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15/11/2021
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sonnelle, du parasitisme économique et de la domination sexuelle.
• Les dealers qui participent à la culture de la rue sont en réalité les agents actifs
d’une quête de la dignité (même si cette recherche se manifeste par la violence et
l’auto-destruction). On pourrait expliquer ce processus par une psycho-pathologie indi-
viduelle, mais il faut plutôt le replacer dans son contexte historique, et compris comme
l’expression de luttes contradictoires dont les enjeux relèvent du champ du pouvoir et
de la signification.
le contexte historique
• Modifications de la structure familiale/rôles de pouvoir masculins. La valeur du père
dépendait du respect qu’il avait.
• Avant, ces immigrants avaient une conception de la masculinité construite autour de
réseaux interpersonnels de “respeto” (respect). Plusieurs générations plus tard, ces héri-
tages idéalisés ont été redéfinis dans un contexte de culture de rue explicitement miso-
gyne et sexuellement agressive → la traditionnelle quête du respect s’est métamorphosée
en crainte de l’irrespect.
• Le souvenir de l’ancien pouvoir ancestral poursuit inlassablement ces homme lorsqu’ils
pensent au passé jibaro patriarcal qu’ils sont désormais incapable de reproduire.
la violence domestique
• Modèle de virilité violente. 15 années après, Primo reproduit ce cycle de brutalité
en battant à son tour. Les rôles patriarcaux inversés, le portoricain voit sa conception
de la masculinité mise à mal → tente de récupérer le respect par le seul moyen à sa
disposition immédiate: la violence physique en public.
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investir dans le multipartenariat sexuel
• La conquête sexuelle et la multiplicité des partenaires représentent un autre lieu de
définition de la dignité masculine propre à la culture de rue.
le viol collectif
• En général présenté comme un rituel initiatique, cet acte violent parfois sert aussi à
lier les garçons dans un érotisme homosexuel et misogyne, la participation aux viols
collectifs est pour les jeunes garçons une façon d’affirmer leur virilité.
• Comme pour les violences domestique, par le viol collectif, les mâles donnent une di-
mension publique à leur tentative de réaffirmation des relations de pouvoir pa-
triarcales anachroniques qui étaient l’apanage des générations précédentes et qui ont
été affaiblies par la modification des rapports de pouvoir de sexe.
“Le fait que les filles gagnent en autonomie dans les milieux dominés par les
mâles incite ceux-ci à se débattre vigoureusement”.
“Si tous les revendeurs de crack sont des victimes d’un point de vue struc-
turel social, ils sont également les agents de leur propre auto-destruction au
quotidien”
• Les formes particulièrement brutales que la masculinité a revêtu dans les rues des ghet-
tos américains sont finalement la manifestation, non seulement du modèle économico-
politique américain, mais bien plutôt des carences fondamentales dont souffrent, en
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matière de droits de l’homme, les milieux défavorisés et marginalisés aux États-Unis
— en particulier dans le domaine de la liberté individuelle, de l’accès aux soins, au
logement, à l’éducation et à la sécurité publique des habitants des ghettos.
• Autrefois fondées sur une structure de vie rurale, les subjectivités masculines patriar-
cales se sont polarisées sur l’exacerbation de la violence, la maltraitance sexuelle géné-
ralisée et le parasitisme économique vécu au grand jour. Phénomènes qui ne sont que
la manifestation symptomatique de ces inégalités fondamentales au plan politique et
culturel.
• Derrière les conversations les plus crues qui sont évoquées dans ce texte, se cache, d’une
part, la crise massive des secteurs public et privé, et de l’autre, l’idéologie d’apartheid
de facto qui légitime des seuils d’appauvrissement dans la population travailleuse la
plus démunie.
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Hazard, Benoît. «L’éthique des déclassés. : A propos de
Philippe Bourgois. En quête de respect. Le crack à New
York.», L’Homme - Revue française d’anthropologie,
Éditions de l’EHESS 2003, pp.285-296.
Déviance. Résulte d’une interaction entre des normes et des types de comportements par-
ticuliers, d’une part, et de sa désignation, d’autre part.
• BOURGEOIS réfléchit aux tensions politiques qu’une société exprime à partir de son
rapports aux normes établies.
• Problématique: Mais toute déviance correspond-elle à un message à l’endroit des règles
sociales dominantes? Jusqu’où le relativisme moral de l’anthropologie peut-il avancer
dans la compréhension de ces comportements?
• L’auteur montre les relations entre le commerce du crack et l’émergence d’une culture de
rue. L’économie clandestine fournit des stratégies alternatives de production de revenus
pour les déclassés.
Culture de rue. Réseau complexe et conflictuel de croyances, de symboles, de modes
d’interactions, de valeurs et d’idéologies émergeant en opposition à l’exclusion suscitée
par la société dominante.
• La descente sociale dans la revente de crack est fondée sur une “marginalisation struc-
turelle”, mais subsiste quelques vestiges culturels du paysan jibara, nourrissant leur
ethos d’une incarnation à la résistance à la domination coloniale, à l’aliénation sociale
et politique, au respect de soi et des valeurs patriarcales.
• L’objectivation de la situation restitue le décalage entre la structure/l’action, pointant
“la façon dont les individus réagissent aux forces qui les oppriment”.
• Le Barrio correspond à un monde inversé, où la dignité et la résistance culturelle à la
pauvreté se traduisent par une “culture de rue oppositionnelle”, le bon sens par le crime
et la violence.
• Le destin des Nuyoricains est scellé à une “désintégration culturelle” née de
l’effondrement des secteurs d’activités secondaires et de la réorganisation de l’économie
new-yorkaise autour du tertiaire. Le retour dans la rue est vécu comme une résistance,
une “célébration oppositionnelle de la marginalité de la rue”.
• Dans le dernier temps de l’ouvrage, interrogation à partir de récits d’enfance des rela-
tions entre instances de la socialisation/construction de la marginalisation sociale.
– L’enfance des fils de migrants portoricains reflète une situation d’indétermination
culturelle s’exprimant par la résistance à l’école et la construction de personnalités
violentes.
– Face à cette exclusion, les groupes pairs proposent un espace de sociabilité, socia-
bilisation de la rue le menant au viol collectif adolescent → l’exercice d’un contrôle
social autant sur les individus du réseau que sur les victimes féminines. Logique
patriarcale des gangs.
• La crise du modèle patriarcal portoricain, les violences traduisent l’anachronisme de
l’économie domestique jibara au sein de la cité new-yorkaise.
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• L’éclatement des structures familiales affecte l’identité masculine des pères et les hié-
rarchies du Barrio: aspirant à une progéniture généreuse, les pères vivent une “crise
historique de la virilité”, trouvant son fondement dans des “cycles familiaux de vio-
lence” (=transmission intergénérationnelle de la brutalité masculine).
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• S’inscrit dans une tradition de recherche anthropologique privilégiant l’observation de
l’intérieur des rapports/processus sociaux.
• L’objectif: la critique aussi bien de l’hypocrisie des intellectuels progressistes, que les
préjugés moralisateurs des classes moyennes américaines à l’égard des pop. démunies.
• Le sujet du livre n’est pas le crack, c’est qu’un symptôme/symbole des dynamiques plus
profondes de la marginalisation sociale et l’exclusion.
• Cotre l’explication par les facteurs individuels, il s’agit de comprendre la logique interne
de la culture de rue et ses contradictions.
Culture de la rue. “Culture de la résistance”, “style oppositionnel”, produit du sens en
assurant un rejet du racisme et de la domination tout autant qu’en assurant une “quête
personnelle de la dignité”. Les dealers recherchent dans la CdR une alternative à leur
marginalisation sociale.
• En présentant les biographies des dealers de crack, il met en évidence les relations entre
oppression structurelle/action individuelle → “la façon dont les individus réagissent aux
forces qui les oppriment”.
• Dimension historico-culturelle essentielle pour comprendre leurs vies. Passage du
jibaro portoricain au revendeur de crack hispanique.
• “Explication écologique” des conduites délinquantes et de la violence.
• Le rapport au travail légal des revendeurs de crack: désintégration culturelle.
• Leur “carrière” a été fabriquée/légitimée par l’école. C’est par la socialisation, notam-
ment le “rite de passage à l’âge adulte” du viol collectif que Bourgeois voit la trace
d’une “intériorisation de leur propre dévalorisation”.
• Ils sont confrontés à un héritage historico-culturel qu’ils sont incapables de reproduire
dans le contexte des quartiers pauvres, mais qui continue quand même à informer leurs
conduites.
• Un déplacement entre entretien/“les Portoricains” qui pose la question de la place des
singularités biographiques dans l’analyse. Sans doute l’interprétation proposée de la
violence domestique/sexuelle en référence à la crise de la famille “patriarcale” et aux
dysfonctionnements du service public pourrait-elle être développée.