi videtur
salva veritate...·», Ms. BNCF, f° 94v.
234 UNE MÉTHODE DOMINICAINE
Saint Esprit131, ainsi que l'a très bien fait remarquer Philippe de Péra
dans son traité. Ces événements ont montré qu'entre les deux Eglises
les divergences étaient de plus en plus difficiles à surmonter, à tel
point que l'on avait commencé à les répertorier. Mais il est plus
convaincant encore lorsqu'il évoque le schisme de 1054. S'il est
étonnant qu'il n'ait pas dit un mot du patriarche Michel Cérulaire dans le
De processione, en revanche il a très bien senti les enjeux de la
révolte de Sicile et ses conséquences : la crise qui aboutit à la
séparation définitive des deux Eglises. La rupture est en effet due à la lettre
envoyée, à la demande de Michel Cérulaire, par Léon d'Ochrida à
l'archevêque grec Jean de Trani. Dans ce document l'archevêque
d'Ochrida demandait aux Latins de se détourner de pratiques
qualifiées de «judaïques» comme l'usage des azymes et le jeûne des
samedis de Carême132. Cette offensive grecque répondait à la
revendication romaine de la Sicile. S'appuyant sur la Donation de Constantin,
le pape Léon IX et son entourage réformiste, le cardinal Humbert
notamment, voulait étendre son influence directe de Rome sur
l'ensemble de l'Italie, la Sicile incluse, terre réputée byzantine malgré la
conquête arabe. Il nomma un archevêque et convoqua en 1050 un
synode à Siponto. Plusieurs décrets y furent votés, certains d'entre
eux étaient dirigés contre les usages liturgiques grecs133. Le nouveau
conflit, qui en fut la conséquence entre Rome et Byzance, fut
l'occasion pour les Grecs de poursuivre l'inventaire des divergences
dogmatiques et liturgiques, ainsi que le montre la correspondance entre
Michel Cérulaire et le patriarche d'Antioche, Pierre134. Ce dernier
intervenait comme un modérateur entre le pape et le patriarche de
Constantinople, mais sa lettre à Michel Cérulaire énumère les
erreurs que les Grecs reprochent aux Latins. S'y retrouvent tous les
différends en matière de liturgie, tels qu'ils seront énumérés dans le
Contra Graecos de 1252, mais Pierre d'Antioche souligne déjà que le
point principal est l'addition du Filioque au symbole de Nicée. Il
s'agit en effet d'une divergence fondamentale puisqu'elle touche à la
doctrine de la procession du Saint Esprit. Le patriarche d'Antioche
évoque aussi les azymes et le célibat des prêtres, le reste devant être
considéré comme des différences de coutumes sans grande
importance. Nous avons donc là, dès le XIe siècle, les points qui seront dé-
144 «His omnibus colligitur a Deo coactam congregationem non tantum divino-
rwn Ecclesiae Graecae Doctorum sed Latinae quoque, quorum fama edam apud
Graecos maxime gloriosa magni penditur, quinimo per eosdem quam maxime or-
thodoxam Graecorum Ecclesiam semper ab ipso sui initio ad hoc aevi, ut manifes-
tum est ex propriis ipsius Lectionibus, Contaciis, divina Missa, theologicis Canticis,
et Tropariis, omnes divino eodemque Spirìtu ductos concorditer, unaque voce de-
crevisse, Spirìtum sanctum ex Filio et per Filium et non ex solo Patre, imo senten-
tiam asserentem ex solo Patre, non item ex Filio sanctarum universalium synodo-
rum directores anathemati subiecisse, ut piane ostendum est. . . Quare cum demons-
tratum sit, très synodos recensitas universales ante quartam universalem sanctam
synodum Chalcedoniensem coactas per proprios qui eas coegerunt Praesides et Gu-
bernatores, ex Filio Spiritum déclarasse, nunc ostendum est, reliquas etiam post
hanc quartam très synodos, quintam nempe, sexta et septima confirmasse apertis
clarisque determinationibus, quaecumque quatuor praecedens Synodi pro fide pia
Patrum et Haereticorum condemnatione, eorum praecipue, qui Spiritum sanctum
ex Filio esse improbant, statuerunt. », Léon Allatius, éd., De octava synodo photia-
na, Simon const, epistola ad Ioannem Nomophylacem, 1662, p. 453-458.
145 M.H. Congourdeau, Frère Simon le Constantinopolitain, op. cit., p. 168,
p. 178-181.
240 UNE MÉTHODE DOMINICAINE
154 «Romani Pontifices, qui pro tempore fuerunt tanquam fìdei directores ac de-
fensores et concilium adores ac statutorum executores, ad confessionem huius arti-
culis Graecos paternis admonitionibus sunt hortati, quemadmodum ad centum an-
nos vel circiter post quintum concilium et triginta annis vel circa hoc ante sextum
concilium legitur fecisse Martinus papa primus, qui iubente Constantino
imperatore ad suggestionem Pauli haeretici captus constantinopolim ductus est, ac de-
mum ultra mare ponticum relegatus exilio apud Chersonam obiit; ideoque Graeci
sanctorum catalogo hunc ascribunt; sed et Romana ecclesia in crostino beati
Martini Turonensis de eo festivat». F. Stegmüller, Analecta Uppsaliensa, I, op. cit.,
p. 356.
155 Le «monothélisme» est le dernier épisode des discussions christologiques
de l'Eglise grecque. Il s'agissait d'une dernière tentative pour rallier les Eglise mo-
nophysites d'Orient. Le débat était centré sur Γ« activité» du Christ incarné : cette
activité se rattache-t-elle à ses deux natures unies sans mélange, humaine et
divine, ou à sa personne unique? Cette dernière position était celle des mono-
thélites, G. Dagron, La fin des querelles christologiques, dans Histoire du
Christianisme, 4, Paris, 1993, p. 40-49.
L'ÉCRIT POLÉMIQUE, L'ARME FAVORITE 245
156 J. Meyendorff, Imperial Unity and Christian Divisions, the Church 450-680
A.D., New York, 1989, p. 362-369; P. Corsi, La politica italiana di Constante Π, in
Settimane di studio del centro italiano di studi sull'alto medio evo, 34, 1988, p. 751-
796.
157 A. Kazhdan dir., Oxford Dictionary of Byzantium, 2, op. cit., p. 1323-1324.
246 UNE MÉTHODE DOMINICAINE
162 «...Quod tempore Damasi papae orta est apud Latinos haeresis illorum, qui
dicebant Spiritum sanctum gigni a Filio et esse eius Filium ac nepotem Patris; et
haec haeresis a graecis dicta est yopaterica, F. Stegmüller, Ein lateinischer
Kontroverstraktat, op. cit., p. 139.
163 Sur cette hérésie occidentale mystérieuse, je remarquerai simplement le
fait que l'auteur n'en donne que le nom grec, soit qu'elle n'a pas reçu de nom en
Occident, soit qu'il ne l'ait connue qu'en Grèce.
164 Ces nouvelles preuves de la parenté des deux traités corroborent
l'hypothèse de M.H. Congourdeau, Note sur les Dominicains, op. cit., p. 177.
248 UNE MÉTHODE DOMINICAINE
les mêmes mentions, citées dans le même ordre que dans ce traité165.
Cette argumentation fondée sur la liturgie byzantine a été
abandonnée par Guillaume Bernard mais elle fut reprise et développée par
Philippe de Péra, comme nous l'avons vu. Ainsi doit-on souligner
l'existence de relations étroites entre les traités polémiques des
Dominicains de Péra sans qu'il s'agisse de travaux de compilation. On
notera en particulier la filiation d'une part entre Simon et Guillaume
Bernard, d'autre part entre Simon, l'anonyme de 1305 et Philippe de
Péra.
Le traité de 1305 évoque l'anathème encouru par ceux qui
modifient un symbole fixé par un concile œcuménique. Ceci est un
nouvel argument pour associer les deux traités anonymes au même
auteur. En effet celui-ci semble être le seul à avoir disserté sur cette
question. Il y consacre le huitième chapitre et le traité de 1307 nous
rend compte des discussions qu'il entretint par la suite sur ce
problème avec les Grecs et il en conclut que, s'il est si difficile de les
faire accéder à la vérité, c'est en raison de la crainte qu'ils en ont.
Ce souci du texte authentique, qu'il convient de souligner, a
permis aux Dominicains de Péra-Constantinople d'éliminer les
apocryphes. Le traité de 1305 porte l'emprunte encore très marquée du
Contra Graecos de 1252 166, comme les amplifications de Nicolas de
Coitone dans le Liber Fidei sur le Thesaurus de Cyrille d'Alexandrie.
Ces citations ont disparu du texte de 1307. L'auteur du Contra er-
rores Orientalium et Graecorum de 1305 cite quelques pères latins :
Saint Hilaire, Saint Augustin (en fait Saint Fulgence, De fide ad Pe-
trum) et Saint Jérôme. Il a été remarqué plus haut que le De obiectio-
nïbus de 1307 ignorait quasiment les références à la patrologie
latine.
Par rapport au Contra Graecos de 1252, les Dominicains du XIVe
siècle ont donc innové grâce à des contacts étroits avec les milieux
lettrés de la capitale. Convertir l'élite était, semble-t-il, la stratégie
des Prêcheurs d'Orient, en Arménie comme à Constantinople167.
Pour atteindre ce but, la discussion théologique était nécessaire : les
Dominicains de Péra-Constantinople avaient, en un siècle, mis au
point un arsenal polémique remarquable qui se révéla très efficace
au concile de Ferrare-Florence.
L'étape majeure que constituent les ouvrages des frères Simon
et Guillaume Bernard de Gaillac fut préparée par les travaux de Bo-
naccursius de Bologne, frère du couvent de Constantinople, lui aus-
165 Léon Allatius, éd., De octava synodo photiana, Rome, 1662, p. 453-458;
F. Stegmüller, Ein Latein Kontroverstraktat, op. cit., p. 135-136.
166 A. Dondaine, Contra Graecos, op. cit., p. 421.
167 Voir note 6, p. 186.
L'ÉCRIT POLÉMIQUE, L'ARME FAVORITE 249
si. Cette étape réalisée en symbiose avec le milieu grec vit son
couronnement avec les livres de Philippe de Péra.
174 Th. Kaeppeli, Scriptores O.P. Medii Aevi, 3, Rome, 1980, p. 213. Ce
Prêcheur aurait vécu au XIVe siècle, date donnée à son traité. Il semble qu'on doive
lui faire écrire son dialogue un siècle plus tard, voir note 200, p. 260.
175 Ms, Bale, A.I. 32, f° Ir : «Licet autem multi excellentissimi doctorum contra
errores grecorwn libros subtiliter composuerint de quorum numero extiterunt bea-
tus anselmus et sanctus tho. de acquino...-».
252 UNE MÉTHODE DOMINICAINE
186 «Sed in quodam tractatu de processione spiritus sancii a pâtre et fïlio quem
composait quidam frater ordinis nostri grecus natione et constantinopolitanus...y>,
Ms. Bale, Univ. Bibl. A.I. 32 (XV), f° 7r-7v.
187 «...continetur quod tota ista dictio qui ex pâtre filioque procedit addita fuit
in simbolo niceno perpapam damasum et suos coepiscopos in concilio celebrato in
urbe roma ante secundum generale concilium ad adnichilationem tunc heresis no-
viter exorte in partibus occidentalibus que dicebat spiritum sanctum generari a filio
et non ab ipso procedere unde dicebat Spiritum sanctum esse fìlium filii et nepotem
patris...y>, Ms. Bale, Univ. Bibl. A.I. 32 (XV), f° 7r-7v.; A. Dondaine, Contra
Graecos, op. cit., p. 392-393; M.H. Congourdeau, Frère Simon le Constantinopolitain,
op. cit., p. 171.
188 Ms. Bale, f° 34r-34v.
189 «Quidam etiam monachus syrus de monasterio grecorum quod ut in monte
synay veniens Constantinopolim et hoc ibidem loquens cum fratribus predicatorum
asseruit eis quod in eodem loco habetur similiter quicumque vult de verbo ad ver-
bum sicut in romana ecclesia legitur et cantatur», Ms. Bale, f° 34v. Le texte du
Contra Graecos donne «asseruit nobis», la version de Petrus est donc une
extrapolation du «nobis». L'auteur du Contra Graecos de 1252 est, rappelons-le, un
Prêcheur du couvent de Constantinople, ainsi que l'indique la finale de cet
ouvrage. L'édition de l'extrait du Contra Graecos a été faite par V. Laurent d'après le
Vat. Lat. 4066 et ne se trouve pas dans l'édition de la patrologie grecque de
Migne, n° 140. V. Laurent, Le symbole «Quicumque» et l'Eglise byzantine, dans
Echos d'Orient, 35, 1936, p. 403-404.
256 UNE MÉTHODE DOMINICAINE
194 «Greci vero tune temporis professi sunt spirìtum sanctum a patre et filio
procedere sed postea a fide déviantes inde nomen filii sübstraxerunt dicentes in
sacra scrìptura reperiri quod spiritus procédât a patre sed quod procédât a filio non le-
gitur. Circa igitur annos domini setingentesimum decimum secundum unam cro-
nicam ve/ secundum aliam octingentesimum quinquagesimum octavum tempore
imperatorum phillipici qui barda ve/ bardinus dictus est fuit in Constantinopoli
quidem nomine fotius homo dyabolicus et plenus iniquitate. Hie apud populum fa-
mosus erat in scientia nobilitate et divitiis multis propter quod multps et magnos de
civitate Constantinopolitana trahebat. Cum autem ad patriarchalem dignitatem
dicte civitatis toto affectu anelaret adiutorio eius qui mendax est et pater eius ius-
suque imperatoris cui placitum in cantilenis et minimis servitium exhibebat id
quod iniuste desideravit violenter obtinuit...», Ms. Bale, f° 7r.
258 UNE MÉTHODE DOMINICAINE
195 «Anno itaque domini septingentesimo sexagesimo VI° facta est sacra uni-
versalis synodus aquisgrani. In presentia pipini régis francorum ubi quaestio
ventilata est inter grecos et latinos de processione spiritus sancti et sanctorum ymagini-
bus utrum videlicet spiritus sanctus procédât a filio et sy ymagines essent igne
comburende aut in ecclesiis pingende. Ibique determinatum est spiritum sanctum
equaliter a pâtre et filio procedere et quod sanctorum ymagines essent cum omni re-
verentia colende. », Ms. Bale, ï° 7v.
196 P. Riche, Les Carolingiens, une famille qui fit l'Europe, Paris, 1983, p. 87;
F. Boespflug - N. Lossky, Nicée II (787-1987), Douze siècles d'images religieuses,
Paris, 1987, p. 272.
197 Les chroniques donnent des dates différentes, Noël 766 ou Pâques 767,
mais s'accordent sur le lieu, Mansi, XII, p. 677; Héfélé-Leclercq, Histoire des
conciles III, 2, Paris 1910, p. 726.
L'ÉCRIT POLÉMIQUE, L'ARME FAVORITE 259
200 Ms. Bale, Univ. Bibl. A.I. 32, f° 38v : «Greci fere per quadrìngentos annos
contempserunt obedire ecclesie romane ut manifestum est per supradicta. Ergo
Greci sunt heretici». A moins qu'il s'agisse d'une intervention du copiste de ce
manuscrit, si l'on se réfère à la date du schisme, 1054, en ajoutant presque 400 ans, on
obtient la date du concile de Bâle. Le dialogue de Petrus doit donc être daté du
XVe siècle et non du XIVe siècle, comme il est indiqué dans SOP MA, voir note
174, p. 251.
201 Ms. BNCF C.7.419, ff° 109v-138.
L'ÉCRIT POLÉMIQUE, L'ARME FAVORITE 261
202 L'éditeur du Contra Graecos de Thomas d'Aquin dit en effet que les
sources du grand théologien de l'ordre, le Libellas de Nicolas de Durazzo,
n'étaient pas bien choisies car elle comprenaient peu de mentions du Saint Esprit et
les amplifications de glossateurs, qu'elles contiennent reflétaient des
préoccupations du passé, Edition Léonine, XL A, p. 71-105.
203 A. Dondaine, Contra Graecos, op. cit., p. 418.
204 Cf. liste p. 447.
262 UNE MÉTHODE DOMINICAINE
205 R.J. Loenertz, Iacobi praedicatoris ad Andronicum, op. cit., AFP 29, 1959,
p. 77.
206 «Ma [processio S.S. et oboedientia ecclesiae romanae] quae per sanctos doc-
tores ecclesiae Graecorum, et Italorum probatos sanctos, inverti, imperiati maiestati
tuae per praesentem epistulam notificare studui», traduction latine de R.J.
Loenertz, ibid., p. 79.
207 «...concluditur necessario Spiritimi sanctum a Filio procedere. Quod am-
plius et clarius in alio libro demonstravi a me scripto, in quo praedictum articulum
fidei exponendo multas posui demonstrationes, super sacram Scripturam aedifica-
tas, et per sanctos doctores Graecorum comprobatas. », R.J. Loenertz, Ioannis de
Fontibus epistula, op. cit., AFP 30, 1960, p. 192.
L'ÉCRIT POLÉMIQUE, L'ARME FAVORITE 263
car il montre bien la filiation entre les traités des Prêcheurs de Péra
de la première moitié du XIVe siècle et les écrits de leurs héritiers
grecs.
Ce texte est court car il ne couvre qu'un peu plus de six colonnes
dans la patrologie de J.B. Migne221. Le seul argument développé
dans ce discours est la procession du Saint Esprit. Il est composé,
dans l'édition de la traduction de Léon Allatius, de cinq parties.
Après un prologue, bref mais vif, contre les ignorants qui prêchent
des erreurs, les trois paragraphes suivant sont consacrés aux
dissensions du passé. Le second commence ainsi : «Possumus vero id, anti-
quam dissidii originem examinantes, deprehendere». Cette partie
oppose ensuite d'une part les erreurs, qui ont envahi toute l'Asie et une
partie de l'Europe par la faute des patriarches et des empereurs et
d'autre part l'Eglise de Rome, qui a toujours su maintenir le cap
malgré les tempêtes. Maxime utilise en effet la métaphore classique
de la barque pour désigner l'Eglise222. Il dénonce alors ceux qui
refusent le primat du pape. Puis l'auteur consacre toute la partie
suivante à la déposition d'Ignace, dont il décrit les conditions
ignominieuses d'exil à Lesbos, suivant la tradition antiphotienne. Il évoque
alors l'usurpation de Photios et nous retrouvons là les analyses de
Philippe de Péra. Photios s'opposa au pape non à cause de la
procession du Saint Esprit mais par pure ambition personnelle, car il
briguait le trône patriarcal. A partir de ce moment il conçut le schisme
disant que le Saint Esprit procédait du Père seul, ne craignant pas
de contredire les Pères de l'Eglise223. La quatrième partie est une
dénonciation de ce que Maxime appelle le syllogisme imbécile de
Photios et nous retrouvons ici une allusion, même si elle est brève, à
Arius. Il termine sa lettre aux Cretois par une réfutation du
patriarche schismatique citant les Pères grecs : Basile de Cesaree,
Athanase d'Alexandrie et Cyrille le premier d'entre tous. Ce
document épistolaire ne se prêtait donc pas à une longue dissertation
221 P.G. 154, col. 1217-1230, le texte est édité en double colonne bilingue, grec
et latin, d'après Léon Allatius. La date de 1396 est sans doute erronée et le P. Loe-
nertz suggérait 1399/1400 : Pour la chronologie des œuvres de Joseph Bryennios,
dans REB, 7, 1949, p. 12-32.
222 P.G. 154, col. 1219B : «Sic antiquitus multiformis error per multos subse-
cutos annos veluti multiceps hydra, universam Asiam et potiorem Europae partent
pervadens, nunc patriarcharum et episcoporum exsecrandorum sermonibus, nunc
imperatorum vel tyrannorum potentia, sanum Ecclesiae corpus infestabat»;
col. 1219CD : «Namque turn, ο viri, apostolica Romae Ecclesia fluctibus Ulis
superior erat, et cymbam hanc temone pietatis gubernabat...».
223 P.G. 154, col. 1223D.
L'ÉCRIT POLÉMIQUE, L'ARME FAVORITE 267
226 Ibid.
227 P. G. 152, col. 187A : «Nam et qui addiîionem interdixere, adjonctionem fi-
dei, corruptaque dogmata conscribere prohibuerunt». col. 188C : «Addiderunt
tarnen, litterae sensum conferentes et contra adversarios constanter dimicantes juxta
theologum Gregorium, qui ait : Non de verbis, et nominibus pugnamus, dummodo
syllabae ad eamdem intelligentiam feront·».
228 P. G. 152, col. 196D : «Sunt item qui dicant quosdam ex Arii vesania, cum
vellent Filii maiestatem imminuere, a solo Pâtre Spiritum sanctum prodire dixisse».
229 II s'agit de Paul Ier patriarche de Constantinople, déjà mentionné par
Philippe de Péra. Manuel Calécas lui donne le titre de Confesseur conformément à la
tradition byzantine. L'Eglise latine lui accorde celui de Martyr, D. Stiernon, Bi-
bliotheca sanctorum, 10, p. 286-293.
L'ÉCRIT POLÉMIQUE, L'ARME FAVORITE 269
1 D.M. Nicol, The Byzantine Church and Hellenic Learning, dans Studies in
Church History, 5, 1969, p. 23-57.
278 LES DOMINICAINS ET LES CONCILES DU XVe SIÈCLE
7 Sur la crise palamite en général : J.M. Hussey et T.A. Hart, The Cambridge
Medieval History, IV, 2 (Government, Church and Civilization), 1967, p. 200-204;
D. Stiernon, Bulletin sur le Palamisme, dans REB, 30, 1972; M. H. Congourdeau,
L'idée d'Eglise dans la théologie orthodoxe, dans Histoire du Christianisme, 6,
Paris, 1990, p. 315-317, Les voies du salut dans l'Eglise byzantine, ibid., p. 449-450.
8 Pour la biographie de Démétrios Cydonès : RJ. Loenertz, Démétrios
Cydonès, correspondance, 2 vol., dans Studi e Testi, t. 186, 208, Rome, 1956-1960;
F. Tinnef eld, Démétrios Kydones Briefe, 3 vol., dans Bibliothek der griechischen
Literatur, t. 12, 16, 33, Stuttgart, 1981-1991.
9 G. Mercati, Notizie di Prochoro e Demetrio Cidone, Manuele Caleca e
Theodore Meliteniota ed altri appunti per la storia della teologia e della letteratura byzan-
tina del secolo XIV, dans Studi e Testi, t. 56, Rome, 1931.
280 LES DOMINICAINS ET LES CONCILES DU XVe SIÈCLE
»Beck, p. 733-738.
15 G. Mercati, Notizie di Procoro e Demetrìo Cidone, Manuele Caleca e Teodore
Meliteniota ed altri appunti per la storia della teologia e della letteratura byzantina
del secolo XIV, in Studi e Testi, t. 56, Rome 1931.
DÉMÉTRIOS CYDONÈS ET LA THÉOLOGIE BYZANTINE 283
21 Ce rôle a été mieux appréhendé lors des récents colloques, qui ont célébré
le 550e anniversaire du concile de Ferrare-Florence, mais on a surtout insisté sur
leur action en faveur du primat du pape sur le concile : Christian Unity, the
Council of Ferrara-Florence 1438/39 - 1989, dir. G. Alberigo, Louvain, 1991; Firenze e il
Concilio del 1439, Paolo Viti dir., 2 vol., Florence, 1994.
286 LES DOMINICAINS ET LES CONCILES DU XVe SIÈCLE
13 B. Ullman, The Sorbonne Library and the Italian Renaissance, dans Studies
in the Italian Renaissance, Stona e Letteratura, t. 51, Rome, 1955, p. 41-53.
14 J. Quillet, éd. Defensor Pacis de Marsile de Padoue, Paris, 1968; P. O. Kris-
teller, Petrach's Averroits, a note on the History of Aristotelism in Venice, Padua
and Bologna, dans Mélanges Augustin Renaudet, Genève, 1952.
15 G. Cracco, Banchini, Giovanni di Domenico, dans Dizionario biografico
degli italiani, 2, Rome, 1973, p. 657-664; G. di Agresti, Introduzione agli scritti
inediti del Dominici in Giovanni Dominici, Saggi e inediti, Memorie Domenicane, n.s.,
1, 1970, p. 49-199; I. Colosio, IlB. Giovanni Dominici come uomo, come scrittore e
come maestro di vita spirituale specialmente religiosa, Memorie Domenicane, n.s. 1,
1970, p. 7-48; P. Denley, Giovanni Dominici's opposition to Humanism, dans
Religion and Humanism, Papers..., éd. Κ. Robbins, Oxford, 1981, p. 103-114; G.
Cracco, Giovanni Dominici e un nuovo tipo di religiosità, Giovanni Dominici O.P., in
Conciliarismo, stati nazionali, inizi dell'Umanesimo (Academia Tudertina, Atti del
Convegno XXV, Todi, 9-12 oct. 1988), Spolète 1990.
294 LES DOMINICAINS ET LES CONCILES DU XVe SIÈCLE
16 G. Wyss Morigi, Contributo allo studio del dialogo (XTVe-XVe siècle), Berne,
1950.
andré chrysobergès entre constance et bâle 295
le rôle qu'il avait donné à leur ami par son appartenance à un ordre
religieux et par sa connaissance de la Bible. Dans la seconde, datée
de l'année suivante, il regrette l'absence de Niccolo à la fête qu'il
avait donnée pour son anniversaire et il indique quels en avaient été
les participants : Antonio Loschi, Cincio et André de Constantinople,
entre autres. Ces lettres permettent donc de préciser la biographie
de ce dernier : il était présent à Rome pendant la période qui
précéda la rédaction du De Avarìtia et en 1430. Sur ses relations avec les
humanistes, il existe, par ailleurs d'autres sources. François Filelfe
lui a adressé une lettre, en décembre 142824. Ce dernier lui
demandait d'intervenir en sa faveur à Rome car il avait été chassé de
Florence.
S'il ne subsiste que de très rares témoins de la correspondance
d'André Chrysobergès, sa lettre à Bartolomeo Fazio mettra un point
d'orgue à cette étude de ses relations avec les Humanistes italiens,
qu'il continua à fréquenter jusqu'à la fin de sa vie25. L'entrée dans
l'ordre des Prêcheurs de cette personnalité centrale dans l'histoire de
l'ultime tentative d'Union entre les deux Eglises, grecque de
naissance, montre une complète intégration dans la culture profane des
humanistes latins. Cette lettre est moins intéressante par son
contenu que par ce qu'elle révèle des relations d'amitié qu'André avait
nouées parmi les intellectuels italiens de son temps et qu'il entretint
jusqu'à la fin de sa vie. Après avoir montré dans quelles
circonstances elle fut écrite et son but, on tentera une reconstitution du
cercle de ses amis humanistes à la fin de sa vie. En effet cette lettre
date de 1448. Sans doute sur la route qui le ramène en Orient, son
navire affronte la tempête et doit se mettre à l'abri à Palerme, alors
qu'il vient de quitter Naples. Il charge Bartolomeo Fazio de remettre
à la curie des documents par l'intermédiaire du cardinal de Nicée
(Bessarion) ou du Panormitain. Depuis la lettre de 1437/38 et leurs
discussions à Florence, celle de 1448, adressée à Bartolomeo Fazio
permet donc de montrer la continuité des relations entre André
Chrysobergès et le cardinal de Nicée. Après la signature du décret
d'Union et différentes missions pour la mettre en œuvre, Bessarion
avait été nommé cardinal par le pape Eugène IV et s'était installé à
Rome. C'est dans cette ville qu'il avait fondé une académie afin
d'assurer la survie de son patrimoine culturel. Il s'était entouré alors
d'un cercle de lettrés grecs réfugiés mais aussi d'Italiens comme
Laurent Valla. Sans relâche, jusqu'à sa mort il tentera d'organiser,
depuis l'Occident, la défense militaire de l'empire byzantin, sa patrie
jamais oubliée.
son successeur. S'il parle de son rôle personnel, ce n'est pas dans le
but de se faire valoir. Il veut seulement faire savoir qu'il connaît bien
l'affaire et cherche à démontrer la réalité du désir d'union des Grecs.
Selon lui, le but est d'autant plus proche que le nouvel empereur,
Jean VIII, souhaite l'union plus que son père. Il était certain de ce
qu'il disait puisqu'il l'avait rencontré à Constantinople. Maintenant,
il suffisait de s'entendre sur le lieu qui conviendrait le mieux aux
Grecs et aux Latins afin qu'ils puissent discuter ensemble des
problèmes doctrinaux. Le seul obstacle, désormais, résidait dans
l'attitude schismatique des pères du concile. Comment imaginer attirer
les Grecs dans une Eglise divisée et dont le chef était méprisé? Dans
cette longue dissertation sur la situation des négociations entre
Rome et Byzance, il expose, en quelques lignes d'une grande
vigueur, la gravité de l'hérésie hussite. Pour eux, non seulement il
utilise ce terme précisément, ce qu'il s'était gardé de faire pour ses
compatriotes, mais il n'a pas de mots plus durs, juxtaposant les
superlatifs négatifs : «gens pestilentissima..., atrocissimum malum...»;
«captiosissimwn ac fallacissimum hominum genus...». Pour les
Grecs, bien qu'il traitât de leur cas dans la partie qu'il consacre aux
hérésies, il s'était bien gardé d'utiliser ce mot. Le schisme orthodoxe
pouvait-il être assimilé à une hérésie? S'il y avait refus d'obéissance
au pape, les divergences sur la procession du Saint Esprit, sur le
purgatoire ou sur la forme de l'Eucharistie pouvaient-elles être
considérées comme hérétiques? Sans doute répondait-il, à ces
questions par la négative. La réponse n'était pourtant pas évidente et les
Pères de Bàie, qui s'apprêtaient à commencer les discussions avec
les Hussites sur la communion sous les deux espèces, ne tarderaient
pas à assimiler les deux formes de dissidence. Le préambule du
décret Sicut pia Mater (7 IX 1434) traite, en effet, sur le même plan les
deux schismes et les Grecs exigèrent le retrait de cette phrase
blessante35. Pour le Grec qu'était Chrysobergès, c'était inconcevable, et
pour bien montrer l'horreur des crimes commis, il évoque les ruines
que cette hérésie a provoquées en Bohème. Pour lui ce problème
devait être réglé au plus vite et avec les méthodes les plus radicales. Au
contraire, le retour de son Eglise d'origine devait être soigneusement
mis en œuvre, c'est pourquoi il y consacre une partie importante de
son sermon. Cela lui permet de faire l'éloge de ce pape qu'il
représente devant le concile et qui travaille pour l'Union depuis tant
d'années et avec tant de zèle. Puisque l'Eglise a la chance,
désormais, d'avoir un chef tel qu'Eugène IV, les Pères doivent faire preuve
dans les deux langues afin de bien montrer qu'il connaît les ternies
de cet accord. Si les autres témoins sont absents, lui-même est là et
son témoignage suffit. Plus loin44, il rappelle son action à la fin du
concile de Constance. Il a traduit du grec en latin les trente-six
propositions de la délégation byzantine, donc ce qu'il dit est vrai. Il sait
combien les propositions grecques étaient honnêtes et quelles furent
jugées ainsi par le pape puisqu'il envoya Jean Dominici O.P.,
cardinal de Saint Sixte, à Constantinople45. Il est aussi certain que les
Grecs ne reviendront pas sur leur parole, d'autant que le nouvel
empereur, Jean VIII, est animé d'un plus grand désir d'Union que son
père. En effet, les derniers événements le confirment, le secrétaire
de l'empereur est venu récemment voir le pape et il a été convenu
que l'empereur constituerait la délégation qui serait envoyée au
concile négocier l'Union46.
André Chrysobergès, Grec et Catholique, témoin et acteur des
tractations entre Rome et Byzance depuis quinze ans, était donc
bien placé pour dénoncer ce nouveau schisme de l'Eglise d'Occident,
cassure d'autant plus criminelle qu'elle constituait le dernier
obstacle à l'Union des Grecs. C'est pourquoi la citation de Saint Paul
revient comme un leitmotiv dans le sermon du Dominicain : «non sit
schisma in corpore». Il faut donc que cessent les querelles intestines
afin que le concile accomplisse la grande œuvre que Dieu lui a fixée :
accueillir cette vaste Eglise d'Orient dont il se plaît à rappeler
l'importance47. Le siège patriarcal de Constantinople étend son autorité
sur de vastes provinces et royaumes d'Asie, d'Afrique et d'Europe. Le
pape a compris, lui, l'urgence de cette mission. Eugène IV est prêt à
envoyer des légats en Epire, en Macédoine, en Thrace, en Propon-
tide, en Asie, en Cilicie, en Syrie, en Egypte. Cette enumeration, qui
est cependant incomplète, car il manque au moins la Russie, doit
démontrer combien il serait facile d'augmenter considérablement
l'obédience de Rome et que le concile ne doit pas faillir à cette tâche si
grande. Il s'agit d'une sorte de croisade48. Mais si le ton de
l'expression est guerrier, il ne peut s'agir, dans l'esprit de l'auteur, que d'une
croisade pacifique, dont l'arme serait la parole, et la gloire de
l'Eglise n'en serait que plus grande.
La question grecque est donc au centre du discours même lors-
44 «Scio quod verum loquor et quod hae manus Hueras Mas obsignatas expli-
cuerunt et quae itlic continebantur ex graecis latina feceram», ibid., col. 476B.
45 Voir liste des Dominicains.
46 Discours de Bale, Mansi, op. cit., col. 478A.
47 Ibid., col. 475E.
48 «Vexillum sanctissimae crucis cum swnmam gloriarti nostrae religionis fige-
retur», ibid., col. 477E.
ANDRÉ CHRYSOBERGÈS ENTRE CONSTANCE ET BALE 311
gie qui rappelle à plus d'un titre les thèses de Jean Gerson13. Le
conciliarisme, affirmant la supériorité du Concile sur le Pape,
marque son action voire son œuvre jusqu'à la fin de sa vie. Il meurt
en effet à Lausanne en 1444, après avoir soutenu l'élection de
l'antipape Félix V et sans avoir cessé de soutenir le Concile contre
l'autorité d'Eugène IV.
1617 A.
Ibid.,
Mortier,
p. 16. Histoire des Maîtres Généraux de l'ordre des Prêcheurs, t. 4,
Paris, 1909, p. 141 sq.
JEAN DE RAGUSE 325
avaient obtenu des deux côtés les mêmes avantages matériels. Cette
importante délégation grecque, grosse de sept cents membres, serait
entièrement défrayée de voyage et d'hébergement. La défense de
Constantinople serait également prise en charge par les
Occidentaux. Mais la mission pontificale proposait, comme siège du futur
concile, une ville d'Italie et la présence du pape. Christophoros Ga-
ratoni ne pouvait que l'emporter.
Non seulement Jean de Raguse dut quitter Constantinople sans
avoir réussi à amener une délégation grecque à Bàie34 mais cet échec
permit le triomphe de la politique d'Eugène IV. L'union des Grecs à
Florence, par le prestige qu'elle procura au Saint Siège, aboutit à la
restauration du pouvoir pontificai au sommet de l'Eglise.
Malgré son échec, cette mission en Orient du Dominicain de
Raguse eut cependant une grande influence sur son œuvre. En effet, il
mit à profit son séjour constantinopolitain pour approfondir sa
connaissance de la théologie orientale et rapporta de nombreux
manuscrits. La bibliothèque du couvent des Prêcheurs de Bàie, qui
reçut ses livres en héritage, témoigne de ses préoccupations
d'humaniste et de théologien35. La bibliothèque de Bâle, où les livres du
couvent furent transférés au moment de la Réforme, conserve des
copies des traités contre les Grecs de Manuel Calécas et de saint
Thomas d'Aquin, des projets de croisade comme le De modo ex-
tirpandi sarracenos de Guillaume Adam O.P., du Libellas de notitia
orbis de Jean de Sultanieh, un autre Prêcheur missionnaire en
Orient36. Outre ses ouvrages sur le concile, sa correspondance et ses
sermons, il écrivit un traité, De Mahometo et Saracents, témoignant
de ses inquiétudes face à la pression turque. Ainsi, à Constantinople,
au contact du danger que représentait l'Islam pour la Chrétienté, en
relation avec le couvent de Péra et sa tradition missionnaire, sa
vision de l'Eglise avait pris sa dimension universelle. En rentrant à
Bâle, malgré l'échec de sa mission, il pouvait commencer son œuvre
maîtresse, le Tractatus de Ecclesia.
5 - Le Tractatus de Ecclesia
40 G. Bedouelle, Jean de Raguse aux mains des historiens, op. cit., p. 141-153.
CHAPITRE IV
LE CONCILE D'UNION :
FERRARE-FLORENCE (1438-1439)
avait été logé à San Antonio, sans doute dans la villa de l'archevêque
de Florence.
Il demeura à sainte Marie Nouvelle pendant deux ans jusqu'à ce
que la situation se soit améliorée. En 1436, le duc de Milan avait dû
signer la paix avec Venise, Florence et le Saint Siège. Bologne, cité
pontificale, privée de l'appui de Sforza, avait dû s'empresser
d'inviter le pape. En même temps, la cohésion du concile de Bâle
faiblissait, peu à peu, les cardinaux venaient rejoindre le pape dans cette
ville.
Dès l'année précédente, Ambroise Traversari, envoyé à Bâle
pour examiner la situation, lui avait annoncé qu'il existait,
désormais, parmi les Pères, un parti qui lui était favorable. A Bologne, sa
cour se reconstituait : huit cardinaux l'avaient accompagné, quatre
vinrent bientôt les rejoindre. Ainsi une bonne moitié du collège des
cardinaux l'entourait.
Mais le lieu du concile d'Union posait toujours un problème.
Sans revenir sur l'échec de la mission conciliaire menée par Jean de
Raguse et la victoire du pouvoir pontifical, qui réussit à faire venir
les Grecs en Italie, il faut mentionner l'insistance avec laquelle
Florence proposa d'accueillir le concile d'Union. La mort de l'empereur
Sigismond en 1437 et l'élection de Frédéric III contribua à renforcer
la proposition florentine6. Dès 1436, elle s'était portée candidate
malgré les importantes charges financières que cela supposait. Les
Médicis jouèrent un rôle non négligeable dans la réussite de ce
transfert du concile à Florence en 1439. Il s'agissait en fait de la
réalisation d'un projet établi depuis plusieurs années et qui fut possible
car elle résultait de la convergence des intérêts communs du pape et
des princes. L'un des principaux artisans du transfert du concile à
Florence fut, en effet, Leonardo Bruni, chancelier de la République
de 1427 à 1444, qui, dès 1434, en avait appréhendé tous les enjeux
économiques et politiques. Il publia en effet, à cette date, la seconde
édition de sa Laudatio Fiorentinae Urbis, écrite quelque trente ans
plus tôt et il y montrait que Florence était la seule ville capable
d'accueillir la délégation des Grecs dans le cadre de ce synode des deux
Eglises7. La réunion du concile à Florence servait le projet
dynastique des Médicis. Le prestige qu'ils en tireraient permettrait de
consolider leur pouvoir politique un moment ébranlé par l'exil de
Cosme (1433-1435). Laurent de Médicis intervint, au nom de la
seigneurie, auprès du pape, en 1437. Puis l'ambassade qu'il envoya en
décembre 1438 permit de mettre au point les termes de l'accord défi-
6 P. Viti, Leonardo Bruni e il concilio del 1439, in Firenze e il concilio del 1439,
op. cit., 2, p. 562.
7 Ibid., p. 509-575.
340 LES DOMINICAINS ET LES CONCILES DU XVe SIÈCLE
Nouvelle. Les négociations avec Byzance était alors très actives et les
discussions doctrinales imminentes. Il commença sa quête des
textes et traduisit YAdversus Graecos de Manuel Calécas à la demande
de Martin V et il l'envoya à Eugène IV, au début de son règne. Ce
manuscrit est attesté dans les inventaires de la bibliothèque vaticane
comme étant la propriété personnelle de ce pape14. Il avait appris le
grec au moment de son noviciat (1396-1400), alors que Manuel Chry-
soloras était à Florence. Il fut en relation avec lui, mais ne suivit
vraisemblablement pas ses cours, du moins les sources ne l'attestent
pas. Cependant une lettre de Bartolomeo da Montepulciano indique
qu'Ambroise Traversari lui portait une grande estime. Il mit, en fait,
au point une technique moderne de traduction, sans doute en
collaboration avec Démétrios Scaranos, qu'il appelait tendrement «le
vieux». Ce dernier était un Constantinopolitain converti au
Catholicisme. Il appartenait à la mouvance de Démétrios Cydonès. Ami de
Jean Lascaris Calophéros, le conseiller et légat de Grégoire XI pour
les affaires d'Orient dans les années 1370. Démétrios Scaranos fut
l'exécuteur testamentaire de Jean Lascaris après avoir été son agent
financier15. Après la mort de ce dernier, il était venu à Florence où il
était entré au couvent des Camaldules, là où Ambroise Traversari
était novice. Une bonne génération séparait donc les deux hommes.
Démétrios compta sans doute beaucoup dans l'aisance avec laquelle
Ambroise manipulait la langue grecque. Ce dernier estimait qu'il
fallait se garder d'une traduction trop littérale, telle que l'avait
enseignée Manuel Chrysoloras. L'art de la traduction, selon lui, devait
allier à la fidélité au texte grec, dans une mesure égale, le respect des
exigences de la langue latine. Ambroise Traversari peut donc être
considéré comme l'un des pères de l'art de la traduction tel que le
pratiquaient les humanistes.
L'abondante correspondance du Camaldule et les Actes du
concile attestent ce travail de recherche et de traduction auquel il se
consacra sans relâche jusqu'à ce qu'il mourût, épuisé par des nuits
de veille, le 21 octobre 1439. Il n'avait pu avoir que le plaisir
immense de la tâche accomplie et de sa réussite. Quelques exemples
suffiront à montrer l'importance de sa collaboration aux travaux du
concile. Son activité se déploya sur deux plans : premièrement la re-
26 «.Perciò
25 Ibid., ep.lascia
n° 13tutte
du 27
le altre
Sept.occupazioni
1437; n° 18e du
datti
2 Avr.
anima
1438.
e corpo e di notte, a
tradurre dai greci, particolarmente di S. Basilio contra Eunomio, tu sai quanto sia
necessario», traduction en italien de C. Somigli, Camaldolese ο Un amico dei Greci :
Ambrogio Traversari, Arezzo, 1964.
LE CONCILE D'UNION 347
de travail très étroites entre Jean et Ambroise, il semble que les deux
hommes se soient référés à une source commune31. Mais il est
certain que le manuscrit a été remanié après le concile. Les cinq
derniers articles sont consacrés à une discussion de l'ouvrage de Jean
Beccos sur la procession du Saint Esprit. A la contradiction
apportée par Grégoire Palamas, répond celle de Bessarion, archevêque de
Nicée. Ce dernier texte fut donc écrit avant son élévation au
cardinalat par Eugène IV, en décembre 1439, puisqu'il ne porte pas ce titre.
La conclusion est la copie de l'acte d'Union, suivie d'un opuscule de
saint Basile sur la création. Ces textes n'ont pas été utilisés au
concile. L'ensemble du manuscrit est en grec, mais l'index qui a été
rédigé après coup est en latin. Le texte commence ainsi, sur le
premier folio : «Testimonia doctorum Romanae Ecclesiae de Processione
Spiritus Sancii producta in Octava concilio Fiorentina^. Ce titre
pourrait indiquer un usage grec de ce recueil. En effet pour les
Grecs le concile de Florence était le huitième concile œcuménique,
car ils avaient toujours refusé de considérer comme œcuménique
celui de 869-870, rétablissant le patriarche Ignace, après le schisme de
Photios. Le schisme grec fut officialisé en 1054, sous Michel Céru-
laire, mais datait en réalité de ce moment-là. Ce manuscrit, très
vraisemblablement traduit par Ambroise Traversari, était peut-être
destiné à l'usage de Bessarion. En effet ce dernier rencontra très
souvent en privé les théologiens latins. Les actes des conciles achetés
à Constantinople par Nicolas de Cuse lui furent prêtés et il les remit
à Ambroise. Lorsqu'ils furent devenus amis, en 1438-1439, ils
échangèrent des informations littéraires. Ambroise Traversari l'interrogea
sur un ouvrage traitant de la bibliothèque de Photios, qu'il avait reçu
de son correspondant de Chios, Andreolo Giustiniani. Il se trouve
actuellement à la Marciana de Venise, où sont conservés les livres de
Bessarion. Ce dernier avait prêté des manuscrits à Traversari pour
qu'il en fasse exécuter des copies, comme le gros ouvrage de Cyrille
d'Alexandrie contre Julien l'Apostat. Ces relations littéraires peuvent
donc étayer l'hypothèse d'un usage du conv. soppr. 603 par
Bessarion. Ce serait une copie du florilège préparé pour Jean de Montene-
ro, car l'article 1 indique de façon très explicite qu'il servit aux
discussions : «Testimonia sive auctoritates Doctorum latinorum quod
Spiritus Sanctus a Pâtre Filioque procedit aliata a Latinis florentiae in
santa œcumenica octava synodo quae etiam erunt in confutatione
propriae opinionis contradicentium sanctae huic synodo».
Le troisième manuscrit est conservé à la bibliothèque vaticane :
le Vatican latin 314, dont il a été question plus haut. C'est aussi un
recueil d'autorités sur le thème de la Procession du Saint Esprit,
comprenant des ouvrages de Didyme d'Alexandrie, de saint Am-
broise, de saint Fulgence et de Nicétas, évêque. Ce manuscrit est en
relation étroite avec la bibliothèque du monastère de Pomposa. Il
contient, en effet, la transcription, datée de 1439, de la plupart des
textes d'un livre de la bibliothèque de ce monastère. Il est donc le
fruit des recherches menées par Nicolas de Venise dans ce même
monastère, comme nous l'avons vu plus haut32. Ce dernier
manuscrit, qui était la propriété de Thomas Parentucelli (futur Nicolas V),
contient la transcription d'une grande partie d'un manuscrit de
Pomposa aujourd'hui perdu. Le futur pape était le collaborateur de
Nicolas Albergati, participant au concile, lui aussi, et il connaissait
bien la bibliothèque de Pomposa33. Comme le miscellanee de
Nicolas de Venise (ms. Venise, Marc. III 96/2504), ce manuscrit regroupe
de nombreux extraits de patristique. Ce livre était un document de
travail comme le montrent les notes marginales de la main de
Thomas Parentucelli. Outre ce recueil de patristique, la bibliothèque de
Thomas de Sarzana contenait aussi les actes complets des premiers
conciles, dont il convient de noter qu'ils faisaient partie des livres
réclamés par le cardinal Julien34.
Un certain nombre d'autres manuscrits ont été aussi consultés
pour le concile sans que le texte l'indique explicitement. A Florence,
provenant de Sainte Marie Nouvelle, est conservé à la bibliothèque
centrale, dans la collection des conventi soppressi, le C 7-419, qui est
un recueil des principaux ouvrages de Philippe de Péra O.P.. On
pouvait s'attendre à ce qu'il y ait davantage de ce type de manuscrits
en provenance de ce couvent puisque les dernières sessions s'y
étaient déroulées. En fait, Eugène IV dut en emmener un certain
nombre lorsqu'il rentra à Rome, dont quelques-uns lui
appartenaient personnellement comme YAdversus Graecos de Manuel Calé-
cas (Vat. lat. 4064). Mais l'inventaire de sa bibliothèque révèle bien
d'autres livres se rapportant aux discussions doctrinales avec les
Grecs : plusieurs autres traités contre les Grecs, le Contra Euno-
mium de saint Basile, les actes des VIIe et VIIIe conciles. La plupart
de ces manuscrits portent les armes du pape.
La composition de la bibliothèque d'Eugène IV montre donc le
souci particulier qu'il avait de la réussite du concile d'Union c'est
pourquoi il l'avait préparé si soigneusement avec Ambroise Traver-
sari.
53 Voir liste des Prêcheurs et Th. Kaeppeli, SOP MA 2, op. cit., p. 469-470,
SOP MA 4, p. 157.
54 V. Beltran de Heredia, Noticias y documentas para la biografia del cardinale
J. de Torquemada, dans AFP 30, 1960, p. 58-143.
55 K. Binder, // magistero del Sacro Palazzo Apostolico del cardinale di
Torquemada, in Memorie Domenicane, 71, 1954, p. 3-24.
360 LES DOMINICAINS ET LES CONCILES DU XVe SIÈCLE
n° 647.
61 Jérôme Jean, // necrologio di Santa Maria Novella, éd. S. Orlandi, op. cit.,
62 G. Meersseman, Les Dominicains présents au concile de Florence jusqu'au
décret pour les Grecs, dans AFP 9, 1939, p. 62-75.
LE CONCILE D'UNION 363
66 bulle du 1er juin 1447 «...non ignarus solicitudinis et laborum quos tu una
cum quondam Johanne de Monte Nigro dicti ordinis professore pro arduis negotiis
sacrosancte universalis ecclesie et catholice fidei tam in reductione Grecorum quam
nonnullarum aliarum nationum ad prefatam fidem per varias mundi partes pera-
grando indefesse pertuleras et animadvertens te senio confractum ...».
67 Ms. XVe s., BAV, Barb. lat. 1809, f° 608v-609v. Cet épistolaire contient
également une lettre d'Antonius Panormitanus à Poggio Bracciolini et une autre de
Poggio à Panormitain, ce qui montre encore une fois les liens entre André
Chrysobergès et les Humanistes italiens.
LE CONCILE D'UNION 365
lem audaciam ultore deo in nïhïlum redigi debere», et une autre aux
affaires grecques montrent que, pour les deux prélats, ces questions
sont liées. Ce document qui doit dater des années 1443 à 1447, car
André est encore archevêque de Rhodes, évoque donc les tractations
diplomatiques qui précédèrent l'abrogation de la Pragmatique
Sanction de Bourges68. Les deux archevêques avaient travaillé ensemble à
Florence pour l'Union des Grecs, ils étaient toujours en relation,
fidèles du pape, afin d'achever l'œuvre du concile, pour les affaires
concernant l'autorité du pape sur l'Eglise.
Comme nous l'avons vu à propos de l'action de Jean Stoikovic
de Raguse, pour les principaux intervenants dominicains au concile,
la question du schisme grec était liée à celle du primat du pape. Les
conciles de Bàie et de Ferrare-Florence furent en effet l'occasion
d'un renouveau du papalisme dominicain. Que ce soit Jean de Mon-
tenero, Jean de Torquemada, Jean Ley ou même André Chrysober-
gès dans son sermon de Bâle, tous intervinrent et écrivirent des
ouvrages afin de défendre le pouvoir du pape à la tête de l'Eglise
universelle. Ils se sentaient investis d'une double mission : réussir
l'Union pour réaffirmer le pouvoir pontifical. Mais le lien entre la
primauté et la procession du Saint Esprit était encore plus profond
car il constituait l'aspect ecclésiologique d'une question
dogmatique : il s'agissait, en effet, de défendre l'autorisation par le pape de
l'addition du Fïlioque au symbole de Nicée69.
Ainsi, malgré une certaine imprécision des sources, qui ne
donnent les noms que des principaux intervenants au concile, peut-
on, néanmoins, se faire une idée de l'importance des moyens
humains et intellectuels qu'Eugène IV avait pu mobiliser afin de
parvenir à un accord avec l'Eglise grecque. L'ordre des Prêcheurs
contribua pour beaucoup dans cette réussite car il avait, en son sein, les
hommes de la situation. Avant d'aborder les spécificités de l'école
théologique des Dominicains, voyons leur rôle dans les suites du
concile de Ferrare-Florence.
L'Union de l'Eglise grecque fut célébrée solennellement dans la
cathédrale de Florence, sainte Marie des Fleurs, le 6 juillet 1439. La
cathédrale, couronnée de la coupole de Brunelleschi, manifestation
des nouvelles formes esthétiques qui s'épanouissaient alors en
Toscane, avait été consacrée trois ans auparavant par Eugène IV, à la
fin de son précédent séjour à sainte Marie Nouvelle. Cette
célébration fut suivie de deux autres, de celle de l'Union des Arméniens, le
22 novembre 1439, puis de celle des Coptes et des Ethiopiens, le 4 fé-
79 « Utque hoc iocundius fìat fingamus nos ambos more platonis coram
omnium nostrum conventu considère objectantes alterutro respondentes. Sic enim aper-
tior et suavior nostra disputatio fìet.», Palat. Lat. 604, f° 3r.
80 M. Arranz, Circonstances et conséquences liturgiques du concile de
Florence, dans Christian Unity, op. cit., p. 407-427.
81 Marc d'Ephèse nomma un nouveau chef de l'Eglise de Roumanie car le
métropolite Damien, qui avait participé au concile, ne pouvait rentrer dans son
pays en raison de l'opposition des Roumains à l'Union, S.C. Alexe, L'Eglise
orthodoxe roumaine, dans Christian Unity, op. cit., p. 613-621.
82 Le début de la lettre de Marc d'Ephèse au prêtre grec est cité en grec puis il
est à la suite traduit en latin, Palat. Lat. 604, f° 2r. Une allusion à cette même
lettre est faite par André Chrysobergès au f° 31v, en fait f° 30v, car il se trouve
deux folios 31 dans ce manuscrit.
370 LES DOMINICAINS ET LES CONCILES DU XVe SIÈCLE
pour ses frères polémistes de Péra, les questions de rituel ne sont pas
essentielles, ainsi que nous l'avons vu plus haut.
Le thème de la procession du Saint Esprit est cependant
intéressant pour plusieurs raisons. La première est qu'il permet de replacer
ce dialogue, postérieur à l'Union, dans la tradition des traités
polémiques écrits par les Prêcheurs d'Orient depuis la fin du XIIIe siècle.
La seconde est qu'il met en relief l'usage que fait l'auteur de la
philosophie dans son argumentation théologique. Ce dialogue corrige
ainsi l'impression d'un débat qui n'est pas allé à la question de fond,
ainsi que le laissent à penser les actes du concile de Ferrare-Flo-
rence. Pour André Chrysobergès, la discussion sur la procession du
Saint Esprit engendrait nécessairement un débat sur la question de
la différence entre l'essence et l'existence divines85. L'évocation de la
controverse palamite, où cette question avait été soulevée pour la
première fois, lui permet donc de la reprendre.
La discussion sur la procession du Saint Esprit est introduite
par une référence à l'Antiquité86. André Chrysobergès utilise le mot
palestra pour signifier la discussion. Avec ce terme, qui désignait en
même temps la lutte sportive et la discussion philosophique, il
confirme la tonalité humaniste de son dialogue platonicien. Les
références patristiques qui appuient son argumentation sont
sensiblement les mêmes que chez les autres polémistes. Comme les autres
Prêcheurs, dont les traités ont été présentés, André Chrysobergès
cite essentiellement les Pères de l'Eglise, surtout Jean Chrysostome,
Grégoire de Nazianze, Cyrille d'Alexandrie et Maxime le Confesseur.
En revanche, il se réfère peu à la patrologie latine : le traité sur les
sacrements d'Ambroise de Milan et surtout les papes. Il faut
cependant remarquer une forte présence de Denys l'Aréopagite. Les
particularités de cette partie consacrée à la procession du Saint Esprit
résident surtout dans la place qui est faite à la distinction entre
essence et opération divines ainsi qu'à son traitement philosophique.
De même l'association du refus de la procession par le Fils et des
hérésies christologiques des premiers siècles de l'Eglise grecque est,
pour la première fois, faite très clairement87. André Chrysobergès
revient deux autres fois sur ce motif dans cette seconde partie sur la
88 «Sei ex Us que respersimus illud sequi necesse est ut nullus catholice verita-
tis preceptor invenin possit cuius magisterio te committere audeas nisi forte Arno
Macedonio Nestorio Dioscoro quos tanquam edacissimum ignem orientalis ecclesia
protulit. Ad quem extinguendum occurrerunt Romani Pontifices Silvester Damas-
sus Celestinus Leo et ceteri presules sedis illius. », Palat. Lat. 604, f° 23v. Alors que
Philippe de Péra évoquait le patriarche Flavien et Eutychès, André Chrysobergès
nous donne le nom de Dioscore, qui fut le successeur de Cyrille sur le siège
d'Alexandrie (444-451). Dioscore soutint le moine Eutychès, que l'on retrouve plus
loin dans ce texte, et la tendance arienne contre Flavien. Dioscore fut déposé au
concile de Chalcédoine (451), A. Kazhdan, dir. Oxford Dictionary of Byzantium, I,
op. cit., p. 632-633.
89 «Et primo quidem adest beatissimus Dionisius cum de unione et discretione
LE CONCILE D'UNION 373
Cette référence est rare dans notre corpus car lorsque les polémistes
dominicains puisent dans l'œuvre de Denys, ils citent les Noms
divins. Remarquons que l'auteur de cette citation est un fidèle de
l'Eglise grecque et que c'est toujours lui qui place la discussion dans le
champ platonicien. Un peu plus haut, Marc d'Ephèse avait évoqué
l'autorité de Saint Justin90. Puis, quelques lignes plus loin, il prend à
témoin Jean Damascène, une seconde référence qu'André ne peut
récuser : «Et Damascenus quem tu negare non potes». Et enfin
Grégoire de Nazianze. André ne peut contester ces «trois lumières de
l'Eglise». Alors ce dernier répond en accusant le métropolite
d'Ephèse de suivre non pas les Pères de l'Eglise, mais Grégoire Palamas.
C'est lui qui dans son thomos fabriqua la distinction entre l'essence
et les opérations divines91. L'habileté de notre polémiste dominicain
est de reprendre à son tour l'autorité des trois lumières de l'Eglise.
Mais, alors, le tour de la dispute devient plus philosophique lorsqu'il
prend ses références chez Pythagore et Denys l'Aréopagite.
Une nouvelle fois, Marc d'Ephèse proteste contre l'inutilité du
débat tel que le conçoit son interlocuteur et préfère le centrer sur la
patristique92. Alors André Chrysobergès change de registre et prend
ses arguments chez le philosophe de Samos93. Cette lecture de
Pythagore semble être une interprétation platonicienne, puisqu'elle
donne la priorité à l'Un sur le divers, ainsi un principe produit
plusieurs effets94. Cet argument est renforcé par la référence, dans le
paragraphe suivant, à Denys l'Aréopagite95. Bien que notre auteur ne
101 «Tu enim cum canem in ecclesia vides, clamas, vociferaris totumque illud
sacellum coinquitatum fuisse quereris», Palat. Lat. 604, f° 38r.
102 «Audiamus igitur novum philosofum. », Palat. Lat. 604, f° 31v.
103 «...si tu unus ad tot supplitia satis non sis, eterno tarnen cum ceteris here-
siarchis cruciaberis igne·», Palat. Lat. 604, f° 59.
LE CONCILE D'UNION 377
pour leur action au concile de Florence; ils se succédèrent sur le siège patriarcal
de Constantinople, après la mort du patriarche grec unioniste, Grégoire
Mammas, en 1459.
117 R.J. Loenertz, Fr. Simon de Crète, inquisiteur en Grèce et sa mission en
Crète, dans AFP 6, 1936, p. 372-378.
118 Cecconi, Studi storici sul concilio di Firenze, t. I, Florence 1869,
p. CCCLXII-CCCLXIII, doc. n° CXXXV.
LE CONCILE D'UNION 383
122 Édition et analyse de cette bulle du 11 mai 1463, par H.D. Saffrey, op. cit.,
p. 46-51.
123 Zacharias N. Tsirpanlès, // Decreto fiorentino di Unione e la sua
applicazione nell'Arcipelago greco, il caso di Creta e di Rodi, dans Thesaurismata, 21, 1991,
p. 43-88.
124 G. Hofmann, Papst Pius II und die Kircheneinheit des Ostens, dans OCP
12, 1946, p. 217-223.
125 Z.N. Tsirpanlès, // Decreto fiorentino di Unione e la sua applicazione
nell'Arcipelago greco, op. cit.
LE CONCILE D'UNION 385
126 F. Thiriet, La Romanie vénitienne, op. cit., La crise des années 50, p. 429-
433.
386 LES DOMINICAINS ET LES CONCILES DU XVe SIÈCLE
127 Voir Index des Prêcheurs; Th. Kaeppeli, Bartolomeo Lapacci de Rimberti-
ni (1402-1466), vescovo, legato pontificio, scrittore, dans AFP 9, 1939, p. 86-117;
G. Mercati, Scritti d'Isidoro il cardinale ruteno e codici a lui appartenuti, in Studi e
Testi, t. 46, Rome, 1926, p. 122-126.
LE CONCILE D'UNION 387
giens, qu'il n'ait pas participé aux travaux du concile. Comme Jean
Ley, Frère de la province romaine, mais il était de plus Frère de
sainte Marie Nouvelle, il ne devait pas payer de pension, donc il
n'apparaît pas dans le livre de comptes du couvent. Il ne participait
pas aux sessions publiques et son nom n'est pas mentionné dans les
actes. Mais sans doute, au même titre que Jean Ley, collabora-t-il à
la préparation des séances de discussion avec les Grecs. Son œuvre,
comme celle de ce dernier révèle qu'il travailla les questions
controversées : il écrivit, en effet, un traité sur la procession du Saint
Esprit. Transféré sur le siège de Coitone en septembre 1439, il restait à
proximité du lieu où se déroulaient les travaux du concile et il est à
sainte Marie Nouvelle au moment où est conclue l'union des Coptes,
dont il souscrit le décret, en 1442.
Deux ans plus tard, il partait pour sa première mission à
Constantinople. Le pape l'avait choisi en raison de sa connaissance
du grec et du dossier de l'Union. Plus jeune que Jean de Montenero,
qui mourut en 1445-1446, il était parfaitement apte à prendre sa
succession sur ce dossier. L'empereur demanda que frère Bartolomeo
participât à une discussion publique avec Marc d'Ephèse. Si cette
discussion eut lieu, ce fut peu avant la mort de ce dernier, un 23
juin, sans doute de l'année 1444. Le chroniqueur sicilien Pietro Ran-
zano O.P. lie ces deux événements par une relation de cause à
effet128. Il est difficile d'accorder un crédit sans condition à cette
source car Bartolomeo Lapacci ne sera nommé évêque de Coron
qu'après le décès de son titulaire Christophoros Garatoni, survenue
en 1448. De plus, cette chronique permettant à son auteur de
glorifier l'œuvre de son Ordre, on ne peut que la suspecter d'une certaine
subjectivité. Pietro Ranzano a célébré les nombreuses victoires de
Jean de Montenero à Florence et il fait de celle de Bartolomeo la
cause directe de la mort de Marc d'Ephèse. Il n'est donc pas
impossible que cette dispute n'ait pas eu lieu car le cardinal Condulmer
n'est arrivé à Constantinople qu'en juillet de cette année là. Il
faudrait donc supposer que frère Bartolomeo soit arrivé avant lui. Ce
qui n'est pas impossible non plus. En revanche, ce qui est certain
c'est qu'une série de débats contradictoires eut lieu entre notre
Dominicain et Georges Scholarios, au palais impérial, en présence de
128 «Ille tarnen Ephesinus acerrimus disputator permanens in perfidia sua ... in
eius [cardinalis venetus, Francisco Condulmer] societate esset venerabilis episco-
pus coronensis, dominus Bartholomeus de Florentia, sacre théologie professor egre-
gius et greci idiomatis non ignarus, placuit eidem imperatori Grecorum et proceri-
bus eius, ut fieret publica concertatio inter episcopum Ephesinum prefatum et Co-
ronensem episcopum, iam fama ibi celebrem. Quo facto Ephesinus prefatus iterum
ab eo superatus et confusus est, tanta ex eo absorptus tristitia, ut infra paucos dies
expiravit cum sua perfidia.», Pietro Ranzano, Annales Omnium Temporum,
op. cit.
388 LES DOMINICAINS ET LES CONCILES DU XVe SIÈCLE
131 Le pape Nicolas V lui donna des précisions sur la procession du Saint
Esprit d'après les définitions du décret d'Union, G. Hofmann, Epistolae, op. cit., t. 3,
n° 298.
132 « . . .in tuo vicariatu très personas dicti ordinis ad itlud idoneos usque ad gra-
dum bacallariatus inclusive pro forma magisterii promovendi officialesque studii
necnon studentes secundum formam studii Bononiensis creandi plenam et liberam
apostolica auctoritate tenore presencium damus ... facultatem.», Loc. cit., note 2,
p. 202.
133 «Pervenit ad aures nostras, quod in locis, que catholicis in Grecia subiecta
sunt, multi catholici unionis pretextu ad Grecos impudenter transeunt ritus»,
G. Hofmann, Epistolae pontificiae, op. cit., t. 3, n° 297.
134 «.mandamus, ut authoritate apostolica in omnibus locis predictis, cum ea ex
officio vestro visitabitis, permixionem rituum omnino prohibeatis » , ibid.
us Venise, bibl. San Marco, cod. 137, f. 16 : «Et concordat ista ratio cum ilia
autoritate eiusdem sancii Gregorii Nisseni per quam recolo me silentium impo-
390 LES DOMINICAINS ET LES CONCILES DU XVe SIÈCLE
143 De spiritus sancii distinctione a Filio, bibl. San Marco, cod. 137; Florence,
B.N.C.F., cod. G. 1. 646.
144 «multa quae bene sonant in lingua graeca in latina fortassis bene sonant,
propter quod eamdem fidet veritatem aliis verbis Latini confitentur...», puis il
prend l'exemple de la terminologie trinitaire : l'hypostasis des Grecs doit se
traduire par «persona» et non «substantia» et il ajoute : «Nec est dubium quin etiam
simile sit in aliis multis. », V. Grummel, Saint Thomas et la doctrine des Grecs sur
le Saint Esprit, dans Echos d'Orient, 25, 1926, p. 268-280.
145 «Ad officium boni translatoris pertinet ut, ea quae sunt catholicae fidei
transferens, servet sententiam, mutet autem modum loquendi secundum proprieta-
tem linguae in quant transfert». Ibid.
LE CONCILE D'UNION 397
Philippe de Péra O.P., lui aussi, dans son traité sur la procession
du Saint Esprit, met en garde sur ce problème de vocabulaire146. Les
théologiens latins travaillant sur la question grecque sont donc très
attentifs à ces problèmes de vocabulaire et de grammaire, la valeur
d'une préposition pouvant être différente suivant les langues.
Ce genre de préoccupation n'était pas non plus étranger aux
Grecs. Ainsi Georges Scholarios, dans la Première introduction à la
grammaire, analyse la valeur de «dia». Pour lui, cette préposition
doit être utilisée surtout pour exprimer une cause intermédiaire,
instrumentale, alors que «ek» exprime la cause première. Lorsqu'il
écrivit ce livre, Scholarios était encore tout jeune, et il semblait déjà
acquis à l'exégèse du «dia tou ftou» des Pères grecs, telle qu'elle était
donnée par les théologiens antipalamites. Nous avons déjà vu
Georges Scholarios, lecteur et traducteur de saint Thomas147; il
étudia aussi YAdversus Graecos de Manuel Calécas O.P., comme le
montrent les annotations autographes du codex vaticanus graecus
1112, où il critique l'interprétation de Nil Cabasilas pour adhérer à
celle du Dominicain grec. Ainsi, selon les partisans de l'Union, les
Pères grecs avaient enseigné la procession éternelle du Saint Esprit
«ex Pâtre per Filium», voire même la procession du même «ex Filio»,
et il était possible d'adopter la formule des Latins, ainsi complétée :
«Ex Pâtre Fïlioque procedit tanquam ab uno principio». Lorsque
Georges Scholarios partit pour participer aux discussions avec les
Latins, en Italie, il semble donc tout à fait prêt à accepter le Filioque.
La question ne manqua donc pas de se poser au moment du
concile. André Chrysobergès souleva un problème de traduction
pour un passage de saint Basile, au cours de la session du 5 mars
1439. Il avait remarqué que Nicolas Sagundinos avait mal interprété
certains termes148. Nous retrouvons, ici, l'opinion de Saint Thomas,
146 «ergO opportet primo videre significationes vocabuli per et qualiter sancti
theologi istam propositam accipiunt. Et quod est in Htteris eorum grammaticalibus
functuntur. Quia quamonque ista propositio per hanc significationem propriam
quamque autem transit in signiftcatione aliarum propositionum scilicet vel ex vel
de vel aliter». De processione Spiritus Sancti, 1359, BNCF, ms. C. 7. 419, f° 96.
147 S. G. Papadopoulos, Thomas in Byzanz, Thomas rezeption und Thomas
Kritik im Byzanz zwischen 1354 und 1435, dans Theologie und Philosophie, 49, 1974,
p. 274-305.
148 «Quia interprètes non bene exponebat, Collocens [is] dixit in Greco. Postea
dixit : propter equivocationem vos duo non potestis convenire in theologia
communi Latinorum et Grecorum. Differì dicere divinam essentiam, et essentiam patris et
filii, nec intellegatis differentiam realem, sed solam differentiam [rationis]. Cum
itaque audimus doctores loquentes «divina essentia» intellegimus qu[i]d commune
patri et filio et spiritui sancto, cum dicamus «substantiam vel essentiam primam»,
intellegimus personam patris. «...» nos habemus doctores qui dicunt, quod essentia
patris intelligitur patris personna», Acta latina, G. Hofmann, éd., p. 148.
398 LES DOMINICAINS ET LES CONCILES DU XVe SIÈCLE
152 «Nam hoc solo brevi discursu luce clarius patet : «quecumque habet poter»,
habet fìlius, sed producere spirìtum habet pater, ergo et filius. Sillogismus hic est in
prima figura et tento modo; antecedens et maior concessa est, Iohannis XV° cap°»,
Acta latina, G. Hofmann éd., op. cit., p. 55, 1. 2-5.
153 «Hoc habeo ex doctrìna vestre Grecie», ibid., p. 53, 1. 9.
154 Analytica posteriora, lib. I, C. 28; Metaphysica, lib. X et lib. V.
155 «scriptum est in ore philosophorum : Amicus Piato, magis amica veritas»,
«et Piato dubitavit et quesivit...», Acta latina, op. cit., p. 65, p. 69.
LE CONCILE D'UNION 401
pier en latin. Il faut aussi noter des différences assez sensibles entre
l'argumentaire du Franciscain et celui du Dominicain. Si le
patrimoine philosophique commun et incontournable est l'Aristotélisme,
leur système de références atteste des formes de pensée assez
différentes, les Prêcheurs, depuis saint Thomas, étaient plus tournés
vers les doctrines aristotéliciennes, alors que les Frères Mineurs, se
contentant souvent de n'en prendre que le langage, se sentaient plus
attirés vers saint Augustin et la tradition liée à son nom. On retrouve
ici l'opposition de Bartolomeo Lapacci O.P. au Scotisme dans son
traité sur la distinction des personnes de la Trinité, cité plus haut.
Cet exemple, même très ponctuel, du contenu des discussions
doctrinales montre donc qu'il existait bien une théologie propre aux
Prêcheurs. Plus ouverts aux nouvelles tendances de la culture
philosophique, depuis saint Thomas et Guillaume de Moerbeke, ils
avaient épuré le corpus aristotélicien de l'Averroïsme et réussi à
substituer à l'inspiration platonisante de la théologie traditionnelle
le principe rationnel et scientifique de l'Aristotélisme156. Cette
tendance rendait la théologie dominicaine plus efficace soit en raison
d'une effective supériorité théorique soit parce qu'elle était plus en
phase avec son temps.
Ainsi l'analyse du contenu des discussions doctrinales du
concile de Ferrare - Florence donne-t-elle une image vivante et
pénétrante du déroulement des sessions, image comparable à une
photographie prise de l'intérieur. Le travail des Dominicains sur le texte,
à la lumière des mêmes sources, dans les mêmes circonstances,
complète cette vision.
Reprenons les sessions publiques de Ferrare. Dans la troisième,
du 16 octobre 1438, les Latins cherchent, donc, à prouver que
l'addition du Filioque est licite. Alors, ils présentent à la délégation
grecque, le texte des actes du VIIe concile. Sylvestre Syropoulos
relate les faits ainsi : «Lorsqu'eut été lu le décret du septième concile,
les Latins produisirent un volume contenant en Grec les Actes qui
étaient censés être de cette assemblée et où figurait dans le symbole
la formule : Procédant du Père et du Fils ! Ils le présentèrent comme
ancien et fait de parchemin, car ces gens accordent le plus grand
crédit au parchemin, et ils s'efforcèrent, à partir des signatures et de
quelques autres particularités, de prouver la conformité de cette
expression avec nos dogmes, insistant sur le fait qu'on avait lu dans cet
état le symbole au septième concile»157. Nous ferons deux remarques
l58Acta latina, op. cit., p. 165-170; Acta graeca, J. Gill, éd., Rome, 1953,
p. 326-327.
LE CONCILE D'UNION 403
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LE CONCILE D'UNION 405
I - AUTEURS DOMINICAINS
C - Sources narratives
1) Correspondance :
Manuel Calécas O.P.
- Correspondance, éd. R.J. Loenertz, Studi e Testi, t. 152, Rome, 1950.
André Chrysobergès O.P.
- Epistula ad Fantinum Vallaressum, lettre inédite, Cod. Barb. lat. 1809
(XVe s.), f° 628-629.
- Epistula ad Bartolomeum Fazium (1447-1451), Inc. : Andreas, archiep.
Nicosiensis, Bartholomeo Faczio, civi Ianuensi, s.p.d. Cum has, Bartholomee
optime, legeris, lettre inédite, Ms. Ravenne, Bibl. Ciassense 23 (XV), f° 91-93.
2) Chroniques et récits :
- Vincenzo Borghigiani O.P., Cronaca analistica del convento di Santa
Maria Novella, (XVIIIe s.), chronique inédite, Archivio S.M.N.
- Pietro Ranzano O.P., Annales omnium temporum, texte inédit, Ms.
Bibl. communale de Palerme, 3 Qq. C. 54-60, vol. VIII.
- Jean de Sultanieh O.P., A. Kern, éd., Der Libellus «.De notitia orbis»,
dans AFP, 8, 1938, p. 82-123.
- A. Eszer O.P., éd., Die «Beschreibung des Schwarzen Meeres und der
Tartarei» des Emidio Portelli d'Ascoli O.P., dans AFP, 42, 1972, p. 199-249.
1) Démétrios Cydonès.
- Correspondance, R.J. Loenertz, éd., 2 vol., Studi e Testi, t. 186 et 208,
Rome, 1956, 1960; F. Tinnefeld, éd., Demetrios Kydones Briefe, dans
Bibliothek der Griechische Literatur, 3 vol., t. 12, 16, 33, Stuttgart, 1981-1991.
2) Jean Cantacuzène.
- E. Voordeckers et F. Tinnefeld, éd. Iohannis Cantacuzeni Refutationes
Duae Prochori Cydonii et Disputatio cum Paulo Patriarca latino Epistulis sep-
tem tradita, dans Corpus Christianorum Series Graeca, t. 16, Louvain, 1987.
3) Georges Scholarios.
- Œuvres, éd. L. Petit, X. A. Sidéridès, M. Jugie, 8 vol., Paris 1928-1936.
414 INVENTAIRE DES SOURCES
4) Bessarion.
- Bessarion Nicaenus, De Spiritus Sancii processione... ad Älexiwn Las-
carìn Philanthropinum, éd. E. Candal, dans Concilium Florentinum
Documenta et Scriptores, series Β, t. 7/2, 1961.
1) Ouvrages généraux :
- G. Alberigo, Conciles œcuméniques, vol. 2 et 3, Paris, 1993.
- C. Leonardi, J. Alberigo et alii, Conciliorum Oecumenicorum Decreta
(C.O.D.), Fribourg, 1973.
- J.D. Mansi, Sacrorum conciliorum nova et amplissima collectio, Paris,
53 vol., Paris, 1901-1927.
2) Editions particulières.
- Concile de Constance :
H. Finke, H. Heimpel, J. Hollnsteiner, Acta concilii Constanciensis , 4
vol., Munster, 1896-1928.
- Concile de Pavie-Sienne :
J.D. Mansi, Sacrorum conciliorum..., XXVIII, op. cit.
W. Brandmüller, Das Konzil von Pavia-Siena (1423-1424), 2 vol.,
Munster, 1968-1974.
- Concile de Bale :
J. D. Mansi, Sacrorum conciliorum..., XXIX, op. cit.
E. Cecconi, Studi storici del concilio di Firenze, Florence, 1869.
J. Haller, Concilium Basiliense, Studien und Quellen zur Geschichte des
Konzils von Basel, 8 vol., Bale, 1896-1936.
Fr. Palacky, E Birk, R. Beer, C. Stehlin, C. G. Hieronimus, G. Boner,
Monumenta conciliorum generalium saeculi XV, Vienne-Bâle, 1857-1935.
- Concile de Ferrare-Florence :
Outre la collection éditée par J.D. Mansi et Studi storici... de E.
Cecconi, déjà cités :
- Quae supersunt actorum graecorum Concilii Florentini {Acta graeca),
éd. J. Gill, Rome, 1953.
- Andreas de Santacroce, advocatus consistorialis. Acta Latina Concilii
Florentini {Acta latina), éd. G. Hofmann, Rome, 1955.
- Ο. Giustiniani, Acta sacri oecumenici concilii Fiorentini, ab Horatio
Justiniano collecta, disposita, illustrata, Rome, 1638.
INVENTAIRE DES SOURCES 415
Β - Sources narratives
- Piero di Matteo di Piero di Fastello Petroboni (le prioriste florentin),
texte inédit, Ms. BNCF, conv. soppr. C. 4. 895.
- Les Mémoires du grand ecclésiarque, Sylvestre Syropoulos , éd.
V. Laurent, Rome, 1971.
- Correspondance d'Ambroise Traversali.
L. Mehus éd., Ambrosii Traversari latinae epistolae, Florence, 1759.
G. Mercati, Ultimi contributi alla storia degli umanisti, 1, Traversariana,
Studi e Testi, t. 90, Rome, 1939.
C. Somigli, Un amico dei Greci : Ambrogio Traversari Camaldoli, Arezzo,
1964.
IV - SOURCES DIPLOMATIQUES
A - Archives pontificales
1) Pontificia commissio ad redigendum codicem iuris canonici orientalis,
Fontes III : CICO, t. 4-15, en particulier,
- Acta Gregorii XI, CICO 12, éd. A. Tautu, Rome, 1966.
- Acta Martini V, CICO 14, 1-2, éd. A. Tautu, Rome, 1980.
- Acta Eugenii IV, CICO 15, éd. G. Fedalto, Rome, 1991.
2) Registres et lettres des papes du XIIIe s. et du XIVe s., Bibliothèque de
l'Ecole française de Rome, 2e et 3e séries (BEFAR), depuis 1883, en
particulier :
- Jean XXII (1316-1334), Lettres communes, éd., G. Mollat-G. de Les-
quen.
- Lettres secrètes et curiales du pape Grégoire XI (1370-1378) intéressant
les pays autres que la France, éd. G. Mollat.
3) Epistolae pontificia^ ad concilium Florentinum spectantes, éd. G.
Hofmann, 3 vol. Rome, 1940-1946.
416 INVENTAIRE DES SOURCES
C - Archives dominicaines
1) Bullarium Ordinis FF. Praedicatorum, éd. Th. Ripoll, 8 vol., Rome, 1729-
1740.
2) Monumenta Ordinis Praedicatorum histonca, éd. B.M. Reichert et alii, 25
vol., Rome et Paris, 1896-1966.
3) Editions d'archives locales :
- R. J. Loenertz, Documents pour servir à l'histoire de la province
dominicaine de Grèce (1474-1669), dans AFP, t. 14, 1944, p. 72-115.
- C. Longo, / domenicani a Cipro (1451-1587), dans AFP, t. 59, 1989,
p. 149-211.
- Atti della Società ligure di stona patria, nuova serie, t. 5-7 : Codice
diplomatico delle colonie Tauro-Liguri (1453-1475), éd. A. Vigna, Gênes, 1881.
- Collana storica dell'Oltremare ligure, t. 1, 2, 5, Bordighera, 1971-1974.
- Collana storica di fonti e studi, dir. G. Pistarino, t. 14, 31, 32, 33, 34,
35, 39, 43, 49, Gênes, 1973-1987.
- M. Balard éd., Gênes et l'Outre-mer, 2 vol., Paris, 1973-1980.
- O. Iliescu, Nouvelles éditions d'actes notariés instrumentés aux XIIIe-
XIVe s. dans les colonies génoises de la Mer Noire. Actes de Caffa, dans Revue
des études Sud-Est européennes, 14, 1976.
D - Sources polonaises
Id., Nuove minuzie, Fra Massimo da Constantinopoli O.P. e l'uso del greco coi
Greci uniti di Oriente, in Studi bizantini e neoellenici, 4, 1935, p. 312-315.
Id., Ultimi contributi alla storia degli umanisti, 1, Traversarìana, in Studi e
Testi, t. 90, Rome 1939.
B. Meunier, Cyrille d'Alexandrie au concile de Florence, dans Annuarium His-
toriae Conciliorum, Paderborn, t. 21, 1989, p. 147-174.
J. Meyendorff, Introduction à l'étude de Grégoire Palamas, Paris 1959.
Id., Un mauvais théologien de l'unité : Barlaam le Calabrais, L'Eglise et les
Eglises, dans Etudes et travaux offerts à dom Lambert Baudoin, t. 2,
Chevetogne 1955, p. 47-64.
Id., Introduction et commentaire d'un texte anonyme : projet d'un concile
œcuménique en 1367, dans Dumbarton Oaks Papers, t. 14, Washington,
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1974.
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Eugène TV, dans RHE, 46, 1951, p. 22-112 et p. 566-594.
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G.G. Musso, // Tramonto di Coffa genovese, in Miscellanea di Storia Ligure in
Memoria di Giorgio Falco, Gênes, 1966, p. 311-339.
D.M. Nicol, The Byzantine Church and Hellenic Learning, dans Studies in
Church History, 5, 1969, p. 23-57.
Id., Byzantine Requests for an oecumenical Council in the Fourteenth Century,
in Byzantium : its Ecclesiastical History and relations with the Western
World, Variorum Reprints, Londres 1972.
Id., Thessalonica as a cultural center in the Fourteenth Century, Studies in the
BIBLIOGRAPHIE 427
Abréviations :
de Lombardie supérieure sans doute pour retourner en Orient car il fut alors
désigné comme successeur de fr. Elie Petit en 1396 à la tête de la Société. Il
peut être identifié à l'évêque de Phocée nommé en 1417. La Société I, p. 45,
p. 64, p. 96, II, p. 121; La Chiesa, 2, p. 125.
Jean de Saint-Michel : Frère Uniteur, nommé évêque de Tiflis le 19
décembre 1425, le même jour que son confrère Thomas d'Aparan sur la
métropole de Sultanieh. Il était probablement originaire de Caffa. La Société I,
p. 175; La Chiesa, 2, p. 221.
Jean Stoikovic de Raguse : né à Raguse entre 1390 et 1395, il est issu
d'une famille slave. C'était un protégé de Jean Dominici OP, archevêque
de cette cité, sur la côte illyrienne, à la charnière des mondes latin et grec.
Ce dernier l'envoya faire ses études de théologie au Studium de Padoue,
grâce aux subsides de la cité de Raguse. Puis il fut envoyé ensuite à Paris
par le maître général Leonardo Dati, et y obtint son doctorat en 1420.
C'est une des personnalités majeures de l'ordre des Dominicains pendant
la première moitié du XVe siècle en raison de son implication dans les
grandes questions de l'Eglise de son temps. Ce fut un promoteur de
l'observance dans les couvents d'Italie. Mais il s'attacha essentiellement à
l'unité de l'Eglise universelle : la question hussite, la fin du schisme grec.
Partisan de la théorie conciliaire s'opposa au transfert du concile en Italie,
décidée par Eugène IV et participa à l'élection de l'anti-pape Félix V. Il
mourut à Lausanne en 1444. Outre les comptes-rendus de ses discussion
avec les Hussites et de sa légation à Constantinople, il a laissé un ouvrage
majeur, synthèse de ses idées sur l'organisation de l'Eglise : Tractatus de
Ecclesia, rédigé pendant les dernières années de sa vie. A. Krchnak, De
vita et operibus Ioannis de Ragusio, Rome, 1960; SOPMA, 2, p. 532-533, 4,
p. 169-170; L. Gargan, Lo studio teologico e la biblioteca dei domenicani a
Padova nel Tre e Quattrocento, p. 58.
Jean de Sultanieh : originaire de Castamonou en Paphlagonie, il était
Italien. Evêque de Naxivan, il fut promu archevêque de Sultanieh en 1398,
lors d'un voyage à la curie. Il fréquenta alors la cour de Tamerlan, qui
l'envoya auprès des puissances occidentales, Venise et Gênes, les rois de
France et d'Angleterre (1402-1404). Il rentra en Orient par l'Allemagne et
la Hongrie. Il fit un second voyage en Italie en 1407-1409. Il fut nommé
administrateur de l'archevêché de Pékin en 1410. Il est mort après 1412. Il
nous a laissé deux témoignages sur l'Orient de son temps : une histoire de
Tamerlan, dont on n'a qu'une version en français (1403) et un description
des régions qu'il avait parcourues, le Libellus de notifia orbis (1404).
SOPMA, 3, p. 18-19, 4, p. 172.
Jean de Swinford : Dominicain anglais, il contribua à l'élaboration
d'un corpus de textes dogmatiques et liturgiques à l'usage des Frères Uni-
teurs d'Arménie. Il compila au couvent de Qrna, vers 1337, une série de
traités, en collaboration avec Jacques Targman (le traducteur), qui était
un frère arménien. La Société I, p. 144, p. 194; Linguae Haicanae, n° 19;
SOPMA, 3, p. 19.
Jean de Tabriz : originaire de Tabriz, sans doute Arménien. Il fut le
troisième évêque de Naxivan (1374-1377), il fut ensuite transféré sur le
siège de Caffa (1377-1382). La Société I, p. 113-114, p. 159, p. 170; La
Chiesa, 2, p. 162.
440 LISTE DES DOMINICAINS EN ORIENT
nombreuses branches d'une noble famille de Sienne. Celle-ci était très liée
aux Dominicains de Sienne. Il entra au couvent de Péra en 1312, où il
était novice pendant les dernières années de la vie de fr. Simon de
Constantinople. Il continua l'œuvre polémique de ce dernier et participa à
des entreprises diplomatiques et des discussions théologiques afin de
mettre un terme au schisme grec. Sa collaboration avec Demetrios Cydo-
nès fut fructueuse car elle favorisa sans doute la conversion de ce dernier
et conduisit fr. Philippe à écrire quatre ouvrages rendant compte des
recherches qu'il avait effectuées pendant plus de trente ans sur les origines
du schisme. Dans le cadre de ces activités il se rendit plusieurs fois à la
curie avignonaise : en 1343, il participa à l'organisation de la croisade
contre les Turcs, en 1351, il fut nommé inquisiteur en Romanie et
chapelain du pape, puis en 1359, son ressort fut étendu à la Coumanie, à la
Perse et à la Tartarie, c'est à dire à l'ensemble du territoire de la Société
des Frères Pérégrinants. En 1356, le pape Innocent VI lui recommandait
ses deux nonces Pierre Thomas, Carme, et Guillaume Conti OP, évêque de
Sozopolis, envoyés à Byzance pour négocier un projet d'union. P.D.
Eugenio Gamurrini, Storia genealogica delle famiglie nobili Toscane, et Umbre,
voi. IV, Florence, 1679, Bologne2, 1972; La Société I, p. 74, p. 78-79, p. 81-
82; SOPMA, 3, p. 274-275.
Pierre d'Aragon : Dominicain espagnol (1331-1347), il collabora, avec
Jean de Swinford et Jacques Targman, à l'élaboration d'un corpus de
textes latins traduits en arménien au centre d'études de Qrna. Linguae Haica-
nae, n° 19; SOP.MA, 3, p. 216.
Pierre de Qrna : Arménien, frère Uniteur, fils du couvent de Qrna, élu
évêque de Naxivan en 1423. La Chiesa, 2, p. 162.
Pierre de Terrena : Dominicain italien, il est attesté comme vicaire
général de la Société des Frères Pérégrinants dans les archives de Lwow en
1406. La Société II, p. 121-122.
Raymond Etienne : Prêcheur de la province de Toulouse, envoyé en
Arménie en 1318, il tenta de développer l'influence dominicaine en Cilicie.
Il fut promu archevêque de Corinthe en 1322. Excellent connaisseur de la
Terre Sainte, il est, semble t-il, l'auteur du Directorium ad passagium
faciendum. Ce texte est un projet anonyme de croisade adressé au roi de
France, Philippe VI, en 1332, par un religieux dominicain. La Société I,
p. 63, p. 167, p. 188; SOPMA, 3, p. 287-288.
Simon de Candie : frère né à Candie, provincial de Grèce dans un
acte de Martin V de 1429.
Simon de Crète : né à Candie, abbé du couvent Saint-Antoine de
Candie, il fut nommé inquisiteur en Grèce par le pape Callixte III en 1451 et
fut chargé par ce même pape d'une mission spéciale en 1455/58, il
contribua ainsi au développement du mouvement uniate dans son île natale.
R.J. Loenertz, Fr. Simon de Crète, inquisiteur en Grèce et sa mission en
Crète, dans AFP 6, 1936, p. 372-378.
Simon de Constantinople : frère du couvent de Constantinople sans
doute d'origine grecque, il mourut nonagénaire au couvent de Péra vers
1325. Il avait suivi ses frères à Negroponte après la conquête de la capitale
byzantine par Michel VIII Paléologue, puis revint à Constantinople et
enfin il suivit Guillaume Bernard à Péra. Il contribua par ses travaux de re-
LISTE DES DOMINICAINS EN ORIENT 445
van lors d'un voyage à la curie en 1356. Il fut le second évêque de Naxivan; le
premier, Jean, n'est connu que par la bulle de la nomination de Thomas. Ce
dernier était accompagné de son frère Eleuthère, qui fut nommé à la tête de
la congrégation des Frères Uniteurs mais ils périrent en mer Noire en 1358,
lors de leur retour en Arménie. Linguae Haicanae, n° 23.
Thomas de Tabriz : Arménien, évêque de Galata (1355), il fut ensuite
transféré sur la métropole de Sultanieh (1368-1374). La Société I, p. 197; La
Chiesa, 2, p. 212.
Vincent Robini de Chypre : il fut nommé vicaire général des Pérégri-
nants et inquisiteur sur tout le ressort de la Société des Frères Peregrinante
par un acte du maître général en 1488. Par cet acte la Société était de
nouveau rétablie dans son intégralité. C. Longo, / domenicani a Cipro.
Documenti (1451-1587), AFP 59, 1989, p. 149-211.
LISTE DES DOMINICAINS EN ORIENT 447
Nationalité-
Date Couvent Ressort Sources
(à suivre)
448 LISTE DES DOMINICAINS EN ORIENT
Nationalité-
Date Couvent Ressort Sources
Chrysobergès 1431-1432
Léonard de 1429-1431 Colon italien, E.O. 34, 436-438
Chios Chios
Laurent Cardi 1432-1434 Florence, Sainte M.O.P.H. VIII, 197
Marie Nouvelle
Nicolas de 1437 Italien CICO XV, no 550
Ferrare B.O.P. III, 65
Louis de Pise 1439 Italien CICO XV, no 807-
807n
B.O.P. III, 108-109
Tomas de 1448-1449 Italien, Caffa G. Hofmann, Epistu-
Gubbio lae III, 120, no 294
Baldassare Vegio 1444 Italien, Gènes Substitut Atti XIII, 215
du
précédent
Seconde suppression de la Société des Frères Pérégrinants (1456-1464)
Nationalité- Vicaire
Date Couvent Ressort général Sources
(à suivre)
LISTE DES DOMINICAINS EN ORIENT 449
Nationalité- Vicaire
Date Couvent Ressort général Sources
MER BALTIQUE
Tana
La Mer Noire |
Licostomo
jCherson
— Cimbalo?{
? A?SoIdaTa
—
Péra-
Constantinople^
■ Frères Prêcheurs
ο Frères Uniteurs
COUVENTS ET MAISONS DES FRÈRES PÉRIGRINANTS ET DES FRÈRES UNITEURS
(FIN DU XIVe SIÈCLE-DÉBUT DU XVe SIÈCLE)
MARE MAJUS
J^a^r
ICIarenza
ΛΈ MER EGÉE
-La Canèe-
Candie -
Nicosie ^Famagouste
■ Frères Prêcheurs
O Frères Uniteurs
INDEX DES NOMS DE LIEUX
Armeniens
archontes
arménien
a l ' ·♦ 185;
À
63;
η 72;
12; T>
203;
20;
->η 73
ΊΊ21;
-.ι204 31;
n 40;
/in 42;
/n 43;
/i -> 231-232;
328
122; 17Q.
,OQ.
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345;
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45; 46; 50; 57; 58; 59; 64; 70; 71; 97; 404 4n, '407
98; 100; 101-103; 125; 130; 131; 133; i«"-™-j. *""
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135-137; 139-141; 148-152; ISó-Ióo!' Τη ΐ 1 Q«^
199-201; 362; 365-367; 380 ^ jjf^ „ 9; 187.188; 202.203;
207-208; 258; 269; 271; 286; 345;
396; 398
bailli 62; 89-90 concile de Nicée I 218; 220; 230 (note
113)î 241> 252
baptême
242- 249;54;252·
97-98;
253*147-148;
259 197; 199; concile de Nicée II 222; 258
baptême (nom de) 71 concile de Pavie-Sienne 317-318; 322;
battuti, voir flagellants 324' 333' 362
bibliothèque 196; 203; 206; 208; 238; concile de Pise 165 (note 68); 170; 171
concile de Sardique 252-253 (notel78)
260;
340-350"
283;368·
290-293;
395· 404321; 331; 337; concile de Tolède 225 (et note 93); 234;
'
blé, voir céréales 245> 254
Bulle 18; 19; 25; 30; 31; 32; 41-56; 104 concile œcuménique 154-156; 174; 194
(note 86); 108 (note 98); 122; 125; (note 34)^ 2i0> 248: 258: 27e> 2^·
128; 131; 134; 140; 148; 150-152; 155; 295-297; 304; 313; 320; 328; 341;
159; 165; 201-202; 303; 367; 380; 384 349Î 377Î 381: 405> 407
conciles (les premiers) 311
conseil des Dix 84 (note 26); 87-88
(note 39)
céréales 23; 132 (note 58); 174 constitutions O.P. 140
Chevaliers teutoniques 107; 109; 110; consul 13; 20; 26; 28; 62; 79 (note 11);
175; 177 81; 97-104; 115; 362; 366
Chora 187; 188 (note 7); 278 consulat génois 27; 102
Chrétiens bosniaques 326-327 conversion(s) 22; 25; 47; 55; 65; 85;
concile d'Aix la Chapelle 258 90; 108; 109-110; 134 (note 65); 137;
concile de Bâle 68; 121; 177-178; 260; 143; 153; 169; 184; 185-200; 240; 241;
286; 295; 303-304; 317-319; 325; 267; 280-282; 288; 327; 329; 392;
327-328; 330; 338-339; 354; 357; 406
359-361; 363; 364; 367; 381; 386 Coptes 40; 46; 47; 365; 387
concile de Chalcédoine 45-46; 222; Corpus Christi 192
230; 244; 370 (note 89) Coumans 46; 59
460 INDEX DES MATIÈRES
croisade(s) 3; 41 (note 27); 50; 58; 73; Église de Constantinople, voir Église
102; 109; 143 (et note 1); 153; 156; orthodoxe
164; 167-168; 178; 214; 265; 328; 330; Église de Crète 81; 85; 86; 383-385
331; 390; 407 églises de Crète 81; 88
curie 10; 18; 21; 24; 25; 30; 45; 47-48; église de Famagouste 122
50; 57; 77; 81; 83; 85; 86; 125; 127; Église de Géorgie 48
133 (note 61); 136; 137; 143; 144 (et églises de Licostomo 29
note 2); 145-153; 156-158; 160 (et églises de Limassol 65
note 52); 161-162; 164; 185; 193; 194 églises de Mitylène 16
(note 34); 204; 208; 214; 249; 284- églises de Péra-Constantinople 78-79
285; 295-302; 309; 320-322; 325; églises de Péra :
338; 347; 352; 364; 383 (note 121); Saint-Antoine 11; 57; 78-79; 122
386; 395 Saint-Georges 78
Saint- Jean 78
D Saint-Michel 11; 78; 79; 139
église de Sultanieh 165
diocèse(s) 12; 20; 21; 22; 25-27; 50; 53; églises de Tana 23
56; 58; 67; 68; 79; 80; 82; 91 (note églises :
47); 97; 98; 100; 108; 111; 120; 124- Sainte-Marie d'Akhalzikhé 21
134; 137 (note 72); 145-152; 159 Sainte-Marie de Baraverio 22; 160
(notes 44 et 49); 160-161; 164; 179; Saint-Pierre des Pisans 78
198; 367 Sainte-Sophie d'Andravida 6
diocèse latin de Constantinople 79 Sainte-Sophie de Nicosie 90
disciplinati, voir flagellants Église grecque de Rhodes 94-96
Doge de Gênes 101; 129; 151; 366 Église grecque uniate 186; 384-385
Doge de Venise 36; 83; 154; 156; 169 églises grecques 66; 70; 84
196 églises grecques de Chypre 91-92
Donation de Constantin 235; 357 églises grecques de Soldaïa 98
Église latine, voir Église catholique
E églises latines 66
Églises arméniennes : Église maronite 380
de rite arménien 70; 97; 159; 362 Église nestorienne 17
uniate 185 Églises orientales 217; 218; 221; 328;
Église bosniaque, voir Chrétiens 364; 367; 378
bosniaques Église orthodoxe 11; 35; 45-46; 48; 55;
Église bulgare 216 59; 65; 72; 81; 89; 107; 150; 152; 184;
Église byzantine, voir Église orthodoxe 187; 191; 194; 196; 197; 206; 211; 214;
Église catholique romaine 3; 10; 22; 218; 220; 222; 224; 228; 232-234;
25; 27; 33; 44; 55; 61; 65-66; 68; 81; 241; 245; 250; 253; 257; 259; 261;
83; 86; 88; 91; 95; 102; 109; 110; 114; 264; 269; 271; 278-279; 282; 284;
132; 134; 157; 167; 170; 171; 179; 195; 287; 296-297; 304; 310; 312; 329;
197; 216; 217; 225; 253; 264; 266; 351; 355; 365; 371-372; 391; 393; 405
284; 286; 295; 327; 332; 333; 354; Église russe 114
375; 399; 404 empereur de Byzance 86; 112; 154; 168;
Église chaldéenne 380 169; 192; 193; 212; 407
Église copte, voir Coptes empereur de Trébizonde 167; 169
Église d'Occident, voir Église Éthiopiens 45-47; 50 (note 61); 365
catholique Eucharistie 208; 307; 351; 353; 361;
églises de Caffa : 369; 370
Notre-Dame de la Couronne 12
Sainte-Catherine infra burgos 12-13
Saint-Laurent 162
Saint-Michel 131; 162
églises de Chios 74-124 Filioque 203; 218; 223-225; 233-235;
Église de Chypre 92; 94; 120 241-242; 245; 247; 249; 255-257;
462 INDEX DES MATIÈRES
270; 282; 283; 307; 349-353; 358; Spirituels franciscains 25; 41 (note 28);
365; 370-374; 378; 387; 393; 396- 42
397; 404 Studium (studia) 11; 121; 123; 158; 185;
Province O.P. XII; 5; 6; 7; 16-17; 18; 30; 201; 203; 205-206; 288; 297; 298; 313;
33; 35; 37; 38; 43; 46; 51-52; 74-75; 321; 344; 354; 357; 372; 386; 389
106; 131; 136; 137; 149; 152; 198; 199; Symbole (de foi) 221-224; 227; 228
362; 363; 364; 366; 389 (note 105); 231; 233; 235; 241-243;
245; 247; 248; 255; 256; 264; 323;
Q 332; 365; 379; 399; 401-402
Quicumque vult 227; 255 Synode de Sardes, voir concile de Sar-
dique
R
Regimen 83-86
règle O.P. 152; 292; 324; 358 Tartares 19Γ22; 47; 54; 60; 70-71; 107
résidence(s) O.P. 9; 10; 14; 16; 20; 21; (note 93); 110; 165-166
24; 27; 33; 144; 157 Templiers 39
résidence episcopale 6; 40; 77; 83; 128; traducteur 125 (note 27); 185; 193; 281;
162 362; 382; 397
rite grec XII; 27; 35; 49; 53; 54; 55; 59; 62; traduction 5; 47; 48; 172 (note 88);
64; 74; 78 (note 6); 84; 86; 88; 91; 93; 185; 190; 202 (note 31); 203-204;
94; 112; 137; 184; 199; 200; 383; 389 208; 210; 214 (note 52); 216; 223
rites 36; 53; 86; 88; 91; 98; 146; 197; (note 89); 229; 232; 239; 242; 261;
265; 268; 270; 314; 369-370; 381; 266; 277; 281-282; 284; 294; 311;
384; 389 342-343; 346; 348; 388; 392; 396-
rite arménien 70 398; 402; 403
rite géorgien 48 Turcs 5; 10; 20; 51; 68; 73; 83; 97; 102;
rite romain 44; 53; 63; 65; 66; 72; 74; 106; 107 (note 92); 113 (note 125);
85; 91; 98; 104 123; 153; 155; 157; 166-167; 168; 173;
russe (langue) 80 175; 178-179; 187; 281; 282; 290; 295;
Russes 45; 104; 124 296; 303; 304; 325; 327; 390; 407
ruthène (langue) 80
Ruthène 45-46; 137; 173; 198; 199 U
S Université 186; 204; 278; 283; 289;
297; 298; 313; 319; 322; 324; 354;
San Marco 324; 334 360; 367; 386; 394
Sarrasin(s) 3; 13; 58-59; 225 Université de Bologne 202
Schisme, voir discours de Bâle SOS- Université de Florence 362
SU; 334 Université de Padoue 66 (note 11); 191;
Schisme (grand) 83; 94; 120; 132; 170; 354
175; 179; 187; 286; 289; 295; 313; Université de Paris 204; 260; 293; 325
324; 382
Schisme arménien 125
Schisme grec XII; 53; 59; 89; 98; 111;
112; 186; 202; 203; 212. 213; 216-218; vicaire général de l'archevêque de
224; 232; 234-236; 257; 259; 263- Crète 85
264; 266; 267; 269; 271; 277; 281; vicaire général O.F.M. 299
286; 295; 297; 307; 320; 343; 349; vicaire général O.P. 14; 16; 32; 50; 51;
364; 365; 372; 378; 382; 405 52; 79; 136-141; 144; 145; 149; 151;
Société des Frères Pérégrinants XI; 152; 158; 173; 178; 185; 202; 302;
XII; 5; 9; 11; 14; 16; 17; 18; 30; 33; 314; 337; 389
43; 50; 51; 53; 56; 60; 61; 74; 105;
106; 111; 115; 119; 135; 139; 140; 144;
150; 151; 152; 171; 172; 173; 178; 185;
198; 201; 314; 366 Ziques 45-46; 48-50; 104
INDEX DES NOMS DE PERSONNES
Guillaume O.P. (de Sozopolis) 155; 215 Jacques Castodengo O.P. 121
Guillaume Adam O.P. 18-20; 48 (note Jacques de Caffa O.P. 134; 162
53); 125; 133; 136; 143; 145; 167; 331 Jacques de Fossano O.P. 136
Guillaume Bernard de Gaillac O.P. 9; Jacques de Géorgie O.P. 148
10; 136; 186; 187; 189; 204; 209; 211; Jacques de Imola O.P. 78
241-248; 250; 256; 257; 261; 263; Jacques de Lusignan 66
264; 281 Jacques de Milan O.P. 6; 206
Guillaume de Cigiis O.P. 25; 131; 146; Jacques de Primadizi O.F.M. 366
148 Jacques de Regno O.P. 357
Guillaume de Moerbeke O.P. 5; 202; Jacques de Vérone 64; 67
204; 396; 398 Jacques Strepa 52
Guillaume de Rubrouck O.P. 18; 48 Jacques Targman, Uniteur 185
(note 53); 55 Jacques Ier de Chypre 65; 69; 192
Guillaume Emergani O.F.M. 154; 215 Jacques II de Chypre 39; 66
Guillaume Saurati O.F.M. 163 Jan Biskupiec O.P. 33
Guillaume II Villehardouin 6 Janus de Chypre 8 (note 19); 39; 94
Guy d'Ibelin O.P. 39; 120 (note 59); 121 (note 5)
Guy de la Tremolile 168 (note 79) Jean, nomophylax 189; 238-239; 241-
242; 247; 255
H Jean O.P., de Nicosie 40
Hélène 92 Jean, Uniteur 157
Hélène Paléologine 8 (note 19); 93 Jean Aurispa 296; 360
Henri II, de Chypre 8 (note 19); 39 Jean Beccos 188; 212; 229-232; 238;
Henri IV, d'Angleterre 169 267; 269; 345; 348; 349
Henri de Kosbein O.P. 204 Jean Calécas 147; 191; 279
Hugues de Lusignan 38 Jean Casanova O.P. 338
Hugues de Lusignan, cardinal, 39; 68; Jean Chrysoloras 168; 283
94; 120; 121 (note 5) Jean Chrysostome 221; 228; 234; 236;
Hugues Ethérien 207 250; 254; 264; 268; 299; 343; 348;
Hugues Podocataro 65 370; 371
Hugues IV, de Chypre, 8 (note 19); 40; Jean Damascène 228; 373; 374; 394
69 (note 23); 93 Jean de Brieg O.P. 30
Humbert, cardinal, 235 Jean de Caffa 130
Humbert de Romans O.P. 203; 205 Jean de Castamon O.P. XI; 30; 49; 50;
131-134; 158; 161; 163; 164-173; 196;
206; 331
Jean de Chiari, Uniteur 163
Ignace 216-217; 238; 257; 266; 268; Jean de Colonia O.P. 364
349 Jean de Cori O.P. 54; 55; 133; 145; 261
Ignace II, d'Antioche 93 (note 55) Jean de Florence O.P. 56; 131; 148; 185;
Ioannis de Fontibus O.P. 209; 262-265 203
Irène 222 Jean de Gaillefontaine O.P. 131-132;
Isidore de Kiev 35; 121-122; 123; 292; 136
328; 352; 356; 381 (note 117); 383 Jean de Leominster O.P. 148-149
(note 121); 390; 398; 403 Jean de Lusignan 90
Jean de Montenero O.P. 286; 346; 348;
349; 354; 356; 357-358; 365; 366-
Jacopo Angeli 204 367; 387; 398-399; 402-403
Jacopo da Rieti O.P. 336 Jean de Moulins 149
Jacques O.P. 17 Jean de Péra O.P. 80; 127
Jacques O.P. (Chypre) 39 Jean de Plan Carpin O.F.M. 47-48
Jacques O.P., recteur, 193, 261 Jean de Qrna, Uniteur 21; 140; 148
Jacques Blacden O.P. 298 Jean de Raguse O.P. (Stoikovic) 286;
Jacques Campora O.P. 79-80; 97; 99- 304; 313; 315; 317-334; 338; 339;
103; 126-127; 134; 178; 390-391 354; 365
468 INDEX DES NOMS DE PERSONNES
Léonard de Chios O.P.51; 73; 122-123; Marc d'Éphèse 290; 346; 348; 351-353;
136; 139; 314; 390; 391 355; 356; 368-379; 386; 387; 395;
Léonard Matteo d'Udine O.P. 362 398; 403-405
Leonardo Bruni (Aretino) 339; 346- Marc Giustiniani 74
347; 403 Marc Iagaris 303
Leonardo Dati O.P. 319; 320; 324; 336; Marco Paulopoulos 88
362 Marco Polo 23
Leonardo Mansuetis O.P. 52 Marco Sciavo O.F.M. 87-88
Leonardo Pallavicini 16; 37; 124 Marguerite de Seret 32; 107-108; 111;
Louis d'Anjou 29; 32; 34; 112-114; 152- 199
153; 157; 187; 281; 407 Maria Giustiniani 123
Louis de Forli O.F.M. 361; 364; 400- Marin, prêtre 231
401 Marino Sanudo 61; 167 (note 74)
Louis de Pise O.P. 50; 364 Marsile de Padoue 293
Louis de Saint-Pierre O.P. 80; 97-99; Martin de Chiari, Uniteur 133; 158-159;
127-128 161
Louis de Tabriz O.P. 57; 69; 78 Martin Ier 244-245
Louis Podocataro 66 Martin IV 354
Luc Chrysobergès 287 Martin V 7 (note 15); 16; 36; 37; 52; 56;
Luc de Bozzolo O.P. 43; 139 68; 74; 78; 104; 109; 124 (notes 21,
Luc de Sahapouniq 158 24); 133; 159; 161-163; 174-175; 191;
Luc Michaelis de Pise O.P. 122 286; 288; 289; 292; 293; 295-297;
Luchino de Caffa, Uniteur 201 298; 302; 303; 306; 309; 311-313;
Luchino de Mari O.P. 136 319-320; 322-324; 325; 333; 336-338;
Lusignan (famille) 66 (note 12); 69 341-342; 358; 381; 382
(note 26); 121 (note 10); 129 Mathias de Przemysl 52
Matthieu, Uniteur 163
Matthieu d'Aquasparta O.F.M. 208
M Matthieu de Pontremoli O.P. 128
Matthieu Manni de Coitone O.P. 42
Macedonius 218-220; 241; 256 (note 30); 125
Manuel, despote 213 Maxime Chrysobergès 85; 86-88; 168;
Manuel Ange 189-190 191; 195; 196; 209; 265-266; 284;
Manuel Calécas O.P. 16; 73; 136; 168; 287; 288; 292; 295; 314
191; 192; 195; 196; 201; 209; 227; Maxime Lascaris 153
267-270; 282; 292; 295; 311; 331; Maxime le Confesseur 230; 237; 244-
342; 350; 374; 375; 386; 392; 394; 245; 267; 371
397 Maxime Planude 187; 277; 281; 348
Manuel Cantacuzène 193 Médicis (famille) 339-340; 347
Manuel Chrysoloras 87; 168-170; 189- Médicis, voir Còme, Laurent
190; 192; 195-196; 204; 283; 294; Métochitès (famille) 188
295; 301; 312; 340; 342; 347; 374 Métochitès, voir Georges, Théodore
Manuel Comnène 26; 187 Méthode 225
Manuel III Comnène 167 Michael Strongilo 190; 195
Manuel Dishypatos 328-329 Michel Apostolis 384
Manuel Paléologue 73 Michel Cérullaire 45 (note 40); 224;
Manuel II Paléologue 69; 136; 167; 168- 235; 264 (note 215); 269; 343; 349;
169; 171; 174; 189; 190; 192; 195; 196; 405
197; 204; 283; 287; 292; 295; 296; Michel de Synades 240
297; 328; 341; 385 Michel III 216; 258
Manuel Raoul 69; 192; 195 Michel VIII Paléologue 9-10; 187-188;
Manuel Sgouropoulos 157; 193 206; 208; 229; 261; 277
Manuel Tarchaniotès 362; 382 Michele, moine 347
Manuel-Maxime Holobolos 239 Michele Steno 169
Marc O.P. 93 Michelozzo 337
470 INDEX DES NOMS DE PERSONNES
Miranshah, khan 169 Paul (saint) 215; 253; 289; 308; 309;
Mircea 112-113; 171 310
Mxitaric, Uniteur 133; 159 Paul Ier, le Confesseur 219-220; 268
Paul II 244; 245
Ν Paul de Moneglia O.P. 124
Nektarios 220-221 (note 77) Paul Francisci O.F.M. 59
Nersès 367 Paul le Calabrais 155-156; 194; 195;
Nersès Balientz O.P. 125; 130; 150; 204 284; 299
Petrus O.P. 210; 211; 251-261
Nestorius 218; 221-223; 242; 268 Petrus Perquerii O.F.M. 356
Niccolo Fattinanti 72 Philippe Cycandilès 190; 195
Niccolo Niccoli 299-300; 337; 340-341; Philippe de Bindo Incontri (alias de
347 Péra) O.P. 42; 139; 188; 190; 197;
Nicéphore Blemnydès 269
Nicéphore Grégoras 147; 278; 279; 284 207; 209; 210; 211-237; 238-241; 243;
Nicétas, évêque 350 245-246; 248; 249; 257; 259; 264-
Nicétas de Paphlagonie 238; 240 265; 266-268; 271; 348; 350; 372;
Nicodème de Prilep 113 397; 404
Philippe de Chambarlhac 91
Nicolas O.P. 57 Philippe de Mézières 41; 65; 153
Nicolas O.P., évêque d'Adrianopolis Philippe Maréchal 322
194 Philippe Podocataro 66
Nicolas, Génois 301
Nicolas, provincial O.P. 206 Photios 216-217; 223-224; 234; 236;
Nicolas Albergati 350 238; 240; 257; 264; 266-269; 276;
297; 349; 378; 379; 386; 405
Nicolas Alexandre, voïvode 113
Nicolas de l'Ayas 125 Pierre, apôtre 157; 332
Pierre Cisper 53
Nicolas de Caffa O.P. 81 Pierre d'Abano 293
Nicolas de Cotrone 207-208; 248 Pierre d'Antioche 235
Nicolas de Cuse 343; 349; 403 Pierre d'Aragon O.P. 185
Nicolas de Marsilly O.P. 39 Pierre de Aginerco O.P. 120
Nicolas de Méthone 269 Pierre de Caffa 201
Nicolas de Tende O.P. 121 Pierre de Qrna, Uniteur 133; 160-161
Nicolas de Todi O.P. 124 Pierre de Ranzano O.P. 364
Nicolas de Venise O.P. 343-344; 350; Pierre de Sezana 5
363; 364 Pierre de Terrena O.P. 52
Nicolas Eudaimonoioannès 295-296; Pierre del Monte 364
341 Pierre Géraldi O.P. 58-59; 102
Nicolas Gattilusi 390 Pierre Lombard 207; 243
Nicolas Goldberg O.P. 139; 198 Pierre Mussata, voïvode 32; 53; 107;
Nicolas Mystikos 250 111; 113; 199
Nicolas Passek O.P. 59 Pierre Thomas, Carme 38; 40-41; 90;
Nicolas Podocataro 65 143; 155-156; 190; 194; 215
Nicolas Sagundinos 285; 362; 397
Nicolas Sigeros 155; 194 Pierre Ier 39-41; 90; 93; 143; 153; 168
(note 79)
Nicolas V 42; 66; 202; 232; 292; 301; Pierre II 39; 40
347; 350; 364; 366; 380; 389 Platon 123; 187; 196; 278; 282; 301; 373
Nil Cabasilas 282-283; 397 (note 91); 374; 392; 400
Nil Damilas 87 Podocataro (famille) 65; 66 (note 11)
Podocataro, voir Hugues, Louis,
Nicolas et Philippe
Pacôme, évêque 81; 105 Poggio Bracciolini 123; 294; 298-299;
Pallavicini (famille) 124 314; 347; 364 (note 68)
Pallavicini, voir Leonardo Prochoros Cydonès 196; 265; 279-282;;
Panormitain, voir Antonio Beccadelli 284; 392; 394
Parentucelli, Tommaso, voir Nicolas V Pyrrhos 244
INDEX DES NOMS DE PERSONNES 471
Remerciements Vili
Avant-propos Χ
Première partie
LES DOMINICAINS EN ORIENT
Seconde partie
POLITIQUE PONTIFICALE ET INITIATIVES MISSIONNAIRES
Troisième partie
UNE MÉTHODE DOMINICAINE
Quatrième partie
LES DOMINICAINS ET LES CONCILES DU XVe SIÈCLE
Bibliographie 419
Annexes 431
Liste des Frères Prêcheurs 431
Les vicaires généraux de la Société des Frères Pérégri-
nants 447
Dominicains, inquisiteurs en Orient 448
Frères Uniteurs dans la hiérarchie latine d'Arménie
entre 1350 et 1440 449
Lettre d'André Chrysobergès à Bartolomeo Fazio, ms.
Ravenne, biblioteca classense, 23, f° 91-93 451
Couvents et maisons des Frères Pérégrinants et des
Frères Uniteurs (fin du XIVe siècle-début du XVe
siècle) :
La voie moldave, p. 452. - La mer Noire, p. 452. - L'Orient
méditerranéen, p. 453. - De la mer Noire à la mer Caspienne,
p. 453.