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! COLONIES [célébration d'un centenaire Lémission du Centenaire de P’Algérie : une réussite esthétique qui mérite beaucoup mieux Relativement recherchée aujourd'hui, la série du Centenaire ne cote que 140 euros. Destinée aux collectionneurs, elle n'a pour ainsi dire pas du tout servi sur le courrier. Cette déficience postale semble encore lui coller au dos, plus de 70 ans apres. Cela semble injuste d@autant plus que certaines émissions tout aussi philatéliques ont connu de meilleurs destins. 78 ~ Septembre 2002 - Tiwares wacazme as n cette fin des années 1920, Ja mode est aux grandes célébrations, aux exposi- tions gigantesques, aux importantes manifestations populaires et cultures. Grande puis- sanct européenne, la France est égale- ment une grande puissance coloniale aqui sime & le dire sinon a le répéter ses voisins. Des lors, toute opporcunité est bonse & sasit. En 1927, tandis que le rmaréchal Lyautey est nommé & la téte du commissariat général de la fucure grande exposition coloniale qui doit se tenir & Paris en 1931, de autre cbté de Ja Méditerranée, on commence 2 réflé- chir& ce que seront les grandes mani- festations lies & la célébration du cen- cenaire dela conquéte de Algérie. Les discussions vont bon train au Conseil supérieur de gouvernement de TAlgrie et, en novembre 1928, finisent par ta plus bole ds voit de cee ‘série le centre renversé du 5 francs coté 690 euros qui ne ecko aaa aboutir® un projet de li « autorisant ‘mission de timbres poste pécanee». Dans Jes grandes lignes, le projet consiste & émertre une série de quatorze timbres, de5.c 10 F done ereze seraient vendus au double de leurs valeurs faciales. Cette série trée 8 100 000 exerplaires (auf le 10 francs) aurait une durée de validité limisée et le produit de a surtaxe serait directement veré 4 la aisse de clébrar tion du Centenaire de TAlgrie. Le gou- verneur général, Pierre Louis Bordes, fait finalise le projec et rédige un texte de loi quil soumet pour approbation & sa hidrarchie, Cest-dire au ministre de Pincérieur qui, & Tépoque, a la charge des Affaires algriennes. Sil est tout fait d'accotd sur le principe de Pémission, ce demiersadresse rout de ‘méme au sous-secrétared’Erat aux PTT en lui transmettant le projet de loi afin uil lui fasse part de ses remarques éven- tues. Aprés consultation de ses ser- vices, le soussecréaire d'Btat répond courant janvier 1929 en faisant valoir quelques point de détails comme : les chiffres de tirage nlont pas besoin de figurer dans le texte de loi; ne pas limi- ter la durée de validité pour « rendre ‘mission plus atsrayante aac yeu du public philaélite » ; ne pas mentionner le timbre de 10 francs qui ne supporte pas de surtae ; réduire le prix de Ia série principale (hors 10 francs) qui semble eleve (30 francs de 1929 représentent un petit peu plus de 14 curos). Et le sous- secréaaire d'Etat de conclure : « Jajoute aque ces divers consdératonsniont gue la valeur de simples avis, la décision défnit- ve appartenant, en Tespice, & Monsieur le Ministre de Uniérieur de qui rele Vad- ministration générale de 1 Algérie.» La dé&cision definitive sera effectivement prise parle ministre de Ineérieur qui sui- ‘ran tout point son gouverneur général, (Micscae Lepart diger autrement di, aucun des points soul ‘gnés par les PTT ne sera pris en compte Le décret défnitif autorisant lémission cst donc signéle 15 mars 1929. Recherchée, la trés jolie carte-maximum réalisée pour le 10 francs. Une émission de prestige Bénéficiant de toute laticude, les orga- nisateurs du Centenaite choi @@ @ Les ruines de Djemila TieRes necazme - Septembre 2002 - 79 COLONIES @@6 sissent un mode impression noble pour leurs timbres, Ia. calle- douce, et décident d’en confer la réali- sation & Institut de Gravure & Pais. Le résultar est des plus lateurs ec regoit un bon accueil de la pat des observareurs. La série est mise en vente par souscrip- tion le 1* octobre 1929 ; la date limite de la dite souscription est fixée au 31 décembre 1929 ; les timbres deve- rant valables. pour Paffranchissement ds le lendemain, 1" janvier 1930. Si les qualités esthétiques de la sétie sont indiscutables? son succes auprés des philatélistes est pour le moins imitigé. Les collectionneurs en ont vrai- semblablement jugé le prix trop dlevé ‘Au mois de mars alors que la souscrip- tion close depuis longtemps, le gouver- rneur fait les comptes et constate « que ‘cette émision nia pas éxé completement ‘coucverte et un nombre important de series cat encore disponible.» I imagine méme tun stratagtme qui fui permectrait de vendre le reliquat de séries invendues : les surcharger de la mention « 14 juin 1930 », anniversaire de entrée des Frangais en Algétie. Pour cela, il fac Si les qualités esthétiques de la série sont indiscutables, son succes auprés des philatélistes est pour le moins mitigé Is en ont vraisemblablement jugé le prix trop élevé valoir Particle 2de Parrétéincerministé- rick du 15 mai 1925 « portant création de timbresposte et autres valeurs fidu- ciaires postales it Fusage special de U’Algérie (qui stipule que les créations, suppresions ou modifications de figurines nécesittes Un souvenir canfectionné par un collectonneur le jour de inauguration de exposition dAlger le 4 mai 1930. Uémission du centenaire est au comple it ‘ne manque que le 10 francs. £80 - Septembre 2002 - Taraves macazwne ‘par les besoins de service, seont dévidées ‘par le Gouverneur général de VAlgérie.» « La surcharge propose, ajoute-cil, et une modification des figurines erés; dans ces conditions, wn simple arrété paral suf- sant. pour autoriser la surcharge pro- “posee, Etat donne ta proximteé dela date de Vanniversaire, cette proposition rédui- rat le délai des formalités a remplir » Larété est tout prét, la quantité de timbres surcharger est précisée (40 000 séries) mais il manque toutefois Vaval du. ministre de Vintéricur. Le 7 juillet 1930, le Gouverneur sadresse au ministre des PTT pour « envisager la posite de faire insérer ax bulletin offi- ciel des PLT. une note concernant la mise cen circulation et la vente des figurines dont il sagin » initiative du gouverneur ne suscite pas Vadhésion tant aux PTT que chez les collectionneurs. Début octobre, le gou- vyerneur fait savoir quil a décidé d'aban- donner a réalisation de son projet : olla tout liew de supposer da reste que a receite it provenir de cette opération ne fora pas defau & la Caisse de Céébration ‘du Centenaire, la liquidation en cours, permettant dores et déja, descompter la possbilité de faire face a toutes les ddépenses engagies.» Vente trés limitée & Paris Curieusement, cest le commissaire général du Centenaite de I vvaérre A Forigine de cette ii tun courtier quil adresse le 21 octobre au directeur des Postes & Alger, il demande sil ne pourrait pas étre envi- sagé de vendre les timbres en métropo- le et plus particulitrement & Paris. En effet, il aurait &€ alerté par des collee- tionneurs parisiens ayant rencontré des difficultés pour se procurer Ia sé ‘méme au Carré Matigny ! ‘Une demande est donc adressée& Paris qui y répond favorablement le 12 novembre 1930 et en profite néan- moins pour demander la régularisation des pratiques commerciales en vigueur «A cette occasion, je ers devoir vous signaler que la vente des timbres poste adgbriens au guichet spécial dela rue ds Lowore a, jusqu'a préent, été assurde sans ‘aucune rémunération, contrairement i ce (qui se pase pour ls valeurs tunisennes et rarocaines pour lequelles une remise de 196 sur la valeur d'ffranchisement ext sabandonnde a UAdminisration métropo- itaine. Le non-versement de cete remie par TAlgérie se jusifait & Uépoque ot voir service vendat de son cOté au public calgérien des timbres métropolitains : on pouvait admesire guil y avait équivalen- ce iu service rendu, Ces é1as de choses ayant pris fin en 1927, Je wous prie de vouloir bien examiner la ‘possbilité de concéder & mon® La mosquée dAlger Tlemcen 100 exemplires supplémentaires de non dentelés sur sole ont également été donnés ou Comité dforganisation, Le 10 frencs Port dAlger en 1830, le timbre hors série Eis spécialement pour exposition philatélique dAlger, ce timbre était en ‘éalité vendu 20 francs, les 10 frones supplémentaires se justifant par le ticket c'entrée dans la dite exposition. Contrairement aux autres timbres de la série, son trage intial nest que de 50 000 exemplaires Comme rous avez certainement da le voir, les catalogues distinguent ceux dentelures pour cete figurine dessinée per Verecque:11 et 12 ¥ A Forigine, les 50 000 exemplaires resus par les orgonisateurs étaient dentelés 12 Vs. Or en ls dstribuant, on s'est apercu que certains étaient waiment trés mal centrés. Des réclamations furent adressées aux ‘organiscteurs et ces derniers demandérent & ‘ce quiun trage supplémentare soit réalisé. Linsttt de Gravure elfectua ce retirage mais utiisa un peigne différent pour a perforation qui donna une dentelure de 11. Léchange des timbres fautés fut effects (les collectionneurs eurent la possibilité d'&changer leurs timbres Jusqu’ la fn juin). {La vente totale des 10 francs serit de fordre de 45 000 exemplaires et on considére qu'il existe cutant de dentelés 12 ¥s que de dentelés 11, cestc- dire 22 500 de chaque. En revanche, on peut légitimement s‘étonner que, plus de 70 ans aprés son émisson, ce tinbre ne cote uére que 20 euros & Fétot nevt A méditer. Le 10 francs est également conny ‘non dentelé. Le Comité organisation en a recu dix feuilles (500 exemplaires) rnon gommées, i! convient de le réciser Tmares uxcazme - Septembre 2002 - 81 COLONIES © 0 Adminisrration, & dater di I" jan- vier prochain, une remive de 1 % sur es ‘figurines vendues pour le compte de votre service. » Le Gouverneur général accepte la demande et ordonne:lenvoi de séries du Centenaire Paris vers la fin du mois de novembre. La cléture de la vente en Algérie et la démonétisation de lasérie& partir du I" févtier 1931 nfont pas favorisé les ventes en métropole : au tora, le nombre de séres vendues (hors 10 francs) seve & 44 909 séties. (On ignore le nombre de série’ vendues & Paris, quia sans aucun doute été inf- me, fait que Von peut expliquer par absence de communication au public. Reste qufavec moins de 50 000 séties vvendues & l'époque et en tenant comp- te de la déperdition naturelle des timbres depuis 70 ans, I'émission du Centenaire reste une série majeure de Valbum de Algérie qui devrait étre mieux cote quelle ne Test aujour- hui. Ne parlons pas des timbres sans chacaidres qui sont extrémement peu courants et quil convient de faire expertiser avant toute acquisition. Alors avis aux trés nombreux collec | tionneurs de timbres d’ Algérie, ne las- sex pas cette série vous échappe lors Nos as Raags la il quelle vous est proposée, . Germain Martin est daté du 20 septembre ‘Michel Melot 1929 (© Musée de la Poste). Le Centenaire vu de métropole Si les organisateurs du Centenaire de IAlgérie ‘ont vu les choses en grand, lAdministration des PTT de métropole considére cette ‘manifestation avec plus de modestie et décide cd’mettre un unique timbre, la Mosquée des Pécheurs dessiné par Brouty et gravé par Hourriez, autrement dit a reprise du timbre {grand format de la série courante algérienne. lEmis le Ter janvier 1930, daté d'une faciale de 50 c (tarf de fa letire simple) sera retré de la vente le Ler juillet de la méme année. CContrairement & ses homologues algériens, on re lui connate pas la variété dite « 5éme ‘arbre » En revanche, linscription « ALCERIE » ‘u lieu d' « ALGERIE » lui confére une belle plus value de 4 000 % ! Ta date du 3 octobre 1929 (« Musée de la Poste) 182 - Septembre 2002 - Tivaes micazwe

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