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Le Don Colloque interdisciplinaire sous la présidence de Jean-Luc Marion avec la participation de Jean-Noél Dumont, Héléne Politis, Jacqueline Dheret, Alain Caillé, Jean-Louis Ravistre, Jean-Luc Marion, Emmanuel Gabellieri, Jean-Miguel Garrigues, fj., Vincent Laupies, Camille Tarot, Philippe Soual, Jean-Claude Sagne, o.p., Paul Fustier, Frédéric Keck: Lyon 24-25 novembre 2001 Le College Supérieur, 17 rue Mazagran 69007 Lyon re Le don de Pego chez Augustin Philippe Souat! ‘On sait que saint Augustin est le docteur de la graces cependant on oublie parfois que la grace est don et l'on néglige le théme du don, alors quil est cessentiel et communique & sa pensée son unité ainsi que son sens le plus haut. Pour en discerner la fécondité, on considérera ici sa pensée du moi humain selon laquelle celui-ci, en tant quiil est créé, est don et un don libre donne & lui-méme. Penser le moi comme donation est un des aspects les plus neufs de la philosophie d’Augustin, et cest une tiche nécessaire si nous voulons com- prendre le Moi. Le moi est un don, cela veut dire quill ese qu’en vertu d'un acte gratuit de donation qui lui donne d’étre en lui donnane d'étre lui-méme, un esprit singulier. Er le moi se découvre lui-méme & lui-méme en se pensant comme donation. Liidée de don exige tour dabord la gratuité dans V'acte de la donation, Dans Ja relation interpersonnelle, le don implique: un donateur, une offrande, sa donation et enfin un donataire, lequel regoit Voffrande selon sa capacité et sa mesure. Ainsi, quelqu'un donne quelque chose 4 un autre, Or, dans la venue au monde d'un ego il n'y @ personne & qui donner, ec est pourquoi le don est ici pur et simple, absolument gratuit et créateut. Le don est sans donataire qui serait déja It, parce que Cest le donataire qui est le don. Et le don se redouble en écant donné & lui-méme pour étre un donataire spirituel, une personne, Le donateur ne donne pas quelque chose & quelqu’un qui préexiste, mais il donne & quelqu'un d'exister. Le donateur prévient son don, donc me prévient, dans son absolue générosité. Je suis de par un don qui me précéde et me reste incompréhensible, une donation qui mvinterdi 4 la fois Vauto-suffisance, la clérure sur moi-méme, et de remonter en deci de moi-méme par moi-méme. Crest ce qu’Augustin dit & Dieu, reconnu comme donateur, dans la louange: «Crest que, dés avant que je fusse, toi, tu étais, et je m'étais pas tel que tu dusses maccorder l'étre; et voici pourtant que je suis, par ta bonté qui a devancé tout ce que tu mas fait et cout ce dont tu mias fait.» Le donateur ne couronne pas un mérite dans sa créature. Aucun métite ne rend nécessaire le 1. Professeur de philosophic en classes prépaatores,chercheur au CRHIA de Tuniversité de Poitiers. 2. Les confeons XM, 1 trad. E. Thorel eG. Bouissou, Paris, Biblioshéque Augusinienne 14, 1992, p. 425 (cité: BA 14). Nous fasons reférence& cette dition (BA) tour en proposant en gncral nos eaductions, don, qui est libre. Le don de I ce, i . Le don de I'ego est gratuit, pure grice, il devance lego et lui eee Beanie cain en ine aeae eee ce aa ee # un manque out «par indigencey que Diew exée, mais par surabon. a siete bonté»’. Il n'a pas besoin de la créature, eee ne cay Pas réponde un manque en uy eta aucune dete son ad — et ais i La exéature reltve d 2 a ‘un pouvoir-étre et cest pourquoi elle est contingente, hors de Dieu, non une émanation de Dieu mais son tion «Car a Saas siste par suite dela plénicude de ta bonté afin qu'un bien qi ne te serait ale en rien et qui, n’éeane pas tir de toi, ne serait pas égal a toi, paurtane ne may quit pas dtr, puisqil pouvat tre fae 3 partir de toi.» Ce qui peut cre ercé ses un dn, Dieu cre, cs-ire donne ee ce qi pow re a Ia to simplement pour que cela soit. La bonté se manifeste dans la gratuité ce don sans dette et qui constitue pourtant créen ces ee don sti une promese. Créer ces donne et est done pom, Cau qi donne promet, si librement le lébiteur et pourtane il donnera toujours sans rien devoir, par grice, «Ti acquis kes dees, sans dewir &aucuns tu rms les Nien ani es peri» Or, quand il donne vie & un ego fini, il lui donne de recevoir, dans la renee du donateur etd dona une semblance pat rapport 3 méme. lon témoign lonateur en rec oon émoigne du donat cevant et exprimant sa marque, son Chee Augustin, le nom propre de Dieu est 'Zdipsum ou idem Ine, Dieu est, la troisitme personne, le méme Lui-méme, ou pluto il es: & la deuxitme Berson, pour se méme To-mémé». Or Cesc en tant quil est un Je que west «Unset «Ce qui ext ou encore: «il ex “ile” [er ea» il es pas Bate pur ni Un adel de re comme che Pltn ca vi de Un ade Tetre, Cest le Je, PUdipsum, le Diew qui est Esprit trinitaire infin comme Don, Son Nom d'éternité est bien: « go sum qui sum (Moi, Jesus elu qui sis °.» De la sorte, ouvrant la voie & la métaphysique modeme du Je ae Nesp, espense A partir de Descartes, Augustin unifie la métaphysique de ieee let de T'Un, dans [affirmation du Je divin qui est Tiinité de B prit, Cest-i-dire en pensant 'Un et Etre comme Je, done comme Don. ar conséquent, si, pour Plotin, «c'est par l'un que tous les étres sone des 3. Lesconfsions, XU, IV, BA 14, p. 431 {Loon XL BA 27 2 confsons 1, IV, trad. E. Tighorel t G. Bouissou, sae fins 1 G. Bouisiou, Pars, Bibliochdque Augustinionne 6. Les confesion, XII, XVII, BA 14, p. 465, 7. Les eonfsions I, 1, BA 13, p. 333, etXI, XXIX, BA 14, p. 339, 8, Les confesins, WIL, XVII, BA 13, p. 629. - a aus XI, XXX p53; Hoe ete, Homi sr Be df. M2 ME Berour, Pars ibothique Augustine 71, 1969. 173, i IM, 14, cite in Les confesions, VI, X, BA 13, p. 619. fxres!"», on revanche, pour Augustin et la tradition chrétienne, on peut dire aque ces par le Je ou I'Zdipsum divin que tous les étres sont des étres uns, dans ih mesure ott I idjpsum donne & chaque un d'etre en son identité propre Dis lors que le Dieu ttinitaire crée, il donne vie spitituelle dans un corps charnel A un ego qui recoit de lui d’étre comme Ini, comme lui en guise Gimage def Idipsum. Si Tego humain est & Timage de Dieu, ex mest pas tant parson intllece que parce ql ext Un en tant qu'un moi-mémes eg ie Bie ae oais un Je que de pat et devant ce Toi singulier, je ne suis mo-méme quien ame recevant de ce Toi-méme, en répondant & appel intérieur de sa Parole. Chex Plotin lame proctde de la toute-puissance de !'Un, par émanation, de tele sorte que V’ime est la trace lointaine de I'Un divin, en recevant de lui son tinité et sa puissance, mais sous une forme amoindrie, inférieute, en Gant mul- tpliceé, chute hors de Un en sa diffrence. En revanche, chez Augustin lego test pas de par une procession, une émanation de {Autre hors du Méme, mals de par une création dun Autre, une donation, et un don du Méme & eer ‘Autre. Pour Augustin, Dieu n'est pas le Tour-Autre, quand nous seuls serions nous. mémes, Au contraire Dieu seul est simplement I'Idipsum, ce méme Toi- néme, et je suis alors comme toute créarure, par rapport 2 ce Toi, «tour autre fquc Toi, et non ce‘Toi-méme!*», C'est Dieu qui est le Lui-méme et nous qui stames tout-antres, C'est pourquoi une chose nlest elle-méme et je ne suis tnoi-méme qu’en vertu du don du Méme & moi-méme, comme Moi méme, ego ips. Je sus autre que le donate parce que je ne suis ni Forigine ni Tauteur fh don mais un don, don que jai ree, et par lequel jail Idipsum. Mon iden- Aité eet sur le mode de la donation, & la fois un avoir et Facte de la recucllt. Le don est don du méme, don de la mémeté qui institue un autre dans sa sin- gularité spirituelle. TLotsque le Dieu trinitaire donne d'étre 4 un autre ego que luieméme, ill donne précisément d étre Iui-méme un ego. Sur a tere, seul homme est créé & Timage de Diew parce que scul il est institué par un don qui rest pas un simple don dette de vic, de forme, mais par un don qui est dom de Tego qui Tui donne pour forme V'ntériorité duu moi-méme, en tant que liberté spiri- tuelle. C'est pourquoi seul l'homme regoit «en propre ce don de la béné tion», quand Dieu bénit sa fécondité charnelleetspritulle: «Soyer féconds tt multipliez» (Gn 1, 28). Le don appelle la profusion du don, Cet accroiss nent ne provoque pas une chute dans le mulkiple, une dispersion, ear Cest la tnultiplication du don et de sa donation, chaque fois singulirement, dans ls Communauté humaine. Davantage quuune bénédiction du nombre ~ un “soyez nombreux» ~, Cest une bénédiction du don de Pegos est un «soyen ® image de Diew sur la tere, et soyer féconds ce ttre». 11. Plovay, Tai 9, (VI, 9, 1), trad. B Hadot, Pais, Cerf, 1994, p. 69. 12. Les confesions, XII, XV, BA 14, p. 375. 13, Les confess, XIE, XXIV, BA 14, p. 491 Lisant le récit de la création dans |: i o le la cr lans la Genésc, Augustin remarque que les mma sont és wslon leur expieen, andi que Roce cal mage et a resemblance de Dieu. En ef, human ne forme mea alpen) vivants. la création de l’ego humain ne coal aN ae ee ee vivant composé d'individus semblables qui von sera ms donner de un ute gu image de Dio en : aor ce ego ipse, un moi-méme un et singulier dans une communauté ia sul Par coséquent es alm mint as un ageégat d’individus semble, , «sclon T'espéce», mais une cor wuté ou é i singalr de personnes inbsiucle, ct dans ual chacun uae eae un_un, capable de connaitre « par lui-méme"*: ouelle aa volonté du Pére. C'est «singuligrement» que chaque “a image Dente Un Tiine, comme son don singulen, ee regia ess ns ps prope org ou son pope aucus esp et par esence «hiimime pour Iui-méme memoie desis, on nemo, ‘cependant, ne se boucle pas sur elle méme et rest pas capabl z remonter Tergine de moi-méme, c’est-a-dire a l’acte de la de ‘on te ressouviens de moi, je suis mém« a ane rsvouren (<2) moire de moi-méme, et non simplement é Je mes actes, de paroles, d'événements, du monde, etc. Dans | mnie ce me rnconte aussi moi-méme, et je me souviens de moi” ‘Ma mémoire chaque jour me restitue 4 moi-mé1 ciiméme, me cite have jo moFméme et comme moi-méme, m permet de me resist de me coma e de tea». Or irande re» de ma mémoire est «un sanctusie infini» qui m'échappe, et par cons quent «ene sss ps moimme ou eg jeu» Routan dans son infinie mule dle x «Testy et «fe ah molmeme cela” srs sn infin lle it moiméme, mon into insisabe timo inéme. Erle seat ll-méme, mais ele ne sips par lemme, di elle os alors que pourant el est métote de Die. leet apale de me swouret yrs mon ater pace quel ext mite de Dis inhi 9 a Orelle est don et, parce qu’elle est donnée & elle-méme, son origine lui ¢ cachée. Par elle je suis mémoire de moi-méme, donné & ‘mo! meme co couvenance de moi mime, et méneite du donate dan ames ot son appl en ol mae mai pas mémoire de l'acte de la donation qui m’a je. Le don se reso Ii-méme comme rel dans alter ela posto gui le consent. Mais en me recevant dun autre esprit je ne remonte pas 14 Les confesions, XII, XXL, BA tee I, BA 14, p. 485, 16, La Trine, XIV, VI ead. Be Ags a ede i. P, Agaése, Pars, Bibliotheque Augustinienne 16, 1991, p. 365 17. Les confewions X, VIM, BA 14, VII, BA 14, p. 167. 18, Les confesions X, XVI, BA 14, p. 185. 19. Lesconfesions X, VII, BA 14, p. 167. 20. Les confessions X, XVII, BA.14, p. 187. jusqu!a cette donavon. Je viens plas tard, Cestedire ans le remps ex commie Maporaicé. Que le moi ct sa mémoire de soi soient don, cela signifi que le ver découvre une coupure, une séparation entre Soi et le donateur. Le dona: ge donne le moi A soi-méme, par I il se retire, mest dabord caché et laisse fre son don. Ma mémoire me donne mon idensté, mais non pas mon ori- gine, la donation Tans ses Confsions, Augustin fat le réci de sa vie en tant quelle est his- toite de sa conversion spiriuelle. La forme narrative parat alors convenit seu Hemant en coc quily est question d'une dime quia &é appelée par Dieu et qui répondant 2 sa vocation, se retourne vers Dew, revient vers [ui en Taian, le cer cemble simposer parce qul Sagi d'une histoire, avec ses temps d'éronne- seene de doute, de recherche, de jie. Cependant on sat que ches Plotin la menvarsion boi comme au Principe, 41'Un, ne peut pas faire Pobjet dun récic parce que Te remps ry est pas constcuif de Vexpérience spiritucle ny est pas Pars jement. Ex on sat, apres son biographe Porphyre, le refus de Plotin de weconter sa vie passé, le refus de route biographie". La vie passée ne compre pas elle était chute de lime hors et loin de 'Un, vers le corp, souillure de Fame, or tombé dans la boue, lame devant se purifier par elle-méme pour retrouver sa beaut originaire. De plus, le retour de 'ame vers Un, son union wee [Un dans Temité, transcende toute temporaité, En revanche, chez ‘Augustin, parce que le moi est un don redoublé, la remporalit st constiurive dde son expérience & la fois spirituelle et charnelle, Par conséquent,seuls une ttarration de sa vie passée et un discemement de sa disposition intérieure etuelle quand il crt ses Confesions~ ces la recherche du livre X = peuvent sourespondte A son objet. Don donne & lui-méme, obseu &Iui-méme, le moi wa pa d'aurevoie pout se connaitre que Vexpétiencespiritelle pasée et Pre fente, et que la narration de ce qui est nécessairement historicté, Thistoite Fang ame Crest le drame de sa iberté détournée du donateur mais appelée ve restaurée en revenant vers lui dans son temps propre. Le “qui ext aussi don du temps, exige dla fos le récie et la mémoire par lui pour & temps du don, dudon. STinerogeant sur lui-méme, Augustin nore: «Je suis devenu pour mot inime une question.» Méditane sur Vinévtabilié de la centation dans [a vie saree, coc dice Vinévitabilté de Vépreuve de note libert, il découvee la iHisenee inéricure de soi a soi et Ja déchirure qui Vhabite. Lépreuve de la oncupiscence de la chair (sexualité, boire et manger, etc) est ainsi une preuve de vérité. «Ce qui réside en mon esprit este le plus souvent caché si Texpérience ne le ui manifeste?.» Lintériorté et Ia force du mol sont « tént- lotn, le philosophe, quia véeu de nos ours, semblait avoir hone dete 9 i dans un carpe Dans ce sentiment se efit en racontr sur ses ances ss pafens ou SE a ide Pin in Ended, ta, EB, Pasi Ls balls lees 1989p "22. Les confesions X, XXII BA 14, p. 233, 25. Lev eonfsions X, XXX, BA 14, p. 227 21, Porphye éesi, bres?» pour lui-méme. Confié & la garde de moi-méme, rs pour hi-méme, z je ne serai jamais cer- tun de me voi equ je suis en vrté. Nul ne peut pee z a Tabri du souci et de cette é} ve Vinimic,Cinguigude son ks marques ta tot baneta ne nde une chose finie mais que, don conf soi, peg Ce anctceimpendable de mon cette donation & mot-méme, je d : ©, je deviens moi-méme énigme. C’est bien la question qui ite th sme. Cet bien la question gui anime toutes les Confesion,« moi?” ?» Déployée selon ordre du temps Peer la questi qui n'est pas il doie decider de ce qui sera®, : sprit & mes propres yeux fait que, dans tne suisse ee 8 et de son aperture sur Méxernité, ces, ion: qui étais-je? qui suisje? et enfin: qui seraije scon le véite 4 laguele jesus appelé et a aquele aspire? Le mex denne 3 haceene ee gute es propre vérité. Mais la connaissance immédiace de soi est im, “bl, Ces dans parle Ve, cet pr i sel que e postr me connate et fet a vse dans mon ext, devane To», Cest le Chri el gui pours ‘ = a keine apavrg et faire advenir en moi la vérité, g a ‘dre li-méme. La venue de la vérté en moi, C'est a venue du moi i ls amine d Nee, le parachévement de image de Dieu. Et cest poser la question di n i sla lumiére du Verbe, du donateur meen sees i al Ti Augustin dso ve qui es donenclleméne sour le tout don, ieu trinitaire est don immanent en tant ole. Spry ero eee inité, C'est Esprit saint qui est «le Don de Dieu» en personne et qui “rssit en propre le nom de Chai. Le woiitme, le tet, st le Don ui inte Test le don écme du Pre a Fis, Ore Fils nex que de parle don lu i: west Pas avant ou hors de ce don. « Le Fils doit & sa naiss Son scl dae Fs mah prerent x simpemene dee» Hx Tapp cide, priten tant que Don destin & étre donneé. Il est le Don ai ( ; lonné. Il est le Don qui ex: pleinementdonné I faut dxingueren fel don ee dann “le psent offer, Cex le domi et le datum. «Aue en eff ide quon aoc le } autre avec celui de donné. On peut avoir un don aranc quil soit -méme, est en 24, Ibid, 25. Ibid. 26, Comme le note J-L. Chrétien, en soulignant le casette posi, fond, de lpreu sla ger cases Tella ents ener eae me apo es deren de weit cde probation la tite dela souance x aie deeemee on nar nace ute en acte de ce quest homme» (Nile toca tv. Le danger de a sécurité, am ‘ommis enutio. Le danger de la Nv de la sécutité>, in Le regard de Vamorr, Pats, Desc 27 Lesconeson XM BA 14 Xl, BA 14, p. 17 2% Le omfans 1 Bap . La Tints XV KI BA 1, p55. Augustin dt de TE as dodo Da ce donde a nom goon sou pa ae , il se voit constitué par trois actes distinets et grticulés, 4 savoir: «tre, connaitre, vouloir»: «Je suis et je sais ex je veux. Je Suis sachant et voulant; et je sais que je suis et que je veux et je veux étte ct avoir Dans ces trois done ily 2 vie inparable et vie une eter nt ssence une,» Clest un seul et méme esprit ou moi qui est, qui sait et qui sexe, Ere, connate et vouloir ne provoquent pas la brisure ou la dispersion Ue Fesprit en autant dinstances séparées, parce que c'est un seul et méme moi Gui est soi-méme dans chacun de ses aces dstinets et dans leur union, partane Jans chacune de ses pensées, Mon écre empitte sur mon savoir et mon vouloi et réciproguement. Chaque acte est principe pour les autres, & et méme temps sous leur puissance. Je suis et ce je sis est celui d'un savoir et d'un vou foir Je sais et ce savoir mien porte sur mon étre et mon vouloit. Je veux et ce vyouloir porte sur mon étre et mon savoir. Je suis moi-méme comme relation et lticulation de mon étre, de mon savoir et de mon vouloit. Je suis un moi qui se sait comme moi et se veut comme moi rp rae int, je me sais tout ce que je suis en vérité. Je sais que je suis, et ce em Jontdonn€ a sorméme, mémoire de si capable par la de dite ‘Gjen. Mais est seulement dans lépreuve de la wie et gece 8 a penis gue Jeux tardivement penser cette question que je suis pour moi-méme. Je suis, je Gqutéane donné & lui-méme il est constitué comme jntériarté: Lntériricé ese pas un fae mais une vie, un mouvement spiituel libre revenant dans soi dans Son expression de soi, En confiant lego 3 soi-méme et 2 sa sauvegarde, le dont. teur [institue comme intériorité, Je suis moi-méme en ce que je suis capable de «revenit & moi-méme™», Le moi est regard de soi dans soi-méme par son tetour dans S01 qui constitue son intériorité, «Il reste que le regard [eonspectis] de Tesprit est quelque chose qui appartient & la nature de celui et que, Gquand il se pense [ce cogitar| il est rappelé [revveetw} en lui, non & la maniére Fane distance dans un lieu mais par une conversion [conversionc| incorpo relle*.» Lintétirité apparait dans le mouvement par lequel le moi revient soi-méme pour se penser en interrogeantI’énigme quil est pour lui-méme Ce test pas un fait mais un événement i la premiere personne, favénement de le premiere personne & soi-méme pat sa conversion dans soi-méme 41. tid. 42. Les confsions XII, XI, BA 14, p, 443-445. 4, Les confesions VL, X, BA 13, p. 615. 44, La Thinite, XIV, VI. BA 16, p- 365. ¥ Le coeur est le secret vivant du moi, c'est «1a oft moi je suis tout js wus gy gucngn on Os pi i eiomemrnent ea ser pre « Et ego sum [et moi, je suis} », dans la mesure oit je pa Sioa etal révéle son nom en disant: « Ego sum qui sum». Cependan, emesis a r pm ai je regois de lui mon identité obscure image et a Fimage, et a Pimage de toute la Trinité, Mais acre Tew che & aurrui et 1 mol-méme, of je suls eout ce que je sis, mol-méme Pour tna ma conscience, comme mon spit es eabime». Pout Dieu sel ‘leet manifest our mois maniesaion sea tj dat le diva de Fignorane de maémime e del confesion demon péhé «oa wi dons Seigneur, je suis mai, qui que esis (mani sum guicamgne in 5 Mace gs chcur famine, vag su so-méne Le ear dass tl et ened dans som ino laquelle est pour lui abyssale. 4 un abime aussi cause de mon péché qui m'a déxourné de eu et par lequel ai déhait le don quil miavait fat, « Mes biens sont tes inst tion te dons [don mes mau sont mes ates” Le do sina Diets xt bon, Le mal ne vine que de mies drarion de imoi-méme pat mpimtine Dien i deo, mje me ie Ce stefan de dee teblale& Dew pr Dit ma vlan prelim beer que Dieu’"». Voulant étre par moi-méme Dieu, le donacur de mon lon, j'entre dans un agir qui est un ede ais ae commen Deu nes Pare fe tage cle dete puisances jini i wane ibe me firme ma liber je me eee, Le al onsite ain 3 vould pars méme T7pin cestdie 3 ne pls vous Tver ene ewan 2 ne pls vali te do lonareur aboofu, le tout-puisant lui-méme, mais sans et contr la chai, Agustin dans Fanalse da vol de pie, monte gratuit possi uml, aul imp ive a eg ne sli pas} défnit le don, Le vo, le meurve, asl peuvent étre gratuits, La gratuité du don est lide 4 a bonté il ex le don du bien Lg comb etal ch cherchanel out dea Lee aval une joisanc perverse de mtn dans I joubsancscprous sis ‘Tha ‘création de soi-méme. «J'ai aimé ma déchéance [defectum] elle-méme”.» 4, Les confess X, Uk BA. :X BA 4, p47 4 tml BAS 97 Ls convo X, 1, BA 1, 48. Ibid ae 49. Lesconfosions X, I, BA 49. 50. La Tonite XV BA 16,135. 51. Lsconfsins I VI, BA 13, p 355 52 Les confsions IV, BA 13.347 aR ‘Alla fiuiro du mal, auo-infirmation de ma liberté se révant autarcique, non plus don mais principe, épondra la possibilité la plus haute offere 8 Thomme, rice au pardon et la miséricorde du Pere a futio Dek Selon’ un theme venant de PEvangile de Jean, ainsi que de Plotin, et repensé par Augustin, Dicw est manence dans soi-méme. “Transcendant toute seri demenre en Iuieméme dans le secret de sa vie tinitaire et de ln sur Sbondance de son unité, Dieu est en lui-méme Lui-méme comme amour tint: Tra scvanche, esprit humain est affecé par Vinguigtude, Vincapacité de carafe soi-méme et de trouver dans si-méme son repos et la vie, Pourtane Sec Th précisément la marque de sa grandeur dans sa mistre méme le signe du don quil est. «Tu as fait grande la créature taisonnable, puisque rien absolu- ornatne li slic pour son bienheurcux repos, de rout ce qui est moindre que se Pome méme pas elle-méme 2 elle-méme™.» Si lego est donne & In «oe rants image de Diew dans le monde, on pourrait croire que e= don le repli ou le referme dans soi-méme, étanger 3 gon auteur comme ai 2218 teP i tas le moi ne pourrait se cenit dans une joulssance solitaire de sol de src donne, Lexperience de Tinguiérude et du souel nous montre que le toi est incapable de se sufi Iui-méme & lui-méme, d’ére &lui-mérne 52 fin. Ro cin de Fusage des choses et de la recherche de Ia jouisssance i fale 16 preuve de cette imposibilité, Cest-idire de son propre péché et malheur sil ere de gemparcr du don qui lui est fait comme d'une proie, sil rabaisse le Sra Paneer de 'avare pour son eésox, et par [8 nie sa dette dere, sa deste epecins dt moi le rend vers éterel, dans Patene e Yespétance non ps Gia objec mas de CAmoutlrmée, du don part de Tamout Le sis Gh don spac implique du cid donateur une gare tune ven ses dle moh en mei, et implique, du cOré du donaraire, que je pus espércr ule dlonareur parachévera son don par un surroit de don, de gree pare mit corde, Telle est la pritre d’Augustin: que «tu rasenbls tou ee est de ta dispersion et diformité oi je suis, et que tu le conformes et confones dans Tlscrnch's Vege donne &soiméme peat demander la perfection du dom, son sccomplisement, La eadation ex don de gp. fn me sedonnan au Ps ee Sens dans la confiance ca i, Ja confance de achat ane sve Tespérnes o Je donateur, parce qu'il est Je Pate, viendra conformer le don qu oes SUS Verbe, dans FEsprit, & confirmer ce don dans son assomprion patie Shans sa gratuite Le don est alors en ce sens un don sans retour, un ingulier ineffacable. . . x mol fe mld " oa laine une éronnantepritre Augustin ; « Donne-oi 3 moi le i sj mon Di, redone 8 moi [ede mii» Nest pas demandes 0 Sp yn mais sa confirmation et sa surabondance en E Dieu ma oar a eee Ja forme de son Verbe (I ae Méme) Sean aor ae Je monde. Or le nouveau dor vi (ava) oh me confint son Image dans le monde, Or le nowves don Ea ei css e moi a Vimage dela Tin para onic Shu Chr, par ls Cro Sle mal origina 2 const 3 vou ire du do” bien, ma proe, en revanche ma conversion ves le Pere consive 4 We i evartme don, comme fils adopt, par le Fil 1 sagealos acon plir en soi une dépossession de soi, comme la kénose da gaice), et quten retour je h plus & se penser soi 69, Les confsions, XI, XXIX, BA 14, p 399. td . Fy Peano XUXWBA Hp 37 FE sions XV BA yp 9, 142, LE DON recevant du Pére et en espérant tout du Pére, Cest-i-dire Lui-méme comme Tonateus, par son Fils dans son Esprit. «Redonne-toi & moi, ecla peut ére compris comme Tartenred’un don nouveau, mais signifie aussi cele dune res Sirutton, Quiest-ce & dire: « Resitue-toi A moin? Ilya restitution lorsquilly 2 Udon en rerour d'un bien, apres Pavoir regu. Or Diet nia rien regu de moi pour Gqil aie A me resttuer ou plutot& se restituer & moi. Cert restitucion est alors airs doute le mouvement de charité par lequel Diew, Sétane donné & moi dans Tinteriorité en me donnant & moi-méme, me resticue précisément Lui-méme se end présent & moi en me confirmant dans son Verbe et en me donnant son dion, Esprit de sainteté. C'est par la kénose du Fils que le Pere se redonne & moi. Tépectase est la tension du moi dans Pespérance du donateur, de la fit Dei ok je respirerai pleinement dans le Toi divin en tant que don confirmé “Jane la charité. Tel es le chemin temporel de lEpouse, de ame qui ville et attend le don de Epoux, de demeurer pleinement comme don dans la vie &ernelle du Don, dans la Jérusalem céleste.

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