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RESUME suivi de DISCUSSION

La littérature raconte des histoires pleines de suspense, de voyages, et les romanciers y ont tous
les droits. Ils peuvent nous emmener au IVème siècle dans l’Alexandrie ou sur la planète Mars dans 300
ans. Ces récits nous amusent ou nous émeuvent, certains nous effraient ou nous indignent. Il en est
aussi qui plongent dans une profonde perplexité. C’est le cas de Futility, un roman de Morgan
Robertson.
À vrai dire, personne ne s’intéresse à l’histoire de ce roman de gare. Ce qui a frappé lecteurs et
critiques et permis à ce livre d’être réédité sans interruption depuis plus d’un siècle, ce sont cinq
pages exceptionnelles dans lesquelles le lecteur fait la connaissance du Titan, le plus grand des
transatlantiques, le plus moderne et le plus rapide de tous les temps. Son luxe est inégalé ; il offre à
ses passagers confort et distractions. Il dispose même de deux orchestres. Constructeur et armateur
le donnent pour insubmersible, grâce aux matériaux utilisés pour sa construction et à ses
équipements les plus modernes du moment. Par une journée brumeuse d’avril, le merveilleux
paquebot fonce à 25 nœuds dans l’Atlantique Nord. Et tout à coup, un cri : « de la glace, hurlait la
vigie, droit devant, un iceberg ! » On vit à travers le brouillard un champ de glaces qui se dressait à
trente mètres de haut. Le superbe paquebot se déchire le flanc sur l’iceberg, les cloisons étanches
sont débordées, le naufrage se produit dans un chaos indescriptible. Les victimes sont très
nombreuses car il n’y a sur le bateau que 24 canots de sauvetage pour 3000 personnes. Le lecteur
aura reconnu la catastrophe maritime la plus célèbre au monde, celle du Titanic. Des livres lui ont été
consacrés mais à quoi celui de Robertson doit-il sa célébrité au point d’être constamment réédité ?
L’extraordinaire, dans Futility, c’est qu’il a été publié à New York en 1898, et que le Titanic a coulé
dans la nuit du 14 au 15 avril 1912. Le romancier américain raconte donc le naufrage qui se produira
quatorze ans plus tard par de nombreux détails anticipés avec une étonnante precision. Il en existe
d’autres... Jules Verne a raconté Un voyage vers la Lune dans des conditions qui annoncent Apollo 11.
Plus près de nous, Tom Clancy est devenu célèbre pour avoir décrit dans Dette d’honneur, publié en
1994, un attentat semblable à ceux auxquels le monde entier assistera le 11 septembre 2001. « Près
de 300 tonnes d’acier et de kérosène percutèrent la façade du bâtiment à une vitesse de 550 k/h »
avait-il écrit.
Comme on le voit, les artistes ont une sensibilité supérieure à la moyenne de leurs concitoyens ;
ils accumulent les observations et repèrent ces « signaux faibles » qui nourrissent leurs œuvres. Une
autre explication est celle des univers parallèles, notion empruntée à la physique quantique qui
formule l’hypothèse que nous vivons dans un univers en division permanente et qu’il en existe une
infinité d’autres, dans lesquels nous avons de multiples doubles à qui chacun de nos choix fait
prendre des orientations différentes. De très rares personnes – le plus souvent des artistes ou des
écrivains – ont l’occasion de passer, par le plus grand des hasards, d’un univers à un autre. Si on
l’accepte, cette clef des univers parallèles permet de comprendre aisément cette énigme dont seuls
les artistes savent saisir les mécanismes.
Par conséquent, politiciens et savants ne peuvent pas seulement être frappés par l’écart entre la
reconnaissance générale des capacités anticipatrices de la littérature et le fait que les écrivains ne
soient à aucun moment associés à la conduite des affaires publiques et scientifiques, ou au moins que
leurs œuvres ne soient jamais étudiées dans les ministères avec toute l’attention qu’elles méritent.
Marc MOUSLI, Les romans prémonitoires, janvier 2017.
Résume ce texte entre 95 et 115 mots.
Discussion.
Marc Mousli se désole que “les écrivains ne soient à aucun moment associés à la conduite des
affaires publiques et scientifiques”. Vous expliquerez d’une part pour quelles raisons les écrivains sont
autant méprisés par les politiciens et des scientifiques. D’autre part, vous démontrerez pourquoi et
comment cette République des Lettres dont rêve Mousli serait bénéfique pour l’humanité.

DISSERTATION.
Léopold Sédar Senghor se demande : “pouvais-je rester sourd et silencieux à tant de souffrance” ?
Vous expliquerez d’abord pourquoi, quand les circonstances du moment l’exigent, des poètes se montrent
littéralement concernés par le sort de l’humanité souffrante. Vous prouverez ensuite qu’il existe d’autres
poètes qui, au même moment, prouvent leur total désintéressement aux affaires publiques. Vous définirez
enfin que, quelle que soit son orientation, la poésie est avant tout une affaire de texte bien soigné.

COMMENTAIRE DE TEXTE

CELUI QUI A TOUT PERDU


Le soleil riait dans ma case
Et mes femmes étaient belles et souples
Comme des palmiers sous la brise du soir
Mes enfants glissaient sur le grand fleuve
Aux profondeurs de mort
Et mes pirogues luttaient avec les crocodiles
La lune, maternelle, accompagnait nos danses
Le rythme frénétique et lourd du tam-tam
Tam-tam de la Joie, tam-tam de l’insouciance
Au milieu des feux de liberté

Puis un jour, le silence


Les rayons du soleil semblèrent s’éteindre
Dans ma case vide de sens
Mes femmes écrasèrent leurs bouches rougies
Sur les lèvres minces et dures des conquérants aux yeux d’acier
Et mes enfants quittèrent leur nudité paisible
Pour l’uniforme de fer et de sang
Vous n’êtes plus, vous aussi
Tam-tam de mes nuits, tam-tam de mes pères
Les fers de l’esclavage ont déchiré mon cœur
David Diop, Coups de pilon, 1956.

Dans un commentaire composé, vous pourrez montrer d’une part l’évolution de la nature d’une part puis celle
de l’humeur des membres communautaires d’autre part, grâce notamment à certains procédés esthétiques
(figures de style, types de texte, champs lexicaux, temps verbaux…)

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