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Avis sur La Princesse de Clèves

Introduction
– Polémique du roman lors de sa parution
Lettre de Mme de Lafayette au chevalier de Lescheraine : « Je vous demande aussi [votre jugement] ; on est partagé
sur ce livre-là à se manger ; les uns en condamnant ce que les autres en admirent ; ainsi, quoi que vous disiez, ne
craignez point d'être seul de votre parti. »

– Un roman difficile à lire, épuisé ?


Jean Mesnard, préface de l'édition GF : « Le charme de La Princesse de Clèves pt-il être enserré ds les filets du
raisonnement critique ? », « Une œuvre tout en finesse et en demi-teintes ne souffre pas aisément le poids du
commentaire. », « L' œuvre que les uns caractérisent par sa perfection passe, aux yeux des autres, pour abonder en
négligences. Dans la conduite de la princesse, les uns voient le triomphe de l'héroïsme, les autres celui de l'égoïsme. »

Michel Butor, préface du Livre de poche, 1960 : « On nous trompe sur La Princesse de Clèves, on nous trompe en
brandissant cet admirable livre comme justification chaque fois qu'on veut défendre un de ces pâles récits d'amourette,
écrit dans un style « limpide et glacé », avec juste assez de poivre au milieu de sa fadeur pour le rendre vendable, […].
C'est un livre brûlant, c'est un livre qui offre à la lecture d'assez grandes difficultés, notamment dans les passages qui
concernent les alliances entre les grands dans la cour d'Henri II, alliances qu'il est indispensable d'avoir présentes à
l'esprit si l'on veut comprendre le récit dans toutes ses résonances et toute sa richesse ; bien loin de n'être qu'un pastel
aux couleurs défraîchies, c'est une œuvre dont la construction est d'une force peu commune. Je me souviens de mon
émerveillement lorsque j'ai eu, […], à étudier ce livre pour des élèves ; je ne l'avais pas ouvert depuis longtemps,
presque depuis le lycée, et je m'en tenais à mes impressions d'alors et à ces platitudes que l'on ressasse. »
« Croyez-moi, vous qui pensez savoir ce que c'est que La Princesse de Clèves, pour en avoir entendu parler,
vous qui pensez savoir à quoi vous en tenir, lisez donc ce roman, vous serez surpris. »

Marie Darrieussecq : 1ère lect à 13 ans, obligatoire en cours : difficulté à lire, écœurée par le début. « J'ai fini par
sauter les pages et je suis tombée sur une phrase qui est restée gravée ds ma mémoire : « Il parut alors une beauté à la
Cour. » Cette phrase donne le coup d'envoi du livre, c'est un coup de tonnerre. »

– Une autrice qui ne signe pas


« L'idée de secret est consubstantielle à la mondanité, qui suppose la connivence et le secret d'une petite communauté
exclusive, fermée sur elle-même, qui se comprend à demi-mots avec des sous-entendus, qui garde ses secrets ou au
contraire les colporte par la rumeur, ce qui donne aussi le genre du roman à clef [...] » (Alain Génétiot, professeur de
littérature française, spécialiste du XVIIè).

Jeu de dénégations de la part de Mme de Lafayette : « Un pt livre [La Princesse de Montpensier] qui a couru il y a
quinze ans et où il plut au public de me donner la part, a fait qu'on m'en donne encore à La Princesse de Clèves ; mais
je vous assure que je n'en y ai aucune, et que M. de La Rochefoucauld, à qui on l'a voulu donner aussi, y en a aussi
peu que moi […]. Je le [livre] trouve très agréable, bien écrit sans être extrêmement châtié, plein de choses d'une
délicatesse admirable et qu'il faut même relire plus d'une fois ; et surtout ce que j'y trouve, c'est une parfaite imitation
de la Cour et de la manière dont on y vit. Il n' y a rien de romanesque et de grimpé ; aussi n'est-ce pas un roman, c'est
proprement des mémoires […]. » (lettre au chevalier de Lescheraine). Mais Mme de Sévigné annonce à Bussy-
Rabutin le 8 décembre 1677 : « M de La R et Mme de L ont fait un roman des galanteries de la cour d'Henri second,
qu'on dit admirablement écrit. » Cpdt Mme de LF avoue à demi-mots ds certaines lettres, aux amis plus fidèles et
proches, en être l'auteur.

Le libraire au lecteur (précédant le début du roman): « [L]'auteur n'a pu se résoudre à se déclarer ; il a craint que son
nom ne diminuât le succès de son livre. Il sait par expérience que l'on condamne quelquefois les ouvrages sur la
médiocre opinion qu'on a de l'auteur et il sait aussi que la réputation de l'auteur donne souvent du prix aux ouvrages. Il
demeure donc dans l'obscurité où il est, pour laisser les jugements plus libres et plus équitables, et il se montrera
néanmoins si cette histoire est aussi agréable au public que je l'espère. »

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