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| i i | i il | | i i i | 2- la stratification sociale de (r) dans Jes grands magasins new yorkais « Parce gue cette kere nett tien autre qu'un Gatenent dls Kegue (2) elle ex fe pus opti John Walker, Prnciper Je prononcition anlaie, 1794. Quiconque s'attaque & étude du langage dans son contexte social se heurte aussitét au probleme méthodo- logique classique : Vinterférence entre les moyens employes pour rassembler des données et ces données elles-mémes. La méthode primordiale pour obtenir un ensemble de données solides sur le discours d'une personne est Pin terview individuelle enregistrée au magnétophone. Le discours de l'interview est un discours soigné, non de facon absolue, mais par comparison avee le parler de la vie quotidienne, Dans ensemble, c'est un discours public, surveillé et contrOlé par réaction a la présence de T'observateur. Mais ce dernier, méme en s'en tenant 2 une telle définition, peut se demander si les réponses gil secueile ne constituent pas un produit particulier le son interaction avec le sujet. On peut y remédier en Guudiant celui-ci dans son contexte social ordinaire, sa famille ou ses camarades (Labov, Cohen, Robins ct Lewis, 1968). On peut aussi observer Pusage public du langage dans Ia vie quotidienne, hors de toute situation diinterview, et voir ainsi comment les gens s’en servent en Pabsence de toute observation explicite, Ce chapitre est précisément le compte rendu d’un emploi systématique d'une telle observation fugitive et anonyme, appliquée etude de In strcture socolingustique de i nauté ', inres mt et 1x de The Social Stra Ge chapite ge fonde sur les ch iy (1966), rvisés A la Tumibre de tification of English in New York 34 LA STRATIFICATION SOCIALE DE (R) I est le premier d'une série de six, qui traitent princi- palement de l'étude sociolinguistique ‘de Ia ville de New York. Certe étude se fonde avant tout sur un échantillon aléatoire de la population du Lower East Side, qui sera examiné dans Jes chapitres suivants. Mais, avant d'entre- prendre étude systématique, nous nous’ sommes livrés 2 une longue série d’enquétes préliminaires, faites de soixante-dix interviews individuelles et d'une grande quantité d’observations anonymes dans les liewx publics Nous sommes ainsi parvenus a définir les principales variables phonologiques @ étudier, dont (r), @ savoir la présence ou Labsence de [r] consonantique en position postvocalique, dans car, card, four, fourth (voiture, carte, quatre, quatritme), etc. Cette demigre variable, en parti culier, s'est. révélée extraordinairement sensible quant a Ta mesure des stratifications sociales ou stylistiques. Les interviews préparatoires ont fait apparaitre la possibilité déprouver empiriquement deux idées générales, qui sont, premitrement, que la variable linguistique (r) représente un facteur de’différenciation sociale pour tous les niveaux de langue 4 New York, et, deuxigmement, que des énon- cés brefs ct anonymes peuvent servit de fondement 4 une étude systématique du langage. C’est A cette fin qu’a été menée en novembre 1962 l'étude dans les grands maga- sins dont il est ici question. On ne saurait cnvisager la distribution sociale du lan- gage a New York sans rencontrer aussitdt les stratiications sociales qui structurent route In vie de la cité. Ce concept est analysé assez, en détail dans Wétude sur le Lower East Side ; ici, il nous suffic d’examiner britvement la définition qu’en donne Bernard Barber : la stratification sociale est le produit de la différenciation et de Pévaluation sociales, Le terme n'implique aucunement existence de classes ou de castes spécifiques, mais signifie simplement gue le fonctionnement normal de Ia société a produit des différences systématiques entre certaines institutions ow certaines personnes, qui ont été hiérarchisées d'un phos travaux ulériurs en matitre d'observation brbve et anonyme, Je Fenetie Fank Anse et Marva Maveisk Bat, gut oot ait non tion fat Gautees dudes dont la comparaion avec celleci rante (Alles, 1968 ; Harts, 1968) 95 SOCIOLINGUISTIOUS, New York Times recrute ses lecteurs au sein de Ja bour- geoisie*, Nous avons parcouru les colonnes publicitaires de ces deux organes du 24 au 27 octobre 1962 : Saks et ‘Macy's passaient leurs annonces dans le New York Times, alors que Klein n'y était représenté que par un tout petit encart ; dans le Daily News, par contre, Saks n’ap- parait pas du tout, alors que Macy’s et Klein ‘remplissent Tes pages. New York Daily News Times Saks 2 0 Macy's 6 15 5. Klein 4/4 10 On peut également étudier les prix des marchandises en réclame pendant ces quatre jours. Etant donné que Saks n’affiche ordinairement pas ses prix, nous ne pou vons établir une meee entre les trois magasins que pour un seul article : les manteaux de femmes, qui colitaient alors 90 dollars chez Saks, 79,95 dollars chez ‘Macy's, et 23 dollars chez Klein. On peut comparer Klein et Macy's sur quatre articles : Macy's S. Klein Robes ..0.cccceeseee 14,958 5,00 $ Manteaux pour jeunes filles ...... 16,99 12,00 Bas . 0,89 0,45 Complets pour hommes |, 49,95-64,95 26,00-66,00 Liinsistance sur les prix n'est pas non plus la méme. Saks ne les mentionne pas, ou bien les relégue en petits caractéres au bas de la page. Macy's les affiche en gros, 3, Cette affirmation ext pleinement confirmée par les séponses 4 It aueston sur ler journau schete par ks sujts, qt cours de. lt wise cogulte mence sur le Lower Bast Side pat forgenime Mobis Hoe eet es tone pa dl soa der ete Daly Newr et 3a irr (oaatenant dispar), dune part, cs de eur du New York Timer cx di Hera Tribune eaiteaant Give pure, sont peaiguement.complémentaies 98 LA STRATIFICATION SOCIALE DE (R) mais ajoute souvent le slogan : « Nous vous donnons plus que du bon marché. » Klein, pour sa part, se contente fréquemment de laisser les’ prix parler d’eux- mémes, La forme est également différente ; Saks donne ses prix en chiffres tonds, 120 dollars, par exemple ; ‘Macy's les écrit toujours avec une visgule ; Klein, enfin, affiche le plus souvent des chiffres ronds, et ajoute le prix démarqué, toujours beaucoup plus élevé, et formulé dans le style de Macy's : « 23,00 $ au lieu de 49,95 » La disposition intérieure des magasins permet aussi de les différencier, Saks est le plus spacieux, surtout aux Gages supérieurs, et expose le moins de marchandises. Le sol est souvent recouvert de moquette et, & certains Gages, une h6tesse est li pour accueillir le client. Klein, a autre extréme, est un labyrinthe d'annexes, aux sols de béton pentus et aux plafonds bas; on y trouve un maximum darticles, au moindre prix. Pour les employés, le facteur principal de stratification est le prestige du magasin et les conditions de travail. Les salaires, eux, n’agissent pas dans le méme ordre. Au contraire, tout indique que les magasins prestigicux comme Saks paient moins que Macy's Saks est un magasin non syndiqué, et Ia grille des salaires n'y est pas une affaire publique. Néanmoins, lors- qu'on parle avec un certain nombre de personnes qui ont travaillé dans les grands magasins new yorkais, y compris Saks et Macy's, on rencontre un accord général quant aux orientations des salaires*. Certaines incidentes révélent que les employés sont préts & accepter des salaires beau- coup plus bas des magasins dont le prestige est le plus grand, La, les chefs accordent beaucoup dattention aux relations avec le personnel, et prennent toutes sortes de 4. Les employés de Macy's sont repsésentés par un syndicat puissant alors que eens de Saks ne sont pas ayndiqués. Pai rencontre uh ancies employe de Macy's pour qui il tsit de notoréeé publique que Seer aie des suhies moins ewes, et que Cex on presi Gt I permet Iécarter Tes syndicate. Les primes et autres avantages ne sont pas non plus icangers, paratil, a cette situation. Par illest, il ext plue difficile de. se'faite engager chez Saks que cher Macy. Sakr a une politique dembsuche plus capricicuse et il est sbx ue, ly tendance des responsables & choisir Jes jeunes ‘filles qui patleot dune certine fagon contcibue a Ia statiicacion do Iangege, autant que Tadsptation des employés 2 leur nouvelle postion. Il n fi dew influences conver entes. 9 SOCTOLINGUISTIQUE mesures inhabituelles pour faire que tous aient le sen- timent de partager Je prestige de Pétablissement °. L’une de nos informatrices du Lower East Side, qui travaillait chez Saks, était surtout impressionnée par le fait qu’elle pouvait y acheter des vétements avec une remise de 25 96. Un tel avantage, dans un magasin moins coté, ne Paurait guere intéressée. Pour les employés de Macy's, travailler chez Klein est tout & fait inconcevable. De Vavis général, les conditions de travail et Jes salaires y sont pires qu’ailleurs, et le pres- tige du magasin est vraiment trés bas. Comme nous le verrons, la composition ethnique du personnel reflte trés ‘exactement ces différences. Si Von établissait un indice socio-économique qui ran- gerait les New Yorkais par professions, on verrait que les employés des trois magasins sont au méme niveau ; une échelle des revenus placerait probablement les employés de Macy’s un peu plus haut que les autzes. L’instruction est sans doute le seule échelle objective qui permettrait Géager lex ois groupes parelittement au. prestige da magasin, mais rien ne le prouve. Pourtant, par leuts conditions de travail, les trois magasins sont bien rangés dans cet ordre ; Saks, Macy's, Klein ; et leur prestige relatif conduit a une’ évaluation sociale identique des emplois quills offrent. C'est pourquoi les deux aspects de la stratification sociale — diffgrenciation et évalua- tion — sont a rechercher dans les relations qui unissent ces magesins & leurs employés. ‘Normalement, une enguéte sur des employés de grands ins exige que l'on dénombre les vendeuses de chaque Gtablissement, que Von tire des échantillons aléatoire, que l'on prenne rendez-vous avec chaque sujet A son domicile, que Yon interviewe ceux qui acceptent, puis que 'on sépare les New Yorkais de naissance, qu'on 3. Une ancienne vendeuse de Macy's mia raconté une seine qui Sest éroulée ly a plusiure années, vin ‘pew avant Nog! Comme, elle faisait des achats ‘chez Lord and Taylors, elle vit le président de Ia socieé fire Te tour de tous es rayons et sere la main de chaque ‘employé. Loraqw'elle ‘en patla A ses.-collegucs, In réaction la plus ‘commune fat ss Comment ester guils les fetaient travalleautre- tent, avec ce quis leur donnent? »'On peut done dire que, dans les magisins de ce genre, le prestige nest pas seulement emprunté par Ter employés; il Teor est delibécement préte 100 LA STRATIFICATION SOCIALE DE (R) analyse le cas de ceux qui n’ont pas répondu et qu'on les rééchantillonne, etc. C'est JA une procédure cofiteuse et fort longue, mais, dans la plupart des eas, il n’existe aucun taccourci qui conduise 4 des résultats fiabies et précis, Ici, par contre, nous avons utilisé une méthode plus simple, qui s’appuie sur l'extréme généralité du compor- ftement linguistique des sujets, afin de rassembler des données d'un type trés limité, Cette méthode consiste a recueillit systématiquement des actes de parole fami- liers et anonymes. Appliquée & un environnement faible- ment défini, elle serait, sujette a toutes sortes de défor- mations, et il serait difficile de préciser quelle est la population étudiée, Dans notre cas, celleci est bien pré- cise : ce sont les vendeuses (ou, plus généralement, tout employé qu'un client peut entendre parler) de trois maga- sins donnés a une Epoque donnée. Le résultat nous donnera donc un apergu du rOle que joue la parole dans I'm pression sociale globale que les employés produisent sur les clients. Tl est surprenant de constater combien une approche aussi simple et économique méne a des résul- tats tres cohérents et d’une haute régularité, et nous permet d'éprouver Mhypothése de départ de fagon diverse et subtile. La méthode. , 1a été relativement facile d’appliquer notre procédute a la situation des grands magasins. L'enquéteur s'appro- chait de Vinformateur en tenant le r6le d'un client & la recherche d'un certain rayon. Celui-ci était situé au qua- tritme étage. Lorsque Penguéteur demandait : « Excusez- moi, ob se trouvent les chaussures pour femmes ? », la réponse était normalement : « Fourth floor ». (« Au qua- trigme étage ».) Lrenquéteur se penchait alors, et disait : « Pardon ? » U obtenait le plus souvent un nouvel énoncé : « Fourth Hoor », emphatique et prononcé avec soin 6, Fétais moiméme Penquétear, dans tous les cas, J'éais vétw a la pede lie pon ncn eb ee Femplorae eon ral (avee r) de natif du New Jersey, 101 SOCIOLINGUISTIQUE, I s‘éloignait alors dans allée jusqu’a étre hors de vue de Vinformateur, et notait par écrit les données ecueillies. On avait retenu les variables indépendantes suivantes : — le magasin — Vétage’ — le sexe — Page (estimé par tranches de cing ans) — Vemploi (chet de tayon, vendeuse, caissitre, manu- tentionnaire) — fa race — Paccent, étranger ou ségional, éventuellement La variable dépendante est Yemploi de (x) en quatre — familier : fourth floor — emphatique : fourth floor Nous avons ainsi les positions préconsonantique et finale, en style familier et emphatique. En plus, on a noté chez Yinformateur tous es autres emplois de (r), a la faveur de remarques entendues en passant ou contenues dans l'interview. Pour toutes les valeurs de la vatiable présentant une nette constriction, on a écrit (1); pour es autres valeurs dépourvues de constriction — schwa, voyelle allongée, ou absence de représentation —, (1-0). On a symbolisé par d les cas douteux ou de constriction partielle, et on les a exclus de la mise en tableau finale, On a également noté les cas ob une affriquée ou une occlusive apparait comme consonne finale du mot fourth, ainsi que toutes les autres variantes non standard de (th) usitées par les locuteuts. L'enguéteur patcourait ainsi toutes les allées de I’étage, jusqu'au moment ott il s'apercevait qu'il venait d’inter- toger pour la seconde fois un méme informateur. Chaque Stage du magasin était exploré de la méme fagon, Au quatrigme étage, bien sir, la question était formulée autre- ment : « Excusez-moi, 4 quel étage sommes-nous? > On a ainsi obtenu 68 interviews chez Saks, 125 chez Macy's et 71 chez Klein, Le temps total d'interview pour a 102 LA STRATIFICATION SOCIALE DE (R) les 264 sujets a été approximativement de six heures et demic. Si nous considérons maintenant la nature de ces inter- views en termes plus généraux, nous pouvons dire qu’il sfagissait d’actes de parole dont la signification sociale dif. férait complétement pour les deux participants. Pour Pin- formattice, l’échange constituait une interaction vendeuse client ordinaire, qui ne demandait pour ainsi dire aucune attention volontaire, et ot la relation entre Jes locuteurs était si relachée et si anonyine qu'on pouvait 4 peine parler de rencontre. Un rapport aussi. ténu implique ‘un minimum d’empigtement sur le comportement du sujet : le langage et son emploi n’était jamais en question, Du point de vue de enquéteur, ce méme échange représentait Pobtention systématique et précise des formes recherchées, dans Vordre et le contexte souhaités, avec le contraste stylistique voulu La stratification générale de (r). Les résultats de I’étude font apparaitre une stratification nette et cohérente de (1) dans les trois magasins. Les colonnes de Ja figure 2.1 permettent d’établit Ia compa- raison. Dans la mesure ob, pour la plupart des informa- tours, Jes données recucillies ne sont faites que de quatte items, nous avons décidé de ne pas utiliser un Saks Macy's 2 ” 5. Klein 0 gs D N= 68 125 71 Fg, 2 Sratfcton géngae de (2) pat magasn. Pate gene = pour fentage de (el) exelosfy, partie Blanche =" pourceneege de (el) sete pourcentage de (4) sbient et pat tone Ne= tonne 103 SOCIOLINGUISTIQUE, a indice numérique contenu, mais plutét de répartir tous 3s a eH les informateurs en trois catégories ge ge (1-1) exclusif ; la feuille de notation ne comporte que BE] e-em ale goa des (1-1) et aucun (10) : a] Pa eee de (r-1) attesté : la feuille de notation comporte au moins & Ev & & un (r-1) et un (1-0) eS Bet se a SE (r-1) absent : la feuille de notation ne comporte que g 23 ATG thee 2 des (1-0) 2 3 i She On voit sur la figure 2.1 que, au total, 62 9 des 4 Bl eg- tle | tse employés de Saks, 51 96 de ceux de Macy's et 20 % de é | 38 ceux de Klein employait (1-1) exclusivement ou partie! Fs | a i E lement. La stratification est encore plus nette pour les é - ' pourcentages de (r-1) exclusif. Comme le prévoyait Phy- 3 By] nae xin | BE pothise, la différence d’emploi de (1-1) range ces trois g ey S| ge8 groupes dans un ordre identique & celui qu'engendrent 7 tal men ain | ¥e2 les facteurs extralinguistiques. 2/8) TF" SiS | Ube IL est également intézessant dexaminer la distribution 3 1% Bn de (r) pour chacune des quatre positions définies. La az | ine figure 2.2 fait apparaitte cette répartition, et, 13 encore, n¢@ oe] a> ala | ek Jes magasins se différencient dans le méme ordre, pour z ; ag gq gag chaque position. ge fs| age syq | ge eg eH “ eaeg Ps fan 2 | |s ae 3 s| gav+ cle beg qt fy eer cls | ie i fei sav sls | tat g |3 ue 3 Ay z ge] Ra” =/8 a5 jae g ae FE lone ee Sake MS Maggy RE POE I : a és ar |e f a 3) 58 8 7 Ily a une différence considérable entre Macy's et Klein, 8 mais elle est variable entre Macy's et Saks. En pronon- 2 ciation empbatique de (2) ial, Tes employes de Macys aa 88 9 se se rapprochent beaucoup du but posé par Saks. Tl semble 3] ge~ti Fz Fe que r prononcé soit la norme vers laquelle tend une SS °d ge B58 majorité des employés de Macy's, sans qu'elle lui soit aia 104 : 2 105 SOCIOLINGUISTIQUE pour autant habituelle, Chez. Saks, on peut constater une Variation entre In prononciation famili8re et Ia pronon- ciation emphatique, mais beaucoup moins marquée. En autres termes, les employés de Saks se sentent plus en sécurité, sur le plan linguistique®. ‘La faiblesse des chiflres obtenus pour (r-1) chez Klein ne doit pas cacher le fait que les employés de ce ma sin s'inscrivent dans le méme schéma de va tique pour (r) que ceux des autres établi pourcentage de r prononeés y monte de 5a 18 9 quand le contexte devient emphatique : c'est Ia un accroisse- ment bien plus important, et aussi plus régulier, que dans Jes autres magasins. Il convient de ne pas oublier Gue cette opinion — que (1) est la prononciation Ja plus appropriée pour le discours emphatique — est parta- e par a moins quelques locuteurs dans les trois éta- jissements ‘Le tableau 2.1 expose en détail les données recucillies, avec Ie nombre de cas obteaus pour chacune des quatre positions de (r), dans chaque magesin. On peut noter que les occurrences de floor (étage) diminuent sensible- ment dans 'énoneé répété. La raison premiére en est 1a tendance de cettains locuteurs répondre simplement « Quatritme » la seconde fois. ‘Dans la mesure oi les chiffres sont un peu moins élevés en quatritme position qu’en deuxitme, on pourrait se demander si ceux qui emploient [r] chez Saks et chez Macy's n’ont pas tendance 3 fournir des réponses plus complétes, donnant ainsi a tort V'impression que Jes valeurs de (t) s'aceroissent dans ces deux positions, On peut le vérifier en ne comparant que les sujets qui ont répondu complétement. On notera la réponse de chacun & Lexuréme varabilité da style est carectéristique du, deustme groupe hiermchique dats tout" New York, et elle est lige) une Far Bice seb wor normes du groupe de slérence (wat chapite 5) Gi teauvert au, tublege 3 es doander relatives 2 Vindice Ginsécurieé fngtige,qut et fe ombye dene por tees un Teter die tekse chute fr propre promonciation et la prononcation comrcte eesEosesroupe’ dane hicrarchieobtene ye score Je plon deve. De pktnapenes semblables sont déente par Shuy, Wolf et Riley SGA) Wolfen (1959), Levine et Crochet (1366), Au coure de leur tude sur Hiltboro, Carine da Nord, ces demers ont conssté que teroupe qui vent, en seconde position poor Tinstuction manifeste |e foe mrande variation soiiaigue de (0) 106 LA STRATIFICATION SOCIALE DE (R) au moyen de séries de quatre chiffres qui représentent la prononciation entendue dans les quatre positions (voir tableau 2.2.). Nous voyons que la structure hiérarchisée de Vemploi de (+) se conserve dans ce sous-groupe des réponses com- plétes. Liomission par certains sujets du mot « étage » 41a fin ne constitue done pas un facteut influent Tablem 2.2. Distribution de (x) dans les r€ponses completes % de téponses completes chez HEHE Saks Macy's Klein (1) exclusif 1111 24 22 6 (r-1) attesté O111 46 37 12 0011 0101 etc. (r-1) absent 0000 30, aL 82 100 100 100 N= 33 48, 34 Laction d'autres variables indépendantes. La hiérarchie des magasins mise ® part, il se peut que autres facteurs viennent expliquer la réguiarité du schéma de prononciation de (r), qui peut également étre due A action dun groupe particulier plut6t qu’au comportement général des vendeuses. Ce sont la des éventualités que les autres variables indépendantes enregistrées lors des inter- views nous permettent de vérifier. La race. Iy a beaucoup plus d'employés noirs dans l'échan- tillon de chez Klein que dans celui de chez Macy's, et plus chez ce dernier que chez Saks. Le tableau 2.3 expose les pourcentages d’informateurs noirs, ainsi que ledrs réponses. Si Yon compare ces chiffres a ceux, globaux, de la figure 2.1, on voit a Pévidence que la présence d'un grand nombre d'informatcurs noirs contribue & diminuer Pemploi 107 SOCIOLINGUISTIQUE de (1-1) : les sujets noirs de chez Macy’s présentent moins de (1-1) que les Blancs, dans une faible mesure il est vrai chez Klein, par contre, les sujets noirs vont beaucoup plus Join dans fe sens de la suppression de r. Le fait qu'il y a plus de vendeuses noires dans Je magasin situé en bas de Péchelle est conforme la structure d'ensemble de Ja stratification sociale, puisqu’en général les travailleurs noirs se voient attribuer les emplois les moins intéres- sants. Par suite, apport des locuteurs noirs au schéma général est cohérent avec notre hypothése Tableau 2.3 Distribution de (1) cher les employés noirs ~ réponses en % ®) Saks Macy's __Kiein (r-1) exclusif 50 12 0 (r-1) attesté oO 35 6 (1-1) absent 50 53 94 100 100 100 N= 2 7 18 pourcentage informateuss noite 0 14 25 L’emploi, — Les employés accessibles aux clients sont Galement différenciés pat le travail qu’ils accomplissent. Chez Macy’s, on pouvait distinguer parmi les sujets les chefs de rayon (qui arboraient un cellet rouge ou blanc), les vendeuses, les caissitres, les manutentionnaires et les garcons d’ascenseur. Chez. Saks, les caissiéres ne sont pas approchables, car elles travaillent derritre les comptoirs, ct les manutentionnaires restent invisibles. Toutes. les opérations se font en coulisse et ne s’imposent pas i at- tention des clients. Chez Klein, au contraire, tous les employés paraissent agir sur le méme plan : il est difficile de dire précisément ce qui distingue les vendenses des chefs et des. manutentionnaires Sur ce point également, nos observations objectives au 108 > LA STRATIFICATION SOCIALE DE (R) cours des interviews ont confirmé la stratification extra- linguistique constatée. On peut done se demander si ces différences au niveau de l'emploi ne sont pas responsables en pattie de la stratification de (r). Pour obtenir Je résuleat le plus solide, il nous faut démontrer que celle-ci est aussi caractéristique du sous-groupe le plus homogene dans Jes trois magasins ; les vendeuses blanches natives de New York. Si nous éliminons tout ce qui est extérieur A Ja vente proprement dite, les hommes, les employé(e)s noir(e)s et porto-ricain(e)s et ceux ou celles qui ont un gecent Granger i nous reste un tual de 141 jet 2 étudier. Le graphe de la figure 2.3, du méme type que celui de la figure 2.1, montze les pourcentages de (r-1) employés par les vendcuses blanches originaires de New York dans Jes trois magasins. La stratification est fondamentalement Saks Macy's “4 zm 5S. Klein WY, 35 28 2 N= 49 65 7 Fig. 23. Stratification de (x) par magesin pour les vendeuses blanches fatives de New York Parte grat = [el) exclanf en % ; pare Blanche = (ri) atteseé en 985 (t1) absent n'apparait pay nombre total de ca. 9, Das ensemble de ehapillon ong avons me dese we it presenaient des accents erangerslatnets, et un dont fe parler ‘Binal netic manifestoment pas de New York. Chez Saks les angers ‘Watent. des accents finals o0 d'autres pays. de TEarope ‘reldentale tands que, cher Kier le accents eaizat july ou bien Europe de Ts. Ty vais trie employes portosieains ches Ket, tin cher Macy's ct aucun cher Sar, Ean, Tecbantillon total at ompose de 70 hommes et ce_194 femmes, On constate de légbres Sifrences entte hommes et femmes poor Fempoi de (e-) hommes femmes (1) exclsif 2 30 (oe) atest 2 17 (et) absent 0157 4 109 SOCIOLINGUISTIQUE la méme pour la direction et le profil, quoiqu’elle ait un peu moins d’amplear. L’échantillon de chez. Klein, bien que fortement réduit, manifeste toujours, et de loin, Ie plus faible emploi de (r-1), et Saés continue & précéder ‘Macy's. On peut donc conclure que la stratification de (2) est un processus qui aifecte toutes les portions de I’échan- tillon. Nous pouyons alors titer profit de ’hétérogénéité de Péhantillon de chez Macy's, La figure 2.4 montre la stra- tification de (r) chez Macy’s en fonction des groupes pro fessionnels : en accord avec Vhypothise de depart, elle est beaucoup plus nette que pour les employés pris dans Jeur ensemble, Le pourcentage total de ceux qui emploient (1-1) exclusiyement ou patticllement est presque identique pour les chefs de rayon et pour les vendeuses, mais usage de (r-1) est beaucoup plus constant chez les premiers, chefs de rayon yendeuses “yy manutentionnaires 18 4 1% 105 7 N= Fig, 24. Surication de (2) par guoupes profesionnels chee Macy's Sate gree = (el) exclu en parte Hache = (el) ate cn fb: (e) absent n'spperaie pas, N= nombce total de cas ‘On peut faire une autre compataison intéressante chez Saks, ot Vécart est trés grand entre le rezde-chaussée et Tes étages supérieurs. Le premier resemble beaucoup 4 Macy's : des comptoirs nombreux et encombrés, les vendeuses penchées par-dessus, presque coude a coude, une grande quantité de marchandises exposées. Par contre, les étages supérieurs sont trés spacieux, longues perspec. tives recouvertes de moquette, avec méme, aux étages consacrés & la mode, des modéles pour présenter les habits aux clients, Aux points stratégiques, des hdtesses sont 18 pour dépister les vrais acheteurs parmi les. spectateurs occasionnels. 110 LA STRATIFICATION SOCIALE DE (R) La comparaison parait done logique, et, d’aprés 'hypo- thise, nous devrions constater des emplois différenciés de (tL), Le tableau 2.4 montre qu’il en est bien ainsi. ‘Au cours des interviews, nous avons également observé la variable (th), surtout dans son occurrence au mot fourth (quatriéme), II s'agit 1a de Tune des principales variables utilisées pour T'étude de la stratification sociale 4 New York (Labov, 1966a) et ailleurs (Wolfram, 1969 ; Ans- hen, 1969). La variante Ia plus stigmatisée est 'emploi de Pocelusive (¢] dans fourth, through, think (quatrieme, 2 travers, penser), etc. Le pourcentage de locuteurs qui présentent cet emploi s'accorde parfaitement aux autres mesures de la stratification sociale que nous avons envi- sagées ¢ Saks 00 % Macy's 04 % S. Klein 15 % Notre hypothése se voit done confirmée de plusieurs facons semi-indépendantes. Tableau 2.4 Distribution de (1) par étages chez Saks @ RdC Etages (1-1) exclusif (9%) 23 34 (t-1) attesté (9) 23 40 (r-1) absent (96) Eo 26 100 100 N 30 38 ‘A considérer l'économie réalisée pour Vobtention de information, les résultats de Yenquéte apparaissent d'une grande tichesse. Il est vrai que nous ignorons beaucoup de choses ql serait souhatable de connate i propos des informateurs : leur liew de naissance, leur histoire linguis- tique, leur instruction, leur intégration a la culture new 1 SOCIOLINGUISTIQUE yorkaise, etc, Néanmoins, il y a assez de régularité dans la structure sous-jacente pour surmonter ce manque de précision quant au choix et a lidentification des informa: tents, La différenciation des informateurs par Vage. Lage des informateurs ayant &é estimé par tranches de cing ans, on ne saurait s'appuyer sur les chiffres ainsi obtenus pour établir autre chose que la comparaison la plus élémentaire. Cela dit, nous pouvons toujours regcouper es tranches d'ige en trois unités, afin de détecter les grandes lignes de changement éventuelles. Si, comme nous 'avons indiqué (1-1) est bien Pune des principales caractétistiques d’un nouveau modele de pres. tige en train de se surimposer au modéle new yorkais originel, il est légitime de prévoir un accroissement du r prononcé chez les jeunes vendeuses. Pourtant, la distri bution globale par age telle qu'elle apparatt au tableau 2.5, ne laisse voir aucun signe de changement * Tableau 2.5 Distribution de (r) par age estimé Groupes d'age «) 1530 35:50 55-70 (1) exclusif (96) 24 20 20 (1) attesté (9) 21 28 2 (1) absent (96) 35 52 58 Une telle uniformité est surprenante, quand tout indique at ailleurs que l'emploi de (r-1) comme variante de pres- tige s'accrott chez les jeunes New Yorkais. On sait de fagon stire que (1-1) était absent de New York dans les années trente (Kurath et McDavid, 1951), et s'est répandu ensuite, comme le montrent les entegistrements de Hubbell (1950) et de Bronstein (1962). Mais, lorsqu’on examine les dis- 112 LA STRATIFICATION SOCIALE DE (R) tributions pour chaque magasin, on voit disparaitre Zette Ggolité entre ies groupes d’age. La figure 2.5 montre que Ia cortélation invetse avec Page, que nous attendions, se manifeste chez Saks, mais pas chez Macy's ni chez Klein. Au contraire, ce sont les sujets agés qui emploient le plus de (r-1) cher. Macy's ; quant & Klein, on n'y décéle aucune corrélation particuligre avec [’age. Une ielle complexité est tout A fait déroutante, et l'on peut étre tenté d'y voir une absence complete de structure. Pourtant, méme si les sous-groupes paraissent peu nombreux, ils sont plus étoffés que beaucoup de ceux que nous avons utilisés jusqu’a résent, et, nous le verrons, il n’est pas possible d’écarter les résultats ainsi obienus. L’énigme posée par Ia figure 2.5. est l'un des résultats les plus signifcatifs qu’ont produits nos méthodes. Quand tout le reste confirme I'hypothése de départ, lui seul, parce qu'il ne s’ajuste pas a la structure attendue, nous force 4 tourner notre attention dans des directions nouvelles ct, qui sait, profitables, On ne peut expliquer la figure 2.5 a ‘partir des seules données recucillies pendant Penquéte sur les grands magasins, si ce n’est de facon spéculative. Dans le premier compte rendu écrit peu aprés, nous disions + Comment peution expliquer les diférences entre Saks et Macy’s ? Je pense que Yon peut dire ceci : le emplacement du modéle de prestige de la Nouvelle- ‘Angleterre (sans r) pat celul dav Midwest (avec 7) est ressenti plus complétement chez Saks. La, les jeunes sont sous Vinfluence du modele avec 7 prononcé, alors que les gens agés y échappent. Chez Macy's, In’ sensi- Dilité est moindre chez un grand nombre de_ jeunes Tocuteurs, complétement imprégnés de la tradition line guistique’ new yorkaise, Les manutentionnaires, les jeu- nes vendeuses, ne sont pas encore pleinement conscients du prestige qui stattache au fait de prononcer le +r. Diautre part, les gens agés, chez Macy’s, ont tendance A adopter cette prononciation ; tts peu se fient a Vancien modéle de prestige qui soutient encore la pro- nonciation sans r des vendeuses agées de chez Saks. Crest [A une argumentation assez complexe, qu’oti ne saurait accepter avant de l'avoir parfaitement vérifée, au moyen dinterviews plus longues dans les dewx mage- 113 SOCIOLINGUISTIQUE sale Saks Macy's Macy's Saks Macy's A veg GE Ss Agew 15-30 35-50 55-70 15-30 35-50. 55470 Ne 9 au 23 38 ss 26 8. Klein 5. Klein a] Siklein itt «kz 15303550 85-70 20 26 2 Fig. 2.5. Suatiication de (e), par megtsin et classes ge, Partie ‘es = GEA) calait'ca 90; pace blanche =e) attest en So; (el) absent tapparalt pas. N= nombre total de cs. La structure complexe de la figure 2.5 est un vétitable défi a Pinterprétation, d’autant plus qu’on ne peut écarter ia ponebiiee quelle soit le prochit dea multiples sources erreur inhérentes aux enquétes bréves et anonymes. Afin dexpliquer et de confirmer les présents résultats, il est nécessaire d'anticiper sur ceux du programme d'inter- views systématiques qui sera discuté aux chapitres 3 47. Quand on eut analysé les données fournies par lenquéte principale sur le Lower East Side, on vit clairement que Ja figure 2.5 n’est nullement un artefact dé a la méthode, mais reflete des structures sociales réelles (Labov, 1966a, p. 342 et suiv.). Parmi ces données, la plus comparable a celles des grands magasins est la distribution de (r) pat age et par classes, en style B : le discours relativement surveillé qui forme Pessentiel des interviews individuelles (voir chapitre 3 pour la définition des styles), Face 4 Saks, ‘Macy's ct Klein, nous pouvons placer la moyenne bour- geoisie, la petite bourgeoisie et la classe ouvritre dans Teur ensemble. Les classes dage les plus comparables sont : 114 i i LA STRATIFICATION SOCIALE DE (R) 20-29, 30-39 et 40. (Comme les estimations faites dans les grands magasins sont trés grossi&res, on ne gagnerait rien @ vouloir apparier les chiffres avec exactitude.) La figure 2.6, trés comparable a Ia figure 2.5, représente done la répattition par age et par classes de Pemploi de (r) dans le Lower East Side. ws » co @ 2 me tag es —et et S ar get pa, cas de (0) dans Je Lover East 3 icon saree "HB moyenne bourne; La encore, nous voyons que le groupe au statut le plus levé manifeste une corrélation inverse entre (r-1) et lige : Jes jeunes locuteurs emploient plus (r-1) ; le groupe immé- diatement inférieur se situe 4 un niveau plus bas pour (1) et la corrélation avec l'age y est direct ; la classe ouvridre, enfin, est A un niveau encore inférieur pour (r) et ne pré- sente aucune corrélation particulitre avec Page. Nous avons li une confirmation trés frappante, d’au- tant plus que les deux études comportent des sources der- eur tout a fait complémentaires. L’enquéte sur le Lower East Side concernait un éechantillon aléatoize secondaire, repris d’une enquéte menée par Porganisme « Mobilization for Youth », avec une information démographique com- pléte sur chaque informateur. Les interviews étaient enre- gistrées au magnétophone, et {es locuteurs, qui s’expri- maient en des styles trés variés, nous ont fourni une grande quantité de données sur (2). L’étude sur les grands maga- sins par contre, impliquait une probabilité d'erreur beau- coup plus forte, pour un certain nombre de raisons : la faible quantite de données par informateut, la méthode de notation, Vabsence de magnétophone et Vappui sur Ia mémoire immédiate, la méthode d’échantillonnage, Vesti- mation de Page des’ informateurs et le manque de rensei- us i | | | i i | / j t i i ; i t SOCIOLINGUISTIQUE gnements a leur propos. Pour la plupart, ces sources erreur sont inhérentes 4 la méthode choisie. Pour compen- sation, nous avions Puniformité de la procédare d'inter- view, le fait que nos informateurs étaient présents en leut qualité premiére d’employés, le plus grand nombre de cas par catégories, la simplicité des données et, par-dessus tout, la suppression des déformations produites par Pinterview linguistique formelle *. La faiblesse de Penquéte sur Je Lower East Side résidait 18 ot l'étude sur les grands mage- sins prenait sa force, et inversement, Ces différences de méthode sont résumées dans le tableau ci-dessous : Ente le, Bhs su es ee reer ie pane amgeie ‘chantillonnege slestote Informatcurs disponibles Tends pred cenregistrement sw mepnétophone mémoire immédite et données complies mimes: 4 Nal et pat dEnogrphicues “dlacion quid de donnéet vane restate viaion sylinigne large ite GM > LES taille de Néchantilon— modesée Iinostante Jocliston domicile, lieu de eaal, en com ‘element aenie contexte social inerview demande de renteigne- fet de observation maximal sim temps tral par set, evalsation einer Siew) 48 heores 5 inoes Une telle convergence entre Venquéte sur le Lower East Side et celle sur les grands magasins représente donc In solution idéale du paradoxe de Pobservateur (cha. pitre 8) : a savoir que notre but est d’observer la fagon dont les gens se servent du langage quand on ne les observe pas. Toutes nos méthodes sont autant d’approches * Confoemémeat 2 un usage qui se sépand, ja choisi de tredite Neagle pe cl He ial. oar «onmalt(s)'» aa sens de atic, geste pat Te respect des convenancs, des conventions mondsinet» (Pett Rober, HbA) (Nd). 116 - LA STRATIFICATION SOCIALE DE (R) vers ce but ; lorsque, venant de deux disections différentes, nous arrivons au méme résultat, nous pouvons étre assu- rés d'avoir dépassé le paradoxe, et atteint une structure dont existence est indépendante de celui qui I'analyse. Sion admet donc que le schéma de la figure 2.5 repré- sente un fait sociologique, comment l'expliquer ? Les sug- gestions contenues dans notre note préliminaire allaient, semble-til, dans la bonne direction, mais, & cette époque, nous n’avions pas dégagé le rle de I'hypercorrection au sein de la petite bourgeoisie, ni repéré ce croisement des courbes qui est caractéristique du changement en train de se faire, Seuls les matériaux tirés de nos recherches ulté- tieures nous ont permis de résoudre ce probléme. Les figures 2.5 et 2.6 constituent deux visions tron- quées de la distribution de la nouvelle norme de pronon- iation de r, selon les trois dimensions de Wage, du style et de la classe sociale, La figure 2.7 montre deux sections transversales au niveau du style, subdivisées en quatre tranches d'age, tirées de Pétude sur le Lower East Side. La ligne pointillée fait voir comment le groupe au statut Ie plus élevé (classe 9) introduit la nouvelle norme (r pro: noncé) dans le discours familier. En style A, seuls les locu- teurs de la moyenne bourgeoisie agés de moins de qua- rante ans présentent une quantité appréciable de (s-1). Parmi les autres groupes sociaux, aucun des jeunes locu- teurs ne montre une quelconque réaction a cette norme cen style A, quoiqu’on puisse détecter un certain effet chez les sujets d’ige moyen, surtout au sein du deuxiéme groupe (classes 6 & 8, petite bourgeoisie). En style B, cet effet d'imitation se trouve exagéré, et le groupe d’ége moyen de la petite bourgeoisie se’ rapproche beaucoup de Ja norme posée par la moyenne bourgeoisie, Quant aux styles plus soignés, qui n’apparaissent pas ici, ce sous- groupe présente un accroissement encore plus ‘net de la prononciation de r, au-dela de la norme du groupe supé- ricur, et manifeste cette « hypercorrection » que de nom- breuses études ont mise en valeur (cf. chapitre 5 de ce volume; Levine et Crockett, 1966; Shuy, Wolfram et Riley, 1967). La figure 2.7 ne constitue pas un cas inverse de la distribution par age de (1-1); il s’agit plutét d’un décalage d'une génération dans le maximum de réaction 4 la nouvelle norme. Le deuxitme groupe dans la hiérar- 117 SOCIOLINGUISTIQUE LA STRATIFICATION SOCIALE DE (R) figure 2.8. Pour exprimer la distribution de (r-1) au moyen { [ben] d'une fonction unique, on peut dire qu’elle est en corréla- | » tion inverse avec I’éloignement par rapport au groupe ' au statut le plus haut (en appelant 1 Ta classe 9, 2 les / ne classes 6 & 8, 3 les classes 2.5 et 4 les classes 0 et 1). ' Diautre part, elle est en corrélation directe avec V'éléva- i «© Pec tion du style et la somme C’attention prétée au discours (en appelant 0 le discours familier, style A, 1 le discours See ; ; SS 20 0 Ase Fig. 28. Distribution hypothétique de () comme nouvelle marque de Drestige | | | | ESE Fig, 27. Teahin de gation sie de (pour Je. dems amiller (sle A) et Je disconre sarvelle (style B),"en temps appr rent. ESE = échelle socio-

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