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__ 11*LAVAGE ET DEPOUSSIERAGE DES GAZ 11.1 Généralités Lair et les gaz véhiculés dans les installations industrielles sont rarement purs. Les gaz contiennent trés généralement des particles solides ou liquides, ou méme certains autres gaz considérés comme indésirables. La séparation mécanique entre une phase continue gazeuse (le gaz por- teur) d'une part, un solide ou un liquide dispersés (poussigres et brouillards liquides) d’autre part, définit Popération de dépoussiérage. Le probléme de la séparation de ces éléments se pose chaque fois qu'il sagit de protéger une machine contre leurs effets nocifs ou plus généra- lement lorsqu’il faut rejeter des effluents dans Patmosphere. 11.1.1. Eléments polluants Pour micux comprendre, nous allons examiner les différentes formes sous lesquelles se présentent habituellement les cléments polluants. @ Poussiares Les poussiéres sont des petits corps solides transportés par les gaz. Elles ont une masse volumique, une forme, des propriétés électriques ct sur- tout des dimensions trés variables selon les cas; leurs propriétés sont souvent liées 4 leur mode de formation et vont conditionner leur mode de séparation. 179 180 Peeteee eer Reels 11.1 Généralités On di ngue essentiellement : = les poussiéres d'origine mécanique dont les dimensions sont générale ment comprises entre quelques microns et le millimétre; comme leur nom Pindique, ces particules sont produites par effritement mécani- que d'une quelconque matiére préexistante déja a l'état solide; —les poussigres @origine chimique ou thermique qui, sous leur forme éémentaire, sont constituées de particules plus petites que le micron. Ces particules proviennent de noyaux de condensation extrémement petits qui grossissent plus ou moins selon les conditions de temps et de température dans lesquelles ils évoluent au cours de leur formation. @ Brouillards liquides Les vésicules liquides peuvent étre d’origine mécanique et leurs dimen- sions sont comprises entre quelques microns et quelques millimetres (ce sont celles obtenues par pulvérisation ou éclatement mécanique de liquide). Elles peuvent étre également dorigine chimique, provenir d'une condensation, et étre alors de dimensions submicronique. Les brouillards submicroniques et notamment les brouillards acides (sul- furique, chlorhydrique, phosphorique) sont souvent électrisés et inaptes a Fagglomération; la plupart d’entre eux ont également la propriété dabsorber Phumidité de lair et donc de pouvoir grossir et de se rabattre sur le sol, doit la nécessité, malgré les difficultés que cela représente, de les capter avec un rendement élevé avant le rejet dans atmosphere. Gaz nocifs De par leur toxicité ou leur effet corrosif, ces gaz doivent étre retenus pat adsorption ou par réaction chimique, avant le rejet dans Patmosphére! Dans le cas le plus général, ces gaz sont accompagnés de poussiéres et Pappareil de captation doit étre prévu en conséquence. Industriellement, les gaz qu’il est le plus habituel de devoir capter, sont les suivants : ~ SO, et SOy, provenant le plus souvent de la combustion de produits sulfurés; = le fluor et ses dérivés FH et SiF,H,, provenant essentiellement des indus- tries de Pengrais; eee 11.1 Généralités Goce cottes —H,S; -HClet Ch; — les vapeurs nitreuses NO et NO,; —T’ammoniac; = les vapeurs phosphoriques. 11.1.2 Dépoussiérage Lune des différences importantes entre les systdmes hétérogenes & phase dispersée solide est que les goutielettes de liquide possédent une tendance naturelle 4 coalescer, tandis que 'agglomération des solides est plus difficile. Le but de Popération de dépoussiérage est, soit la récupération des parti- cules de solide entrainées par le courant de gaz, soit la purification de la phase gazeuse. Le choix du procédé et du dispositif de séparation des poussiéres est fonction de nombreux facteurs se rapportant : * aux caractéristiques des poussiéres : — propriétés physico-chimiques et structure; — dimensions et spectre de di ribution granulométrique; — concentration dans le gaz et humidité; * aux caractéristiques des gaz porteurs : — nature, température, humidité; * au systéme hétérogtne gaz-solide : = degré de toxicité; ~ inflammabilité, débit; * aux critéres économiques : ~ chute de pression au passage du gaz dans le séparateur; *ad’autres critéres : —encombrement disponible; — méthode d’évacuation de la poussiére. Lefficacité E de Yopération de séparation se définit en fonction de la quantité de particules retenues au passage du gaz chargé a travers le sépa- rateur de poussiéres. 181 Becta es de séparation 182 11+ Lavage (c-¢, E=100 (14.1) Une autre modalité pour exprimer Vefficacité est le facteur de performance (FP), qui représente le rapport entre le nombre d’unités de transfert (NUT) et la chute de pression dans le séparateur : _ NUT In(C;/G) bp Ap FP (11.2) NUT = “(Z) (113) ¢, Dans ces relations, C, et G; représentent la quantité (masse, fraction massique) de particules conienues en phase gazeuse a entrée, respecti- vement a la sortie du séparateur. Le dépoussi¢rage des gaz peut se réaliser selon quatre procédés de séparation : ~ séparation mécanique; éparation a milieu filtrant; — séparation humide ou lavage des gaz; ~ séparation électrostatique. 11.2 Procédés mécaniques de séparation Sont considérés comme séparateurs mécaniques tous les dispositifs d’épu- ration de gaz faisant appel, pour séparer les poussitres des gaz porteurs, a des forces mécaniques (la pesanteur, 'inertie, la force centrifuge). 11.2.1 Considérations théoriques La théorie de la sédimentation en champ gravitationnel et centrifuge applique également aux systémes hétérogtnes gazeux. Etant donné la grande différence de densité entre les particules (p,) et le gaz (p), les, et dépoussiérage des gaz relations établies pour la vitesse de sédimentation (w,) et le diamétre cri- tique (d,) se simplifient, car on néglige la densité du gaz par rapport & celle des particules. (11.4) I (o 9)” », =0,1528 et) pourl 103 (11.6) P La relation générale donnant le diamétre critique est : us | (11.7) P,PS dans laquelle : C = 2,62 pour Re < 1; C= 69,1 pour Re > 1.000 et oii d est le diamétre des particules, [la viscosité du gaz et g l'accélération de la pesanteur. Le régime hydrodynamique du mouvement des particules s'exprime par le critéte de Reynolds calculé avec d, le diamétre moyen des particules. 11.2.2. Dispositifs de séparation utilisant la force gravitationnelle Chambres de décantation. La loi de Stokes montre que si l'on veut sépa- rer de grosses particules, supérieures 4 50 1m par exemple, on peut, en disposant d’une chambre assez vaste, les déposer en utilisant leur vitesse de chute libre, transversalement a l’écoulement des gaz. Les chambres de décantation sont constituées de grandes chambres munies de nombreux panneaux verticaux qui obligent le courant gazeux 4 parcourir un trajet trés tortueux. Les particules solides soumises 3 une force centrifuge importante se heurtent au fond ou aux parois de l'appa- 11.2 Procédés mécaniques Giese tie eco t rg de sépare Peer 11.2 Procédés mécaniques reil et se séparent du courant gazeux. Actuellement, ces installations song tombées en désuétude, car leurs dimensions sont trop élevées. 11.2.3 Dispositifs a inertie : dépoussiéreurs a chicanes cules entrainées ont tendance a s’y plaquer sous effet de leur vite tandis que le gaz dont l’inertie est moindre, cherche 3 le contourner formant une couche laminaire A son niveau. C’est le principe des chambres 3 chicanes, dans lesquelles le gaz parcout un trajet en zigzag. Ces chambres peuvent étre horizontales (les thicangl étant verticales), ce qui permet au solide d’étre collecté dans le bas, o8 i se rassemble sous l’effet de la gravité. Elles peuvent étre verticales (leg chicanes étant alors horizontales), ce qui diminue l'encombrement, mai complique la collecte du solide qui doit se faire par raclette au niveau d§ chaque chicane. Parfois ce peut étre un simple déflecteur ou plaque chocs (dans les évaporateurs par exemple). Les dépoussiéreurs & chicanes sont d’un emploi de plus en plus rare’ cause de leur efficacité limitée pour le captage des particules de diamétre supérieur 4 50 fim, et de leur encombrement excessif. Lorsqu’tun mélange gazeux hétérogéne rencontre un obstacle, les iad 11.2.4 Dispositifs de séparation utilisant la force centrifuge Le principe de fonctionnement de ces appareils est d’accroitre la vitess de sédimentation sous Veffet d’un champ de forces centrifuges, crée no} pas par une force mécanique, mais par l’énergie cinétique du gaz. La vitesse de sédimentation en champ centrifuge, en négligeant la den sité du gaz, s*écrit (pour le régime de Stokes) : d’p,a@R w,, = POR (11.8) 18, ou, en exprimant la vitesse angulaire @ en fonction de la vitesse périphél rique w,, et le rayon R de rotation du gaz (w= w,/R) : dp,w, wy = Poe (9 18uR peers Oo tee eee En régle générale, la vitesse en champ centrifuge est 5 000 2.000 fois plus grande que w, en champ gravitationnel. La relation (11.9) indique que Paccroissement de w,, peut se réaliser par Paugmentation de la vitesse w, du gaz et par la diminution du rayon R de rotation. IB Séparateurs cyclonaires Les appareils spécifiques & la séparation en champ de forces centrifuges, pour les systémes hétérogtnes gazeux, sont les cyclones. Ils sont consti- cués par un corps cylindrique prolongé dans sa partie inférieure par un tongon conique raccordé 3 la trémie de réception des poussiéres. Le gaz 2 traiter est généralement admis tangentiellement 3 la partie supérieure du corps cylindrique & une vitesse de 10 4 70 m/s. Le raccord d’entrée hélicoidal doit imprimer au courant gazeux un mouvement de rotation descendant vers la partie conique, d’ott le gaz purifié est dirigé vers la tubulure de sortie, toujours par un mouvement hélicoidal, cette fois ascendant. Le mouvement hélicoidal du gaz entraine les particules, soli- des ou liquides, dans un mouvement de rotation vers le dispositif d’éva~ cuation, aprés impact sur la paroi ct sous Peffet de la pesanteur. La vitesse et le mode-d’admission du gaz dans le cyclone, ainsi que les dimensions de l'appareil, déterminent les performances de celui-ci, Pour le méme cyclone, l’augmentation de la vitesse d’entrée du gaz a pour effet une efficacité de captage supérieure, tout comme une croissance de la capacité de traitement. II est évident que la perte de charge (Ap) sur le circuit d’écoulement de gaz, sera plus importante. Si l'on augmente la hauteur de l'appareil, on constate une meilleure efficacité sans une modi- fication sensible de la perte de charge. Par ailleurs, un diamétre du corps cylindrique plus grand conduit 4 une amélioration de la capacité de trai- tement, avec une baisse de l’efficacité. D’aprés le mode d’admission du gaz 4 dépoussiérer, les cyclones se clas- sifient en : ~ dispositifs avec admission tangentielle (figure 11.1 (A); ~ dispositifs avec admission axiale (figure 11.1 (B)); le courant gazeux s’écoule avec un mouvement hélicoidal par un raccord placé dans espace annulaire entre le corps cylindrique et la tubulure de sortie. 11.2 Procédés mécaniques de séparation 185 BREN Procédés mécaniques eer tes de séparation Gace La vitesse d’entrée du gaz dans les cyclones axiaux est de Vordre de 25 a 70 m/s, tandis que dans les appareils a admission tangentielle elle est com- prise entre 10 et 25 nvs. Au point de vue technique, on distingue : = les cyclones a haute efficacité; = les cyclones de type économique. Lensemble formé par plusieurs cyclones de faible diam@tre (80 4 250 mm) constitue une batterie dite multicycloniques ou multicllulares. Le rendement de captation (ou efficacité) d'un cyclone dépend : — des caractéristiques du solide (masse volumique, teneur dans le gaz et dimensions des poussigres); Gaz propre & fy © Gaz poussiéreux Gaz oy poussiéreux = Poussiere Poussiére Figure 11.1 ~ Cyclone a entrée tangentielle (A) et & passage axial (B) a) caisson cylindro-conique; b) gaz poussiéreux; ¢) gaz propre; d) collecteur poussiéres; e) ajutage d’admission. 186 eres = de la géométrie de lappareil (diamétres jusqu’a 5 m); —de la vitesse d’entrée du gaz, comprise en général entre 10 et 25 nvs, donc de la perte de charge admissible au travers du cyclone (de ordre de 0,53 2,0 kPa) qui diminue lorsque la charge en poussiéres augmente. Lefficacité du cyclone chutant rapidement pour les particules microniques, il est parfois nécessaire de lui adjoindre un dispositif complémentaire : filtre, électrofiltre... Le cyclone est bien adapté aux gaz chauds, voire trés chauds (températu- res voisines de 1000 °C), et tres chargés en poussiéres : sa géométrie simple et l'absence de pices mobiles en font un appareil économique, pouvant étre réalisé en matériaux divers. II présente une bonne sou- plesse de fonctionnement. Les difficultés peuvent provenir, d’une part, de phénoménes de conden- sation conduisant 3 des encrassements si la température de sortie du gaz est élevée (une isolation thermique est alors nécessaire), d’autre part d'une insuffisance d’étanchéité du dispositif de déchargement du solide condui- sant, suivant la répartition des pressions, a une entrée d’air 3 la base du cyclone pouvant perturber fortement ’évacuation de la poudre. @ Calcul des cyclones Le diamétre minimal des particules qui décantent dans un cyclone peut se calculer avec une relation du type : 1/2 HR (11.10) 2nnw.p, oit n est le nombre de rotations jusqu’a la sédimentation des particules (habituellement n > 1,5), w, la vitesse tangentielle du gaz, égale a la vitesse du gaz 4 l’entrée dans le cyclone. Lefficacité de séparation (d,,,, tres petit) est d’autant plus grande que le rayon R du cyclone est plus petit et que la vitesse du gaz est plus grande. La procédure de calcul du cyclone avec entrée tangentielle du gaz se fait de la maniére suivante : Procédés mécaniques Get rece de séparation 187 Rigel: Cae tet i Pre Procédés de séparation — choix de la vitesse d’entrée du gaz w, dans le cyclone dans une plage comprise entre 10 et 25 m/s; calcul de la surface de la section d’entrée : A = Gu/w, en fonction du débit volume de gaz a traiter aux conditions de travail (pression, température); ~ calcul des dimensions des différentes parties du cyclone pour le type de cyclone choisi, en fonction des rapports de similitude; ~ calcul de d,,, avec la relation (11.10). Si la condition d,,;, <4, est réalisée, l'appareil peut effectuer la séparation souhaitée; dans le cas ‘contraire on doit refaire le calcul avec une vitesse supérieure. Il ne faut toutefois pas dépasser 1, = 30 m/s, afin de limiter usure par abrasion de l'appareil, ainsi qu'une chute de pression excessive. Pour une particule de diamétre d,,,, s¢ trouvant 4 entrée du cyclone dans la position la plus défavorable & la sédimentation, la durée de décan- tation est : (R/2) w, (iat) 11.3 Procédés de séparation a tissus filtrants 11.3.1 Généralités et principe de fonctionnement Dans ce procédé, les gaz chargés de poussiéres traversent une surface fil- trante qui retient les particules solides. Le giteau de poussiéres déposées conduit une augmentation de la différence de pression, ce qui nécessite la régénération de la surface filtrante a une fréquence fonction de la con- centration de la phase solide dans le gaz, de la nature du tissu filtrant et de la charge spécifique (m’ de gaz/m*- s) du filtre. Les couches ou media-filtrants utilisés dans ce type de séparation sont : — corps en vrac (copeaux en bois ou métal, coke, anneaux de Rashig); — fibres en vrac (fibres synthétiques ou fibres de verre); — papiers filtrants; ~ fibres traitées ayant la structure d’un feutre. Epes 11.3 Procédés de séparation ee ere ites a tissus filtrants Les tissus filtrants sont d’un usage courant lorsqu’il faut traiter un gaz dont 20 4 25 % des particules ont un diamétre inférieur 4 10 Um. Les résidus a échappement sont généralement de 15 4 30 mg/m? de gaz. @ Efficacité de la captation des poussiéres Classées par ordre d’importance, les caractéristiques qui déterminent Vefficacité de la captation des poussigres sont : — le tamisage, qui intervient seulement au démarrage sur les poussitres de diamétre supérieur 4 200 um (tissu) ou 20 um (feutres), puis sur des poussidres plus fines quand la filtration se déroule au travers du giteau de poussigres formé 4 la surface du filtre; —les effets électrostatiques dus au champ électrique développé au voisi- nage du tissu (difficilement contrélables) ; —la diffusion due au mouvement brownien des particules, et qui n’inter- vient que sur des particules de diamétre inférieur 41 ou 3 pm. Elle agit uniquement dans la masse filtrante, une fois que le giteau joue son rdle de couche filtrante; —Timpact, négligeables dans le cas de filtres industriels, car on travaille généralement a des vitesses d’approches de Pordre de 1.2 cm/s. I Nettoyage des éléments filtrants ‘Afin de pouvoir décolmater le plus souvent et ainsi disposer d’un fonc- tionnement en continu, on doit utiliser plusieurs cellules qui, dés que la perte de charge devient excessive, sont successivement en service ou en nettoyage (figure 11.2). Les techniques employées pour le nettoyage des éléments filtrants sont : — vibration mécanique; en voie d’étre abandonnée pour cause d’entretien trés cofiteux; ~ air pulsé (vibrations pulsatoires) 4 contre-courant (dans le cas des filtres poches); ~air sous faible pression a contre-courant; jet axial d’air comprimé (22 4 bars). Les trois premiéres techniques concernent les éléments filtrants consti- tuant une cellule, tandis que la derniére s’applique aux filtres individuels. 189 ences Procédés de séparation s filtrants Gaz—— poussiéreux Poussiére Figure 11.2 — Installation de séparation multicellulaire a nettoyage par vibration mécanique : a) robinet ouvert pour filtration; b) robinet fermé pour nettoyage; ) buse d'air; collecteur de gaz propre; e) support manche; f) manche; g) anneau de serrage; h) caisson; i) gaz poussiéreux; j) dispositif collecteur de poussiéres; 0 vis sans fin; |) verrouillage air; m) dispositif de vibration. La fréquence de l’intervention et d’environ une toutes les 5 4 10 minu- tes, pour une durée d’injection d’air de 0,3 a 0,4 seconde. Les dépoussiéreuses a couches filtrantes se présentent sous deux formes : 3 dléments filtrants cylindriques appelés manches; ~a éments 3 panneaux appelés également poches. Pour la méme surface filtrante, les éléments a panneaux occupent un volume deux fois plus petit, donc un encombrement plus faible. 11.3.2 Filtres 4 manches Beaucoup plus utilisés que les filtres a poches, les filtres 4 manches (figure 11.3) permettent aux gaz chargés de poussiéres de traverser, 3 ible peer ee et rd vitesse (quelques centimétres par seconde), un média filtrant constitué par des manches cylindriques fermées a une extrémité et sur lesquelles se déposent les particules solides. Au fur et 3 mesure de augmentation d’épaisseur du dépét de solide, la perte de charge augmente et lefficacité du filtre baisse. Il est donc néces- saire de décolmater périodiquement le média filtrant. Ce décolmatage peut étre mécanique, assisté éventucllement d'un faible contre-courant gazeux a l’intérieur de la manche, ou bien pneumatique, la manche étant alors traversée pendant quelques dixiémes de seconde par un jet de gaz comprimé créant une onde de pression qui la déforme et détache ainsi le dépét pulvérulent déposé a ’extérieur. Gaz — poussigreux Poussiére Figure 11.3 - Filtres a manches & nettoyage par air pulsé : a) réservoir a air comprimé; b) robinet; ©) distributeur d'air; d) tube Venturi; e) manche en opération; f) nettoyage du filtre; 9) treillis métalliques; h) verrouillage air; i) dispositif de vibration. 192 ener Procédés de séparation ime Cieiodic rs mel were par lavage des gaz Les manches sont réalisées en divers matériaux, tissés ou bien feutrés. Ce média sert essenticllement de support aux fines particules solides qui s’y incrustent ct qui forment, en fait, le véritable milieu filtrant. Ces matériaux vont du coton aux fibres synthétiques : polypropyléne, poly- ester, polyamide, voire polymétes fluorés, et fibres de verre pour des usages 4 températures élevées jusqu’a 250 ou 300°C. Les manches (sacs parallélépipédiques trés allongés) ont un diamétre de 200 4300 mm et jusqu’a 10 m de hauteur, leur assemblage formant une cellule dont la surface filtrante atteint jusqu’a 1200 m”. Le débit de gaz a traiter et sa charge en solide peuvent étre trés impor- tants : plusieurs dizaines de milliers de m’/h contenant jusqu’a 1 kg de solide par métre cube. Lefficacité (ou le rendement de captage) est voi- sine de 100 %; seules les « ultrafines » de moins de quelques dixiémes de micron de diamétre se retrouvent dans Ie gaz épuré dont la teneur en solide varie de quelques mg/m? a quelques dizaines de mg/m’. La perte de charge varie de 0,5 81,5 kPa. Le filtre 4 manches est un appa- reil bien adapté a la protection de environnement; il est peu sensible aux fluctuations de débit et de concentration en poussiéres. Il est par contre encombrant et peut étre si¢ge d’explosions, surtout lors de la phase de décolmatage qui libre brusquement un nuage de poussitres riche en «fines » : dans le cas oft ce milieu s’avérerait explosif, l'appareil doit étre protégé. La source d’ignition peut provenir de I'électricité statique due attx fines particules chargées, accumulées sur les manches et constituées de matériaux non conducteurs; le réle de la vapeur d’eau présente dans le gaz devient alors ambigu. D’une part elle favorise l’élimination de Pélectricité statique, concourant ainsi a la sécurité de appareil; d’autre part elle risque, en se condensant, sur les manches en particulier, de per- turber fortement la capacité d’épuration du filtre. 11.4 Procédés de séparation par lavage des gaz 11.4.1 Généralités et principe de fonctionnement Le principe de fonctionnement des laveurs ou scrubbers consiste & mettre en contact, d’une facon suffisamment énergique, le gaz contenant les Exere 11.4 Procédés de séparation par lavage des gaz particules solides (ou liquides) avec un liquide de lavage, le plus souvent de eau. Les poussitres captées sont entrainées par le liquide de lavage. Outre la séparation des particules solides, les laveurs permettent simul- tanément le refroidissement des gaz et la neutralisation de certains cons- tituants corrosifs. Les laveurs de gaz sont congus pour traiter de trés forts débits de gaz et généralement peu chargés; les particules limites retenues (a 100 %) pou- vant aller de 0,2 420 um. Parfois, une réaction de neutralisation chimique de Peau de lavage par une base est nécessaire. Pour ’opération consistant a laver un mélange gazeux par un liquide, afin de dissoudre et éliminer Pun des constituants gazeux dans Ic liquide, voir le chapitre consacré Vabsorption (chapitre 16). Le transfert des particules solides vers la phase liquide (se présentant sous forme de gouttes, film ou masse liquide), se réalise sous action de différentes forces, telles que : force d’impact, forces centrifuges, conden- sation des vapeurs, force électrostatique, diffusion. Le principe de fonctionnement différe essentiellement selon la méthode utilisée pour la mise en contact et I’énergie mise en jeu. On peut classer ces appareils en deux types — les appareils od le liquide est pulvérisé au moyen d’une buse (pompe); ~ les appareils oit le gaz pulvérise le liquide suite & impact dans le col d'un Venturi (ventilateur) (vitesse du gaz comprise entre 80 ct 100 v/s). Les procédés utilisant le lavage par un liquide sont efficaces, mais ils sont soumis a un certain nombre de contraintes qui en limitent l’application : —le gaz doit étre relativement froid pour ne pas entrainer de quantités excessives de liquide, et ne doit pas non plus réagir avec lui, ou y étre trop soluble; ~ily ade toute fagon un certain entrainement du liquide par le gaz, 3 la fois sous forme de vapeur et sous forme d’émulsion, le liquide adju- vant se substituant ainsi au produit éliminé; ~ il faut séparer les particules du liquide qui les a retenu. Une certaine solubilité du solide améliore sa mouillabilité, ce qui est favorable. 193 Prete 11.4 Procédés de séparation Gece par lavage des gaz Les laveurs de gaz nécessitent en sortie un systéme coalesceur (demister) dont le réle est de retenir les fines gouttelettes entrainées par le gaz. I] permet de refroidir le gaz et de récupérer une partie des vapeurs sous forme liquide. En contrepartie, le liquide de lavage, partiellement recy- clé par le laveur, doit étre refroidi a travers un échangeur de chaleur, avec tun risque d’encrassement de ce dernier dans le cas ot la solubilité du solide dans le liquide diminuerait avec la température. 11.4.2. Principaux types de laveurs (figure 11.4) Ml Tours de lavage Les tours de lavage (ou scrubbers) sont des appareils & abondante pulvérisa~ tion de liquide et 3 faible perte de charge (de 0,2 2 0,5 kPa) et dans les- quels le gaz s’écoule, dans le sens axial, avec une vitesse de 0,5 42,0 m/s. Le debit d’arrosage est compris entre 0,5 et 4,0) litres/m? de gaz traité. Le liquide est pulvérisé 3 travers des buses au sommet d’une vaste chambre, soit sous forme de gouttes, soit sous forme de nappes. De réalisation simple, ces appareils ne sont efficaces que sur les poussiéres supérieures a5um; Lefficacité de la séparation peut étre améliorée en utilisant les tours a garnissage ou a plateaux analogues aux colonnes 3 plateaux qui servent au transfert de masse, mais pour une perte de charge plus élevée ainsi qu’un prix d’investissement plus important. La tour contient un certain nombre de plateaux horizontaux équipés de fagon a retenir une certaine quantité de liquide. Celui-ci (débit jus- qu’a 10 litres/m? de gaz) arrive en haut de la tour par un répartiteur, et ruisselle jusqu’en bas d’un plateau 4 l'autre, tandis que le gaz entre par le bas et sort par le haut aprés avoir traversé tous les plateaux. Malgré leur bonne efficacité, l'utilisation de tours a plateaux ct garnissage est assez limitée, car les risques d’engorgement et les frais d’exploitation sont importants. Le contact peut aussi étre réalisé par agitation mécanique, ce qui compli- que l'appareil, mais en augmente aussi efficacité. Dans ce cas le scrub- ber est vertical : un liquide pulvérisé en téte peut servir a compléter 194 preety Pee ce et par lavage des gaz a) Gaz {te Eau Eau Poussiére ») Gaz propre | Gaz poussiéreux. —= Poussiére Figure 11.4 — Types de laveurs de gaz : a) Tour de lavage; b) Dispositit 8 réserve d'eau incorporée; c) Venturi scrubber. 195 196 11.4 Procédés de séparation par lavage des gaz Yaction d’un cyclone ou d’une masse filtrante utilisés comme sépara- teurs 4 chocs. Appareils 4 moyenne perte de charge Les appareils 8 moyenne perte de charge (1,5 kPa) fonctionnent soit par barbotage, soit par effet de suspension fluo-liquide; leur efficacité est légere- ment supérieure et ils ont 'avantage de ne pas nécessiter d’énergie pour mettre en ceuvre la phase liquide; Les laveurs 4 barbotage sont des appareils 4 réserve de liquide incorpo- rée, dans lesquels le gaz poussiéreux doit traverser le liquide en suivant un trajet plus ou moins sinueux; les gouttes d’eau sont retenues dans un dispositif 3 chicanes situé vers la sortie de 'appareil. Ils ont une efficacité convenable : 85 % 4 95 % des particules de quelques microns sont arré- tées; en dessous de cette taille, leur efficacité chute rapidement. Ml Appareils du type venturi Les appareils du type venturi (Venturi scrubbers) agissent par effet d’impact entre I’eau et les poussigres dans un col traversé par les gaz 3 grande vitesse (environ 80 4 100 m/s). Ils mettent en ceuvre le régime aéraulique du syst8me venturi et captent trés efficacement les particules submicroniques. Les Venturi scrubbers. sont constitués d'un systéme convergent ~ divergent traversé par le cou- rant de gaz 3 traiter (des débits de gaz Gv, compris entre 5 ct 15 m’/s - cm (de périphérie au col) sont courants). Le liquide est injecté au moyen d'une ou plusieurs buses, soit juste avant le col du venturi, soit par la paroi du venturi a la hauteur du col. Dans tous les cas, le liquide se trouve pulvérisé par suite de la grande vitesse du gaz au col du venturi. Les particules de poussigres agglomérées sont par la suite collectées dans un séparateur, usuellement un cyclone. Sur ce principe, il existe différentes réalisations adaptées 4 lobjectif a atteindre, car la perte de charge du dispositif est d’autant plus élevée que les performances demandées sont grandes. Une excelente efficacité est obtenue sur des particules submicroniques moyennant des pertes de charge atteignant 10 2 15 kPa. ener 11.5 Procédés électrostatiques de séparation 11.5.1 Généralités et principe de fonctionnement La précipitation électrostatique fait appel aux champs de forces électriques afin de séparer les particules solides ou liquides transportées par le gaz. Pour V'ionisation intense du gaz porteur on utilise Peffet couronne, ensem- ble de phénoménes caractérisés par la naissance d’un champ électrique non homogéne entre deux électrodes dont les surfaces sont différentes, beaucoup plus intense au voisinage immédiat du fil constituant Pélec~ trode d’émission. En choisissant une valeur de la tension entre les électrodes telle qu’au voisinage de I’électrode d’ionisation le champ électrique atteint une ten- sion dite de claquage, il se produit le long de Vélectrode Pionisation du gaz (accompagnée d’un léger crépitement et de petites étincelles). Leffet couronne peut étre positif ou négatif selon la charge négative ou positive de l’électrode ionisante. Les électrofiltres industriels utilisent pres- que toujours un effet couronne négatif, car il permet de réaliser des tensions de claquage plus élevées, d’oit des vitesses de précipitation supérieures. Il Etapes de fonctionnement La captation des particules dispersées dans le gaz ionisé se réalise en trois étapes successives : — la charge électrique des poussiéres; — la migration des particules chargées dans le champ électrique vers l’élec- trode de précipitation (positif) ott elles précipitent par décharge électrique; —Pévacuation du gaz purifié et ’élimination des poussigres collectées. @ Vitesse de précipitation La vitesse de mouvement des particules chargées, dirigée vers l’électrode réceptrice, appelée aussi vitesse de précipitation, se calcule avec la relation : nQE Re

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