Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Lepitre de Hasan Al Basri A Abd Al Malik
Lepitre de Hasan Al Basri A Abd Al Malik
LE CALIFE
ET L’ASCÈTE
Hasan al-Basrî
L
orsque le souverain omeyyade ‘Abd
al-Malik écrit au vénérable Hasan de
Basra pour lui demander de démentir
certaines rumeurs selon lesquelles il serait un
partisan du libre arbitre, celui-ci répond sans
sujétion en exhortant le calife à s’en tenir aux
versets du Coran qui décrivent l’homme comme
responsable de ses actes.
Al-Hasan al-Basrî, que la miséricorde de Dieu soit sur lui, lui répondit ainsi :
Au nom du Dieu clément et miséricordieux. À ‘Abd al-Malik, commandeur des
croyants, de la part de al-Hasan Ibn Abî al-Hasan al-Basrî. La paix soit avec toi,
ô commandeur des croyants. Je m’unis à toi dans la louange de Dieu hors du-
quel il n’y a pas de dieu. Quant au reste, puisse Dieu accorder sa faveur au com-
mandeur des croyants et faire de lui un gouvernant qui agit dans l’obéissance
à Dieu et suit son Envoyé, s’empressant de mettre en pratique tout ce qui lui est
ordonné. En vérité, les gens de bien sont un modèle, aujourd’hui négligé, qu’il
faut regarder et imiter dans leur comportement. Le commandeur des croyants,
que Dieu lui donne sa faveur, se trouve vivre en une époque où ces personnes,
de nombreuses qu’elles étaient, sont devenues rares ; mais nous, nous avons pu
connaître, ô commandeur des croyants, les pieux ancêtres (salaf) qui agissaient
selon les commandements de Dieu et en ont transmis la sagesse. Ceux-là se
conformaient à la tradition (sunna) de son Envoyé sans nier aucune vérité ou af-
[Sommaire du glossateur]
Puis al-Hasan al-Basrî continue en rappelant que les pieux ancêtres parmi les
Compagnons du Prophète s’en tenaient à ses paroles sans en refuser aucune ni
en discuter aucune parce qu’ils concordaient sur toutes choses, sans nier aucune
vérité ni affirmer aucune fausseté, attribuant à Dieu uniquement les qualités
que Lui-même s’est attribuées et invoquant uniquement les preuves que Dieu
lui-même a fournies à ses créatures.
Puis l’auteur explique au commandeur des croyants qu’il a commencé à par-
ler du décret divin uniquement parce que des personnes ont fait leur apparition
qui ont commencé à le nier. « Et puisque les innovateurs ont produit leur dis-
cours sur la religion, j’ai cité les passages du Livre de Dieu qui les contredisent ».
De là, l’auteur rappelle certains passages du Livre de Dieu et de la Tradition
du Prophète que le commandeur des croyants n’ignore pas, mais, au contraire,
connaît bien. Dans cette lettre de al-Hasan on trouve, après le Livre de Dieu, gué-
rison et preuve assurée.
Je t’ai donc envoyé, ô commandeur des croyants, une copie du texte de
al-Hasan, pour que tu puisses le lire et le comprendre, afin que Dieu ajoute direc-
tion à ta direction et science à ta science. Comprends-le bien et médite-le, et agis
à ce sujet selon ton opinion et ta raison, pour ton bien et pour celui des musul-
[Tiré de Rasâ’il al-‘adl wa l-tawhîd, ed. Muhammad ‘Imâra, Dâr al-Shurûq, al-Qâhira
19882, vol. 1, pp. 111-117]
1. Le titre de « commandeur des croyants » désignait 2. L’invocation « Double le châtiment dans le Feu » est
à l’origine les califes. ‘Abd al-Malik qui régna de 685 adressée à Dieu par les damnés. Dans le passage en
à 705 refonda l’empire omeyyade après la crise qui question, ils demandent une double punition pour
suivit la mort de Mu‘âwiya (r. 661-680). On lui doit ceux qui les ont trompés en les convaincant d’adorer
la réunification de l’empire, l’adoption de l’arabe les idoles. D’où le lien avec la citation coranique qui
comme langue officielle et la création d’une monnaie suit.
islamique. C’est lui qui ordonna la construction du 3. On peut aussi traduire le passage par : « Il lui ouvre
Dôme du Rocher à Jérusalem. le cœur à l’Islam », selon que l’on entend ici « islâm »
comme l’attitude trans-historique de dépendance de
Dieu enseignée par le Coran, ou comme le nom de la
religion historique apportée par Muhammad.