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Honoré Giacometti.

L’adolescent qui venait tout juste de fêter ses 16 ans, descend d’un pas hésitant du tramway
dans ce lieu encore inconnu et assombri où les premières lumières publiques ne tarderaient
pas à s’allumer.
Cette année 1954 était l’une des plus froides que l’on ait connue depuis des décennies, et ça,
Bruno l’avait entendu quelques heures plus tôt, lors du repas d’anniversaire auquel il faisait
semblant de participer pour plaire à sa maman et à sa grand-mère qui s’étaient privées pour
lui offrir son gâteau préféré. C’est au cours de ce repas festif qu’il a pris cette décision un peu
irréfléchie, de venir ici, à Paris.
Arrivé jusqu’ici sans réelle planification, il se mordit la lèvre en pensant à son accoutrement
et à la pulsion qui l’avait poussée à venir chercher celui qui avait écrit cette lettre…
Dans la précipitation, il avait gardé ses habits du dimanche, sur lesquels il avait enfilé gants
usés et bonnet tricoté par sa grand-mère. Seul son cardigan au col remonté lui donnait une
allure de jeune homme chic.

Les lampadaires diffusaient une lumière blafarde et soudain, l’assurance qui l’avait conduit à
sauter dans ce tramway direction l’arrêt n°78, commençait à s’estomper pour laisser place à
l’inquiétude. Seul un square semblait être attractif car bien éclairé et sauf une voiture garée,
tous feux allumés de l’autre côté de la route, le quartier était quasiment désert.
Pour autant, Bruno savait que derrière l’une de ces modestes habitations, celui qu’il était
venu chercher était sans doute là. Pour se donner de l’assurance, il sera très fort le papier
qu’il tenait dans la main comme seule preuve de sa démarche.

Il entra dans un square et s’assit sur un banc car il avait besoin de réfléchir.
Il n’y avait pas âme qui vive aux alentours, il entama alors une longue réflexion qui fut
seulement interrompue, par une voiture qui passa à côté de lui.
Il fallait qu’il prenne une décision car il avait de plus en plus froid…

L’adresse était écrite au dos de la carte froissée qu’il tenait fermement dans sa main.
Il aperçut alors une cuisine éclairée avec des gens attablés.
La seule solution s’offrant à ses yeux était qu’il aille toquer à une porte pour demander de
l’aide.
Mais à quelle porte toquer ?

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