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CHAPITRE 1 

: LA DEMOGRAPHIE ET SES SOURCES

Introduction

Le terme « démographie » a été inventé par le Français ACHILLE Guillard en 1855. Il définit la
démographie comme étant l’histoire naturelle et sociale de l’espèce humaine. Elle perpétue la
grande tradition de l’arithmétique politique et apporte un éclairage à l’action des pouvoirs
publics. On ne peut donc pas la limiter à une simple comptabilité des hommes qui lui donnerait
une simple apparence abstraite, voire étriquée alors qu’elle repose sur la donnée la plus concrète
et la plus fondamentale de la vie et de la mort des hommes.
On distingue deux dimensions de la démographie :
- La démographie pure.
- La démographie large
La première est un exercice technique, une application de la statistique de la population humaine.
Son objectif est de mesurer et d’enregistrer les phénomènes sans en saisir les tenants et les
aboutissants. La seconde quant à elle, va au-delà : elle s’intéresse aux causes que peuvent
produire les phénomènes étudiés ainsi qu’à leurs conséquences possibles.

La définition la plus connue de la démographie est fournie par le dictionnaire démographique


«Multilingue » des Nations Unies. La démographie est une science ayant pour objectif, l’étude
des populations humaines et traitant de leurs dimensions, de leurs structures, de leurs évolutions
et de leurs caractères généraux envisagés principalement d’un point de vue quantitatif. Le
vocable démographie est composé de deux mots grecs. L’un renvoyant à l’action de décrire
comme dans le monde géographie (graphie), l’autre désignant l’objet, le peuple, la population
(démo). Il s’agit à l’origine d’une action plus descriptive que théorique qui concerne un objet

précis. L’objectif de GUILLARD s’est de connaître à fond tout ce qu’on a découvert des lois
sous lesquels gravite l’humanité.

I. Les statistiques d’état et de mouvement : les recensements, les enquêtes ; l’état civil et
les registres de population

Comme toutes sciences sociales, la démographie se nourrit d’informations de base sur les
sociétés humaines. Ce réservoir de matières premières est plus ou moins important selon les
pays. Certains pays notamment en Europe, disposent de données abondantes et de grande qualité,

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qui remontent parfois à plusieurs siècles, d’autres comme en Afrique n’ont réalisé que de rares
recensements et dont la qualité demeure fragile. L’ancienneté du système statistique, la
régularité des opérations de collectes et le caractère objectif des informations recueillies
garantissent la précision des réponses et la sureté des résultats obtenus.
On distingue 4 sources d’informations de base :
1- le recensement de la population de base
2- les statistiques de l’état civil
3- les enquêtes démographiques par sondage
4- les registres de population
Les recensements et les enquêtes donnent une description, une photographie de la population à
un moment donné. L’Etat civil et les registres de renseignements sur les changements qui
affectent cette population alimentent ce qu’on appelle les statistiques de mouvement de la
population. Ces sources se complètent. Par son cas exhaustif et exceptionnel, le recensement est
l’opération la plus complète à l’issu de laquelle on obtient une description détaillée du profil des
habitants d’un territoire. Le recensement constitue ainsi une référence indispensable pour l’action
des pouvoirs nationaux ou locaux. Il fournit par ailleurs le cadre statistique nécessaire de la
condition de tous échantillons représentatifs utilisés lors de la réalisation d’enquête par sondage.

1.1. Le recensement et les enquêtes

Le recensement est l’outil privilégié de la démographie parce qu’il consiste en un


dénombrement exhaustif d’une population dans ces principales caractéristique démographique,
économique, sociales, culturelles, etc. Le recensement permet de connaître le nombre et la
structure de la population. De par son caractère systématique, le recensement ne peut avoir
qu’une portée limité d’où l’utilité des enquêtes pour compléter telle ou telles lacunes sur un

objet particulier que l’on souhaite mieux connaître. L’enquête répond donc à un objectif
plus précis (étude sur la cohabitation hors mariage, sur les pratiques contraceptives ou sur le
comportement sexuel).

1.2. L’Etat civil et le registre de population


Les principaux évènements de l’existence (naissance, mariage, divorce, décès) donnent droit à
une inscription sur les registres d’état civil. L’état civil est né de la volonté de faire respecter les
sacrements. En 1539, dans l'édit de Villers-Cotterêts, François premier ordonne que les paroisses
tiennent des registres de baptêmes et d’enterrements. Tenus par les mairies depuis 1792, les
registres d’état civil ont pris la suite des registres paroissiaux de l’Ancien régime.

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De façon générale dans les pays développé, l’enregistrement des naissances et décès répond à
une obligation légale. Il est pratiqué de longue date et fournit des renseignements de grande
qualité. Dans les pays à bonne tradition statistique d’Europe occidentale et centrale, les données
d’état civil peuvent être considérées comme parfaites. Dans les pays en voie de développement
l’enregistrement des naissances, des mariages, et des décès est incomplet voire inexistant. Le
registre de la population est le système d’observation idéale puisqu’il permet de suivre de façon
permanente les mouvements des populations. Il s’agit en effet d’un répertoire général des
personnes physique, en tant qu’instrument d’administration, ce répertoire est constamment tenu
par les maires, les habitants sont en effet tenu de signaler leurs changement de domicile. En
l’absence de tels registres, le mouvement migratoire par nature est plus difficile à observer que
le mouvement naturel (naissance et décès) n’est connu que de manière incomplète et
approximative.

1.3. Le développement économique et la qualité des données


La qualité des données est fonction du niveau de développement mais l’évolution est loin d’être
linéaire. Dans les pays peu développés, cette qualité est défectueuse alors que dans les sociétés
industrielles, elle a longtemps avoisiné la perfection. La ligne de partage qui sépare les pays où
les données sont fiables et ceux où les statistiques des pays demeurent imparfaites recouvre à peu
près la description entre les pays développé et les pays moins développés.
La qualité de la connaissance statistique du tiers monde s’est considérablement améliorée grâce
aux recensements et aux enquêtes. Aucun recensement n’est parfait. Il y a des erreurs (omission,
double compte). Par ailleurs, il y a des imperfections ; des déclarations en particulier sur l’âge
des populations ou la notion de durée est très floue. C’est le cas des populations traditionnelles
(Europe ancienne, pays peu développés actuels). Dans les pays les plus avancés, une menace
pèse désormais sur la qualité du système d’observation statistique. Le progrès de l’informatique
et la capacité produite de stocker des informations ont donnés à craindre à l’opinion que les
pouvoirs publics n’utilisent les pouvoirs rassemblés à l’occasion d’un recensement pour établir
les fichiers en vue d’un contrôle individuel pouvant revêtir un caractère politicien.

1.4. Le progrès des mesures indirectes

On a longtemps considéré que les données des pays du Tiers Monde étaient mauvaises pour que
l’on puisse en tirer des informations fiables sur la situation démographique de ces régions. Les
progrès de l’analyse démographique ont amené à reconsidérer cette position car peu à peu, tout
un système de méthodes a été mis sur pied qui permet de tirer le meilleur parti des données

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défectueuses. Ces nouvelles techniques ont fait de grands progrès. Elles constituent désormais à
elle seules une nouvelle branche de l’analyse démographique.
Ces progrès sont dus pour l’essentiel à W.Brass. L’utilisation de ces techniques a pour
fondement la cohérence liant les différents paramètres d’une population : une pyramide des âges
donnée n’est compatible qu’avec certains niveaux et tendances de la fécondité et de la mortalité.
Inventée par Lotka en 1907, la théorie des populations stables n’a reçu ses premières applications
pratiques que vers 1960 ; elle n’est guère utilisable que sur les populations anciennes sans
progrès techniques puisqu’elle repose sur une hypothèse forte : celle d’une fécondité et d’une
mortalité consistante. Pour étudier les populations existantes, il vaut mieux recourir à des
modèles plus proches de la réalité contemporaine comme celui des populations demi stables,
c'est-à-dire ayant une répartition par âge invariable dans le temps ou mieux encore celui des
populations quasi-stable c'est-à-dire ayant une fécondité invariable et une mortalité baissant
lentement.

II. LES METHODES D’OBSERVATION EN DEMOGRAPHIE

2.1. L’évènement démographique


On appelle évènement démographique, tout évènement se reproduisant au cours d’une période
donnée, dans la vie d’un individu et qui est susceptible de modifier directement ou
indirectement l’effectif ou la composition de la population au sein de laquelle vit l’individu à
une date postérieure à cette période.
Exemple : un enfant venu au monde ; un mariage ; un anniversaire ; un baptême ; une retraite ;
une entrée en activité ; une fin d’étude ; un voyage ; un divorce ; un décès ; un veuf /une veuve,
etc.

2.1.1. Les événements étudiés en démographie


Les évènements étudiés ou évènement démographiques sont : la naissance ; le décès ; la
migration ; le divorce ; le remariage ; l’anniversaire, etc.

a) La naissance
Elle se définit comme la venue au monde d’une personne, c’est-à-dire un évènement qui marque
le commencement de la vie d’un individu. De façon plus précise, on parle de naissance vivante
ou de naissance d’un enfant vivant, un enfant ayant manifesté un signe quelconque de vie au
moment de l’accouchement et de naissance de mort nés, c’est-à-dire un enfant mort en venant au
monde. Dans le second cas il s’agit de mort- né, on parle alors d’une mort fœtale.

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b) Le décès
Il se définit comme la mort d’une personne au contraire de la naissance. Il marque la fin de
l’existence humaine. A la différence de la naissance, la définition du décès ne pose pas de
problème particulier, aussi l’observation de cet évènement ne souffre pas risque de confusion
possible avec d’autres évènement.

c) Le mariage
Il se définit comme l’union légale d’un homme et d’une femme. Par légal, il faut plus tôt
comprendre une union célébrée selon la législation ou les coutumes en vigueurs dans la société

d) Le divorce
Il se définit comme la rupture légale du mariage tout comme la mort constitue la fin de
l’existence, le divorce est la fin de l’union entre un homme et une femme.

e) La migration
Au sens démographique du terme, la migration se définit comme un déplacement qui a pour effet
de transférer la résidence de l’individu concerné d’un lieu d’origine ou lieu de départ, à un
certain lieu de destination ou lieu d’arrivée. Par rapport à une localité donnée, la migration révèle
deux aspects :
- un aspect positif constitué par les arrivées ou les entrées, dénommé : immigration.
- Un aspect négatif constitué par les départs ou les sorties, dénommé : émigration

2.2. L’évènement renouvelable et évènement non renouvelable


On dit qu’un évènement démographique est renouvelable lorsqu’un individu donné peut-être
affecté plus d’une fois au cours de son existence par l’évènement en question. Au contraire, on
dira qu’un évènement est non renouvelable lorsqu’un individu ne peut être affecté une fois au
cours de son existence par cet évènement. Par exemple le mariage est un évènement non
renouvelable. Par contre la naissance d’un enfant tout cour est un évènement renouvelable. La
mort est un évènement non renouvelable tout comme la naissance pour le nouveau-né : on naît
une fois et on meurt une fois. Certains évènement sont fatales et nul ne saurait leur échapper : le
cas de la mort, puisque toute existence a nécessairement une fin. Il existe au contraire des
évènements démographiques qui peuvent ne pas affecter du tout certains individus. Exemple : La
femme stérile de 55 ans qui n’a jamais donné naissance au cours de son existence ; elle n’a pas

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connu l’évènement naissance. Un homme de 70 ans qui meurt célibataire ; celui-ci n’a jamais été
concerné par le mariage.

2.3. Le phénomène démographique

On définit un phénomène démographique comme l’étude particulière de l’ensemble des


évènements démographiques de même nature, se produisant au sein d’une population ou d’une
sous population bien spécifiée au cours d’une période donnée.
Exemple : La mort d’un individu est un évènement démographique, mais l’étude de la mort au
niveau de la population toute entière constitue un phénomène démographique appelé mortalité.

2.4. Les phénomènes étudiés en démographie


Les phénomènes démographiques étudiés sont : la natalité ; la fécondité ; la mortalité ; la
nuptialité ; la divortialité ; la mobilité spatiale, etc.

La natalité et la fécondité
On étudie sous le nom de natalité, la fréquence des naissances aux seins des populations totales
(tout âge sexes confondu) et sous le nom de fécondité la fréquence des naissances aux seins des
populations féminines ou des sous population féminines en âge de procréer (généralement des
femmes âgées de 15 à 49 ans). L’évènement naissance révèle deux aspects.

 si l’on s’intéresse à l’enfant qui naît, l’étude du phénomène portera le nom de natalité ;
 si au contraire on privilégie l’aspect procréation des femmes, on parlera alors de
fécondité.

2.4.1. La mortalité, la nuptialité et la divortialité


La mortalité est l’étude de la mort sur les populations. Elle est donc fondée sur l’observation de
la fréquence des décès des populations au cours d’une période donnée. L’étude de la nuptialité
comprend essentiellement l’étude de la fréquence des mariages ou des remariages aux seins des
populations. La divortialité est l’étude des ruptures d’union, autrement que par le décès de l’un
des conjoints, aux seins des populations. On étudie séparément la nuptialité des célibataires par
la fréquence des premiers mariages au sein des sous populations célibataires, la nuptialité des
veufs et celle des divorcés, par la fréquence des remariages au sein des sous populations des
veufs et des divorcés.

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2.4.2. La notion de cohorte
On appelle cohorte, un ensemble d’individus ayant vécu un même évènement démographique
au cours d’une même période, et ou au sein duquel on étudie les manifestations d’un phénomène
donné. Exemple : un groupe de femmes nées en 2000, en 2015, elles atteignent l’âge de la
procréation. On peut étudier le phénomène fécondé dans ce groupe ; nombre de naissances, de
décès, de mariage, de femmes stériles. Les cohortes les plus généralement étudiées en
démographie sont les générations ou les groupes de générations. Une génération se définit
comme l’ensemble des personnes nées au cours de la même année civile : ainsi la génération 
2000 est constituée par tous les individus nés entre le 1 janvier 2000 à 0h et le 31 décembre 2000
à 0h.

Le terme promotion  est synonyme de cohorte, on l’utilise plus couramment en parlant des


mariages célébrés au cours de la même période. On utilise aussi le terme promotion pour
désigner l’ensemble des élèves ou étudiants qui effectuent les mêmes études dans un même
établissement, au cours d’une même période. Exemple : plutôt que de cohorte d’individus qui se
sont mariés la même année 2015, on utilisera l’expression : promotion de mariage de l’année
2015. De même, concernant des étudiants on dira : la promotion  2000 du tronc- commun de
l’U.R.ES Korhogo.

2.4.3 La méthode de mesure d’un phénomène démographique.


Mise au point d’un indice démographique :
L’étude d’un phénomène démographique commence d’abord par une mesure de celui-ci. La
mesure des phénomènes démographiques consiste à trouver un ou plusieurs nombres permettant
de connaître l’ampleur ou l’importance d’un phénomène. Un tel nombre s’appelle indice
démographique. Cet indice peut être soit :
 Le nombre total d’évènement par unité de temps
 le nombre moyen d’évènement pour un effectif donné de population ;
 la probabilité pour que l’évènement se reproduise au niveau de l’ensemble de la
population.
Exemples :
 nombre moyen de naissance / femme = total des naissances/population des femmes
 taux de chômage = Nombre de chômeurs/population active.
 Taux de mortalité infantile= probabilité de mourir entre 0 et 1 an.

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L’indice doit être un nombre unique ;
 la valeur de l’indice ne dépend que du phénomène à étudier ;
 l’indice doit être facile à interpréter ;
 l’indice doit être facile à calculer et ne nécessitant pas de statistique compliquée.

CHAPITRE 2 : L’ANALYSE DES ELEMENTS DEMOGRAPHIQUES

I. L’ANALYSE DES PHENOMENES DEMOGRAPHIQUES


Lorsqu’on étudie un phénomène démographie, on peut être intéressé par la manifestation du
phénomène soit dans une génération spécifique, soit dans l’ensemble de la population au cours
d’une période donnée. Les indices mesurant la manifestation du phénomène dans une période
sont appelés indices longitudinaux. Ceux mesurant la manifestation d’un phénomène au cours
d’une période donnée (1 an) sont appelés indices transversaux. Les indices transversaux sont des
données qui permettent d’apprécier la situation économique, sociale et démographique d’un pays
à un moment donné. Ils sont donc appelés à varier aussi bien dans l’espace que dans le temps.

1.1. L’analyse transversale


C’est la méthode d’analyse démographique qui consiste à étudier sous leur aspect quantitatif des
phénomènes démographiques à un moment donné ou au cours d’une période déterminée
généralement un an. C’est une analyse par période ou généralement une analyse du moment.
L’analyse transversale se contente d’étudier les évènements enregistrés une année ou une période
donnée.

1.2. L’analyse longitudinale


C’est la méthode d’analyse démographique qui consiste à suivre dans le temps l’évolution et les
caractéristiques quantitatives d’un phénomène démographique au sein d’une cohorte ou d’un
groupe de cohortes. C’est donc une analyse par cohorte ou par génération. L’analyse
longitudinale consiste à reconstituer la biographie d’une génération ou d’un ensemble de
personnes ayant vécu le même évènement dans la même année (promotion ou cohorte de
mariages, par exemple).

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II. Les différents types d’observation en démographie
Toute étude d’un phénomène commence toujours par une première phrase descriptible, fondé
sur l’observation des manifestations du phénomène au cours du temps aux seins des populations
ou des sous-populations de préférence. Le mode de description qui convient le mieux est
l’observation de la fréquence d’apparition au sein des populations ou des sous-populations, des
évènements pendant le temps ou ces individus sont exposés au risque d’être affectés par le
phénomène.
Exemple : nombre des femmes âgées de 15 à 49 ans. On distingue en général trois grands types
d’observations en démographie.
Ce sont :
 l’observation continue ;
 l’observation rétrospective
 l’observation instantanée.

2.1. L’observation continue


Elle consiste à suivre les individus des cohortes (génération) à étudier depuis l’apparition de
l’évènement d’origine (exemple : naissance) jusqu’à l’instant T, et à enregistrer les évènements
associés au phénomène étudié au fur et à mesure qu’il se produit (exemple : suivre une
génération de 1000 enfants nés en janvier 1980-1990). Dans cette cohorte il aura : mariage,
décès, migration, stérilité, etc. L’observation continue est adaptée à l’étude des phénomènes
démographiques. Théoriquement, elle est la meilleure méthode d’observation en démographie
puisqu’elle donne l’histoire complète des cohortes. Dans la pratique cette méthode est
difficilement applicable surtout à l’échelle d’un pays car la méthode suppose que l’observateur
doit être informé à chaque instant sur la situation particulière de chaque membre de la cohorte.
Les phénomènes démographies ne se produisent jamais à l’état pur. Ainsi, il est difficile
d’observer au cours d’une période relativement longue le comportement de chaque membre des
cohortes observées face au phénomène étudié.
Exemple : Si l’on s’intéresse à la nuptialité des célibataires atteignant leur quinzième
anniversaire en 1990, on va observer leur comportement face au mariage année par année,
pendant que des personnes sont soumises au mariage, il y a le risque de décéder avant ou après le
mariage, de migrer avant ou après le mariage.
Du fait de ces deux phénomènes, certains mariages ne pourront pas être célébrés. On dit que dans
l’un ou l’autre cas, la mortalité ou la migration joue le rôle d’un phénomène perturbateur. Dans
les pays développés d’Europe, d’Amérique ou d’Asie, l’Etat civil qui est un mystère

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d’enregistrement permanent des naissances, des décès, des mariages et des divorces constituent
un exemple de méthode d’observation continue des évènements. Dans les pays d’Afrique ou le
système d’Etat civil est encore à un stade embryonnaire, les démographes ont mis en place la
technique des enquêtes à passage répété pour l’enregistrement des évènements démographiques.
Cette technique s’inspire largement des méthodes d’observation continue.

2.2. L’observation rétrospective


Elle consiste à déterminer la fréquence d’apparition des évènements, en interrogeant les
individus des cohortes qui ont dépassé ou atteint l’âge à partir duquel les manifestations du
phénomène sont quasiment nulles. Cette méthode permet de surmonter les difficultés dues au
phénomène perturbateur, puisqu’il s’git d’interroger des personnes d’un certain âge sur les
manifestations du phénomène au cours de leur existence. Ce faisant, le phénomène se présente à
l’état pur.

Exemple : la naissance des femmes de 49 ans et plus ; le nombre d’enfant nés vivant. La
méthode rétrospective n’est pas adaptée à l’étude de la mortalité, puisque tous les individus ayant
été affecté par le phénomène disparaissent. L’observation rétrospective fait appelle à la mémoire
des individus, ce qui est une source d’imprécisions et d’omissions multiples, surtout en
l’absence des documents écrits. Exemple : les naissances survenues au cours des douze derniers
mois.

2.3. L’observation instantanée


L’observation instantanée contrairement aux observations continue et rétrospective qui visent à
mesurer la fréquence d’apparition des évènements démographiques au sein des cohortes,
présente les différents aspects que revêtent les cohortes à un moment donné compte tenu des
effets résultants de l’action des phénomènes démographiques au cours d’une période antérieure.

III. LE DIAGRAMME DE « Lexis »


C’est une représentation graphique des événements démographiques (naissances, mariages,
divorces, décès, etc.) due au statisticien allemand William Lexis (1837-1914). Ce diagramme
inventé en 1875, permet de mettre en correspondance les dates d’observation de ces événements
(en abscisse) et les ou (les durées telles que les durées de mariages, par exemple) à ces dates (en
ordonnées).
L’âge d’un individu est lié au temps par une relation linéaire. On met cette relation en évidence
dans le diagramme appelé diagramme de « Lexis » : c’est un outil précieux pour le démographe

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dans la mesure il permet un repérage automatique des événements selon les dates du calendrier
ou les âges (ou durées).
L’âge : c’est la durée écoulée depuis la naissance. L’âge exact est la mesure précise de cette
durée. Ainsi, une personne née le 1er octobre 1975, aura le 1er décembre 2005, 30 ans et 2 mois
(plus précisément 30 ans et 61 jours). L’âge en année révolue est l’âge du dernier anniversaire
(30 ans révolus). L’âge médian d’une population est l’âge que divise cette population en deux
groupes égaux d’effectifs, l’un étant plus âgée et l’autre étant moins jeune que cette valeur
médiane. Ainsi, au 1er janvier 2000, la population de la France est évaluée à 59 millions
d’habitants. Une moitié de la population soit 29,6 millions a moins de 37 ans, l’autre moitié a
plus de 97 ans. C’est un âge médian.

3.1 Principe de construction


Le diagramme de Lexis comporte deux axes :

- un axe horizontal avec des dates du calendrier (années),


- un axe vertical avec la durée (âges). Une même unité de temps doit être retenue pour les deux
axes.

a)- Sur l’axe horizontal (axe des abscisses) :


- Une date est représentée par un point.
- une année est représentée par un segment, les points indiquent les débuts et fin d’année ; la fin
d’une année coïncide avec le début de la suivante ; un point indique donc aussi bien le 31/12 à
minuit que le 01 janvier à 00h de l’année suivante ; le millésime (un millésime est le nombre
désignant une année, terme qui sert à déterminer l’âge de certains produits) de l’année doit
figurer entre les 2 points.
b)- Sur l’axe vertical (axe des ordonnées) :
- un point indique une durée exacte (âge exact ou un anniversaire).
- Une durée révolue (un âge révolu) est représentée par un segment.
Une fois la graduation terminée, on trace des verticales au départ des dates ; de même, on trace
au départ des durées exactes, des horizontaux aux axes des abscisses.
En d’autres termes :
c)- Sur l’axe des abscisses une date est à localiser sur cette verticale. Une année se voit réserver
une colonne délimitée par les verticales correspondant à son début et à sa fin. Tout événement
produit dans une année doit être localisé dans la colonne délimitée en début et à la fin de celle-ci.

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d)- Sur l’axe des ordonnées un âge exact se traduit par une droite horizontale. L’âge révolu se
traduit par un segment.

Âges Âges
3

1/1/79 1/1/80 Années 0


(Date) 1/1/79 1/1/80 Années
(Date)

L’année d’observation se localise sur l’axe des abscisses. L’âge se localise sur l’axe des
ordonnées, la date de naissance (cohorte) se localise sur l’axe des abscisses mais se traduit par
une oblique appelée ligne de vie qui traduit l’évolution de l’âge de l’individu en fonction du
temps. Si l’on considère l’ensemble des individus, qui sont nés en 1979, on obtiendra un
ensemble de ligne de vie représenté par un couloir oblique.
Le diagramme de Lexis peut être utilisé pour des périodes et durées de différentes amplitudes
(l’unité de dates peut être les jours, les semaines, les mois, l’année). Dans tous les cas le principe
reste le même (construction).

Figure 1 : Exemple de diagramme de Lexis

10
D
9
M
8

6
A
5

3
N

12
2

N
M
Années
1/1 1/1 1/1 1/1 1/1 1/1 1/1 1/1 1/1 1/1 …. … 1/1 …… 1/1
91 92 93 94 95 96 97 98 99 2000 2010 2040

N : naissance A : anniversaire M : mariage D : décès


1 janvier 1991 1 juin 96 ⟹ (5 ans 6 mois)
M : mariage N : naissance /accouchement

Exercice 1 : les différents types de classement des évènements. Evènement qui concerne une
année donnée une cohorte :
Exemple: les décès survenus dans la génération 1992 en 1993 ces décès toucheront des enfants
âgés de 0 à 1 an exact. (0 an révolu) et 1 à 2 ans exact (1 an révolu)

Ages
2
0 an révolu

1 an révolu
1

0
1992
1992 1993
1993 Dates

Exercice 2 : évènement qui concerne une cohorte est un seul âge révolu (durée révolu) exemple :
décès survenu dans la cohorte 1992 à 10 an révolu entre le 1 er et le 2e anniversaire). Ces décès se
produiront sur deux années de calendrier 1993 et 1994.

Ages
3
2

1992 1993 1994 Dates

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Exercice 3 : évènement survenu durant une seule année concernant les personnes d’un même
âge. Exemple : décès intervenu en 1993 à l’âge de 0 an révolu. Ces décès se rapportent à deux
générations (cohorte) 1992 et 1993.
Exercice : évènement survenu durant une seule année dans une seule cohorte à un seul âge
révolu. Exemple : décès survenu dans la génération 1993 en 1993 à 0 ans révolus.

Age Age

2
2 1

1
1993 Date
Date
1992 1993

Exercice 4: classement par âge d’une population recensée ou enquêtée. Jusqu'à présent on a
considéré des évènements intervenant sur une année, en âge ; ou une génération. Pour cela on a
raisonné en se plaçant toujours 1er janvier, date à laquelle il y a coïncidence entre âge et
génération. Lors du recensement, d’enquête les données recueillies ne correspondent de la Côte
d’Ivoire de 1975, les âges étaient déterminés à la date de 30 avril 1975 (date choisie dans la
période du recensement) sur un diagramme de Lexis. On a noté la date de recensement à cette
date.
- En termes d’âge, les personnes âgées de 0 an révolu sont composées d’une partie de la
génération de 1975 (4 premier mois).
- En terme de génération, au 30 avril 1975, une partie de la génération de 1974 est âgée de 0 an
révolu et une autre partie 1 an révolu.
Âges

1974 1975 1976 Années

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Un tel classement de la population rend difficile toute analyse (et surtout tout rapprochement à
d’autres données) on préfèrera donc utiliser u+n autre classement.
On pourra préciser que les âges au 1er janvier précédant (ici le 1er janvier 1975) on rajeunit donc
toute la population de 4 mois. A cette date, on retrouve la ( ) âge et génération.

- On pourra préciser que les âges au 1er janvier suivant (ici 1er janvier 1976). La génération 1974
aura un an révolu. On vieillit de toute la population de 8 mois (on devra alors estimer les
naissances intervenant entre le 30 avril 1975 et le 31 janvier 1975 (0 an révolu.)

- On pourra préciser qu’il s’agit d’âge atteint dans l’année de recensement (1975). C’est bien la
seul génération 1974 qui atteint 1 an exact en 1975.

- Pour connaître les 0 ans exacts, dans les naissances de 1975, il faudra estimer ici les naissances
intervenues entre la date de recensement et le 31 juillet 1975.

Figure 2 : schéma de base d’un diagramme de Lexis

Âges Evénements Effectifs en âge en


relatifs à années révolues Evénements relatifs à
l’année n la génération Gn

0
1/1/n 1/1/n+1 1/1/n+2 1/1/n+3 Années de calendrier

15
Les effectifs d’un âge en année révolue, donc observé u 1 er janvier d’une année (ou à toute autre
date), seront portés le long du segment vertical partant du 1 er janvier de l’année (ou date).
L’effectif reporté exprime le nombre de lignes de vie qui traversent le segment vertical
correspondant au jour de l’observation et à l’âge considéré : ainsi, sur la figure 2 a est l’effectif
de zéro an révolu de la génération Gn observé au 1/1/n+1.

De même, les effectifs observés à un âge atteint seront portés sur le segment horizontal
correspondant à cet âge au cours d’une période d’observation. Sur la figure 2, b est l’effectif de
deux (2) ans, âge atteint par la génération Gn, observée au cours de l’année n+2.

Les événements relatifs à une génération se trouvent à l’intérieur d’une zone délimitée par les
deux diagonales partant du 1er janvier de l’année considérée et au 31 décembre de la même année
ou du 1er janvier de l’année suivante : entre les diagonales partant du 1/1/n et du 1/1/n+1, on
reportera les événements relatifs à la génération Gn.

Les événements relatifs à une période d’observation, ainsi l’année n, se trouvent dans le couloir
délimité par les deux verticales partant du 1er janvier de l’année n et du 1er janvier de l’année n+1.

Les effectifs observés au cours d’une année, donc en âge atteint, se reportent sur les segments
horizontaux, ceux observés à une date précise (1er janvier ou autre date) sont reportés sur des
segments verticaux.

III. NOTION DU TEMPS ET DEFINITION DE L’ÂGE EN DEMOGRAPHIE


Le temps repéré à l’aide d’un calendrier : on parlera alors de la date ou la période. La durée
écoulée depuis un événement antérieur : par exemple, les divorces se produisent au bout de 5 ans
de mariage. Lorsque l’événement antérieur est la naissance, la notion de durée est équivaut à
l’âge qui est écoulée depuis la naissance. L’âge est un cas particulier de durée. Par soucis de
simplification, on raisonnera par la suite dans ce cours sur l’âge. Trois définitions de l’âge sont
couramment utilisées par les démographes : l’âge exact, l’âge résolu, l’âge en différence de
millésime. L’âge exact est le nombre d’années, mois ou jours d’un individu, écoulés depuis sa
naissance. C’est l’âge exprimé le plus précisément possible. L’âge révolu correspond à l’âge
atteint au dernier anniversaire. L’âge en différence de millésime c’est l’âge atteint dans l’année.
On l’obtient en faisant la différence de millésime de l’année de naissance et le millésime de l’âge
année d’observation.

16
Exemple : Monsieur Silué SEKONGON est né le 19/09/1979. Déterminer son âge exact, son
âge révolu et son âge en différence suivant les dates indiquées dans le tableau ci-dessous.

05 janvier 1980 19 septembre 2002 12 mai 2006


Âge exact 0 ans, 3 mois, 17 jours 23 ans 26 ans, 7 mois, 24 jours
Âge révolu 0 an 23 ans 26 ans
Âge en différence 1 an 23 ans 27 ans

Remarque : très souvent en démographie, on considère les populations classées par groupe d’âge
(regroupement quinquennaux)

3.1. Exemple de localisation des données selon le mode de classement


3.1.1. Localisation d’effectif
Pour cela, il existe deux cas.
Premier cas : l’effectif classé selon un âge révolu à une date précise.
Exemple : 300 individus ont 2 ans révolus au 31/12/2002.
Deuxième cas : effectif à un âge au cours d’une année.
Exemple : 500 individus ont 2 ans exacts en 2001.

3
Âges 3
0
0
2 500

0
2000 2001 2002 2003 Années

3.1.2. Localisation d’événements : quatre cas de figure

17
Premier cas : évènement d’un âge révolu dans une génération.
Exemple : dans la génération de 2000 on a 600 décès d’enfants à 1 an révolu.
Deuxième cas : évènement d’une année dans une génération.
Exemple : dans la génération de 2001 année 2003, on a 400 décès (un an révolu).
Troisième cas : évènement d’une année à un âge révolu.
Exemple : 290 décès en 2001 à 2 ans révolus.
Quatrième cas : évènement d’une année à un âge révolu dans une génération.
Exemple : 115 décès à 0 an révolu année 2001.
Construire le diagramme de Lexis.

Âges Gt°2000
3
290
2
600 400 1 an révolu
1
115
0 2000 2001 2002 2003 Années

3.1.3. Diagramme de Lexis pour l’approche transversale et l’approche longitudinale


T Longitudinale
4

3.1.4. Diagramme de Lexis pour une observation rétrospective

Année

17
16

15

18
Nombre d’enfants nés dates d’observation

Exercice d’application
Dans un pays fermé aux migrations 28 995 individus ont fêté leur 2ème anniversaire au cours de
l’année 1987.
a)- À quelle génération appartiennent ces individus ?
b)- Il y a eu dans cette génération 430 décès à 0 an révolu et 115 décès à 1 an révolu.
Porter ces données sur un diagramme de Lexis en déduire l’effectif de la génération à la
naissance.
c) En supposant une répartition uniforme des décès selon l’âge, quel est l’effectif de la
génération au 01/01/1987 ? Porter le résultat sur le diagramme de Lexis précédent.

Résolution de l’exercice d’application

a)- AN = Ao – âge révolu Ao→ âge d’observation


AN = 1987- 2 ans = 1985. AN→ âge de naissance

b)-Diagramme de Lexis

Âges

0 1985 1986 1987


Années
28995

S2 = d (0, 1)- d (1, 2)


No = So + d (0, 1) + d (1, 2)
115
No = 28995 + 430 + 115 = 29540
No = 29540 individus, soit l’effectif en
1985
430

19
c) Calcul de l’effectif de la génération au 1er janvier 1987
S1/1987 = No - [d (0, 1) + d (1, 2)]
S1/1987 = 29540- (430 + 115/2)
S1/1987 = 29052 = l’effectif au premier janvier 1987

CHAPITRE 3 : ANALYSE DE LA MORTALITE

La mortalité désigne l’action de la mort sur la population. Elle donne lieu à des décès que l’on
définit comme la cessation des fonctions vitales après la naissance sans possibilité de retour à la
vie. La mortalité est le seul phénomène fatal parmi les phénomènes démographiques.

Questions traitées :

I- Mortalité générale
1- Mortalité brute
2- Mortalité infantile
3- Mortalité par âge
4- Mortalité type

I. MORTALITÉ GÉNÉRALE

1.1. Taux bruts de mortalité (TBM)


Le TBM mesure la fréquence annuelle de décès au sein d’une population. Il se calcule en
divisant l’effectif total des décès par la population moyenne de l’année ou la population à mi-
période. Le taux brut de mortalité a une dimension annuelle et s’exprime pour mille habitants.

D D D
TBM = = =
PM 1 /2( pt + pt +1) pmi− période

20
100 = w

Pt D pt+1
0
t t+1

Cependant on peut calculer le TBM pour les périodes non annuelles. Pour ce faire, on corrige le
dénominateur en multipliant par le nombre d’années dimensionnant la durée exprimée en année.
D
TBM =
1 h = période
hx ( pt + pt +1)
2

Exemple 1 : Cas où h < 1 an


Décès en mars 1978 = 10 636
Population au 01/03/1978 = 9 837 800 habitants
Population au 31/03/ 1978 = 9 837 200 habitants
31
Déterminons le TBM 31/03/1978 : Mars →31 jours → h=
365

10 636
TBM = × 1000 ; donc TBM =0,0127 soit 12,7 % °
31 1
x (9 837800+ 9 837 200)
365 2

Exemple 2 : Cas où h > 1an


Décès en 1988 = 50 600
Décès en 1989 = 50 450
Population au 1er janvier = 5 120 000 habitants.
Calcul du TBM sur cette période : Ici on a h = 2 ans
50600+50 450
TBM1988-1889 ¿ X 1000=0,0987 soit ≍ 10 % ° pour chaque année .
2 x (5 120 000)

1.2. Calcul des taux bruts


Les taux bruts consistent à rapporter les éléments démographiques concernant une population
(principalement naissances, mariages, décès) à la population totale moyenne de la période
concernée. Les événements démographiques se répartissent tout au long de l’année. La
population concernée est, en général évaluée à deux 1er janvier successifs.

21
Population moyenne

1er janvier année x 1 er janvier année X+1

Naissances, décès, mariages

En posant l’hypothèse d’une répartition linéaire des événements, on évalue la population


moyenne de la façon suivante :
population au 1/1/x + population au /1/1/ x+ 1
Population moyenne=
2

Si les données sont disponibles, on peut également utiliser la population au 1er juillet
(Publiée en général dans les annuaires statistiques).
Afin de comparer l’évolution récente de la population d’un pays A à partir des principaux
événements démographiques, on relève les effectifs absolus suivants (voir tableau ci-dessous).
Le sens de cette évolution ne peut être valablement apprécié par une comparaison directe du
nombre d’événements enregistrés alors qu’il s’éclaire par le rapprochement des différentes
fréquences. On calcule ainsi, pour une année donnée, des taux bruts de nuptialité, de mortalité et
de natalité, pour mille (1000) habitants, dont voici les définitions.

Naissances vivantes
 Taux brut de natalité ( TBN )= × 1000
Population moyenne

Décès
Taux brut de mortalité (TBM )= ×1000
population moyenne

Mariages
Taux brut de nuptialité ( TBN )= ×1000
population moyenne

Les taux d’accroissement naturel et migratoire répondent également à cette définition :

Naissances−Décès
Taux d ’ accroissement naturel ( tan )= ×1000
population moyenne

' Solde migratoire


Taux d accroissement migratoire ( TAM )= × 1000
population moyenne

22
Exemple
Tableau 1 : Pays A : évolution de la situation démographique 1980-1999
Population en Mariage Naissances Décès Solde migratoire
Année milieu d’année vivantes évalué

1980 53 880 009 334 377 800 376 547 107 43 974
1990 56 735 103 287 099 762 407 526 201 80 000
1995 58 139 076 254 651 729 609 531 618 40 000
1999 58 620 268 285 400 744 100 541 600 50 000
Source : INSEE, Bulletin Mensuel de Statistiques, n° 1, 2020 (Pays A)

Travail à faire :
En utilisant un tableau démographique identique au tableau ci-dessus, calculez :
1) le taux brut de nuptialité de chaque année
2) le taux brut de natalité de chaque année
3) le taux brut de mortalité le taux de chaque année
4) le taux brut d’accroissement naturel de chaque année
5 le taux brut d’accroissement migratoire de chaque année
Correction

Voici un exemple de calcul à partir des données du tableau

800 376
Taux brut de natalité en 1980= ×1000=14,9 % °
53 880 009

Taux pour 1000 habitants


Année Nuptialité Natalité Mortalité Accroissement Accroissement
naturel migratoire
1980 6,2 14,9 10,2 4,7 + 0,8
1990 5,1 13,4 9,3 4,1 + 1,4
1995 4,4 12,5 9,1 3,4 + 0,7
1999 4,9 12,7 9,2 3,5 + 0,8

Calcul du taux de mortalité

1- Calcul période annuelle

D= décès D
TBM =
P = période P1 + P2
p1=1 2
p2=2

Exemple :
 Population au 1er janvier 1961⟶45.303.700 habitants

23
 population au 1er janvier 1962 ⟶ 46.422.000 habitants
 Décès enregistré en 1961 ⟶ 496.896 habitants

45 303700+ 46 422 000


PM = =45 862850
2

496 896
Taux brut mortalité ( TBM ) = ×1000=10,83 % °
45 862850

2. Calcul sur une période autre qu’une année


Un taux de mortalité a toujours eu une dimension annuelle. Ainsi lorsque la période de règle est
différente d’une période annuelle, on applique au dénominateur un facteur correcteur qui dépend
de la durée de la période de réforme considérée.
1er cas : la période de réforme est inférieure à l’année.
Reprenons l’exemple ci-dessus (Rappel):
 Décès en mars 1978 ⟶ 10 636
 population en 1er mars 1978 ⟶ 9 837 800
 population au 31 mars 1978 ⟶ 9 837 200
31
Le mois de mars compte 31 jours, le facteur correcteur est égale à : . Ce nombre traduit la
365
fraction de l’année représentée par le mois de mars.

P 1+ P 2 9 837 800+9 837 200


= =9 837 500
2 2

10 636
TBM = ×1000=0,0127 ≈ 12,7 % °
31
(9 837 500)
365

2e cas : La période de réforme est supérieure à l’année.


Dans ce cas le facteur correcteur sera égal au nombre d’année de la période. Exemple : Dans un
pays x on a enregistré 50.600 décès en 1988 et 50.400 décès en 1989. Le pays comptait
5.120.000 habitants au 1er janvier 1989. Calculer le taux brut de mortalité.
D1+ D 2 50 600+50 400
= =50 500
2 2

50 500
TBM = =0,00986 X 1000=9,86 % °
5 120 000 X 1

24
Pour s’en convaincre, décomposons la formule de calcul du TBM.

D
TBM =
P

Ou D désigne le nombre de décès et P la population en mi- période.


Or si à chaque x, le nombre de décès.

DX = TX.Px

Tx et Px P x désignent respectivement le taux de mortalité et la proportion d’individus âgés de x


années. Le nombre total de décès (tous âges confondus) survenu au sein de la population étudiée
au cours de la période considérée est égale à :

D=∑ D x =∑ T x P x

En remplaçant D dans la formule du TBM, on obtient :

T x Px Px
TBM =∑ =∑ T x
P P

Le taux brut de mortalité est donc une moyenne pondérée des taux par âge, les coefficients de
pondérations étant des proportions d’individus à chaque âge (ou structure par âge). Le taux brut
est donc influencé par la composition de la population par âge.

1.3. Taux de mortalité infantile


La dénomination de taux de mortalité infantile retenue par la tradition statistique est discutable
car le mode de calcul n’est pas celui habituellement utilisé pour les taux. Il consiste à rapporter
les décès d’enfants nés vivants au cours de l’année x aux naissances vivantes de cette même
année (et non à la population moyenne).

d ( 0,1 )
TMI=
N

Exemple de taux de mortalité infantile


Âge x

25
515
2986
Naissances 729 609 734 338
1995 1996

Diagramme de Lexis

Le taux « classique » de mortalité infantile pour l’année 1996 est le suivant :


2 986+515
TMI= × 1000=4,768 % °
7343338

Si l’on veut tenir compte du fait que les 515 décès sont issus des naissances de l’année 1995, on
calcule le taux « corrigé » pour l’année 1995 en rapportant à l’effectif initial de chaque
génération les décès infantiles qui leur sont propres :

TMI corrigé = ( 729515609 + 7342989338 ) X 1000=4,776 % °


Dans ce cas précis, la différence entre le taux classique et le taux corrigé de mortalité infantile est
insignifiante car les effectifs à la naissance des deux générations concernées sont très proches.
L’écart entre les deux indices aurait été sensiblement plus marqué dans le cas contraire.

1.4. Taux de mortalité par âge

Le calcul des taux par âge consiste à rapporter le nombre d’événements survenus à un âge donné
à la population moyenne du même âge. Les divers taux que l’on calcule dans l’analyse des
données démographiques se distinguent principalement par la population qui figure au
dénominateur.
S’agissant des taux dits de « première catégorie », on rapporte les événements étudiés à l’effectif
des seules personnes qui n’ont pas encore vécu le phénomène étudiant. On rapportera ainsi les
mariages féminins à 27 ans révolus à la population moyenne féminine célibataire de cet âge (qui,
par définition, n’a pas encore connu le mariage). Les taux de mortalité ne peuvent être que des
taux de première catégorie puisque les décès sont rapportés à une population vivante à un âge
donné.

26
On peut aussi calculer des taux dits de « deuxième catégorie », caractérisés par le fait que l’on
rapporte les événements étudiés à l’ensemble des personnes d’un âge donné qu’elles aient ou
nom connu ce phénomène. En reprenant l’exemple précédent, on rapportera ces mêmes mariages
féminins à 27 ans révolus à la population moyenne féminine de cet âge, quel que soit l’état
matrimonial des femmes (célibataires, mariées, divorcées, remariées, veuves).
Trois types de taux par âge peuvent être calculés en fonction du mode de classement des
données.

x+1 x+1
p P’x
Px dddddd(x, x+1) P’x d p pP
x P(x-1) x+1
x
Type (I) : année n P’’
Px

x-1 Type (II) Année n x Année n Année n + 1


Type (III)

Type I  

Décès classés par année d’âge, année de calendrier


Px: Population début de période.
P’x x : population fin de période.
D (x, x+1) : effectif de décès.
Classement unique des décès selon l’âge (âge révolu x).
On dispose des décès survenus à l’âge x (dx) au cours d’une année n. On note Px et P’x
Les effectifs de population aux deux premiers janviers encadrant l’année n.

d ( x , x+1 )
t (x , x +1)=
1
( px+ P' x )
2

Type II : on a ici un double classement de décès avec une année, une génération, deux âges
révolus (x-1 et x durant l’année n), décès survenus au sein de la génération Gn-x. Les décès
survenus au sein de la génération sont notés d x -1 et dx (respectivement à x-1 et x révolu) : les
effectifs de la génération au début et à la fin de l’année sont désignés par P x -1 et Px. Le taux
transversal de mortalité est centré sur l’âge exact x et concerne une génération ; sous l’hypothèse
de répartition uniforme des décès dans l’intervalle. Il est égal à :

27
d ( x , x−1)
t ( x , x +1)=
1
( px−1+ P' x )
2

Type III : On a ici un double classement des décès sur deux années, un âge révolu, une
génération. (Deux années (n, n+1), un âge révolu (x), une génération Gn-x. Dans le cas d’un
double classement des décès, on peut calculer sur deux années consécutives, un taux de mortalité
par âge. Les décès survenus au sein de la génération Gn-x’ sont notées d x et d’x (respectivement
durant l’année n et n+1) ; Px, l’effectif de la génération au 31 décembre de l’année n. Le taux
transversal de mortalité
est centré sur l’âge exact x+0,5. Il se calcul comme suit.

(dx , x +1)
t ( x , x +1)=
p' ' x
Quel que soit le type, le principe de calcul d’un taux de mortalité par âge est le même que celui
d’un taux brut de mortalité. On peut régulariser les calculs par groupe d’âge. Le plus souvent sur
des groupes quinquennaux.

Par groupe d’âges 5x5


x+5
x+4
d ( x , x +5 )
t ( x , x +5)=
x+3 1
( p+ p '' )
2
x+2
x+1
x
Exemple : Au 1er janvier 1955, la génération 1915 comptait 180 200 personnes.
Au 1er janvier 1955, la génération 1914 comptait 288 000 personnes. En outre en 1953 on a
enregistré 533 décès à 39 ans dans la génération 1914.

1954 1955
Année de Age de Nombre de Année de Age de Nombre de
naissance décès décès naissance décès décès
1915 39 396 1916 39 271
1914 39 532 1915 39 263
1914 40 589 1915 40 439
1913 40 604 1914 40 563

1- porter ces données sur un diagramme de LEXIS.

28
2- Au 1er janvier 1954, la génération 1913 comptait 300.000 personnes
a) calculer t (40,41) exact en 1954.
b) calculer t (39,41) exact en 1954 dans la génération 1914.
c) Calculer t (40,41) exact par génération 1914.

CORRECTION

Age Gt°1913

Gt° 1914
41
0
300.00

604 563 Gt° 1915


589 439
40
532 263 Gt° 1916

39 533 396 271


1953 1954 1955
Année

a) Type I : une année ; 1954 deux générations ; 1913 et 1914

d ( 40−41 ) ( 604+589 )
t ( 40−41 )= ×1000 t ( 40,41 )= ×1000
1  ; 1
( P 39+ P 40 ) ( 300 000+288 000 )
2 2
1193
t ( 40−41 )= =0,0040557 ×1000=4,05 % ° ; Donc TB M =4,05 % °
294 000

b) Type II : une génération 1914 et une année 1954

d (39−41) t ( 39−41 ) =589+ 532¿ ¿ × 1000


t (39−41)= 1
1 ( 288000+ 289121 )
(P 39+ P 40) 2
2

1121
t ( 39−40 )= =0,003884 × 1000 ≍ 3,88 % °  ; Donc TB M =3,88 %°
288 560,5

c) Type III : une génération 1914 deux années 1954 et 1955

d ( 40−41 ) 589+563 1152


t ( 40−41 )= = = =0,004 ×1000 ≍ 4 % ° TB M =4 % °
'
P 40 288 000 288 000

3. Relation entre le TBM et t (x, x+1)

29
Le taux BM dépend à la fois du taux de mortalité et de la structure par âge.
Soit d(x, x+1) et PMx = 1/2 (Px + P’x)

d( x , x+1)
t ( x , x +1)= ⟹ d (x , x +1)=t( x , x+ 1)× PM x
PMx

Soit PM =∑ PM x et d=∑ d ( x , x+1 ) =∑ t( x , x+1)× PM x et


D t(x , x+1)× PM x
TBM = =∑
PM ∑ PM x
PM x
¿ t ( x , x+ 1) ×
∑ PM x

TBM =∑ t ( x , x +1 ) . P x

Conclusion : le TBM est la moyenne pondérée. Les coefficients de pondération étant des
proportions des individus aux différents âges.

II. COMPARAISON DE LA MORTALITE


Pour comparer la mortalité dans le temps ou dans l’espace, on utilise des taux standardisés, on
élimine la perturbation causée par les taux d’âge sur le taux brut de mortalité: on distingue deux
types de techniques de standardisation.
- La standardisation simple
- La double standardisation
1)-La standardisation simple
Elle se compose de la méthode de la population type et de celle de la mortalité type.

1.1. Méthode de la population type.


Supposons qu’il y ait à comparer la mortalité dans deux pays A et B
A
t x ( x , x +1)⟶ Taux de mortalité
A
w
A
P ⟶ Population d’individus d’âge x
x ⟹ TBM ( A )=∑ t A ( x , x +1 ) . P Ax
0

B
t x ( x , x +1)⟶ Taux de mortalité
B
w
⟹ TBM ( B )=∑ t ( x , x +1 ) . P x
B B B
P x ⟶ Population d’individus d’âge x
0

30
En vue d’éliminer l’effet de la structure par âge, on peut affecter une structure identique aux
deux pays en choisissant un pays arbitraire ; pays C.

C PCx ⟶ Proportion d’individus d’âges x.


w
avec TBM ( A )=∑ t ( x , x +1 ) . P x
A C

0
Et

w
TBM (B)=∑ t B ( x , x +1 ) . PCx
0

Supposons les TCM qui éliminent les effets de structure, on peut comparer le niveau de mortalité
des deux pays.

Exemple

pays A❑ pays B❑
Age P(× 1000) Décès tx % P(× 1000) Décès tx %
0-19 300 2000 6,7 720 4860 6,8
20-39 500 3000 6,00 630 3780 6,0
40-59 400 1000 2,5 180 540 3,0
60+ 600 20.000 70 3060 43,71

TOTAL 1800 1600 12 240


26 000

Comparaison de la mortalité dans les deux (2) pays.


1. Calculer les TBM (A) et (B)
2. A partir des TBM par les tranches d’âge.
3. A partir des TCM (taux comparatif de mortalité).

Résolution

1. Calcul du TBM (A)

26000
TBM ( A)= ×1000 TBM ( A)=0,01444 ×1000 ≍ 14,4 % °
1800 000

12240
TBM ( B )= ×1000 TBM ( B )=0,0076 × 1000 ≍ 7,6 % ° ; D’où TBM (A) > TBM (B) 
1620 000

d (0,19) 2000
TBM (0−19)=  ; TBM ( 0−19 )= × 6,66 %
PM (0,19) (300 × 1000)

31
Tranches Pays A Pays B
d’âges P%° tx%° P%° tx%°
0-19 16,7 6,7 44,4 6,8
20-39 27,8 6,0 38,9 6
40-59 22,2 2,5 11,1 3
60+ 33,3 33,3 5,6 34
total 100 100

Mode de calcul des taux comparatifs

d ( 0,19 ) 2000
TCM =∑ tx . P x t ( 0−19 )=
A A
= X 1000=6,7 % 0
p ( 0,19 ) 300000

Standard = population de A

TCM (A) = (0,0067 x 0,167) + (0,006 x 0,0278) + (0.0025 x 0,0222) + (0,0333 x 0,0333) = 14,4%°

TCM (B) = (0,0068 x 0,0167) + (0,006 x 0,0278) +(0,003 x 0,0222) + (0,034 x 0,0333) = 14,79%°

Le taux de la population B est légèrement supérieur à celui de la population A ; TCM


(B)>TCMA

32
CHAPITRE 4 : TABLES ET CARACTERISTIQUES DE TENDANCE
CENTRALE : L’EXEMPLE DE LA MORTALITE

Les événements démographiques sont le plus souvent classés selon des unités de temps afin d’en
étudier l’intensité ou le calendrier. Ils sont alors traités comme toute série statistique ayant trait à
une population et peuvent faire l’objet de calculs d’indices. La mise en forme de ces événements
selon le temps amène à construire des tables portant sur les différents phénomènes
démographiques étudiés ; ces tables servent ensuite à calculer des indices statistiques, en
particulier de tendance centrale, tels que le mode, la médiane ou la moyenne.

I. LES TABLES : PRINCIPE ET CONSTRUCTION

1.1. Principe simplifié de la table


Une table présente la distribution selon une unité de temps (le plus souvent l’âge, mais aussi la
durée depuis un évènement) des événements affectant une cohorte et le risque pour l’effectif
subissant à un anniversaire donné x de subir cet événement avant l’anniversaire suivant x+a. Elle
comporte donc un minimum de quatre colonnes : l’âge exact ou anniversaire, l’effectif qui n’a
pas encore subi l’événement, les événements proprement dits et le risque de subir cet événement
avant l’anniversaire suivant.
La table s’établit sur une base initiale multiple de 100, souvent 10 000 ou 100 000 personnes au
départ (cette base est appelée racine de la table).
Pour la construction de la table de mortalité, les deux formules générales suivantes sont toujours
vérifiées :
Soit S, les survivants à un anniversaire x
Soit a, intervalle entre deux anniversaires
Soit d(x, x+a), le nombre de décès entre l’anniversaire x et l’anniversaire x+a ;
Alors : Sx+a = Sx – d(x, x+a)
Soit aqx le quotient de mortalité entre l’anniversaire x et l’anniversaire suivant séparé du premier
de a années, mesurant le risque pour les survivants ayant atteint l’anniversaire x de subir
l’événement (le décès) avant l’anniversaire x+a : ou probabilité pour un individu ayant atteint
l’âge x de mourir avant l’âge x+a x +a(quotient de mortalité).
d ( x , x + a)
aqx=
Sx

33
On peut éventuellement ajouter une colonne supplémentaire à la table de mortalité, afin de
représenter les probabilités de survie, complémentaires aux probabilités de décéder :
Sx+ a
p ¿ 1−aqx= Sx
a x

À partir de deux premières formules ci-dessus, il est possible de reconstituer une table dès lors
que l’on dispose de l’une quelconque de trois dernières séries

1.2. Tables de cohorte (de génération) et table du moment


Les tables peuvent correspondre soit à l’étude longitudinale d’un phénomène démographique
concernant une cohorte ou une génération, elles sont alors appelées tables de génération ; soit à
l’étude transversale d’un phénomène démographique sur une année ou une période et sont alors
appelées table du moment. Ces tables sont dites « complètes » lorsque les anniversaires
successifs sont séparés par un intervalle régulier d’un an ; on les appelle tables « abrégées »
quand cet intervalle varie (5 ans, 10 ans ou plus).

1.2.1. La table de cohorte ou de génération


Les tables de génération sont les moins couramment utilisées, ne serait-ce que par la durée
nécessaire pour observer des événements démographiques (une centaine d’années pour la
mortalité).

Exemple de table de mortalité d’une génération


Le tableau ci-dessous indique les survivantes de la table de mortalité de la génération féminine
d’un pays A de l’année1960.

Tableau 1 : Pays A, survivantes de la table de mortalité de la génération féminine 2000


Âge x Sx
0 10 000
1 8 420
5 7 212
20 6 348
40 5 270
60 3 899
80 1 027
100 0

À partir de cette série, établir la table de mortalité abrégée de la génération féminine de 1836.

34
Pour établir la table de mortalité, on calcule alternativement la série des décès et celle des
quotients :
d (0,1) = 10 000 – 8420 = 1580
q 1580/10 000 = 158%°
1 0=

De même :
d (1,5) = 8420 – 7212 = 1208
q = 1208/8420 = 143,47%°
4 1

Tableau 2, pays B, table de mortalité de la génération féminine 2000


Âge x Sx d (x, x+a) q
a x (%°)

0 10 000 1580 158, 00


1 8 420 1208 143,47
5 7 212 864 119,80
20 6 348 1078 169,32
40 5 270 1371 260,15
60 3 899 2 872 7 36,60
80 1027 1 027 1000
100 0 ∑ ¿10 000 -

La table de mortalité constitue un exemple particulier des tables puisque tout l’effectif de départ
subit l’événement considéré (on parle d’une table à extinction complète). Pour d’autres tables
comme celle de la nuptialité, une partie de la population ne connaîtra jamais l’événement (le
mariage) : ce sont les « célibataires définitifs ».

1.2.2. La table du moment


La table du moment (ou de l’année) correspond à une analyse transversale sur une ou plusieurs
années. Les quotients de mortalités calculés à partir des décès réels d’une année vont être
appliqués à une génération « fictive » de 100 000 personnes au départ, qui connaîtrait tout au
long de sa vie les conditions de mortalité du moment propres à chaque âge.

35
Calcul d’une table de mortalité du moment.
Le tableau 3, pays C, ci-dessous présente les quotients de mortalité pour les femmes de 2000-
2012.

Tableau 3 : quotients féminins de mortalité par âge, 2000- 2012


Âge exact q
a x (%°)

0 54,6
1 38,6
10 18,7
20 29,0
30 31,6
40 60,50
50 110,9
60 243,0
70 532,0
80 810,0
90 1000,0
100

Source : GOG, traité de démographie, Recherche, 2020.

À partir de ces quotients, on peut retrouver l’intégralité de la table abrégée des mortalités. Ainsi,
en prenant 100.000 personnes comme racine de la table (S0) :
54,6
d ( 0,1 )=100 000 X =5460; et S1 = 10 000 – 5460 = 94540
1000
En procédant ainsi de suite, on obtient la table abrégée suivante :

36
Tableau 4 pays D : table de mortalité féminine 2000-2012
Âge exact x Sx d(x, x+a) q (%°)
a x

0 100 000 5 460 54,6


1 94540 3 460 36,6
10 91080 1 703 18,7
20 89377 2 592 29,0
30 86785 2 742 31,6
40 84042 5 085 60,5
50 78958 8 756 110,9
60 70201 17 059 243,0
70 53142 28 272 532,0
80 24871 20 145 810,0
90 4725 4 725 1000,0
100 0 ∑ 100 000

II. LES CARACTERISTIQUES DE TENDANCE CENTRALE


Lorsque l’on dispose d’informations quantitatives comme c’est le cas en démographie, il est
souvent indispensable de pouvoir résumer les distributions observées par les indicateurs
comparables d’une série à l’autre. Les indicateurs les plus souvent utilisés en démographie sont
le mode, la médiane et la moyenne arithmétique. Nous en présentons ici les modalités de calcul.
Pour de plus amples développements il sera nécessaire de se référer à un ouvrage de statistique
descriptive.

2.1. Le mode
Le mode représente la valeur de la variable pour laquelle le phénomène étudié est le plus
fréquent. Il correspond donc en pratique à l’effectif le plus élevé de la distribution étudiée.

37
Lorsque la distribution est régulière, la classe modale est directement le plus fort effectif. Si l’on
dispose les données sur un histogramme on peut l’évaluer graphiquement.
Par le calcul, la formule de définition du mode est la suivante :

X 1 x h 2+ X 2 x h 1
MO=
h 1+h 2

Exemple de détermination du mode

Si nous reprenons la table de mortalité du pays D figurant au tableau 4 ci-dessus, en écartant la


mortalité de la première année, on observe que le maximum des décès est atteint entre 70 et 80
ans avec 28 275 décès. La classe modale est donc [70, 80]. Pour calculer plus précisément, on
pose :
X1 = 70 X2 = 80
h1 = 28 272 – 17 059 = 11 213 h2 = 28 272 – 20 145 = 8 127 ; d’où

70 x 8127+80 x 11 213
MO= = 75,80 ; Donc l’âge le plus fréquent au décès est proche de 76 ans.
11213+8 127

2.2. La médiane
La médiane est la valeur de la variable qui partage la distribution observée en deux groupes de
même effectif. Si l’on considère les décès affectant un effectif initial de 100 000 personnes, la
médiane sera l’âge auquel subsiste la moitié de cette population, soit 50 000 personnes. La
médiane se calcule sur les effectifs ou fréquences cumulés de l’événement étudié. En pratique, à
partir d’une table de mortalité, le cumul des décès est inutile ; on utilise la série des survivants
car, du fait que toutes les personnes sont amenées à décéder, le total des décès est égal à l’effectif
de départ.

Exemple de détermination de la médiane


À partir de la table de mortalité féminine abrégée du pays B en 1960-1965, on peut calculer l’âge
médian au décès. On obtient ici directement une valeur à la médiane proche de 71 ans.
Le calcul par interpolation linéaire sur la série des survivants donne le résultat suivant :

53 142−50 000
Me=70+ × ( 80−70 )=71,11 ans
53 142−24 871
Ce qui signifie que dans les conditions de mortalité en Côte d’ivoire en 1960-1965, ce n’est qu’à
71,11 ans que disparait de l’effectif initial de 100 000 femmes.

38
2.3. La moyenne
Pratiquement, en démographie, on utilise que les moyennes arithmétiques, qui sont le plus

souvent des moyennes pondérées. La moyenne est définie par le rapport suivant : ×=
∑ nixi
∑¿
Où ni représente l’effectif associé à chaque valeur centrale de la classe xi.
Exemple de calcul de la moyenne.
Voici les survivantes de la table de mortalité féminine du Royaume-Uni pour l’année 1992.

Tableau 5, pays E, survivantes de la table de mortalité 2022


Âge exact Sx
0 100 000
1 99 432
10 99 244
20 99 054
30 98 710
40 98 039
50 96 332
60 91 816
70 80 041
75 69 613

Source : GOG, Recherche démographique 2022

Pour tous les calculs, on négligera les survivants après 100 ans.
- établir la table de mortalité féminine (tableau 5 pays E) 2022 ;
- calculer l’âge moyen au décès pour ces femmes ;
- pour cette même année, l’âge moyen au décès des femmes s’établissait à 80,3 ans dans un pays
donné et à 81,5 ans dans un autre pays.
La table de mortalité s’établit en calculant alternativement la colonne des décès et celle des
quotients de mortalité :
- entre 0 et 1 an, on observe 100 000 – 99 432 = 568 décès
568
et un quotient égal à 1q 0= ×1000=5,68 % ° :
100 000
- de même entre 1 et 10 ans, on observe 99 432- 99 244 = 188 décès et un quotient
188
9 q 1= =1,89 % °
99432

39
Tableau 6, pays E, table de mortalité féminine, 2022
Âge exact Sx d(x, x+a) q
a x (%°)

0 100 000 568 5,68


1 99 432 188 1,89
10 99 244 190 1,91
20 99 054 344 3,47
30 98 710 671 6,80
40 98 039 1 707 17,41
50 96 332 4 516 46,88
60 91 816 11 775 128,25
70 80 041 10 428 13,28
75 69 613 69 613 1000,0
100 0 ∑ 100 000

Le calcul de l’âge moyen au décès nécessite de pondérer les décès par le centre de chaque groupe
d’âges (xi) ; en voici le détail :

Tableau 7 pays E, calcul de l’âge moyen au décès, 2022


Âge x d (x, x+a) xi xidi
0 568 0,5 284
1 188 5,5 1 034
10 190 15 2 850
20 344 25 8 600
30 671 35 23 485

40
40 1 707 45 76 815
50 4 516 55 248 380
60 11 775 65 765 375
70 10 428 72,5 756 030
75 69 613 87,5 6 091 137,5
100 ∑ 100 000 ∑ 7 973 990,5

7 973 990
D’où l’âge moyen au décès : ×= = 79,4 ans.
100 000

Dans les conditions de mortalité de l’année 2022, les femmes avaient un âge moyen au décès
proche de 79,7 ans. L’âge moyen au décès des femmes est similaire à celui des autres pays à la
même période. Par contre, si on le compare à celui que l’on peut calculer pour ce même pays en
2000-2012, à partir du tableau, qui est de 63 ans, on constate les progrès réalisés depuis, les
femmes vivant en moyenne 17 ans de plus qu’il y a 60 ans.

2.4. Les espérances de vie


L’espérance de vie à la naissance correspond au nombre moyen d’années à vivre à partir de la
naissance : c’est donc un âge moyen au décès. Les espérances de vie constituent un cas
particulier de la moyenne. Ainsi, l’espérance de vie à la naissance est l’âge moyen au décès
calculé à partir de l’anniversaire 0, l’espérance de vie à 60 ans, l’âge moyen au décès pour les
personnes ayant atteint leur 60e anniversaire, soit le nombre d’années à vivre en moyenne après
60 ans.
L’espérance de vie à l’âge x s’obtient de la façon suivante :

i=105

∑ xidi
i=x
ex = i=105

∑ di
i=x

Afin de pouvoir détailler l’ensemble des calculs, nous utilisons comme exemple la table de
mortalité de la génération féminine ivoirienne 2023 ci-après :

41
Exemple de table de mortalité
Tableau 7 : Pays A, table de mortalité de la génération féminine 2023
Âge x Sx d(x+a) xi xidi ex
0 10 000 1 580 0,5 790 40, 81
1 8 420 1 208 3 3 624 47,37
5 7 212 275 7,5 2 063 50,97
10 6 937 284 12,5 3 550 47,89
15 6 653 305 17,5 5 338 44,83
20 6 348 274 22,5 6 165 41,87
25 6 074 273 27,5 7 508 38,64
30 5 801 234 32,5 7 605 35,34
35 5 567 297 37,5 11 138 31,72
40 5 270 291 42,5 12 368 28,37
45 4 979 312 47,5 14 820 24,88
50 4 667 768 55 42 240 21,38
60 3 899 1 294 65 84 110 14,61
70 2 605 1 578 75 118 350 9,38
80 1 027 914 85 77 690 6,10
90 113 113 95 10 735 5,00
100 0 ∑ 10 000 ∑ 408 092

Les 113 personnes encore en vie au 90e anniversaire se sont vues attribuer ici une vie moyenne
de cinq ans, dans l’hypothèse de leur décès avant le 100 e anniversaire. Par application de la
formule précédente de la moyenne, l’âge moyen au décès est égal à :

42
408 092
l ' âge moyen au décès= 40,81 ans
10000

Il s’agit donc de l’espérance de vie à la naissance. En utilisant la formule plus générale de


l’espérance de vie à un âge x, on obtient :

3624 +2063+3550+… ..118 350+77 690+10 735


e 1= −1=47,37 ans
8420

2063+3550+5338+… ..118 350+77 690+10 735


e 5= −5=50,97 ans
7272

En d’autres termes :

C’est à partir d’une table de mortalité que peuvent être calculées divers indices synthétiques dont
l’espérance de vie à la naissance (ou vie moyenne) en âge x . L’espérance de vie à la naissance
appelé aussi vie moyenne (ou âge moyen ou décès à partir d’une table de mortalité) représente le
nombre d’années vécues par une génération. On le calcule en additionnant le nombre d’année
vécu par chaque groupe de décédé et en divisant cette somme par l’effectif initial. On doit
supposer que les décédés entre deux anniversaires se répartissent linéairement dans le temps.
Ainsi, entre 0 et 1 an, le nombre d’années vécus en moyenne est de 0,5 an. Entre 1 et 2 ans le
nombre d’année vécu est de 1,5, etc. Dans le cas de la table de mortalité par année d’âge les
S1 + S2 + S3 +…
calculs se représentent comme suit : e 0=0,5+
S0

0,5 d ( 0,1 )+ 3 d ( 1,5 ) +7,5 d ( 5 ,10 )+12,5 d ( 10,15 ) +… .


e 0=
S0

43
CHAPITRE 5 : LES COUPLES, LA FECONDITE, LA REPRODUCTION

I. ETUDE LONGITUDINALE ET ETUDE TRANSVERSALE DE LA NUPTIALITE

L’étude de la primo-nuptialité (mariage de célibataires) dans les générations successives est


intéressante à plus d’un titre car elle contribue à éclairer les changements de comportement qui
s’opèrent, au fil du temps, dans la constitution des unions et la formation des familles. Cette
étude permet de mettre en évidence le calendrier nuptial des générations, ses tendances (plus
précoce ou plus tardif par rapport à celui d’une génération de référence) mais aussi l’intensité du
phénomène avec en particulier, la proportion de femmes (ou d’hommes) mariées à 50 ans.

1.1. La table de nuptialité

La table la plus courante concerne les mariages de célibataires masculins ou féminins. La table
de primo-nuptialité peut être établie à partir du cumul des premiers mariages pour une génération
réelle (approche longitudinale) ou « fictif » (approche transversale). Les premiers mariages sont
calculés en l’absence de mortalité des célibataires.

Exemple : construction de la table de nuptialité


On trouvera ci-après les premiers mariages cumulés pour les femmes de la génération 1950 d’un
pays (A).

44
Tableau 1 : Pays A, premiers mariages féminins avant l’âge indiqué, génération 1950
(Pour 1 000 célibataires à 15)

Âge exact
20 21 22 23 24 25 30 35 40
256 413 549 652 727 781 914 947 962

Mode de calcul des mariages 


Nombre de mariages entre 40 et 35 ans ; 962- 947 = 15 mariages
Nombre de mariages entre 35 et 30 ans ; 947- 914 = 33 mariages ainsi de suite
A partir du cumul de ces données, on obtient la table de la génération de 1950

Tableau 2 : table de micro-nuptialité féminine de la de génération 1950

Âge exact Cx m(x, x+a) n (%°)


a x
15 1000 256 256,0
20 744 157 211,0
21 587 136 231,7
22 451 103 228,4
23 348 75 215,5
24 273 54 197,8
25 219 133 607,3
30 86 33 383,7
35 53 15 283,0
40 38

Mode de calcul

Les mariages sont obtenus en décumulant la série proposée dans le tableau 2 : 962 femmes au
total avaient contracté un premier mariage avant 40 ans, alors que 947 l’avaient fait avant 35 ans,
par soustraction, on obtient 15 mariages de 35 à 40 ans. On opère ainsi en remontant jusqu’à 15
ans. Ensuite, la série des célibataires est obtenue par soustraction des mariages en partant d’une
racine de 1000 célibataires à 15 ans. Par exemple :

C20 = C15 – m(15,20) soit C20 = 1000 – 256 = 744 célibataires


C21 = C21 – m(20,21) soit C21 = 744 -157 = 587 célibataires

45
Les quotients de nuptialité, qui mesurent le « risque » qu’encourt un célibataire à l’âge x de se
marier avant l’anniversaire x + a, sont calculés en rapportant les mariages qui se produisent entre
deux âges exacts x et x + a à l’effectif des célibataires à l’âge x, c’est-à-dire :

m( x , x+ a)
a xn ¿
Cx

Exemple : le quotient de nuptialité ou probabilité de mariage d’une célibataire Togolaise au 20 e


anniversaire avant d’atteindre le 21e anniversaire sera égal à :
157
=211 % ° .
744
C 50
La fréquence du célibat définitif se mesure par le rapport : son complément mesure
C 15
l’intensité du mariage.

1.2. L’Indice synthétique de nuptialité et de divortialité


Cet indice correspond à une somme transversale, pour l’année 1998, par exemple, de taux de
nuptialité des célibataires. On calcule ainsi un indice synthétique de nuptialité (ISN) appelé aussi
indice conjoncturel de nuptialité ou encore somme des mariages réduits.
L’indice synthétique est égal à la somme des taux de deuxième catégorie une année donnée.
Attention : quand les taux concernent des groupes d’âges qui ne sont pas annuels, en général
quinquennaux, l’indice synthétique est égal à la somme des taux que multiplie l’amplitude du
groupe d’âges. Exemple d’indice synthétique de nuptialité.

Les taux de nuptialité féminine enregistrés dans un pays donné en 1998 sont présentés dans le
tableau 3 ; il s’agit des premiers mariages dans chaque groupe d’âges rapportés à la population
moyenne correspondante, quel que soit son état matrimonial (taux de deuxième catégorie).

Tableau 3 : Pays donné, taux de primo-nuptialité féminine par âge en 1998
(Pour 100 femmes)
Groupes d’âges
15-19 20-24 25-29 30-34 35-39 40-44 45-49
0,17 2,88 4,95 1,96 0,75 0,29 0,14

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L’indice synthétique de nuptialité ou somme des premiers mariages réduits pour l’année 1998
est égal à :

∑ ¿ X 5 soit ici11,14 X 5=55,70

On peut dire, schématiquement qu’en 1998, pour 100 femmes togolaises âgées de 15-49 ans
révolus, on enregistre 55,70 mariages.
On peut facilement sur cette série calculer l’âge moyen au premier mariage en pondérant le
centre de chaque classe d’âge par le taux de nuptialité correspondant, ce qui donne :
Mode de calcul : 15 + 20 = 35 et 35/2 = 17,5 ; 20 + 25 = 45 et 45/2 = 22,5 ; 25 + 30 = 55 et 55/2
= 27,5 ;

17,5 X 0,17+22,88 X 27,5+4,95+ …+47,5 X 0,14


×= =28,25 ans
11,14

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