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PIE XII
AUX REPRESENTANTS DU MONDE CINEMATOGRAPHIQUE
C'est pour Nous un très grand plaisir, Messieurs, d'accueillir en Notre présence les
dignes représentants de ce monde du cinéma, dont l'extension et le prestige ont
atteint en quelques années des proportions extraordinaires, au point d'imprimer en
quelque sorte sa marque à notre siècle.
Bien que d'autres fois et en différentes circonstances Nous ayons accordé à l'activité
cinématographique une attention pleine de sollicitude, Nous sommes heureux de
rencontrer aujourd'hui personnellement ceux qui s'y consacrent de façon stable, pour
ouvrir Notre cœur de Pasteur, où l'éloge envers les réalisations remarquables obtenues
par eux s'accompagne d'une vive anxiété pour le sort de tant d'âmes sur lesquelles le
cinéma exerce un pouvoir profond.
C'est à juste titre qu'on peut parler d'un "monde du cinéma", quand on pense à
l'activité vaste et dynamique à laquelle le cinéma a donné naissance, soit dans le
domaine strictement artistique, soit dans celui de l'économie et de la technique. Il
dépend de légions de producteurs, d'écrivains, de metteurs en scène, d'acteurs, de
musiciens, d'opérateurs, de techniciens et de tant d'autres, dont les emplois sont
désignés par des noms nouveaux de nature à constituer une nomenclature particulière
dans la linguistique moderne. Que l'on pense encore aux établissements industriels,
innombrables et complexes, qui pourvoient à la production des matériaux et des
machines, aux studios, aux salles de spectacle: si l'on imaginait tout cet ensemble
réuni en un seul lieu, il constituerait certainement une des plus grandes villes du globe,
et, de fait, à la périphérie de nombreuses villes on en trouve de semblables, de
dimensions plus réduites. De plus, le cercle des intérêts économiques créés par le
cinéma et gravitant autour de lui, soit pour la production des films, soit pour leur
utilisation, trouve peu d'équivalents dans l'industrie privée, spécialement si l'on
considère la masse des capitaux engagés, la facilité avec laquelle ils sont offerts, et
combien vite ils font retour aux industriels eux-mêmes, non sans d'enviables bénéfices.
Or ce monde du cinéma ne peut pas ne pas créer autour de lui un champ d'influence
extraordinairement large et profond dans la pensée, dans les mœurs et dans la vie des
pays où il déploie son pouvoir, surtout parmi les classes les plus humbles, pour
lesquelles le cinéma constitue souvent l'unique détente après le travail, et parmi la
jeunesse, qui voit dans le cinéma le moyen rapide et agréable de rassasier la soif de
connaissance et d'expériences que lui promet son âge.
Où ce nouvel art puise-t-il l'attrait fascinant grâce auquel, depuis environ soixante ans
qu'il est apparu, il a obtenu le pouvoir quasi magique d'attirer dans l'obscurité de ses
salles, et non certes gratuitement, des foules qui se comptent par milliards? Quel est le
secret du charme qui fait de ces foules ses clients assidus? Dans la réponse à ces
questions se trouvent les causes fondamentales dont dérivent la grande importance et
la popularité si étendue du cinéma.
La première force d'attraction d'un film naît de ses qualités techniques, lesquelles
opèrent le prodige de transporter le spectateur dans un monde imaginaire, ou bien,
pour un film documentaire, de mettre sous ses yeux la réalité distante dans l'espace et
dans le temps. La technique occupe donc la première place dans l'origine et dans
l'évolution du cinéma. Elle a précédé le film et l'a rendu d'abord possible; c'est elle
encore qui le rend chaque jour plus agréable, facile, vivant. Les principaux éléments
techniques d'un spectacle cinématographique existaient déjà avant que le film naisse,
puis petit à petit le film s'en est emparé, jusqu'à pousser enfin la technique à créer de
nouveaux moyens pour son service. Dans cette influence réciproque la technique et le
film ont ainsi évolué rapidement vers la perfection, partant de la prise de vue floue
d'un train qui arrive pour passer au film animé par des idées et des sentiments,
d'abord avec des personnages muets, puis parlants, puis se mouvant dans des lieux
sonorisés par des bruits et de la musique. Préoccupé de réaliser la transposition
parfaite du spectateur dans le monde irréel, le film a réclamé à la technique les
couleurs de la nature, puis les trois dimensions de l'espace, et il tend maintenant par
des procédés hardis à faire pénétrer le spectateur dans la scène vivante.
Quand on revoit aujourd'hui un film vieux de quarante ans, on peut noter les
merveilleux progrès techniques obtenus et on doit admettre que, grâce à eux, un film
d'aujourd'hui, même simplement sonore et en noir et blanc, constitue une splendide
représentation.
De la simple narration visuelle d'un événement ordinaire on est arrivé à mettre sur
l'écran le cours de la vie humaine dans ses drames multiformes, en analysant dans le
détail les idéaux, les fautes, les espérances, les médiocrités, ou les profondeurs d'un
ou de plusieurs personnages. Une maîtrise grandissante dans l'invention et la
formation du sujet a rendu le spectacle toujours plus vivant et plus palpitant; il a
d'ailleurs tiré parti du pouvoir traditionnel de l'art dramatique de tous les temps et de
toutes les cultures, jouissant même sur lui d'un avantage notable grâce à la plus
grande liberté de mouvement, à l'ampleur de la scène et aux autres effets propres du
cinéma.
Mais pour pénétrer toute l'efficacité du film et pour apprécier à sa juste valeur la
cinématographie, il faut porter son attention sur la part importante qu'y tiennent les
lois de la psychologie, soit pour expliquer la manière dont le film agit sur les esprits,
soit qu'on s'en serve consciemment pour faire plus d'impression sur les spectateurs.
Les spécialistes de cette science observent avec soin le processus d'action et de
réaction que suscite la vision du film, en appliquant la méthode d'enquête, l'analyse,
les résultats de la psychologie expérimentale, et en scrutant les couches secrètes du
subconscient et de l'inconscient. Non seulement ils recherchent l'influence du film en
tant que reçu passivement par le spectateur, mais ils analysent également sa
puissance connexe d'activation psychique, selon ses lois immanentes, c'est-à-dire le
pouvoir qu'il a de subjuguer un esprit par le charme de la représentation. Si, par suite
de l'une et l'autre de ces influences, le spectateur demeure vraiment prisonnier du
monde qui défile devant ses yeux, il est poussé à transférer d'une certaine manière son
moi, avec ses dispositions psychiques, ses expériences intimes, ses désirs latents et
mal définis, dans la personne de l'auteur. Durant tout le temps de cette sorte
d'enchantement, dû en grande partie à la suggestion du protagoniste, le spectateur se
meut dans le monde de celui-ci comme si c'était le sien, et même, en un certain sens
et jusqu'à un certain point, il vit à sa place et comme en lui, en parfaite communion de
sentiment; parfois même il est entraîné par l'action à lui suggérer des paroles et des
expressions. Ce processus, que les metteurs en scène des films modernes connaissent
bien et dont ils cherchent à tirer profit a pu être comparé à l'état onirique, avec la
différence que les visions et les images du rêve jaillissent seulement du monde intime
de celui qui rêve, tandis que pour le spectateur elles proviennent de l'écran, de
manière toutefois à en susciter d'autres, plus vives et plus chères, du plus profond de
sa conscience. Il arrive souvent alors que le spectateur voit se réaliser sous les images
de personnes et de choses, ce qui ne s'est jamais produit dans les faits, mais ce qu'il a
cependant plusieurs fois pensé profondément, désiré ou craint en lui-même. C'est donc
à juste titre que le pouvoir extraordinaire du film trouve son explication la plus
profonde dans la structure intime du fait psychique, et le spectacle est d'autant plus
attachant que le film en stimule davantage les processus.
Avec ses méthodes propres le film a ainsi adopté les canons de la narration
traditionnelle-fondés eux aussi sur les lois de la psychologie-dont le premier consiste à
tenir l'attention du lecteur constamment soutenue jusqu'au dernier épisode, en
suscitant en lui des suppositions, des attentes, des espérances, des craintes, en un
mot en le mettant dans l'angoisse de ce qui arrivera aux personnages, devenus
désormais, d'une certaine manière, ses connaissances. Ce serait donc une erreur que
de présenter dès le début d'une manière claire et limpide la trame de la narration ou
de la vision. Au contraire, le livre, et plus encore peut-être le film, en vertu des moyens
les plus variés et les plus subtils dont il dispose, trouve son charme typique en incitant
le spectateur à donner sa propre interprétation du récit, en l'invitant par une logique à
peine esquissée ou d'agréables artifices, à entrevoir ce qui est indéterminé, à prévenir
une action, à anticiper une impression, à résoudre un cas. Ainsi, en s'adaptant de la
sorte à l'activité psychique du spectateur, le film accroît encore le charme de la
représentation cinématographique.
Une fois éprouvée la force pénétrante du film et vérifié le fait de sa large influence
dans les rangs du peuple et sur les mœurs, la cinématographie a attiré l'attention tant
des Autorités compétentes, civiles et ecclésiastiques, que de la collectivité et de tous
ceux qui sont doués d'un jugement serein et d'un véritable sentiment des
responsabilités.
A vrai dire, comment pourrait-on laisser livré à lui-même ou conditionné par le seul
intérêt économique un moyen, en soi tout à fait noble, mais tellement puissant pour
élever les âmes ou les dépraver? Un instrument prompt à faire le bien mais aussi à
répandre le mal?
L'ardeur du zèle privé peut s'attiédir, et de fait s'attiédit bien vite, comme le démontre
l'expérience. Au contraire la propagande agressive ne s'attiédit pas, qui tire souvent du
film d'abondants bénéfices et qui souvent trouve un allié facile au fond même de
l'homme, Nous voulons dire dans l'instinct aveugle, avec ses attraits ou ses impulsions
brutales et basses.
Si, en conséquence, le patrimoine civil et moral du peuple et des familles doit être
protégé de manière efficace, il est plus que juste que l'Autorité publique intervienne
comme il se doit pour empêcher ou freiner les influences les plus dangereuses.
Laissez-Nous maintenant vous adresser, à vous qui êtes si pleins de bonne volonté,
une parole, Nous voudrions presque dire confidentielle et paternelle. Ne serait-il pas
opportun que l'appréciation honnête et le rejet de ce qui est indigne ou inférieur fût
dès le début et d'une manière particulière entre vos mains? Dans ce cas on ne pourrait
certainement pas parler d'incompétence ou de prévention, si vous, par un jugement
mûr, formé selon de sages principes moraux, et dans un dessein sérieux, vous
réprouviez ce qui cause du dommage à la dignité humaine, au bien des particuliers et
de la société, et spécialement à la jeunesse.
Aucun esprit sensé ne pourrait ignorer ou railler votre verdict consciencieux et pondéré
dans une matière qui concerne votre propre profession. Faites donc largement usage
de ce prestige et de cette autorité que votre savoir, votre expérience, la dignité de
votre travail vous confèrent. Remplacez les spectacles insignifiants ou pervertisseurs
par des images bonnes, nobles, belles, qui, sans être troubles peuvent certainement
être attirantes et même toucher au sommet de l'art. Vous aurez avec vous l'accord et
l'approbation de tous ceux qui ont un jugement sain et une volonté droite, et surtout
l'approbation de votre conscience.
Nous avons jusqu'ici consacré une partie de Notre exposé au film tel qu'il est en réalité,
à présent; maintenant Nous voudrions, dans une seconde partie, dire Notre pensée sur
le film tel qu'on voudrait qu'il fût, c'est-à-dire du film idéal.
Avant tout une question préalable: peut-on parler d'un film idéal? L'usage appelle idéal
ce à quoi rien ne manque de ce qui lui est propre mais qui au contraire le possède
d'une manière parfaite. Y a-t-il en ce sens un film simplement idéal? Certains ont
coutume de nier qu'un idéal absolu puisse exister; en d'autres termes, on affirme que
tout idéal est relatif, c'est-à-dire que l'idéal signifie toujours quelque chose, mais
seulement pour une personne ou une chose déterminée. La divergence d'opinion est
causée en grande partie par les critères différents employés pour distinguer les
éléments essentiels des éléments accessoires. En effet, bien qu'on en affirme la
relativité, l'idéal ne manque jamais d'un noyau absolu, qui se réalise dans tous les cas,
même dans la multiplicité et la variété des éléments secondaires, requis par leur
relation à un cas déterminé.
Ceci dit, il Nous semble qu'il faut considérer le film idéal sous trois aspects:
1) par rapport au sujet, c'est-à-dire aux spectateurs auxquels le film est destiné;
3) par rapport à la communauté sur laquelle, comme Nous le disions tantôt, il exerce
une influence particulière.
Puisque Nous désirons Nous arrêter un peu sur ce sujet important, Nous nous
bornerons aujourd'hui à traiter le premier aspect, en réservant le second et le
troisième à une autre Audience, si l'occasion Nous en est donnée.
a) Le premier caractère qui doit à cet égard distinguer le film idéal, c'est le respect
envers l'homme. Il n'y a en effet aucun motif pour qu'il échappe à la norme générale,
selon laquelle celui qui traite avec des hommes doit être rempli de respect pour
l'homme.
Bien que les différences d'âge, de condition et de sexe puissent suggérer une attitude
différente et une adaptation, l'homme conserve toujours cependant la dignité et la
noblesse que le Créateur lui donna quand il le fit à son image et à sa
ressemblance (Gen. 1, 26). Dans l'homme, se trouve l'âme spirituelle et immortelle; le
microcosme avec sa multiplicité et son polymorphisme, avec l'agencement merveilleux
de toutes ses parties; la pensée et la volonté avec la plénitude et l'ampleur de son
champ d'activité; la vie affective avec ses élévations et ses profondeurs; le monde des
sens avec son pouvoir, sa perception et sa sensation multiformes; le corps formé
jusque dans ses dernières fibres selon une téléologie qui n'est pas encore entièrement
explorée. L'homme est constitué seigneur de ce microcosme; il doit se guider librement
lui-même selon les lois du vrai, du bien et du beau, comme la nature, la vie en
commun avec ses semblables et la révélation divine le lui indiquent.
b) Un tel film aurait déjà en réalité la fonction fondamentale d'un film idéal; mais on
peut encore lui accorder quelque chose de plus si, au respect de l'homme, s'ajoute une
compréhension affectueuse. Rappelez-vous la parole émouvante du Seigneur: " J'ai
pitié de ce peuple " (Marc. 8, 2).
La vie humaine ici-bas a ses grandeurs et ses abîmes, ses ascensions et ses déclins,
elle se meut parmi les vertus et les vices, les conflits, les difficultés et les trêves, elle
connaît victoires et défaites. Tout cela chacun l'expérimente à sa façon, selon ses
conditions internes et externes, et selon les différents âges qui, comme un fleuve, le
portent des paysages montagneux vers les collines boisées et vers les plaines illimitées
brûlées de soleil.
Le film idéal doit montrer au spectateur qu'il sait toutes ces choses, qu'il les comprend
et les apprécie exactement; mais il doit le montrer à l'enfant comme il convient à
l'enfant, au jeune homme avec un langage à lui adapté, à l'homme mûr comme il lui
convient, c'est-à-dire en assimilant sa façon propre de connaître et de regarder les
choses.
Mais il ne suffit pas de comprendre l'homme en général, quand le film s'adresse à une
profession ou à une condition déterminée; il faut en outre une compréhension
spécifique des caractères particuliers aux divers états sociaux. Le film doit
communiquer à celui qui voit et écoute le sens de la réalité mais d'une réalité vue avec
les yeux de quelqu'un qui en sait plus que lui, mais qui se place fraternellement à côté
du spectateur pour pouvoir, s'il le faut, l'aider et le réconforter.
Dans cet esprit, la réalité reproduite par le film est présentée d'une manière artistique
puisque c'est le propre de l'artiste de ne pas reproduire mécaniquement le réel ni de
s'assujettir aux seules possibilités techniques des instruments, mais en se servant
d'eux, d'élever et dominer le sujet sans l'altérer ni le soustraire à la réalité. On en
trouvera un exemple magnifique dans les paraboles splendides de l'Ecriture Sainte,
dont les sujets sont pris à la vie quotidienne et aux occupations des auditeurs, avec
une fidélité, Nous dirions presque photographique, mais dominés et élevés de telle
manière que réalité et idéal soient fondus dans une forme d'art parfaite.
Le film idéal par conséquent doit savoir répondre à l'attente et apporter une
satisfaction non quelconque mais totale; il n'a certes pas à satisfaire toutes les
aspirations, même fausses et déraisonnables (Nous ne parlons pas de celles qui sont
déplacées ou amorales) mais bien celles que le spectateur nourrit à bon droit.
Sous l'une ou l'autre de ces formes, ce qu'on en attend, c'est tantôt un soulagement
tantôt un enseignement, une joie, un réconfort, ou une émotion; les unes plus
profondes, les autres superficielles. Le film répond tantôt à l'une tantôt à l'autre de ces
requêtes, ou bien il donnera une réponse qui peut en satisfaire plusieurs ensemble.
Pour se faire une idée de la question, il n'est pas nécessaire de reprendre les
considérations de filmologie et de psychologie dont Nous nous sommes déjà occupés;
il suffit de se laisser guider, ici encore, par le sens commun. Dans l'homme normal, en
effet, on trouve aussi une psychologie pour ainsi dire non savante, dérivant de sa
nature même qui le rend capable de se diriger correctement dans les cas ordinaires de
la vie quotidienne, pourvu qu'il suive la saine faculté de penser, son sens du réel et les
conseils de son expérience; mais surtout pourvu que l'élément affectif soit en lui
ordonné et réglé, puisque ce qui, en dernier lieu, détermine l'homme à juger et à agir
est sa disposition affective actuelle.
Sur la base de cette psychologie simple, il est clair que celui qui va voir un film sérieux
et instructif, a droit à l'enseignement promis; celui qui se rend à une représentation
historique veut qu'on lui montre l'événement, même si les exigences techniques et
artistiques en modifient et en élèvent la forme; celui à qui on a promis de montrer un
roman ou une nouvelle, ne doit pas s'en aller déçu parce qu'il n'en a pas vu développer
le sujet.
Il se peut qu'il en soit ainsi, et même souvent. En ce cas, le film doit chercher à
répondre d'une façon idéale à cette condition, en évitant cependant de tomber dans
des vulgarités ou des sensations indignes.
Il n'est pas niable que même un spectacle plutôt superficiel puisse atteindre des
formes artistiques élevées et mériter d'être jugé idéal, car l'homme est aussi
superficialité et non seulement profondeur: mais celui qui n'est que superficialité et ne
réussit pas à approfondir pensées et sentiments n'est qu'un sot.
Sans doute est-il permis au film de conduire l'esprit fatigué et ennuyé sur le seuil du
monde de l'illusion, afin qu'il jouisse d'une courte trêve dans la réalité qui l'opprime;
mais on aura soin de ne pas revêtir l'illusion de telles formes qu'elle soit prise pour la
réalité par des esprits trop inexpérimentés et faibles. Le film, en effet, qui conduit de la
réalité à l'illusion, doit ensuite ramener de l'illusion à la réalité, un peu avec la même
douceur que la nature utilise dans le sommeil. Elle aussi soustrait l'homme fatigué à la
réalité et le plonge, pour quelque temps, dans le monde illusoire des songes; mais,
après le sommeil, elle le ramène plus solide et comme rénové, à la réalité vivante, à la
réalité habituelle dans laquelle il vit et qu'il doit sans cesse dominer par le travail et la
lutte. Que le film suive en cela la nature; il aura alors accompli une partie notable de
son office.
d) Mais le film idéal, considéré par rapport au spectateur, a enfin une mission haute et
positive à remplir.
Eh bien, un film idéal a justement l'important devoir de mettre les grandes possibilités
et la force d'influence que Nous avons déjà reconnues à la cinématographie, au service
de l'homme et de l'aider à maintenir et réaliser l'affirmation de lui-même dans le
chemin de la rectitude et du bien.
On ne cache pas que pour cela sont requis chez le metteur en scène des dons
excellents car tout le monde sait qu'il n'est certainement pas difficile de produire des
films attirants, en les rendant complices des instincts inférieurs et des passions qui
entraînent l'homme en le soustrayant aux règles de sa raison et de son meilleur
vouloir. La tentation des chemins faciles est grande, d'autant plus que le film pervers-le
Poète dirait "galeotto"-se prête facilement à remplir les salles et les caisses, à susciter
des applaudissements frénétiques et à recevoir dans les colonnes de quelques
journaux des articles trop serviles et bénévoles; mais tout cela n'a rien de commun
avec l'accomplissement d'un devoir idéal. En réalité, c'est une décadence et une
dégradation; c'est surtout un renoncement aux cimes. Le film idéal par contre entend
les atteindre à tout prix et tout en refusant de servir des marchands sans scrupules. Il
n'affecte pas de faire une morale creuse, mais compense abondamment ce refus par
une œuvre positive, qui, comme les circonstances l'exigent, enseigne, charme, répand
une joie et un plaisir nobles et vrais, écarte tout ennui; il est à la fois léger et profond,
imaginatif et réel. En un mot, il sait entraîner, sans arrêts ni secousses, dans les
régions pures de l'art et du plaisir de telle façon que le spectateur, à la fin, sort de la
salle plus joyeux, plus libre et, au fond de son âme, meilleur que lorsqu'il est entré: si,
à ce moment, il rencontrait le producteur, le scénariste ou le metteur en scène, il ne
manquerait peut-être pas de les aborder amicalement dans l'élan de son admiration et
de sa reconnaissance, comme Nous les remercierions Nous-même au nom de tant
d'âmes devenues meilleures.
Nous vous avons signalé, Messieurs, un idéal sans cacher les difficultés de sa
réalisation; mais Nous exprimons en même temps la confiance dans votre haute
compétence et dans votre bon vouloir. Réaliser le film idéal c'est le privilège des
artistes qui sortent de l'ordinaire; certes c'est le but élevé vers lequel au fond tendent
votre pouvoir et votre vocation. Fasse le Seigneur que vous obteniez l'aide de tous
ceux qui en sont capables!
Pour que Nos vœux se réalisent dans ce domaine important de la vie, si proche des
régions de l'esprit, Nous invoquons sur vous, sur vos familles, sur les artistes et les
travailleurs du monde cinématographique, la divine bienveillance, en gage de laquelle
descende sur vous tous Notre paternelle Bénédiction Apostolique .
En vous adressant une seconde fois la bienvenue avec une affection paternelle, à vous
qui vous consacrez à l'activité cinématographique Messieurs, Nous désirons affirmer à
nouveau non seulement Notre estime pour vos personnes et votre profession, mais
aussi la sollicitude vigilante de l'Eglise envers un moyen de diffusion de la pensée et
d'influence sur les mœurs aussi puissant que le cinéma, afin de contribuer à l'élever à
la dignité d'instrument de la gloire de Dieu et de perfectionnement de l'homme.
Revenant donc sur ce sujet en cette nouvelle rencontre avec les représentants du "
monde du cinéma ", Nous Vous proposons de continuer les considérations déjà
exposées, parce que Nous sommes persuadés de son importance, dont Nous avons
déjà amplement montré les motifs. Devant les graves problèmes qui accablent
l'époque présente et qui certainement sollicitent Nos soins les plus empressés, celui du
cinéma pourrait apparaître à certains comme un objet secondaire, qui ne mériterait pas
l'attention particulière que Nous lui consacrons. Certes le cinéma, étant de sa nature
un art et une distraction, devrait, semble-t-il, rester pour ainsi dire en marge de la vie,
tout en obéissant bien entendu aux lois communes qui règlent les activités humaines
ordinaires; mais puisqu'en fait, il est devenu pour la génération présente un problème
spirituel et moral d'une immense portée, il ne peut être négligé par ceux qui ont à
cœur le sort de la meilleure part de l'homme et son avenir. Il ne peut surtout pas être
négligé par l'Eglise et ses Pasteurs, à la vigilance desquels aucune question morale ne
doit se soustraire, spécialement si elle se répercute avec des conséquences
incalculables sur d'innombrables âmes; ni non plus par tous les gens honnêtes et
soucieux du bien commun, qui sont justement convaincus que tout problème humain,
grand ou petit, s'enracine dans un obscurcissement de l'esprit et qu'il se résout
convenablement une fois que l'esprit est éclairé.
Ce sera peut-être la honte de notre époque que beaucoup d'hommes, surtout s'ils
n'ont pas été solidement formés, se laissent amener par les fictions artistiques et les
vaines ombres d'un écran à donner une direction déterminée à leur vie privée et
publique; toutefois ce fait ne cesse pas d'être important et digne d'être considéré avec
un sérieux proportionné à ses effets. S'il survenait demain une décadence spirituelle et
culturelle dont la liberté indisciplinée des films partagerait la responsabilité, quel
reproche n'adresserait-on pas à la sagesse des hommes d'aujourd'hui qui ne surent
pas diriger un instrument aussi apte à éduquer et à élever les âmes mais qui permirent
au contraire qu'il se changeât en véhicule du mal!
Cette confiance que Nous entretenons envers le cinéma, comme instrument efficace et
positif d'élévation, d'éducation et d'amélioration, Nous pousse à exhorter ses artisans
et producteurs pour qu'ils déploient tous leurs efforts en vue de l'affranchir non
seulement de la décadence artistique mais surtout de la complicité de la dépravation,
et à leur présenter au contraire les régions limpides du film idéal.
De celui-ci Nous avons déjà exposé les caractères propres mais seulement sous le
premier des trois aspects qu'il offre à l'examen, c'est-à-dire par rapport au sujet,
l'homme auquel le film idéal est présenté.
Afin qu'en traitant du film idéal quant à son contenu, on n'ait pas à se perdre en
exigences sans fondement mais pour en saisir au contraire les éléments essentiels, il
importe de se rappeler la réflexion exposée auparavant sur le noyau absolu que
renferme la relativité de l'idéal, c'est-à-dire l'être propre du film, sa bonté spécifique,
son mérite propre. Il est opportun à cet effet de rappeler la notion d'idéal: ce à quoi,
non seulement rien ne manque de ce qu'il doit avoir, mais qui le possède d'une
manière parfaite. Puisque le film concerne l'homme, il sera idéal dans son contenu s'il
satisfait d'une manière parfaite et harmonieuse aux exigences primordiales et
essentielles de l'homme lui-même. Il y en a fondamentalement trois: la vérité, la
bonté, la beauté, lesquelles constituent comme des diffractions, à travers le prisme de
la connaissance, du règne illimité de l'être qui s'étend en dehors de l'homme dans
lequel elles réalisent une participation toujours plus large à l'être même. Il est vrai que,
dans les cas particuliers, celui qui s'emploie moyennant l'art ou la culture, à faire
participer l'homme à ce règne, s'aperçoit à la fin qu'il a étanché bien peu sa soif
insatiable; toutefois il lui reste le mérite d'avoir su détourner à son avantage quelque
ruisseau de la plénitude originelle du vrai, du bien, du beau, dans la mesure du
possible et sans contaminations; il a concilié, en d'autres termes, la relativité de l'idéal
avec son concept absolu. Maintenant, le film peut-il être un véhicule convenable de
cette triade dans l'âme du spectateur? peut-il en être un intermédiaire excellent et,
dans les limites de ses propres méthodes, parfait? La réponse doit être affirmative bien
qu'elle ne se vérifie pas toujours, même dans le cas d-un film classé comme bon, mais
qui reste en dehors des régions idéales à cause de l'absence de l'un ou l'autre de ces
éléments ou de leur harmonie.
FILM D'ENSEIGNEMENT.
Les films de pur enseignement sont relativement rares; le plus souvent, peut-être par
égard aux degrés divers de préparation du public, au lieu d'approfondir le sujet, ils
l'effleurent en se limitant à donner les idées substantielles.
Et pourtant si l'on tient compte de la soif de culture que le public manifeste et dont
souvent on regrette l'absence, cette espèce de film, pourvu qu'il soit réalisé avec une
perfection idéale, serait bien accueilli partout tandis que, développé et étendu comme
il faut, il tournerait à l'avantage du progrès culturel.
Le film peut moissonner à pleines mains dans son triple royaume et parcourir, grâce
aux moyens techniques dont il dispose, les routes harmonieuses de la Création,
ouvertes par les sciences physiques et biologiques, tant dans l'immensité des cieux que
dans les replis cachés du microcosme.
On n'assiste pas sans un frisson d'émerveillement aux films qui transportent dans des
mondes inconnus et parfois insoupçonnés qu'aucun autre moyen ne pourrait, mieux
que le cinéma, représenter d'une manière aussi vivante. Tantôt la majesté des
montagnes colossales enchante et subjugue, tantôt c'est l'irrésistible fureur des
tempêtes de l'océan, la solitude des glaciers polaires, l'immensité des forêts vierges, la
tristesse des sables désertiques, le charme des fleurs, la transparence des eaux, l'élan
des cascades, l'élégance des aurores boréales: toutes ces images, reproduites avec
fidélité et illustrées par de sobres commentaires parlés et musicaux, s'impriment dans
l'âme comme celles d'un voyage. Le déroulement de la vie offre encore un sujet plus
grand d'étonnement et d'instruction dans ces films - ils ne manquent pas non plus - qui
dévoilent les secrets du règne animal et sont l'œuvre d'auteurs et de producteurs
expérimentés, réalisés après des jours et des mois exténuants d'attente et
d'observation, passés dans des conditions incommodes dans les forêts et les déserts
inhospitaliers, sur les fleuves et dans les profondeurs marines. Quel témoignage de la
richesse et de la multiplicité de la nature offrent de pareils films, capables autant que
d'autres de calmer, de récréer, de fortifier l'esprit!
Si l'on passe ensuite aux œuvres de l'homme, il ne manque pas de sujets propres à
une élaboration artistique et aptes à répandre la culture sur une large échelle. On
appelle justement films de culture ceux qui décrivent les diverses races, les mœurs, le
folklore, les civilisations, et plus en détail, les façons de travailler, les systèmes
agricoles, les routes du trafic terrestre, maritime et aérien, les voies de communication,
les types d'habitation et de résidence aux différents âges, saisis par l'objectif aux
différents stades de leur développement, qui part de la cabane primitive de feuillage,
pour aboutir aux demeures nobles, aux monuments architectoniques, aux hardis
gratte-ciel des cités modernes.
Ces indications suffisent à démontrer que le film instructif, pourvu qu'il soit traité avec
la mesure exacte de données scientifiques, présenté sous un jour neuf et animé par un
souffle artistique sincère, suffisant pour écarter l'idée d'un enseignement
rigoureusement scolaire, peut aisément par son contenu, offrir au spectateur tout ce
qu'il attend en ce genre d'un film idéal.
FILM D'ACTION.
L'entreprise s'avère bien plus difficile dans le film d'action, celui qui entend représenter
et interpréter la vie et la conduite des hommes, leurs passions, leurs aspirations et
leurs luttes.
Dans ce genre de sujets, le film idéal n'est pas une chose de tous les jours; et
cependant de tels films sont, par leur nombre, de loin les plus communs. Ce fait
démontre que ce genre de films est spécialement demandé et apprécié du public, et
prouve en même temps, les difficultés sérieuses qu'offre la réalisation d'un film idéal.
Toute matière susceptible d'être représentée peut-elle donc être acceptée par qui se
propose le film idéal? On a déjà indiqué quelques motifs d'exclusion fondés sur des
considérations morales, sociales, humaines, qui restreignent nécessairement la liberté
de choisir sans discrimination.
Deux questions particulières méritent cependant d'être considérées avec un soin
spécial
La première est: dans les films d'action est-il permis de prendre comme matière des
sujets religieux?
Il faut répondre qu'on ne voit pas pourquoi ces sujets devraient être exclus
généralement et en principe, d'autant plus que l'expérience tentée dans ce domaine a
déjà donné de bons résultats pour des films de contenu strictement religieux.
Mais, quand le thème n'est pas expressément tel, le film idéal d'action ne devrait pas
ignorer l'élément religieux. On a noté en effet que même des films moralement
irrépréhensibles peuvent toutefois faire du tort spirituellement s'ils offrent au
spectateur un monde dans lequel aucune allusion n'est faite à Dieu et aux hommes qui
croient en Lui et Le vénèrent, un monde dans lequel les personnes vivent comme si
Dieu n'existait pas. Il ne manque pas d'exemples de tels films, réalisés dans le but de
représenter les diverses formes de religiosité, soit en les mettant en relief dans des
actions réelles, soit en jouant des scènes spéciales à cette intention.
En tout cas, qu'il s'agisse de films à but instructif ou que l'on veuille offrir au spectateur
la vue dramatique du contraste entre deux vies orientées religieusement en des
directions différentes, il y faut une finesse et une profondeur de sentiment religieux
beaucoup plus grandes pour ne pas blesser et profaner ce que les hommes considèrent
comme sacré (même si les pensées et les sentiments qui les animent sont erronés).
Les mêmes précautions et les mêmes limitations s'imposent pour les films historiques
qui traitent d'hommes et d'événements qui furent au centre d'oppositions religieuses
non complètement calmées: là, ce qui est requis en premier lieu, c'est la vérité; celle-ci
toutefois doit savoir se concilier avec la charité, afin que l'une ne tourne pas au
désavantage de l'autre.
Il est naturel de donner une réponse négative à une telle demande lorsque la
perversité et le mal sont présentés pour eux-mêmes; si ce mal représenté est
approuvé, au moins de fait; s'il est décrit sous des formes provocantes, insidieuses,
corruptrices; s'il est montré à ceux qui ne sont pas en état de le dominer et de lui
résister. Mais quand il n'y a aucun de ces motifs d'exclusion; quand le conflit avec le
mal, et même sa victoire temporaire, sert par rapport à tout l'ensemble à faire
comprendre plus profondément la vie, sa bonne direction, le contrôle de sa propre
conduite, à éclairer et consolider le jugement et l'action; alors une telle matière peut
être choisie et mêlée, comme contenu partiel, à l'ensemble de l'action. Le film est à
juger selon le critère qui doit régir toute œuvre artistique analogue: la nouvelle, le
drame, la tragédie, et toute œuvre littéraire. Même les Livres Saints de l'Ancien et du
Nouveau Testament, en tant que miroir fidèle de la vie réelle, renferment des
narrations du mal, de son action et de son influence dans la vie des particuliers,
comme dans celle des races et des peuples.
Eux aussi laissent pénétrer le regard dans le monde intime, souvent tumultueux, des
hommes d'alors; ils racontent leurs chutes, leur relèvement ou leur fin. Tout en étant
rigoureusement historique, la narration a souvent l'allure des drames les plus forts, les
couleurs sombres de la tragédie. Le lecteur est frappé de l'art singulier et de la vivacité
des descriptions, qui, même du simple point de vue psychologique, sont des chefs-
d'œuvre incomparables. Il suffit de rappeler les noms: Judas Caïphe, Pilate, Pierre,
Saül. Ou bien à l'époque des Patriarches: l'histoire de Jacob, les aventures de Joseph
en Egypte dans la maison de Putiphar-dans les livres des Rois: l'élection, la
réprobation, la fin tragique du roi Saül; ou bien la chute de David et son repentir; la
rébellion et la mort d'Absalon; et d'autres événements innombrables.
Là le mal et la faute ne sont pas dissimulés par des voiles trompeurs, mais racontés
comme ils arrivèrent en réalité. Cependant même cette portion du monde contaminé
par la faute est enveloppée d'une atmosphère d'honnêteté et de pureté répandue par
celui qui, tout en restant fidèle à l'histoire, n'exalte ni ne justifie aucunement la
perversité mais incite de façon évidente à la condamner; de la sorte la vérité sans
apprêt ne suscite pas d'impulsions ou de passions désordonnées, au moins chez les
personnes mûres.
Au contraire: le lecteur sérieux devient plus réfléchi, plus clairvoyant; son esprit, se
repliant sur lui-même, est amené à se dire: "Veille à ne pas être toi aussi induit en
tentation" (cf. Gal. 6, 1); "si tu te tiens debout, veille à ne pas tomber" (cf. I Cor. 1O,
12).
De telles conclusions ne sont pas suggérées seulement par la Sainte Ecriture, mais
elles sont aussi le patrimoine de la sagesse antique et le fruit d'une amère expérience.
Admettons donc que le film idéal lui-même puisse représenter le mal: faute et chute,
mais qu'il le fasse dans un but sérieux et sous des formes convenables, en sorte que
sa vision aide à approfondir la connaissance de la vie et des hommes, à améliorer et à
élever l'esprit.
Que le film idéal fuie donc toute forme d'apologie et encore plus d'apothéose du mal,
et qu'il manifeste sa réprobation dans tout le cours de la représentation, et non pas
seulement dans la conclusion, qui arriverait souvent trop tard, après que le spectateur
est déjà alléché et bouleversé par les excitations mauvaises.
Telles sont les considérations que Nous voulions vous exposer sur le film idéal en
relation avec son objet, c'est-à-dire avec son contenu. Il ne Nous reste maintenant
qu'à ajouter une brève parole sur le film idéal dans son rapport à la communauté
.
3. - LE FILM IDEAL, VU ET CONSIDERE PAR RAPPORT A LA COMMUNAUTE
Quand, au début de cet exposé, Nous notions qu'en peu d'années le cinéma a marqué
en quelque sorte notre siècle, Nous affirmions implicitement des rapports entre lui et la
communauté. De la vaste influence qu'il exerce sur elle et sur le bien commun Nous
avons tiré de solides arguments pour affirmer l'importance du film et le devoir qu'a la
collectivité de veiller sur ses qualités morales.
a) à la famille.
Dans la division du sujet Nous donnons la première place à la famille, entre autres
parce qu'elle est souvent appelée à prendre part aux représentations
cinématographiques, dont malheureusement sa haute et sainte dignité ne sort pas
toujours indemne.
Cependant, bien plus que par le passé, la désorientation actuelle des esprits, ainsi que
les trop fréquents scandales, ont amené bien des gens à déprécier les immenses
trésors de bien que la famille peut dispenser; c'est pourquoi ses éloges sont facilement
accueillis avec un sourire mêlé de scepticisme et d'ironie.
Ce serait une recherche utile que d'examiner dans quelle mesure certains films ont
concouru à répandre une telle mentalité, ou s'ils s'adaptent servilement à celle ci pour
en satisfaire les désirs, au moins par la fiction. Il est certainement déplorable que
certains films se fassent écho de l'ironie et du scepticisme envers l'institution
traditionnelle de la famille, en exaltant ses réalités corrompues, et surtout en attaquant
par des moqueries subtiles et frivoles la dignité des époux et des parents.
Mais quel autre bien humain resterait à l'homme sur la terre si se trouvait détruite la
famille telle qu'elle a été ordonnée par le Créateur? C'est donc un devoir élevé et
délicat que de rendre aux hommes l'estime et la confiance en elle.
Le film, qui manifeste chaque jour un si grand intérêt et une si grande efficacité à ce
sujet, devrait s'adjuger cet office et le remplir en montrant et en répandant la notion
naturellement droite et humainement noble de la famille, en décrivant le bonheur des
conjoints, des parents et des enfants, l'avantage d'être étroitement unis par le lien des
affections dans le repos et dans la lutte, dans la joie et dans le sacrifice.
On peut obtenir tout cela sans beaucoup de paroles, mais par des images appropriées
et en présentant des épisodes attrayants: tantôt d'un homme doué d'un caractère
solide, qui fait ce qu'il doit, qui ose et lutte, qui sait aussi supporter et attendre, agir
virilement et fermement, et en même temps maintenir et manifester une fidélité
inébranlable, un sincère amour conjugal, une constante sollicitude de père;-ou bien
d'une femme dans le sens le plus noble et le plus digne de la parole, épouse et mère
de conduite irrépréhensible, à l'esprit ouvert, experte dans la famille et au dehors, et
toutefois dévouée à sa maison et à sa vie intime, parce qu'elle sait y trouver son
bonheur;-ailleurs, de fils respectueux envers leurs parents, ardents pour leurs idéals et
poursuivant sérieusement les meilleurs, toujours frais et enjoués, mais en même temps
serviables, généreux et intrépides.
Un film d'action qui traduise tout cela dans une intrigue intéressante et vivante, sous
une forme artistique parfaite, qu'il n'est pas impossible aux spécialistes d'obtenir,
serait, en ce qui regarde le bien de la communauté, un film idéal au sens plein et réel
du mot.
b) à l'Etat.
Que l'on examine maintenant brièvement le film idéal par rapport à l'Etat. Il est bon de
s'entendre sur le sens de cette expression et de préciser qu'il s'agit ici d'établir de
quelle manière un film qui s'occupe plus ou moins expressément de matières
concernant la communauté politique peut concourir au bien de celle-ci.
C'est pourquoi Nous laissons de côté dans Nos considérations les films dits politiques,
de partis, de classe et autres semblables, qui servent dans un but de propagande ou
même de lutte à une politique déterminée ou à un parti, à une classe, à un système.
Au fond de toutes ces choses il existe l'institution naturelle de l'Etat, dont la notion se
distingue des formes variées qui l'expriment dans son développement concret, formes
qui vont et viennent, qui changent, qui de temps en temps se répètent dans le cours
de l'histoire, avec les modifications et les adaptations amenées par les conditions
nouvelles. L'Etat est au contraire quelque chose de stable et de nécessaire dans son
noyau essentiel et naturel, qui demeure malgré les vicissitudes de ses formes
concrètes et changeantes. C'est ce noyau, qui est un bien en soi mais aussi une source
de biens pour chaque membre de la communauté, que Nous considérons actuellement.
L'Etat a une origine naturelle non moins que la famille; cela signifie que dans son
"noyau" il constitue une institution voulue et donnée par le Créateur; cela vaut aussi
pour ses éléments essentiels, tels que le pouvoir et l'autorité qui émanent de la nature
et de Dieu. Par la nature en effet, et donc par son Auteur, l'homme est poussé à s'unir
en société, à collaborer en vue d'une intégration mutuelle par l'échange réciproque de
services et de biens, à se disposer organiquement en un corps, selon la diversité des
dispositions et des actions des particuliers, à tendre au but commun, qui consiste dans
la création et la conservation du vrai bien général par le concours des activités
particulières.
Les hommes doivent donc reconnaître, accepter, respecter l'Etat, l'autorité de l'Etat, le
droit de l'Etat à présider au bien temporel commun, comme à sa fin spécifique. Or,
étant donné que la désorganisation des esprits engendre dans ce domaine aussi de
fréquentes attaches ou répugnances affectives, il sera toujours bon de ramener les
esprits à consolider les vraies bases de la vie en société.
Le cinéma peut rendre là aussi un grand service, bien que ce ne soit pas le premier et
le plus important de ses offices. Toutefois, avec l'efficace qui lui est propre, son action
peut intervenir de manière opportune pour réprimer des tendances dissolvantes,
rappeler l'attention sur les bonnes choses tombées en désuétude, faire apprécier ce qui
a été mal estimé. On pourra obtenir ce résultat quand, dans un film d'action, on doit
toucher à des institutions ou à des activités de l'Etat telles que sont les mesures de la
législation, de l'administration, de la justice, en les représentant positivement comme
la nature les a déterminées et selon leurs propres normes.
En employant les ressources artistiques dont ne manquent pas les auteurs et les
producteurs de valeur, et sans s'arrêter à des instructions théoriques, ils pourront
aisément montrer et rappeler à la conscience des spectateurs ce qui est profitable à
tous, ce qui protège vraiment, ce qui aide dans la communauté de l'Etat, le pourquoi
de l'action ou de l'omission de la part des Autorités.
Ainsi le cinéma, sans abdiquer son propre caractère et en subir de dommage peut
remplir son rôle à l'avantage de la communauté, renforcer le sens de la fidélité à l'Etat
et promouvoir le progrès. Un film de ce genre serait bien éloigné des films politiques
de parti et de classe ou même d'un pays déterminé; ce serait simplement le film de
tous, parce qu'il conserverait le noyau essentiel de tout Etat.
On ne pourrait considérer comme achevé l'exposé que Nous faisons sur le film idéal
par rapport à la communauté si Nous n'ajoutions une parole sur ses relations avec
l'Eglise.
c) à l'Eglise.
Une réalité de ce genre, qui comprend tout un monde spirituel et surnaturel, échappe
dans sa totalité à la représentation artistique, car elle transcende les possibilités
mêmes des moyens expressifs de l'homme. Il sera toutefois suffisant de la connaître
substantiellement pour lui assurer le respect et la vénération dont elle est digne. Si le
film doit-et cela arrive souvent - s'occuper d'événements dans lesquels le sujet de
l'Eglise entre en ligne de compte de manière plus ou moins importante et étendue, il
devra le faire avec vérité et en connaissance de cause, avec un tact religieux, de la
simplicité, de la dignité. Du reste, Nous avons déjà exposé Notre pensée lorsque Nous
avons traité en général du choix des sujets religieux. Nous ajoutons maintenant une
seule suggestion: si un film, spécialement un film d'action, veut être fidèle à l'idéal en
ce qui regarde l'Eglise du Christ, il doit, en plus de la forme artistique parfaite, être
conçu et exécuté de manière à inspirer au spectateur compréhension, respect et
dévotion envers l'Eglise, et à ses fils, joie, amour et comme un saint orgueil de lui
appartenir.
Il n'est pas exclu que des raisons historiques, des exigences de composition ou
simplement un sobre réalisme rendent nécessaire de présenter des déficiences et des
défauts de personnes ecclésiastiques, dans leur caractère et peut-être même dans
l'exercice de leur office; en ce cas toutefois, qu'il soit bien clair pour le spectateur qu'il
y a une distinction entre institution et personne, entre personne et office.
En particulier, pour le catholique, le film qui réalisera l'idéal du film religieux sera celui
dans lequel l'Eglise apparaîtra rayonnante de l'auréole de "Sancta Mater Ecclesia":
Sainte et Mère, dans laquelle il a confiance, à laquelle il adhère, dans laquelle il vit, de
laquelle son âme et son être intime tirent l'humaine perfection et les richesses
éternelles.
Voici, Messieurs, ce que Nous voulions vous dire au sujet du cinéma, auquel vous
consacrez votre activité, vos talents, votre travail quotidien. Nous voudrions
maintenant conclure les considérations que Nous venons de faire sur l'importance du
cinéma et sur son idéal en vous confiant Notre sentiment intime. Tandis que Nous vous
parlions, au regard de Notre esprit étaient présentes les immenses foules d'hommes,
de femmes, de jeunes gens, d'enfants, auxquels le film s'adresse chaque jour avec son
langage puissant, et Nous recueillions avec tendresse et une anxiété paternelle leurs
désirs et leurs attentes. La majorité d'entre eux, qui sont au fond de leur esprit sains et
bons, ne demandent pas autre chose au film qu'un reflet du vrai, du bien, du beau; en
un mot un rayon de Dieu. Ecoutez leur voix vous aussi, et répondez à leur attente
profonde, afin que l'image de Dieu, imprimée dans leurs âmes, brille toujours nette
dans les pensées, les sentiments et les œuvres inspirées par votre art.
C'est par ce souhait, qui veut être aussi une nouvelle assurance de l'estime et de
l'intérêt que Nous portons à votre œuvre, que Nous invoquons sur vous les faveurs
célestes, en gage desquelles Nous vous accordons de grand cœur Notre paternelle
Bénédiction Apostolique.
Veneráveis Irmãos
Saudação e Bênção Apostólica
2. Isso Nos oferece o ensejo, há tanto tempo almejado, de externar mais amplamente
Nosso parecer sobre este assunto, relacionado tão de perto com a vida moral e
religiosa de todo o povo cristão. Antes de tudo Nos congratulamos convosco por ter
esta Legião, guiada e instruída por vós e apoiada pela valiosa cooperação dos fiéis, já
prestado, neste setor do apostolado, tão relevantes serviços; alegria tanto mais intensa
quanto, angustiados, registrávamos que a arte e indústria do cinema chegara, por
assim dizer, "em grandes passos fora do caminho", ao ponto de mostrar a todos, em
imagens luminosas, os vícios, crimes e delitos.
3. Cada vez que se Nos oferecia uma ocasião propícia, consideramos ser um dever de
Nosso altíssimo ofício dirigirmo-Nos ao Episcopado e outros membros do Clero, e
também a todos os homens de reta e boa vontade, a fim de se preocuparem com este
problema de suma importância.
Toda a arte nobre tem como fim e como razão-de-ser, tornar-se para o homem um
meio de se aperfeiçoar pela probidade e virtude; e por isso mesmo deve ater-se aos
princípios e preceitos da moral. E concluíamos, com a aprovação manifesta daquelas
pessoas de elite – ainda Nos é consolador relembrar – ser necessário tornar o cinema
conforme às normas retas, de modo que possa levar os espectadores à inteireza da
vida e uma verdadeira educação.
10. Vossas diretrizes suscitaram a adesão pronta e dedicada dos fiéis que dirigis. E
milhões de católicos dos Estados Unidos subscreveram os compromissos da "Legião da
Decência", obrigando-se a não assistir a representações cinematográficas que
ofendessem a moral cristã e as regras de uma vida honesta. Podemos dizer com
imensa alegria: vimos o vosso povo colaborar em tão boa harmonia com os bispos na
execução deste programa, como jamais nestes últimos tempos Nos foi dado ver mais
íntima união entre ambos.
11. E não só os filhos da Igreja Católica, mas distintos protestantes e ilustres israelitas
e muitos outros aceitaram a vossa iniciativa; uniram-se aos vossos esforços para dar
ao cinema normas que condigam com tão nobre arte e a moral. Conforta-Nos muito
assinalar o sucesso notável desta cruzada, pois que, segundo Nos foi referido, sob a
vossa vigilância e sob a pressão da opinião pública o cinema mostrou um progresso no
terreno moral. Crimes e vícios foram reproduzidos menos freqüentemente do que
antes; o pecado não foi aprovado e aclamado tão abertamente; não mais se
apresentaram de maneira tão impressionante falsas normas de vida ao espírito
impressionável e facilmente excitado da mocidade.
Resposta às críticas
12. Embora em certos meios se tenha predito que o valor artístico do cinema sofreria
pelas exigências da "Legião da Decência", parece ter sucedido exatamente o contrário.
Pois esta Legião deu forte impulso aos esforços feitos para elevar cada vez mais o
cinema a grande nobreza de nível artístico, impelindo-o à produção de obras clássicas
e a criações originais de valor pouco comum.
13. Também os que colocaram seu dinheiro na indústria cinematográfica não tiveram
prejuízo com isso, como alguns, sem provar com razões suficientes sua asserção,
agouraram; pois não poucos, que aborreciam o cinema por ofender a moral,
recomeçaram a freqüentar estes espetáculos, desde que se exibiram filmes com
enredos que não desdizem nem da probidade humana nem da moral cristã.
14. No começo da vossa cruzada, Veneráveis Irmãos, dizia-se que estes esforços
seriam de curta duração e seus efeitos transitórios, porque, relaxando a vossa
vigilância e a dos vossos fiéis, os industriais voltariam a seu talante aos processos
anteriores. É fácil compreender por que alguns desejavam voltar às produções
equívocas que excitam as paixões inferiores e que proibistes. Enquanto a produção de
figuras realmente artísticas, de cenas humanas e ao mesmo tempo virtuosas exige um
esforço intelectual, trabalho, habilidade e também uma despesa grande, é
relativamente fácil provocar certa categoria de pessoas e de classes sociais com
representações que excitam as paixões e despertam os instintos inferiores, latentes no
coração humano.
15. Uma vigilância incessante e universal deve convencer de vez aos produtores de
que a "Legião da Decência" não foi fundada para ter só uma curta duração, mas que,
sob os auspícios dos Bispos dos Estados Unidos, as diversões honestas do povo em
qualquer tempo e sob qualquer aspecto com todo empenho sejam salvaguardadas.
16. Não há negar que o recreio corporal e espiritual, em suas múltiplas manifestações
do progresso moderno, tornou-se necessário para os que se cansam nas ocupações e
cuidados da vida, mas ele deve ser digno e por isto são e moral; deve elevar-se ao
nível de fator positivo de nobres sentimentos. Um povo que, em seus momentos de
repouso, se entrega a prazeres que ferem o pudor, a honra, a moral, divertimentos
que constituem uma ocasião do pecado, especialmente para a mocidade, corre o
perigo de perder sua grandeza e seu poder.
17. É indiscutível que, entre estes divertimentos, o cinema adquiriu, nos tempos
modernos, uma importância máxima, por ter-se estendido a todas as nações. Não é
necessário registrar que milhões de pessoas diariamente assistem às representações
do cinema; que se abrem locais para semelhantes espetáculos cada vez em maior
número, em meio de todos os povos de alta cultura ou só meio civilizados; que o
cinema se tornou a forma mais popular de recreação, não só para os ricos, mas para
todas as classes da sociedade.
18. Não há hoje um meio mais poderoso para exercer influência sobre as massas, quer
devido às figuras projetadas nas telas, quer pelo preço do espetáculo cinematográfico,
ao alcance do povo comum, e pelas circunstâncias que o acompanham.
19. O poder do cinema provém de que ele fala por meio da imagem, que a inteligência
recebe com alegria e sem esforço, mesmo se tratando de uma alma rude e primitiva,
desprovida de capacidade ou ao menos do desejo de fazer esforço para a abstração e
a dedução que acompanha o raciocínio. Para a leitura e audição, sempre se requer
atenção e um esforço mental que, no espetáculo cinematográfico, é substituído pelo
prazer continuado, resultante da sucessão de figuras concretas. No cinema falado, este
poder atua ainda com maior força, porque a interpretação dos fatos se torna muito
fácil e a música ajunta um novo encanto à ação dramática. Se nos entreatos se
acrescentam danças e variedades, as paixões recebem excitações das mais perigosas,
que avultam vertiginosamente.
20. A cinematografia realmente é para a maioria dos homens uma lição de coisas que
instrui mais eficazmente no bem e no mal, do que o raciocínio abstrato. É, pois,
necessário que o cinema, erguendo-se ao nível da consciência cristã, sirva à difusão
dos seus ideais e deixe de ser um meio de depravação e de desmoralização.
21. É geralmente sabido o mal enorme que os maus filmes produzem na alma. Por
glorificarem o vício e as paixões, são ocasiões de pecado; desviam a mocidade do
caminho da virtude; revelam a vida debaixo de um falso prisma; ofuscam e
enfraquecem o ideal da perfeição; destroem o amor puro, o respeito devido ao
casamento, as íntimas relações do convívio doméstico. Podem mesmo criar
preconceitos entre indivíduos, mal-entendidos entre as várias classes sociais, entre as
diversas raças e nações.
23. Estas Nossas observações são tanto mais graves por falar uma representação de
cinema não a pessoas separadas, e sim a grandes reuniões, e isto em condições de
lugar e tempo que podem levar a um entusiasmo depravado, como também a um
ardor ótimo; entusiasmo que pode chegar a uma louca e geral concitação, que pela
experiência tão bem conhecemos.
b) em salas semi-obscuras
26. E, infelizmente, no atual estado de coisas, é geralmente para o mal que o cinema
exerce sua influência. Quando pensamos na ruína de tantas almas especialmente de
moços e de crianças, cuja integridade e castidade periga nas salas de cinema, vem à
Nossa mente a terrível sentença de Nosso Senhor contra os corruptores dos pequenos:
"O que escandalizar um destes pequeninos que crêem em mim, melhor lhe fora que se
lhe pendurasse ao pescoço a mó que um asno faz girar e que o lançassem no fundo do
mar". (Mt 18, 6 ). É uma das supremas necessidades do nosso tempo fiscalizar e
trabalhar com todo afinco para que o cinema não seja uma escola de corrupção, mas
que se transforme em um precioso instrumento de educação e de elevação moral.
27. Aqui lembramos com viva satisfação que certos governos, preocupados com a
influência do cinema no domínio moral e educativo, criaram, por meio de pessoas
probas e honestas, principalmente com pais e mães de família, comissões especiais de
censura, como também organismos indicadores para a produção cinematográfica,
orientando sua inspiração para obras nacionais de seus grandes poetas e escritores.
28. Assim, se é sobremaneira conveniente que vós, Veneráveis Irmãos, exerçais uma
vigilância especial sobre a indústria cinematográfica em vosso país, a qual por causa
de seu vigoroso desenvolvimento exerce grande influência nas outras partes do
mundo, é também dever dos Bispos de todo o orbe católico unirem-se para fiscalizar
esta universal e poderosa forma de diversão e de ensino, para fazer prevalecer como
motivo de proibição do mau cinema, a ofensa feita ao sentimento religioso e moral e a
tudo que é contrário ao espírito cristão e a seus princípios éticos, não se cansando de
combater tudo que contribui para enfraquecer ou extinguir no povo o sentimento da
decência e da honra. É um dever que compete não somente aos Bispos, mas também
a todos os católicos e a todos os homens honestos que amam a dignidade e a saúde
moral da família, da nação, e em geral da sociedade humana.
30. Por ser, porém, como Nós bem o sabemos, muito difícil organizar uma tal indústria,
principalmente por motivos de ordem financeira, e como, de outro lado, é necessário
exercer influência sobre todos os filmes para que não haja ação prejudicial, no que diz
respeito à religião, moral e sociedade civil, é necessário que os pastores de almas se
interessem pelos filmes que estão atualmente ao alcance do povo cristão.
31. Quanto à indústria dos filmes, exortamos ardentemente aos Bispos de todos os
países produtores, e especialmente a vós, Veneráveis Irmãos, a fazer um apelo a todos
os católicos que de qualquer forma participam desta indústria. Eles devem pensar
seriamente nos seus deveres e nas responsabilidades que têm como filhos da Igreja;
devem usar de seu empenho para reproduzir nos filmes que produzem, ou que ajudam
a produzir, princípios sãos e morais. O número de católicos executores ou diretores,
autores e atores nos filmes não é pequeno, e infelizmente sua influência na confecção
dos filmes nem sempre foi de acordo com a sua fé e suas idéias. Será dever dos bispos
estimulá-los a fazer concordar sua profissão com a consciência de homens respeitáveis
e discípulos de Jesus Cristo. Aí, como em todos os campos de apostolado, os pastores
de almas certamente encontrarão excelentes colaboradores nos que militam nas
fileiras da Ação Católica, aos quais nesta Carta Encíclica fazemos ardoroso apelo para
que dêem seu concurso sem tréguas e sem desfalecimento também a esta campanha.
Indicações práticas:
35. A execução dessa promessa solene requer que o povo conheça claramente quais
os filmes permitidos a todos, quais os filmes permitidos com reserva, quais os filmes
prejudiciais ou positivamente maus. Isto exige confecção de listas e sua publicação
regular, em forma de boletins, em que, a miúdo, se classifiquem os filmes em forma
acessível a todos.
36. Seria para desejar que se pudesse formar uma lista para o mundo inteiro, porque a
mesma lei moral está em vigor para todos. Mas, como se trata de publicações que
interessam a todos os ramos da sociedade, sábios e ignorantes, ao povo e governos, o
juízo sobre um filme não pode ser o mesmo em toda parte. Realmente, as
circunstâncias e formas de vida variam em todos os países: não seria por isto prático
estabelecer uma só lista para o mundo inteiro. Se cada nação conseguir uma lista com
a classificação dos filmes, como indicamos mais acima, já se terá obtido em princípio a
direção desejada.
37. Para este fim, é imprescindivelmente necessário que os bispos criem, em cada
país, uma Junta Nacional permanente de revisão, que promova a produção de bons
filmes, classifique os outros e divulgue o julgamento ao clero e fiéis. Essa junta seria,
com grande proveito, ligada aos organismos centrais da Ação Católica, que está, como
é do conhecimento geral, na dependência imediata dos Bispos. Esta obra revisora,
para surtir os efeitos infalível e ordenadamente, deve, em cada nação, representar
uma unidade e ser administrada centralmente.
38. Naturalmente, por motivos ponderosos, os Bispos, nas suas respectivas dioceses e
por meio de sua comissão diocesana, poderão aplicar critérios mais severos à lista
nacional feita com normas mais gerais, conforme as condições da sua região, mesmo
vetando os filmes já admitidos na lista geral pela razão de ter que estabelecer normas
válidas para toda a nação.
39. Esta junta deve ter também a incumbência de organizar salas de cinemas
existentes na paróquia e nas associações católicas, de maneira a garantir a essas salas
filmes selecionados. Devido à organização dessas salas que se tornam bons clientes
para a indústria cinematográfica, pode-se alcançar que essa indústria produza filmes
correspondentes completamente a nossos princípios, filmes, que serão depois
fornecidos não só às salas católicas, mas também a todas as outras.
40. Compreendemos que a instituição de semelhante junta exige dos fiéis não poucos
sacrifícios e despesas. Mas a importância do cinema e a necessidade de proteger a
pureza dos costumes do povo cristão e a moralidade da nação inteira, exigem
terminantemente essa despesa e trabalho. A eficiência poderosa de nossas escolas, de
nossas associações de Ação Católica e mesmo do sagrado ministério está diminuída e
posta em perigo pela chaga dos maus cinemas, tão prejudiciais.
41. A junta deve ser formada por pessoas conhecedoras da técnica cinematográfica e
bem firmes nos princípios morais da doutrina católica; devem ser estas pessoas
dirigidas por um padre escolhido pelo bispo. Um acordo oportuno ou troca de
informações entre os centros dos diversos países poderão tornar mais eficaz e
harmoniosa a obra de revisão dos filmes, tomando na devida consideração as diversas
condições e circunstâncias. Só assim será possível conseguir, com o auxílio dos
escritores católicos, esta admirável unidade no sentir, julgar e agir.
A bênção apostólica
44. Para dar maior força a estes votos que dimanam do Nosso coração paternal,
imploramos o auxílio da graça divina, como penhor da qual Nós vos concedemos, com
efusão de nossa alma, a vós, Veneráveis Irmãos, e a vosso clero e ao povo a vós
confiado, a Bênção Apostólica.
Dado em Roma, junto a S. Pedro, dia 29 de junho, festa dos santos Apóstolos Pedro e
Paulo, no ano de 1936, décimo quinto ano do Nosso Pontificado.
PIUS PP. XI
CARTA ENCÍCLICA
MIRANDA PRORSUS
DO SANTÍSSIMO SENHOR NOSSO
POR DIVINA PROVIDÊNCIA
PIO XII PAPA
AOS VENERÁVEIS IRMÃOS
PATRIARCAS, PRIMAZES,
ARCEBISPOS E BISPOS
E OUTROS ORDINÁRIOS DO LUGAR
EM PAZ E COMUNHÃO
COM A SÉ APOSTÓLICA
SOBRE A CINEMATOGRAFIA,
A RÁDIO E A TELEVISÃO
INTRODUÇÃO
PREÂMBULO
Entre as técnicas referentes a esta última categoria, como todos sabem, alcançaram
desenvolvimento extraordinário, durante o nosso século o cinema, a rádio e
ùltimamente a televisão.
Com particular alegria, mas também com prudência vigilante de Mãe, procurou, desde
o princípio, a Igreja seguir e proteger os seus filhos no caminho maravilhoso do
progresso das técnicas de difusão. Tal solicitude deriva directamente da missão que
lhe confiou o Redentor Divino, porque essas técnicas – na geração presente – têm
poderoso influxo no modo de pensar e agir dos indivíduos e comunidades.
Há ainda outra razão que leva a Igreja a interessar-se especialmente pelos meios de
difusão: é que Ela, superior a todos os demais, tem o encargo de transmitir aos
homens uma mensagem universal de salvação: "anunciar aos povos as investigáveis
riquezas de Cristo, e mostrar a todos qual é a economia do mistério escondido desde o
começo em Deus, que tudo criou"; [2] mensagem esta de incomparável riqueza e
força, que deve ser recebida na alma de todos os homens, sejam quais forem a nação
ou tempo a que pertençam.
Precedentes da Encíclica
Por isso ninguém poderá, admirar-se se o zelo pela salvação das almas adquiridas "por
um sangue precioso, o de Cristo, Cordeiro imaculado" [3] levou já em diversas
ocasiões a Suprema Autoridade Eclesiástica a chamar a atenção para, a gravidade dos
problemas que o cinema, a rádio e a televisão apresentam à, consciência cristã.
Passaram mais de vinte e cinco anos desde que o Nosso Predecessor de santa
memória dirigiu pela primeira vez, servindo-se "da admirável invenção marconiana",
uma solene mensagem "através dos céus a todas as gentes e a toda a criatura". [4]
O mesmo grande Pontífice, poucos anos depois, enviava ao venerável Episcopado dos
Estados Unidos, com a memorável Encíclica Vigilanti Cura, [5] apostólicos
ensinamentos sobre o recto uso do cinema. Declarava então "necessário e urgente
tomar medidas para que os progressos da arte, da ciência e da própria perfeição da
técnica humana fossem ordenados, como verdadeiros dons de Deus, para a glória
divina e salvação das almas, e servissem de facto para a extensão do Reino de Deus
na terra". [6]
Nós mesmo Nos costumamos servir muitas vezes dos modernos meios de difusão, que
Nos oferecem "a possibilidade de aperfeiçoar a união espiritual entre o rebanho e o
Pastor", para a Nossa voz "nas violentas lutas espirituais de hoje, dispor seguramente
da força de penetração e do eco que devem corresponder aos crescentes deveres do
Apostolado Supremo a Nós confiado". [8]
Muito Nos consola saber que extensa e fecunda ressonância encontraram as repetidas
exortações do Nosso Predecessor de feliz memória e as Nossas, tendentes a dirigir o
cinema, a rádio e a, televisão para os fins da glória de Deus e do aperfeiçoamento
humano.
Para eficaz apostolado nesses mesmos sectores, foram promovidas actividades e
obras, em plano diocesano, nacional e internacional, debaixo da Vossa vigilante
direcção e zeloso impulso, Veneráveis Irmãos.
Se a atitude de tais pessoas Nos enche o espírito de amargura, não podemos apartar-
Nos do Nosso dever, esperando aliás que Nos venham a, reconhecer o mesmo que
reconheceram a Jesus os seus inimigos: "sabemos que és verdadeiro e ensinas em
verdade o caminho de Deus, e não tens reparo a ninguém". [10]
Motivos da Encíclica
Não só grandes bens mas também tremendos perigos podem nascer dos progressos
técnicos, já realizados ou que se continuam a realizar, nos importantíssimos sectores
do cinema, da rádio e da televisão.
Estes meios técnicos -, que estão, por assim dizer, ao alcance de todas as mãos –
influem extraordinàriamente no homem levando-o, "graças aos ultrapoderosos e
desenfreados instintos que o dominam, tanto ao reino da luz, da nobreza e da beleza,
como aos domínios das trevas e da depravação, conforme o espectáculo põe em
evidência e estimula os elementos dum e doutro campo". [11]
Como no progresso das técnicas industriais do século passado, não souberam evitar
sempre a escravização do homem à máquina, que era destinada a servi-lo, e gerações
inteiras ainda, nos nossos dias estão al pagar bem à sua custa esses erros do passado;
assim também hoje, se o progresso das técnicas de difusão se subtrair ao "jugo
suave" [12] da lei de Cristo, corre o risco de ser causa de infinitos males, e tanto mais
graves quanto não se trata já de escravizar forças materiais mas forças espirituais,
tirando "aos descobrimentos do homem as altas vantagens que eram o seu fim
providencial". [13]
PARTE GERAL
Antes de vos falarmos separadamente das questões relativas aos três grandes meios
de difusão – e sabemos bem que a cinematografia, a rádio e a televisão constituem,
cada uma de per si, um facto cultural diverso com problemas próprios no campo da
arte, da técnica e da economia –, parece-Nos oportuno expor os princípios que devem
regular a difusão, entendida no sentido de um meio de comunicar, em grande escala,
os bens destinados à comunidade toda e a cada indivíduo.
A difusão do bem
Deus, Sumo Bem, que difunde incessantemente os Seus dons, concede ao homem,
objecto de solicitudes particulares, não só os benefícios materiais mas também os
espirituais, subordinando os primeiros aos segundos, como a perfeição do corpo se
subordina à perfeição da alma. Antes de se comunicar a Si mesmo na visão beatífica,
comunica-se na fé e na caridade que "foi difundida nos nossos corações pelo Espírito
Santo, que nos foi dado". [14]
E, para a realização do plano divino, que utiliza o homem, ser mais certa e eficaz,
declarámos com a Nossa autoridade apostólica Padroeiro celeste do telégrafo, do
telefone, da rádio e da televisão S. Gabriel Arcanjo [16] "que levou ao género
humano ... a tão desejada boa nova da Redenção". Com este acto pretendemos
evidenciar a nobreza da vocação de todos aqueles que têm nas mãos esses benéficos
instrumentos. [17] Benéficos, porque permitem difundir no mundo os grandes tesoiros
de Deus como sementes fecundas, que hão-de multiplicar cento por um o fruto da
verdade e do bem.
A difusão do mal
Quando Nos lembramos das altas e nobres finalidades das técnicas de difusão,
perguntamo-Nos muitas vezes como podem estas servir também de veículo do mal:
"Donde vem então o joio?" [18]
O mal moral, certamente, não pode provir de Deus, perfeição absoluta; nem das
técnicas em si mesmas, que são dons preciosos Seus; mas só do homem, que, sendo
dotado de liberdade, abusa dessas técnicas e difunde conscientemente o mal moral,
colocando-se do lado do príncipe das trevas e constituindo-se inimigo de Deus: "Foi
um homem inimigo que fez isto". [19]
Liberdade de difusão
Nem se pode aceitar a teoria que, não obstante as ruínas morais e materiais causadas
por tais doutrinas no passado, defende a chamada "liberdade de espressão", não no
sentido nobre por Nós indicado acima, mas significando liberdade de difundir sem
quaisquer peias tudo quanto apeteça, ainda que seja imoral ou perigoso para a fé e os
bons costumes.
São portando condenáveis todos os que pensam e afirmam que se pode usar, estimar
e louvar determinada forma de difusão, mesmo que falte gravemente à ordem moral,
contanto que encerre valor artístico e técnico. "É verdade que arte, para ser tal, –
como recordámos por ocasião do V Centenário da morte do Angélico – não requer
explícita missão étnica ou religiosa". Mas "se a linguagem artística servisse, com as
suas palavras e cadências, espíritos falsos vazios e túrbidos, isto é, não conformes ao
plano do Criador; se, em vez de elevar o coração a nobres sentimentos, excitasse as
mais vulgares paixões, não deixaria de encontrar eco e aceitação nalguns, mesmo só
pela novidade, que não é sempre um valor, e pela diminuta parte de realidade, que
toda a linguagem contém; mas tal arte degradar-se-ia a si mesma, renegando o seu
aspecto primordial e essencial, nem seria universal e perene, como é o espirito
humano, a que se destina". [21]
A autoridade civil é obrigada a vigilar os meios de difusão; mas tal vigilância não pode
limitar-se à defesa dos interesses políticos, e eximir-se – sem grave culpa – ao dever
de salvaguardar a moralidade pública; as formulações primeiras e fundamentais da
moralidade pública são normas da lei natural que está escrita em todos os corações e
fala a todas as consciências. [22]
"É bem verdade que o espírito do nosso tempo – como já tivemos ocasião de dizer –
exageradamente rebelde à intervenção dos poderes públicos, preferiria uma defesa
que partisse directamente da colectividade"; [23] mas esta intervenção, em forma de
autodomínio exercido pelos próprios grupos profissionais interessados, não suprime o
dever de vigilância das autoridades competentes, mesmo que possa adiantar-se
louvàvelmente à intervenção delas, fazendo respeitar a ordem moral até na fonte da
operação difusiva.
Só o interesse positivo e solidário pelas técnicas de difusão e seu devido uso, tanto por
parte da Igreja como do Estado e da profissão, permitirá às próprias técnicas virem a
tornar-se instrumentos construtivos de formação da personalidade, ao passo que,
sendo deixadas sem vigilância ou direcção, só irão favorecer o abaixamento do nível
cultural e moral das massas.
Sob certos aspectos mais que o livro, oferecem as técnicas audivisivas possibilidade de
colaboração e de permuta espiritual, e promovem certa uniformidade de civilização
entre todos os povos do globo; perspectiva muito agradável à Igreja, pois, sendo
universal, deseja a união de todos na posse comum dos valores autênticos.
Para realizarem tão alta finalidade, o cinema, a rádio e a televisão devem servir a
verdade e o bem.
Devem esses meios servir a verdade para apertar mais os laços entre os povos,
fomentar a compreensão mútua e a solidariedade nas provas, e aumentar a
colaboração entre os poderes públicos e os cidadãos.
Primeiro que tudo deve considerar-se como sagrada a verdade revelada por Deus. A
mais alta vocação das técnicas de difusão não será mesmo tornar conhecida a todos "a
fé em Deus e em Cristo", "essa fé que é a única a poder dar a milhões de homens a
força para suportarem com serenidade e coragem as indizíveis provas e as angústias
da hora presente?" [26]
Informação
Ensino
O mesmo se pode dizer e com mais razão do ensino, ao qual o filme didáctico, a rádio
e mais ainda a televisão escolar, oferecem possibilidades novas e inesperadas, e não
só para os jovens mas também para os adultos. Todavia a utilização no ensino destas
novas e prometedoras técnicas, não deve opor-se aos imprescritíveis direitos da Igreja
e da família no campo da educação da juventude.
Em especial ousamos esperar que as técnicas de difusão, -quer estejam nas mãos do
Estado, quer se encontrem confiadas à iniciativa particular – não se venham nunca a
tornar responsáveis dum ensino sem Deus.
Bem sabemos infelizmente que em certas nações, dominadas pelo comunismo ateu, se
usam até nas escolas os meios audivisivos para propaganda contra a religião. Estas
formas de opressão das consciências juvenis, que se privam da verdade divina,
libertadora dos espíritos, [28] são um dos aspectos mais ignóbeis da perseguição
religiosa.
Espectáculo
Nem uma diversão sadia – "que se tornou agora, como dizia o Nosso Predecessor de
feliz memória, verdadeira necessidade para a gente que se esforça nas ocupações da
vida" [31] nem o progresso cultural se podem considerar plenamente garantidos sem
esta obra educativa, esclarecida por princípios cristãos.
Formar para assistir duma maneira consciente e não passiva aos espectáculos, fará
diminuir os perigos morais, permitindo ao mesmo tempo ao cristão aproveitar de todos
os conhecimentos novos do mundo para elevar o espírito até à meditação das grandes
verdades de Deus.
Este problema tornou-se particularmente urgente, desde que, por meio da rádio e
sobretudo da televisão, o espectáculo penetrou no próprio lar familiar, ameaçando os
diques salutares com que a sã educação protege a idade tenra dos filhos, até
conseguirem adquirir a necessária virtude antes de defrontarem as tempestades do
século. A tal propósito escrevemos há três anos aos Bispos de Itália: "Como não
horrorizar-nos pensando que, por meio da televisão, se poderá introduzir até dentro
das paredes domésticas aquela atmosfera envenenada de materialismo, de fatuidade,
e de edonismo, que infelizmente tantas vezes se respira em muitas salas de
cinema?" [32]
Aos jovens recomendamos, com afecto paternal e confiante, que mostrem prudência e
moderação cristã, quanto à assistência, a espectáculos. Devem dominar a inata
curiosidade de ver e ouvir, e conservar o coração livre para as alegrias verdadeiras do
espírito.
Foi para corresponder a esta missão que Pio XI, de veneranda memória, recomendou
aos Bispos que instituíssem em todas as nações um "organismo permanente e nacional
de revisão que pudesse promover as boas películas, classificar as outra, e conseguir
que este juízo chegasse aos sacerdotes e aos fiéis", e dirigir ao mesmo tempo todas as
actividades dos católicos no campo do cinema. [34]
Além disso, em vários países criaram os Bispos com muito acerto Organismos
análogos, para a coordenação das actividades dos católicos nos campos da rádio e da
televisão.
E como muitos problemas, que devem defrontar-se, não poderão encontrar solução
adequada em cada país, utilíssimo sera que os Organismos nacionais adiram às
organizações internacionais competentes, aprovadas pela Santa Sé.
Não duvidamos que os novos sacrifícios que a aplicação destas Nossas disposições vos
irão pedir, serão recompensadas com frutos copiosos contanto que se observem as
recomendações que desejamos ainda dar separadamente para o cinema, para a rádio
e para a televisão.
PARTE ESPECIAL
O cinematógrafo
Tivemos já no passado ocasião de falar das várias fases do seu desenvolvimento e das
razões por que ele fascina a alma do homem moderno. [35] Tal progresso, que se
verificou particularmente no campo do filme de entrecho, deu origem a uma indústria
importante, que depende não só da colaboração entre numerosos artistas e técnicos
de competências várias, mas também de complexos problemas económicos e sociais,
que difícilmente poderiam ser enfrentados e resolvidos por pessoas particulares.
Assim, não será possível tornar o cinema "instrumento positivo de elevação, educação
e melhoramento", [36] sem a conscienciosa colaboração de quantos têm parte de
responsabilidade na produção e na difusão dos espectáculos cinematográficos.
Mostrámos já os elementos constitutivos do "filme ideal" a todos os que se interessam
pelo "mundo do cinema" convidando-os a realizar este alto objectivo da própria
vocação [37]
Tende a peito, Veneráveis Irmãos, que, por meio dos organismos nacionais
permanentes – que trabalham sob a vossa autoridade e direcção – cheguem às
diversas categorias interessadas informações, conselhos e indicações que, nas diversas
circunstâncias de tempo e lugar, se requerem para a realização, no campo do cinema,
do ideal por Nós indicado, para bem das almas.
A classificação moral
Com este objectivo, publiquem-se com regularidade, para informação e norma dos
fiéis, os juízos morais sobre os espectáculos cinematográficos dados por uma comissão
própria, [38] composta de pessoas de doutrina segura e vasta experiência, sob a
responsabilidade do Organismo nacional.
Indicando claramente quais os filmes lícitos para todos, quais os reservados a adultos,
e quais os prejudiciais ou positivamente maus, os juízos morais permitirão a cada um
escolher os espectáculos de que há-de sair "mais alegre, mais livre e, no íntimo,
melhor do que ao entrar". [39] E permitirão ainda evitar aqueles filmes que poderiam
danificar a alma, dano agravado ainda pela responsabilidade tanto de favorecer as
produções más como de dar escândalo com a própria assistência.
O crítico cinematográfico
Muito útil será nesta matéria a acção do crítico cinematográfico católico. Não deixará
de insistir nos valores morais, tendo na devida conta os juízos que lhe permitirão com
segurança evitar o perigo de cair num deplorável relativismo moral ou de confundir a
jerarquia dos valores.
Os espectadores, por meio dum ou doutro bilhete de entrada, como se fosse boletim
de voto, fazem escolha entre o cinema bom e o mau. Mas grande fica ainda a parte de
responsabilidade para os empresários das salas cinematográficas e para os
distribuidores dos filmes.
Salas católicas
Actores
Estamos, porém, convencido que o remédio mais radical para orientar eficazmente o
cinema no sentido da altura do "filme ideal" é o aprofundamento da formação cristã de
todos quantos tomam parte na criação de obras cinematográficas.
A rádio
Como dizíamos ao pessoal de certa Entidade Radiofónica – "a rádio tem o privilégio de
se apresentar desligada e liberta daquelas condições de espaço e tempo, que impedem
ou retardam todos os outros meios de comunicação entre os homens. Com asa
infinitamente mais veloz que as ondas sonoras, rápida como a luz, transporta, num
instante, ultrapassando todas as fronteiras, as mensagens que lhe são confiadas". [45]
Aperfeiçoada dia a dia por novos progressos, a rádio presta inestimáveis serviços nos
variados campos da técnica, permitindo até dirigir a distância, para objectivos
preestabelecidos, engenhos sem piloto. Nós, contudo, consideramos que o mais nobre
serviço a que ela é chamada, é o de ilustrar e educar o homem, dirigindo-lhe a mente
e o coração para esferas do espírito cada vez mais altas.
O poder ouvir homens e seguir acontecimentos longínquos sem sair das paredes
domésticas, e assistir a distância às mais variadas manifestações da vida social e
cultural, corresponde a profundo anseio humano.
É coisa óptima que os fiéis aproveitem deste privilégio do nosso século, e gozem das
riquezas da instrução, do divertimento, da arte e da própria palavra de Deus que a
rádio pode trazer, para dilatar as suas consciências e os seus corações.
Todos sabem quão grande virtude educativa podem ter as boas transmissões; mas ao
mesmo tempo, o uso da rádio importa responsabilidades, porque também ela, como as
outras técnicas, pode ser empregue para o bem e para o mal. Pode-se aplicar à rádio a
palavra da Escritura: "Nela bendizemos a Deus e ao Pai: e nela amaldiçoamos os
homens, que foram feitos à imagem de Deus. Da mesma boca procede a bênção e a
maldição". [47]
Deveres do radiouvinte
Além disso, os Bispos têm o dever de precaver os fiéis contra as estações emissoras
que notòriamente propugnam princípios contrários à fé católica.
Semelhante tarefa toca s todas as Associações Católicas que hão-de procurar defender
eficazmente os interesses dos fiéis neste campo. Nos países onde as circunstâncias o
aconselhem, poderão, além disso, promover-se Associações especiais de radiouvintes e
de espectadores, em coligação com os Organismos nacionais.
Os programas religiosos
Sabemos quanto se tem feito e quanto se faz, nos vários países, para desenvolver
programas católicos na rádio. São numerosos, graças a Deus, os eclesiásticos e leigos,
que se tornaram pioneiros neste campo, assegurando para as transmissões sacras o
lugar que corresponde ao primado dos valores religiosos sobre o resto das coisas
humanas.
Para este fim, serão oportunamente promovidos, nos países em que os católicos
disponham de meios modernos e de mais vasta experiência, cursos apropriados de
adestramento que permitam aos candidatos, mesmo de outras nações, alcançar a
competência profissional necessária para assegurar às emissões religiosas alto nível
artístico e técnico.
Emissoras católicas
Hoje, as emissões de qualidade exigem o emprego duma verdadeira arte. Por isso os
directores de programas, e todos os que tomam parte na preparação e execução dos
mesmos, precisam de vasta cultura. A eles, pois, se dirige também a Nossa
advertência, análoga à feita já aos profissionais do cinema, a saber, que aproveitem
amplamente das riquezas da cultura cristã.
Finalmente, os Bispos deverão recordar às autoridades estatais o dever que estas têm
de garantir, nas formas devidas, a difusão das emissões religiosas, tendo em conta,
particularmente, o carácter sagrado dos dias festivos de preceito, e também as
quotidianas necessidades espirituais dos fiéis.
A televisão
Não é, pois, necessário, acerca dos deveres dos espectadores, dos radiouvintes, dos
produtores e das autoridades públicas, repetirmos aqui as recomendações feitas a
propósito do cinema e da rádio. Não há sequer que renovar as Nossas advertências
acerca do devido cuidado na preparação dos programas religiosos e seu incremento.
Os programas religiosos
Será da competência dos Bispos de cada país, julgar da oportunidade das várias
transmissões religiosas, e confiar a sua execução ao competente Organismo nacional,
que, como nos precedentes sectores, desenvolverá conveniente actividade informativa,
educativa, de coordenação e de vigilância sobre a moralidade dos programas.
A televisão, além dos aspectos comuns com as duas precedentes técnicas de difusão,
possui também características próprias. Permite, com efeito, assistir de forma
simultâneamente auditiva e visiva, a acontecimentos realizados a distância e no próprio
instante em que acontecem, com aquela sugestividade que se aproxima do contacto
pessoal e cuja feição e forma imediata é aumentada pela sensação de intimidade e
confiança própria da vida familiar.
Na maior consideração se deve ter, portanto, este carácter de sugestividade das
transmissões televisivas na intimidade do santuário da família, onde será incalculável o
seu influxo na formação da vida espiritual, intelectual e moral dos membros da mesma,
e, sobretudo, dos filhos, que hão-de ser dominados, inevitàvelmente, pela fascinação
da nova técnica.
"Uma pequena porção de fermento corrompe toda a massa". [53] Se na vida física dos
jovens um gérmen de infecção pode impedir o desenvolvimento normal do corpo;
quanto mais, um elemento permanentemente negativo na educação poderá
comprometer o equilíbrio espiritual e o desenvolvimento moral! E quem não sabe
como, tantas vezes, a própria criança que resiste ao contágio de uma doença na rua,
se mostra falta de resistência se a fonte do contágio se encontra na própria casa?
Com a grande vantagem de entreter mais fàcilmente, adentro das paredes domésticas,
grandes e pequenos, a televisão pode contribuir para reforçar os liames do amor e da
fidelidade na família, mas sempre com a condição de não vir a prejudicar as mesmas
virtudes da fidelidade, da pureza e do amor.
Não falta, todavia, quem julgue impossível, ao menos na hora presente, a satisfação
de tão nobres exigências. O compromisso tomado com os espectadores – dizem eles –
requer que se preencha, seja como for, o tempo estabelecido para as transmissões. A
necessidade de ter à disposição uma selecção vasta de programas, obriga a recorrer
também àqueles espectáculos que, de início, eram destinados às salas públicas. A
televisão, finalmente, não é só para jovens, mas também para adultos.
As dificuldades são reais, mas a solução delas não pode ser adiada para período
ulterior, quando a falta de discrição e de prudência, no uso da televisão, tiver já
causado gravíssimos danos individuais e sociais, – danos hoje, porventura, ainda
dificilmente avaliáveis.
Para que essa solução se possa obter ao mesmo tempo que se vai introduzindo em
cada país a televisão, será preciso, primeiro que tudo, levar a cabo esforço intenso na
preparação de programas que correspondam às exigências morais, psicológicas e
técnicas. Convidamos, por isso, os homens católicos de cultura, ciência e arte, e, em
primeiro lugar, o clero e as Ordens e Congregações Religiosas, a procurar dominar a
nova técnica e prestar a sua colaboração a fim de que a televisão possa aproveitar as
riquezas espirituais do passado e as de todo o autêntico progresso.
Será, além disso, preciso que os responsáveis dos programas televisivos, não só
respeitem os princípios religiosos e morais, mas tenham em conta o perigo que
transmissões destinadas a adultos podem oferecer aos jovens. Noutros campos, como
por exemplo sucede no cinema e no teatro, os jovens, na maioria dos países
civilizados, estão protegido com especiais medidas preventivas, contra os espectáculos
inconvenientes. Lògicamente, e com maior razão, devem também ser asseguradas as
vantagens de uma apurada vigilância no respeitante à televisão.
Quando não se excluam das transmissões televisivas, como aliás tem sido
louvàvelmente feito nalguns lugares, espectáculos vedados a menores, serão pelo
menos indispensáveis medidas preventivas de precaução.
Será, portanto, "mais que necessário e urgente – como escrevemos aos Bispos da
Itália – formar nos fiéis uma consciência recta dos deveres cristãos acerca do uso da
televisão", [54] para que esta não sirva nunca para difundir o erro e o mal, mas se
torne "instrumento de informação, de formação e de transformação". [55]
PARTE FINAL
Exortação ao Clero
Não podemos concluir estes Nossos ensinamentos, sem lembrar quão importante seja
a obra do sacerdote, na acção que a Igreja deve desenvolver em favor e através das
técnicas de difusão, como em todos os outros campos do apostolado.
CONCLUSÃO
Com efeito, a missão dos Organismos nacionais, que outra vez ainda Vos
recomendamos, não será sòmente a de preservar e defender, mas também, e
sobretudo, a de dirigir, coordenar e prestar assistência às numerosas obras educativas,
que têm surgido nos vários países para servirem de fermento do espírito cristão, num
sector tão complexo e vasto como o das técnicas difusoras.
Não duvidamos, portanto, confiados como estamos na vitória da causa de Deus, que
as Nossas presentes disposições, cuja fiel execução confiamos à Comissão Pontifícia do
Cinema, Rádio e Televisão, hão-de vir a despertar espírito novo de apostolado em
campo tão rico de promessas.
Com esta esperança, fortalecida pelo Vosso zelo pastoral, que bem conhecemos, Vos
damos do fundo do coração, a Vós, Veneráveis Irmãos, ao Clero e ao povo confiados
aos Vossos cuidados, como penhor das graças celestes, a Bênção Apostólica.
Notas
(*) Pio PP. XII, Carta enc., Miranda prorsus, sobre Cinema, Rádio e Televisão [Aos
veneráveis irmãos Patriarcas, Primazes, Arcebispos e Bispos e outros Ordinários do
lugar em paz e comunhão com a Sé Apostólica]. 8 de setembro de 1957.
[2] Ef 3,8-9.
[6] Ibid. p. 251.
[9] Rm 10, 16.
[10] Mt 22, 16.
[12] Cf. Mt 11,30.
[14] Rm 5, 5.
[15] Cf. Mt 5, 48.
[17] Ibid. p. 216.
[18] Mt 13, 27.
[19] Mt 13, 28.
[22] Rm 5, 5.
[25] Cf. Ibid. I, q. 67, a. 1.
[28] Cf. Jo 8, 32.
[29] Cf. Radiomensagem aos fiéis da Colômbia, de 11 de abril de 1953: AAS 45(1953),
p. 294.
[41] Cf. Pio XII, Discurso aos párocos de Roma e aos oradores sagrados no tempo da
quaresma, de 5 de março de 1957: cf. L'Osservatore Romano 6 Março de 1957.
[43] Mt 5, 16.
[44] Cf. Carta de Pio XII aos fiéis da Alemanha, reunidos em Berlim na convenção
chamada "Katholikentag", no dia 10 de agosto de 1952: AAS, 44(1952), p. 725.
[47] Tg 3, 9-10.
[48] Cf. Discurso de Pio XII, de 3 de outubro de 1947, por ocasião do qüinquagésimo
ano da invenção do rádio: Discorsi e Radiomessaggi di S.S. Pio XII, vol. IX, p. 267.
[49] Mc 16, 15.
[51] Mt 10, 41.
[53] Gl 5, 9.