Les Actes Anormaux de Gestion

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Les actes anormaux de

gestion

Réalisé par : Encadré par :


EL OUAFI El mahdi Mme. Leila GHNAOUI
BAROUD Saddek
ER-RAFFALY Ismail
ESSALHI Nabil

Année universitaire :
2018/2019
Plan
Partie 1 : Le volet théorique d’un acte anormal de gestion

 Définition d’acte anormal


 Les caractéristiques d’un acte anormal de gestion
 La liberté de gestion ou acte anormal

Partie 2 : Les différents actes anormaux de gestion

 Les dépenses exagérées


 Charges non liées à l’exploitation
 Renonciation à un profit

Partie 3 : Les conséquences et sanctions des actes anormaux de


gestion

 La charge de la preuve
 La justification des écritures comptables
 Les commissions de taxation
 La répression des actes anormaux de gestion

CONCLUSION
Partie 1 : Le volet théorique d’un acte anormal de gestion

1.1 DEFINITION d’un acte anormal de gestion


Un acte anormal est un acte contraire aux intérêts de l'entreprise et qui ne comporte
aucune contrepartie pour elle dont le but est de réaliser des bénéfices.
Un acte anormal de gestion est une qualification donnée par l'Administration fiscale à
un acte de gestion par lequel une entreprise renonce à une recette qu'elle pourrait
percevoir ; engage une dépense qu'elle n'aurait pas dû comptabiliser.

Alors résume d’une manière générale, que L’acte pourra être défini en tant qu’ :

 Une notion de droit fiscal dégagée par la jurisprudence ;

 Une qualification donnée par l’Administration fiscale à un acte de gestion par


lequel une entreprise renonce à une recette elle pourrait percevoir et engage
une dépense qu’elle n’aurait pas dû comptabiliser ;

 Un acte contraire aux intérêts de l’entreprise et qui ne comporte aucune


contrepartie pour l’entreprise dont le but est de réaliser des bénéfices

1.2 Caractéristique d’un acte anormal de gestion

1-2-1 La diminution du résultat fiscal

Un acte anormal de gestion a pour conséquence de faire baisser artificiellement le


niveau du résultat fiscal et donc le montant de l'impôt sur les sociétés, payé par cette
entreprise.

On peut dire alors que, l'acte anormal de gestion prend la forme d'un acte
contraire aux intérêts du trésor, car si l'entreprise s'était comportée
conformément aux usages et à ce qui se fait dans des situations comparables,
le résultat fiscal aurait été autre.
Exemple :
Le dirigeant d’une société de commercialisation des matériels de transport
a décidé d'acheter des équipements de cuisine. Cette dépense n'est, à
l'évidence, pas en lien avec l'activité de l'entreprise et ne pourrait être
sérieusement justifiée pour les besoins de l'activité.

1-2-2 L’intérêt d'un tiers

Un acte de gestion est considéré comme anormal quand il n'est pas dans l'intérêt de
l'entreprise mais dans l'intérêt d'une tierce personne, extérieure à l'entreprise.

Exemple :
la location à titre gratuit d'un local à un membre de la famille du dirigeant est un acte
anormal de gestion.

1-2-3 L’absence de contrepartie

Tout acte de gestion doit avoir une contrepartie. Si une recette non encaissée ou une
dépense imputée à tort peut faire valoir d'une contrepartie, elle ne peut pas être
considérée comme un acte anormal de gestion. C'est l'absence de contrepartie qui
justifie la qualification d'anormal.

1.3 La liberté de gestion face aux actes anormaux de gestion :


La notion d'acte anormal de gestion découle de deux principes :
 La liberté de gestion de l'entreprise :
L'entreprise n'est pas tenue de faire le maximum de bénéfice qu'elle pourrait normale-
ment faire. Cette liberté est un principe général du droit.

 La liberté de commerce et d'industrie : Qui a une valeur constitu-


tionnelle.
La limite aux deux libertés évoquées ci-dessus est l'acte anormal de gestion. Il y a acte
anormal de gestion quand l’entreprise :
 Va entrer dans ses charges des dépenses qui ne sont pas dans l'intérêt de
l'entreprise, l'acte ayant comme unique objectif de faire augmenter les charges
pour ainsi réduire le bénéfice imposable réalisé par l'entreprise.
 Ne va pas réaliser une dépense ou une recette alors qu'elle aurait dû l'être.
Exemple 1 :
Le cas où la filiale se trouve en difficulté et c'est aussi le cas où la filiale généralement
implantée à l'étranger écoule les produits fabriqués par la société mère. La disparition
de la filiale entraînerait un préjudice commercial. Dans ce cas abandon de créance ou
prêt sans intérêt : acte normal de gestion

Partie 2 : Les différents actes anormaux de gestion

En présence de l’acte anormal de gestion, l’administration fiscale rejette les dépenses


en cause des charges de l’entreprise, ou réintègre dans ses résultats les recettes dont
elle a été privée. En effet, on peut répartir les actes anormaux de gestion en deux
types :

 L’acte par lequel l’entreprise supporte des charges étrangères à son intérêt
 L’acte par lequel l’entreprise renonce à un profit ou accepte une diminution

1. L’acte par lequel l’entreprise supporte des charges étrangères


à son intérêt

Sont considérés comme des actes anormaux de gestion, les actes par lesquels l’entreprise
supporte des charges engagées dans l’intérêt de ses membres ou des tiers.

Dépense exagérée :

1.1 Les charges exposées au profit des membres de l’entreprise

L’acte anormal prend souvent la forme de l’achat par l’entreprise d’un bien du dirigeant pour
un prix excessif ou celle d’un avantage accordé à une autre entreprise. A cet égard on peut
citer :

 La rémunération excessive allouée à un dirigeant ou versée au personnel ;


 L’achat par l’entreprise d’un bien du dirigeant pour un prix excessif ;
 Les travaux effectués par l’entreprise dans des locations consenties par son
dirigeant ;
 Le financement par une société des dépenses personnelles du chef de l’entre-
prise ou celles de sa famille ;
 La prise en charge par l’entreprise d’un emprunt contracté par un associé en
principal et intérêt ;
 Le versement des intérêts excédentaires pour rémunérer les dépôts effectués
au compte courant par les associés ;
 Le détournement de fonds.

1.1.1 Rémunérations excessives :

Généralement, les salaires et autres rémunérations ne sont admises en déduction du


bénéfice imposable, que lorsqu’ils correspondent à la contrepartie de travail effectif et
qu’ils apparaissent comme adéquats à l’importance du service rendu à l’entreprise.

Ceci peut être le cas lorsque la rémunération est jugée comme excessive. Excessive
car disproportionnée par rapports aux services rendus ; excessive car non causée ;
excessive en cas de doublons en présence de groupes de sociétés.

Exemple :

Un salaire annuel de 360 000 Dh représentant la rémunération versée au diri-


geant. Dans le secteur d’activité de l’entreprise et pour des tailles similaires de la
sienne, le salaire moyen ne dépasse pas, 240 000 Dh.

Sort fiscale :

Ce salaire est qualifié anormalement ; donc on réintègre l’excèdent

360 000 – 240 000 = 120 000 a réintégré

1.2 Les charges exposées au profit des tiers « charges non liées
à l’exploitation »

Sont notamment considérées comme des charges exposées au profit d’un tiers : les
cadeaux de toutes natures effectués au profit d’une personne n’ayant pas des relations
d’affaires avec l’entreprise, comme par exemple, le manteau de fourrure offert à
l’épouse d’un fournisseur, les avances sans intérêts consentis à un tiers ou les abon-
dons de créances.
Les charges somptuaires :

Une dépense ou charge somptuaire est une charge que la loi et le fisc ne considèrent
pas comme “utile” à la poursuite de l’activité d’une entreprise et qui n’est, par consé-
quent, pas déductible de son résultat.

Exemple :

Le comptable a été passée une écriture dans les charges relatives un cadeau accorde
à l’épouse d’un fournisseur pour un montant de 10000 DH.

Sort fiscale :

Il s’agit d’une dépense somptuaire non déductible donc a réintégré 10000 DH.

2. L’acte par lequel l’entreprise renonce à un profit ou accepte une


diminution

La théorie de l’acte anormal de gestion peut conduire également à la prise en


compte de profits que l’entreprise aurait pu faire et auxquels elle renonce pour des
raisons étrangères à son propre intérêt La renonciation à un bénéfice peut être au
profit des membres de l’entreprise ou au profit des tiers.

2.1 Renonciation au profit des membres de l’entreprise

Tout acte effectué par l’entreprise au profit des dirigeants, des associés, du personnel
ou des autres membres de l’entreprise est présumé avoir une contrepartie. Par con-
séquent, l’entreprise ou la société doit apporter la preuve que la renonciation a été
consentie dans son propre intérêt même si cette renonciation bénéficie au dirigeant ou
à un autre membre de l’entreprise. A défaut, il y a présence d’un acte anormal de
gestion qui est peut-être présenté comme :

 L’octroi d’avances sans intérêts à un associé ;

 L’octroi non justifié par l’intérêt social par une société à son président directeur
général d’un prêt sans intérêt ;
 La vente par la société d’un bien de l’entreprise pour un prix inférieur à la valeur
vénale

 Loyer insuffisant reçu par la société ;

 La cession des éléments de l’actif à leur valeur comptable nette alors que la
valeur vénale est supérieure.

Exemple :
L'entreprise cède une voiture a un membre de la société pour un prix égale à la
valeur nette comptable de 100 000 alors que la valeur vénale de cette voiture est
supérieure à celui-ci qui estimer à 150 000 dh.

Sort fiscale :

L’entreprise doit vendre cette voiture pour sa valeur vénale pas VNA. Donc on
réintègre la différence

150 000 – 100 000 = 50 000


2.2 Renonciation au profit des tiers
Les opérations anormales effectuées par l’entreprise peuvent être
réalisées :

 Renonciation aux intérêts d’une créance.

 En faisant pas rémunérer certaines prestations ou encore en vendant pour un


prix insuffisant.

 En louant contre un loyer insuffisant ou en échangeant contre un bien d’une


valeur inférieure.

Il convient de souligner que dans un groupe de société (société mère et ses filiales),
l’intérêt de la société mère se confond avec celui du groupe, ce qui n’est pas le cas
avec les opérations réalisées par la filiale, il faut donc, en pratique, introduire une
nuance pour l’appréciation de l’acte anormal de gestion. Entre les opérations
réalisées par la société mère et celles réalisées par la filiale.

Par conséquent, les avantages consentis par la société mère et ses filiales
correspondent en principe à une gestion normale.

Il en ressort alors, qu’un acte anormal de gestion peut exister dans le cadre d’un
groupe de société, à partir du moment où la société mère n’agit que dans son seul
intérêt au détriment de la filiale.
Exemple :

La société mère accorder à sa filiale un prêt sans facturée des intérêts. Le montant
des intérêts s’élevé 60 000.

Sort fiscale :

Les intérêts non facturés ; il s’agit normalement un produit imposable ; il faut


réintégrer le montant des intérêts de 60 000

Partie 3 : Les conséquences et sanctions des actes anormaux de


gestion

1. La charge de la preuve

La charge de la preuve est dépendant essentiellement de la procédure du contrôle


fiscal suivi à l’égard du contribuable.

Lorsque l’acte anormal de gestion est dévoilé par l’administration fiscale lors d’une
vérification, deux cas de figure se présentent :

- L’administration fiscale utilise la procédure contradictoire : dans ce cas la


charge de la preuve lui incombe.

- Étant donné la gravité de la situation, l’administration impose d’office le contri-


buable dans les hypothèses prévues par l’article 229 (Taxation d’office pour
infraction aux dispositions relatives à la présentation des documents comp-
tables et au droit de contrôle). Dans ce cas la charge de la preuve incombe au
contribuable.

Lorsque le contribuable a accepté les redressements amenés par l’inspecteur, lors


d’une procédure contradictoire de rectification, de sa base d’imposition primitive mais
souhaite en contester ultérieurement le fondement, il lui incombe de supporter la
charge de la preuve de l’exagération de la nouvelle imposition.

2. La justification des écritures comptables

Il appartient au contribuable de justifier dans son montant comme dans son principe
de l’exactitude de ses écritures de produits ou de charges qu’il entend déduire du bé-
néfice que de la correction de leur inscription en comptabilité. C’est-à-dire du principe
même de leur déductibilité. Ainsi, le contribuable doit apporter tous les éléments illus-
trant la nature de la charge en cause, l’existence et la valeur de la contrepartie qu’il en
a retirée.

En effet, il n’appartient donc pas à la société de prouver l’utilité de sa dépense mais la


réalité des contre parties que cette dépense comporte.

C’est seulement dans l’hypothèse où le contribuable s’est acquitté de ces obligations


qu’il incombe à l’administration fiscale d’apporter la preuve de ce que la charge en
cause n’est pas déductible par nature, qu’elle est dépourvue de contrepartie, qu’elle a
une contrepartie dépourvue d’intérêt pour le contribuable ou que la rémunération de
cette contrepartie est excessive.

3. Les commissions de taxation

Une fois la vérification est achevée et la procédure contradictoire de redressement n’a


pas encore abouti à un accord entre le vérificateur et la société, cette dernière peut
demander le recours devant la commission locale de taxation, suite à la décision de
cette commission, aussi bien l’administration que le contribuable, peuvent faire appel
devant la commission nationale du recours fiscal qui constitue une pièce maitresse de
la procédure du contrôle fiscal.

4. La répression des actes anormaux de gestion

Lorsque la preuve d’un acte anormal de gestion est rapportée, l’administration fiscale
procède à une double rectification :

- Les bénéfices imposables de l’auteur de l’acte anormal de gestion sont rehaus-


sés par la réintégration des produits non encaissés et l’exclusion des charges
anormalement supportées.

- Le bénéfice de l’acte est également imposé sur le montant des avantages dont
il a été gratifié.

Concernant les pénalités et les majorations de retard, elles s’appliquent comme suit :

- Une majoration de 20% (cas de non collecteurs d’impôts) ou de 30% (cas de


collecteurs d’impôts) ;
- Une pénalité de 10%% (cas de non collecteurs d’impôts) ou de 20% (cas de
collecteurs d’impôts) ;

- Une majoration de 5% pour le 1er mois de retard et de 0,5% par mois ou fraction
de mois supplémentaire pour la période écoulée entre la date d’exigibilité et
celle de l’introduction du recours devant la commission locale de taxation ;

- Une majoration de 0,5% par mois ou fraction de mois supplémentaire pour la


période écoulée entre la date d’introduction du recours devant la commission
locale de taxation et celle de la mise en recouvrement du rôle ou de l’état de
produits dans la limite de 36mois (soit un maximum de 0,50%*36mois = 18%).
Conclusion

Fondée sur le postulat selon lequel toute entreprise a pour but de chercher du profit,
la théorie d’acte anormal de gestion autorise à l’administration fiscale de s’immiscer
dans la gestion des entreprises. En effet, toutes charges supportées par une so-
ciété seront refusées la déductibilité par l’administration fiscale au motif que celles-
ci soient étrangères à son intérêt.

Cette théorie n’est pas en principe critiquable, dans la mesure où tous les actes
doivent être pris dans l’intérêt de l’entreprise. Mais la difficulté survient lorsqu’une
entreprise support une charge (ou renonce à un profit) sui sans être conforme à
son intérêt direct et immédiat est manifestement engagée dans l’intérêt du groupe
auquel appartient cette société. La jurisprudence considère que le caractère normal
et anormal des décisions de gestion doit être apprécié du strict point de vu de la
société considérée, quel que soient les liens qui l’unissent aux autres entreprises.
C’est une limite de cette théorie.
BIBLIOGRAPHIE ET WEBOGRAPHIE

 « La lutte contre la fraude fiscale au Maroc » Mohamed Bouchareb, 2005, Les

presses des éditions maghrébines

 http://www.doc-du-juriste.com

 https://comptabilite.ooreka.fr/astuce/voir/487277/acte-anormal-de-gestion

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