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La place de la transmission
écrite en musiques amplifiées
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Remerciements ....................................................................................................................... 4
Introduction ............................................................................................................................ 5
Conclusion............................................................................................................................ 45
Bibliographie ....................................................................................................................... 47
Annexes ................................................................................................................................ 49
!3
Remerciements
Je remercie également toutes les personnes qui ont pris le temps de répondre au sondage,
connaissances ou anonymes, cette étude n’aurait pas pu être menée à bien sans votre apport
essentiel.
!4
Introduction
Dès lors que l’on parle de musiques « actuelles » dans le cadre d’institutions,
l’opposition aux musiques dites « savantes » est inévitable. À tort ou à raison, les
premières ont une réputation de musiques libres, exclusivement collectives, orales, axées
autour de l’improvisation et l’invention, quand les secondes conservent l’image de
musiques balisées, écrites, et où la pratique individuelle occupe une place prépondérante.
Si nous savons aujourd’hui que ces clichés ne sont pas entièrement justifiés, ou en
tout cas ne le sont plus, ils n’en demeurent pas moins tenaces, et on ne peut que constater
la force des musiciens classiques dans leur rapport à l’écriture et leur capacité à travailler
dans le détail, quand ils se montrent plus faibles dans les démarches d’invention et
d’improvisation. Le Schéma National d’Orientation Pédagogique de Musique de 2008 est
par ailleurs conscient de cet état de fait puisqu’il titre, entre autres, dans ses enjeux
spécifiques :
- Mettre l'accent sur les pratiques collectives et l’accompagnement :
Enfin, poursuivant l’effort déjà entrepris, il est nécessaire de consolider la
place réservée aux pratiques collectives afin qu'elles s’affirment comme
centrales. Si, à l’évidence, l’exigence d’une formation individualisée
demeure, c’est bien, pour la grande majorité des élèves, la musique
d’ensemble qui sera le cadre privilégié de leur pratique future. En effet,
par les réalisations qu’elles génèrent, les pratiques collectives donnent
tout son sens à l’apprentissage. (…)
- Favoriser les démarches d’invention :
Parmi les enjeux pédagogiques qui apparaissent comme prioritaires
aujourd’hui, les démarches liées à l’invention (écriture, improvisation,
arrangement, composition) constituent un domaine important de la
formation des instrumentistes et des chanteurs. Elles ne devraient pas être
différées, mais faire l’objet d’une initiation dès le premier cycle.
L’ouverture aux dimensions technologiques du traitement du son en fait
partie également. (SNOP, 2008, p.1-2)
Les musiciens en musiques amplifiées, à l’aise tant dans la pratique collective que
dans l’improvisation sont souvent plus démunis face à l’écriture. J’ai pour ma part été
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d’abord formé dans le cadre des musiques savantes (accordéon) avant de me diriger vers
les musiques amplifiées (guitare). Cette double compétence me permet de me positionner
selon les deux points de vue afin de mieux comprendre ce qui les différencie. De ce fait,
j’ai très tôt été étonné de l’absence courante en M.A.A. de rapport à l’écrit chez les élèves,
chacun travaillant selon sa propre méthode, ce qui amène à des résultats très variables en
termes d’efficacité et de précision.
Plusieurs raisons justifient le caractère à mon sens étonnant de cette lacune : tout
d’abord le contexte dans lequel l’émergence des musiques amplifiées s’est produite :
contrairement aux musiques traditionnelles de cultures orientales, océaniques, africaines ou
sud-américaines, les musiques amplifiées sont nées au sein d’une société occidentale qui a
quatre à cinq siècles de tradition écrite en musique, ce qui laisse supposer que ses acteurs
auraient pu suivre ce chemin déjà tracé et très ancré. Ensuite, la dimension collective
assumée des musiques amplifiées justifie à elle seule l’emploi d’un langage commun entre
tous les instrumentistes afin qu’ils puissent se comprendre et travailler dans des conditions
optimales. Christian Padovan, bassiste professionnel français, explique lors d’une
interview comment il a commencé à gagner sa notoriété dans ce métier :
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répondre à plusieurs questions : quels types de supports peut-on employer ? Pour quelles
raisons ? Pour quelles esthétiques ? Pour quel public ? Quels sont leurs avantages, leurs
inconvénients ? etc. La réflexion autour de ces questions s’inscrit dans une problématique
pédagogique qui est la suivante : comment optimiser l’emploi de supports écrits afin qu’ils
deviennent une habitude dans la pratique de l’élève ?
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!8
I. L’enseignement en M.A.A. : un état des lieux
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1. Les M.A.A. et leurs pratiques
S’il est difficile de situer avec précision la naissance de ce que l’on appelle
aujourd’hui les musiques actuelles amplifiées, il existe une sorte de consensus autour de
1952, année au cours de laquelle Bill Haley & His Comets enregistrent Rock Around the
Clock, et année de création de la Fender Telecaster, guitare électrique emblématique des
musiques amplifiées. Durant les décennies qui suivent, ce rock ’n roll se diversifie,
s’exporte, est récupéré par différentes cultures proposant chacune sa variation selon le lieu
et le moment : anglais, surf, garage, psyché, progressif, blues rock, hard rock, heavy metal,
punk, new wave, alternatif, indé, grunge… La liste est longue et de multiples sous-genres
de ce type existent pour toutes les familles constituant les musiques amplifiées : chanson,
musiques afro-américaines, musiques électroniques, hip-hop, musiques jamaïcaines, etc.
Toutes ces esthétiques cohabitent depuis maintenant une soixantaine d’années avec
pour constante française une déconnexion totale avec les institutions culturelles jusqu’à la
loi de décentralisation de 1982. Cela signifie que durant trente ans les groupes qui ont pu
se former en France l’ont fait sans aucun soutien de la part des collectivités territoriales,
n’ayant de liens qu’avec l’industrie musicale pour répéter, enregistrer, distribuer et
produire leur musique sur scène dans l’ignorance totale des lieux d’enseignement artistique
et musical malgré le succès florissant de la pop music.
Ces groupes amateurs constituent l’entité centrale des musiques amplifiées : quelle que soit
son obédience esthétique, un projet musical se monte d’abord à partir d’une rencontre entre
plusieurs musiciens ayant des affinités humaines et/ou musicales allant au delà de leur
niveau instrumental ou théorique. Il n’est nulle question ici de formation, mais simplement
de la volonté de jouer ensemble, et le Collectif RPM souligne bien cet état de fait qui a son
importance pour les futurs pédagogues :
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Le scénario est alors souvent le même : le groupe nouvellement formé se réunit
pour les premières répétitions qui sont une sorte de laboratoire où beaucoup d’aspects sont
mis en jeu, par exemple un début de direction artistique, de recherche sonore, quelques
embryons de compositions, mais aussi une certaine hiérarchie parmi les musiciens suivant
leur personnalité : meneur/suiveur, force de propositions/exécutant etc. Ces répétitions se
multiplient en vue de fixer un répertoire que chaque apprend, maîtrise et s’approprie, tant
bien que mal, par ses propres moyens, qu’il s’agisse de reprises, de compositions ou encore
d’un mélange des deux.
1 cf : annexes 1 et 2
!11
mémoire, et qui a donné entre autres le résultat suivant sur la nature des pratiques, bien que
le rapport amateurs / professionnels tende vers une homogénéisation avec le temps :
- En second lieu, il est primordial de noter que dans ces pratiques antérieures à la
création de dispositifs d’enseignement, les musiciens manquent fatalement de recul sur leur
propre pratique. Ils ne peuvent en effet compter, sinon sur leur propre ressenti dans
l’instant présent d’un concert, sur aucun retour autre que celui des éventuels professionnels
du spectacle qui les suivent, et dont l’avis est dans une certaine mesure inévitablement
dicté par les exigences de ce qu’on appelle alors déjà l’industrie musicale. Ils pourront
éventuellement s’appuyer sur une écoute ultérieure s’ils ont la chance d’avoir pu
enregistrer leur performance grâce à un magnétophone mobile, mais n’ont en tous les cas à
ce stade de l’Histoire pas la possibilité d’être accompagnés dans leur pratique, dans une
démarche pédagogique. Nous comprenons alors en toute logique que c’est bien
l’autoformation et le tâtonnement qui permettent au groupe d’évoluer, ou qui au contraire
le font stagner s’il ne fait pas preuve de discipline et de remise en question constante.
Cet aperçu des pratiques en musiques amplifiées ainsi que les enjeux qui y sont liés
étant explicités, il nous faut à présent détailler les lieux qui ont servi à l’expansion de ces
musiques sur le territoire en l’absence d’écoles dédiées, afin de mieux comprendre dans
quel contexte les premières questions pédagogiques se sont développées.
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2. Les M.A.A. et leurs lieux, diffusion et enseignement
Il s’est donc écoulé un certain temps en France entre l’arrivée des premiers succès
motivant de jeunes musiciens à imiter leurs idoles et l’ouverture des classes de musiques
amplifiées en conservatoires. Pour autant, des artistes phares et de nombreux autres, plus
confidentiels, ont jalonné l’Histoire musicale et il a fallu pour cela que les formations
puissent se réunir dans divers lieux associés à leur activité. C’est tout d’abord le réseau des
MJC qui, depuis les années 1960, a été l’allié des pratiques amateurs, en mettant à
disposition des musiciens des salles de répétition improvisées mais plus accueillantes que
le garage familial, et surtout en devenant les premiers lieux de diffusion de groupes locaux
ne pouvant payer la location et les frais d’une “vraie“ salle de spectacle. Les villes
permettaient également parfois l’accès à des salles du patronage ou d’autres endroits
pourvus en électricité pour que les groupes puissent répéter. Plus tard, à partir des années
1990, des studios de répétition spécialisés ont ouvert leurs portes, offrant des salles
adaptées et équipées pour ces musiques (batterie, amplis, sono, table de mixage, murs
insonorisés…), avec parfois une vraie salle de concert à demeure (par exemple le centre
Fleury Goutte d’Or Barbara à Paris, l’Usine à Istres ou les Studios Decanis à Marseille),
mais les MJC demeurent, encore aujourd’hui, une solution de proximité privilégiée par
beaucoup de jeunes formations.
Les disquaires ont eux aussi joué un rôle important en créant les premiers labels
indépendants permettant aux jeunes formations ambitieuses de distribuer leur musique, et
en faisant le lien direct avec l’industrie puisque leur statut, par nature, fait d’eux un
intermédiaire de choix en vue de rencontrer un producteur qui pourra éventuellement
proposer au groupe l’enregistrement professionnel d’un 45 tours ou plus tard d’un album.
Ces lieux restaient toutefois assez confidentiels, et il n’était pas encore question
d’encadrement, jusqu’en en 1976, année de création du Cim, école de jazz à Paris. Il s’agit
de la première école associative s’intéressant à une esthétique des musiques actuelles, et
dont l’exemple sera reproduit durant les années 1980 par d’autres écoles de jazz : Music
Halle à Toulouse, le Ciam à Bordeaux, le CMCN à Nancy, etc., des écoles qui se
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regroupent au sein de la Fneij, qui devient plus tard la Fneijma (Fédération Nationale des
Écoles d’Influences Jazz et Musiques Actuelles)2. Leur ouverture a été permise par les
actions de Jack Lang au sein du ministère de la culture à partir de 1981, et notamment la
reconnaissance des nouveaux mouvements artistiques auxquels les musiques actuelles
appartiennent, mais aussi par la loi de décentralisation de 1982, qui ouvre les financements
publics par les collectivités territoriales pour ces nouveaux lieux d’enseignement
musical… dans le cadre du jazz uniquement dans un premier temps, nous développerons ce
détail qui a son importance dans le quatrième point : Les M.A.A. et leurs enseignants.
« “Le rock et les jeunes“ […] expression magique qui dit tout, mais rien à la fois »3 ,
nous en dit tout de même beaucoup sur l’état d’esprit des débuts des musiques amplifiées.
Avant l’arrivée du rock ’n’ roll, la musique est une affaire de gentlemen, les musiques
savantes et les crooners ciblaient davantage la bonne société, quand le jazz s’imposait dans
des clubs enfumés comme une musique underground d’adultes. En totale opposition avec
ce qui le précède, le rock est fait par et pour les jeunes, et la jeunesse, porteuse d’avenir,
devient un marché de choix pour toute l’industrie du disque : les ventes sont étudiées en
fonction de ce nouveau public, les émissions de radio recalibrées avec des animateurs plus
jeunes, et cette tendance n’a pas cessé depuis. Les résultats obtenus grâce au sondage
réalisé pour cette recherche confirment une nouvelle fois cet état de fait, puisque comme
présenté sur l’infographie ci-après, 57,4% des participants ont moins de trente cinq ans,
tous profils confondus (enseignants, musiciens professionnels, amateurs, élèves, etc.).
2 Enseigner les musiques actuelles ? (2012) Collectif RPM, RPM éditions, p.21
3 Idem, p.17
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On peut donc affirmer qu’aujourd’hui encore, les musiques amplifiées restent des
musiques “de jeunes“, y compris pour ceux qui les pratiquent.
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élèves dans les classes augmente, ce qui indique que ceux-ci cherchent à
trouver des réponses ailleurs que dans le groupe. (Formation musicale et
musiques actuelles : quelles interactions ?, 2006, p.9, p.13, p.18)
Nous l’avons vu précédemment, les motivations des élèves peuvent être très
diverses en termes d’exigences, vis à vis d’eux-même comme de leurs enseignants.
Comme dans toute discipline musicale, c’est en premier lieu son expérience personnelle de
musicien qui guide le pédagogue en tant que personne-ressource. Or en partant de ce
principe, un premier écueil se présente immédiatement : s’il est communément admis
qu’un professeur de violon dans le champ des musiques savantes a une vision d’ensemble
relativement exhaustive du répertoire de son instrument (baroque, classique, romantique,
début XXe, atonal, contemporain…), ce n’est que très exceptionnellement le cas en
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musiques amplifiées, en raison du nombre stupéfiant d’esthétiques qui s’offrent au
musicien. Par nature, mais aussi par ses goûts, le musicien des musiques amplifiées se
spécialise. Il semble en effet difficile et même parfois antinomique d’être à la fois un bon
guitariste de blues, de jazz, de reggae, de djent, de funk, de folk, de punk et de post-rock,
aussi bien pour des raisons temporelles et techniques que sonores, matérielles (il faut
presque une guitare et un ampli différents pour chacune de ces esthétiques), d’intention et
d’attitude, des éléments qui font partie de ces musiques autant que les notes que l’on joue !
L’enseignant peut s’exercer sur la majorité des genres des M.A.A. afin de les
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alors que 221 personnes, soit 76,5% du panel, ont pour leur part placé les musiques rock
dans leur pratique, en faisant ainsi l’esthétique la plus représentée par ce sondage. Mais ce
n’est pas tout : sur ces 18 mêmes professeurs, 17 pratiquent le jazz, 13 les musiques afro-
américaines, et un seul le metal.
Cette dominance nette du jazz dans cette tranche d’âge n’est pas anodine, elle est le
résultat direct de l’ouverture d’écoles de la Fneijma presque vingt ans avant les écoles
dédiées aux musiques amplifiées. Or, comme le fait remarquer Maël Salètes dans son
mémoire sus-cité :
Or les institutions ont toujours pris la peine de séparer ces deux familles des
musiques actuelles, car le jazz a ses codes, son histoire et ses nombreux sous-genres
comme les musiques amplifiées ont les leurs, aussi il semble incongru qu’un professeur de
l’un prétende enseigner l’autre, de même qu’il faut différencier, sans les hiérarchiser, le
professeur de technique instrumentale qui sera pointu sur son instrument dans le cadre d’un
cours particulier, mais peut-être moins apte à diriger un atelier, du professeur d’atelier qui
pour sa part doit appuyer sa pédagogie sur le groupe et être à même de conduire une séance
en prenant en compte chaque instrumentiste de sa classe.
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pour optimiser une pratique collective, comme le souligne le Guide des musiques actuelles
de l’ORCCA :
Il apparaît donc que l’enseignant en musiques amplifiées ne peut par nature être
exhaustif ni dans sa pratique, ni par conséquent dans sa pédagogie, aussi il semble
indispensable que l’enseignement de ces musiques soit prodigué par une équipe de
pédagogues, chacun spécialiste de sa discipline, afin de former efficacement les élèves, et
de pouvoir répondre à toutes les demandes que ces musiques en constante évolution
engendrent.
Cet état des lieux de l’enseignement des M.A.A. nous ayant permis d’en dégager
les principaux aspects et enjeux, nous pouvons à présent poser le problème des modes de
transmission. En effet, l’histoire des musiques amplifiées, nous l’avons vu, est une histoire
d’autodidaxie, de recherche et d’oralité. Ces modèles peuvent-ils évoluer vers un
enseignement plus jalonné avec l’institutionnalisation de ces musiques, sans pour autant
renier leurs acquis historiques ?
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!20
II. Des modèles limités et limitants
!21
1. La force majeure des M.A.A. : les pratiques collectives
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stars sont toujours accompagnées d’autres musiciens, et il en est de même pour les
instrumentistes solistes virtuoses comme Steve Vai, Al Di Meola, John Patitucci, Allan
Holdsworth, Chick Corea ou Jimi Hendrix, toujours portés par un backing band.
Le groupe reste donc l’entité de base de la pratique des musiques amplifiées, et leur
enseignement, par nature, ne peut que s’articuler autour de cet élément. Cela reste vrai
pour le cours individuel d’instrument où le répertoire travaillé est également constitué de
morceaux qui se jouent normalement en groupe. L’instrumentiste ou le chanteur y
travaillent alors leur partie dans le but de jouer ensuite collectivement l’œuvre étudiée. De
cette manière, le lien avec la pratique collective est immédiat, et l’objectif du cours
d’instrument en adéquation avec le SNOP, puisqu’il n’existe que pour optimiser la pratique
de l’élève en groupe. L’atelier collectif permet ainsi de cristalliser les enseignements des
différents cours du cursus, chacun visant à faire de l’élève un musicien plus expérimenté et
autonome en situation de groupe, les progrès pouvant être appréciés et évalués à travers les
actions de diffusion du département.
Au delà des directives ministérielles, cette priorité donnée aux pratiques collectives
dans l’apprentissage musical est plus que jamais une nécessité à l’heure où les jeunes
musiciens disposent tous ou presque d’un accès à internet leur permettant de suivre des
leçons sur YouTube et de nombreux sites musicaux dédiés à l’autoformation. L’existence
de ces portes d’entrée accessibles à tous est une excellente chose car elles peuvent susciter
des vocations chez les personnalités les plus introverties ne souhaitant pas s’inscrire dans
une structure par crainte du face à face pédagogique. Elles permettent également aux
élèves de compléter leur formation hors de l’école de manière ludique et libre puisqu’elles
représentent un riche centre de ressources en ligne, avec des accès pour étudier tous les
genres musicaux. Belle initiative, elles ont toutefois donné naissance à une vague de
musiciens de grand talent individuel jouant dans leur chambre par dessus des backing
tracks plutôt que sur scène ou dans un studio de répétition avec d’autres musiciens se
trouvant dans le même cas ! Un constat inquiétant qui va contre le principe même des
musiques amplifiées, comme nous avons pu le démontrer plus haut, et qui renforce l’aspect
primordial d’une formation axée autour du groupe.
!23
Si les enjeux du cursus en musiques amplifiées sont clairs, il faut à présent en
définir les modes de transmission. Nous avons abordé dans la première partie la dimension
historiquement autodidactique de ces musiques. Elle a amené les jeunes musiciens à
parfois chercher des réponses auprès d’aînés, musiciens plus avancés, ce qui a rapidement
placé la transmission dans une démarche d’oralité. Il est intéressant de constater
qu’aujourd’hui encore cette tradition demeure chez certains, tout comme l’autodidaxie
représente toujours une source d’apprentissage très importante bien qu’une majorité de
musiciens ait désormais recours à des professeurs qualifiés. Le sondage réalisé dans le
cadre de cette étude nous indique en outre que les musiciens amplifiés ont tendance de nos
jours à cumuler différentes entrées pour se former :
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2. Les différents types de supports écrits, caractéristiques et usages
!25
Largement désigné par les musiciens du panel, l’aide-mémoire est le support
personnel par définition. Il est aussi le plus utilisé car il s’adapte à de nombreux cas de
figure. Il comprend généralement la structure du morceau notée manuellement avec les
mots du musicien, la grille d’accords si elle existe, des indications de mise en place, des
éléments caractéristiques pour certaines parties… tout ce qui peut aider la mémorisation et
donc l’exécution du morceau, il ne s’agit pas d’un support figé. Les musiciens l’utilisent
surtout dans le cadre de morceaux plutôt courts, à la structure simple, comme c’est le cas
dans la pop, le rock, la chanson etc. Tout l’intérêt de l’aide-mémoire est d’être synthétique,
il doit tenir sur un minimum de pages, être clair, simple à lire et ergonomique. Son contenu
étant à l’appréciation totale du musicien qui le produit selon ses besoins, il peut exclure de
nombreuses notions musicales (notes, rythme, harmonie, tempo, nuances, carrures…). Cela
en fait à mon sens un support à l’usage plus professionnel que pédagogique, car il est
nécessaire dans le cadre d’un cours d’être certain que les élèves comprennent ce qu’ils
jouent, les morceaux à monter n’étant qu’un prétexte à l’acquisition de nouvelles
compétences individuelles (technique instrumentale) et collectives (réflexes de jeu en
groupe, écoute mutuelle…).
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sachent tous trois jouer ce morceau, les différences entre leurs documents, les informations
qu’ils ont jugées utiles d’y faire figurer et les erreurs qu’ils ont pu faire à plusieurs niveaux
(structure, carrures, harmonie…) illustrent tout à fait le caractère personnel et variable de
l’aide-mémoire5.
Les tablatures sont un support très utilisé par les guitaristes et les bassistes de tous
horizons esthétiques. Elles sont souvent le moyen écrit privilégié par les autodidactes car
elles ne demandent aucune connaissance musicale ou solfégique pour être déchiffrées :
elles indiquent directement l’emplacement des doigts sur les cordes et les cases. Elle
présentent l’avantage d’être éditables très facilement sur un logiciel de traitement de texte
basique (comme TextEdit), à l’aide de nombres et de tirets, et on en trouve donc sur
internet un très grand nombre, avec plus ou moins de bonheur dans l’exactitude. Forme
écrite artisanale par excellence, la tablature souffre cependant d’écueils qui en font un
support peu adapté aux situations pédagogiques : la notion de durée y est absente, tout
comme la notion de hauteur, de mesure, d’interprétation, de nuance… sauf si le musicien
utilise des logiciels d’édition et de lecture plus développés comme Guitar Pro. C’est donc
un support qui, bien que très répandu aujourd’hui encore6 et historiquement primordial (la
tablature préexiste à la partition telle que nous la connaissons aujourd’hui, notamment pour
le luth, dont on connaît des tablatures datant du début du XVIe siècle), ne peut être
suffisant dans le cadre de la formation institutionnalisée7.
Largement utilisées par les musiciens quel que soit leur instrument, les grilles
d’accords sont un support de choix depuis les débuts des musiques amplifiées, et depuis
bien plus longtemps encore avec le jazz. Il s’agit d’un document où sont délimitées les
mesures du morceau, et où figurent simplement les accords, généralement sans indication
de pattern rythmique 8. Ce type de support est très répandu dans le jazz en général, pour les
accompagnateurs ou tout musicien ne jouant pas le thème mais improvisant sur la grille.
5 cf : annexe 3
6 cf : encadré p.21
7 cf : annexe 4
8 cf : annexe 5
!27
C’est un document très utile, notamment pour l’analyse et le travail d’oreille, mais aussi
car la lecture en est aisée et possible pour de nombreux instrumentistes : il n’est pas rare de
voir des batteurs l’utiliser également, au même titre que bassistes, guitaristes, pianistes et
autres, afin d’avoir des repères de structure. Il existe un autre type de grille d’accords, plus
utilisé en pop/rock et en chanson, et notamment chez les chanteurs s’accompagnant à la
guitare ou au piano9. Ces grilles ont un réel intérêt dans le cadre pédagogique, car elles
obligent les accompagnateurs à prêter attention au chant et aux paroles, les accords étant
écrits au dessus des syllabes sur lesquels ils tombent (n’oublions pas que nous jouons
l’essentiel du temps… des chansons). Elles trouvent leurs limites dès lors que le morceau
est plus élaboré, ou rythmiquement plus complexe, car alors l’absence de repère structurel
autre que la partie chantée devient un handicap, et l’instrumentiste peut être tenté
d’improviser son accompagnement et manquer de rigueur dans son apprentissage.
Le lead sheet est moins représenté dans les supports du sondage, avec un peu moins
d’un tiers d’utilisateurs parmi les musiciens ayant répondu. Ce résultat s’explique par son
exclusivité esthétique puisqu’il n’est utilisé que dans le cadre du jazz (le Real Book, recueil
de lead sheets de nombreux standards, constitue la base de travail de nombreux jazzmen).
Il s’agit d’une partition où est noté le thème du standard (souvent une ligne de chant,
parfois avec ses paroles), surmonté de la grille d’accords. Le document résultant est
condensé (une page, deux au maximum), clair et utilisable par tous, chanteurs comme
instrumentistes10. Il offre aussi l’avantage, en situation pédagogique, de mettre les élèves
face à la lecture solfégique de manière assez douce : thème court, monophonique, etc. Le
principal défaut du lead sheet est qu’il n’est utilisable que dans l’idiome du jazz
traditionnel, ce qui s’avère d’un intérêt limité dans un cours de musiques amplifiées. Il faut
enfin souligner le fait qu’il est de notoriété publique que le Real Book, ouvrage complet et
très utile au demeurant, est semé de nombreuses erreurs de transcription, ou bien dans les
thèmes, ou bien dans les grilles d’accords, et qu’il n’est pas rare qu’il faille corriger un
lead sheet soi-même, voire y ajouter des accords, cela principalement en raison des
innombrables versions existant pour chaque standard.
9 cf : annexe 6
10 cf : annexe 7
!28
La partition enfin n’est pas le support privilégié des musiciens M.A.A., et pour
cause : beaucoup de musiciens du panel sondé se considèrent comme de mauvais lecteurs,
voire n’ont jamais su lire la musique.
Pourtant, environ la moitié d’entre eux utilise des partitions, soit relevées par eux-
mêmes soit trouvées (songbook, magazine, internet, professeur…). Cette solution offre des
avantages certains dans le cadre de l’apprentissage : elle permet une meilleure organisation
du travail collectif, met les élèves en situation de lecture, ce qui permet de faire le lien avec
la formation musicale, et elle représente un support complet, donnant de nombreuses
informations sur l’interprétation, la dynamique, l’harmonie, etc.11. Sa faiblesse se trouve
dans sa relative complexité, qui rebute beaucoup de musiciens. Il s’agit en effet d’un
support moins intuitif que les autres, qui peut présenter une surcharge d’information le
rendant inutilisable en première lecture, mais qui reste le seul support écrit efficace pour le
travail de morceaux longs ou exigeants, ce qui est le cas dans certaines esthétiques comme
le rock progressif, certains genres de metal, le jazz-rock ou les esthétiques de fusion plus
récentes12.
Nous avons détaillé les différents supports écrits utilisés par les musiciens en
M.A.A., avec leurs différences et leurs singularités. Cette multiplicité des approches
11 cf : annexe 8
12 cf : annexe 9
!29
possibles de ces musiques constituent une vraie richesse pour l’apprenant qui peut choisir
la voie d’entrée la plus adaptée à sa réflexion, sa logique, et ses connaissances musicales.
Mais il peut arriver que cette diversité de langages soit aussi un frein à l’apprentissage dans
certaines conditions.
Qu’il soit oral ou écrit, le langage musical que l’on adopte forge notre approche de
cette discipline. Devant les nombreux choix s’offrant au musicien et dont nous venons
d’analyser brièvement les formes écrites, celui-ci, en l’absence de consigne ou de
contrainte, va privilégier le plus évident à ses yeux, et celui qui apporte le plus d’efficacité
immédiate, et donc de satisfaction sur le court terme. Lorsque l’on commence à apprendre
à jouer d’un instrument, on a tout simplement envie d’en jouer, et le plus tôt possible.
Ainsi, en tant que guitariste autodidacte, je vais tout d’abord essayer de jouer les
morceaux que j’aime à l’oreille, quitte à faire des approximations et des erreurs, et si j’ai
trop de difficultés à entendre un passage, je vais me mettre en quête d’un autre stimulus, un
support visuel par exemple, qui m’aidera à outrepasser la difficulté. Il pourra s’agir d’une
vidéo YouTube où un autre guitariste, voire le guitariste du groupe concerné, joue ou
explique le passage litigieux, ou bien d’une tablature téléchargée sur une base de données
et écrite par un musicien plus avancé que moi, parfois avec des fautes mais qui m’éclairera
tout de même, etc. Je chercherai le moyen le plus simple de parvenir à jouer ce morceau,
car c’est bien là mon but, peu m’importe finalement d’avoir appris quelque chose, j’ai une
répétition dans quelques jours avec mon groupe et on espère pouvoir jouer ce morceau lors
de notre prochain concert dans trois semaines… Cette histoire n’est pas réelle, au sens où
ma formation personnelle ne s’est pas passée ainsi, mais cela pourrait être l’histoire de
nombreux guitaristes débutants, et des histoires similaires peuvent résumer l’apprentissage
autodidactique de musiciens tous instruments confondus, avec des tendances communes.
!30
Ainsi, tous privilégient dans leur approche autodidacte l’apprentissage par
tâtonnement, imitation et mémorisation. Les chanteurs n’utiliseront souvent que leurs
paroles comme support de mémoire, les guitaristes et les bassistes des tablatures ou un
aide-mémoire artisanal, les batteurs un plan du morceau etc. Lorsque nous arrivons au
moment où ces musiciens décident de se former dans une structure, ces différentes
personnalités et ces différentes histoires doivent se confronter et travailler ensemble, en
tenant compte du passif de chacun, pour aller vers des acquis communs. Comment alors
concilier des langages musicaux aussi différents que ceux dont nous avons parlé et parvenir
à une compréhension globale ? Comment faire comprendre à un guitariste qui a appris que
“si je mets mes doigts comme ça, ça sonne comme ça“ et un chanteur qui n’a conscience
que de ses mots qu’ils jouent la même musique ?
La recherche d’un langage commun à tous devient alors une nécessité afin de
pouvoir simplement se comprendre et prendre conscience de ce que l’on joue, pour enfin
apprendre véritablement la musique, car c’est bien là le but de la formation. Le tutorat
pédagogique que j’ai réalisé cette année au conservatoire d’Aix-en-Provence, dans la
classe de Thierry Riboulet, a donné lieu à de nombreux échanges avec les élèves à ce
propos. Un jour notamment, face aux difficultés des trois chanteurs à être justes sur un
chœur, et constatant qu’aucun d’entre eux n’avait écrit sa voix, Thierry leur tint le discours
suivant : « Quand on vous harcèle ici avec le fait d’écrire ce que vous faites, c’est de ça
qu’on parle. Vous ne pouvez pas vous contenter d’être juste chanteurs sans vous poser de
questions, ma concierge ou ma belle-mère peuvent, mais vous non. Il faut comprendre,
pour pouvoir vous en resservir plus tard, sinon il n’y a pas d’acquis ».
Lors d’une autre séance, un guitariste peinait à jouer un riff, car il l’avait mal
repiqué à l’oreille et se rendait compte qu’il ne sonnait pas bien, mais sans comprendre
pourquoi. Thierry a alors énoncé le constat que nous avons évoqué plus haut : « À la
guitare vous ne connaissez pas assez votre instrument, votre manche, vous ne savez pas
souvent ce que vous faites, ce que vous jouez… Tous les profs de guitare me le disent, il
faut le travailler ».
!31
Il semble alors que le premier lien à créer entre les musiciens est celui du langage
solfégique, afin que tous sans exception puissent utiliser un vocabulaire musical commun
et juste, et ainsi mieux comprendre l’intérêt du cours de formation musicale. Dans son
mémoire de DESS Management du Secteur Public, Collectivités et Partenaires, Dominic
Munari résume cette problématique et ses enjeux :
!32
III. Le support écrit : un moyen et non une fin
!33
1. Analogie avec la technique instrumentale
!34
important : la maîtrise la plus poussée de l’instrument permet au musicien de s’émanciper
et de ne se poser aucune limite technique dans le cadre de ses propres créations. Ainsi il ne
se trouvera jamais dans la situation frustrante où il est contraint d’abandonner ou modifier
une idée car elle est trop difficile pour lui en l’état.
Mais en dehors de ces situations très ciblées qui concerneront finalement bien peu
de musiciens sortant du conservatoire, puisqu’ils seront pour la plupart des amateurs, la
lecture à très haut niveau ne trouve pas de réelle justification en musiques amplifiées.
!35
L’utilisation de partitions et les connaissances théoriques qui les accompagnent
présentent des intérêts pédagogiques, comme nous avons pu le voir précédemment, car cela
permet tout bonnement aux élèves de comprendre ce qu’ils jouent, tout en instaurant un
langage commun à tous les instrumentistes, ce qui est une valeur ajoutée primordiale en
situation de travail collectif où le temps de répétition doit être optimisé. Ajoutons à cela le
fait que l’utilisation d’un langage commun permet encore de jouer avec d’autres musiciens
issus des musiques savantes dans des projets de croisements esthétiques ou autres. Les
résultats de l’enquête nous montrent que le panel est conscient de ces problématiques, et
que bien que la partition ne soit pas le support le plus utilisé dans la pratique personnelle,
la grande majorité des réponses dépeignent les divers intérêts qui lui sont portés :
!36
2. Les limites de l’écriture
Nous avons déjà évoqué précédemment les limites inhérentes au type de support
considéré : les tablatures ne donnent pas d’indication de hauteur, et rarement de rythme,
l’aide-mémoire est à l’appréciation du musicien et se résume souvent à une structure, le
lead sheet comporte parfois des erreurs et donne peu d’informations quant à
l’accompagnement mélodico-rythmique… autant d’éléments qu’une partition peut pour sa
part renseigner de manière précise, mais nous ne parlons ici que de notes, de rythme et
d’harmonie sans aborder les questions, cruciales en musiques amplifiées, de son, de
lutherie au sens large, de production et d’expression scénique.
Considérons par exemple le titre Inhaler (2013) de Foals, groupe anglais de rock
indépendant. La partie de guitare de l’introduction se noterait ainsi, puisque ce sont bien là
les notes et le rythme joués par le guitariste.
!37
sonore de base, qui donne l’illusion d’ajouter des notes à la ligne chaque fois qu’une
croche n’est pas attaquée.
S’il est toujours possible de noter un maximum d’éléments sous forme de texte en
première page de la partition, sous la forme d’une notice comme on peut parfois en
rencontrer en musique contemporaine par exemple13, cela surcharge beaucoup un
document qui doit rester succinct et lisible si on souhaite qu’il soit utilisé, sachant que dans
le cas d’Inhaler, d’autres sons complexes interviennent plus tard et vont demander à leur
tour une notice d’effets et modes de jeu. Il semble ainsi plus cohérent, rapide et
enrichissant de se baser sur l’enregistrement (autodidaxie, travail de l’oreille), ou de passer
par la transmission orale et l’imitation afin de faire un point culturel et matériel qui sera
bien plus profitable pour l’élève qu’une notice sans contextualisation.
Enfin, ni la partition ni aucun autre support écrit n’aborde l’aspect visuel, corporel
et scénique des morceaux. Pourtant il s’agit là encore un élément indissociable des
musiques amplifiées, qui ont pour chaque famille une imagerie et des codes esthétiques
dont il faut tenir compte. L’implication corporelle des musiciens de funk et soul, qui
suivent le groove, ou des musiciens de salsa qui opèrent des pas de danse en jouant, ou
encore le headbanging du musicien de metal participent du ressenti du public en l’incitant
à les imiter. L’écriture ne peut prendre en compte ces critères qui doivent être travaillés
13 cf : annexe 10
!38
collectivement et explicités oralement afin que les élèves ne perdent jamais de vue la
dimension scénique et festive de ces musiques. Sans cela ils risqueraient de ne pas être
assez impliqués et engagés physiquement lors des concerts de restitution qui ne seraient
alors plus que des auditions.
Chaque support écrit comporte donc des limites qui lui sont propres, ainsi que des
limites communes que seuls le passage par l’oralité et l’imitation peuvent dépasser, ce qui
est finalement rassurant pour ces musiques nées de cette même oralité et de l’autodidaxie !
Il apparaît ainsi qu’une pondération doit s’opérer en situation pédagogique, afin
d’optimiser le choix du type de support écrit en fonction du répertoire travaillé tout en
conservant un juste équilibre entre oral, écrit et imitation.
3. De la nécessaire pondération
Comment choisir le bon support écrit en séance de travail avec des élèves ? Faut-il
se raccrocher au contexte historique, travailler comme a pu le faire le groupe dont on
reprend un morceau ? Plus encore, l’écrit est-il toujours nécessaire ? Un entretien
téléphonique avec Laurent Colombani (D.E. de jazz, M.A.A. et F.M., professeur au Pôle
Supérieur Paris Boulogne-Billancourt, coordinateur du département M.A.A. au CeFEdeM
Île-de-France, aujourd’hui Pôle Sup’ 93, ainsi qu’au CRR de Cergy, et directeur
pédagogique de l’ATLA) le 1er février 2017 a orienté ma réflexion vers les pistes de
réponse suivantes :
14 cf : annexe 11
!39
Leadsheets et le Real Book sont de rigueur, la culture et de nombreuses écoutes permettant
aux musiciens de savoir comment construire leur accompagnement à partir des seuls
renseignements donnés par ce support (mélodie principale / thème et harmonie,
éventuellement mise en place). Le champ des musiques amplifiées est plus ambigu car des
esthétiques très écrites y côtoient des genres plus improvisés et de tradition orale. Ainsi la
structure du morceau annotée de quelques repères rythmiques et de la grille d’accords peut
s’avérer suffisante pour garder des repères dans de nombreux cas de musiques issues du
rock, de la pop, du funk… mais se montre trop limitée dès lors que l’on se trouve dans le
cadre d’un morceau arrangé/écrit, avec des mises en place communes, une structure ou des
chœurs complexes, ce qui est de plus en plus le cas dans les musiques d’aujourd’hui.
Plus il y a de morceaux à jouer, plus il est utile d’écrire. On peut travailler un set de
six morceaux simples par mémorisation, mais l’exercice est bien moins aisé lorsque l’on
dépasse la dizaine de titres, surtout si ces derniers sont très différents et plutôt complexes.
Le nombre de morceaux assimilables sans support varie bien sûr d’un musicien à l’autre,
mais il demeure toujours un point de rupture au delà duquel des supports sont nécessaires
durant la phase d’apprentissage et d’assimilation du répertoire, pour éviter toute saturation
de l’esprit.
!40
contestataire, qui s’est élevé contre toute forme de codification, il faut donc également
enseigner ce contexte et cet aspect social des musiques avant de les institutionnaliser. Enfin
il semble presque impossible de noter des informations musicales concrètes si l’on se
penche sur des esthétiques comme le drone où le travail de texture est extrêmement
présent, au point que les notes ne représentent pas plus de 5 % des données sonores d’un
morceau.
En effet elles sont par nature orientées uniquement vers les guitaristes et bassistes.
Il s’agit donc d’un support exclusif, ne laissant pas de place à l’utilisation d’un langage
commun, à moins que le musicien ne connaisse suffisamment son manche pour traduire
instantanément les numéros de cases en notes. Mais si tel est le cas, alors l’utilisation d’une
tablature n’a pas lieu d’être ! Guillaume Deveney souligne les faiblesses de ce type de
support dans son mémoire de thèse :
!41
puisqu’elle peut conforter l’élève dans l’idée selon laquelle la formation musicale est
superflue, mode de pensée qui va à l’encontre des directives ministérielles, et qui peut
aboutir à terme sur un abandon précipité par ce rejet de la formation musicale.
Les différents supports abordés trouvant chacun une forme de légitimité selon le
style abordé, tout en se montrant insuffisants dans certains cas, comment et pourquoi
concilier leur emploi dans une formation ?
Souvenons-nous des raisons qui poussent les jeunes élèves à suivre un cursus en
musiques amplifiées : ils sont très souvent déjà musiciens, majoritairement autodidactes,
ont parfois une pratique de groupe, et se retrouvent face à des questionnements : ils
stagnent mais sans comprendre ce qui leur manque. Ils recherchent donc un déclic, une
formation qui les fera avancer et leur donnera d’autres repères. Pour nous pédagogues, cela
revient à dire qu’il faut par dessus tout leur faire gagner du temps, car ce déclic peut très
bien s’opérer de lui-même, mais nous ne savons pas quand.
Si ce gain de temps est un luxe confortable pour l’élève, il n’est toutefois pas
indispensable. On pourrait alors argumenter du fait qu’au fond, notre action est superflue
puisque l’élève peut parvenir à surmonter seul ses difficultés en prenant son temps. Mais
ici intervient ce qui constitue à mon sens notre “vraie“ mission : la recherche d’une
autonomie de l’élève face à cette discipline. Notre but véritable est qu’une fois son cursus
terminé, au bout d’un, deux ou trois cycles, il puisse poursuivre sa pratique en tant
qu’amateur ou professionnel, en continuant de progresser par lui-même grâce aux outils
qu’il aura acquis durant son passage par l’institution. Plus encore qu’un bagage théorique
et pratique, c’est bien la transmission de méthodes de travail efficaces qui sera garante de
ce succès.
Il m’apparaît alors qu’en réalité tous ces types de supports écrits doivent donc être
abordés et maîtrisés par l’élève au cours de sa formation, car il pourra y être confronté dans
!42
diverses situations une fois sorti de l’école, et il devra alors être capable d’adopter la
méthode la plus optimale pour mener à bien ses projets. De la même manière, il faut que
soient abordés à part égale les autres modes de transmission non écrite qui constituent la
base historique des musiques amplifiées : l’oralité, l’improvisation, la mémorisation et
l’imitation, toujours dans cette idée d’inscrire l’élève dans une pratique exhaustive de sa
discipline.
Cette notion d’exhaustivité, qui va de pair avec l’adaptabilité, est pour moi
primordiale dans ces formations au sens où c’est en présentant à l’élève un maximum de
données différentes (esthétiques, méthodes de travail…) que l’on peut en faire un musicien
complet, à l’esprit ouvert et qui, ayant pratiqué et analysé un très large panorama des
musiques amplifiées, pourra véritablement y opérer des choix sincères afin de construire sa
propre pratique future.
!43
!44
Conclusion
L’histoire des musiques amplifiées en France a été forgée comme nous avons pu le
voir par la somme des pratiques, lieux, publics et enseignants qui y sont liés depuis leurs
débuts. À l’image des nombreuses esthétiques qui les caractérisent, le paysage
pédagogique des musiques amplifiées est aussi riche que complexe. Leur
institutionnalisation tardive et la nécessité qui en découle de prendre en compte les
directives ministérielles dans l’élaboration de plans de formation peuvent parfois mettre les
professeurs en porte-à-faux entre une forme de respect des traditions et de l’histoire de ces
musiques, basées depuis leurs débuts sur l’oralité et l’autodidaxie, et l’évolution vers un
enseignement plus balisé et en adéquation avec le fonctionnement et les exigences d’un
conservatoire.
Les divers points et questions explorés durant cette étude nous ont montré que les
différents modes de transmission écrite peuvent tout à fait trouver leur place dans la
pédagogie des musiques amplifiées, pour peu qu’on les choisisse avec cohérence, variété et
exhaustivité. Ils trouvent toutefois leurs limites dans certaines situations que seules l’oralité
et l’imitation peuvent éclairer, notamment pour tout ce qui concerne les questions sonores
et scéniques, indissociables de la musique elle-même dans cette discipline.
!45
Et il faut insister ici une dernière fois sur le fait que les supports écrits ne
constituent véritablement que des outils de travail et non pas un objectif de la formation,
laquelle vise à rendre les jeunes musiciens autonomes et à leur transmettre le goût de la
scène. Or une fois sur scène ils ne compteront plus que sur leur mémoire, leur sens
artistique et leur travail personnel pour proposer un concert de qualité, les supports étant
alors assimilés et absents, restés au stade des séances de travail individuel et collectif.
!46
Bibliographie
AUDUBERT, P. [et alli] (2012), Enseigner les musiques actuelles ? RPM éditions, Mantes-
la-Jolie, 128p.
CHAMBRIER, V. [et alli] (2011), Les pratiques amateurs en musiques actuelles dans la
métropole Lilloise, le dispositif Tour de Chauffe 2011, http://www.ara-asso.fr , 24p.
DELHOUME, M. [et alli] (2009), Les Guides de l'ORCCA : Les musiques actuelles,
www.orcca.fr , 51p.
!47
PERRENOUD, M. (2004), “Terrains de la musique“. Anthropologie sociale des musiques
actuelles, Volume ! 3 : 1 Le savant à l’épreuve du populaire / musiques électroniques, 58p.
ROUX, C. (1999), L'écrit et l'oral dans les situations d'apprentissage musical, mémoire
professionnel du diplôme d'état, Cefedem Rhône-Alpes, 26p.
SALÈTES, M. (2010), Sur quels principes fonder l'enseignement des Musiques Actuelles
Amplifiées et comment lui associer les valeurs des scènes indépendantes ?, mémoire
professionnel du diplôme d'état, Cefedem Rhône-Alpes, 38p.
WANDLER, M. (2008), L'Équilibre à adopter entre oral et écrit dans les situations
d'apprentissage instrumental, mémoire professionnel du diplôme d'état, Cefedem
Bretagne-Pays de la Loire, 25p.
!48
Annexes
!49
1. Questions du sondage Transmission écrite et musiques amplifiées, mené du 15
décembre 2016 au 10 janvier 2017 et ayant reçu 289 réponses
Julien Lamarre
*Obligatoire
12 - 17 ans
18 - 24 ans
25 - 34 ans
35 - 44 ans
45 - 54 ans
55 ans et plus
Musicien(ne) amateur
Musicien(ne) professionnel(le)
Élève en conservatoire
Élève en école de musique
Enseignant(e) en conservatoire
Enseignant(e) en école de musique
Autre :
La voix
La guitare
La basse
La batterie
Les claviers
Les instruments M.A.O.
Autre :
!50
Moins de 5 ans
5 - 10 ans
10 - 15 ans
15 - 25 ans
Plus de 25 ans
Par vous-même
Avec un professeur spécialisé
Avec un ainé
Autre :
Toujours
Le plus souvent
Occasionnellement
Rarement
Jamais
Autre :
Autre :
!51
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Très
Excellent
mauvais
10. Sur une échelle de 0 à 10, où situez-vous votre niveau de lecture (sur portées)? *
Une seule réponse possible.
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Inexistant Excellent
11. Sur une échelle de 0 à 10, où situez-vous votre niveau d'écoute (oreille)? *
Une seule réponse possible.
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Très
Excellent
mauvais
Rock et dérivés
Jazz et dérivés
Chanson
Pop
Folk
Bluegrass / Country
Metal et dérivés
Musiques électroniques
Hip-hop et dérivés
Reggae et dérivés
Musiques afro-américaines (funk, soul, motown etc...)
Autre :
!52
13. Pour vous, l'utilisation de partitions en musiques amplifiées a une utilité... (plusieurs
réponses possibles) *
Plusieurs réponses possibles.
Autre :
14. Si vous êtes enseignant, avez-vous l'habitude de faire travailler vos élèves ... (plusieurs
réponses possibles)
Plusieurs réponses possibles.
Autre :
15. Si vous n'utilisez pas de support écrit dans le cadre de votre travail personnel,
envisagez-vous de le faire plus tard ? (plusieurs réponses possibles)
Plusieurs réponses possibles.
Autre :
!53
16. Parmi ces affirmations, lesquelles vous correspondent le plus ? (plusieurs réponses
possibles) *
Plusieurs réponses possibles.
Les musiques amplifiées ont une histoire liée à l'oralité, cela fait partie de leurs valeurs qu'il
faut respecter
Comme les autres musiques occidentales, elles peuvent s'ecrire sur partition et s'enseigner
de cette façon.
C'est collectivement qu'on apprend le mieux, qu'importe le support.
Il est important qu'en situation de travail, chacun parle le même langage musical quel que
soit son instrument.
La partition ne peut pas contenir toutes les informations nécessaires.
La partition est le support écrit le plus précis pour noter la musique.
Plus les informations notées sont claires et précises, plus on gagne de temps.
Le passage par l'écrit fige les choses et empêche la spontanéité.
Le passage par l'écrit est une étape de travail importante.
Plus on a de connaissances, plus on est libre.
On peut très bien vivre une vie de musicien accompli sans savoir lire.
Autre :
17. Vous pouvez si vous le souhaitez en dire plus sur vous, votre profil, vos activités etc... Et si
ce questionnaire vous a amené(e) vers des questionnements nouveaux.
Fourni par
!54
2. Résultats du sondage Transmission écrite et musiques amplifiées, mené du 15
décembre 2016 au 10 janvier 2017 et ayant reçu 289 réponses
julamarre0@gmail.com
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Résumé
Musicien(ne)…
Musicien(ne)…
Élève en con…
Élève en éco…
Enseignant(e…
Enseignant(e…
Autre
0 40 80 120 .
La voix
La guitare
La basse
La batterie
Les claviers
Les instrume…
Autre
0 30 60 90 120
!55
La voix 88 30.4 %
La guitare 137 47.4 %
La basse 71 24.6 %
La batterie 55 19 %
Les claviers 57 19.7 %
Les instruments M.A.O. 36 12.5 %
Autre 40 13.8 %
Par vous-même
Avec un profe…
Avec un ainé
Autre
D'aide-mémo…
De partitions…
De partitions…
De tablatures
!56
Je n'en ai pa…
Je n'en ai pa…
J'improvise…
Ça ne m'aide…
Quelqu'un m'…
Autre
0 10 20 30 40
40 5 37 12.8 %
20
6 56 19.4 %
7 93 32.2 %
0
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 8 45 15.6 %
9 18 6.2 %
Excellent : 10 9 3.1 %
Sur une échelle de 0 à 10, où situez-vous votre niveau de lecture (sur portées)?
Inexistant : 0 25 8.7 %
40
!57
1 31 10.7 %
2 31 10.7 %
3 40 13.8 %
4 34 11.8 %
5 31 10.7 %
6 18 6.2 %
7 22 7.6 %
8 28 9.7 %
9 15 5.2 %
Excellent : 10 14 4.8 %
45 3 15 5.2 %
30 4 17 5.9 %
15
5 28 9.7 %
6 28 9.7 %
0
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 7 67 23.2 %
8 71 24.6 %
9 32 11.1 %
Excellent : 10 26 9%
Rock et déri…
Jazz et déri…
Chanson
Pop
Folk
Bluegrass /…
Metal et dér…
Musiques él…
Hip-hop et…
Reggae et…
Musiques a…
Autre
!58
Folk 79 27.3 %
Bluegrass / Country 29 10 %
Metal et dérivés 83 28.7 %
Musiques électroniques 71 24.6 %
Hip-hop et dérivés 56 19.4 %
Reggae et dérivés 56 19.4 %
Musiques afro-américaines (funk, soul, motown etc...) 106 36.7 %
Autre 21 7.3 %
Nulle, ce n'e…
Faible, cela c…
Pédagogique…
Historique, c…
Professionne…
Polyvalente,…
Autre
0 40 80 120 160
Si vous êtes enseignant, avez-vous l'habitude de faire travailler vos élèves ... (plusieurs
réponses possibles)
Sur partitions…
Sur partitions…
Sur partitions…
À la mémoire…
À la mémoire…
Autre
0 15 30 45 60 75
!59
Si vous n'utilisez pas de support écrit dans le cadre de votre travail personnel,
envisagez-vous de le faire plus tard ? (plusieurs réponses possibles)
Oui, ça m'aide…
Oui, j'aimerais…
Autre
0 10 20 30
Les musiqu…
Comme les…
C'est collect…
Il est import…
La partition…
La partition…
Le passage…
Le passage…
Plus on a d…
On peut trè…
Autre
0 40 80 120 160
Les musiques amplifiées ont une histoire liée à l'oralité, cela fait partie de leurs valeurs qu'il faut respecter 83 28.7 %
Comme les autres musiques occidentales, elles peuvent s'ecrire sur partition et s'enseigner de cette façon. 97 33.6 %
C'est collectivement qu'on apprend le mieux, qu'importe le support. 145 50.2 %
Il est important qu'en situation de travail, chacun parle le même langage musical quel que soit son instrument. 142 49.1 %
La partition ne peut pas contenir toutes les informations nécessaires. 110 38.1 %
La partition est le support écrit le plus précis pour noter la musique. 82 28.4 %
Plus les informations notées sont claires et précises, plus on gagne de temps. 100 34.6 %
Le passage par l'écrit fige les choses et empêche la spontanéité. 62 21.5 %
Le passage par l'écrit est une étape de travail importante. 79 27.3 %
!60
3. Exemples d’aide-mémoires pour This Love de Maroon 5
élève 1
Scanned by CamScanner
!61
élève 2
!62
élève 3
Scanned by CamScanner
!63
4. Exemple de tablature pour This Love de Maroon 5
[INTRO]
(fills!)
Guitar1: I II I
e|-7-7-X7--7-------8-8-X8--8-------8-8-X8--8-------7-7-X7--7-------|
B|-6-6-X6--6-------8-8-X8--8-------9-9-X9--9-------6-6-X6--6-------|
G|-7-7-X7--7-------8-8-X8--8-------8-8-X8--8-------7-7-X7--7-------|
D|-----------------------------------------------------------------|
A|-----------------------------------------------------------------|
E|-----------------------------------------------------------------|
[VERSE]
Guitar1:
e|-7-7-X7--7-------8-8-X8--8-------8-8-X8--8-------7-7-X7--7-------|
B|-6-6-X6--6-------8-8-X8--8-------9-9-X9--9-------6-6-X6--6-------|
G|-7-7-X7--7-------8-8-X8--8-------8-8-X8--8-------7-7-X7--7-------|
D|-----------------------------------------------------------------|
A|-----------------------------------------------------------------|
E|-----------------------------------------------------------------|
[CHORUS]
Guitar1:
e|-8-8-X8--8-------6-6-X6----------8-8-X8--8-------6-6-X6----------|
B|-8-8-X8--9-------6-6-X6----------8-8-X8--9-------6-6-X6----------|
G|-8-8-X8--8-------7-7-X7----8-X8--8-8-X8--8-------7-7-X7----8--9--|
D|-1010X10-10------8-8-X8----------1010X10-10------8-8-X8----------|
A|-1010----8-------8-8-X8----6-----1010X10-8-------8-8-X8----6--7--|
E|-8-8-------------6-6-X6----------8-8-X8----------6-6-X6----------|
*these are 10's not 1's and 0's.
Guitar1:
e|-8-8-X8--8-------6-6-X6----------8-8-X8--8---8-------------------|
B|-8-8-X8--9-------6-6-X6----------8-8-X8--10--10--1313X13-12------|
G|-8-8-X8--8-------7-7-X7----8-X8--8-8-X8--8---8---1111X11-10------|
D|-1010X10-10------8-8-X8----------1010X10-10--10--1313X13-12------|
A|-1010----8-------8-8-X8----6-----1010----8---8---1111X11-10------|
E|-8-8-------------6-6-X6----------8-8-----------------------------|
!64
[BRIDGE]
e|-8---------------6-------------------------------8---------------|
B|-9---------------8---------------12--------------8---------------|
G|-8---------------7---------------10--------------8---------------|
D|-10--------------8---------------12--------------10--------------|
A|-8---------------6---------------10--------------10--------------|
E|-------------------------------------------------8---------------|
e|-8---------------6-----------------------------------------------|
B|-9---------------8---------------12------------------------------|
G|-8---------------7---------------10------------------------------|
D|-10--------------8---------------12------------------------------|
A|-8---------------6---------------10------------------------------|
E|-----------------------------------------------------------------|
e|-----------------------------------------------------------------|
B|-----------------------------------------------------------------|
G|-8-8-X8--8---8-8-8-8-X8----8--8--8-8-X8--8---8-8-8-8-X8----8--8--|
D|-----------------------------------------------------------------|
A|-----------------------------------------------------------------|
E|-----------------------------------------------------------------|
!65
5. Exemple de grille d’accords pour There Will never Be Another You
Scanned by CamScanner
!66
6. Exemple de grille d’accords moderne pour This Love de Maroon 5
G7 Cm7
I was so high I didn't recognize
Fm7 G7
the fire burning in her eyes, the chaos that controlled my mind....
G7 Cm7
whispered goodbye as she got on a plane
Fm7
Never to return again
G7
But always in my heart
Chorus
------
Cm Fm Bb Eb
This love has taken its toll on me
Cm Fm Bb Eb
She said Goodbye too many times before
Cm Fm Bb Eb
And her heart is breaking in front of me
Cm Fm Bb Ab G
I have no choice cause I won't say goodbye anymore
Cm, Fm, G7
Verse 02
--------
G7 Cm7
I tried my best to feed her appetite
Fm7
Keep her coming every night
G7
So hard to keep her satisfied
G Cm7
Kept playing love like it was just a game
Fm7
Pretending to feel the same
G7Then turn around and leave again
(oh!)Chorus------
Cm Fm Bb Eb
This love has taken its toll on me
Cm Fm Bb Eb
She said Goodbye too many times before
Cm Fm Bb Eb
And her heart is breaking in front of me
Cm Fm Bb Ab G
I have no choice cause I won't say goodbye anymore
!67
7. Exemple de lead sheet pour There Will Never Be Another You
!68
8. Exemple de partition de guitare pour This Love de Maroon 5
This Love
Maroon 5
q = 96
Intro
b4
& b b4 ∑ ∑ ∑ ∑
G C-
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9. Partition de la Black Page #2 de Frank Zappa
Guitare électrique
The Black Page #2
Frank Zappa
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2 œ Guitare électrique
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10. Notice explicative pour La Cité des saules, de Hugues Dufourt (1997)
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11. Grille d’accompagnement en Nashville Number System
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