Vous êtes sur la page 1sur 677
(EUVRES COMPLETES: DE CICERON AVEC LA TRADUCTION EN FRANCAIS PUBLIERS SOS LA minReTiON, NISARD PARIS CHEZ FIRMIN DIDO FRERES, FILS ET C", LIBRAIRES IMPRIMECHS VE VINSTITUT DE FRANGE ROK 34008 56 M BUCE LNIN pene alae eee teid DISCOURS SUR LA REPONSE DES ARUSPICES. DISCOURS TRENTIEME. ARGUMENT. Quelque temps aprés Ye retour de Cicéron, différents prodiges répandirent Veffroi dans Rome, Une statue de Ju- fon, qui regardail Vorient, se tourna tout & coup vers te pord. Unloup entra dans! ville, Plusieurs citoyens furent frappés de la fondre. Des bruits soutorralns et des cliquetis, darmes se frent entendre aux portes de Rome. Il nen fal Tut pas darantage pour effrayer un peuple. superstitieux. ‘Lesénat consulta les aruspices. ls répondirent que Tes jeux. publics avaient 616 négligés, et les liewx saints profants et ‘Sunillés; qu’on avail mastacré des ambassadeurs, violé la foi des serments, profané les plus saints mystires; que les dies irités annongaient a Romece qu'elle avait craindre ‘de la discord des grands ; que si 1a colére du ciel n’tait {paisée par de justes expiations, les provinces tomberaicut ‘an poavoir d'un seul, les armées de la république seraient détruites, et les maux deviendraient irréparables, Tahsine de ne Iaisait éehapper rien de ce qui ponvait nuire & Cieéron, 1 eonvoquo le peuple, et soutient ‘que Cicéron seul est désignt par a voix du ciel; que ces lieu saerés dout parlent los aruspices ne peurent ee que Ieterrain de sa maison eonsacrée & Ta Liberté, et qu'il fait rebatie pour son usage; et, le nommant Vappressenr, 16 tyron dela république jil Je dévouc & Ia eolére des dieax,, ct le charge do tous lee maux dont Rome est menacée, és Te lendemain, dans Fassemblée du sénat, Cicéron réponiit & Clodins. ‘Ce Discours fat prononeé''an de Rone 697 , sous le eou- sulat de Lentulus Marcellinus et de Philippe. T. Péres conscrits, dans notre séance a’hier, Ja dignité de cette assemblée, ct Ia présence de ce grand nombre de chevaliers romains admis dans cette enceinte, m‘ont tellement affeeté, que ‘Jaleru devoir réprimer 'inconeevable impudence 1, Hesterno die , patres conseripti, quum me ef vestra igs, et frequentia equiturn yoianorum, quibus Senatus abatur, magnopere.commosset :putavi mil reprimendara esse P. Clodi (impucicam] impudentiam , quam is publica- ‘aorum: eausam stultissimis iterrogationibns impedirat, et P. Tullioni Syro navaret operam ,atque ef sese, evi totus ‘enierat, etiam vobis inspectantibus, venditaret. Itaque tem exsultantemque continu, simul ac ppericulum judietfntendi : duobus inceptis verbis omnem {mpetumn gladiatorisferociamque compres ‘Attamen ignarns ile, qui consuls esse yexsanguis at ‘que westuans, se ox curia repente protiprit, cum quibus- + lio confect © ceRON. — TOME e Clodius, lorsque, par les interpellations les plus absurdes, il nous empéchait de discuter 1a cause des formiers publics, et que, dévoué aux intéréts de Publins Tullion, Ht eherchait, méme sous vos yeux, ase faire valoir auprés du Syrien & qui il setait vendu tout entier. Pour arréter ce fu- rieux, il m’a suffi de nommer les tribunaux, et deux mots de la loi ont abattu toute a fougue de ce terrible gladiateur. ‘Cependant, comme il ne connaissait pas encore «quel est le earactiére de nos consuls, ils’est élancé brusquement du sénat, pale de colére , forcené de rage, et proférant certaines menaces, désor- ‘mals vaines et impuissantes, mais dont it nous effrayait dans Je temps de Pison et de Gabinius. Je me mis en devoir de le suivre , et je regus la plus douce des réeompenses, lorsque je vis les sénateurs se lever tous avee moi, et les fermiers de Etat m'entourer de leur cortége. Mais tout & coup le liche,, perdant son audace, sans couleur, sang voix, s'arréta, se retourna, puis, au scul aspect du consul Lentulus, il esta presque anéanti ‘tla porte de la salle, effrayé sans doute de ne plus voir auprés de fui ni son cher Pison, ni soa fldéle Gabinius, Que diraije de son audace et de sa fureur effrénée? Servilius en a fait justiee sur Te Tiew méme : je ne puis tien ajouter aux paroles énergiques de’ce vertueux eitoyen ct me fiit-il possible d'atteindre a cette force, a cette veh mence singuliéte et presque divine, Je ne doute pas que des traits partis de la main d'un ennemi am fractis jam atque inanibus minis, et cam ilius Piso Hani temporis Gabinianique terruribus. Quem quum egredientem insequi carpissem , opt equidem fructum mae ‘ximum , et ex consurrectione omnium vestrum, et ex co ‘itatm fublicanorun. Sed tecors ropente sine suo vulla, sing ealore, sine voce constitit; deinde respesit ac Ca. Lentulum ennsalem aisp pene limine, recordatione, eredo, Gabinii su, desiderio- ‘que Pisonis. Cujus ego de efrenato et pravipiti furore quid dicam? hand potest gravioribus a me verhis volUcradi ‘quam est stati in ficto ipsa ,a gravissimo viro P. Servie ac trucidatus :cujus si etiam vim et gravite- 1 ne parussent légers et moins pereants que ceux dont Ua frappé le enllegue de son pere. IL Mais comme il a semblé a quelques séna- teurs que la colére et Vindignation m’ont emporté hier un peu plus loin que la saine raison ae le permet dans un homme sage, je veux me justi- fier devant eux. Non, ta colére et la passion ne nyont point aveuglé, Je n'ai rien fait qui ne fit mirement réfléchi et médité depuis longtemps. Tiest deux hommes dont je me suis toujours dé laré Iennemi. Ces deux hommes devaient défen- areetsauver ma personne etl’Etat; ilsle devaient ils le pouvaient; ils étaient avertis des devoirs du ‘constlat par les marques mémes de leur diguite 5 votre volonté, que dis-je? vos pritres leur avatent, ‘recommandé le soin de ma vie : ils mont aban- donné, ils m’ont Jivré, ils m'ont attaqué; et, pour prix d'un troité infame, ils ont voulu m‘éeraser sous les raines de la république; pendant leur ad- ministration féroce et sanguinaire ils ont porté dans toutes mes possessions le dégat, I'incendic , Ie pillage, Ia dévastation , toutes les horreurs de la guerre, dont ils n'ont pas su garantir les vile les de nos alliés , et qu’ils n’ont pas eu le couraze de porter ehez nos ennemis. Oui, j'ai déelaré une gnerte implacable a ees brigands, & ees mons- tres destructeurs, A ees fléanx de notre empires moins pour remplir le veeu d’une vengeanee per- sonnelle que pour vous venger Yous-mémes, et ‘tous les bons eitoyens avee vous. TIT. Quant. Clodius, ma haine n'est pas plus forte avjourd’hui quelle ne létait ee jour ot je le reconnus sous ses habits de femme, a peine Gchappé des foux de la Bonne Déesse, souillé ‘tem illam singularem , ac paene divinam, assequi possem 5 ‘tamen non dubito, quin ea tela, quee eonjecertinimiens, quam ca, que collega patris emisit,eviora atque hebetiora esse videantor. IL Sed tamen mei fatirationem exponereillis volo, qui Iesterno die dolore me elatum, et iracundia longius prope sressum arbitrabantar, quam sapientis hominis ratio postolaret. Nilil fect iratus, nil impotent animno, nibit non diu consideratum, ac’roulto ante meditatam, ‘Ego enim, pattes conscripti, inimicum me semper esso professus sum duobus, qui me, qui rempublicain , qui defendere deherent, sorvare possent; quumque aa consu- Jae ofliciuim ipsis insignibus ilius imperil, ad rear salu- tem non solum anctoritate, sed etiam preelbus vest vocarentur; prim reliqucrunt, deinde prodiderunt , po- stream oppagnaverant, prarmiisque nefarie pactionis fun- ‘itus una eain republica oppressum exstinctumnque volue- runt; quique suo dueta, ef impevio cruento ilo, atque fanesto, shpplicia neque a sociorum maenibus prohibere, ‘neque Hostiam urbibus inferre potuerunt; excisionem, {nflaromationem , eversionem, depopulationem, vastitatem wm, sua cum pravda, meis omnibus Lectis alque agris inluleront. Cam his fois et facbus, com his, inguam, ‘exitioss prodigls, ae pane hojus imperiipestibus, bellum rihi inexpiabile dico esse susceptom + neque id tamen 3psum tantun, quanto meus ac mecrum, sed tantuns, CICERON. aun ineeste, et ehassé de la maison du grand pontife. Ah! dés lors jai pressenti quelle tempéte se formalt, quel orage allait fondre sur la répa- blique. Je voyais que cette seélératesse effrontée, quecette audace inowie d'un jeune furieux, d'un | nobte aigri et irité, ne pourraient jamais endu- | rer le repos; et que, s'il restait impuni, explo sion de sa fureue couserait un jour la ruine de PEtat. Depuis ce moment, rien n’a pu ajouter beau- coup & ma haine pour Tul, Sil m’a fait du mal, ce n’était point par animosité contre moi; ce quill hatssait, e'étaicut les lois, Vautorité, ta ré~ publique. J'ai été victime de ses violences; mais Te sénat, les ehevaliers romains , tous les gens de bien V'Italie entidre les ont éprouvées eomme moi. En un mot, il n'a pas été plus seélérat en- vers moi qu’envers les immortels eux-mémes. Il | Tes a outragés par un erime dont personne n'a donné exemple : il a coneu pour moi les sen- timents qulauratent été ceux de sonami Catilina, si Calilina edt été vainqueur. Auss} n'ai-je jamais, pense a accuser, non plus que ce stupide de qui | nous ignorerions encore Vorigine, si Iui-méme | ne se disait Ligurien. Gar pourquoi poursui- | vrais-je cet animal immonde que mes ennemis se | sont attaché par le fourrage et fe gland dont ils | Vont nourri? Sil sent & quel point il s'est rendu coupable, il est bien a plaindre. S'l ne fe voit pas, sa stupidité seule pourrait lui servir d'ex- cuse. ‘Fajonterai que dansVopinion publique Clodius est regardé comme une vietime dévouéo et réser- ‘yée 4 Milon. C’estMilon qui m’a rendu Phouneur ‘quantum yester atque omniam bonorum dolor postulavit. IJ {n Clodium vero non est kode meum majus odium , quam ilo die fit, quom illam ambastam religiosisinis juibus coguovi muliebri omata, ex incesto stupro,,atque ex domo pontiticis maximi emissom : tam, inquam, tum Vidi, ac multo ante prospexi, quanta tempeslas excitaree tur, quanta impenderet procella reipabliem. Videbam , Iilud seelus (am jmportanum, audsciam tam Iunmaner ‘adolescents farentis, nobilis, wolnerati, non posse arceri fi flaibus; erupturum ilad malom aliquando, sl impae nitum fusset, ad perniciem eivitatis, ‘Non multum mihi sane post ad odium aveessit nibit ‘enim contra me feeit odio mei, sed odio severitatis, odio Aignitatis odio reipublica. Non me mais vilavit, quam senatum,” quam equites romanos, quain omnes bouos,, {quam Ilaliam canctam, non denique in me seoleratiorfuit, ‘quam in ipsos deos immortales. Etenim illos eo sedleré lavit, quo nemo antea : in me fait eodem enim, quo liam ejus familicis Catilina, si vicisset,fuisset, Haque eum nunquam a me esse accusandum putavi, non plus quam stipiom ium, qui, quorum homiaum esset, ne sciremns, nisi se Ligutemipse esse dicere. Quid enim hune Decsequar, peendemac belluam, pabulo inimicorum meo- um et glaude eorruptom? qul si sensit, quo seso seelere devinxent, non dabilo, quin sit miserrimus, sin antern id non videt, periculum est, ne se stuporis excusatione defeat. DISCOURS § et la vie, Pourrai-je sans injustice Ini ravir une ploire qui déja lui est promise et destinée? AY. En effet , si Yon peut dire que te grand Seipion étoit né pour Ta ruine et Ja destruction de Carthage, qui, tant de fois assiégée attaquée, ébranlée, presque conguise par nes généraux , west tombée enfin que sous les coups du guerrier margué par le destin; on pourrait dire de méme, ala gloire de Milon , que les dieux bicnfaisants Yont accordé a la patrie pour réprimer, pour abattre, pour exterminer ce monstre. Seul it a ‘connu par quels moyens il fallait non-sevlement rerrasser, mais enchatner un furieux qui , disper- sant les eltoyens & coups de pierres, et les for- ‘ant a se renfermer dans leurs maisons, mena- gait du meurtre et de Vineendie Rome entiére, le ‘sénat , le forum et tous les temples. Ce n'est pas A un tel homme, & un homme qui a.si bien mérité de la patrie et de moi, que je voudrais jamais ravir un aecusé, dont il a bravé et méme recherché la haine pour mes intéréts. Si pourtant Clodius, poursuivi par toutes les lois, ypressé par fa haine de tous tes bons eitoyens, consterné par Vattente d'un supplice qui ne peut Aire longtemps différés; si, dis-je, gené et res- serré par tant d’entraves,, il s'agite encores s'il stefforee de briser sa chalne pour s’élaneer sur moi, je saurai le eombattre. Que Milon me V'a- Dandonne ow qu'il s'unisse & moi, Je repousserai ses attaques comme fe fis hier, lorsque, provoqué par son geste menagant, je prononcal les mots de Jo{ et de jugement : il n'en faliut pas davantage 51 sassit et garda le sitenee. Qu’auraitil pu faire? m’ajourner une seconde fois devant te peuple? Accadit etiam, quod, exspectatione omnium, fortissimo et clarissimo vita, T. Annio, devota et eonstitita ita ho- slia esse videlur :eui me preripere desponsam jam et de- stinatam Iaudem , quam ipse ejus opera et digntatem et sahutem reeuperarim, valde es iniquum. TY. Btenim, ut P.ille Scipio natus mibividetur ad in- teriuim extinmque Carthoginis qui lam a mulls impe- ratoribus obsessam, oppagnatam, labelactatam, prene ¢aptam aliquande , Quast aall event, stas exert: ae ‘F. Amis ad illam pestem comprimendam, exstinguen- ‘dam, funditus delendam natus esse videtur, et quasi di- vino inunere donatusreipublica. Solusile eognovit, qem- admodum armatum ceiver, qui lapidibus, qui ferro alios, fugoret, alios domi eontineret, qui urbem totam, qui ca lam, qui forum, qui templa omnia case incendisque terete, nom mo vince, veam eam vince oper teret. Hic ego, ef tal, et ila deme, ac de patela mertoviro, ‘unquam mea voluntats preeripiam eum preesertim reum, ‘cnjus lle inimicitias non solum suscepit propter satutem ‘mean, verum etiam appolivit. Sed si etiam oune Mlaquea- ‘us jam omnivm legum pericalis,irrelitos odio bonoram, ‘onium, exspectalione suppl jam non diatarna imp Ne id quidem seutis, eouuiventes tilos’oculos bavi tei magls optandos fuisse, quaw hs flazrantes 60 roris? Tibi vero, si dilgenter attenderis, intelliges homi- ‘hum pornas deesse adbiic, nom deoruro, Homines te in re fudissina dolenderunt ; homines turpissimum nocentissi- mumque laudarvat; homines prope confitentem juicio jnria tn stup, lata in ipso in me, allt post in illum invictom civem dederunt , horsimurn’eneficia protsas concedo tibi; ac majora nom esse quierena. ‘quidem hnmortalibus quwe potest homini major esse prona furnze atque dementia? aisi forte in tragmdiis, ‘quos sulnere ae dolore corporis craciari vides et consum, gravigres deorom jmmortaliam iras subire, quam ills, ui foreales inducuatur, putas. Non sunt ii ejulatus et ‘gemnitus Phlloctebe tam’ miseri (uanquam sunt acerbi), quod tables qu’ils solent , sont moins malheurcux que les transports d’Athamas et les songes d’Oreste. Lorsque dans tes assemblées vous pousser. des cris de rage ; lorsque vous renversez les maisons; lorsque avec des pierres vous ebassez du forum les eitoyens vertueux, que vous Inncez des tor- ches ardentes sur les toits de vos voisins, que ‘Yous livrez les temples aux flammes, que vous soulevez les esclaves, que vous troublez les sa- crifices et ies jeux; lorsque vous ne faites aucune stinetion entre votre femmeet votre seeur, que ‘vous ne connaissez plus dans quel lit vous en- trez; lorsque enfin vous vous livrez tous fes excds de la fureur et de la frénésie : alors vous subissea les seules peines que les dieux aient éta- blies pour les forfaits des humains. Notre corps périssable et fragile est sujet par lukméme & mite accidents; la plus faibie cause peut anéane tir, C’est dans Tame des impies que les dieux enfoncent leurs traits vengeurs. Vous étes done plus matheureux, quand vos yeux vous entral- nent dans tous les crimes, que si vous étiez réel- Jement privé de la vue, XIX, Jen ai dit assez surles erimes Aénonets pat les aruspices : voyons quels avis ils nous donnent de ta part des dieux. Ces dienx nous averlissenl DE PRENDRE GARDE QUE LA DISCORDE EX LES DISSENSIONS DES GRANDS N’ATIIAENT LES MSURTRES ET LES DANGERS SUR LES SENATEURS EX LES GHRFS DE UETAT., BT QU'MLS NE RESTENT ADANDONNES ET SANS FORCE, PARCE QU'ALORS LBs PROVINCES TOMBERAIENT AU POUYOLA D'UN SEUL, LYS AMMEES SERAIENT BATTUES, ET LA nE~ PUBLIQUE, RUINEE. Ce sont les propres paroles des aruspices : je n’ajoute rien de moi. Qui done (quam illa exsultatio Athamantis, et quam somninm ma- ‘icidaram. Tu, quom fariales in concionibas vooes mitts, quum doinos civian everts, quum lapidibus optimos Yiros foro pellis, quum ardentes faces in vieinorum tecta jactas, quum des sacras inflamnmas, quum servos conel- tas, quum sacra ludosque conturbas, qnum uxorem oro ‘emque non discemis; quam, quod ineas eubile, non sen- tis; quum haccharis, qaum Taris= tum das eas penas, ‘que solie sunt hominum seeleri a di stitute. Nam corporis quidem nosti bit easus per se; denique ipsum corpns tenuissima spe de eansa conficitur : deorom tela in impiorum mentibas Figuntur. Quare miserior es, quum in omnem fraudem “a- peris oculis, quam si omnigo oculos non baberes. XIX. Sed, quoniam de iis omnibus, quae araspioes commissa esse dicunt, satis est dictum, videamus quid ‘idem aruspices 2 dis jam immortalibus’dieant moneri: Ie, FEN OFTIMATION DISCORDIAM DIESERSIONEMQU, PATRTTOS PRISCIPIOCSQUE GADES PERICULAQUE ENLENTUR, AUXILIOQUE DEMINUTI DEFICIANTOR, QUA RE AD USOM IMPEAIDW POVENCU REDEANT,, FXERCIPOSQIE FULADS, DEAINETIOGUR AccEDAT. Aruspicuin verba sunt lize omnia : nibil addo de meo. (Quis igitur bane optimstium diseordiamn molitur? Idem iste: nec ula vi ingenit aut consi sui,sed quodam errore nostro; quem quidem ille, quod chscurus non erat, file 4 travaille & exeiter ces discordes entre es grands? Crest le méme Clodius, non par la force de son génie, ou par leé ressorts d'une habile politique, mais en abusant de erreur qui nous aveugle erreur trop sensible pour qu'il ne [ait pas aisé- ‘ment apercue. Car telle est la honte de nos mal- heurs, que la république n'a pas méme la triste consolation de tomber sous les coups d'un brave adyersaire. : Tib. Gracchus troubla lapaix de I'Etat, Quelle grandeur de caractére |! quelle éloquence! quelle poblesse de sentiments! I! o'edt démenti en rien les vertus éminentes de son pére et de Seipion son aieul , s'il n’avait pas quitté le parti du sénat. . Gracchus parut aprés lui. Quel géniet quelle ‘vehémence !quelle énergie! Tous les bonseitoyens regrettaient que desi belles qualités nesecondas- sent pas des intentions plus pures et, plus loua- bles, Saturninus futun furieux, ce fut un forcené; ‘mais il réunissait tous les talents nécessaires pour exciter et pour enflammer les esprits de la maul- titude, Parlerai-je de Sulpietus? Telle était la -majesté, la précision, le charmedeson éloquence, aquil parvenait & égarer la sagesse et & séduire la Yertu, Lutter contre ces adversaires, combattre chayue jour pour la défense de a patrie , était sans dotte un exercice pénible pour ceux qui gou- vernaient alors la république : cependant de tels combais n’étaient pas sans gloire. XX. Mais celui dont je vous entretiens depuis silongtemps, quel est-il? quelles sont ses quali- tés? Si Rome suecombe , 6 dieux! détournez ce présage! pourra-t-on dire qu'une si grande répu- blique est tombée sous les coups d'un homme? ‘Ala mort de son pére, & peine sorti de I'en~ fance, il court s‘offric aux plalsirs des bouffons perspexit Hoe enim etiam torpius aMietatur respublica {quod re ab eo quidem vexalur, ut, tanguam fortis ‘gna vie, cooptis a fort adversario vulneribus adverss, ‘eadere Videatur. “Tib. Graechus convelit statum civitalis. Qua gravitate vir! qua eloquentia! qua dignitate! siil uta patris, av {que African preestabili insignique virlute, prarterquamn ‘quod a senata desciverat,dellexisst. Socutus est C. Grace cdhus. Quo iogenio! quanta vi! quanta gravitate dicendi! tt doletent bon! omnes, non illa tanta ornamenta ad.me- Jiorem mentem valuntatemque esse conversa. Ipse L. Sa ‘turnious ita fuit effrenatus ot pene demens, ut auctor cesset egregiue, et ad animos imperitorum excilandos in- ‘ammandasque perfectns. Nom quid ego de P. Sulpicio Toquar? eujus tanta in dicendo gravitas, tanta jucunditax, fata brevitas fut, ut posset, vel ut pndeotes errarent, vel at boni minus bene sentient, perflre dicendo. Cum his epnfictart, et pro salute patrice quolidie dimicare, erat ‘omoino illis, qui tum rempublicam guberoabunt, mole ‘tum : sed habobet ea molestia quamdam tamen dignita- tem, XX. Hievero, de quo ego ipse tam malta nune dico, proh dil immortales! quid est? quid valet? quid affert ut CICERON. ‘opulents : dés qu’il les a rassasiés, il se ptonge dang les horreurs de l'ineeste. Parvenu a la foree de Lage, il entre dans la carriére des armes, il ‘tombe au pouvoir des pirates : les Giliciens et les barbares abusent de lui jusqu’a la satiété. Bientht il essaye de soulever l'armée de Lucullus, ets'ea- fuit en trahissant tous ses devoirs. A peine dans. Rome, il se fait payer par ses parents, pour ne pas les aceuser , et vend honteusement son silence 4 Catilina, Il passe dans fa Gaule avec Muréna : dans eette province, il fabrique des testaments, fait périr des pupilles, sigue des associations ct des pactesavec des se¢lérats. A son retour, il s’ap- proprie tout entiére Ia riche moisson du Champ de Mars. Par une insigne fourberie , cet homme populaire frastre le peuple de largent qui lui est desting; et ee modéle d’humanité fait égorger dans sa propre maison ceux dont le métier est de distribuer argent aux tribus. Bientot commence cette questure fumeste & la république, & la religion , & votre autorité, aux tribunaux; cette questure, pendant laquelle il a outragé les dieux et tes hommes, Ia pudear, la chastelé, V'autorité du sénat, les lots divines et Jes lois bumaines. Grace au malheur des temps, grace 4 nos fulles dissensions, tel est le degré qui a élevé Clodius a administration publique; c'est par ees moyens qu'il s'est mis en état d'exeiter tant detroublesdansle peuple. Tib. Gracchusavait négocié le traité de Numanee , pendant qu'il était questeur du consul Mancinus ; le mécontentement qu'oneneat,, et'improbation sévéredu sénat, lui inapirérent dua ressentimentet de la crainte : voila ccequi forea cethomme, rénommé parson courage et ses exploits, a se départir des prineipes de ses peres. La nature et la vengeance dont les droits tanta civitas, si eadet (quod aii omen obrusnt:), a viro ‘amen confecta videatur? qui post paris mortem, primam ‘am statulam sam ad seurcarum locnpletium ibidines etulit; quorum intemperantia expleta, in domesticis est _germanitatis stupris volutatus5 deinde jam robustus, pros Vinci ce ac rei militar dedit, atque ibi pirafaram conti melas perpesaus, etiam Cilicuim lbidines Barbarorumgue scliavit; post, exercitu I. Lucull sollicitato, per nefan- nm scelus, fogit line, Romaeque, recent advent sno, it, ne reos facerets a Cal Mareoa se in Galliam contult: in qua provincia mortuo- utp testamenta conscripsil, pupilloe necavt,nefarias ‘mulls scelerum pactiones societatesque ennflait. Unde edit, qugestum lam maxime fecundum uberemque, campestrem, totum ad se ita rolegi!, ut homo popularis fraudaret improbissime populum idemaue ‘isores omalum tibuom domi ips suze erudelis mactaret. Exorta eat illa,reipublicw, snevis, reigionibus, aucto- rita vestr, judicils publicis funesta quasstura in qua {dem iste deos hominesque, pudorer, pudicitiam, senatns ‘auetoritaten, ju, fas, legs, udicia,violavit, atque iced DISCOURS SUR LA REPONSE DES ARUSPICES. sont si forts sur une grando Ame, exeitérent C. Gracehus & punir les meuttriers de sonfrére. Nous savons que Saturninus sejeta dansle parti du peu- plo, parce que , pendant sa questure , fe sénat lui ota, dans un temps de disette, le soin d'approvi- sionner Rome, pour en charger Seaurus. Sulpi- ius avait d’abord soutenu une trés-bonne cause; mais en résistant & Caius Julius, qui demandait Je consulat contre Tes lois, Hl se Tatssa entratner par le peuple plus loin qu'il ne avait voulu. XXL Ils eurent tous, je ne dirai pas un juste motif, ear il n’en est pas qui nous donne te droit. de nuire a la patrie : mais enfin ils eurent un motif puissant; ils furent animés par ce désir de Ta vengeance qui earactérise une ame forte et courageuse. Mais Clodivs, comment est-il de- venu tout & coup partisan du peuple? Une robe de couleur de safran, une coiffure , une chaus- sure de femme , des rubans de pourpre, une harpe, Pinfamie, Tineeste , voila les eauses de ce changement Si les femmes ne 'avalent pas sur- prisdans ce déguisement honteux, sila bonté des servantes n'avait pas facilité son évasion d'un iew oi il n’avalt pas a romain n’aurait pas cet homme populaire, la république serait privée d'un tel citoyen. C'est pour cet excés d’extra vagonce que, dans ees discordes sur lesquelles les diewx daignent nous donner leurs avertissements, il a étéchoisi parmi Tes patriciens, quoiqu’il lui fit moins permis «qa tout antre de devenir tribun, Métellus son frére et le sénat, qui dans ce exadus(o miseratempora,staltasive nostras discotdias)P. CCloatio gradus ad remputlicam, hic primus est aditus ad popularem jactationem, atque adsceneus. Nam Tib. Grace ‘cho iavidia Numantini frederis, eat feriendo,, quiestor €. “Mancini consuls quom esset,interfuerat, et in eo fadere improbaneo seoatus severitas dolor et timori fut; istaque res illum, fortem et claram virum, a gravitate patrum descisceré coegit. C. lem Graceiom mors faterna, pi ‘tas, dolor, magoitudo animal, ad expetendas donmestiei sanguinis penas excitavit. Satorninum, quod in snnonz cavitate questorem a sna fratnentari procuratione senatus Amovit, eique rei M. Seavrum prafecit, scimas, dolore factum ‘esse popularem. Sulpiciom ab optima casa pro- fectum, Caioque Julio, cnnsolatum contra leges petenti, resistentem, longing, quam Yoluit, popuaris aura provexit. “XXI. Fuit in his omnibns cansa, etsi non justa (lla ‘enim potest eniquar male de republica merendjusta esse ‘eausa), gravis tamen, et cum aliquo anima et vrilf dolore ‘conjuuca, P.Clodius a crocola, a mitra, a muliebribas so eis, purparisque fscols a sirophio, @psalterio, aagk tio, a stupro est fetus repente popular, Nis eum raw. Tieres exornatim ita depreliendissent; nisi €x € loco, quo ‘nin adiee fs non erat, ancllarum enelcio emissas fet: populari homine populus romanus, respublica cive {ali eareret, Hane ob amentiam, in diseordis nostrisy de _quibus ips, his prodgis recentbus a dis immortalibus admonemar, arreptus est nus gx patrcis, eui tribuno blobs fier nom lceret. it d’entrer, le peuple | 15 temps agissait encore de concert, s’étaient oppo- sés & ses projets; et , sur avis de Pompée , pre- mier opinant, sa demande avait été rejetée d'une ‘Yoix unanime. L'année suivante, quamrd ees mal- heureuses dissensions eurent éclaté, tout chan- gea de face. Ce que le consul son frére avait em- péché, ce quiavait rejeté son allié, son ami, ce grand citoyen qui lui avait refusé son témoi- gnage lorsqu'll était aceusé, fut accompli par Te consul qui devait te hair plus que personne; et ce consul prétendait suivre les conseils d'un homme dont Vautorité doit imposer & tous. Ce brandon funeste fut laneé sur la république. Votre autorité, la majesté des ordres les plus respectables , la concorde des bons citoyens , en ‘un mot, la tranguillité de tout Etat, furent at- taquées : car cétaient elles qu'on voulait dé- truire, quand on attaquait en moi eelui qui les avait canvées. J'ai été frappé de ees coups : jen ai été d'abord la seule victime ; mais vous pou- vier ds lors vous apercevolr que Vincendie qui me consumait étendait ses flammes autour de yous. XXII, Loln que les diseordes s’apalsassent, 1a haine redoublait contre ceux qu'on eroyait mes défonseurs. Enfin , par les suffrages de ees ver- tueux eitoyens, et sur la proposition de Pompée , qui, voulant remplir le voeu de I'Italie et les ésirs du peuple romain, exeita eneore votre zble par ses conseils et méme par ses priéres, je ‘me vois rétabli dans ma patrie. Mettons ‘un terme aux discordes ; respirons aprés ces longues. Quod anno ante frater Metells, et coneors etiam tum segalus, principe Ca. Pompeo seatentiam dicente, exclue erat, acevrimeque una voce a¢ mente restiterat id post dissidium optimatiam, de quo ipso none monemur, ita perturbatum, itaque pértutatumn est, ut, quod trate eon: fu, ne ert, obstiterat quod afin et hdalis, vir ea Simus, qut lum roum Don laudarat, exeloserat, id is consol efieret in dscordis prneipum, quill urs ine tujcssins esse debueral, et eo fecsseauctoe se dceret, ccyus auctorilotis neminem posset prnitere. Injecta est {ax finda acluctuos elpublice: Pcltaestaucovtas vstra, gravitas amplissinorum ordiaum, consensio. booorum ‘tonium, totus denique eivitatis siatus. Hae enim carte petebanfur, quum in ue, eogoitorem harom omalum re- me orom lemporonconjieebatar. Excep ¢tpro patria solus exarsi: sc tamen, ut vos, tisdem ign Jou circumsept, me primum tum pro vobis et famantm Videretis. ‘XXIL. Non solobantur discord : sed eliam ereseebat in en odium, a quibus 20s defendi putabamur. Eee dem auctoribus, Pompelo principe qui enpientem lam, popolum rorahum desiderantem, fagitantes vos, non Auctoritate sua solum, sed eiam predibus ad mean #8 Tem excitavit, resiuti sumus. Sit discordiarum nis aliquanilo ; divturnis dissensionibus conquieseamas, Non sinlt eadem istalabes; eas habet conciones, ea miscet ae turbat, ut se modo vendat his, modo fli: nee ta mea ta, ut se quisqoam, sab isto audaus it, laudstio- 16 dissensions. Ce furieux ne le permet pas. Il ha- rangue Il remue, il sagite, voulant plaire tour 4 tour aux différents partis; non que eeux qu'il Jove s’en estiment davantage, mais ils sont char- més de Ventendre blimer ceux quills n'aiment pas. Sa conduite n'a rien qui m'étonne. Que peut-il faire autre chose? Ce que j'ai peine & comprendre, c'est que des hommes sages sout- frent que la voix du plus infame des scélérats attaque un seu! des eitoyens qui ont bien mérité de la république; c'est que, sans quills en reti- rent aucun avantage, ils pensent que les injures d'un homme perdu et déerié puissent Métrir 1a gloire de personne; e’est qu’enfin ils ne sentent as, ce qu'ils semblent pourtant soupgonner au- jourd’bui, que les attaques de cet homme fu- rieux et bizarre dans ses violenees peuvent se tourner contre eux-mémes. ‘Ces préventions de quelques personnes, et des malveillances sccrétes ont fait a Etat des maux ‘qui ne sont pas encore guéris. Tant que les traits tombaient sur moi seul, le coup, quelque cruel quil fit, me paraissait moins rude. Si Clodius pas livré a ceux quill eroyait sétre dé- tachés de vous; si ce respectable panégyriste ne Jes avait comblés de ses louanges; sil nvavait menaeé de faire mareher contre le sénat Varmée de César, en quoi il nous en imposait, mais nul ne réfutaitses calomnies; s'il n’avalt publlé par- tout que ses démarches étaient appuyées par Pompée et dirigées par Crassus; sil n'avait as ‘suré que les consuls faisaient: cause commune vee Tui, en cola seul il disait la vérité : aurait eu Je pouvoir de me persécuter avec tant de bar- arie, et de tourmenter la république avec tant de scélératesse? rem patet; sed ut es, quos non amant, ab eodem gawleant Yiluperari, Algae ego bane non miror. Quid enim faciat liu? Ios homines sapientissimos gravissimosque miror = primum, quod quemquam clarum liominem ,aique ‘de republiea mecitum, impuet facile paliuntur; deinde quod existimant, perditi hominis proflzatique id: quod ininime eonducit, psi, cojusy ignilatemgue viola; postrerma, quod non sentinet id, quod tamien mihi jam sospieari vie dlentur ins furentis'ac Volatiet impetus in se ips08 posse ‘eonverti. Alque ex bac nimia nonnultorum alienatione « quits. dara, Wzrent ea tela in republiea, quze quamaiu heerebant in uno me, graviter equidem, sed aliquando levius fere= bam. An iste, nist primo se dedisset fis, quorum animosa veetra auctoritalesejunetos esse arbitrabatur; nisi es in prieclarus auctor extolleret; nisi ‘quo falls, sed eum memo re- swam, exercitum signis infest minitaretur; nisi Ca. Pompeio adjuiore, M1. Crasso anctore, qua faciebat, facere clamaret i ‘conjunaisse seeuin , in quo uno non fam crudelis mei, tim secte- ralus reipublicee vexator esse patuisset! CICERUN. XXIIL. Lorsqu'il vit votre courage se ranimer, votre autorité se dégager des fers-dont il avait aceablée et mon nom et le désir de ma présence revivre dans vos eceurs, le traltre, démentant tous ses principes, chercha aussitdt se faire va- loir auprés de vous; il disait ict et dans les as semblées du peuple, que ls lois de César avaient &é portées contre les auspices; ct parmi ces lois lait eclle qui 'avait conduit au tribunat; mais, dans Yaveuglement de son détire, it ne la voyait pas. Il sommait Bibulusde déclarer s'il avait tou- Jours observé le ciel pendant que César portait, ses lois. Bibulus répondait qu'il favait toujours observé. Il demandait aux augures si des actes portés dans ces eirconstanees étaient valides, Ils disaient qu‘ils ne étaient pas. Quelques citoyeus vertueux, de quij'ai reeu les plus grands services, mais qui sans doute ne connaissaient pas exces de sa démence, étaient enchantés de lui, I alla plus loin; il se mit a déclamer contre Pompée Jui-méme, qu'il avait nommé I'dme et 'autenr de ses projets. Quelques personnes tui en savaient gre. Alors il imagina qu’aprés avolr accablé celui qui, ans quitter latoge avaitéteint uneguerredo- ‘mestique, i! pourraitaussitriompher du vainqueur des ennemis étrangers. Alors il fut saisi, dans Tetemple de Castor, ce poignard impie, qui faillit porter tn coup funeste & tout empire; ators te ‘grand homme qui forga toujours les portes de nos ennemis a s‘ouvrir devant Ini, et dont la valeur ne fut jamais arrétée ni par les défilés, ni por les montagnes, bi par les armées tes plus nombreu ses, fut assiégé dans sa propre maison : la eon- duite quill tint alors a réduit au silence ces im- prudents qui m’aceusaient de timidité, Car s'il XXIIL Idem, posteaquam resprare vos 0 metu ced, emergereaucoviatem Yestram eflutibos ili servtuis, Fevivisere memoriam ac desdesium mel dit vob x8 ‘pit sito fallacssime venditare. Tum lege Salis cone tea auspieia Lalas, et hie, el in conconibus dicere ha squibus leosineratcuvatalla lex, quae fotom ejus tribu- atom continehat; quam exeus amentia non videba, Producebat forissimum virumn, M. Bibulum, quarebat e& £0, C. Casave legs ferent, da crlo sempre servasel? semper silloservasse dicebat. Auguresinterrogeba que ita lata essent roetene lata essont” ili vii lata esse die laut, Pere in acais hominem quidam bon vir of ds ‘mg optime merit; sea ils, tego arbiteo,farovis ign. Longlas provesit in ips Cn Pompeium, auctorem, ut praicare est slits, constoram suerum, ‘ave ‘pit. Ina gratiam a nonnal ‘Tain cero est rat, ge posse, qvoninm togatam dome sti eliexstinctorem netaroscelerefndasct,liametiam, in belloram, hostiumque viele, aft in tempo Castorssceerata et pane de> ‘Tum ile, eu nt ausa, qui omnes a gostias, orm ‘Al virtulepexfeai, absess0s est pse domi;meque nonnulla DISCOURS SUR LA REP é plus malheureux que honteux pour Cn. Pom- pée, le plus brave de tous les hommes, de s‘enfer- mer dans s1 maison jusqu’a fa fin du tribumat de | Clodius, de ne plus se montrer en public, de sup- | porter les menaces d'un insolent, qui, dans les assemblées, annoneait le projet d'élever daus les | Carénes un second portique, pour répondre & celui du mont Palatin; certes Wa été doulourenx | pour moi de sortir de ma patrie; mais, comme Citoyen, ce sacrifice ne pouvait qu’ajouter a ma gloire. XXIV. Vous voyer done que cet homme, de- puis Iongtemps sons mayens, sans ressource par Tui-méme, est soutema par les discordes fatales des grands. Ceux qui sermblaient alors s’étre sé- parés de vous ont secondé les commencements de sa forene. Leurs rivaux et leurs adversaires ont protégé les derniers jours de son tribunat ex} rant; et méme,, depuis qu'il n'est plus tribun,, ils | ont empéché que ce flan de Ia république ne fit éearté de Fadministration, qu'il ne fit accusé , qu'il ne restat simple particulier. Comment des hommes honnétes ont-ils pu réchauffer dans leur sein et caresser cette vipére, qui répandait par- tout son poison funeste? Quel intérét enfin tes a séduits? II nous faut un homme, disent-ils, qui! éprime Pompée dans les assemblées. Le bléme aun Clodius déprimer Pompée! Ah! je voudrais | que le grand homme qui a tant fait pour moi, entrat ici dans toute ma pensée. Mais, pour dire ce que je sens, iI me semble que Clodius n'a ja- mais porté plus atteinte a 1a gloire de Pompée que lorsqu’il Ini prodiguait ses Cloges. ‘Marius loué par Glaueia brilleit-il de plus d’¢- {imperitorum vituperatione tiniditatsmes, ennsilio et facto suo il 4 Cn. Pompefo, viro uni omaninm for- fissimo, quicomue nati sunt , miseram magis io fturpe, quamdiu ile tibuaus plelis fuit, tueem spieere, carere publico, minas ejus pecforre; qui conneionibus diceret, velle se in Carini sifienre alterama porticm, que Palatio responderet : certe mi exire domo nea, ad privatum dolorem {vit Iuctaosum, ad rationem reipnbiem gloriosum. XIV. Videtis igitur, hominem per se ipsum jampeidem allictum ae jacentem, perniclasis optimatiam diseordiis jam precipitantis tibunatus, etiam post tribunatum, ob- ‘reetatores eonim atque adversarit defenderunt : ne a epublica reipublieae pe weretur,restternnt; etiam, be causa diceret etiam, ue privatus esset. in sina atque in delicis quidam optimi viri viperain Mam ‘venonatam ae pestiferam habero potuerunt? Quo Aecepti munere? Volo, inguinal, esse , qui in co ‘alat de Poropeio, Detraba ille vituperando? lige sir summus alque optime de mea salute meritus acc plat, af ame dieitur :dicam quidem cerle, quod sentio. medins{idius, tum de illiusamplissima dignitate detra cam ilium hasinis laudibus eff-rebat, vilebatur. trun (andem C. Marius splendidior, quam eum €. ‘Glaus audabat ; an quam enmdom iratus postea vitupes ‘CHCERON — TOME E, ONSE DES ARUSPICES. elat que lorsqu’il était bliimé par ec méme Glane cia inrité contre lul? Et ce furieux, qui se précipite vers la peine qu'il a trop longtemps méritée,, Sest-il moutré plus vil et plus méprisable en ac- ceusant Pompée qu’en blémant le sénat entier? Je eoncois que ses inveetives contre Pompée flattent Je ressentiment de quelques personnes; mais ce que je ne puis comprendre, c'est que de si bons citoyens ne s'indignent pas de ses déclamations contre Ie sénat. Ali! qu’ils lisent cette harangne qui fait Vobjet de mon discours, et leur joie ne durera pas longtemps. II y eélebre Pompée,, di- sons mieux, il le déshonore, il le comble de ses Jouanges; ite nomme te seul eitoyen digne de la gloire de cet empire. Il fait entendre qu'il est son ami intime , et qu'ils sont réeonciliés. Je ne sais ee qui en est : cependant je pense qu'il ne 'aurait pas loué s'il était son ami. Qu’on Tesuppuse son ennemi te plusacharné, qu'anrait- 51 pu faire de plus pour Mlétrir sa gloire? Ceux qui étaient charmés de le voir ennemi de Pompe, et qui, pour cette raison, fermaient les yeux sur tant de crimes énormes, et méme appiaudissaient & ses fureurs effrénées peuvent voir comment il a changé tout coup : & présent il loue Pompée ; il Aéelame contre ceux a qui i voulait plaire. Que fera-t-il done si Pompée lui rend ses bonnes gra- ces, puisqu’il est si jaloux de fuire eroire qu'ils sont deja réeonciligs ? XXY. De quelles autres discordes des grands les dieux irmortels voudraient-tis parler? As- surément ees expressions ne désignent ni Clo- dius, ni personne de ses compagnons ou de ses conseiliers. Les livres étrusques ont des mots qui rabol? Au ille demens, et jampridem ad ponam exitium- que prieceps, fiedior atque inquinatior in Ca. Pompeio aceusando, quam in niversosenatn vituperando fuit? quod ‘quidem miror, quum atterum gratum sit iratis, alter ‘esse tam bonis civibus non aeerbum. Sed, ne id. viros op ‘mos dintias deloctet, legant lane ejus concionem , de «qua lone ‘in qua Pompelum ornat, an potins deformat? lat, et unum esse in hac elvitate Aigaum hus Joria dcit; et signifcat, sil amicissimum este, tianem esse gratia factam. ‘Quod ego quanquamn, quid sit, neseio = tamen hoe sta- tuo, hune, si amicus essel Poupeto, laudaturum illum ‘non fusse, ‘Quid enim , silt inimicisinans esset , anol ‘ad ejus laudem minuendam facere potuisset ? Videant ii, iulum Gn, Pompei iniovicum esse gaudebunt , ob eau gue causam in fot lanlisque sceleribus conuivebant, et ‘onnunquam jus indomifos aque effrenatosfororesplausn iam suo prosequebantur, quam se ct nim jam laudat illum; in eos invehitnr, quibus se antea veuililabat. Quid existimatis, eum, si reditus ei grate paluerit, esse facturum, qui tam libenter in opinionem ‘gratia itrepat? XXV. Quas ogo alias optimatium discordias a dis im- mortalbus detinici putem? nam loc quidem verbo neque P. Clodius, neque quisquam de gregalibus ejus, aut de cconsiliariis designator. Habent Etrusci libri eerta nominay qua: in id genus civiam cadere possunt. Dereniones , wir 2 18 CICERON. peuvent convenir aux gens de cette espece. Ces hommes que la corruption de leur ecrur, que le délabrement de leur fortune rendent étrangers it Tintérét commun, ils les appellent, comme vous Ventendrez bient6t, des gens pravens et REIE- ‘Tis avec opprobre. Ainsi, lorsque les dieux par- lent des discordes des grands, ils entendent ces dissensions qui éclatent entre les eitoyens dis tingués , et qui ont bien mérité de I'Ftat. Quand la vie des grands est menacée, celle de Clodius est on sirelé, puisqu’il n'est pas moins étranger ‘aux grands , qu'il ne lest aux hommes honnetes et religieux. ‘Crest pour vous, citoyens illustres et vertucux,, pour vous seuls qu’ils nous preserivent la vigi- lance et les précautions. On nous annonee le massacre des grands; et, ce qui en est Ia suite inévitable, on nous dit de prendre garde que YEtat ne tombe au pouvoir d’un seul, Quand les dieux se tairaient, ne nons suffitil pas de nos seules lumigres pour apercevoir ce danger? Les discordes entre des eitoyens illustres et puissants finissent presque toujonrs par la destruction des deux partis, ou par la domination du vainqueur, ‘ou par Fétablissement de la royauté. Des dis- sensions éclatérent entre Marius et Sylla. Vain- queurs et vaincus tour 8 tour, ils régnérent un. et autre dans Rome. Octavius et Cinna, qui se combattirent de méme, régnérent quand ils fue Tent vainqueurs, et périrent quand ils furent vain- us, Sylla triompha une seconde fois. Quoiqu’il ait rétabli la république, i n'en est pas moins ‘rai qu'alors il exerga une puissance royale, ‘Avjourd’hui In haine se montre a déeouvert : elle a versé tous ses poisons dans !'ame des chefs de VEtat. Les grands sont divisés. On épie une ‘rorsos, quod jam audietis, hos appellant, quorum et men- ‘es, of res sunt perditz,, fongeque 2 communi salute diss juncle, Quare,quum dit iimmortales monent do optimativn ‘isoordis, de criss ‘@issensioue praedicunt. Quum principibus pericalum ce» demqve portendunt, in tuto collocant Clodiam , qui tan- tum abest a principibus, quantum a paris, quantum a | religiosis. ‘Vabis, o clariesimi ‘consulendum et prospi ri costenditur; i, quod interitam optimatiom sequi necesse fest, adjungilut : ne in unius imperium res recidat , admo- nemur, Ad quem metom ei deoram monitis non ducere- ‘mur, tuinen ipst nostro sensu conjeeturaque raporemor. ‘Reque enim ullusallus diseordiarum golet esse exitus in- ter claros et potentes viros, nisi aut universus ‘ut vicloris dominatas, aut fegnom. Dissen ‘elaviseimo cive, conaul nobillasimus et fort Sulla. Horum ulerque ita cecidit vietus ut ¥i ‘egnaverit. Cum Octavio callega Cinna dissedt = utrique ue optimi cives, et vestrae saluti regalem potestatem , quanquam rempullieam recuperavit. ‘nest hoe tempord howd obscurum odium , atque id in- jum et optioe meritorum civium | udu vident. Ozedes principum | oceasion. Ceux qui ont moins de force attendent Je ne sais quel événement ou quelle circonstance. Ceux en qui on reconnatt plus de pouvoir re- outent peut-dtre eux-mémes les projets de leurs ennemis. Bannissons ces discordes, et dés lors les malheurs qu'on nous annonee ne seront plus Aeraindre; et dés lors ce serpent, qui se cache ., mais qui loin de vous s‘agite et sélance avec audace, ne pourra plus vivre : Hl sera facile de Yetouffer et de éeraser. XXVI Lesdieux nous avertissent encore d'em- pécher que des desseins cachés ne nuisent a 1a république. Or, quels projets plus eachés que les slens, lorsqu’il a osé dire en pleine assemblée quit fallait remetire toutes les affaires, inter- rompre la justice, fermer le trésor, ne permettre aueune action aux tribunaux? Crayez-vous que Vidée d'une telle confusion, d'un tel boulever- sement dans V'Etat, se soit tout & coup présentée lui sur la tibune, sans quill sen fitt occupé auparavant? Je sais que son me est abrutie par evin, ladébaucheet lesommeit jesais qu'il estle | moins réfléehi ete plus extravagant des hommes. Cependant c'est dans les veilles de la nuit, et mime dans des assemblées nombreuses, que ee projet de fermer les tribunaux a été concu et médité. Souvenez-vous, péres conscrits, qu’on ‘Yeut vous pressentir par cette horrible menace; ‘on veut, en vous aecoutumant al’entendre, s'as- surer les moyens de Vexéeuter. On lita la suite : Nacconpez pas DE Nou- YEAUX HONNEURS AUX HOMMES PERVERS EI xexeris. Je vous dirai bientOt quels sont ces pervers; au reste, peuton nier que ee mot ne désigne surtout celui qui sans eontredit est te plus perverti de tous les mortels? Voyous quels, situm penitus, ef inustam animis hominuin amplissime- rum ; dissident principes; eaptatur occasio. Qui oun tuntum opibos valent, nescio quam fortunam tamen , ac tempus exspectant. Qui sine controversia plus possum, Mi fortasse nonounquiam consilia ac senlentias Inimiooram ‘suorum extimescunt, Tollatur hee e civitate discordia : jam orunes ist, qui portenduntur, metus exstinguentur jum Ista serpens, quae tum hic dlitesit, tum se emergit, ‘et ferturillac, compressa atque elisa morietur. XXVE. Monent enim iidem,, ne oecultis consis respu- Diica tedatnr. Qua sunt oceitiora, quam ejus, qui fo concione ausus est dicere, justitium ediel oportere, ju- risdictionem intermitti,clabdi erarinm, jadicia tol? nisi forte existimatis, hung tantam eallavionem ili, tantem que eversionem Gvitatis, in mentem subito in Rostris nee cogitanti venire potuisse. Est quidem ile plenns vini, ma plenuaque inconsiderate ac emen- gis, etiam coitione horninum Justitia illud eonevetum ac mesita- tom est. Mementots, patres conscript, verbo illo nefirk tentatas aures vestras, et parniciosam vim, avdiendi ‘consuelndine esse muniten. Sequitur illod, Ne nFFERORIUG REPULSIQUE HOXOS vouaron. Repulsos videamus : nam deteriores qut sial,

Vous aimerez peut-être aussi