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Chapitre 3
Chapitre 3
L’auteur ne se doutait pas que son article de jeunesse publié en 1952 dans le Journal of Finance,
puis développé dans un livre paru en 1959, Portofolio Selection : efficient diversification, jetterait les
bases de la théorie moderne du portefeuille et de son utilisation par un grand nombre de
praticiens.
1. Hypothèses du modèle
La construction du modèle de Markowitz repose sur les hypothèses suivantes :
- Les investisseurs sont rationnels et se comportent de manière à maximiser leur utilité avec
un niveau donné de rendement.
- Les investisseurs ont le libre accès à des informations exactes sur le rendement et le risque
des titres.
- Tous les investisseurs sont de petites tailles ; nul ne pourra ainsi influencer le cours d’un
titre.
- Les investisseurs font leurs choix en se basant uniquement sur les deux paramètres : la
moyenne et la variance des rendements. D’où le nom de l’approche moyenne-variance).
- L’équilibre traité dans le modèle est un équilibre statique. En effet, Markowitz suppose
que l’horizon d’investissement ne dure qu’une période.
- La distribution des rendements sur les actions est gaussienne. Ainsi, les rendements
suivent une loi normale.
2. Notions de base
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2.1. Fonction d’utilité
La définition d’une fonction d’utilité consiste à résumer chaque situation par une valeur. La
fonction d’utilité doit vérifier un certain nombre de propriétés (l’ordre de préférence, la
continuité et l’indépendance).
La fonction d’utilité permet de caractériser les choix d’un investisseur et de définir ces
préférences en associant les valeurs de risques et de rendement d’un portefeuille. L’ensemble de
couple risque-rendement donnant le même niveau d’utilité définit une courbe d’indifférence.
A l’aide des dérivées de la fonction d’utilité on définit la prime de risque et l’aversion au risque.
Markowitz a définit la prime de risque comme le montant maximum qu’un individu est prêt à
abandonner pour éviter l’incertitude. Elle se calcule en faisant la différence entre l’utilité de la
richesse espérée U(E(Y)) et l’espérance de l’utilité de la richesse E(U(Y)).
- Si cette différence est positive cela signifie que l’individu est averse au risque (fonction
d’utilité est concave)
- Si cette différence est négative, l’individu aime le risque (la fonction d’utilité est convexe)
- Si cette différence est nulle, alors l’individu est indifférent vis-à-vis du risque (la fonction
d’utilité est affine).
Dans le cadre du choix de portefeuille, Markowitz suppose que les investisseurs sont averses au
risque, et il propose deux types d’aversion au risque :
- Aversion au risque absolue : elle mesure l’aversion au risque pour un niveau de richesse
donné. La mesure de l’aversion au risque absolue est donnée par :
- Aversion au risque relative : est la proportion de richesse que l’individu est prêt à payer
pour éviter une augmentation de la variance de sa richesse d’une unité. La mesure de
l’aversion au risque relative est donnée par :
Le rendement d’un portefeuille est une combinaison linéaire de celui des titres qui le composent,
pondérés par leur poids dans le portefeuille.
On écrit :
n
E ( R p ) wi .E ( Ri )
i 1
2
E ( R p ) wA .E ( RA ) wB .E ( RB )
2.4. La variance
Il est également possible d’écrire cette dernière relation sous forme matricielle. Ainsi, si nous
notons W le vecteur des parts de titres et W t le même vecteur transposé, on aura :
w1
w
2
W . W T w1 w2 .......wn
.
wn
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V ( Rp ) W T (cij .W )
Pour en renvenir à la forme algébrique du modèle, puisque la covariance est symétrique (cf.
chapitre de Statistiques) :
Cov( Ri , R j ) Cov( R j , Ri )
et que :
Cov( R j , R j ) V ( R j )
Nous pouvons ainsi simplifier la première formule et écrire la variance sous la forme algébrique
suivante :
V ( R p ) wi w j .Cov( Ri , R j )
i 1 j 1
2.5. La diversification
Le concept de diversification est à la base du modèle de Markowitz. L’auteur pense que les
différents titres composant un portefeuille ne peuvent être sélectionnés individuellement et
doivent au contraire être choisis selon la corrélation de leurs variations à celles du reste des titres
qui composent le portefeuille.
Par ailleurs, la diversification n’est utile en matière de réduction du risque que lorsque le degré de
corrélation entre les rendements des différents titres qui composent le portefeuille s’éloigne de 1.
Ainsi, le principe fondamental du modèle de Markowitz est le suivant : entre deux portefeuilles
caractérisés par leur rendement (supposé aléatoire), on retient :
Ce principe conduit à éliminer un certain nombre de portefeuilles, moins efficients que d’autres.
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La courbe qui relie l’ensemble des portefeuilles efficients s’appelle la frontière efficiente. En
dessous de cette courbe, tous les portefeuilles rejetés sont dits dominés.
Graphiquement, le portefeuille optimal est celui qui a la probabilité la plus faible de descendre en
dessous d’un rendement fixé.
Le modèle de Markowitz ne définit pas un unique portefeuille optimal mais génère une frontière
efficiente comprenant l'ensemble des portefeuilles optimaux. C'est à l'investisseur de choisir son
portefeuille optimal.
En finance, on part du principe que l'investisseur a une aversion au risque. Plus les possibilités de
pertes sont élevées, moins l'investisseur acceptera un investissement dit équitable. En fait, plus la
désutilité (possibilité d'insatisfaction) est grande, moins l'utilité d'un possible gain est grande.
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Les courbes d'indifférences
On utilise les courbes d'indifférences, associées à la frontière efficiente afin de sélectionner un
portefeuille adapté à notre utilité. Les courbes d'indifférences représentent les niveaux de risques
acceptables pour un investisseur, pour un certain rendement espéré.
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Dès lors :
n n
E ( R p ) E ( wi Ri ) wi E ( Ri )
i 1 i 1
n n
V ( Rp ) wi w j cov(Ri , R j )
i 1 j 1
Il s’agit donc d’un problème de maximisation d’une fonction économique sous contrainte.
où est un paramètre qui représente le degré d’aversion au risque des investisseurs. En d’autres
termes, il s’agit du taux marginal de substitution du rendement et du risque qui exprime dans
quelle mesure l’investisseur est d’accord pour supporter un risque accru en contrepartie d’un
accroissement de son espérance de rendement.
n n n n
Z . wi E ( Ri ) wi w j cov( Ri , R j ) 1 wi
i 1 i 1 j 1 i 1
Cette fonction de n+1 variables ( w1 , w2 ,..., wn , ) est maximisée si sa dérivée (partielle) par
rapport à chacune de ces variables est nulle, ce qui revient à poser le système suivant :
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Z
w E ( R1 ) 2 w1 cov( R1 , R1 ) 2w2 cov( R1 , R2 ) ... 2wn cov( R1 , Rn ) 0
1
Z
w E ( R2 ) 2w2 cov( R2 , R1 ) 2 w2 cov( R2 , R2 ) ... 2 wn cov( R2 , Rn ) 0
2
...
Z
E ( Rn ) 2w1 cov( Rn , R1 ) 2 w2 cov( Rn , R2 ) ... 2 wn cov( Rn , Rn ) 0
wn
Z
1 w1 w2 ... wn 0
Soit cov( Ri , R j ) = ij
...
2w 2 X ... 2w E ( R )
1 n1 2 n2 n nn n
w1 w2 ... wn 1
Matriciellement, on écrit :
2 11 2 12 ... 2 1n 1 w1 E ( R1 )
2 21 2 22 ... 2 2n 1 w2 E ( R2 )
... ... ... =
2 n1 2 n 2 ... 2 nn 1 wn E ( Rn )
1
1 ... 1 0 1
A.W=B ou encore W = A 1 .B
avec :
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2 11 2 12 ... 2 1n 1 E ( R1 ) w1
2 21 2 22 ... 2 2n 1 E ( R2 ) w2
A = ... ... B = et W = ...
2 n1 2 n 2 ... 2 nn 1 E ( Rn ) wn
1 1 ... 1 0 1
La détermination du poids de chacun des n actifs susceptibles d’entrer dans la composition d’un
portefeuille passe donc par l’inversion d’une matrice carrée de n+1 lignes et n+1 colonnes.
Ainsi, la mise en œuvre du modèle de Markowitz pose des problèmes d’ordre pratique. Alors que
le volume des statistiques nécessaires au calcul augmentait rapidement avec le nombre de titres
retenus (avec 100 titres, le nombre de statistiques nécessaires était de 3 150, mais il passait à
20 300 pour 200 titres et à 125 750 pour 300 titres !), la collecte des informations et leur
traitement devenaient presque impossibles avec les ordinateurs disponibles dans les années 1960,
entraînant de surcroît des coûts de traitement prohibitifs.
C’est la raison pour laquelle William Sharpe cherchera une méthode de sélection des portefeuilles
efficients plus simple. Markowitz et Sharpe seront alors reconnus comme les « pères fondateurs »
de la gestion de portefeuille et du corps doctrinal sur lequel elle se fonde.
Outre cette complexité de calcul, le modèle classique de Markowitz présente trois autres
faiblesses:
- Il reste très théorique, car il prend l’hypothèse que l’on connaît le couple espérance de
gain et risque de chaque titre, information qui ne se trouve évidemment pas telle quelle
dans la presse économique, et qui fait une large part à l’appréciation du
gestionnaire. On retrouve donc en amont la subjectivité qu’on essaie d’éliminer en
aval.
- Il suppose la normalité de la distribution des rendements, chose qui n’est pas toujours
vérifiable dans la réalité. Cette limite a été résolue par l’apparition du modèle
de «Dominance stochastique» qui s’applique à tout type de distribution.
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Série d’exercices
Exercice 1
Considérons un portefeuille composé de deux titres : A et B
Rendement espéré Ecart-type Parts
A 14% 3% 30%
B 20% 6% 70%
Exercice 2
Considérons un portefeuille composé de deux titres : a, b et c
Rendement espéré Ecart-type Parts
Les coefficients de corrélations entre les rendements des titres pris deux-à-deux sont :
rab = 0,5 rac = 0,1 rbc = - 0,3
Calculer le risque supporté par ce portefeuille.
Exercice 3
Un investisseur gère un portefeuille composé de deux titres : A et B.
E(RA) = 0,15 et E(RB) = 0,12. De même : A = 0,12 et B = 0,08
Les parts investies dans A et B sont respectivement 40% et 60%. Aussi, Cov(RA,RB) = 0,2%
1. Calculer le rendement espéré et le risque de ce portefeuille
2. Cet investisseur souhaite réduire le risque de 10%.. Quelle seraient les parts de A et de B ?
3. Ecrire la formule générale de calcul de la part d’un titre qui permet de minimiser le risque
d’un portefeuille à deux titres.
Exercice 4
Considérons un portefeuille composé à part égale de trois titres A, B et C. Les coefficients de
corrélations entre les rendements des titres pris deux-à-deux sont :
rab = 0,4 rac = 0,6 rbc = 0,8
Rendement espéré Ecart-type Parts
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