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Frontières

L’adultère et la peine de mort par lapidation dans l’islam


Jean-Jacques Lavoie

Volume 14, Number 2, Spring 2002 Article abstract


The goal of this article is to trace in Islam’s criminel law the base texts that
La mort prononcée sentence those, most often women, accused of adultery (zinâ’, a term denoting
illicit sexual activity in the most general sense) to stoning; to examine the
URI: https://id.erudit.org/iderudit/1073971ar origin of such criminal law; to describe its transformation and its impact on
DOI: https://doi.org/10.7202/1073971ar government legislation of some Islamic countries; and to offer a general
framework for reflection on how this method of execution foreshadows death.
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Université du Québec à Montréal

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1180-3479 (print)
1916-0976 (digital)

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Lavoie, J.-J. (2002). L’adultère et la peine de mort par lapidation dans l’islam.
Frontières, 14(2), 49–54. https://doi.org/10.7202/1073971ar

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R E C H E R C H E

L’ADULTÈRE ET
LA PEINE DE MORT
PAR LAPIDATION
DANS L’ISLAM
Résumé
L’objectif de cet article est de retracer
dans le droit pénal de l’islam les textes
fondateurs qui condamnent à la lapida-
tion les personnes (le plus souvent des
femmes) accusées d’adultère (zinâ’, terme
qui désigne plus vaguement l’acte sexuel
illicite), d’examiner l’origine de ce droit « LE MEURTRE FAIT PARTIE DES ROUTINES SOCIALES
pénal, de décrire sa transformation et son ET DES GRANDES MISES EN SCÈNE, RELIGIEUSES ET POLITIQUES,
impact dans la législation d’État de quel- QUI PORTENT L’HISTOIRE DU GENRE HUMAIN JUSQU’À NOUS. »
ques pays musulmans et d’offrir une struc- (LEGENDRE, 2000, p. 31)
ture générale de réflexion sur la façon
dont ce mode d’exécution annonce la
mort.
Mots clés : lapidation – islam – Shari‘a –
adultère

Abstract
The goal of this article is to trace in Islam’s
criminel law the base texts that sentence

Anonyme, Feuille à calligraphie d’or sur feuille de tabac. D.Khalili Collection of Islamic Art, Londres
those, most often women, accused of
adultery (zinâ’, a term denoting illicit
sexual activity in the most general sense)
to stoning ; to examine the origin of such
criminal law ; to describe its transfor-
mation and its impact on government
legislation of some Islamic countries ; and
to offer a general framework for reflec-
tion on how this method of execution
foreshadows death.
Key words : storting – Islam - Shari‘a –
adultery

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usage dans les différents groupes ethno- résulte que l’homme, contrairement à la
Jean-Jacques Lavoie, Ph.D.,
professeur, Département des sciences religieuses, UQÀM. culturels. En effet, l’histoire de l’islam femme, n’est pas tenu au devoir de fidélité.
montre que les États musulmans n’ont L’homme marié peut donc facilement se
La question de la violence est la ques- jamais réussi à complètement substituer la protéger de l’accusation de zinâ’ et de ses
tion du commencement : on le sait depuis Shari‘a aux droits coutumiers locaux, sanctions. Cette protection est d’autant plus
qu’il existe des personnes et qu’elles se que- notamment pour tout ce qui concerne les grande qu’il peut facilement divorcer. Mieux
rellent pour décider « qui a commencé ? ». conduites sexuelles qui engagent l’honneur encore, l’islam shi‘îte, sur la base de la sou-
Au commencement était la violence. La des pères et des maris. Il n’est toutefois pas rate 4,24, reconnaît même à l’homme, et à
première personne qui meurt dans la Bible étonnant que les droits coutumiers aient l’homme seul, le droit de contracter autant
est tuée par son frère (Genèse 4,8). Depuis toujours triomphé, puisque le Coran a lui- de mariages temporaires (mut’a/sigheh)
toujours, le meurtre hante l’esprit de l’être même imposé comme normes absolues et simultanés qu’il le désire. Il peut cesser le
humain. Parmi les nombreux noms de universelles certaines dispositions du ‘Urf contrat quand il veut, sans aucun consen-
baptême que le meurtre a reçus au cours bédouin de l’Arabie ancienne, surtout en tement de la femme. En bref, l’interdiction
de l’histoire (empoisonnement, étrangle- matière pénale. de l’adultère est un corollaire au statut de
ment, etc.), il y en a un qui résonne à nos Dans la deuxième partie de l’article, je la femme mariée, voire une définition de
oreilles comme un mot d’un autre âge : la mènerai une enquête en amont de la Shari‘a ce statut.
lapidation. de façon à retracer l’origine de la lapidation Deuxièmement, cette définition juri-
L’objectif de cet article est de retracer appliquée par le droit pénal musulman en dique du zinâ’ est tenue du point de vue
dans le droit pénal de l’islam les textes fon- matière d’adultère. Pour ce faire, je présen- masculin et réifie la femme. D’une part, en
dateurs qui réservent ce procédé de mise à terai de façon succincte et diachronique les spécifiant que l’acte doit être accompli
mort aux personnes accusées d’adultère principales lois de l’Antiquité proche- volontairement, le juriste entend distinguer
(zinâ’, terme qui désigne plus vaguement orientale relatives à l’adultère, du Code de la relation consentie du viol. Or, il va de
l’acte sexuel illicite), d’examiner l’origine de Hammurapi (XVIIIe siècle avant notre ère) soi qu’un homme ne peut invoquer comme
ce droit pénal et de décrire sa transfor- jusqu’aux textes du Talmud (entre le IIe et excuse la contrainte. D’autre part, la femme
mation et son impact dans la législation le Ve siècle de notre ère). n’intervient que comme objet3. En résumé,
d’État de quelques pays musulmans. Dans la troisième partie de l’article, je dans la réalité, l’adultère s’entend donc le
Dans la première partie de mon étude, poursuivrai l’investigation en aval du Coran plus souvent des rapports sexuels volon-
je commencerai par définir l’adultère ; je et de la Sunna2. Mais comme l’islam n’a taires impliquant une femme mariée et un
compléterai ma définition en précisant les jamais été un bloc monolithique et que autre homme que son mari. Cette concep-
sanctions qui sont prévues à son endroit. l’application des lois relatives à l’adultère a tion de l’adultère fait ressortir l’aspect
Le corpus qui constitue l’objet de cette pre- varié selon les époques, les pays et les dif- féminin de la faute, qui est surtout répré-
mière partie de mon étude réunira quelques férentes tendances religieuses, je n’abor- hensible quand il s’agit de l’épouse, consi-
grands textes issus des principales sources derai que très rapidement la situation dérée comme la responsable principale de
du droit de l’islam. Ces sources sont au actuelle de la lapidation dans quelques pays la transgression. C’est ce qu’illustre claire-
nombre de quatre. Elles sont énumérées ci- où la Shari‘a est la loi d’État. Mon atten- ment, on le verra, le fait que ce sont très
dessous en ordre hiérarchique décroissant. tion portera plus particulièrement sur la majoritairement des femmes qui ont été et
Les deux premières ont une valeur contrai- république islamique d’Iran, pays où règne qui sont encore sujets des sanctions pré-
gnante dans toutes les grandes écoles de l’islam shi‘îte. tendues divines. Même la littérature atteste
droit : ce sont le Coran et la Sunna qui rap- ce fait. Par exemple, l’adultère féminin est
porte, à travers une chaîne de témoins L’ADULTÈRE un thème fréquent des Mille et une nuits,
authentifiés, les paroles (Hadîth) et les actes On ne pourrait bien définir ce qu’est lesquelles sont bâties sur la constatation par
exemplaires du Prophète Mahomet. Quand l’adultère dans l’islam sans comprendre le les deux frères, les rois de l’Inde Chahriâr
ces sources ne sont pas suffisamment expli- concept de zinâ’. Or, pour savoir ce que et Chahzenân, de l’adultère de leurs deux
cites, une troisième source est invoquée : le signifie ce mot, je partirai de la définition épouses-reines.
consensus (Ijmâ‘) des juristes, dont les prin- de Khâlîl b. Ishâq (m. 776/1374), juriste Cette conception machiste de l’adultère,
cipales écoles sunnites sont au nombre de mâlikite renommé, particulièrement au qu’on retrouve quasi systématiquement
quatre : shâfi‘ite, mâlikite, hanafite et han- Maghreb : « Le zinâ est le coït d’un Musul- chez les juristes musulmans (Benkheira,
balite. Le Qiyâs ou raisonnement analo- man pubère et sain d’esprit, réalisé au 1997, p. 283-342), est assurément déplo-
gique est la quatrième source. Cette moyen des parties génitales d’un être rable, mais à ce stade il me faut rappeler
méthode permet aux juristes de se pro- humain sur lesquelles il n’a pas les droits que le statut juridique n’a pas toujours et
noncer sur des cas d’espèce non mentionnés d’un mari ou d’un maître […] et accompli partout reflété une réalité sociale de fait. En
dans les textes sacrés, en s’appuyant sur un volontairement, non par oubli, erreur ou outre, cette définition machiste n’est pas
cas de base connu1. Certains ajoutent le ignorance » (Ben Ish’âq, 1962, p. 47). l’apanage des lois musulmanes. Par
Ijtihad, littéralement « Exercez votre Au sujet de cette définition viriarcale du exemple, jusqu’à la réforme du 11 juillet
esprit », mais le Ijmâ‘ et le Ijtihad repré- zinâ’, où chaque mot a son importance, je 1975, les articles 337-338 du Code pénal
sentent sensiblement la même chose en ce ne ferai que deux remarques. Premièrement, français stipulaient que l’adultère était un
sens qu’ils sont l’exercice de la raison, le pour qu’il y ait zinâ’, il suffit qu’il y ait coït délit opposable à l’épouse seule, l’amant
premier se faisant de façon collective et le entre un homme et une femme non liés étant tenu pour complice et non coauteur
second, de manière individuelle. Le système légalement. Par ailleurs, comme les lois de l’infraction ! Pire encore, l’article 324 de
des catégories juridico-religieuses définies musulmanes reflètent l’orientation des ce Code pénal excusait même le meurtre
par les juristes-théologiens musulmans sur sociétés polygames où seul l’homme marié commis par un conjoint sur son épouse sur-
la base de ces quatre sources, Coran, Sunna, peut licitement avoir des relations avec un prise en flagrant délit d’adultère au domi-
Ijma‘ et Qiyâs (ou ‘aql), constitue la Shari‘a. maximum de quatre épouses (Coran 4,3) cile conjugal. Quant à l’époux volage, le
Celle-ci ne doit pas être confondue avec le et avec un nombre illimité de concubines Code français ne prévoyait à son encontre
‘Urf, c’est-à-dire le droit coutumier local en (Coran 4,25 ; 23,6 ; 33,50.55 ; 70,30), il en qu’une peine d’amende (Alemany, 2000,

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p. 248 ; Guillais, 1986, p. 34 ; 146-147) ! cerne les esclaves croyantes qui commet- Il en allait tout autrement en Israël. En
Enfin, il ne faudrait pas croire que le Code tent l’adultère, le Coran propose qu’on leur matière d’adultère, la lapidation constitue
pénal n’a plus besoin de réforme. Au con- inflige la moitié de la peine prononcée la peine la plus souvent mentionnée dans
traire, « les discussions parlementaires sur contre les femmes libres (4,25), soit cin- le droit pénal biblique (Deutéronome 22,22-
le Nouveau Code pénal – voté en 1992 et quante coups de fouet. Très tôt, les cent coups 24 ; Lévitique 20,10). Si ces deux textes
dans lequel ne figure pas l’expression “ vio- de fouet furent accompagnés d’un exil d’un législatifs sont muets sur la mise en œuvre
lences conjugales ” – montrent qu’il reste an (El-Bokhâri 52,8,2, 1997, p. 212). En ce de la lapidation, Ézéchiel, dans sa descrip-
beaucoup à faire » (Alemany, 2000, p. 248). qui concerne la lapidation, seuls quelques tion de l’épouse infidèle qui personnifie la
textes appartenant tous à la Sunna en font ville idolâtre, apporte quelques renseigne-
LES PREUVES DU DÉLIT mention comme peine capitale pour l’adul- ments sur cette question : après le procès,
L’adultère est sans doute l’un des crimes tère (El-Bokhâri 9,61-64, 1964, p. 217-219) la femme adultère était dévêtue, lapidée par
les plus difficiles à prouver, puisqu’il est et ils sont tous muets quant à sa mise en la foule et lacérée par les épées (Ézéchiel
essentiellement commis en secret. Or, dans œuvre. Par ailleurs, l’un d’entre eux (El- 16,35-43 ; 23,45-47)4. La preuve qui per-
le droit musulman, la preuve reste essen- Bokhâri 9,61) concerne explicitement des mettait d’inculper une personne pour adul-
tielle (El-Bokhâri 9,65, 1964, p. 219). Autre- Juifs et la loi juive (voir aussi Shâfi‘i no 692, tère était essentiellement le flagrant délit
ment, la mort ne peut s’annoncer. Deux 1997, p. 189). Les musulmans n’ont donc (Deutéronome 22,22). On peut supposer,
preuves permettent d’inculper une per- pas été les premiers à avoir imposé la peine d’après Deutéronome 17,6 et 19,15, que
sonne pour adultère. La première est le de mort par lapidation pour l’adultère. Il deux ou trois témoins étaient nécessaires
flagrant délit. La découverte du crime doit semble même qu’ils aient repris une vieille pour que soit prononcée la condamnation
toutefois être attestée par au moins quatre loi juive (Schacht, 1964, p. 15), parce qu’elle à mort. Leur responsabilité était mise en
témoins masculins (Coran 4,15). La convenait aux hommes (Auteures ano- évidence par le fait que c’était à eux de jeter
seconde preuve est la confession même de nymes, 1998, p. 205). À ce stade de la la première pierre, le peuple poursuivant
la personne accusée (El-Bokhari 9,65, 1964, recherche, le moment est venu de retracer l’exécution jusqu’à ce que mort s’ensuive
p. 218-219). les sanctions prévues pour l’adultère en (Deutéronome 13,10 ; 17,7).
Dans la troisième partie, on verra tou- amont de la Shari‘a. Ce mode d’exécution par lapidation
tefois que ces conditions pour prouver le semble avoir survécu jusqu’au premier siècle
délit sont encore très souvent bafouées ; EN AMONT de notre ère (Jean 8,5 ; Flavius Josèphe,
autrement dit, selon le droit coutumier, la DE LA SHARI‘A Antiquités juives IV,248). À partir du
mort n’a pas toujours besoin de preuve pour Comme l’Arabie et la Mésopotamie ont IIe siècle de notre ère, il subit une transfor-
s’annoncer. Mais auparavant, il convient dès la haute antiquité constitué une unité mation. D’après la très longue description
d’examiner les sanctions prévues pour les aussi bien géographique et historique, que du traité Sanhédrin 6, voici brièvement
cas d’adultère. linguistique, religieuse et culturelle, c’est comment s’annonçait la mort par lapi-
dans cette dernière région que débute mon dation. Une fois la sentence prononcée, le
LES SANCTIONS enquête. coupable était mené dehors et devant lui
DU DÉLIT La peine de mort par lapidation est tota- marchait un héraut qui annonçait la cause
Tout crime appelle une sanction. La lement ignorée des anciens codes de lois de sa peine capitale et invitait quiconque
teneur d’un crime peut même se définir par du Proche-Orient ancien. Le châtiment de qui pouvait plaider en sa faveur à venir
la sanction qui est prévue à son endroit. Ce principe en matière d’adultère était certes prendre sa défense. Arrivé à quelques pieds
fait trouve une illustration éloquente dans la mort, mais le mode d’exécution n’était du lieu de lapidation, le condamné était
l’histoire, brièvement présentée ci-dessus, habituellement pas précisé (Lois assy- invité par l’assistance à avouer son crime,
du Code pénal français en matière d’adul- riennes £ 12-§25, 1969, p. 115-152). Le question de s’assurer une place dans le
tère. Si dans les sociétés occidentales Code de Hammurapi est l’un des rares monde à venir. L’acharnement thérapeu-
modernes, l’adultère ne fait plus l’objet de recueils législatifs cunéiformes qui décrit le tique des bien-pensants se transmuait alors
lois répressives, il en résulte donc qu’il n’est châtiment appliqué : « Si l’épouse d’un en acharnement meurtrier. Selon certains
plus considéré comme un délit grave. homme a été (sur)prise alors qu’elle cou- rabbins, on devait mettre à nu la personne,
Toutefois, la sexualité en général et chait avec un autre mâle, on les liera et on tandis que d’autres préféraient lui ôter tous
l’adultère en particulier ont toujours fait les jettera à l’eau. Si le propriétaire de ses vêtements, à l’exception d’un seul le
l’objet d’un encadrement beaucoup plus l’épouse (= le mari) fait grâce à son épouse, couvrant par devant si c’était un homme,
rigide, voire répressif, par les représentants alors le roi graciera (aussi) son serviteur et par devant et par derrière si c’était une
religieux d’Occident (Camby, 1989, p. 137- (= l’amant) » (Le Code de Hammurapi femme. Puis, on poussait le coupable dans
197). Qu’en est-il dans l’islam ? Deux points £ 129, 1983, p. 84 ; voir aussi £ 133, p. 85- un trou d’une profondeur d’environ douze
sont ici à noter. Premièrement, l’adultère 86). Outre la noyade, certaines mutilations pieds, de manière à le faire tomber sur la
est un crime majeur, dont les ouvrages trai- étaient parfois envisagées, en atténuation tête ou sur le dos. Si la chute entraînait la
tent dans la partie consacrée aux peines de la sanction normale : excision du nez mort, on s’arrêtait là. Sinon les témoins de
légales (hudûd) et non aux peines arbi- pour la femme, défiguration et castration l’accusation lui jetaient une grosse pierre
traires ou discrétionnaires (ta‘zir). Les pour l’homme (Lois assyriennes £15, 1969, afin que justice soit faite. Si l’accusé était
peines légales correspondent aux peines p. 119-120). Un autre exemple de peine encore en vie, l’assistance le lapidait jus-
définies et prononcées formellement par la capitale est peut-être fourni par la pratique qu’à ce que mort s’en suive. Puis, selon cer-
Shari‘a pour un fait déterminé. Le hadd judiciaire paléo-babylonienne : l’empale- tains rabbins, le corps de tous les lapidés
(singulier de hudud) est un droit de Dieu ; ment (Kraus, 1955, p. 131-132). Toutefois, était ensuite pendu. D’autres réservaient ce
il n’y a donc aucune possibilité de pardon. le texte n’est pas clair et peut avoir deux sort à la seule personne coupable de blas-
Deuxièmement, les sanctions prévues par sens : il peut désigner le mode d’exécution phème et d’idolâtrie. La face du pendu était
la loi varient d’une source à l’autre. Selon ou renvoyer au fait que les condamnés ne placée dans la direction du temple ; si c’était
le Coran, la punition établie par Dieu est sont pas enterrés mais accrochés à des pieux une femme, en direction du gibet. Enfin,
cent coups de fouet (24,2). En ce qui con- à la vue de la communauté. avant le coucher du soleil, le corps était

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enterré dans un endroit qui lui était réservé. Haeri, 1999, p. 65) ! Cet exemple en est un p. B6 ; Anonyme, 2001a, p. A14 ; Anonyme,
Aucun rite de deuil ne devait alors être parmi tant d’autres qui illustre que les 2001b, p. 1 et 6). Les femmes sont d’autant
observé. femmes de ces pays sont susceptibles d’être plus nombreuses à être victimes de cette
Bien que la mort soit la seule façon lapidées à la moindre suspicion6. parodie de justice que la loi prévoit aussi
d’expier le péché d’adultère (Bâbâ’ Meçî‘â’ En ce qui concerne le mode d’exécution, que si la personne parvient à s’échapper,
59a), ce chapitre six du traité Sanhédrin ne l’article 102 de la Constitution de la Répu- elle est libre. Puisqu’il est plus facile de
fut probablement qu’une pure théorie juri- blique islamique d’Iran, adoptée peu de s’échapper quand on est enterré jusqu’à la
dique. En effet, à partir de la destruction temps après la révolution de 1979, stipule taille, donc quand on est un homme, la dis-
du second Temple, donc en 70 de notre ère, que « La lapidation jusqu’à ce que mort crimination devient une fois de plus une
jusqu’à l’arrivée de l’islam au VIIe siècle, s’ensuive est le châtiment pour les adultères. question de vie ou de mort. Le site Internet
les rabbins n’eurent aucune possibilité L’homme et la femme adultères sont enterrés cité plus haut relate même un cas où la
politique d’appliquer la peine de mort5. dans un trou rempli de sable, le premier femme a réussi à s’échapper, mais en vain
Sous la domination des Romains, puis des jusqu’à la taille, la seconde jusqu’au-dessus puisqu’elle a été aussitôt rattrapée et lapi-
Chrétiens, les rabbins durent donc se con- des seins, et ils sont lapidés » (Hachtroudi, dée, au mépris de la loi constitutionnelle.
tenter de fouetter la personne, de raser sa 1999, p. 113). Si ce dernier cas nous laisse deviner la
tête et de l’excommunier pour un temps. Par ailleurs, comme les lois coraniques passion meurtrière qui anime cette sinistre
Par contre, quelques indices indiquent que ont été rédigées par des hommes et pour fête punitive, il n’en reste pas moins que la
ce pouvoir de lapider leur fut donné, à cer- des hommes, j’ai déjà montré que l’homme lapidation se fait avec des manières, pas
taines époques et dans certaines régions, marié peut facilement se protéger de n’importe comment ! Par exemple, l’article
lorsqu’ils passèrent sous domination musul- l’accusation d’adultère et de ses sanctions. 104 apporte des précisions sur la taille des
mane (Zafrani, 1986, p. 131). C’est par Cette protection est d’autant plus grande pierres : « Les pierres utilisées ne devront
exemple le cas des Juifs d’Espagne (deux que l’article 1133 de la Constitution lui pas être trop grosses afin d’infliger la mort
cent vingt-deuxième commandement de permet aisément de divorcer : « L’homme d’un coup, elles ne doivent pas être si petites
Maïmonide, 1987, p. 189). Rien n’était plus peut divorcer à tout moment sans condi- qu’on ne puisse leur donner le nom de
normal, puisque les musulmans avaient tion préalable ni légale. La femme doit être pierre » (Hachtroudi, 1999, p. 113 ; voir
eux-mêmes emprunté aux Juifs ce mode en mesure d’arguer de raisons valables pour aussi Ben Ish’âq, 1962, p. 48). La taille
d’exécution. une demande de divorce » (Hachtroudi, moyenne est choisie afin de faire expier la
1999, p. 113). Ainsi, la non-satisfaction de faute par la souffrance. La mort doit
EN AVAL DU CORAN l’homme est un motif suffisant de divorce s’annoncer dans la souffrance. Une lapida-
ET DE LA SUNNA (Adelkhah, 2001, p. 158). Mieux encore, tion peut ainsi durer entre trois et quatre
Bien que la lapidation soit en général l’article 1075 autorise l’homme, et l’homme heures.
abandonnée dans la majorité des pays seul, à contracter autant de mariages tem- La personne condamnée à la lapidation
musulmans, elle n’est pas pour autant une poraires simultanés qu’il le désire : « Le est exploitée dans une logique du spectacle.
question que l’on puisse traiter avec le recul mariage temporaire est légal pour une durée C’est ce que met bien en évidence le livre
dont dispose l’historien. Dans certains pays, variant de une heure à quatre-vingt-dix-neuf de Freidoune Sahebjam qui reconstitue
elle cristallise encore des enjeux qui soulè- ans » (Hachtroudi, 1999, p. 113). Bien heure par heure, depuis le verdict jusqu’à
vent indignation et passion. Bien entendu, entendu, d’aucuns ne se gênent pas pour l’exécution de la lapidation en 1987, les
on pensera d’abord à l’Afghanistan, où le qualifier cette pratique d’échappatoire pour derniers moments de Soraya, victime injus-
mollah Mohammed Omar, le dirigeant satisfaire les pulsions sexuelles débridées tement accusée par son mari débauché.
suprême des talibans, a déclaré que les des mâles (Nakanishi, 1998, p. 91) ou de Après avoir tracé un cercle de chaux à
châtiments corporels et les exécutions capi- forme déguisée d’institutionnalisation des sept ou huit mètres du trou où avait été
tales en public devaient être maintenus, maîtresses (Adelkhah, 2001, p. 153), voire déposée Soraya, le mollah Hassan invita le
Shari‘a oblige (Aubry, 1999, p. 49). Pour sa de forme de prostitution (Talbi, 1998, père de la jeune victime à lancer la première
part, au mois de décembre 2001, le juge p. 153), ce qui contredit toute l’argumen- pierre.
Ullah Zarif a promis qu’il y aura plus tation qui prétend justifier l’obligation
Le vieillard posa sa canne par terre et
d’équité et de clémence sous son règne qu’à du port du voile (hidjab) censé arracher
s’empara du gros caillou. Il rendit
l’époque des talibans : les coupables d’adul- le corps féminin au regard lubrique des
grâce à Dieu, arma son bras et tout en
tère seront toujours lapidés, « mais nous uti- hommes.
lançant la pierre de toutes ses forces en
liserons des pierres plus petites » (Pearson, Avec une telle théocratie d’essence
direction de sa fille, il cria : « Ya
2001, p. A5) ! En outre, contrairement aux patriarcale et viriarcale, il n’est donc pas
Allah !… Voilà pour toi, putain ! » Il
talibans qui pendaient le corps des victimes étonnant de constater que les femmes sont
rata sa cible. Ebrahim lui tendit une
en public pendant quatre jours, « nous ne les principales personnes accusées d’adul-
deuxième pierre et une nouvelle fois, le
les exposerons qu’un court moment, disons tère et, par conséquent, lapidées. En se
vieux la lança en éructant sa haine.
15 minutes » ! Malheureusement, l’Afgha- limitant aux journaux iraniens publiés ces
Quatre fois, il tenta en vain d’atteindre
nistan n’est pas le seul à avoir instauré des dernières années, sur un total de 49 per-
sa fille. (Sahebjam, 1990, p. 105)
mesures pénales discriminatoires à l’égard sonnes dont on a annoncé qu’elles avaient
des femmes (Mayer, 1991, p. 93-142). Par été lapidées, 43 sont des femmes. (Voir à Voulant lui casser directement la tête,
exemple, au Pakistan et au Bangladesh, ce sujet le site http://www.iran-e-azad.org/ « Ebrahim lui fit comprendre qu’il ne devait
malgré la loi qui distingue en principe stoning/women.html.) La présidence de en aucun cas dépasser la ligne de chaux,
l’adultère du viol, la femme violée est tenue Khatami, si bien vu par maints pays occi- que c’était à l’encontre de la loi de Dieu »
de prouver qu’elle a été violée ; autrement, dentaux, n’a donc rien changé. Au moment (Sahebjam, 1990, p. 106). Puis vint le tour
elle est accusée d’adultère et punie par la où je rédige ces lignes, les journaux cana- de l’époux de Soraya. Ratant la cible, il « prit
flagellation, laquelle cause parfois la mort, diens relatent encore de nouveaux cas de une deuxième pierre, la soupesa, et regarda
et / ou la lapidation (Auteures anonymes, personnes lapidées en mai et juin 2001 son public. On aurait dit un athlète sur le
1998, p. 181-182 ; Giguère, 1999, p. 13 ; (Bagherzadeh, 2001, p. 15 ; Perreault, 2001, stade en quête d’une performance. Son bras

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se tendit à nouveau et la pierre frôla la tête la manière d’un vote7. Cette justice « démo- tère et d’offrir une structure générale de
de la femme » (Sahebjam, 1990, p. 106). cratique » repose en fait sur une mollacra- réflexion sur ce mode d’exécution. Je suis
Chaque pierre lancée symbolise le rejet tie, voire une théocratie ou encore une conscient que chaque partie de cet article
de la communauté, la malédiction. C’est nomocratie, puisque la loi et Dieu semblent mériterait un traitement plus généreux.
aussi ce que nous enseigne l’étymologie : en ici ne faire qu’un. C’est ce que rappelle Néanmoins, à partir de ces trop brèves
arabe, la racine rdjm signifie « lapider », Sahebjam lorsqu’il cite les propos du mol- réflexions, j’émettrai les trois propositions
« maudire » et la racine sémitique, dont on lah s’apprêtant, à son tour, à lancer sa suivantes :
trouve des dérivés en hébreu classique pierre : « Ce n’est pas moi qui jette la 1. Pour la tradition islamique, la mort est
(rgm), a le sens de « lapider », « chasser ». pierre… c’est Dieu qui guide mon bras… vécue dans la transcendance. C’est
L’amas de pierres, qui isole définitivement c’est lui qui me commande et c’est notre pourquoi, de façon générale, il n’y a
pas refus de la mort, ni occultation,
mais l’acceptation de son caractère
inéluctable. Toutefois, la mort par
lapidation n’est plus simple échéance
C’EST LA MORT QU’ANNONCE CHAQUE PIERRE ET CETTE MORT
fatale ; elle est avant tout instance
sociale, car elle est annoncée et
EST D’AUTANT PLUS ATROCE QU’ELLE EST SOUVENT ANNONCÉE
donnée par des hommes. Une annonce
qui se fait dans une véritable débauche
ET PROVOQUÉE PAR LES PROCHES.
de pierres.
2. Certes, à l’heure où nous avons des
machines de guerre qui peuvent tuer
des personnes par milliers, la lapida-
la victime, symbolise bien ce rejet. Ce imam que je venge du crime honteux qu’a tion peut apparaître comme un mode
symbole est bien mis en évidence dans le commis cette femme » (Sahebjam, 1990, d’exécution dérisoire, voire un drame
royaume saoudien qui se veut beaucoup p. 107). mineur. Comme le dit si bien Pierre
plus moderne : en guise de lapidation, on La lapidation intervient comme un rite Legendre, que j’ai déjà cité en exergue
déverse un camion-benne rempli de pierres qui remet de l’ordre dans la société. Seule de cet article :
sur la femme adultère (Balta, 1995, p. 140). la mort du prétendu coupable annule son Le meurtre ne compte plus, il ne
Plus que le rejet, c’est la mort qu’annonce crime. Par la lapidation, on substitue l’ordre compte qu’additionné à d’autres
chaque pierre et cette mort est d’autant plus au désordre que le coupable a installé. En meurtres par des comptables. Nous
atroce qu’elle est souvent annoncée et pro- bref, la lapidation est une façon de civiliser tenons pour une blague sublime que le
voquée par les proches. Par exemple, le la transgression sauvage que représente meurtre, un seul meurtre, soit si lourd –
10 août 1999, le juge de la cité d’Arah l’adultère ; cela ne laisse-t-il pas supposer lourd du poids du monde –, qu’il
ordonna que la femme soit lapidée par son que le mariage musulman est une transgres- touche l’humanité dans son principe
mari et ses deux enfants (voir le site Internet sion ritualisée (Benkheira, 1997, p. 315) ? de vie et de Raison, et signifie l’écrou-
cité ci-haut). Une fois le travail achevé de manière lement du monde. » (Legendre 2000,
Que les gens qui lapident soient des professionnelle, les carnassiers sont fina- p. 46)
membres de la famille ou pas, la lapidation lement tenus de rappeler la miséricorde de Quand comprendra-t-on que la
reste autre chose que le geste incontrôlé Dieu : lapidation d’une seule personne
d’un groupe incontrôlable, autre chose signifie la mise à mort de tout un
Le crâne éclata et la cervelle se
qu’une technique parmi d’autres de mise à monde ?
répandit sur le sol. Alors, un immense
mort. La lapidation est un rituel qui permet 3. Une peine absolue suppose une justice
cri de joie s’éleva : « Allah o akbar !
une exécution collective dans laquelle absolue. Une sanction irréparable
Allah o akbar ! Dieu est grand… !
chacun peut, d’une part, se sentir respon- exige une sentence infaillible. Or, qui
Louange à Dieu ! » Hassan Lajevardi
sable du maintien de l’ordre et, d’autre part, peut prétendre détenir la justice
leva son Coran d’un air victorieux et
se désolidariser du coupable. C’est ce absolue et décréter une sentence
ordonna aux villageois de se mettre en
qu’indiquent clairement les propos du infaillible ? Ceux qui prétendent
cercle autour de lui. « Rendons grâce
mollah dans le livre de Sahebjam : « Oui détenir une telle justice absolue au
au Tout-Puissant. » Soudain, le silence
mes amis, vous avez raison, chacun à votre nom de Dieu et d’une législation du
fut total. Et après un court instant de
tour, les uns après les autres, vous allez VIIe siècle de notre ère ne font que
recueillement, la foule entonna avec le
pouvoir laver l’offense, en lui jetant votre nuire au développement de l’islam en
mollah : « Au nom de Dieu, clément et
pierre. À chaque pierre jetée, votre honneur lui interdisant toute forme d’avenir
miséricordieux… » (Sahebjam, 1990,
vous sera rendu et ainsi jusqu’à ce qu’elle dans les sociétés modernes9.
p. 109).
ait totalement expié sa faute » (Sahebjam,
1990, p. 91). Cette description de Sahebjam n’a rien Bibliographie
Seule la mort peut laver le déshonneur. d’une fiction ironique, puisque la spécifi- ADELKHAH, Fariba (2001). « Sexe, amour,
Cette pluralité des coups et des respon- cation d’un châtiment par rapport à une république », Jeunesse d’Iran. Les voix du
sables est l’un des caractères essentiels de faute est généralement accompagnée dans changement, Paris, Autrement, p. 150-164.
ce mode d’exécution. Loin d’être un acte le Coran de la déclaration « Dieu est misé- ALEMANY, Carme (2000). « Violences »,
spontané et passionné d’irresponsables, elle ricordieux et Dieu est Tout-Clément »8. dans H. Hirata et al. (Dir.), Dictionnaire
est une manifestation d’une justice que l’on critique du féminisme, Paris, PUF.
! ! !
pourrait presque qualifier de démocratique : AMNESTY INTERNATIONAL (2001a).
chaque pierre lancée est comme un geste Mon propos était de retracer la sinistre Arabie Saoudite. Le triste sort réservé aux
d’adhésion à une même cause, accompli à histoire de la lapidation pour les cas d’adul- femmes, Paris, Éd. francophone d’Amnesty.

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AMNESTY INTERNATIONAL (2001b). LES LOIS ASSYRIENNES (1969). Intro- 5. C’est probablement pourquoi, selon Makkôt
Rapport 2001, Paris, Éd. d’Amnesty Inter- duction, traduction, commentaire de 1,7a.10, Rabbi Ele‘azar Ben Azarya consi-
national. Guillaume Cardascia, Paris, Cerf. dère comme funeste un sanhédrin qui a
décrété une seule exécution en soixante-dix
ANONYME (2001a). « Porn actress stoned MAÏMONIDE, Moïse (1987). Le livre des
ans.
to death », The Gazette, mardi 22 mai, commandements. Sefer hamitsevoth, traduit
p. A14. et commenté par Anne-Marie Geller, 6. On trouvera de nombreux autres exemples
ANONYME (2001b). « Zane djavâni dar Lausanne, L’âge d’Homme. de lapidation et de tortures mortifères
imposées aux femmes d’Arabie Saoudite,
zendâne ’evine sang-sar shûd », Paivand, MAYER, Ann Elizabeth (1991). Islam and
du Pakistan, de l’Afghanistan et de l’Iran
vol. 7, n° 320, 15 juillet, p. 1 et 6. Human Rights. Tradition and Politics, San
Francisco, Westview Press. dans les derniers rapports d’Amnesty Inter-
AUBRY, Chantal, (1999). « Oppressions national (Amnesty International, 2001a,
afghanes », Manière de voir, 48, p. 48-49. NAKANISHI, Hisae (1998). « Power, ideo- p. 29-40 ; Amnesty International, 2001b,
AUTEURES ANONYMES (1998). Pour logy, and women’s consciousness in postre- p. 36, 208, 292).
volutionary Iran », dans H.L. Bodman et N.
nous-mêmes. Des femmes lisent le Coran, 7. C’est ce que confirme en quelque sorte
Tohidi (dir.), Women in Muslim Societies.
s.l., Éd. Femmes sous lois musulmanes. la grammaire arabe : rdjm, « lapidation »,
Diversity within Unity, Londres, Boulder,
BAGHERZADEH, Hussain (2001). « Sang- djimar, « tas de cailloux » et djama‘a,
p. 83-100.
sar wa tabab sazi », Paivand, vol. 7, n° 310, « réunir », dérivent tous de la racine djm. La
PEARSON, Bryan (2001). « La charia, c’est participation de tous les membres à la lapi-
15 juin, p. 15.
la charia », Le Devoir, mercredi 19 décem- dation et le tas de pierres symbolisent
BALTA, Paul (1995). L’Islam, Paris, Le bre, p. A5. l’union indissoluble du groupe.
Monde.
PERREAULT, Laura-Julie (2001). « Un 8. Cette description est aussi confirmée par la
BEN ISH’ÂQ, Khalîl (1962). Abrégé de la printemps iranien », La Presse, samedi cassette vidéo qui présente la lapidation de
loi musulmane selon le rite de l’Imâm 9 juin, p. B6. deux personnes en Iran. Cette cassette
Mâlek, traduction et notes de G.H. Bous- vidéo est disponible à l’Association des
SAHEBJAM, Freidoune (1990). La femme
quet, vol. 4, Paris-Alger, Maisonneuve-La femmes iraniennes de Montréal.
Maison des livres. lapidée, Paris, Grasset.
SCHACHT, Joseph (1964). Introduction to 9. Voici une traduction libre du texte qui fait
BENKHEIRA, Mohammed H. (1997). partie de l’illustration, en page 49 : « Les
Islamic Law, Oxford, Clarendon Press.
L’amour de la Loi. Essai sur la normativité croyants qui n’ont pas l’amour d’Ali, je ne
en islâm, Paris, PUF. SHÂFI‘Î (1997). La Risâla. Les fondements pourrai garantir leur défense devant Dieu. »
du droit musulman, traduit de l’arabe, pré-
CAMBY, Philippe (1989). L’érotisme et le
sacré, Paris, Albin Michel. senté et annoté par Lakhdar Souami, Paris,
Sindbad.
EL-BOKHÂRI (1964). L’authentique tradi-
TALBI, Mohamed (1998). Plaidoyer pour
tion musulmane, traduction, introduction
un Islam moderne. Tunis-Paris, Cérès-
et notes par G. Bousquet, Paris, Sindbad.
Desclée de Brouwer.
EL-BOKHÂRI (1977). Les traditions isla-
miques, traduites de l’arabe avec notes et ZAFRANI, Haïm (1986). « Judaïsme d’Oc-
index par O. Houdas, Tome 2, Paris, cident musulman », Studia Islamica 64,
p. 125-149.
Librairie d’Amérique et d’Orient & Maison-
neuve.
Notes
GIGUÈRE, Denise (1999). La condition
des femmes au Bangladesh, Sherbrooke, 1. Par contre, pour la majorité des shi‘îtes, la
Service de formation à distance en éduca- quatrième source n’est pas le qiyâs des sun-
tion interculturelle. nites, mais le ‘aql, la raison.
GUILLAIS, Joëlle (1986). La chair de 2. Les expressions « en amont » et « en aval »
l’autre. Le crime passionnel au XIXe siècle, sont surtout appropriées pour l’historien,
Paris, Olivier Orban. car l’historicité est mise entre parenthèses
par le fondamentaliste, elle est refoulée.
HACHTROUDI, Fariba (1999). « Les Ira- Pour certains musulmans, il n’y a donc ni
niennes et le féminisme », Demain, un Iran avant ni après : Mahomet est contemporain
laïque ?, Paris, Éditions Corlet, p. 112-125. de tous les croyants, en ce sens que sa révé-
HAERI, Shahla, (1999). « Woman’s body, lation est exacte et éternelle et qu’elle
nation’s honor : Rape in Pakistan », dans A. imprègne leurs comportements et leurs pra-
Afsaruddin (Dir.), Hermeneutics and tiques. Le Coran lui-même se situe hors du
Honor. Negotiating Female « Public » Space temps et de l’espace, uniquement consacré
in Islamic Societies, Londres et Cambridge, à prêcher les mêmes dogmes. Ainsi, Adam,
Harvard University Press. Abraham, Moïse, Jonas, Jésus et Mahomet
proclament tous le même ensemble de
KANT, Emmanuel (1943). Fondements
vérités religieuses.
de la métaphysique des mœurs, Paris,
Delagrave. 3. Ce qui s’oppose à l’un des grands principes
de la morale kantienne : « Agis de telle sorte
KRAUS, F.R. (1955). « Neue Rechtsurkun-
que tu traites l’humanité aussi bien dans ta
den der altbabylonischen Zeit », Die Welt
personne que dans la personne de tout
des Orients 2, p. 120-136.
autre toujours en même temps comme une
LE CODE DE HAMMURAPI (1983). Intro- fin, et jamais simplement comme un
duction, traduction et annotation par André moyen. » (Kant, 1943, p. 150-151)
Finet, Paris, Cerf.
4. La lacération par épée était peut-être le
LEGENDRE, Pierre (2000). La fabrique de châtiment réservé à celle qui répandait le
l’homme occidental, Paris, Arte & Mille et sang (Ézéchiel 16,38 ; 23,45).
une nuits.

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