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ÉCOLE RÉGIONALE POST-UNIVERSITAIRE D’AMÉNAGEMENT ET DE GESTION

INTEGRÉS DES FORÊTS ET TERRITOIRES TROPICAUX


-ÉRAIFT-

Mémoire
Présenté et défendu en vue de l’obtention du Diplôme d’Etudes Supérieures Spécialisées (DESS) en

« Aménagement et gestion intégrés des forêts et territoires tropicaux »

Perceptions de la surexploitation halieutique et des stratégies


de gestion de la pêche par les pêcheurs du lac Edouard, Parc
National des Virunga : cas de Vitshumbi, Kyavinyonge,
Lunyasenge et Kisaka

(République Démocratique du Congo)

Par
MASIRIKA MATUNGURU JOSEPH
Licencié en Santé et Développement communautaires
(8ème promotion DESS)

Promoteur : Prof Théodore Trefon

(Musée Royal D’Afrique Centrale)

Co-promoteur : Prof Emérite Jean-Claude Micha

(Université Notre Dame de Namur, Belgique)

Encadreur : Doctorant Ephrem Balole

(Chargé de planification du site PNVi, Fondation Virunga)

Année académique 2014-2015


ÉCOLE RÉGIONALE POST-UNIVERSITAIRE D’AMÉNAGEMENT ET DE GESTION
INTEGRÉS DES FORÊTS ET TERRITOIRES TROPICAUX
-ÉRAIFT-

Mémoire
Présenté et défendu en vue de l’obtention du Diplôme d’Etudes Supérieures Spécialisées (DESS) en

« Aménagement et gestion intégrés des forêts et territoires tropicaux »

Perceptions de la surexploitation halieutique et des stratégies


de gestion de la pêche par les pêcheurs du lac Edouard, Parc
National des Virunga : cas de Vitshumbi, Kyavinyonge,
Lunyasenge et Kisaka

(République Démocratique du Congo)

Par
MASIRIKA KAMATUNGURU JOSEPH
Licencié en Santé et Développement Communautaires
(8ème promotion DESS)

Les Membres du Jury :


1. Pr. Mutambwe Shango (Président, UNIKIN) ;
2. Pr. Godefroid Mwamba (Secrétaire, UNIKIN) ;
3. Pr. Jean Pierre MATE MWERU (Membre, ERAIFT) ;
4. Pr. Théodore Trefon (Promoteur).

Année académique 2014-2015


i
DEDICACE

A mon Dieu le Très Haut et miséricordieux ;


A l’Apôtre Pierre Elisha Mwamba et tous les intercesseurs (frères et sœurs en christ)
de l’Assemblée Chrétienne Maran-Atha ;
A mon épouse Matembera Kemana Kephany ;
A mes fils et filles Jonathan, Jospin, Josué, Lucy, Gracia, Esther et Benjamin ;
Fruits de tant de sacrifices et de persévérance, puisse ce travail vous honorer.
A mes parents Jean Matunguru et Marsianne M’Manywa ; Eric Nkingi et M’Rono ;
A mes Frères et sœurs Marie-Louise SIUZIKE et Odon MATUNGURU, Murhabazi Pius,
Murhabazi Jean-Paul, Maombi Steve et leurs époux (ses) respectives ;
A mes fils et filles en Christ, les couples Jacques Bahati-Merveille et Obuto-Zawadi ;
Nous avons connu ensemble certaines peines ;
Pour que ce travail vous serve d'exemple à suivre et à dépasser,
Mon amour maternel vous accompagnera toujours
Aux familles CHIGENDERA et MATEMBERA (Fidèle B., Samy Manegabe, Isaac Tumy, etc)
et tous ceux qui de loin ou de près ont contribué à la réalisation de ce travail.
Je le dédie.
ii
REMERCIEMENTS
Il nous est particulièrement agréable de témoigner nos sentiments de profonde gratitude à tous
ceux qui ont contribué, d’une manière ou d’une autre, à la réalisation de ce travail qui met fin à
notre formation.
De prime à bord, nous tenons à remercier très sincèrement les Professeurs Théodore Trefon et
Jean-Claude MICHA, respectivement Promoteur et Co-promoteur, qui, en dépit de leurs
multiples occupations, ont accepté de diriger ce travail. Leurs remarques et rigueurs scientifiques
combien pertinentes, nous ont permis d’orienter, de réaliser et de mener à bien cette étude.
A l’Union Européenne, maître d’ouvrage, pour avoir accordé le financement à l’Ecole et à
l’UNESCO, par le canal de la Division des sciences écologiques, pour avoir assuré sa gestion.
Nous tenons à remercier sincèrement le Directeur de l’ERAIFT, le Professeur Baudouin Michel,
le Secrétaire Académique et à la Recherche, le Prof Jean-Pierre Mate Mweru et le corps
professoral de l’ERAIFT pour tant des sacrifices consentis à notre formation en dépit de leurs
multiples tâches respectives.
A l’administration de l’ERAIFT, particulièrement au Secrétaire Administratif, Monsieur Bienfait
KASENGA et son proche collaborateur, le Logisticien, Monsieur Hubert NAMUCHIBWE sans
oublier le personnel technique et ouvrier pour s’être préoccupés de toutes les conditions qui nous
ont permis de mener à bien notre formation.
Au Docteur Emmanuel de MERODE, Directeur Provincial de l’ICCN Nord-Kivu et Chef de Site
du PNVi et au Doctorant Ephrem BALOLE, Chargé de planification du site PNVi d’avoir
respectivement proposé et apporté leur appui scientifique, technique et logistique à nos
recherches dans le Parc National des Virunga sous leur gestion.
A l’équipe du projet lac Edouard, Paul Van Dame de l’UICN NL (Expert en pêches), Tina Lain
de l’UICN NL (coordinatrice du projet lac Edouard) ainsi que les staffs de WCS/PNVi, R-
CREF, SOPR, COPEVI, IDPE, SYDIP, les Armateurs-pêcheurs du lac Edouard, d’avoir
contribué respectivement à notre accompagnement scientifique, technique, logistique et
informationnel durant nos travaux de terrain.
Que les collègues de la 8ème promotion et les confrères de la conservation : Lucy Fauveau,
Dr. Léonard Mubalama, Dr. Augustin Basabose, Papy Shamavu, Fidèle Amsini, Djokas
Kasongo, Sylvain Kacheche, Deo Kujirakwinja, Henry Cirhuza, Ir. Roy Buhendwa, Méthode
Uhoze, Thierry Lusenge, Baloky Kitambala, David Kashamangali, Joël Wengamulay, trouvent
ici l’expression de notre gratitude pour le temps accordé à nos préoccupations.
Nous ne pouvons oublier les autorités politiques, administratives, coutumières et militaires de la
du Nord-Kivu, et des Territoires de Rutshuru, Lubero, Beni et la population de nos sites d’étude.
iii

ACRONYMES
ACF-UK: Africa Conservation fund-United Kingdom
ALT : Autorité du Lac Tanganyika
ADPAK : Association pour le Développement des Pêcheurs Artisanaux de Kamandi
Cm : Centimètre
COPALU : Comité des Pêcheurs artisanaux de Lunyasenge
COPEVI : Coopérative des Pêcheries de Vitshumbi
COPILE : Régie Coopérative des Pêcheries du lac Edouard CRH : Centre des Recherches
en Hydrobiologie
CREDHO : Centre de Recherche en Environnement et Droits de l’Homme
DD : Développement Durable
DESS : Diplôme d’Etudes Supérieures Spécialisées
ERAIFT : Ecole Régionale Postuniversitaire d’Aménagement et de Gestion Intégrés des
Forêts et Territoires Tropicaux
FAO: Food and Agriculture Organisation
FARDC : Forces Armées de la République du Congo
FFOM : Forces, Faiblesses, Opportunités et Menaces
Ha : Hectare
IBN : Initiative du Bassin du Congo
IFED : Initiative des Femmes pour le Développement
ICCN : Institut Congolais pour la Conservation de la Nature
IME : Indice Morpho-Edaphique
INS : Institut National de Statistiques
GO: Gorilla Organisation
KSP: Kasindi Port
Kg: Kilogramme
LEA: Lacs Edouard et Albert
LEAF: Lake Edouard and Albert Fisheries
ONG : Organisation Non Gouvernementale
PFNL : Produit Forestier Non Ligneux
MINAGRI : Ministère de l’Agriculture, Pêche et Elevage
MECNT : Ministère de l’Environnement, Conservation de la Nature et Tourisme
MECNEF : Ministère de l’Environnement, Conservation de la Nature, Eaux et Forêt
PNVi: Parc National des Virunga
SENADEP : Service National d’Aquaculture et Développement de la Pêche
iv
SPSS: Statistical Package for Social Science
SAGICOM : Société Agro-Industrielle et commerciale
SYDIP : Syndicat de Défenses des Intérêts Paysans
SOPR : Solidarités pour Promotion Rurale
SOMIKIVU : Société Minière Industrielle au Kivu
RDC : République Démocratique du Congo
R-CREF : Réseau pour la Conservation et la Réhabilitation des Ecosystèmes Forestier
PADERU : Programme d’Appui au Développement Rural
PLEA : Projet Lac Edouard et Albert
PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement
PNUE : Programme des Nations Unies pour l’Environnement
PAC : Politique Agricole Commune
UNESCO : United Nations for Education, Science and Culture
ICCN : Institut Congolais pour la Conservation de la Nature
IFED : Initiative des Femmes pour l’Environnement et le Développement
IZCN : Institut Zaïrois pour la Conservation de la Nature
UICN NL : Union Internationale pour la Conservation de la Nature Nether Land
UNIKIN : Université de Kinshasa
RMIP/AT : Relocalisation et Migration Interne des Population/Administration du
Territoire
QENP: Queen Elizabeth National Park
UFEPDIP : Union des Femmes des Pêcheurs pour la Défense des Intérêts paysans
UMAKYA: « Umoja wa wamama wa Kyavinyonge »
USD: United States dollars
WCS: Wildlife Conservation Society
WWF: World Wildlife Funds for Nature,
ZSL: Zoological Society of London
v
LISTE DES FIGURES

Fig. 1 : Complexité des systèmes lac Edouard-Aires protégées (PNVi et QENP) et facteurs socio-
économiques, politiques et international. (Source : nos propres investigations) 7
Fig. 2 : Tendances dans la capture totale annuelle de poissons dans la section congolaise du lac
Edouard entre 1945 et 1988 (D’après Van Dame, 2014). 22
Fig. 3 : Composition des captures dans le lac Edouard en 1988 (Vakily, 1989) 23
Fig. 4 : Carte du lac Edouard, ses principaux affluents et Villages de pêche légaux et illégaux
d’après Vakil (1989) modifié par nous. 26
Fig. 5 : Carte du Lac Edouard intégré dans le complexe transfrontalier du Parc National des
Virunga (RDC) et dans le Queen Elizabeth National Park (Ouganda), d’après (LANGUY et al.
2006) 28
Fig. 6 : Dynamique des populations humaines dans les 4 Pêcheries du bord du lac Edouard de
1959 à 2013 (d’après : Harroy (1987), Kujirakwinja (2006) et Matunguru, 2013). 39
Fig. 7 : Evolution des populations et de la superficie des terres occupées dans les pêcheries
riveraines du lac Edouard. (d’après Matunguru, 2013). 40
Fig. 8 : Pêcheries légales et illégales de la partie congolaise du Lac Edouard (Image
LANDSAT) (d’après Van Dame, 2014). 45
Fig. 9 : Cartographie des principales zones de pêche sur l’écosystème lac Edouard. 52
Fig. 10 : Indices d’accroissement des unités de pêche au lac Eduard de 1987 à 2014. 61
Fig. 11 : Evolution par catégories des espèces par pêcherie de 2010 à 2014 (en %) 63
Fig. 12 : Longueur Moyenne des espèces capturées (d’après Paul Van Dame, 2014). 64
Fig. 13 : Modèle d’aménagement et de gestion intégrés de la pêche au lac Edouard. (D’après
Luhusu, 2014 adapté par nos propres investigations). 89

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1. Répartition des zones de profondeur au lac Edouard 27


Tableau 2 . Composition de la faune ichtyologique du lac Edouard 32
Tableau 3. Espèces de poissons commerciales du lac Edouard 34
Tableau 4. Population congolaise et étrangère du Nord-Kivu autour du PNVi (de 1983 à 2002) 42
Tableau 5. Personnes ressources pour les entretiens semi-structurés et focus groupe 48
Tableau 6. Identification des enquêtés 50
Tableau 7. Estimation des pirogues par engins de pêche utilisés 57
Tableau 8. Estimation de l’effort de pêche sur base de l’hypothèse de « nombre opérant » 58
vi
Tableau 9. Evolution des pirogues de pêche dans 4 pêcheries congolaises du lac Edouard de
1988 à 2014 60
Tableau 10. Poids totaux (en Kg) des poissons débarqués dans les quatre pêcheries du lac
Edouard de 2010 à 2014 (statististiques AGRIPEL). 61
Tableau 11. Estimation des captures moyennes journalières par unité de pêche dans 4 pêcheries
et captures totales annuelles estimées pour le lac Edouard. 65
Tableau 12. Forces et faiblesses du système de collecte de données de pêches 72
Tableau 13. Perceptions des pêcheurs par rapport à la diminution de la ressource halieutique 78
Tableau 14 . Espèces de poissons rarement capturés au lac Edouard 78
Tableau 15. Perceptions par rapport aux principaux facteurs pouvant être à l’origine de la
diminution des stocks halieutiques. 79
Tableau 16. Evaluation de la part de responsabilité de la pêche artisanale dans la surexploitation
halieutique 79
Tableau 17. Par rapport à la présence ou l’absence des activités polluantes ayant causé des
changements environnementaux naturels et anthropiques. 80
Tableau 18. Activités polluantes ayant causé des changements environnementaux. 81
Tableau 19.Par rapport à la présence ou absence de lien entre le(s) activités polluante(s)
identifié(s) au fil du temps sur l’environnement biophysique et celui (ceux) observé(s) sur les
ressources halieutiques. 81
Tableau 20.Par rapport aux conséquences remarquables des changements observés et leurs
manifestations directes actuelles (indicateurs) 82
Tableau 21. Illustration de la présence ou l’absence d’adaptations suite aux changements
encourus dans l’environnement et dans la ressource halieutique. 83
Tableau 22. Par rapport aux principales adaptations développées face à la diminution de la
ressource halieutique 84
Tableau 23. Par rapport au recours à d’autres alternatives économiques 84
Tableau 24. Par rapport au revenu mensuel généré par le pêcheur (en USD) 85
Tableau 25.Perceptions des pêcheurs par rapport à la règlementation en vigueur au lac 85
Tableau 26. Perceptions des pêcheurs par rapport aux initiatives de gestion 86
Tableau 27. Perceptions des pêcheurs par rapport aux mécanismes de gestion communautaire 87
Tableau 28. Perceptions des pêcheurs par rapport aux mesures de conservations à développer 93
vii
LISTE DES PHOTOS
Photo1. Lac-Édouard vu de l'embouchure de la rivière Semliki ................................................. 30
Photo2. Principales espèces des poissons commercialisés au lac Edouard (Photos Paul Van
Dame, Octobre 2014). ............................................................................................................... 35
Photo3.Filet dormant « matimba » et Palangre (hameçon) ..................................................... 54
Photo4. Senne de plage au site de Keya (ICCN) ........................................................................ 55
Photo5. Nasses saisies et recueil des poissons dans la nasse à Kibahari ..................................... 56
Photo6. Poissons immatures dans un filet moustiquaire (gauche) et poissons fumés immatures
(droite) ...................................................................................................................................... 56
Photo7. Ougandais en quête des coquilles (gauche) et coquille d’un bivalve : moule (droite) ... 56
Photo n°8 : Mesure de mensuration du poisson à l’aide de la Balance , la Toise et le Peson...... 70

LISTE DES ANNEXES


Annexe 1.Questionnaire d’enquête des pêcheurs ..................................................................... 110
Annexe 2 : Guide d’interview adressé aux acteurs indirects..................................................... 114
Annexe 3. Outils de discussion Focalisée sur la gouvernance et la gestion de la pêche au lac
Edouard .................................................................................................................................. 118
Annexe 4. Projet de loi portant Code de Pêches et d’aquaculture en RDC, TCP/DRC/3102(A)-
Assistance à la définition d’une stratégie et d’un plan de développement de l’aquaculture. FAO
2008. ....................................................................................................................................... 120
Annexe 5. Convention portant règlementation de la pêche au lac Edouard entre IZCN-COPEVI
(1979) ..................................................................................................................................... 122
Annexe 6. Projet de loi portant Code de Pêches et d’aquaculture en RDC, TCP/DRC/3102(a)-
Assistance à la définition d’une stratégie et d’un plan de développement de l’aquaculture. FAO
2008. ....................................................................................................................................... 126
Annexe 7. Tableau des captures totales (Kg) des pêcheries du lac Edouard de 2010 à 2014
(d’après AGRIPEL) ................................................................................................................ 128
Annexe 8. Estimation des unités et engins de pêche dans les pêcheries du lac Edouard (d’après
les comités des pêcheurs, pêcheries, AGRIPEL et nos propres investigations) ......................... 135
Annexe 9. Fiche de collecte de données de pêches au lac Edouard .......................................... 136
Annexe 10. Quelques photos des spécimens des poissons capturées à l’issu d’une pêche
expérimentale au lac Edouard en Août 2013 et quelques engins de pêche prohibés (d’après
Nshombo, 2013)...................................................................................................................... 137
viii

RESUME

Cette recherche intitulée « Perceptions de la surexploitation halieutique et des stratégies de


gestion de la pêche par les pêcheurs du lac Edouard » s’inscrit dans le cadre de l’aménagement
et de la gestion durables des ressources halieutiques du lac Edouard pour le bien- être des
populations riveraines. Elle s’est réalisée dans les pêcheries de Vitshumbi, Kisaka, Lunyasenge
et Kyavinyonge.
Nous avons recouru aux techniques documentaires, d’interview, d’observation et de groupe de
discussion focalisée pour atteindre cet objectif.
Il en résulte qu’il y a une augmentation marquée de la capture de 1949 à 2006, suivie d'une
diminution après 2006 jusqu’à nos jours. Les modes de pêches inappropriés et l’inefficacité de
la gouvernance en sont les causes majeures. Ceci confirme l’hypothèse selon laquelle la
surexploitation actuelle de la pêche et la non durabilité des mesures de gestion exposent le lac
Edouard à des possibles risques d’épuisement de son stock halieutique et de la biodiversité du
PNVi.
Pour lever ce double défi : (i) mener une évaluation plus détaillée de la Faune ichtyologique des
espèces phares ; (ii) améliorer le programme de collecte de données de pêches ; (iii) restructurer
la COPEVI et redéfinir les responsabilités des acteurs ; (iv) revisiter les textes légaux et les faire
appliquer rigoureusement ; (v) renfoncer les capacités matérielles et organisationnelles des
pêcheurs ; (vi) Développer les activités alternatives afin de diminuer la dépendance de la
ressource halieutique ; (vii) Appliquer le modèle d’aménagement en se référant aux orientations
stratégiques proposées à l’issu de cette étude.

Mots clés : (i) Perceptions ; (ii) Surexploitation ; (iii) Gestion durable; (v) Pêcheurs.
ix

ABSTRACT

This research entitled "Perceptions of over-fishing and fishery management strategies by


fishermen of Lake Edward" is part of the development and the sustainable management of
fisheries resources of Lake Edward for the welfare of neighboring populations.
This study was conducted in the fisheries of Vitshumbi Kisaka, Lunyasenge and Kyavinyonge.
To achieve this objective, we used the documentary techniques, interview, observation and focus
group discussion.
The result showed that there is a significant increase in the catch from 1949 to 2006, followed by
a decrease after 2006 up-to-date. For fishermen, this phenomenon is mainly caused by
overfishing in the shallow areas and deficient management. Consequently, there is dwindling
socio-economic conditions of the population directly dependent on fishing and the threats on
biodiversity in the Virunga National Park. This confirms the hypothesis that the current over-
fishing and unsustainable management measures expose the Lake Edward to possible risk of
depletion of its fish stock.
To overcome this dual challenge, we recommend to : (i) conduct a more detailed assessment of
the fish fauna with a focus on the flagship species; (Ii) further strengthen the fisheries data
collection program; (iii) restructure COPEVI and / or other legal fishing cooperatives and clearly
redefine their responsibilities; (iv) review and reinforce laws and governance measures; (v)
reinforce material and organizational capacities of fishermen; (vi) Develop alternative activities
to reduce the dependence on the fishery resource. (vii) Apply the planning and management
model based on the main strategic directions proposed at the end of this study.

Keywords: (i) Perceptions; (ii) Over-fishing; (iii) Sustainable management; (v) Fishermen.
x
TABLE DE MATIERES
DEDICACE ............................................................................................................................... i
REMERCIEMENTS................................................................................................................ ii
ACRONYMES ......................................................................................................................... iii
LISTE DES FIGURES..............................................................................................................v
LISTE DES TABLEAUX .........................................................................................................v
LISTE DES PHOTOS .............................................................................................................. vii
LISTE DES ANNEXES ........................................................................................................... vii
RESUME ................................................................................................................................ viii
ABSTRACT ............................................................................................................................. ix
TABLE DE MATIERES.............................................................................................................x
CHAPITRE 0. INTRODUCTION...............................................................................................1
0.1. Problématique ......................................................................................................................1
0.2. Questions de recherche .........................................................................................................3
0.3. Hypothèses de la recherche ..................................................................................................4
0.4. Objectifs de l’étude ..............................................................................................................4
0.5. Pertinence du sujet et lien avec l'approche systémique ..........................................................5
0. 6. Revue de la littérature..........................................................................................................8
0.6.1. Cadre conceptuel de la recherche .......................................................................................8
0.6.2. Cadre théorique de la recherche ....................................................................................... 16
CHAPITRE 1. PRESENTATION DU MILIEU D’ETUDE....................................................... 21
1.1. Informations générales sur le lac Edouard .......................................................................... 21
1.1.1. Situation avant 1988 ........................................................................................................ 21
1.1.2. Situation en 1988 (Vakily, 1989) ..................................................................................... 23
1.1.3. Situation en 2006 (Petit, 2006) ........................................................................................ 23
1.2. Description générale du lac Edouard .................................................................................. 24
1.2.1. Cadre géographique ......................................................................................................... 24
1.2.4. Embouchures, baies et frayères ........................................................................................ 29
1.2.4. Limnologie ...................................................................................................................... 31
1.2.6. Faune terrestre riveraine du lac Edouard .......................................................................... 35
1.2.7. Juridictions et/ou organisations relevant de la pêcherie au lac Edouard ............................ 36
1.2.8. Communautés riveraines du lac Edouard ......................................................................... 38
1.2.8. Aspects régionaux dérivant du partage du lac entre la RDC et Ouganda........................... 42
1.2.9. Délimitation de l’étude .................................................................................................... 43
1.2.10. Structure de l’étude........................................................................................................ 45
CHAPITRE 2. MATERIEL ET METHODES ........................................................................... 46
2.1. Matériel biologique et technique......................................................................................... 46
2.2. Méthodes ........................................................................................................................... 46
xi
2.2.1. Analyse documentaire ..................................................................................................... 46
2.2.2. Collecte de données de terrain ......................................................................................... 47
2.2.3. Traitement et analyse des données ................................................................................... 49
CHAPITRE 3. PRESENTATION DES RESULTATS .............................................................. 50
3.1. Caractéristiques sociodémographiques des enquêtés ........................................................... 50
3.2. Etat des lieux de l’exploitation des ressources halieutiques du lac Edouard........................ 51
3.2.1. Zones de pêche au lac Edouard ........................................................................................ 51
3.2.2. Engins et techniques de pêche utilisés............................................................................. 53
3.2.3. Estimation des unités de pêche et de l’effort de pêche ...................................................... 57
3.2.2. Estimation et évolution des captures ................................................................................ 61
3.3. Etat des lieux du système de suivi et de collecte de données de pêches ............................... 67
3.3.1. Ancien système de collecte de données ............................................................................ 67
3.4. Etat des lieux de la gouvernance des pêcheries .................................................................. 73
3.4.2. Organisation des associations des pêcheurs..................................................................... 74
3.4.3. Difficultés liées à l’exploitation au lac Edouard ............................................................... 74
3.5. Perceptions des acteurs par rapport à la surexploitation des ressources halieutiques et aux
stratégies de gestion de la pêche ......................................................................................... 78
3.5.1. Par rapport à la surexploitation des ressources halieutiques.............................................. 78
3.5.2. Par rapport aux stratégies de règlementation et de gestion de la pêche ............................ 85
3.6. Modèle d’aménagement et de gestion intégrés de la pêche au lac Edouard.......................... 89
3.7. Scenarios possibles pour une exploitation durables de la pêche au lac Edouard................... 90
CHAPITRE 4 : DISCUSSION DES RESULTATS ................................................................... 91
4.1. Caractéristiques sociodémographiques ............................................................................... 91
4.2. Exploitation halieutique...................................................................................................... 91
4.3. Mesures de gouvernance et application des textes règlementaires ....................................... 94
4.4. Système de suivi et de collecte de données de pêches ........................................................ 96
4.5. Perceptions des pêcheurs par rapport à la surexploitation et aux stratégies de gestion ......... 97
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS .......................................................................... 99
REFERENCES BIBILIOGRAPHIQUES ................................................................................ 103
ANNEXES ............................................................................................................................. 109
1

CHAPITRE 0. INTRODUCTION

0.1. Problématique
La République Démocratique du Congo, par sa situation à cheval sur l’équateur, dispose des
grands écosystèmes terrestres et aquatiques les plus représentatifs du continent africain et d’un
réseau hydrographique très dense qui s’articule autour de deux grands bassins : le bassin du
Congo et celui du Nil au Nord-Est du pays. La diversité de la flore et la richesse de la faune
terrestre et aquatique constituent non seulement un important réservoir naturel de la diversité
biologique, mais également des atouts considérables pour un développement socio-économique
durable, et un équilibre écologique global du pays. Etant donné l’importance de la pluviométrie
et des réseaux hydrographiques, les ressources halieutiques congolaises sont relativement
abondantes et variées. La faune ichtyologique de la RDC compte une quarantaine de familles
regroupant environ 1472 espèces
(http://www.fishbase.org/Country/CountryChecklist.php?c_code=180&vhabitat=all2&csub_cod
e=&cpresence=present). Elles seraient estimées à environ 63% dans les eaux des grands lacs de
l’Est (Tanganyika, Albert, Kivu et lac Edouard), 28% dans le système fluvial, 8% dans les lacs
de dépression et ceux de retenue du Katanga, 1% dans les eaux maritimes de la côte atlantique.
Cependant, ces ressources sont soumises à un mode d ‘exploitation inapproprié et se dégradent
de manière dramatique (MECNF, 2006 ;
(http://lepotentielonline.com/site2/index.php?option=com_content&view=article&id=898:la-rdc-
importe-150-000-tonnes-de-poissons-par-an-pour-une-consommation-de-240-000-
tonnes&catid=90:online-depeches & Itemid=468).
Le lac Edouard, qui fait partie du bassin du Nil et dont les trois quart de ses eaux congolaises
font partie intégrante du Parc National des Virunga, n’a pas échappé à ce phénomène.
L’instabilité politico-sécuritaire et économique qu’a connu le pays durant les deux dernières
décennies a fortement entravé son développement et occasionné une augmentation de l’effort de
pêche sur l’ensemble des zones riveraines du lac. Cette crise économique, a dès lors fragilisé la
Coopérative des Pêcheries de Vitshumbi (COPEVI) devenu incapable d’encadrer les pêcheurs et
contrôler le mouvement des populations dans les enclaves à encadrer les pêcheurs et contrôler le
mouvement des populations dans les enclaves de pêche, particulièrement les baies et/ou frayères.
Pour faire face à ces défis, la pêche artisanale fut ainsi libéralisée au détriment de la pêche
industrielle. Malheureusement cette nouvelle forme de gestion a, au contraire, favorisé davantage
l’exploitation anarchique des ressources halieutiques et du milieu lacustre dans les eaux
congolaise du lac. Les manifestations directes actuelles de cette destruction systématique
2
s’expriment en termes de baisse drastique des captures annuelles des poissons allant de 10.554
tonnes (Vakily, 1989) à près de 4000 tonnes en 2005 (SOPR, 2010), augmentation de l’effort de
pêche passant ainsi de 700 à près de 4000 pirogues (Vakily, 1989 ; Petit, 2006) ; pêche des
poissons immatures, raréfaction progressive de certaines espèces, une destruction significative
des écosystèmes forestiers côtiers, modification des baies et des frayères ainsi qu’une importante
perte de la biodiversité terrestre et aquatique en l’occurrence les hippopotames passé de 26000
(en 1959) et estimés à 1400 individus en 2013 (Languy et De Merode, 2009 ; Kujirakwinja,
2010). La pêche telle que pratiquée actuellement ne permet guère une exploitation durable des
ressources halieutiques.

Face à ce danger imminent, l’Etat congolais, via l’Institut Congolais pour la Conservation de la
Nature (ICCN) en collaboration avec le Gouvernement provincial du Nord-Kivu, les
organisations internationales et locales, a développé plusieurs projets de conservation des
écosystèmes lacustres et de règlementation de la pêche pour atténuer ce phénomène. Dès lors,
tous ces acteurs n’ont cessé de s’y employer fortement à travers les activités majeures ci-après :

 Patrouilles de protection et de surveillance des principales baies et frayères du lac, la


règlementation du maillage des filets et du nombre des pirogues (Mubalama, 2010) ;
 Processus de relocalisation des populations installées illégalement sur la côte ouest du lac
Edouard ;
 Identification des pêcheurs, des engins de pêche et la collecte de statistiques des pêche dans
une perspective d’estimation du stock halieutique encore disponible (avec le projet UICN NL
depuis 2012 à nos jours ;
 Dénombrement exhaustif des populations humaines riveraines du lac Edouard, inventaires des
oiseaux aquatiques, comptage direct des hippopotames, analyse de la qualité de l’eau du lac et
des principaux affluents en vue d’envisager les mécanismes de leur surveillance et gestion
continue ;
 Cartographie et balisage des principales baies et frayères pour empêcher l’accès par des
pêcheurs dans ces zones de reproduction;
 Tentatives de mise en place d’un mécanisme de collaboration transfrontalière entre la RDC et
l’Ouganda dans un objectif global de promouvoir « la croissance de la pêche du côté
congolais tout en préservant les habitats naturels importants pour la biodiversité et la
satisfaction des besoins socio-économiques des communautés locales », de deux pays, etc. à
travers de projets de l’Initiative du Bassin du Congo (IBN) ;
3
 Tentative de renouvellement des conventions entre l’ICCN et les pêcheries (COPEVI et
Ndeze/Nyakakoma) pour une pêche responsable garantissant la sauvegarde des ressources
halieutiques et du parc en général.

0.2. Questions de recherche

Au regard de l’importance de tous ces investissements et de l’état de surexploitation halieutique


du lac qui sont loin d’être porteur d’espoir, des questions fondamentales et spécifiques méritent
d’être posées.

0.2.1. Question fondamentale

Quelles sont les perceptions des pêcheurs artisanaux et d’autres parties prenantes sur la
surexploitation des ressources halieutiques et des mesures de gestion en cours au lac Edouard,
dans le Parc national des Virunga ?

0.2.2. Questions spécifiques

De cette question fondamentale découlent cinq questions spécifiques suivantes :

1. L’état actuel d’exploitation halieutique et les stratégies de gestion en cours sont-ils durables?
2. Les pêcheurs qui connaissent mieux leur métier et le milieu lacustre sont-ils toujours
associés dans l’analyse des problèmes, la mise en œuvre et le suivi des initiatives de gestion
durable de la pêche au lac Edouard ?
3. Le système de suivi et de collecte de données de pêche existant est-il performant et de nature
à contribuer à l’amélioration des stratégies d’aménagement et de gestion du lac Edouard?
4. Quelles perceptions et appréciations se font les pêcheurs par rapport à la surexploitation et
aux stratégies de gestion de la pêche en cours au lac Edouard ?
5. Quelles sont les orientations stratégiques à développer pour assurer un aménagement et une
gestion durables de la pêche au lac Edouard ?

La réponse à ces cinq questions nous a poussés délibérément à donner une place non moins
importante à l’intégration des perceptions des pêcheurs artisanaux dans les analyses au cours de
notre recherche. Donc, toute initiative de cogestion qui ne promeut pas le principe de
participation et de responsabilisation effective des communautés locales et des organisations
socio-professionnelles des pêcheurs dans la conception, l’exécution, le contrôle et le suivi des
activités de pêche, à travers la gestion centralisée des ressources halieutiques est voué à l’échec.
4

0.3. Hypothèses de la recherche


0.3.1. Hypothèse principale
Face à l’état de surexploitation actuelle de la pêche et à des mesures de gestion non durables,
des risques d’épuisement des stocks halieutiques du lac Edouard sont possibles. Pour minimiser
ces effets indésirables et garantir une gestion durable, les pêcheurs sont convaincus de la
nécessité d’améliorer le système d’exploitation et les mesures de gestion par une approche
intégrative des aspirations des populations riveraines et des exigences de la conservation de la
biodiversité du lac Edouard.

0.3.2. Hypothèses spécifiques

1. Les pêcheurs sont reconnaissent que l’état de dégradation du milieu lacustre a un impact
substantiel immédiat sur la ressource halieutique, la biodiversité du Parc et sur les
populations riveraines ;
2. Les pêcheurs sont conscients que certains modes d’exploitation halieutique ne sont pas
durables et sont responsables de la diminution du stock de poissons et de l’amenuisement
des conditions de vie des populations riveraines ;
3. Les pêcheurs avouent que les mesures de gestion en cours contribuent tant soit peu à la
reconstitution progressive du stock halieutique mais ils estiment que certaines d’entre elles
devraient être revues et adaptées au contexte sociodémographique politiques de l’heure.
4. Face à la surexploitation halieutique et aux mesures de gestion inefficaces en cours, les
pêcheurs sont convaincus que le développement des stratégies d’aménagement et de gestion
intégrés à travers une approche holistique, intégrée, participative et inclusive constituerait un
mécanisme efficace pour la gestion durable des ressources Halieutique du lac Edouard.

0.4. Objectifs de l’étude

0.4.1. Objectif général

De manière globale, cette étude se propose de contribuer à la connaissance des perceptions des
pêcheurs par rapport à la situation actuelle de la pêche et aux mesures de gestion en cours dans la
perspective de proposer des orientations stratégiques d’aménagement et de gestion durables de
la pêche au lac Edouard.

0.4.2. Objectifs spécifiques

Pour atteindre cet objectif global, l’étude poursuit les objectifs spécifiques suivants :
5
1. Décrire la situation actuelle d’exploitation et de la gouvernance des pêcheries au lac
Edouard;
2. Décrire le système de suivi et de collecte des données de pêches y compris ses forces et
faiblesses ;
3. Déterminer les perceptions des pêcheurs par rapport à la situation d’exploitation et aux
stratégies de gestion de la pêche en cours au lac Edouard ;
4. Proposer des orientations stratégiques de mise en place d’un plan d’aménagement et de
gestion intégrative de la pêche au lac Edouard.

0.5. Pertinence du sujet et lien avec l'approche systémique

Contrairement aux autres lacs de la RDC, le Parc National des Virunga et les pêcheries du lac
sont une seule entité homogène pour les raisons suivantes :
 Interrelations des éléments de l'environnement incluant la faune et la flore du parc qui sont
strictement liées aux populations de poissons. Le bouleversement de l'équilibre d'un
élément, entraîne automatiquement un changement dans l'équilibre des autres;
 Intégration des communautés des pêcheurs dans le parc et de l’ensemble des populations
humaines y résidentes estimés à environ76000 habitants, en 2013 (Matunguru, 2013).
L'existence d'un parc national entraîne une stabilité particulière des villages de pêcheurs et
leur intégration parfaite dans l'environnement du parc.
D’où la nécessité d’existence de la COPEVI (Coopérative des Pêcheries de Virunga) qui a le
mandat de réglementer la vie sociale des communautés pour éviter toutes sortes de troubles qui
seraient incompatibles avec l'existence d'un parc national.

Ces deux grandes composantes constituent plusieurs systèmes et sous-systèmes dont les éléments
sont en interactions permanentes ou compétitives face à l’exploitation de la ressource halieutique
du lac pour l’amélioration des conditions socioéconomiques habitants et à la nécessité de
conserver la biodiversité et leurs écosystèmes pour l’intérêt des générations présentes et future de
l’humanité.

D’autre part, ce lac attire l’attention de la communauté internationale dans le domaine de la


conservation du patrimoine naturel du fait de son appartenance au Parc National des Virunga qui
jouit du statut de site du patrimoine mondial de l’UNESCO. Sa contiguïté au Queen Elizabeth
National Park (Ouganda) et au PNVi(RDC), explique davantage son caractère transfrontalier et
6
la complexité des enjeux de sa conservation dans toutes les dimensions (local, national, sous
régional, international). La figure 1 explique clairement ces interactions.

Face à ce double défi, le besoin de protéger les ressources halieutiques qui subissent des fortes
pressions anthropiques et la nécessité d’améliorer les conditions de vie des populations
dépendantes paupérisées par la crise politico-sécuritaire qui sévit dans la région pendant près de
décennies, cette étude cherche à mieux comprendre les problèmes liés à l’exploitation
halieutique et aux mesures de gouvernance de la pêche requiert le recours à une démarche
global, intégrée, participative et inclusive : c’est l’approche systémique.

Maldague (1984) indique : « Pour être objectif, la gouvernance environnementale doit se fonder
sur une connaissance systématique et approfondie de l'ensemble des processus qui interviennent
dans le développement dont notamment les processus écologiques, économiques, sociaux ».
Nous avons analysé les perceptions des pêcheurs par rapport à la situation actuelle de
l’exploitation halieutique et aux stratégies de gestion de la pêche au lac Edouard en mettant les
pêcheurs et bien d’autres acteurs au centre de notre recherche.
Pour le cas particulier de la pêche, nous estimons, comme la FAO (1999), que les pêcheurs ont
un rôle significatif en tant qu’observateurs de l’état des ressources et de l’environnement et
surtout du fait d’une dépendance du secteur pêche à l’égard de l’environnement côtier.
De ce fait, la participation des pêcheurs dans les processus décisionnels de planification et de
gestion de la pêche lacustre représenterait un moyen d’appréhender au mieux les problèmes
d’exploitation des ressources halieutiques et d’éventuels conflits d’intérêt. Le fait d’impliquer le
pêcheur directement ou indirectement dans une démarche d’évolution de la gestion du secteur,
pourrait favoriser l’émergence d’un comportement de groupe et une adhésion à l’élaboration de
statistiques fiables.
Partant de ce qui précède, la pertinence de notre recherche et son lien avec la systémique
s’avèrent claires en ce sens qu’elle fournit des orientations stratégiques pertinentes susceptibles
de contribuer à la réduction de la pauvreté des populations d’une part et à l’amélioration du
système de gestion des ressources halieutiques d’une part, mais aussi et surtout sa contribution
au développement national, régional et international n’est plus à démontrer. Ces orientations
stratégiques sont également inclusives et participatives dans la mesure où proposent de placer les
pêcheurs artisanaux au centre des décisions et des actions d’amélioration de l’exploitation et de
la gouvernance de la pêche à tous les niveaux (local, sous régional, national et international) et
sont intégratives des intérêts socio-économiques aux exigences de la conservation de la
biodiversité du Parc National des Virunga.
7

Gestion intégrée et
Participative de la RH

Communauté
internationale
- Conventions et chartes
internationales
POUVOIR - Fonds POUVOIR (Ouganda)
(RDC) - Expertise - Textes légaux
- Lois - Statut UNESCO - Conventions
-Conventions internationales
- Politiques - Politiques nationales
nationales - UWA
-ICCN

District
Gouvernement Ougandaise
provincial : -services
-Assemblée techniques
-Gouvernement
- Services
techniques

PECHE
LAC EDOUARD
-Ressources Halieutiques QENP
PNVi/RDC (Ouganda)
- Faune aquatique -Biodiversité et
- Biodiversité et
-Pêcheurs habitats
habitats
- Personnel -Personnel
- Infrastructures -Infrastructures
- Lois -Lois
-Gestionnaires

POPULATIONS PARTIES PRENANTES :


- Habitants internes - Coopératives de pêche
- Villages/villes riverains - Comités des pêcheurs
- catégories socio- - Armateurs-pêcheurs
professionnelles - Services techniques
diverses - Chefs coutumiers
- ONGs internationales
- ONGs locales
- Commerçants
- etc.

Fig. 1 : Complexité des systèmes lac Edouard-Aires protégées (PNVi et QENP) et facteurs socio-
économiques, politiques et international. (Source : nos propres investigations)
8

Partant de ce qui précède, la pertinence de notre recherche et son lien avec la systémique ne sont
plus à démontrer, en ce sens qu’elle fournit un certain nombre d’extrants :
 Les données scientifiques et informations disponibles et accessibles pour appuyer la
planification de la gestion des pêcheries et la prise de décision à tous les niveaux (local,
Territorial, provincial, national, transfrontalière.
 Le système amélioré de collection participative de données, d’analyse opérationnelle à
développer pour appuyer la planification et la prise de décision à tous les niveaux ;
 Des meilleurs pratiques d’amélioration de la gouvernance des pêcheries, de
transformation des conflits et d’application des lois appropriées au statut particulier du
lac Edouard vu son statut de conservation et son caractère transfrontalier ;
 Les acteurs indirects (organisations et structures d’encadrement et des initiatives des
pêcheurs), seront capables de développer des actions alternatives qui promeuvent la
responsabilisation des pêcheurs dans tout le processus concernant leurs activités,
conformément au principe de durabilité (cfr. Chap. 4, Art 4 du Code de pêche de la
RDC) ;
 Les structures des pêcheurs artisanaux (comités des pêcheurs individuels) seront
renforcées et devront améliorer les modes d’exploitation et de règlementation de la
pêche ;
 Enfin, les résultats de cette étude devraient activement faciliter la coopération
transfrontalière entre les institutions de gestion de la pêche des deux pays (RDC et
Ouganda).

0. 6. Revue de la littérature
Ce chapitre élucide d’abord les concepts clés pour mieux appréhender le fond du travail ;
ensuite, il aborde les considérations théoriques des études antérieures cadrant avec ce thème de
recherche.

0.6.1. Cadre conceptuel de la recherche


0.6.1.1. Ressources halieutiques
La loi portant code des pêches et de l’aquaculture en RDC, définit les ressources halieutiques
comme étant l’ensemble d’organismes d’origine animale ou végétale dont le milieu de vie
normal ou le plus fréquent est l’eau, et qui constitue la cible ou l’objectif de la pêche (FAO,
2008 ; Code de pêches RDC, 2010 ; Kinfousia, 2008).Avant tout, ces ressources halieutiques
9
sont des espèces de la faune aquatique évoluant dans un milieu où il existe une panoplie
d’interactions entre diverses composantes tant chimiques, physiques que biologiques de
l’environnement (Dolbec, 2000 cité par Luhusu, 2012).

0.6.1.2. Pêche, types de pêche, pêcherie


Selon le code de pêches de la RDC, la pêche est toute activité tendant à la capture, la collecte ou
l’extraction de ressources halieutiques dont l’eau constitue le milieu de vie permanent ou le plus
fréquent. Elle trouve son origine dans les eaux continentales. Bien avant de planter des végétaux
ou d’élever des animaux, les populations humaines avaient commencé à pêcher dans les cours
d’eau, les étangs, les marécages et les lagunes. Il a fallu attendre de nombreuses décennies pour
que l’homme s’aventure sur les vastes étendues des lacs ou des mers, dans des embarcations
spécialement conçues à cet effet (FAO, 2010). Selon le code de Pêche de la RDC, il existe 4
types de pêche distincts, entre autres : (i) la pêche artisanale : pêche pratiquée individuellement
ou collectivement à des fins de commercialisation assurée au moyen des pirogues de pêche ; (ii)
la pêche industrielle : pêche pratiquée au moyen des navires de pêche. (iii) la pêche scientifique :
pêche destinée à l’étude et à la connaissance des ressources halieutiques et de leurs milieux, des
engins et méthodes de pêche et enfin (iv) la pêche sportive : Pêche pratiquée à des fins
récréatives.
La pêcherie :c’est tout système d’exploitation des ressources halieutiques s’exerçant dans une
partie des eaux maritimes ou continentales mettant en œuvre des moyens utilisés pour la pêche
d’une ou de plusieurs espèces.

0.6.1.3. Engins de pêche


Un engin de pêche c’est tout instrument, équipement ou installation utilisée pour la pêche.
La complexité écologique du lac et de ses affluents ainsi que les caractéristiques de chaque
poisson nécessitent l’utilisation d’engins très variés pour la pêche selon le milieu et le type des
poissons à capturer. Ceci nécessite de tout pratiquant de mobiliser des moyens humains et
financiers pour l’acquisition et l’utilisation des équipements.

0.6.1.4. Gouvernance environnementale (Trefon, 2013)


La gouvernance environnementale est la façon dont est structuré l'exercice du pouvoir, tel qu’il
agit sur la nature et sur ses ressources. Il s'agit d’identifier qui possède un droit sur les ressources
de l’environnement, sur quoi ce droit s’exerce et, enfin, dans quel but et de quelle manière
l’intéressé exerce ce droit. Elle découle d'un contexte politique, culturel, écologique et
10
économique bien précis, dans lequel les acteurs, les ressources et l'espace sont les variables-clés.
Du fait de la faible capacité qu’a l’Etat à imposer ses normes, nous assistons à la cohabitation
(voire à l’intrication) entre, d’une part, une multiplicité d’institutions politiques, de l’autre, une
diversité de cultures et de logiques, ces deux parties étant à la fois complémentaires et
antagonistes. Aussi est-il crucial, afin de saisir le sens de la gouvernance environnementale, de
comprendre l’ensemble des processus de négociation qui la sous-tendent : la gestion des
ressources naturelles renvoie en effet à un champ plus large où acteurs étatiques, société civile et
intervenants extérieurs interagissent constamment.

0.6.1.5. Bonne gouvernance


La gouvernance est un processus de prise des décisions, de mise en application de ces dernières
au profit de la communauté (ceci veut dire que c’est l’idéal à atteindre). Ce processus se définit
autour de trois questions: (1) comment les décisions ont-elles été prises ?, (2) comment ces
décisions sont-elles appliquées et (3) ces décisions tiennent-elles compte de la gestion durable
des Ressources Naturelles (économique, sociale et environnementale) ?

0.6.1.7. Principes de bonne gouvernance


Pour s’assurer une bonne gouvernance des ressources naturelles et s’assurer que les trois
questions sont appliquées correctement, il importe aussi de respecter certains principes et
valeurs: le sens de responsabilité dans les actions, la transparence, la culture de rendre compte,
l’efficacité et l’efficience, l’équité et l’inclusivité, le respect des règles de jeu, la participation
active de tous les acteurs et l’orientation vers le consensus.

0.6.1.8. Finalité de la gouvernance des ressources naturelles


Les recherches engagées visent à conceptualiser la gouvernance environnementale notamment en
milieu périurbain, mais aussi dans les aires protégées, dans les forêts communautaires et les
concessions forestières, par une analyse de l’espace, des ressources et des acteurs. Pour parvenir
à une analyse globale et intégrée et mettre en place des mesures de gestion durable des
ressources naturelles basées sur les principes de bonne gouvernance, les questions fondamentales
formulées dans l’encadré ci-après font la préoccupation particulière de tout chercheur.
11

Comment l’exercice du pouvoir sur les ressources naturelles est-il structuré ?


Quels sont les acteurs Comment accède-t-on aux Quelles sont les sources de
impliqués dans la gestion des ressources naturelles ? conflit et leurs modes de
ressources naturelles ? résolution ?
Quel système de droit est-il appliqué dans le site ? (Coutumier ? Positif ? Hybride ?)
Quelles sont les perceptions des différents acteurs sur la propriété des ressources naturelles ?
Quels sont les processus de négociation pour accéder aux ressources naturelles ?
Quelles sont les responsabilités des acteurs vis-à-vis de la communauté dans le domaine de
l’environnement ?
Comment les contextes politiques local et national influencent-ils la gestion des ressources
naturelles ?
Quelle est la relation entre la légalité et la légitimité autour des ressources naturelles ?
Source : Chaire2 « Gouvernance environnementale » (Trefon, 2013).

0.6.1.9. Gestion durable des ressources naturelles


Selon la commission mondiale sur l’environnement et le développement, la gestion durable des
ressources naturelles se définit comme «un développement qui répond aux besoins des
générations du présent, mais aussi du devoir d’en assurer la pérennité pour les générations à
venir». Autrement dit, il s’agit d’assurer un développement économique et social respectueux de
l’environnement. Ceci passe nécessairement par la prise en compte de trois piliers du
développement durable, notamment, l’économie, le social et l’environnement, auxquels s’ajoute
de plus en plus la gouvernance, qui suppose la promotion de la démocratie et l’Etat de droit
(Billand, 2005).

0.6.1.10. Perceptions de la gestion environnementale


Trefon (2013) définit la perception de la gestion environnementale comment étant l’ensemble
d’opinions, de points de vue, la position, ou les représentations qu’ont les différents acteurs de
l’exploitation, de la gestion et des relations de pouvoir qui s’établissent autour des questions
touchant à l’environnement. Pour lui, ces représentations peuvent être individuelles ou
collectives et ressortent de l’analyse de discours tenus au cours d’interviews avec les acteurs de
différents types. Une fois analysées, ces informations permettront de construire les
12
représentations collectives qu’ont les résidents de la zone en matière d’environnement et
d’approcher une conceptualisation de ce que recouvre la gouvernance environnementale.
Pour recueillir les perceptions des différentes parties prenantes, l’auteur conseille, préconise une
stratégie à suivre. Il faut, « sélectionner, dans la liste des acteurs identifiés au cours de l’activité,
un échantillon représentatif des différents profils rencontrés à chaque échelon d’acteur (individu,
association, entrepreneur, agent de l’Etat). Il faut poser à chacun d’eux les questions qui
concernent l’échelon duquel ils ressortent, ceci en respectant l’ordre stipulé ci-dessous (c’est à
dire en partant des acteurs individuels et en terminant par les acteurs institutionnels). Il
recommande d’être attentifs à ce que l’effectif des enquêtés recouvre de manière exhaustive la
variété des comportements et des pratiques caractéristiques de chaque échelon de pouvoir, en
matière d’exploitation et d’accès aux ressources de l’environnement.

0.6.1.11. Information scientifique sur la pêche et stratégies d’aménagement et gestion


durable de la pêche (Cochrane, cité par FAO, 1995).

L’écosystème aquatique est constitué d’un réseau dynamique et compliqué des populations
naturelles subissant les influences du milieu aquatique et météorologiques variables et
habituellement imprévisibles. Les pêcheurs font aussi partie de l’écosystème complexe et
dynamique, utilisant des types d’engins, des stratégies de pêche et des connaissances techniques
susceptibles également d’évoluer.
Cette complexité liée aux incertitudes fait que le gestionnaire des pêcheries intervient dans un
milieu complexe et confus. Cependant, les moyens d’existence et les revenus dépendent des
sages décisions que prennent les gestionnaires, et ces décisions ne sont possibles que si les
gestionnaires connaissent suffisamment l’écosystème et la pêcherie pour pouvoir comprendre les
causes de la situation actuelle de la pêcherie et prévoir comment la ressource et la pêcherie se
modifieront pour répondre aux mesures d’aménagement. Il s’agit donc de la mise en place d’un
système efficace de suivi des données des pêches Pour obtenir une information scientifique
suffisante et fiable, les étapes suivantes doivent être mises en place : (i) établir la politique
générale des pêches qui s’applique à tout lecteur halieutique ; (ii) fixer les buts généraux qui
s’appliquent à une pêcherie particulière ; (iii) fixer les objectifs opérationnels et les points de
référence par rapport à une pêcherie particulière ; (iv) établir la stratégie d’aménagement
composée des mesures de gestion (restriction visant les engins, zones de pêche, saison et période
de fermeture, etc.).
13

 Questions essentielles pour le choix des informations à collecter


FAO (1999a) indique six questions essentielles qui doivent guider le choix des informations
nécessaires à la prise de décision sur la pêche : : (i) les captures actuelles de la pêcherie sont-
elles durables et représentent-elles une bonne utilisation de la ressource? (ii) les méthodes
actuelles de pêche évitent-elles toute incidence dommageable et irréversible sur les espèces non
visées de l’écosystème? (iii) les activités halieutiques actuelles ont-elles une incidence concrète
minimale sur l’habitat physique? (iv) les activités autres que halieutiques exercées sur les lieux
de pêche et dans l’écosystème qui les soutient sont-elles bien gérées, de façon à éviter une
incidence dommageable et irréversible sur l’écosystème, notamment les habitats vitaux? (v) la
pêcherie est-elle dirigée de façon responsable et efficace sur le plan économique, en respectant
les buts et les priorités économiques du pays ou de la région? (vi) les populations qui sont
tributaires de la pêcherie pour leurs revenus et leurs moyens d’existence tirent-elles un profit
suffisant et utile de leurs activités liées à la pêche? Si la réponse à l’une de ces questions est
«non», le gestionnaire doit alors étudier comment ajuster la stratégie d’aménagement, en
modifiant les mesures d’aménagement.

 Types de données nécessaires à la prise de décision


Pour cela les types de données nécessaires à la prise de décisions sont essentiellement d’ordre
biologique et socio-économique. Les données biologiques nécessaires sont :
(i) quantité totale débarquée par principale espèce, par flotte et par an ;
(ii) effort total, par flotte et par an ;(iii) composition par longueur et/ou âge des poissons
débarqués pour les principales espèces ; (iv) rejets des principales espèces, par flotte et par an ;
(v) composition selon la longueur et/ou âge des rejets, par espèce, par flotte et par an ; (vi) Zones
exploitées par chaque flotte écologiques ; (vii) captures totales d’espèces pêchées
accidentellement (y compris les espèces rejetées) ou d’espèces choisies comme indicateurs, par
flotte et par an ; (viii) (ix) Incidence des engins et des activités de pêche sur l’habitat physique ;
(x) modifications des habitats vitaux entraînées par des activités non halieutiques économiques :
Les informations à caractère socioéconomiques sont :(xi) revenu moyen par unité de pêche et par
an, pour toutes les flottes ; (xii) Coûts par unité de pêche et par an ; (xiii) rentabilité de chaque
flotte (faute de données économiques détaillées, v ; (xiv)destination des débarquements de
chaque flotte et détermination de la dépendance de la pêcherie à l’égard d’autres segments de la
communauté (industriels, grossistes, etc.). Sociaux ; (xv) nombre total de pêcheurs employés
dans chaque flotte ; (xvi) nombre total de personnes employées dans des activités halieutiques ou
14
à terre, par flotte, et par sexe et groupe d’âge le cas échéant ; (xvii) dépendance des pêcheurs et
des travailleurs à terre pour leurs moyens d’existence pour chaque flotte.
Il ne suffit pas, dans les pêcheries modernes, d’essayer de répondre à ces questions de façon
intuitive, ou en donnant l’opinion, sans preuves à l’appui, d’autres personnes. Le gestionnaire
devrait être capable de répondre à toutes ces questions en utilisant de bonnes informations
exactes et récentes, notamment les informations vérifiables fournies par les parties intéressées,
qui lui permettront de justifier sa réponse et d’en démontrer les raisons. Les données recueillies
dans la pêcherie représenteront d’ordinaire la principale source d’informations dont disposera le
gestionnaire.

 Sources de données à collecter


Les sources d’information de données de pêche (les plus fiables et disponibles) en tenant compte
également des connaissances traditionnelles relatives aux ressources et à leur habitat, ainsi que
des facteurs environnementaux, économiques et sociaux pertinents. Pour cela, il indispensable
que l’organisme de gestion utilise au mieux les sources ressources humaines et financières
disponibles en vue de s’assurer que les informations les plus utiles de la pêcherie soient
constamment recueillies, qu’elles soient exactes, et traitées et conservées de manière telle qu’on
puisse facilement y avoir accès et les utiliser.

 Traitement et analyse de données


Après la collecte, il convient de bien compiler, traiter et analyser ces données, afin d’en extraire
les informations pertinentes qui seront utiles au gestionnaire. Dans la plupart des organismes,
c’est le département ou le service scientifique qui est chargé de traiter et d’analyser les données
scientifiques de base. Les données recueillies doivent être analysées et traitées, ce qui est
normalement la tâche des experts des pêches, des économistes et des spécialistes des sciences
sociales, afin d’examiner les particularités de la pêcherie et les caractéristiques de ses résultats
qui présentent un intérêt pour les responsables des décisions.

 Utilisation de l’information
Il sera question d’examiner comment les résultats de ces analyses peuvent et devraient être
utilisés. L’utilisation des résultats fournis par les analyses en vue d’informer les responsables des
décisions, constitue une partie importante. Ces dernières années, il y a eu une prise de conscience
plus nette de la valeur des connaissances et des idées qu’ont les utilisateurs de la ressource, y
compris du savoir traditionnel. Le Code de conduite pour une pêche responsable en précisant :
15
« les Etats devraient enquêter et recueillir une documentation sur les technologies et les
connaissances traditionnelles en matière de pêche, mises en œuvre en particulier dans le secteur
des pêches exercées à petite échelle, en vue d’évaluer leur applicabilité pour une conservation,
un aménagement et une mise en valeur durables des pêcheries ».

0.6.1.12. Système de collecte de données de pêches en RDC (Kapuma, 2012),


Outrele décret -loi de 1937 sur la pêche et la chasse en RDC (un projet de loi portant code de la
pêche et d’aquaculture RDC 2010 a été élaboré pour son remplacement), la collecte de données
de s’appuie également sur les documents légaux suivants :
(i) le Plan Directeur de Pêche de 1987 ; (ii) le Code de Conduite pour une Pêche Responsable de
1995; (iii) colloque National sur les priorités du développement de la R.D. Congo, Kinshasa,
1997 ; (iv) Plan d’action triennal 1998-2000, traduit en Programme National de Relance
Agricole et Rural, (v) Forum sur la politique de la pêche 2000. ; (vi) Politique Nationale de
Pêche et d’Aquaculture, 2012.
Bien que la RDCpossède un important potentiel halieutique évalué à plus de 700 000 tonnes de
poissons lié principalement à son vaste réseau hydrographique (86000km²) et à son bassin
favorable au développement de la pêche, cependant, les données sur les ressources halieutiques et
leur stock sont souvent fragmentaires et les évaluations parfois anciennes sont rarement réalisées
de façon régulière. Ainsi, le renforcement du système de collecte et de traitement des statistiques
de pêche est une priorité, car les lacunes importantes de ce système entravent la bonne gestion et
le développement de ce secteur.
Le système de collecte de données de pêche utilisé en RDC, comprend : (i) l’exploitation des
rapports des Inspecteurs Provinciaux du Ministère de l’Agriculture et du Développement Rural ;
(ii) les enquêtes cadres (EC) ensemble des matériels qu’on utilise pour capturer les poissons) ;
(iii) l’enquête d'évaluation de capture (EEC) ainsi que les rapports des partenaires internationaux
qui évoluent dans le secteur de pêche. En tout état de cause, tous ces types d’enquêtes permettent
de connaitre, le nombre des pêcheurs, le nombre des unités de pêche (=embarcation + engin) et
leur mode de propulsion ; les spécificités des outils de pêche ; le volume des captures par
espèces ; la valeur des captures par espèce, etc.
En RDC, deux enquêtes cadres ont été réalisées hormis les travaux que réalise le SENADEP dans
le même sens. La première enquête en 2003 qui a couvert le Pool Malebo (fleuve), la Côte
Atlantique et l’Estuaire a été financée par la FAO sur demande du Gouvernement.
Malheureusement, cette enquête n’avait pas couvert l’ensemble des plans d’eau du pays et n’était
pas achevée suite à la limite des fonds. La deuxième enquête cadre régional au lac Tanganyika
16
conduit en avril 2011 avec l’appui de l’Autorité du Lac Tanganyika (ALT) avait dénombré le
long du littoral congolais, 304 villages de pêcheurs sur une longueur de côte de 650 km,
361sitesde débarquement ; 51.652 pêcheurs ; 16.254 unités des pêches. Jusqu’en 2012, il était
difficile de présenter les statistiques réelles de pêche car il n’existait pas encore au pays un
système permanant de collecte des statistiques de pêche qui couvre l’ensemble du territoire
national. Bref, les données existantes sur la production nationale sont estimatives, par manque
d’un système permanent de collectes des données statistiques de pêche en RDC.

Contraintes/blocages au système de collecte de données en RDC


Les goulots d'étranglement majeurs auxquels sont confrontés la collecte, l’analyse et le traitement
de données dans le pays sont notamment : insuffisance des moyens financiers alloués au secteur
de pêche ;insuffisance des cadres formés en statistiques de pêche ; manque d’un système
permanent de collecte des données de pêche ;absence d’un plan national cohérent de collecte des
données applicable à tous les plans d'eau du pays ;le télescopage, l’absence de collaboration entre
divers services impliqués dans le secteur de pêche.

0.6.2. Cadre théorique de la recherche


Au fur et à mesure que les milieux naturels subissent une surexploitation de leurs ressources, les
espèces naturelles continuent à connaître des déclins à travers le globe. Les principales causes
des déclins des populations sauvages dans les pays sous-développés sont la croissance de la
population humaine, la fragmentation de l’habitat, les pratiques inadéquates d’utilisation et de
gestion des terres, l’absence d’alternatives économiques, sociales l’existence de conflits
politiques, ainsi que l’utilisation abusive ou non durable des ressources naturelles (Fitzgibbon et
al. 1995 ; Burkey 1997; Myers et al. 2000; Kideghesho et al. 2007; Plumptre et al. 2008 cités
par Kujirakwinja, 2010). D’après ces auteurs, le degré de ces menaces est plus important dans les
régions où la densité humaine est très élevée dépendant directement des ressources naturelles
pour subvenir à leur survie (particulièrement les besoins en protéines) ou pour des revenus
économiques (ex : commerce de la viande de brousse, ivoire ou trophées) et l’exploitation des
ressources halieutiques.
La conservation des zones humides d’eaux douces, où se pratiquent les pêches, est confrontée
aux mêmes problèmes humanitaires, surtout avec l’explosion démographique d’Homo sapiens
estimée à 7,3 milliards en 2015 alors qu'elle était estimée à 7 milliards au 31 octobre 2011, à 6,1
milliards en 2000, entre 1,55 et 1,76 milliard en 1900 et de 600 à 679 millions d'habitants vers
1700 (http://fr.wikipedia.org/wiki/Population_mondiale).
17
De ce fait, Katherine indique que la responsabilité humaine (via l’agriculture et l’industrie)
pourrait être au moins en grande partie à l’origine de la relative brusque disparition des forêts
tropicales d’Afrique centrale à travers une déforestation active qui a augmenté l’érosion,
intensifié les intempéries et asséché cette partie de l’Afrique » (www.nature.com/news/humain-
implicated-in-africa-s;deforestation-1100011.
Ainsi, l’impact négatif de notre génération sur les générations futures conduit au déséquilibre
socio-économique intolérable: 1,2 milliard d’êtres humains souffrent de la faim ;
(http://www.notre-planete.info/actualites/actu_2026.php). Seule l’instauration de l’économie
basée sur la gestion durable des ressources pourrait sauve l’humanité de la disparition. A notre
avis, la gestion durable des ressources halieutiques et de la pêche est l’une des meilleures
stratégies à promouvoir.
Et comme l’indiquent FAO (1995), dès les temps les plus reculés, la pêche a été une source
majeure de nourriture pour l’humanité, assurant un emploi et des avantages économiques à ceux
qui la pratiquaient. Il était admis que les ressources aquatiques étaient un don de la nature d’une
abondance illimitée. Mais avec l’enrichissement des connaissances et de développement
dynamique du secteur des pêches qui ont suivi la deuxième guerre mondiale, ce mythe s’est
évanoui lorsqu’on a pris conscience, que les ressources halieutiques, quoique renouvelables, ne
sont pas infinies et doivent être convenablement gérées si l’on veut maintenir leur contribution
au bien être nutritionnel, économique et social d’une population mondiale croissance.
C’est dans ce cadre que l'élan de solidarité dont fait montre la communauté internationale depuis
la fin de la seconde guerre mondiale sur les questions cruciales qui interpellent l'humanité, n'a
pas épargné la problématique de la conservation de la biodiversité notamment aquatique. De
l'adoption de la convention des Nations Unies sur le droit de la mer en 1982 jusqu'au sommet de
la Terre à Durban (Afrique du Sud) en 2002, en passant par l'adoption de la convention sur la
diversité biologique en 1992 et de la convention de Ramsar sur les zones humides du 02 février
1971ainsi que celle du code de conduite pour une pêche responsable élaboré par la FAO en 1995,
la volonté politique de promouvoir une meilleure utilisation des ressources marines et
continentales se précise de plus en plus.
Cette grande mobilisation des décideurs s'explique par le fait que notre planète est confrontée à
une sérieuse crise des pêches qui risque de compromettre la survie des communautés de
pêcheurs. En effet, les problèmes de la pêche ne se posent plus seulement en terme économique.
Ils intègrent dorénavant la dimension environnementale en raison de la dégradation des
ressources halieutiques qui s'accentue sous l'effet combiné de l'accroissement rapide de la
population, de la croissance économique et des moyens technologiques. A titre d’exemple, de
18
1950 à 1990, les captures mondiales des organismes aquatiques n’ont cessé de croître (3,2
%/an)mais se sont stabilisés autour de 90 millions de tonnes tandis que la consommation des
produits aquacoles ne fait qu’augmenter passant de 95,6.106 tonnes en 1990 ; à 120millions de
tonnes en 2000 et 128 millions de tonnes en 2010, soit une offre de poissons destinés à la
consommation humaine de 19 Kg de poissons frais par habitant par an mais avec une grande
disparité selon les pays (Japon: 70,8 kg/habitant/an, Union Européenne: 24 Kg/habitant/an, Asie
du Sud: 5 Kg/habitant/an. Ceci n’a été possible que grâce au développement spectaculaire de
l’aquaculture (59 millions de t en 2010). Tout ceci démontre à suffisance que « le monde a faim
et va avoir de plus en plus faim de poissons (http://www.fao.org/dcrep/009/a0750f/a0750f00.htm
et http://ec.europa.eu/news/agriculture/070330_1_1fr.htm)
Dans le monde, 148 millions de tonnes de poissons ont été commercialisés (pêche +
pisciculture) équivalant à US $217.5 milliards en 2010. En Afrique, la pêche en mer a
beaucoup progressé au cours de ces 30 dernières années et la plupart des stocks seraient
pleinement exploités. Au Sénégal par exemple, les captures ont baissé de plus de 10% depuis
1997 Des prévisions annonçaient une baisse de production de poisson par habitant de 34,8 Kg à
23,9 Kg/an entre 1995 et 2010 (Diakhaté, 2005).
Par contre, la RDC dispose dans le domaine de la pêche d’une superficie totale évaluée à 86.080
km² avec un potentiel halieutique maximum de 707.000 tonnes de poissons par an. Plusieurs
politiques et plans d’actions de pêches ont été élaborés ; mais malgré cette volonté politique et
des efforts de réflexion fournis, la production nationale de la pêche n’atteindrait que 33.6% de
son potentiel et elle est destinée pratiquement à la consommation nationale (Mabeka, 2008). En
réalité, on constate que la quasi –totalité des écosystèmes fluvio-lacustres et même maritime du
pays sont fortement exploités voire surexploités (com. pers. J.-C. Micha, cité par Mabeka, 2008).
Le Pays est obligé de recourir aux importations de plus ou moins 150.000 t des chinchards ou
« mpiodi »chaque année, pour alimenter ses habitants à raison de 5kg de poissons par habitant
par an (http://www.fao.org/dcrep/009/a0750f/a0750f00.htm).
Aujourd'hui, la situation suscite donc beaucoup d'inquiétudes compte tenu du rôle social,
économique et nutritionnel que joue la pêche dans ce pays. La crise qu’a connu le pays durant
cette dernière décennie a fortement entravé son développement et occasionné une augmentation
de l’effort de pêche sur certaines zones hors contrôle de l’Etat. Il s’observe ainsi, une
surexploitation localisée notamment dans certaines zones telles que le lac Moero, lac Tumba
avec un coût de surexploitation auxquels s’ajoutent les risques d’érosions, de déforestation, de
pollutions des eaux, destruction des écosystèmes, d’introduction des espèces invasives, etc.
19
La pêche telle que pratiquée actuellement ne permet guère une exploitation durable des
ressources halieutiques. Depuis le début des crises politiques à répétition dans la région des
grands lacs en 1990, non seulement il y a eu la destruction des ressources naturelles des Aires
Protégées mais aussi et surtout certaines ont été utilisées comme champ de bataille de plusieurs
fractions rebelles, milices et des groupes des réfugiés qui y ont exploité les ressources pendant
longtemps.
Mughanda et al. (1991) ont démontré que l’effort totale de pêche et les captures totales ont
augmenté parallèlement et régulièrement au lac Ihema/Rwanda en 1983, atteignant 186 tonnes de
poissons capturés à 9.231 sorties de pirogues. A l’époque, la pêcherie Ihema se trouvait au
niveau de la stabilisation (156 à 199 tonne/an) pour l’exploitation essentielle de Tilapia spp. et
Clarias gariepinus.
Mbilingi et al. (2014) ont indiqué que la pêche a toujours contribué à 80% aux revenus des
ménages des communautés des pêcheurs ougandais. Cependant, depuis 2005, ce secteur a connu
une chute des captures dans les lacs Edouard, George et le chenal de Kazinga. A titre d’exemple,
de 2005 à 2014, les productions étaient de 96.000 tonnes en 2005 mais en 2009, elles sont
passées à 88.000 tonnes, 67.000 tonnes en 2011 et 52.000 tonnes en 2012. Ces auteurs indiquent
que ces réductions étaient essentiellement dues à la pêche dans les zones où la pêche est prohibée
et à la chasse des oiseaux piscivores qui étaient pourtant jadis respectées. Ils ont aussi démontré
que la pauvreté était la principalement cause de cette surexploitation. Sur base de quoi, ils ont
recommandé la création des options de subsistance en faveur des populations riveraines en vue
de contribuer à la réduction de la forte dépendance des ressources halieutiques et garantir une
gestion durable de ce lac.
La partie congolaise du lac Edouard dont les 3/4 de ses eaux font partie intégrante du Parc
National des Virunga et qui partage les frontières d’état avec l’Ouganda, n’a pas échappé à ce
phénomène. Plusieurs auteurs ont démontré que ce lac a depuis longtemps été une source
d’approvisionnement en poisson au Kivu montagneux. Malgré cette grande contribution dans
l’économie des populations riveraines, différents scientifiques ont démontré, à tour de rôle, le
caractère destructif des modes d’exploitation et des mesures de gestions appliquées.

Il résulte de ce qui précède que différents auteurs ont, chacun, développé un aspect lié à la pêche
et au méfait de l’intensification de la pêche artisanale et moderne. Globalement, ils reconnaissent
et sont conscient ou pas que partout au monde, il s’exerce une pression sur les ressources
halieutiques qui, en conséquence, constitue une menace potentielle substantielle de disparition de
certaines espèces de poissons et des effets collatéraux sur le plan écologique, économique et
social. D’autre part, il se dégage un constate que bon nombre de ces études s’intéresse peu ou
20
non aux aspects socioéconomiques relative aux populations riveraines dépendant principalement
de la pêche et rarement des pêcheurs qui connaissement pourtant mieux le lac que tous et qui
disposent une grande partie des solutions.

C’est dans ce cadre que nous sommes intéressés à déterminer les perceptions des pêcheurs par
rapport à la situation d’exploitation halieutique actuelle et aux stratégies de gestion en cours ;
ensuite d’examiner si les mécanismes de gestion mis en place sont de nature à amélioration les
conditions de vie des populations riveraines et à maintenir la conservation de la biodiversité du
parc national des Virunga. Compte tenu de l’intérêt stratégique, socioéconomique et
environnemental que revêt ce lac Edouard tant au niveau local que régional, la présente étude
compte contribuer à la recherche des orientations stratégiques devant aider les décideurs à
garantir un aménagement et une gestion intégrée de la pêche dans cette aire protégée.
21

CHAPITRE 1. PRESENTATION DU MILIEU D’ETUDE

Dans cette partie, il est question de présenter la zone d’étude dans son aspect environnemental
ainsi que la situation socioéconomique et démographique du milieu enquêté. Toutefois nous
signalons que les informations développées à ce niveau proviennent de la revue de la littérature
et de la consultation sur le terrain des personnes ressources identifiées durant tout notre séjour de
recherche au lac Edouard.

1.1. Informations générales sur le lac Edouard


A notre connaissance, il existe peu de données détaillées disponibles pour le lac Édouard. La
plupart des études réalisées sur ce lac remontent aux années coloniales, des années 90 et plus
récemment dans les années 2000. Nous présentons sommairement le résumé de quelques
recherches antérieures en trois phases telles que décrites par Van Dame (2013), à savoir : avant
1988 ; en 1988 (Vakily, 1989) et en 2006 (Petit, 2006) :

1.1.1. Situation avant 1988


Avant la création du PNVi en 1925, la région était peu peuplée et les pêcheurs pêchaient pour
leur subsistance. Après une épidémie de trypanosomiase qui a dévasté la région, la population
humaine fut évacuée à l'extérieur du parc, et les ressources de la pêche ne furent plus exploitées,
excepté sur la côte Ougandaise du lac où la pêche commerciale resta active. De 1952 à 1954 une
grande mission sur les lacs Kivu, Edouard et Albert fut organisée par la Direction de
l’agriculture du Ministère des Colonies à Bruxelles. L’étude concernait l’écologie et la
limnologie des lacs Kivu, Edouard et Albert. La mission constituée de Marcus & Marcus (1957),
Golvan (1957), Campana-Rouget (1962), Van de Ben (1959) ont, en plus de leurs études
taxonomiques, examiné aussi la question des conséquences possibles résultant de
l’intensification de la pêche. A cette fin un inventaire systématique de la faune ichthyenne a été
établi. La répartition des poissons dans les eaux du lac au large a été étudiée au moyen de
l’échosondage (Capart, 1955).

De 1949 à 1979, après la Seconde Guerre mondiale, des changements intempestifs de la structure
de gestion (COPILE à COPEVI) affecta les activités jusqu’à l’abandon progressif de certaines
missions en ne garder que la fonction administrative, en particulier dans la période après 1987,
quand une ONG néerlandaise (CEBEMO) a fourni des fonds. La dynamique de la pêche et de la
population de poissons pour cette période était pratiquement non étudiée, les seuls rapports étant
Capart (1955) et Hulot (1956). Huet (1948) avait mentionné un rendement annuel de 750-800
22
t/an en 1960, alors que la production avait augmenté après la création de COPILE pour atteindre
6000 tonnes en 1960.

Henderson et Welcomme (1974) ont proposé une relation entre le rendement de la pêche et
(IME) pour les lacs africains afin d’estimer le potentiel des pêcheries non connues. L'expression
de capture qiKg/ha = 14,3136 0,4681 IME décrit la relation des lacs l'Indice Morpho-Edaphique
qui s'approchent ou ont atteint leur niveau maximal d'exploitation. Les captures par les pêcheurs
augmentent également avec l'augmentation de la valeur de l'IME. Avec un nombre croissant de
pêcheurs par km2 la capture augmente jusqu'à une densité de 1,5 pêcheur par Km2 et puis
diminue. Les données utilisées pour le Lac Edouard (à la fois l'Ouganda et la partie congolaise)
concernent respectivement : la Surface (2300km2 ) ; (ii) la profondeur (34 m moyenne) ; la
conductivité (900 µS/cm); la Capture (16 000 t ou 16000000 kg) ainsi que le nombre de
pêcheurs (5700).

Après 1969, les statistiques de COPILE et, plus tard, COPEVI, ne représentent qu'une partie de
la capture totale. Msakirwa (1982) a estimé une production totale de 8 000 tonnes/an sur base de
données collectées par COPEVI. Vakily (1989) mentionne que les ressources en 1975 étaient
déjà surexploitées, mais il n'existe pas de données sur les captures ou de l'effort de pêche
disponibles pour soutenir cette hypothèse (Fig. 2).

Capture (tn)

Estimated total captures


10000
Estimated captures based on COPILE-COPEVI
8000
6000
4000
2000

45 50 55 60 65 70 75 80 85 90
Year
Fig. 2 : Tendances dans la capture totale annuelle de poissons dans la section congolaise du lac
Edouard entre 1945 et 1988.Les données pour 1945-1988 sont basées sur l'examen de Vakily
(1989). Le point pour 1982 de données est basé sur Msakirwa (1982) et le point de données pour
1988 sur Vakily (1989) cités par Van Dame, 2014).
23
1.1.2. Situation en 1988 (Vakily, 1989)
En appliquant la théorie de l’indice morpho-édaphique, Vakily (1989) estima le potentiel du lac
Edouard entre 15000 et 16000 tonnes de poissons par an ; sur base de quoi il détermina le quota
des pirogues et pêcheurs requis pour une exploitation rationnelle de ce lac.
En 1988, 686 petites pirogues de pêche étaient utilisées sur la partie Congolaise du lac (Vakily,
1989). Les engins de pêche étaient des filets maillants, des sennes de plage, et des hameçons et
des lignes ("Palangre"). Cet auteur n’estima que 45 pirogues de pêche qui utilisaient
exclusivement des sennes de plage, 469 pirogues des filets maillants et 12 pirogues des lignes et
hameçons. Les captures se composaient principalement d’Oreochromis niloticus (eduardianus),
Bagrus docmac, Protopterus aethiopicus (aethipicus) et Clarias gariepinus. Oreochromis était
vendue frais ou séché, salé ou fumé. Les autres espèces étaient vendues séchées, salées ou
fumées (Figure 3)).

Fig. 3 : Composition des captures dans le lac Edouard en 1988 (Vakily, 1989)
Vakily (1989) a estimé un rendement total annuel de 10719 tonnes dans le secteur congolais du
lac (fig. 3) sur base de données de l’AGRIPEL. Pour la partie Ougandaise du lac, il estime à
3000 t/an, sur base de résultats non publiés.

1.1.3. Situation en 2006 (Petit, 2006)


En 2006, sur demande de l’ONG VECO en collaboration avec l’ONG SYDIP, Dr Philippe
PETIT avait dressé un bilan déplorable sur la recrudescence de la pêche illicite sur le lac
Edouard. Il fit plusieurs observations qui confirment celles initialement faites par Vakily en
1988 :
24
 Les méthodes et matériaux de pêche utilisés étaient similaires à celles décrites en 1988.
 les zones de «frayères» étaient exploitées de manière intensive en utilisant des sennes de
plage;
 Les palangres étaient encore d’usage pour la capture de Clarias et de Protopterus.
 La "Pêche à la nasse", est une méthode de pêche illégale qui est normalement utilisée dans les
canaux des rives du lac souvent créé par les hippopotames lorsqu'ils quittent le lac et
remontent sur les rives en traversant les roseaux.
 La COPEVi et l’ICCN ont perdu le contrôle du lac et sont dépourvus des ressources
nécessaires pour exercer leurs missions respectives de protection et de règlementation de la
pêche ;
 Emergence des pêcheries pirates des chefs coutumiers et création des coopératives
(SAGICOM, COPALU, ADEPAK, etc.) en concurrence déloyale à la COPEVI ;
 Surpeuplement des villages de pêche sous l’impuissance de la COPEVI ;
 Prolifération des services étatiques et des installations de plusieurs organisations
socioprofessionnelles dans les enclaves de pêche
 Intensification de la pêche illicite et anarchie totale sur l’ensemble du lac
 Les organisations de pêcheurs ont gagné en puissance par rapport à 1998. Ces organisations
furent créées par les pêcheurs opposés à la pêche illicite et à la diminution des stocks de
poissons.
Tout en reconnaissant globalement la valeur scientifique et la fiabilité de diverses informations
issues des recherches antérieures, il sied tout de même de souligner qu’elles présentent quelques
limites résultant de leur caractère sectoriel dans l’analyse des situations d’exploitation et de
gestion des ressources halieutiques. Cette crise d’approche holistique, participative et inclusive,
se traduit par la non prise en compte des enjeux sociodémographiques en perpétuelle progression
géométrique extrême (environ 200 habitant au km²) se manifestant en termes de surpeuplement
humain (près de 76000 habitants en 2013) dans les villages de pêche autour et à l’intérieur du
parc face à un potentiel halieutique en déclin continu au cours de 19 dernières années.

1.2. Description générale du lac Edouard

1.2.1. Cadre géographique

Le lac Edouard occupe une portion du vaste « graben » de l’Afrique Centrale, un système
d’immenses dépressions bordées de chaînes de montagnes qui s’étend de la Syrie au
Mozambique. Situé à 920 m d’altitude, ses coordonnées géographiques sont les suivantes :
25
Nord (Equateur passe à 9 km au Nord de l’extrémité du lac); Sud (0°45’ de latitude Sud) ;
Ouest (29°15’ de longitude Est) et l’Est (29°55’ de longitude Est). La partie sud du lac est bordée
par la vaste plaine alluviale qui est parcourue par les deux affluents importants du lac, les rivières
Rwindi et Rutshuru. Le delta de la Rutshuru sépare les baies de Kabale et Vitshumbi, de grandes
baies peu profondes et assez vaseuses. La plaine continue le long de la rive sud-ouest du lac
avec deux autres affluents : la Lula aboutissant au fond de la baie de Kamandi, et la Taliha, dont
le delta sablonneux sépare la baie de Kamandi de celle de Taliha. A partir de la Taliha, la rive
ouest est bordée sur toute sa longueur par un escarpement rocheux, dont les pentes fortes
continuent sous le plan d’eau du lac. Ce n’est pas très loin de la côte que l’on trouve l’endroit le
plus profond du lac. Dans la rive nord, le lac est alimenté principalement par la rivière
Nyamugasani, au nord, qui draine la partie sud-ouest des montagnes de Ruwenzori, et au sud, les
rivières Ishasha, Rutshuru et Rwindi. Il reçoit aussi le chenal de Kazinga, qui le relie au lac
George situé en territoire ougandais, mais la contribution de ce dernier aux eaux du lac est faible
par rapport à celle des rivières. La rivière Semliki, le seul déversoir du lac Edouard, connecte
celui-ci avec le lac Albert. A l’est, en Ouganda, le Chenal de Kazinga, fait 40 km de long pour
une largeur maximale inférieure à 1 km, forme une communication avec le lac George. Ce
dernier, d'une superficie totale de 270 km2, est situé dans une cuvette très peu profonde du Rift
(2,5 m de profondeur moyenne). Sa
profondeur maximale est de 7 m, mais il dépasse très rarement 3 m de profondeur.
Ainsi, d'un point de vue géographique, il peut être considéré comme étant un simple appendice
du lac Édouard. Enfin, ces deux lacs sont entièrement inclus dans des parcs nationaux et ceci tant
du côté congolais qu'ougandais. Sur toute la longueur de la côte congolaise existe trois villages
pour accommoder les pêcheurs : Vitshumbi dans le sud, Kyavinyonge dans le nord et
Nyakakoma au Sud-est du lac. A ceux-ci s’ajoutent, plus de 7 autres pêcheries installées
illégalement par certains chefs coutumiers en violation des textes régissant la pêche à l’intérieur
du parc.
26

Sites
d’étude

Fig. 4 : Carte du lac Edouard, ses principaux affluents et Villages de pêche légaux et illégaux
d’après Vakil (1989) modifié par nous.
27

1.2.2. Superficie, dimensions et caractère transfrontalier du lac Edouard

Le lac Édouard a une superficie de 2240 km², dont 1630 km² se trouvent en République
Démocratique du Congo (73%) et 600 km2 en Ouganda (27%). Ayant la forme ovale, le lac
Edouard a une longueur maximale de 90 km et une largeur maximale de 40 km. La profondeur
maximum est d’environ 117 m, tandis que la profondeur moyenne est évaluée à 33 m mais celle-
ci est inégalement répartie (Petit, 2006). Dans les eaux ougandaises, la profondeur moyenne est
de 17 m mais elle ne dépasse jamais 40 m de profondeur. Par contre, du côté congolais, le lac est
plus profond, sa profondeur moyenne se situe à 40 m et la profondeur maximale de 117 m n'est
atteinte seulement qu'à 5 km de la côte congolaise qui à cet endroit, s'élève brutalement vers des
reliefs dépassant 2500 m d'altitude. Ces eaux plus profondes sont moins productives que dans la
partie ougandaise où la pente est beaucoup plus douce (René, 1992 cité par Nshombo, 2013). Le
tableau 1 résume la distribution des zones différentes de profondeur pour le lac en total et séparé
par pays

Tableau 1. Répartition des zones de profondeur au lac Edouard

Profondeur (en cm) Superficie (Km²)


RDC Ouganda Total
0- < 5 156 104 260

5 - < 10 109 98 207


10- < 20 197 162 359
20- < 30 201 175 376
30- < 40 249 71 320
40- < 50 194 - 194
50- < 60 134 - 134
60- < 70 106 - 106
70- < 80 106 - 106
80- < 90 59 - 59
90- < 100 71 - 71
100- 117 48 - 48
Superficie totale (en km²) 1630 610 2240
Profondeur moyenne (en cm) 40 17 33

Source : Vakily (1989).


28

Fig. 5 : Carte du Lac Edouard intégré dans le complexe transfrontalier du Parc National des
Virunga (RDC) et dans le Queen Elizabeth National Park (Ouganda), d’après (LANGUY et al.
2006)

1.2.3. Climat

Les conditions climatiques au lac Edouard sont caractérisées par deux saisons sèches de
températures moyennes particulièrement stables. Les saisons sèches sont normalement limitées
aux mois de Juin-Juillet et Décembre-Janvier. De données datant de l’année 1995 (Verbeke,
1957 cité par Vakily, 1989) montrent des températures de l’air moyennes variant au cours de
l’année de 21°C à 24°C, les températures minima et maxima étant de 15°C et 30°C
respectivement. Les mois les plus pluvieux sont en général Septembre et Octobre.

On peut donc s’attendre à ce que les poissons du lac Edouard se dirigent vers des eaux plus
profondes lorsque les températures à la surface sont élevées. Cette migration verticale est
probablement une des explications pour la saisonnalité des captures mentionnées par les
pêcheurs.
29
Le régime des vents sur le lac est fort régulier. Il joue un rôle important dans la pêche artisanale
en déterminant le mode d’opération des pirogues non motorisées qui utilisent des voiles
auxiliaires. A Vitshumbi, sur la rive sud du lac, un vent faible de direction sud-ouest souffle la
nuit. Ce vent tombe au lever du jour. Vers 10 heures un vent de nord-est se lève, devenant
parfois orageux au cours de l’après-midi pour se calmer en soirée

1.2.4. Embouchures, baies et frayères


L’équipe ichtyologique du Centre de Recherches en Hydrobiologie d’Uvira (CRH) a décrit et
classé les baies et frayères en deux catégories. Il s’agit notamment des embouchures des rivières
dans le secteur Est du lac et des grandes baies et lagunes permanentes situé à l’Est et au Sud
(Nshombo, 2013).

1.2.4.1. Les embouchures des rivières (Est du Lac)


 L’embouchure de Kagezi sur la rivière Ishasa, à 28 km au nord du village de Nyakakoma
sur la rivière Ishasha est caractérisé par un fond boueux et sableux et par la présence sur le
littoral des plantes aquatiques de l’espèce Phragmites mauritianus et une espèce du genre
Typha. Ce site a une largeur d’environ 100m de rayon juste à l’entrée de la rivière dans le lac.
Des plantes envahissantes telles que la laitue d’eau, Pistia stratiotes(Araceae) charriées par la
rivière Ishasha sont remarquées sur le lac dans tout le delta de cette rivière. On y trouve
également des populations envahissantes de Mimosa pigra, qui commencent à envahir les
berges, notamment celles surpâturées.
 L’embouchure de la rivière Rutshuru au sud du village de Nyakakoma d’environ 150m de
rayon et de fond boueux est caractérisée par la présence de : (1) plantes hydromorphes dont
les plus importantes sont Cyperus papyrus, Mimosa pigra, Echynocloa pyramidalis,
Aeschynomena cristata, Ceratophylum, Typha australites, et Phragmites mauritianus ; (2)
plantes envahissantes flottantes: Azolla africana et Pistia stratiotes ; (3) la présence des
poissons adultes et juvéniles ainsi que des femelles avec des alevins dans la bouche (des
genres Oreochromis et Haplochromis).
30

Photo1. Lac-Édouard vu de l'embouchure de la rivière Semliki


(Photo Matunguru, 2014)

1.2.4.2. Les grandes baies et lagunes permanentes (Est et Sud du lac)


 Baie de Kihangiro : C’est une profonde baie à fond vaseux de 200m de rayon caractérisée
par la présence des poissons juvéniles et des adultes des genres Oreochromis et
Haplochromis. La présence d’hippopotames a été notée également. Les plantes dominantes
sur les bords de cette baie étaient Typha australites et Phragmites mauritianus. La plante
envahissante rencontrée est Pistia stratiotes.
 Baie de Kibahari : C’est une baie à fond boueux de 500m de diamètre caractérisée par la
présence de juvéniles et d’adultes des poissons du genre Oreochromis et Haplochromis. Les
protoptères (P. aethiopicus et P. annectens) aux ovaires développés y ont été pêchés par les
pêcheurs locaux (Nshombo, 2013). Les plantes dominantes sont les espèces Mimosa pigra,
Cyperus papyrus, Aeschynomena cristata, Typha australites et Phragmites mauritianus.
 Baie de Kamuhororo : Longue d’environ 150m, cette mini baie est dominée par la présence
des plantes aquatiques Typha australites, Phragmites mauritianus et Cyperus papyrus. Les
espèces de poissons capturées et leurs juvéniles sot du genre Oreochromis et Haplochromis.
 Baie de Chondo : C’est aussi une grande baie d’environ 200m de rayon à l’intérieur d’une
grande baie formant un grand arc sur la côte Est du lac. Elle présente presque les mêmes
caractéristiques que la baie de Kamuhororo. Plantes aquatiques : Typha australites,
Phragmites mauritianus et Cyperus papyrus.
 Baie de Mutsimatsanga : C’est une des baies boueuses du delta de la Rivière Rutshuru de
forme circulaire à fond vaseux et aux eaux calmes. C’est une des baies permanentes à
31
l’intérieur du delta de la rivière Rutshuru. Elle est dominée par une flore aquatique
hydromorphe composée de : Typha australites (30% environ), Aeschynomena cristata (60%
environ) et Phragmites mauritianus (10% environ). Pistia stratiotes et Azolla africana
figurent parmi les plantes envahissantes de ce site.
 Baie de Kasindi port (Nord du lac) : C’est une grande baie à fond vaseux à la frontière
entre la RDC et l’Ouganda près de la rivière Lubiriya. Les plantes aquatiques Typha
australites et Phragmites mauritianus sont les plus dominantes.

1.2.4. Limnologie

Le lac Edouard possède sur plus de 90% de sa surface des eaux à fonds vaseux ou sablo-vaseux
Vakily (1989). Ce milieu vaseux est constitué principalement de matières organiques provenant
des énormes quantités de phyto et zooplanctons qui se forment annuellement dans le lac. Dans ce
cadre, il faut noter le rôle important que jouent les hippopotames, qui étaient très nombreux dans
la plupart des baies. Les fèces contribuent largement à fertiliser les eaux de ces baies en
apportant des débris végétaux. L’abondance des matières organiques crée un habitat favorable au
point de vue trophique, mais pas toujours au point de vue chimique. La consommation
d’oxygène par l’oxydation de la grande quantité des matières organiques entraîne un manque
d’oxygène pour les sédiments des eaux profondes (en général à partir de 40 m), ce qui les rend
donc inhabitables (Vakily, 1989).

Bien qu’il existe une stratification dans le lac Edouard pendant la saison sèche, le saut thermique
ne se mesure que par quelques degrés. Il suffit d’une ou deux nuits très froides pour le résorber.
Les eaux de surface et de fond se mélangent alors brusquement (« brassage »). Les données de
l’année 1953 concernant la distribution de l’oxygène (Verbeke 1957 cité par Vakily, 1989)
indiquent que le lac Edouard subit un brassage complet de ses eaux une fois par an à la fin de la
saison sèche. Ceci se produit normalement à la suite d’une baisse continuelle de la température
de surface. Suite à un brassage total, l’eau de grande profondeur remonte à la surface. Cette eau
est riche en nutriments mais d’une teneur en oxygène très faible. Le recyclage des nutriments
est, bien sûr, un aspect positif du brassage, provoquant un développement remarquable d’abord
du phytoplancton et ensuite du zooplancton. Toutefois, l’appauvrissement en oxygène des
couches superficielles peut avoir des conséquences néfastes pour la faune lacustre allant jusqu’à
une mortalité en masse des poissons (Duren et.al. 1943 cité par Vakily, 1989). Un tel phénomène
est sporadiquement observé au lac Edouard.
32
1.2.5. Faune ichtyologique du lac Edouard et ses affluents
Le lac Édouard et ses affluents abritent de nombreuses espèces de poissons (Tableau2), dont
Bagrus docmac, Barbus altianalis, Oreochromis niloticus, Oreochromis leucosticus, Clarias
gariepinus et plusieurs espèces du genre Haplochromis (Nshombo, 2013).

Le lac-Édouard est un lac pauvre en espèces de poissons, de même que le Lac Victoria et le lac
George. Il se caractérise par un groupe de poisson d’environ 30 espèces d'Haplochromis. Le
Tableau 2 présente le répertoire de la composition de sa faune ichtyologique. Paul Van Dame
(2013) a dressé une liste provisoire de 29 espèces, mais il estime que le nombre total peut être un
peu plus élevé (environ 50 espèces), en particulier parce que le lac Édouard n'a pas été étudiée en
détail.

Tableau 2. Composition de la faune ichtyologique du lac Edouard

Famille / espèces Statut Nom Nom local Références


UICN anglais
1
Cyprinidae
Barbus pellegrini (Poll, 1939) LC Barbus Voir réf. dans Snoeks et
al. (1997); Léveque et
Daget, 1984)
Barbus apleurogramma (Boulenger, LC Barbus Voir réf. dans Snoeks et
1911) al. (1997)
Barbus altianalis (Boulenger, 1900) LC Barbus Voir réf. dans Snoeks et
al. (1997)
Labeo forskalii (Rüppell, 1835) LC Kaluma Vakily (1989); Reid
(1985)
Clariidae
Clarias gariepinus (Burchell, 1822) Clarias Voir réf. dans Snoeks et
al. (1997)
Heterobranchus longifilis Hulot (1956)
(Valenciennes, 1840)
2
Cichlidae
Haplocrhomis spp. (Poll et Damas, NE Voir réf. Dans Snoeks et
1939) al. (1997); Van Oijen et
al. (1991)
Haplochromis mylodon (Greenwood, LC Van Oijen et al. (1991)
1973)
Haplochromis mentatus (Regan, 1925) NE Greenwood (1973), Van
Oijen et al. (1991)
Haplochromis limax (Trewayas, 1933) LC Van Oijen et al. (1991)
Haplochromis spp. (Regan, 1921) LC Van Oijen et al. (1991)
Haplochromis angustifrons (Boulenger, LC Van Oijen et al. (1991)
1914)

1
Barbus kerstenii (Peters, 1868), cité par Snoeks et al. (1997) probablement absent dans le lac Edouard
2
Astatotilapia aeneocolor (Greenwood, 1973), une espèce vulnerable (VU), cité par certains auteurs, est
probablement absente dans le lac Edouard, il en est de même pour Haplochromis macropsoides (Greenwood, 1973)
3 Auchenoglanis occidentalis (Valenciennes, 1840) est probablement absent dans le lac Edouard
33
Haplochromis nubilus (Boulenger, VU Van Oijen et al. (1991)
1906)
Haplochromis nyererei (Witte-Meuse LC Van Oijen et al.
et Witte, 1985) 1991;Witte-Meuse et
Witte, 1985
Haplochromis paradoxal (Lippitsch & DD Lippitsch & Kaufman
Kaufman, 2003) 2003
Haplochromis eduardii (Regan, 1921) NE Van Oijen et al. (1991)
Haplochromis eduardianus (Boulenger, LC Van Oijen et al. (1991)
1914)
Haplochromis (Trewayas, 1933) NE Van Oijen et al. (1991)
Haplochromis (Regan, 1925) NE
Oreochromis niloticus (Linnaeus, Tilapia Voir réf. dans Snoeks et
1758) al. (1997)
Oreochromis leucostictus (Trewavas, LC Tilapia Philippart & Ruwet
1933) (1982)
Cyprinidontidinae
Vitshumbiensis plocheilichthys (Ahl, LC Hulot (1956)
1924)
Micropanchax pelagicus (Worthington, LC Hulot (1956); Huber
1932) (endémique) (1996)
Anabantidae
Ctenopoma damasi (Poll et Damas, LC Hulot (1956)
1939)
Ctenopoma muriei (Boulenger, 1906) LC Hulot (1956); Gosse
(1986)
Protopteridae
Protopterus aethiopicus (Heckel, 1851) NE Dipneuste Protoptère, Vakily (1989); Gosse
marbré Hondwe (1984)
3
Bagridae [3]
Bagrus docmac (Forsskal, 1775) LC Semutundu Bagrus Vakily (1989)
Mormyridae
Mormyrus kannume (Forsskal, 1775) LC Elephant Kasulubani Vakily (1989)
snout fish

Source : Paul Van Dame (2013)


Vakily (1989), confirmé par Philippe (2006), relève l’existence d’Oreochromis leucosticus,
espèce plus rare à laquelle il n’attribue aucune valeur économique. Il en est de même de
l’existence de 20 espèces du genre Haplochromis désigné localement sous le nom de
« Kyombo ». Ces Haplochromis n’avaient pas de valeur commerciale mais étaient utilisés
comme appâts pour la pêche à la ligne. Nshombo (2013) et Van Dame (2014) et nous-mêmes,
avons fait le même constat à l’égard de ces espèces mais contrairement à ces prédécesseurs, ces
espèces de poissons sont actuellement pêchées suite à la diminution des captures des principales
espèces commerciales. Ainsi, ces poissons qui étaient qualifiés de « déchet » et servaient comme
appât pour la pêche à la ligne par les pêcheurs pendant la période d’abondante production, sont
aujourd’hui vendues dans les marchés locaux et consommés par les habitants. Dans les lacs
34
Ihema et Muhazy au Rwanda, Mughanda et al. (1991) ont fait le même constat : Haplochromis
(Hapagochromis) spp figurait aussi parmi les diverses espèces de poissons qu’ils qualifièrent
de poissons d’accompagnement sans importance économique pour la pêcherie dont la proportion
moyenne n’atteignait pas 2% des captures totales.

Tableau 3.Espèces de poissons commerciales du lac Edouard

Elles sont peu nombreuses. Nous reprenons les notes de Vakily à leur égard.

Nom commun Noms scientifiques Noms vernaculaires Abondance


Tilapia Oreochromis niloticus Tilapia/Koke/Makoke Abondante
eduardianus
Bagrus Bagrus docmac Kibonde/Munama Abondante
Barbus Barbus altianalis eduardianus Kyahulika Rare
Protoptère Protopterus aethiopicus Hondwe Fréquent
aethiopicus
Clarias Clarias gariepinus (anc. Kabambale Fréquent
Clarias lazera)
Mormyrus Mormyrus kannume Kasuluba Rare
Labeo Labeo forskalii Kaluma Rare

Sources : (Vakily 1989) ; Philippe (2006) et nos propres investigations.


35

Photo2.Principales espèces des poissons commercialisés au lac Edouard (Photos Paul Van Dame,
Octobre 2014).
Haplochromis spp. et O. leucosticus ne figurent pas sur la liste des espèces commercialisées car
elles sont capturées par des filets prohibés mais aussi leurs captures ne sont pas déclarées car ce
sont les pêcheurs clandestins qui s’en occupent.

1.2.6. Faune terrestre riveraine du lac Edouard

La faune vivant à proximité des berges du lac incluant les hippopotames des chimpanzés, des
éléphants, des crocodiles, et des lions, des oiseaux aquatiques, etc. est protégée dans le PNVi et
dans le Parc National « Queen Elizabeth ». La zone du lac héberge aussi de nombreuses espèces
d'oiseaux résidants ou migrateurs (Nshombo, 2013).En ce qui concerne la population
d’hippopotames, Vakily (1989) mentionne la présence de très nombreux hippopotames dans
chaque baie, mais déclare que la majorité de la faune locale a été exterminée durant la période
des troubles. En effet, avec l’occupation et la présence quasi-permanente des groupes armés
internes (May-May) et étrangers (FDLR) dans les principales baies et frayères du lac, et vu la
rareté des captures de pêche, ces derniers se sont rabattus sur les espèces animales dont la
population d’hippopotames a été la grande victime entrainant un déclin vertigineux de cette
population de plus 26000 (en1959) à près de 1200 (en 2010) et de 1400 individus en 2013
(Languy, 2009 ; Kujirakwinja, 201).
36

1.2.7. Juridictions et/ou organisations relevant de la pêcherie au lac Edouard


Il existe plusieurs institutions étatiques et privées impliquées dans la pêche au lac Edouard. Il
s’agit notamment des :

1.2.7.1. COPEVI (Coopérative des Pêcheries de Vitshumbi)


Cette institution est sous de noms et mandats successifs, en charge de l’encadrement des
pêcheurs depuis 1949. Le siège est basé à Vitshumbi et une deuxième station à Kyavinyonge.
Elle est, en principe titulaire exclusif du droit de pêche au lac Edouard. Elle dispose de
personnels et d’installations autour du lac. En particulier, elle est en charge de l’immatriculation
de 800 pirogues qu’elle autorise à pêcher sur le lac Edouard, ainsi que du contrôle correspondant
de la légalité de l’activité de pêche. Selon son Directeur, les revenus de la COPEVI proviennent
de ces immatriculations (US$ 25 par pirogue et par an), de la location d’une partie de ses
installations à des privées et des redevances de toutes les boutiques situées dans les enclaves. En
raison de carences redondantes en financement, la COPEVI ne dispose plus des barges et des
équipements qu’elle possédait auparavant. On comprendra que, dans sa situation financière, la
COPEVI a perdu les capacités d’assurer le maintien des effectifs de pêche tel que décrit dans le
cadre légal.

1.2.7.2. ICCN (Institut Congolais pour la Conservation de la Nature)


L’institut Congolais pour la Conservation de la Nature est représenté par les conservateurs et
gardes-parc du PNVi. Il réglemente l'accès au Parc national des Virunga et des communautés
humaines qui s'y trouvent. Il est également activement impliqué dans le projet pour la protection
des "frayères". En ce titre, son rôle consiste à protéger les zones de reproduction des poissons et
d’empêcher les pêcheurs de se transformer en braconniers. Pour l’accomplissement rigoureux de
son mandat, il dispose des éléments armés appelés gardes –parc dont certaines unités occupent le
bord du lac, dans les positions dites postes de patrouille (PP).

1.2.7.3. AGRIPEL (Service du Ministère de l’Agriculture, Pêche et Elevage)

C’est un service public avec une représentation dans toutes les pêcheries officielles et pirates. Ils
ont une grande équipe. Ils ont été actifs entre 2003 et 2014. Son rôle est d'établir des statistiques
sur la pêche, l'accostage et la collecte des données et des données commerciales, et de contrôler
la législation de la pêche concernant la taille des mailles et les méthodes de pêche. Leurs
statistiques de pêche sont résumées dans leurs rapports et envoyés au ministère de l'Agriculture
au niveau provincial.
37
1.2.7. 4. Comités des pêcheurs indépendants
Il s’agissait des comités des pêcheurs indépendants, qui étaient une organisation créée par le
M.P.R. et représentée dans tous les villages de pêche. Bien que le Comité ait été imposé aux
pêcheurs indépendants, ces derniers l’acceptent comme représentant pour défendre leurs intérêts
vis-à-vis de la COPEVI. Les comités ont pour mandat de règlementer et surveiller la mise à terre
et la commercialisation du poisson. Il est financé par des contributions non volontaires des
pêcheurs et des commerçants. Les comités des pêcheurs sont récents et ont été créés par les
pêcheurs réguliers en réaction à la multiplication de la pêche clandestine et la diminution des
stocks. Désormais légaux, ils sont reconnus par la population comme les vrais représentants des
pêcheurs indépendants. Ces comités assurent le rôle de syndicat de défense des intérêts des
pêcheurs. Ils envoient des délégations au chef- lieu de la province pour solliciter une intervention
immédiate afin de protéger les pêcheurs et neutraliser les groupes armés et autres personnes qui
protègent les clandestins.

1.2.7.5. Pêcheries et coopératives de pêche clandestines de la côte ouest du lac

La perte de contrôle du lac par la COPEVI et l’ICCN ont favorisé l’émergence de plusieurs
autres pêcheries pirates dans les baies principales du lac Edouard avec la complicité des chefs
coutumiers, des milices étrangères et locales ainsi que bien d’autres acteurs. Ces pêcheries sont
principalement localisées à Ndwali, Kamandi, Taliha, Muhiririmbo, Kisererea, Lunyasenge,
Kisaka, Kasindi port. Certaines pêcheries disposent des textes de fonctionnement délivrés par le
Ministère de l’environnement (cas de Kisaka/SAGICOM et de Lunyasenge/COPALU,
Kamandi/ADEPAK). Elles entretiennent ainsi des administrations parallèles dans la
règlementation de la pêche, en concurrence de la COPEVI).

1.2.7.6. Mouvements associatifs des pêcheurs et organisations féminines


La COPEILE (Coordination des Pêcheurs Individuels du Lac Edouard) regroupe trois Comité de
Pêcheurs des Vitshumbi, Nyakakoma et Kyavingyonge. Cette plateforme des pêcheurs assure la
coordination des activités des pêcheurs indépendants et s’occupe de la défense de leurs droits et
les intérêts vis-à-vis de la COPEVI. Elle est aussi impliquée dans le contrôle et la
réglementation interne des activités de pêche. Il existe une certaine tension entre les comités des
pêcheurs qui entretiennent des débarquements illégaux et la COPEILE. Outre les comités de
pêcheurs, il existe aussi trois organisations féminines qui sont actives dans les pêcheries :
UFEPDIP et IFED (Vitshumbi), UMAKYA (Kyavinyonge) et (Nyakakoma). L’UFEPDIP
"Union des Femmes Epouses des Pêcheurs pour le Développement Intégré du paysan », est
basée à Vitshumbi et intervient dans la commercialisation des poissons capturés par les pêcheurs
38
de Vitshumbi. L'organisation maintient le contact avec les organisations de femmes des autres
communautés. Parfois, sa relation est tendue avec les gardes-parc. L’Union des Mamans de
Kavinyonge « UMAKYA », est composée des épouses des pêcheurs de Kavinyonge. Parmi les
raisons de sa création, figurent la commercialisation des poissons, la lutte contre la pêche illégale
et contre l'utilisation des “moustiquaires», des «filets électriques", etc. Elle assure aussi des
patrouilles le long de la rive du lac, participe aux efforts de protection des ressources et
d'améliorer des revenus de la pêche. En attendant l’acquisition de l’autorisation de
fonctionnement du Gouverneur de province, l’association dispose d’une attestation de
fonctionnement provisoire délivrée localement. De plus elles ont une lettre d'acceptation de la
part du Ministère de l'Agriculture.

D’autres services étatiques tels que les tribunaux coutumiers, le poste d’encadrement
administratif, la DGM (Direction Générale des Migration), l’ANR (Agence National de
Renseignement), le Service de Quarantaine Vétérinaire, l’Armée nationale, la police nationale,
etc. y sont massivement installés.

1.2.8. Communautés riveraines du lac Edouard


1.2.8.1. Pêcheries et surpopulations
Vitshumbi et Kyavinyonge, sont les deux villages initialement autorisés à pratiquer la pêche dans
le secteur congolais du lac Edouard. Dans la partie Sud-ouest, Nyakakoma a obtenu de droit
ultérieurement, ainsi que Kisaka récemment, dans la partie centrale du lac, en territoire de
Lubero. Il existe aussi de nombreux villages le long de la côte ouest non autorisés appelés
pêcheries pirates ou clandestines. Ce qui distingue la situation actuelle de celle observée par
Vakily en 1988 et Petit (2006), est la taille des villages correspondants. Des villages mais aussi
des camps de pêche peuvent être désormais appelés des agglomérations. On rencontre plusieurs
milliers d’habitants de tous âges et catégories confondues ainsi que divers services étatiques, des
organisations non étatiques et des confessions religieuses, etc.

Comme le confirment Harroy (1987), Kujirakwinja (2006), la figure 6 démontre clairement qu’à
la création du Parc, il n’y avait presque pas de populations dans ces pêcheries, excepté à
Vitshumbi et Kyavinyonge où 92 habitations et 65 bâtiments des pêcheurs existaient déjà,
chaque ménage étant constitué de 10 personnes. Mais au fur et à mesure du temps, la taille des
pêcheries n’a cessé de subir un afflux massif. En 1959, on dénombrait 1570 habitants. Ce chiffre
s’est accru à 20330 habitants en 1994 et à 48935 en 2006. Associé à celui des pêcheries illégales
érigées sur la côte ouest (27850) à la même période, la population totale était estimée à 76515
habitants. Ces données étant malheureusement entachées d’erreurs de double comptage, furent
39
actualisées par une démarche de porte à porte qui fut réalisé par Matunguru en 2013, ce qui a
permis d’estimer ces populations à 76599 dont 32707 personnes pour les trois pêcheries légales.

40000

35000 35120

32858

30000
27850

25000
24000
Nyakakoma
Effectifs

20641 Vitshumbi
20000 20000
Kyavinyonge
Côte ouest
15745
15000
13500
12609
12218

10000
7880 7355

5000 5000 4930

1830
920
650
0 0 0
1959 1994 2005/2006 2007/2009 2013
Années

Fig. 6 : Dynamique des populations humaines dans les 4 Pêcheries du bord du lac Edouard de
1959 à 2013 (d’après : Harroy (1987), Kujirakwinja (2006) et Matunguru, 2013).

Il ressort donc de cette figure que l’explosion démographiques dans et autour du parc, constitue
un enjeu de taille dont les effets directs se manifeste directement par la surexploitation des
ressources halieutiques du lac Edouard. L’évolution de la population humaine par rapport à
l’étendue conquise par les habitants dans les pêcheries riveraines du lac Edouard de 1953 à
2013et illustré à la fig.7.
40

121210
121570

101570
76599
81570 67827
61570

41570 32000
32000
20330
21570 12000
1570
1570
1953 1963 1973 1983 1993 2003 2013
Population Supérficie

Fig. 7 : Evolution des populations et de la superficie des terres occupées dans les pêcheries
riveraines du lac Edouard. (Source : Matunguru, 2013).

1.2.8.2. Caractéristiques socio-économiques


D’une manière générale, les populations de trois villages officiels (Vitshumbi, Nyakakoma et
Kyavinyonge) sont presque exclusivement d’ethnie Nande, catholique à 55%, les diverses
communautés protestantes représentent 45%.

L’approvisionnement en eau potable constitue une problématique à Vitshumbi et Nyakakoma où


la société d’exploration du pétrole SOCO Internationale a installé des points de chloration de
l’eau du lac à partir des systèmes solaires. Par contre, à Kyavinyonge, existe un réseau de
distribution d’eau potable assuré par l’ONG VECO depuis 2006. Les boutiques sont nombreux et
bien fournies, les petits marchés sont variés et spécialisés, signes d’activités économiques
régulières et soutenues. Des structures médicales étatiques et privées existent ainsi que des
pharmacies dans lesquelles on peut observer des stocks raisonnables des médicaments essentiels
efficaces et récents. Des médecins permanents sont affectés dans les hôpitaux de Vitshumbi et
Kyavinyonge. . Selon les déclarations des pêcheurs artisanaux et d’autres habitants rencontrés, la
majorité des enfants est scolarisée, malheureusement les enseignants déplorent quelques parents
qui n’arrivent pas à payer les frais de scolarité. Il En plus des autres institutions primaires
secondaire et supérieur, il est à noter l’existence à Vitshumbi de deux seules écoles secondaires
agréées au niveau national spécialisé dans l’enseignement des techniques de pêche. Néanmoins,
l’absence de littérature et documents illustrés est un frein au développement de cette école. Des
infrastructures routières y sont aménagées dont certains sont en état de délabrement avancé et
41
d’autres plus ou moins praticables. Ainsi, quatre routes desservent le lac Edouard, entre autres :
la route de Butembo à Kyavinyonge, longue de 80 kilomètres, la route reliant Vitshumbi à
Kanyabayonga puis Goma ou Butembo, la route Nyakakoma-Goma via Ishasha et Kiwanja et la
route qui relie Beni à l’Ouganda et qui passe par Kasindi Port via Lubiriya.

1.2.8.3. Populations et le Parc national des Virunga


 Les eaux et le parc

Il est clairement écrit dans les textes légaux et conventions que la totalité des eaux congolaises
du lac Edouard font partie intégrante du Parc National des Virunga. A l’origine, les enclaves de
Vitshumbi et Kyavinyonge ont été autorisées pour assurer à la population riveraine un
approvisionnement en poissons à des prix raisonnables.

 La côte et le Parc

Comme déjà décrit par Vakily (1989), les limites du parc ont toujours été l’objet d’incessantes
contestations, jusqu’au point où certains héritiers terriens niaient encore récemment les limites
légales. La plupart d’entre eux ignorent ou rejettent les frontières du parc. Face à cette
contestation, l’ICCN et ses partenaires avaient développés, depuis 2006, un processus de
sensibilisation, d’interprétation des textes, de clarification et de démarcation des limites avec la
participation active des chefs coutumiers et leurs administrés concernés. A l’issu de différentes
étapes, les parties prenantes s’engagèrent à contresigner des procès-verbaux de reconnaissance
des limites jadis contestées. Toutefois, des politiciens en quête de positionnement électoral,
n’ont cessé d’influencer certains riverains la quasi-totalité de la rive du territoire de Lubero est
cultivée par le bananier, manioc, riziculture et maïs.

Sur le plan démographique, il faut noter que le Nord-Kivu est l’un des territoires d’Afrique sub-
saharienne où la densité humaine est très élevée. Elle est estimée entre 200 – 300 habitants au
kilomètre carré (Kujirakwinja, 2007).

Les statistiques démographiques au Nord-Kivu ne sont pas bien documentées et une bonne partie
avait été calcinée lors des troubles de libération et du volcan. Faute de données fiables, nous
avons tout de même fait la compilation de quelques effectifs de populations à partir des
différents documents trouvés dans les bureaux administratifs et à l’Institut National de Statique
(récemment installé au Nord-Kivu). L’évolution des populations autour du parc de 1983 à 2012
est illustrée dans le tableau 4.
42

Tableau 4. Population congolaise et étrangère du Nord-Kivu autour du PNVi (de 1983 à


2002)
Population congolaises et étrangères riveraine du PNVI de 1983 à 2012
Entité 1983 1994 2001 2002 2009 2010 2011 2012
Ville Goma 103119 187540 390291 422404 628352 659963 692961 735963
Nyiragongo 0 28788 41059 55436 77360 80528 84545 87081
Beni 526183 681727 0 863590 1014378 1065510 1089721 1127879
Lubero 603418 791395 0 1002516 1085117 1144689 1176415 1204485
Masisi 197126 516156 150481 236786 624155 651038 663805 669633
Rutshuru 306170 515673 411433 419273 614211 632637 651616 671164
Walikale 137305 456017 501715 505719 852549 944228 950455 953654
Ville Beni 0 0 0 0 288674 292557 310085 311629
Ville de
Butembo 0 0 0 0 587403 627610 646044 659056
Cité
Kiwanja 0 0 33953 453708 0 0 0 0
Total 1873321 3177296 1528932 3959432 5772199 6098760 6265647 6420544

Sources : (i) Rapport annuel 1983 de la Région du Kivu ; (ii) Rapport annuel de
l’Administration du Territoire, Exercice 2001 ; (iii) Rapport annuel de l’Administration du
Territoire, Exercice 2002 ; (iv) Bulletin Statistique de la population du Nord-Kivu, Exercice
2012, (v) Institut National de Statistiques du Nord-Kivu ; (vi) Statistiques de 1994, INS du Nord
Kivu.

1.2.8. Aspects régionaux dérivant du partage du lac entre la RDC et Ouganda


1.2.8.1. Caractère homogène des deux pêcheries

Les techniques de pêche, de traitement et l'inclusion des eaux du lac à l'intérieur des deux parcs
nationaux font en sorte que les caractéristiques de base de ces pêcheries sont les mêmes dans les
deux pays. Les deux pêcheries doivent faire face au même problème, c'est-à-dire la
surexploitation probable des ressources piscicoles. La réduction de l'effort de pêche entrepris par
un seul pays aurait des effets limités. D'autre part, la surexploitation demande la réorganisation
des pêcheries ce qui, dans un lac partagé par deux pays, peut se faire grâce à un accord bilatéral
portant sur les mesures d'aménagement à entreprendre.
43
1.2.8.2. Accords de pêche entre la RDC et l'Ouganda

Selon les anciens dirigeants de la COPEVI, le premier accord de pêche entre les pays riverains
date de 1978. Cette convention prévoyait la libre exploitation du lac de la part des pêcheurs des
deux pays. Le projet régional RAF/87/099 représente le point de référence idéal pour parvenir à
l'aménagement coordonné des ressources piscicoles de deux pays riverains. Projet pilote des
Pêcheries des Lacs Edouard et Albert (PLEA) figure parmi les projets que la Banque Mondiale
s’était engagée à appuyer en 2001 lors du Consortium International sur la Coopération du Nil
(CICNI). L’objectif de ce projet pilote était d’accorder un investissement et un plan de gestion
durables aux gouvernements Ougandais et Congolais, en vue de rendre possible l’usage commun
des ressources en eau et pêcheries des lacs Edouard et Albert. Dans le cadre de l’initiative du
bassin du Nil (IBN), ce projet devrait permettre aux deux pays de renforcer leur coopération en
vue d’un développement et d’une gestion rationnels et durables des entités en charge de l’eau ;
(ii) encourager la coopération bilatérale et la paix entre les communautés riveraines ainsi qu’au
niveau national au moyen des réunions consultatives ; (iii) adopter des règlements communs
dans le domaine de la pêche en vue d’harmoniser l’activité de pêches et minimiser les sources de
conflits sur les lacs ; (iv) réduire la mortalité sur les lacs en mettant en place des règlements et
des normes de sécurité. Selon les anciens experts, ce projet avait été mis en œuvre avec succès.
S’il est vrai que ces résultats ont été atteints peut-être en Ouganda, il n’existe malheureusement
aucune trace de ce projet du côté congolais, au regard de l’état de surexploitation drastique qui
sévit dans cette partie du lac Edouard. Un autre accord a été signé en 2014 entre les
Gouvernement de deux pays, via leurs ministères de l’Agriculture pour les lacs Edouard et
Albert (projet LEAF). Financé à la hauteur de 45 million d’euros pour une durée de cinq ans,
cette deuxième phase vise à consolider les acquis de la première phase du projet. Dès lors, des
réunions des experts ne cessent de se tenir dans la région pour l’étude de faisabilité du
programme. Les activités devraient commencer en Mars 2015

1.2.9. Délimitation de l’étude

Bien que les ressources halieutiques soient exploitées sur tous les cours d’eau et lacs du territoire
national, la présente étude se focalise essentiellement sur les perceptions de la surexploitation
halieutique et des stratégies de gestion de la pêche par les pêcheurs artisanaux du lac Edouard,
Parc National des Virunga, Province du Nord-Kivu, en République Démocratique du Congo.
Pour réaliser cette étude, nous avons choisi quatre sites de recherche dont deux pêcheries
officielles (Vitshumbi et Kyavinyonge) et deux pêcheries clandestines de la côte ouest du lac
44
(Lunyasenge et Kisaka). Le choix porté sur ces deux types de sites se justifie par les raisons
fondamentales suivantes : (1) d'une part, Vitshumbi, Kyavinyonge constituent les enclaves de
pêche officielles de la COPEVI (Coopérative de pêche de Vitshumbi) et régies par une
convention de collaboration avec l’ICCN. (2) d’autre part, ces villages sont aussi anciennes,
densément peuplées et fournissaient, dans le passé, à elles seules la grande partie de la
production totale du lac en poissons. Elles sont non seulement touchées par la diminution des
ressources halieutiques mais aussi elles reçoivent beaucoup d'interventions des organismes
internationaux tels que l’ACF-UK, WCS, WWF, GO, des associations de développement tels
SYDIP, Réseau CREF, SOPR, PADERU, voir des institutions étatiques…

Par contre, les deux derniers sites figurent parmi les dix pêcheries clandestines qui se sont
développées sur la côte ouest du lac au cours des dix-neuf dernières années. Elles figurent parmi
les pêcheries de cette contrée qui occupent illégalement plus de trente-deux mille hectares des
terres du par cet qui constituaient le corridor écologique. Leurs responsables sont essentiellement
des chefs coutumiers qui ont toujours revendiqué les droits d’accès au lac à l’instar des
territoires de Rutshuru et de Beni où sont respectivement installées les pêcheries de Nyakakoma,
Vitshumbi et Kyavinyonge. Les données issues de ces deux tendances divergentes nous ont
permis d’avoir une compréhension plus ou moins globale sur la perception des différentes parties
prenantes sur l’état des lieux de la pêche, du milieu lacustre ainsi que des mesures de gestion en
cours ; ce qui nous a ensuite permis d’extrapoler les conclusions sur l’ensemble des pêcheries et
par voie de conséquence de proposer des orientations stratégiques qui intègrent les aspirations
socio-économiques et des exigences de la conservation de la biodiversité au parc national des
Virunga.
45

Kyavinyonge
ge

Kisaka

Lunyasenge

Vitshumbi

Fig. 8 : Pêcheries légales et illégales de la partie congolaise du Lac Edouard (Image


LANDSAT) (d’après Van Dame, 2014).

1.2.10. Structure de l’étude


Hormis l’introduction générale, la conclusion et perspectives, ce travail comprend quatre
chapitres. Le premier chapitre décrit le milieu d’étude du milieu d’étude. Le deuxième chapitre
porte sur le matériel et méthodes utilisés. Le troisième chapitre est consacré aux résultats obtenus
tandis que le quatrième chapitre s’articule autour des discussions et conclusions.
46

CHAPITRE 2. MATERIEL ET METHODES

2.1. Matériel biologique et technique


Dans le cadre de cette étude, notre matériel biologique est constitué de la population humaine et
des poissons. En ce qui concerne la population d’étude, les catégories suivantes ont fait l’objet
d’entrevue : (i) professionnels de la pêche (pêcheurs-armateurs) ; (ii) acteurs indirects de la
pêche (gestionnaires du parc et des pêcheries ; (iii) autorités politico-administratives et militaires,
(iv) services techniques administratifs étatiques ; (v) ONG internationales et locales ; (vii)
organisations féminines ; (viii) écoles, habitants, etc.

Le matériel technique est constitué de deux catégories : (i) matériel et fournitures de bureau et
(ii) les instruments techniques. Les matériels et fournitures sont faits des lap top, appareil photo,
flash disque, blocs notes, stylo, flip chart, marqueurs, etc. Les instruments techniques sont
notamment la balance, le peson et la toise qui ont permis de déterminer respectivement les
mesures (poids moyen, longueur totale ou standard des espèces des poissons) et dimensions des
unités et engins de pêche.

2.2. Méthodes
Dans cette étude, nous avons recouru à deux approches méthodologiques. Il s’agit notamment
de la méthode empirique soutenue par la revue documentaire en rapport avec le sujet de
recherche, puis la collecte des données primaires sur le terrain. Cette dernière démarche était
appuyée par la technique quantitative et les entretiens avec les personnes ressources. En d’autres
termes, cette étude s'articule autour de trois techniques et/ou étapes méthodologiques suivantes :

 Analyse documentaire ;
 Collecte de données de terrain ;
 Traitement et analyse des données.

2.2.1. Analyse documentaire

Elle nous a menés dans divers centres de documentation répartis entre les institutions
universitaires, organismes de recherche et services public. Elle nous a permis de comprendre les
différents aspects de la pêche artisanale en RDC et sa contribution dans l'économie ainsi que les
47
problèmes auxquels elle est confrontée. Nos principales sources d'informations proviennent de
plusieurs ouvrages spécialisés, de textes et rapports, d'articles de journaux ainsi que des sites web
des organismes spécialisés sur les questions de recherches liées à la pêche. Pour l'essentiel, les
documents sont classés en trois catégories : les ouvrages d'ordre général, ceux spécifiques
portant sur la problématique de la gestion des ressources halieutiques et les études faites sur le
lac Edouard. Le résumé des recherches antérieures se trouve dans la revue bibliographique.

2.2.2. Collecte de données de terrain


2.2.2.1. Données quantitatives

Elles se résument à l'interview directe qui a été faite à l'aide d'un questionnaire administré aux
armateurs-pêcheurs (voir annexes1).C'est pour être sûr de rencontrer de véritables professionnels
de la pêche que nous avons choisi d’interroger les pêcheurs en raison de leur connaissance du
milieu lacustre et de leur ancienneté dans le métier. L’armateur est le propriétaire de la pirogue,
des équipements de pêche ainsi que les pêcheurs à bord. Il est chargé de mener les opérations de
pêche et de cibler les espèces à capturer. La méthode statistique d'échantillonnage a été utilisée
pour interroger ces personnes. C’est le choix raisonné. Nous avons pris un échantillon de 10
pêcheurs par pêcherie sur les 4 pêcheries d’étude. L'échantillon comprend globalement
44armateurs - pêcheurs interrogés. Il a été administré par nous-mêmes et ce, en quatre étapes
chez un même pêcheur afin d’établir les relations de confiance envers les répondants d’une part
mais aussi d’approfondir l’état de la question d’autre part. La finalité était d’obtenir un optimum
d’informations fiable et complète qui font ressortir le caractère d’unicité des sentiments de la
population vis-à-vis de la thématique traitée, plutôt que d’interroger rapidement un grand nombre
d’individus qui fourniront une multitude d’informations superficielles et non crédibles. Ainsi, 65
jours (soit, du 11 octobre au 15 décembre 2014ont été consacrés à la collecte de données de
terrain dans l’ensemble de quatre villages. Les informations concernent à la fois les données sur
la situation actuelle de l’exploitation de la pêche dans les pêcheries du lac Edouard (zones de
pêche, engins de pêche, l’estimation des unités de pêche, l’effort de pêche, les captures des
poissons pour les 5 dernières années ; ainsi qu’un suivi expérimental de 20 jours sur 10 pirogues
incluant particulièrement les paramètres liés aux poids et tailles des espèces de poisson).
Ensuite, une évaluation de l’organisation et fonctionnement du système de collecte de données
de pêches existant a été faite. , ).
48
2.2.2.2.. Enquêtes qualitatives

Elles concernaient uniquement les entretiens semi-structurés et les focus group (Annexes2).
Nous avons consulté61 représentants des institutions étatiques et privées du niveau local que
provincial qui appuient directement les efforts de règlementation de la pêche au lac Edouard
(Tableau 5) Il s’agit entre autres, de l’administration, services techniques étatiques spécialisés,
gestionnaires du Parc et de la pêche, organisations non gouvernementales y compris les
organisations féminines, les militaires, les institutions scolaires et universitaires, et bien d’autres
catégories socioprofessionnelles. Des entretiens ont été réalisés avec chacune de ces catégories
autour de la rareté des ressources halieutiques, des modes d'exploitation de la pêche ainsi que
des aspects de gouvernance de la pêche (Annexe 3). Nous avons aussi organisé des focus group
discussion sur les plages et partout où cela était possible. Nos cibles principales étaient les jeunes
pêcheurs et ceux en retraite.

Tableau 5. Personnes ressources pour les entretiens semi-structurés et focus groupe

N0 Personnes ressources Nombre


Autorités politico-administratives et coutumières (CPEA, chef
1 coutumiers) 7
2 Gestionnaires de l'ICCN (conservateurs et gardes) 3
3 Gestionnaires de la COPEVI 5
4 Pêcherie NDEZE 3
Gestionnaires de 3 pêcheries côte ouest (COPALU, SAGICOM
5 et ADPAK) 6
ONG internationales de conservation (Fondation Virunga,
6 WCS) 4
Officiers de pêche du Service de l’Agriculture, Pêche et
7 élevage 8
8 Associations féminines (IFED, IFEPDIP, UMAKYA) 3
ONG locales (SYDIP, CREF, SOPR, IDPE, PADERU,
9 CREDDHO) 6
10 FARDC (Infanterie, Force Navale) 4
11 Police Nationale Congolaise 4
12 Confessions religieuses (Catholique, Protestants, autres) 3
13 Ecoles primaires et secondaires : 3
14 Institutions universitaires et supérieures 2
Total 61

2.2.2.4. Technique d’observation


L’observation a constitué un élément déterminant de notre dispositif méthodologique. En effet,
les moments d’observation ont été mis à profit pour notamment identifier non seulement les
49
différentes espèces des poissons capturées durant notre séjour ; mais aussi, les outils de pêche
utilisés, et surtout certaines réalités de la pêche que nous n’avions pas saisies durant les
entretiens organisés.

2.2.2.5. Travaux en atelier sur l’exploitation et la gouvernance de la pêche

Pour compléter et approfondir nos investigations sur notre thème de recherche, nous avons
participé à un atelier qui avait regroupé 38 participants constitués des représentants des pêcheurs
artisanaux de 11 pêcheries du lac Edouard, et des partenaires étatiques et du secteur privé
intéressés par la pêche au lac Edouard. Tenues à Goma, le 24 Octobre 2014 sous le haut
patronage du Gouverneur de province du Nord-Kivu et avec la participation active du Ministre
Provincial de l’AGRIPEL du Nord-Kivu, ces assises ont été réalisées avec le concours de
l’UICN NL en collaboration avec ses partenaires opérationnels du lac Edouard, bénéficiaires
dudit projet. Au terme de cinq présentations et travaux en carrefours thématiques cadrant avec
l’exploitation et la gouvernance du lac Edouard, nous avons pu capitaliser les acquis de cet
atelier qui ont enrichi davantage nos résultats. Nous avons personnellement fait une restitution
des résultats partiels de nos investigations durant les vingt premiers jours de notre recherche dans
la pêcherie de Vitshumbi ; ce qui nous a permis d’attirer davantage l’attention des participants et
d’éveiller leur conscience sur la situation actuelle d’exploitation et de gouvernance des
Ressources Halieutiques du lac Edouard. Au terme d’un débat houleux, les amendements des
résultats des travaux en carrefours ont été approuvés en plénière.

2.2.3. Traitement et analyse des données

Les données recueillies sur le terrain ont été dépouillées, saisies et traitées en Excel et enfin
analysées en SPSS, version 17. Les résultats obtenus sont répartis en cinq grandes parties.
50

CHAPITRE 3. PRESENTATION DES RESULTATS

Dans ce chapitre, nous nous attelons à la présentation de diverses informations collectées au


cours de nos investigations. Les résultats obtenus sont rangés en cinq aspects principaux
suivants : (i) caractéristiques sociodémographiques des armateurs-pêcheurs enquêtés, (ii) l’état
des lieux de l’exploitation halieutique du lac Edouard ; (iii) l’état de lieux du système de suivi et
de collecte de données de pêches ; (iv) l’état des lieux de la gouvernance/gestion de la pêche ; (v)
perceptions des pêcheurs par rapport à la surexploitation et aux stratégies de gestion de la pêche
au lac Edouard.

3.1. Caractéristiques sociodémographiques des enquêtés


Cinq variables ont été retenues, à savoir : âge, niveau d’instruction, état civil, territoire d’origine,
année d’installation dans la pêcherie.
Tableau 6. Identification des enquêtés au lac Edouard

Pêcheries illégales Pêcheries légales TOTAL


Variables TOT %
M F M F M F
Age
< 20 ans 0 0 1 0 1 0 1 2.27
21 - 30 ans 3 1 4 0 7 1 8 18.18
31 - 40 ans 3 1 4 1 7 2 9 20.45
41 – 50 4 1 7 2 11 3 14 31.82
51 – 60 6 1 5 0 11 1 12 27.27
61 - et plus 0 0 0 0 0 0 0 0.00
Total 16 4 21 3 37 7 44 100.00
Instruction
Aucun 3 0 1 0 4 0 4 9.09
Primaire 12 4 9 1 21 5 26 59.09
Secondaire 1 0 11 2 12 2 14 31.82
Supérieur 0 0 0 0 0 0 0 0.00
Total 16 4 21 3 37 7 44 100.00
Etat civil
Marié 15 4 19 3 34 7 41 93.18
Célibataire 1 0 2 0 3 0 3 6.82
Divorcé 0 0 0 0 0 0 0 0.00
Total 16 4 21 3 37 7 44 100.00
51

Territoire d'origine
Lubero 15 4 10 0 25 4 29 65.91
Beni 1 0 8 1 9 1 10 22.73
Masisi 0 0 1 0 1 0 1 2.27
Rutshuru 0 0 2 2 2 2 4 9.09
Total 16 4 21 3 37 7 44 100.00
Année d’installation
< 1995 4 0 11 3 15 3 18 40.91
1996 – 2000 8 2 6 0 14 2 16 36.36
2001 – 2005 1 2 3 0 4 2 6 13.64
2006 – 2010 0 0 0 0 0 0 0 0.00
2011 – 2012 3 0 1 0 4 0 4 9.09
Total 16 4 21 3 37 7 44 100.00
% des hommes et des femmes (pêcheurs) interviewés
84.09 15.91

L’analyse des données du tableau 6permet de constater que :


(i) la structure des sexes met en évidence que les pêcheurs-armateurs consultés sont à 84% de
prédominance masculine contre 16 % des femmes pour lesquelles la pêche constitue une
activité secondaire (vente des intrants de pêche, collecte des matériaux de fabrication des
sennes de plage, des nasses), la fraude des produits de pêche prohibés, le traitement des
poissons, la commercialisation, etc.
(ii) 79,5% ont l’âge compris entre 31 et 60 ans ; ce qui explique que les répondants sont des
personnes matures, économiquement actives et connaissant bien leur milieu professionnel.
(iii) la majorité des enquêtés ont légèrement étudié, du fait que 59 % ont entrepris les études
primaires, 32% ont accédé à l’école secondaire et 9 % n’ont pu fréquenter l’école. 93% parmi
eux sont mariés contre 4% des célibataires.
(iv) 66% proviennent essentiellement des territoires de Lubero et de Beni (22%) et une petite
proportion vient respectivement de Rutshuru (10%) et de Masisi (2%).
(v) environ 41% des armateurs-pêcheurs interviewés se sont installés dans leurs pêcheries
respectives avant les années 1995 et 59% d’autres se sont installés entre 1996 et 2012. Ces
armateurs-pêcheurs ont une expérience professionnelle moyenne de 22 ans.

3.2. Etat des lieux de l’exploitation des ressources halieutiques du lac Edouard

3.2.1. Zones de pêche au lac Edouard


Les quatre secteurs de pêches sont subdivisés en six principales zones de grande concentration
de la pêche au lac Edouard. Ce sont des lieux de pêcheurs sans lien routier, situés au bord du lac
et enclavés dans le Parc National des Virunga.
52

Fig. 9 : Cartographie des principales zones de pêche sur l’écosystème lac Edouard (d’après
service de monitoring Lac Edouard).
La figure 7 illustre la cartographie en en six principales zones de pêche qui ont été regroupées
dans quatre secteurs géographiques de pêche comme suit :
(i) Secteur Sud-Est : Birwa – Cyondo (28,82%) et Kagezi (21,24%)
(ii) Secteur Est : Frontière ougandaise (22,38%);
(iii) Secteur sud-Ouest : Vitshumbi (11,86%) et Kamandi-Lunyasenge (7,86%);
(iv) Secteur Nord-Ouest : Kyavinyonge – Kasindi Port (7,83%).
L’équipe de gestion du projet lac Edouard a indiqué que 62% des captures totales sont
concentrées dans la partie sud du lac. Les activités de pêche se réalisent dans les eaux de 0–40 m
de profondeur, avec une concentration des activités dans les eaux de 0–20 m de profondeur
(baies et frayères).Ainsi, l'effort de pêche est assez mal réparti, car les pêcheurs ont tendance à
concentrer leurs activités dans les mêmes zones (zones côtières) comme on peut le constater sur
la carte. Il s’observe une certaine liberté de circulation des pêcheurs dans les différentes zones de
53
pêches voire hors de leurs sites de pêcheries respectives y compris la frontière ougandaise. Le
nombre de pêcheurs qui y pêchent reste aussi inconnu.

3.2.2. Engins et techniques de pêche utilisés

D'après la législation en vigueur au lac Edouard, il est notamment interdit de pêcher à moins de
500 m de la rive (Annexe 5). Le seul moyen de pêche autorisé est le filet dormant à mailles de
4,5 inch. En réalité, ces dispositions ne sont plus respectées que par un petit nombre de
pêcheurs. Les techniques de capture suivantes ont été observées :

3.2.2.1. Pêche au filet dormant « matimba »

On utilise des filets de 100 et de 200 yards (ou 100 m et 200 m), à mailles de 4 inch (50 mm
nœud à nœud) pour les tilapias et de 4.5 inch (60 mm nœud à nœud) pour les Bagrus, qualité de
fils 210d/2 et 210d/3, de 2 à 2,5 m de chute. Souvent, les nappes sont reliées deux a deux pour
obtenir une nappe de 5 m de chute. Ces filets sont pour la plupart fabriqués en Corée,
commandés à partir de l'Arabie Saoudite (Dubaï), du Burundi et du Rwanda où vont les acquérir
les commerçants locaux détaillants. La convention ICCN-COPEVI n’autorise que 30 nappes de
filet (soit 60 filets) ; mais à ce jour on a constaté un dépassement variant entre 60 à 100 nappes
(soit, 120 à 200 filets par pirogue).
Une pirogue motorisée ou non motorisée est constituée par une équipe composée de l’Armateur
(propriétaire) et six pêcheurs-ouvriers opérant en deux sous- équipes de trois en rotation. Un
pêcheur assure la conduite de la pirogue et les deux autres ont la charge de mouiller le filet. Cette
pêche se pratique jour et nuit. Pendant la pleine lune ou la journée, le filet est jeté en profondeur,
avec peu de flotteurs et plus de poids de plomb au bas du filet. Cette pratique est dite la pêche au
« filet de fond » et permet la capture des espèces des poissons des genres Tilapia et Bagrus
représentant 72 % du volume des captures. Quelques spécimens de Barbus sont aussi observés,
poisson apprécié mais rare et déjà décrit comme tel par Vakily (1989).

3.2.2.2. Pêche à la palangre


Celle-ci est entrainée vers le fond par un crochet. Pendant les nuits obscures ce crochet est plus
léger afin que la palangre reste près de la surface (pêche dite « Mumbora »). Pendant les nuits
éclairées ce crochet est plus lourd afin d’entrainer la palangre plus au fond (pêche dite « Miricho
». Cette technique capture essentiellement les espèces de poissons du genre Bagrus, Barbus,
Protopterus, etc. La technique de la pêche à la palangre emploie le même nombre des pêcheurs
54
et le même système de rotation que la pêche au filet maillant dormant. Elle s’effectue pendant la
journée, de 4heures du matin pour accoster vers 13 heures ou 15 heures.
Les hameçons sont les plus efficaces en saison de pluie puisqu'ils sont placés dans les baies peu
profondes et dans les marécages entiers du secteur sud. Pour cette raison, ils sont considérés
comme un moyen de pêche prohibé, ces sites étant habituellement des frayères. Les pêcheurs ont
indiqué que cette technique capture des poissons adultes mais utilise des alevins comme appât.
Le pourcentage d’alevins prélevés n’est pas vraiment connu. En principe, la loi autorise 250
hameçons par pirogue. A ce jour ils sont estimés entre 1500 et 1800 voire 2500 hameçons par
pirogue. Ceci démontre à suffisance le degré de destruction des alevins de tilapias.

Photo3. Filet dormant « matimba » (à gauche) et Palangre (à droite).

3.2.2.3. Autres techniques illégales de pêche utilisées


Il existe d’autres techniques destructives appliquées clandestinement et qui n’ont pas été
directement observées. Mais selon les renseignements reçus des pêcheurs, il y a quatre sortes de
pêches illicites pratiquées sur l’ensemble du Lac Édouard qui sont :
 La pêche au « Tam-Tam » communément appelé « Kikubo », utilise le filet de maille
inférieur ou égal à 4,5 pouces. C’est un filet encerclant avec une ouverture où l’eau est
frappée pour diriger le poisson vers le filet. Elle est pratiquée au moyen de filets à mailles de
dimensions légales et aussi prohibées (45, 38 et 31 mm nœud à nœud), dans les eaux peu
profondes. Il s'agit de produire un bruit semblable à un coup de tam-tam et ce, au moyen
d'une sorte de massue en bois « Taikuni » frappée dans l'eau en-dessous de la pirogue. Cette
dernière avance parallèlement au filet entre celui-ci et la berge. Le bruit provoque la fuite
des poissons qui sont alors emmaillés dans le filet. Cette méthode qui, sans conteste,
perturbe l'écosystème, est prohibée, mais est pratiquée abondamment de nuit dans le secteur
sud. Elle permet de capturer de nombreux tilapias adultes et immatures.
55
 La Pêche à la senne de plage « Ngurura ». Une senne de plage utilise un filet de très petite
maille dans les baies peu profondes. Selon les pêcheurs, toutes les sennes de plage qui
opéraient au lac Edouard avaient été saisies et, en principe, détruites à l’époque où Vakily
faisait son étude en 1989. Cette technique prohibée est surtout pratiquée dans les baies du
secteur sud, de nuit comme de jour. D’après les pêcheurs, même les enfants pratiquent cette
pêche dans la baie de Vitshumbi au moyen de petits filets sans poche raccommodés à partir
de filets usagés. Leurs captures sont constituées d'alevins de Tilapia et des espèces du
groupe Haplochromis. Cette pêche se pratique dans les zones côtières du lac Edouard. Son
caractère destructeur de la biodiversité se manifeste surtout par le fait qu’il balaye la zone
côtière en ramassant tout ce qui s’y trouve : poissons géniteurs, œufs, alevins, reptiles et
végétation aquatique. Elle détruit ainsi, les niches écologiques des poissons en incubation.

Photo n° 4. Senne de plage au site de Keya (ICCN)

 La pêche à la nasse «Kitunga » consiste en un petit panier qui sert de piège dans les petites
lagunes et qui est placé dans un canal reliant la lagune au lac. En effet, les pêcheurs
clandestins creusent des canaux de quelques centaines de mètres de la rive vers les zones de
reproduction, cette communication fait échapper les eaux vers les canaux où les pêcheurs
clandestins capturent les poissons en incubation dans les nasses de mailles réduites à 2,5
inch. Les poissons capturés rejettent les œufs et d’autres rejettent les alevins qui seront
dévorés par les reptiles et les oiseaux aquatiques. Avant 2010, cette pêche était pratiquée
dans les rivières Rutshuru et Rwindi en connivence avec certains gardes de parc et parfois
certains éléments de la Force navale de Vitshumbi. Pendant la nuit, quelques éléments de la
force navale se déguisent en pêcheurs clandestins et piègent les nasses abandonnées suite au
passage des hippopotames. Selon les pêcheurs, cette technique est très écocidaire en ce sens
56
qu’une nasse a la capacité de stocker 1000 poisons géniteurs femelles en incubation
d’Oreochromis. Or, les scientifiques ont démontré qu’une femelle de 30 g de cette espèce
peut produire plus de 300 œufs alors qu’une femelle de 550 g peut en produire plus ou
moins 3500 œufs (http://www.sypagua.com/elevage-aquaculture/tilapia-oreochromis-
niloticus.html). Une fois capturé, ses œufs périssent, d’où l’épuisement de la population
piscicole.

Photo5. Nasses saisies et recueil des poissons dans la nasse à Kibahari

Photo6. Poissons immatures dans un filet moustiquaire (gauche) et poissons fumés immatures
(droite)

Photo7. Ougandais en quête des coquilles (gauche) et coquille d’un bivalve : moule (droite)
57

3.2.3. Estimation des unités de pêche et de l’effort de pêche

3.2.3.1. Estimation des pirogues de pêche

Un total de 2538 pirogues a été estimé sur l’ensemble du lac dont 812 unités motorisées, 195
unités pratiquant la pêche à la palangre et 1874 pour le filet dormant (Annexe 8). Quant aux
pirogues de quatre pêcheries d’étude, le tableau 7 présente l’estimation selon les engins de pêche
utilisés et par effort de pêche.

Tableau 7.Estimation des pirogues par engins de pêche utilisés au lac Edouard

Unités par engin de


Nombre Nombre Nombre
Nombre pêches
PECHERIE Pirogues Pirogues Unités
Total Filet
Palangre légales illégales motorisées
dormant
KIAVINYONGE
250 220 30 213 37 200
(COPEVI)
VITSHUMBI (COPEVI) 545 525 20 400 145 30
KISAKA (COPEVI) 150 147 3 0 150 70
KISAKA (SAGICOM) 200 200 0 0 200 100
LUNYASENGE
240 238 2 0 240 100
(COPALU)

TOTAL 1385 1330 55 613 772 500

Source : entrevues avec les pêcheurs artisanaux, les comités des pêcheurs ainsi que les
gestionnaires des pêcheries.

1385 pirogues, soit 54,5% des embarcations totales du lac Edouard sont estimées dans les quatre
pêcheries. 96% des pirogues pratiquent principalement la pêche au filet dormant (1330) et 4%
utilisent la pêche à la palangre (55). Du point de vue légal, on a estimé à 613 les pirogues
enregistrées officiellement contre 772 pirogues qualifiées de clandestines. Chaque pirogue est
constituée de 7 pêcheurs y compris l’armateur (propriétaire) ; ce qui permet d’estimer l’ensemble
de l’équipe à 9695 pêcheurs, soit environ 6 pêcheurs au kilomètre carré. 36 % sont équipées de
moteurs hors-bords (8-9 Chevaux Vapeur (CV) tandis que 64 % ne sont pas motorisées. La
plupart d’entre elles sont munies d'une voile primitive. La concentration des unités motorisées se
situe à Kyavinyonge (40 %), Kisaka (34%), Lunyasenge (20%) mais la plus grande pêcherie de
Vitshumbi n’a que 6%des pirogues motorisées.
58
3.2.3.2. Estimation de l’effort de pêche

La situation d'illégalité dans laquelle opèrent nombre de pêcheurs fait qu'il est devenu
extrêmement difficile d'estimer avec un maximum de précision l'effort de pêche réel,
particulièrement par type d'engin de pêche. Confronté au même problème, Vakily (1989) avait
supposé que 20% des pirogues n'étaient pas en activité au temps de la visite. Selon les pêcheurs
contactés à ce sujet, les autres restent aux villages pour diverses raisons (maintenance des
pirogues, événements familiaux, etc.). Nous avons aussi appliqué cette hypothèse, de « nombre
opérant » au lieu de « nombre total » pour estimer les unités de pêche opérant actuellement dans
les quatre pêcheries d’étude (Tableau8).

Tableau 8.Estimation de l’effort de pêche sur base de l’hypothèse de « nombre opérant »


au lieu de « nombre total »au lac Edouard.

Nombre
Opérant Nombre
Opérant sorties
Pirogue Pirogue (80%) sorties
PECHERIE (80%) par an -
Filet Palangre Filet par an -
Palangre Filet
dormant dormant Palangre
dormant
KIAVINYONGE
220 30 200 24 288 240
(COPEVI)
VITSHUMBI
525 20 436 16 288 240
(COPEVI)
KISAKA
147 3 120 2 288 240
(COPEVI)
KISAKA
200 0 160 0 288 240
(SAGICOM)
LUNYASENGE
238 2 192 1.6 288 240
(COPALU)

TOTAL 1330 55 1108 43.6 1440 1200

Source : entrevue avec les comités de pêcheurs.


59
L’application de l’hypothèse du « nombre opérant » conduit à l’estimation de 1152 pirogues
opérant dont 1108 au filet maillant (80%) et 44 unités pirogues à la palangre (20%). Le temps de
pêche estimé à 288 sorties par an par unité de pêche (6 sorties par semaine) et à 240 sorties par
unité de pêche et par an pour les pirogues à la palangre (5 sorties par semaine). Donc, le calcul
du rendement de la pêcherie du lac Edouard sera basé sur cette même hypothèse.
60
Evolution des pirogues de pêche dans la partie congolaise du lac Edouard de 1988 à 2014.

La crise de leadership des pêcheries renforcée par la situation politico-sécuritaire volatile qui
prévaut dans la région ces 19 dernières années, a contribué largement à l’augmentation
exponentielle des unités de pêche sur le lac Edouard. Dès lors, différents auteurs ont constaté que
le nombre des pirogues ne fait qu’augmenter d’année en année. Basé sur les recensements
antérieurs et nos propres investigations, nous avons constitué un tableau de synthèse (Tableau 9)
qui présente la tendance actuelle dans les quatre pêcheries d’étude.

Tableau 9. Evolution des pirogues de pêche dans 4 pêcheries congolaises du lac Edouard de
1988 à 2014

Nombre de
Nombre de Nombre de pirogues de pêche
Nombre de
pirogues de pirogues de pêche estimés en 2014
pirogues de pêche
pêche estimé en comptés en 2013b (basée sur des
estimés en 2006
1988 (Vakily, (Matunguru ,2013 entretiens du
Pêcheries (Petit, 2006)
1989) ) 11/10 au
15/12/2014)

Légal Illégale Légal Illégal Légal Illégal Légal Illégal

Kyavinyonge 160 213 0 213 1291 213 37


Kisaka
0 0 0 100 0 100 0 150
COPEVI
Kisaka
0 0 0 70 0 134 0 200
SAGICOM
Lunyasenge
COPALU 0 0 0 87 0 133 0 240
COPEVI
Vitshumbi
333 0 400 600 400 748 400 145
COPEVI
SOUS-
493 613 857 513 2406 613 772
TOTAL
TOTAL
0 1470 2919 1385
GENERAL
TOTAL
OPERANT 394.4 1176 2335.2 1108
(80%)
Indices (%) 100 298.48 592.64 281.22
Accroissement
198.48 492.64 181.22

Sources : (1) Comités des pêcheurs ; (3) Agents de l’AGRIPEL ; (5) Agents de pêcheries et nos
propres investigations.
61
Depuis 19 ans passés, le nombre de pirogue au lac Edouard ne fait qu’augmenter dans toutes les
pêcheries (Fig. 10). On a noté une densité moyenne de 5,1 pêcheur/Km² ; ce qui prouve à
suffisance que le lac Edouard a atteint le niveau maximum de son exploitation.

600
492,64
INDICE D'ACCROISSEMENT

500

400

300
198,48 181,2
200

100
0
0
1989 2006 2013 2014
ANNEE

Fig. 10 : Indices d’accroissement des unités de pêche au lac Edouard de 1987 à 2014.

3.2.2. Estimation et évolution des captures

En raison de la diversité des filets utilisés, des modes d’opération très différents et de la
saisonnalité dans la distribution des captures, une estimation des captures totales annuelles
restera toujours approximative, d’autant plus qu’un nombre de variables comme, par
exemple, nombre de pirogues opérant, sont des estimations difficile à vérifier.

3.2.3.1. Evolution des captures globales par pêcherie de 2010 à 2014

Sur le terrain, nous avons pu obtenir les statistiques de production telles qu’enregistrées par
AGRIPEL à Vitshumbi, Kyavinyonge, Kisaka et Lunyasenge pour les cinq dernières années.
Evidemment, ces statistiques, collectées en kilogrammes, sont sujettes à beaucoup d'erreurs
et ne peuvent être utilisées qu'après maints correctifs. Cependant, sous l'hypothèse que la
méthode de collecte de ces statistiques n'a pas changé dans le temps ou que ces variations
finissent par se contrebalancer, elles permettent de suivre l'évolution relative des captures sur
une base annuelle ou même mensuelle ; elles permettent ainsi donc d'obtenir un profil
général des variations spatiales et/ou temporelles. Le tableau 10 reprend les poids totaux
calculés à partir de ces statistiques pour les cinq années considérées. Les données de base
figurent en Annexe 7.
61

Tableau 10. Poids totaux (en kg) et indices (en %) des poissons débarqués dans les quatre pêcheries du lac Edouard de 2010 à 2014
(statistiques AGRIPEL et COPEVI, 2010 à 2014).

Année Vitshumbi Kyavinyonge Kisaka Lunyasenge Total

Poids Indices Poids Indices Poids Indices Poids Indices Poids Indices
2010 451571 100 2413954 100 2515448 100 120901 100 5501874 100
2011 953181 211.08 2455514 101.72 2030996 80.74 44981 37.2 5484672 99.69
2012 447753 99.15 3859129 159.87 3222882 128.1 141685 117.2 7671449 139.43
2013 696467 154.23 6339690 262.63 3088681 122.7 138373 114.5 10263211 186.54
2014 551068 122.03 1707737 70.74 2681228 106.5 42159 34.87 4982192 90.55
62

Dans le tableau 10, il s’observe une remarquable fluctuation des captures d’une année à l’autre à
Vitshumbi. De fait, par rapport à l'année 2010, on aurait débarqué en 2011 à Vitshumbi plus de
50% en plus. En 2012, il y a une chute légère de 0,85 % ensuite une augmentation de 54 % en
2013 tandis que l’année 2014 aurait de nouveau enregistré une diminution de 22%. A
Kyavinyonge, par contre, les captures évoluent dans une augmentation progressive durant les
cinq années (2010 à 2013) soit respectivement d’environ 1,8%, 60% et 63%, excepté en 2014 où
elles diminuent brusquement d’environ 30%. A part l’année 2011, où les captures auraient
diminué de près de 21%, les captures ne font qu’augmenter durant les quatre dernières années à
Kisaka. La situation de Lunyasenge est similaire à celle de Kisaka. La figure 11visualise mieux
cette analyse.

Cette fluctuation des productions peut être interprétée de deux manières différentes. D'une part,
elle peut être due au détournement de plus en plus important des captures vers les sites de
débarquement illégaux, particulièrement vers les pêcheries pirates de la Côte Ouest du lac. Mais
plus vraisemblablement, cette baisse, image d'une véritable baisse de l'ichtyomasse exploitable,
est à l'origine de la recrudescence de la pêche illégale dans les frayères et avec des filets à petites
mailles. En effet, une chute globale des captures de 10% est inévitablement ressentie par les
pêcheurs qui, dès lors, cherchent à ré- équilibrer leur revenu en accentuant la pression de pèche,
y compris dans les zones interdites et/ou avec des moyens prohibés.
63
3.2.3.2. Evolution des captures par espèces et par pêcherie de 2010 à 2014

70,00
60,00
50,00
Proportions

40,00
30,00
20,00
10,00
0,00
Tilapia Bagrus Barbus Clarias Protopte Labeo Mormyr
rus us
Vish 34,69 48,01 1,49 0,03 0,03 6,31 6,67
Kyav 21,60 61,52 15,81 0,12 0,34 0,35 0,07
Kisaka 33,14 63,70 0,96 0,11 0,73 0,71 0,70
Lunyas 60,76 34,24 2,00 0,37 0,46 1,60 1,02
Escpèces

Fig. 11 : Evolution des captures des principales espèces par pêcherie de 2010 à 2014 (en %) au
lac Edouard

Il ressort de la figure n° 11 que la composition spécifique des espèces est différente selon la
pêcherie. A Vitshumbi, on observe une proportion moyenne de 34,7% de Tilapia, alors qu'à
Kyavinyonge, elle n'est que d’environ 21,6%, à Kisaka 33,4% et Lunyasenge (60,7%). Bien
qu’observé à Vitshumbi à 48%, les Bagrus sont davantage observés à Kyavinyonge (61,5%) et à
Kisaka (63,7%). Le Barbus est aussi observé à 15,8% à Kyavinyonge. Ainsi, ces deux espèces
caractérisent les zones de pêche du secteur nord alors que le secteur sud est plutôt caractérisé par
le Protopterus et Clarias. D’une manière générale, les Bagrus (41%) et le Tilapia (30%) sont les
deux principales espèces capturées dans toutes les pêcheries tandis que le Mormyrus et le Labeo
seraient en voie de disparition.

Enfin, il convient de remarquer que Bagrus, Protopterus et Clarias sont des voraces à tendance
omnivore; les deux dernières espèces étant inféodées aux baies boueuses et aux marécages, c'est-
à-dire au secteur sud. Les Barbus, dont la biologie reste inconnue, préfèrent les eaux bien
oxygénées des rivières, et sont donc capturés dans celles-ci ou aux embouchures (Mughanda,
1992). Les pêcheurs ont déclaré qu’ils sont actuellement capturés de plus en plus à Vitshumbi,
indice d'une pêche accrue à ces endroits (frayères), spécialement aux embouchures des rivières
Rutshuru et Rwindi. Etant donné la haute valeur gustative de leur chair ils sont consommés sur
place dans le village des pêcheurs.
64
3.2.3.3. Essai d'estimation des captures actuelles

Afin d'éviter les fuites de statistiques, nous avons fait des mensurations de toutes les captures
réalisées sur dix pirogues pendant 20 jours. Les variables ciblées concernaient essentiellement le
poids, la longueur de l’espèce, le nombre et types d’engins utilisés, les zones de pêches, etc.
L’analyse de ces données de Paul Van Dame (Expert en pêches de l’UICN NL) a permis de
déterminer le poids moyen/unité de pêche (en kg)/espèce et la longueur moyenne des espèces
capturées pendant cette période (Figure 12 et Encadré ci-contre).

Espèces Poids moyen/unité


(en kg)
Tilapia 0,4583

Bagrus 1,2710

Barbus 1,3141

Protopterus 2,6531

Clarias 2,6770

Labeocapturés (d’après
Fig. 12 : Longueur moyenne et Poids moyen des espèces 0,6372
Van Dame, 2014)

Fig. 12 : Longueur Moyenne (gauche) et poids moyen des espèces capturées (droite)

(d’après l’équipe de Monitoring ICCN/WCS, 2014).

La taille de la première maturité d’Oreochromis niloticus est de 19,5 cm de longueur totale


(Tilapia en début de reproduction) tandis que la cohorte des poissons située à la taille
65
d’exploitabilité varie entre 24 et 29 cm de longueur totale. La connaissance de ce paramètre
permet de préciser l’impact des techniques de pêches utilisées. A titre d’exemple, l’usage du
filet de 4,5 inch épargne les poissons immatures, une technique adéquate qui permet de garantir
une bonne reproduction des poissons. Dans l’ensemble, ces moyennes sont faibles par espèce :
on capture des jeunes poissons encore en phase de reproduction surtout pour la pêche au filet
(Tilapia, Bagrus). La pêche à l’hameçon capture des poissons adultes mais utilise des alevins
comme appât. Le Protopterus et le Clarias ont le meilleur rendement par rapport au prix.

Tableau 11. Estimation des captures moyennes journalières par unité de pêche dans 4
pêcheries et captures totales annuelles estimées pour le lac Edouard.

Captures
Capture moyenne Nombre de
Nombre de annuelles
Type d'engins par pirogue/sortie sortie/
pirogues opérant (estimée en
(kg) pirogues/an
kg)
Filet dormant 1108 46 288 14.678.784
Palangre 44 15 240 158.400
Captures totales estimées 14.837.184

La troisième colonne du tableau 11 indique une moyenne de 46 kg par unité d’effort et par jour
pour les filets maillants et 15 kg pour la palangre. Vakily (1989) a indiqué pour le même moyen
de pêche 124,1 kg par jour, toutes espèces confondues. D'où proviendrait cette différence ?

Les pêcheurs et nous-mêmes avons constaté, en fait que tous les pécheurs ne rentrent pas au
village après une nuit de pêche. Certains chargent leurs collègues de ramener et de vendre leurs
poissons. En plus certains armateurs possèdent des pirogues qu'ils nomment taxi
« Mumbekayi ». Ce système est très développé dans le Sud-ouest (Vitshumbi) où les pêcheurs
66
ont la possibilité de vendre leurs captures dans les pêcheries les plus proches comme
Nyakakoma, Kamandi, etc. Nous pensons que les débarquements de ces pirogues sont de nature
à fausser les statistiques à la base.

Nonobstant cette constatation, il est certain que les captures par unité d'effort (c'est-à-dire par
pirogue et par jour de Pêche) ont diminué, d'autant plus que le nombre de pirogues a augmenté
au-delà de toutes les déclarations officielles. Il en résulte donc que les captures moyennes sont
estimées à14.837 tonnes par an, pour les 4 pêcheries congolaises.

Au regard des poids et taille moyennes calculés par Paul Van Dame, il résulte que 56.7% de ces
captures proviendraient de la pêche dans les frayères et par des moyens illégaux. Ce pourcentage
est énorme et prouve à suffisance pourquoi les marchés locaux et urbains sont inondés de Tilapia
et d’autres espèces de poissons de petite taille. En effet, si on se réfère aux données de la figure
10, on constate que la taille de la plupart des Tilapias capturés se situe entre 19,5 et 21 cm. A
cette taille, ces poissons pèsent entre 110 et 150 g chacun et atteignent à peine la taille de
première maturité sexue1le.

Par ailleurs, Vakily (1989) a indiqué que la production totale annuelle estimée sur base des
données et observations de juillet 1987 à décembre 1988 du service de l’Environnement et
Conservation de la Nature, était de 10.554 tonnes, dont 70% d’Oreochromis niloticus et 15% de
Bagrus docmac. Concrètement, les captures auraient augmenté de 8%.

L’équipe du monitoring du lac Edouard, sur base de plus de 50.0000 observations menées de
Mars 2013 à Juin 2014) sur 2780 pirogues dans les mêmes pêcheries que nous, a estimé cette
production à 15.515 tonnes par an dont Bagrus (48,8 %,) et le Tilapia (47,7%) sont les 2
principales espèces pêchées. Nos analyses sur les données de 5 dernières années dans les mêmes
pêcheries viennent de prouver une tendance quasi-similaire : 14.837 tonnes par an avec la même
tendance pour le Bagrus (41%) et le Tilapia (30%).

Il est donc clair que le stock piscicole du lac Edouard, particulièrement celui des Oreochromis.
Niloticus est en voie de destruction en faveur de ces deux espèces prédatrices. C'est pour cette
raison que l'on trouve actuellement dans les captures d’autres espèces jusque-là non exploitées
telles que : Oreochromis leucostictus, Haplochromis spp. dans la baie de Vitshumbi. Ceci est un
indice classique de la surexploitation d'un stock piscicole donné.
67
Oreochromis leucostictus était appelé "deche" ou « binoire » ou encore « bitoli », sans doute une
déformation du mot déchet car, à l'époque, ces poissons étaient obligatoirement rejetés dans l'eau
par les senneurs. Les poissons de ces deux espèces à faible valeur économique coûtent 250 à 300
FC au kg à Vitshumbi contre 900 à 1100 FC pour Orecochromis niloticus. A la pièce, ils coûtent
peu chers et leur prix s'accorde bien avec la paupérisation généralisée des masses rurales
congolaises. Ainsi les problèmes socio-économiques du moment semblent encourager les
pêcheurs à poursuivre cette destruction du stock halieutique.

3.3. Etat des lieux du système de suivi et de collecte de données de pêches


L’évaluation du système de collecte de données de pêche existant au lac Edouard a porté son
attention sur la description du système, les sources, les outils et méthodes, les forces et faiblesses
ainsi que leur pertinence sur la gestion en cours.

3.3.1. Ancien système de collecte de données

3.3.1.1. Système COPEVI


A la création de COPEVI (1949), le système de collecte de données de la pêche était réalisé par
un service spécialisé dénommé « bureau chargé de la pêche ». Avec la défaillance progressive de
cette institution, la collecte de données n’a plus faite correctement. Dès lors cette activité fut
transférée au service de l’AGRIPEL. Bien que ce système de collecte de données soit
dysfonctionnel au sein de cette institution, nous avons réalisé une compilation de données
existantes afin de relever les données historiques de la pêche au lac Edouard et en évaluer la
productivité. Les données disponibles datent des années 1958 à 1983 et de 2004 à 2014 et
concernent uniquement les poissons traités et commercialisés dans la pêcherie.
Les outils de collecte, le personnel et le système d’archivage de ces données demeurent
empiriques. Il n’existe aucune base de données réelles, moins encore un agent pouvant traiter, et
analyser ces données. Par conséquent, il n’existe aucun système de partage d’information. Ces
faiblesses constituent un facteur limitant pour évaluer l’ichtyomasse totale du lac. Ce qui limite
aussi leur contribution à la planification et la gestion de la pêche.

3.3.1.2. Système AGRIPEL (ECN)


Depuis 1987, le service de l’Environnement et Conservation de la Nature a pris en charge les
statistiques sur la production des pêcheries. Dans sa tâche, ce service était assisté des Comités de
pêche dans les villages de Vitshumbi, Kyavinyonge et Nyakakoma. Les données enregistrées
comprenaient le nombre de poissons par pirogue et par espèce. Les statiques journalières étaient
68
résumées dans un rapport mensuel soumis aux autorités supérieures. Le recensement des unités
et engins de pêche se faisait. Toutefois, ce système présente plusieurs désavantages,
notamment :
(i) Les captures sont enregistrées en nombre de poissons au lieu d’unité de poids. Par
conséquent, certains facteurs de conversion étaient appliqués pour le Tilapia (ex : 3 Tilapia =
1 kg), mais pas pour les autres espèces capturées en tailles très différentes.
(ii) Les agents en charge des statistiques ne sont pas en mesure de vérifier les déclarations des
pêcheurs concernant le nombre de poissons capturés ;
(iii) Au retour de la pêche, un certain nombre de poissons destinés à la consommation est prélevé
de la capture par les pêcheurs (« ration »). Cette quantité, ainsi que tous les poissons donnés
comme « contribution » au comité de Pêche, aux membres de la force navale, de la police et
aux autorités administratives n’apparait pas dans les statistiques.
(iv) Le relevé des statistiques et la perception des « contributions » sont souvent effectués par le
même personnel. Ceci incite les pêcheurs à déclarer une capture plus basse qu’elle ne l’est
en vérité ;
(v) Des problèmes entre les services chargé de collecter les statistiques, les pêcheries et les
comités des pêcheurs, ont abouti à une séparation des informations dans toutes les pêcheries
du lac Edouard : les données compilées par l’une des organisations ne sont pas
communiquées à l’autre, mais entrent dans des rapports séparés et donc incomplets.
Les principales contraintes de ce système sont notamment :
(i) Besoin d'une formation en matière de collecte et d'analyse des données;
(ii) Le manque d'équipements de collecte de données;
(iii) La nécessité pour les systèmes plus efficaces d'utiliser les données et informations
collectées pour la planification;
(iv) Le besoin de systèmes plus efficaces pour l'échange de données et d'informations entre
les différents niveaux de gestion concernés;
(v) La nécessité d'améliorer les installations de stockage de données.

Système d’information
L'officier de pêche basé dans chaque pêcherie transmet les informations collectées dans un
système dysfonctionnel et peu efficace (niveau 1) au chef de bureau chargé de la pêche à la
Division provincial de l’AGRIPEL (niveau 2). Les données des captures recueillies sur base des
simples déclarations des pêcheurs se limitent à la seule espèce d’Oreochromis niloticus. Une
copie du rapport est transmise au bureau de la pêche au niveau du territoire (niveau 3).
69
Les données sont enregistrées dans des cahiers ordinaires et l’archivage mal conservées à tous
ces niveaux. Le bureau chargé de la pêche à la Division provinciale se contente de données
fournies par l’officier de pêche local pour constituer un rapport de synthèse manuel qu’il
présente au Ministre provincial en guise d’information avec copie à la Direction nationale des
Pêches (niveau 4 ). A son tour, cette dernière l’intègre dans le rapport national adressé au
Ministre de tutelle.
Le désordre institutionnel et la crise de leadership des pêcheries ont favorisé l’improvisation
d’autres services étatiques (Environnement) et/ou privés (SOPR, comités des pêcheurs) dans la
collecte de données de pêches. Cette absence de crédibilité aux données fournies justifie la
nécessité de la mise en place d’un système innovant et crédible.

3.3.1.3. Nouveau système de monitoring de la pêche (ICCN/WCS)

Organisation générale du système


L’inefficacité et la non fiabilité de deux systèmes précédents explique le fondement de la mise en
place d’un nouveau système de monitoring, depuis Mars 2013, par l’ICCN avec l’appui de ses
partenaires de l’UNESCO, UICN NL et WCS.
La collecte de donnée se fait sur 120 pirogues dans les pêcheries de Vitshumbi, Kyavinyonge,
Nyakakoma et Kisaka et ce, à titre expérimental. Deux personnes formées et payées
mensuellement s’occupent de la collecte de données. La WCS assure la paie des collecteurs et
fournit fiches de collecte de données, matériels et équipements nécessaires (toison, peson, lattes,
salopettes et chaussures pour les collecteurs, etc.)
La supervision des équipes est assurée par le chef de projet lac Edouard basé à Vitshumbi.
Un Assistant de terrain WCS assure le suivi des travaux, une fois par trimestre. La COPEVI,
moins encore les comités des pêcheurs ne sont pas impliqués dans le système.
Un agent est payé temporairement pour la saisie et le classement des fiches. Comme le système
est encore à sa phase expérimentale, il n’existe pas encore de personnel permanent pour le
traitement, l’analyse de données et la production du rapport. Bref, le système est confronté à
plusieurs problèmes d’ordre organisationnel et moyens limités; ce qui ne lui permet pas de
répondre de façon optimum aux objectifs escomptés.

Outils et types de données collectées


Les données essentielles sont notées sur des fiches conçues conformément aux objectifs assignés
au programme. Les matériels utilisés sont : une toise de 76 cm pour mesurer la longueur totale,
des pesons (de 200 mg) et balances (150 Kg) pour mesurer le poids (Photos n° 8, 9 & 10).
70

Photo n°8 : Mesure de mensuration du poisson à l’aide de la Balance, la Toise et le Peson


(Photos Matunguru, 2014)
La qualité des données porte sur les paramètres biologiques tels que la quantité des poissons
capturés par espèces, poids et longueur des poissons par espèce (gros, moyen, et petit), le types
d’engins de pêche, les zones de pêche, etc.(Annexe VII). Les indicateurs socio-économiques ne
sont pas encore intégrés dans le programme.
Méthodes de la collecte de données
Des simples points de contrôle de pesée ont été mis en place sur chaque site de débarquement
pour l'enregistrement des captures de poissons. A l’entreposage des poissons, l’un des collecteurs
se charge du comptage des prises et de la pesée et l’autre s’occupe de l’enregistrement des
données. Le personnel est tellement limité que certaines données échappent à leur contrôle. Les
sites de prélèvement n’étant pas bien aménagés, les opérations sont encombrées par les
glaneuses des poissons et d’autres observateurs ; ce qui occasionne parfois la fuite d’information.
D’autres points d’accostage, sous contrôle des clandestins échappent au contrôle des collecteurs.
Face à cet encombrement, les collecteurs sont obligés de noter rapidement sur des papiers
volants et le reportage des données sur les fiches se fait plus tard dans la soirée. Les données sont
stockées dans les habitations des collecteurs en attendant le transfert à Goma pour la saisie. Les
fiches de données sont transférées au bureau de WCS par voie routière au récupérées lors du
passage de l’assistant de terrain.

Saisie, analyse de données et utilisation de l’information


La saisie se fait en Excel par un agent temporaire au bureau WCS. Le traitement et l’analyse se
font à l’aide du logiciel SPSS. La supervision de la qualité du travail et de l’analyse sont assurées
par le chargé de planification du site PNVi.
La première vague de données collectées sur une période de 15 mois, allant de Mars 2013 à
Octobre 2014 était constituée de plus 51028 observations. Les résultats de cette analyse partielle
ont permis de faire une estimation du rendement annuel actuel à 15.000 tonnes/an, la
71
cartographie des zones de pêche (Fig. 9), temps moyen de pêche (212 jours, soit 5 jours par
semaine) ; les Bagrus docmac (41,8%), Oreochromis niloticus (47,7%) sont les espèces les plus
capturées.
3.3.2.5. Forces, faiblesses, Opportunités et Menaces du système
La discussion réalisée avec les comités de pêcheurs et quelques acteurs a permis d’élaborer de
faire une analyse des forces et des faiblesses du système (Tableau 12).
72

Tableau 12.Analyse FFOM (Forces, Faiblesses, Opportunités et Menaces) du système de


collecte de données de pêches au lac Edouard.

Forces Faiblesses
- Travail en synergie à Kyavinyonge - Système non participatif
- Indicateurs biologiques conforme aux - Duplicité dans plusieurs pêcheries
directives de la FAO (1999a) - Données incomplètes et très limitées
- Outil d’aide à la sensibilisation et - Fausses déclarations des captures (parts de
conscientisation des pêcheurs à l’armateur, captures des clandestins, quota
abandonner les pratiques illicites des comités, quotas des services divers,
- Outil d’aide d’alerte sur l’état de lieu de poissons remis aux quémandeurs, etc)
l’exploitation et de gestion de la ressource - Absence des indicateurs socio-économiques
- système non standardisé ni opérationnel
dans toutes les pêcheries
- personnel réduit et prime insuffisante
- stockage de données non sécurisées sur
terrain
- absence des plages officielles pour les
pesages des captures
- insuffisance et irrégularité des missions de
suivi
Opportunités Menaces
- Projet lac Edouard UICN NL - Boycott du système par les autres services
- Présence des divers acteurs - la pêche illicite non déclarée (nombre
- Présence des écoles de technique de d’unités de pêche, effort de pêche, captures
pêche dans les pêcheries (personnel non déclaré,
formé) - Multiplicité d’acteurs et part des
responsabilités dans la pêche illicite
(pêcheurs officiels, pêcheurs fictifs,
pêcheurs clandestins, etc)
- Insécurité sur le lac
- insuffisance des financements pour le
programme de recherche et monitoring
73
Il ressort de cette analyse que l'appropriation du système par tous les acteurs est encore limitée,
et que la motivation de la collecte des données nécessite une amélioration pour accroître la
couverture des débarquements, particulièrement l'utilisation et la diffusion des informations
s’avèrent indispensables. Des recommandations d’optimisation des performances en cours et de
minimisation des faiblesses dégagées sont formulées au dernier chapitre.

3.4. Etat des lieux de la gouvernance des pêcheries


Les résultats issus de discussion avec différents acteurs sur terrain complétés par les acquis de
l’atelier du 25 octobre 2014, nous ont permis de rassembler diverses informations sur les aspects
suivants :
(i) Les textes réglementaires relatifs à la pêche ;
(ii) Les organisations des associations de pêcheurs ;
(iii) Difficultés liées à l’exploitation au lac Edouard ;
(iv) Types de conflits liés à la pêche.

3.4.1. Textes règlementaires et mesures d’application

D’après Kasonia (2012), en plus du décret royal de 1937 portant code de la pêche en RDC (en
voie de remplacement par le projet de loi portant code de pêches et d’aquaculture en RDC, non
encore promulgué, TCP/DRC/3102(A)), la pêche au lac Edouard est régie par d’autres textes
légaux ci-après :
(i) Ordonnance-loi No 69-041 du 22 août 1969 relative à la conservation de la nature ;
(ii) Convention portant règlementation de la pêche au lac Edouard entre IZCN-COPEVI
(1979) ;
(iii) Arrêté No 01/27/CAB/PR-MPR/GR-NK/001/ECN/90 du 07 février 1990 portant
réglementation de la pêche au Lac Idi-AMIN ;
(iv) Arrêté Provincial No 01/018/CAB/GP-NK/2009 du 21 avril 2009 portant création d’une
commission de patrouille pour la protection des frayères du Lac Edouard au Nord-Kivu ;
Arrêté provincial No 028/CAB/GP-NK/2012 du 23 mars 2012 portant prolongation de la
patrouille pour la protection des frayères du Lac Edouard et restructuration du fonds de
développement de la pêche au Lac Edouard.
La convention signée en 1979 entre l'ICCN et la COPEVi (Annexe V) confie à la COPEVI le
monopole de la pêche (Art. 13-A: “Aucune autre société, aucun service public ou privé ne sera
installé dans cette enclave”), cette convention prévoit une série de responsabilités à la charge de
cette société: statistiques (Art. 8), sécurité et surveillance (Art. 13-C), infractions (Art. 9: “la
74
direction de la COPEVI sera rendue responsable de toutes les infractions commises à l'encontre
des interdictions prévues, ainsi que celles perpétrées par les pêcheurs”, etc.) et services aux
pêcheurs, qui découle du monopole confié à cette société pour toutes les activités collatérales à la
pêche.
Pour les pêcheurs, la plupart de ces lois sont restées longtemps inconnues. La connaissance des
quelques dispositifs par les pêcheurs résulte des récentes séances de sensibilisations des
organisations de la Société Civile et des Comités des pêcheurs. Quant à leur applicabilité, ces
textes sont violés par les services étatiques pourtant sensés les faire appliquer ; ce qui décourage
davantage les acteurs à la base. A titre indicatif, la création de nouvelles pêcheries à la côte
ouest, l’impression illicite des immatriculations des pirogues, l’attribution de numéros parallèles,
la vente des parcelles dans le parc, et bien d’autres formes de la pêche illicite, etc. par les
coopératives de pêche. Quant aux acteurs indirects, la non application de la loi est beaucoup
aggravée par l’insuffisance de motivation et d’encadrement des services de base.

3.4.2. Organisation des associations des pêcheurs

La pêche au lac Edouard est exercée par plusieurs acteurs regroupés en associations ou
coopératives installées dans les différentes pêcheries. Dans chaque pêcherie reconnue ou non, il
existe un comité des pêcheurs individuels, constitué d’un président, d’un vice-président, d’un
secrétaire, d’un trésorier et de quelques conseillers. Ce comité a pour tâche de veiller sur les
normes exigées pour une exploitation durable du lac et servir de syndicat pour défendre les
intérêts des pêcheurs. Mais sans intervention efficace des autorités politico-administratives, leurs
initiatives sont le plus souvent anéanties et ces interdits sont régulièrement non respectés par
plusieurs pêcheurs.

3.4.3. Difficultés liées à l’exploitation au lac Edouard


3.4.3.1. Contraintes matérielles
En fait, les principales contraintes qui pèsent sur l'exploitation du lac Edouard sont relativement
bien connues. On peut les synthétiser brièvement de la manière suivante:
(i) manque de ravitaillement organisé en matériel de pêche; d'où marchés parallèles où l'on se
procure des filets de mailles non autorisées;
(ii) inexistence d'axes routiers, au moins en partie, reliant le lac aux marchés de consommation,
particulièrement a' la côte ouest;
75
(iii) manque ou insuffisance de ressources énergiques en vue de la conservation du poisson
(énergie électrique pour le froid, bois pour le fumage);
(iv) manque de financement pour la surveillance scientifique des populations piscicoles : études
hydrobiologiques, collecte de statistiques fiables, vulgarisation auprès des pêcheurs, études
socio-économiques.
Il est possible de surmonter ces difficultés mais les relations conflictuelles qui unissent les
principaux acteurs locaux bloquent toute initiative à long terme.

3.4.3.2. Contraintes d'ordre structurel


Pour comprendre le fonctionnement de l'activité économique de la pêche au lac Edouard, il est
important d'une part d'identifier les acteurs et d'autre part, de démonter le mécanisme des
relations diverses qui les lient. Les différents acteurs au tour de la pêche sont subdivisés en
plusieurs groupes dont :
(i) Les armateurs-pêcheurs regroupés au sein des comités de pêcheur ;
(ii) Les pêcheurs fictifs (commerçant et quelques agents de l’Etat) ;
(iii) Les pêcheurs clandestins ;
(iv) Les coopératives de pêche officielle ;
(v) Les pêcheries clandestines de la côte ouest ;
(vi) Les services techniques étatiques spécialisés ;
(vii) Les services administratifs étatiques ;
(viii) Les organisations non gouvernementales locales (R-CREF, SYDIP, PADERU, SOPR,
IDPE, CREDHO, etc.) et internationales (Fondation Virunga, WCS, UICN NL, VECO,
(ix) L’armée et la police nationales congolaises ainsi que les groupes armés internes et
étrangers.
Entre ces différentes structures, il s'est établi des relations diverses dont l'étude a permis de
distinguer deux ensembles dont les intérêts, apparemment opposés, ont provoqué et renforcé la
destruction consciente du stock piscicole et la prévalence des conflits divers entre acteurs.

3.4.3.3. Types des conflits liés à la pêche au lac Edouard


Plusieurs conflits ont été identifiés que nous avons résumés en quatre types des conflits entre les
groupes d’acteurs :

(i) Conflit de leadership (duplicité dans la gestion)


76
Il y a une compétition entre les différentes pêcheries clandestines et COPEILE qui cherchent
chacune à gérer la pêche au détriment de la COPEVi. Ceci a pour conséquences directes, la
recrudescence de la pêche illicite qui se manifeste par : (i) la création de 7 nouvelles pêcheries
illicites dans le Territoire de Lubero ; (ii) l’occupation illégale des terres et surpopulation
humaine dans les pêcheries ; (iii) installation des milices et groupes armés dans les principales
frayères et baies du lac ; (iv) le surnombre des embarcations et des engins de pêche; (v)
l’attribution incontrôlée et non règlementée des numéros d’immatriculations parallèles aux
pirogues ; (vi) usage des techniques et engins de pêche prohibée. En définitive, on assiste à une
surexploitation halieutique du lac, à l’extrême chute de la population d’hippopotames, à la
destruction des zones forestières côtières du lac ainsi qu’à la destruction de la biodiversité du
parc.

(ii) Conflit entre les pêcheurs et certains services étatiques


Les pêcheurs reprochent aux éléments des forces conjointes ICCN-FARDC de cautionner la
pêche illicite dans les baies de Kamandi et Kiserera où ils sont installés. Selon ces pêcheurs, les
pêcheurs clandestins leur versent 50.000 FC par semaine et 20. 000 FC aux membres des milices
Maï-Maï par piroguette comme frais d’accès à cette pêche illicite.
D’autre part, les pêcheurs se plaignent de beaucoup d’autres abus des militaires tels que :
(i) pillage de leurs productions par les éléments de force navale ; (ii) contribution obligatoire
d’un poisson par pirogue à la force navale, (iii) protection de la pêche dans la baie de Kasindi par
les pêcheurs ougandais moyennant une corruption monétaire de 100.000 FC par pirogue et par
semaine en faveur de certains agents de l’AGRIPEL et de la force navale. Pour les services
administratifs, certains pêcheurs se coalisent avec les gardes du parc pour pêcher dans les
frayères au moyen des filets de mailles inférieures à 4,5 inch avec qui ils se partagent les
poissons capturés.

(iii) Conflit entre les pêcheurs légaux et les clandestins :


Les premiers se lamentent de la destruction des frayères et du vol de leurs filets tandis que les
seconds ne veulent pas de la surveillance des zones des frayères par les pêcheurs normaux.

(iv) Conflits transfrontaliers


Les pêcheurs congolais et ougandais s’affrontent souvent pour faire respecter la réglementation
de la pêche.
L’analyse des acteurs et des types des relations qui s’exercent entre eux au tour de la ressource
halieutique se résument dans le schéma suivant :
77

Schema d’analyse des relations et conflits entre les acteurs au tour de la pêche illicite (source :
Hammill, 2009, adapté par nous).

A cet effet, les pêcheurs contactés ont déclaré : les congolais traversent les frontières
ougandaises pour la collecte des appâts et la pêche. Une fois, attrapés certains sont parfois
bloqués, d’autres abattus et leurs matériels confisqués. Pour les récupérer, il faut l’intervention
des comités de pêcheurs ou même la force navale. Quant aux pêcheurs ougandais, ceux-ci
profitent de la légèreté des services de régulation de la pêche pour pratiquer la pêche illicite dans
la partie congolaise et la collecte de coquilles d’escargot dans les plages congolaises. Ces
coquilles qui détruisent aussi la biodiversité et l’écosystème du lac, sont revendues aux éleveurs
ougandais pour l’alimentation des bétails. Une fois attrapés et coincés, ils subissent le même sort
que les premiers.
78

3.5. Perceptions des acteurs par rapport à la surexploitation des ressources


halieutiques et aux stratégies de gestion de la pêche

3.5.1. Par rapport à la surexploitation des ressources halieutiques

Tableau 13.Perception de la diminution de la ressource halieutique au lac Edouard

Réponses répertoriées N %
Diminution de la quantité 91 86.67
Aucun changement 10 9.52
Pas de réponse 2 1.90
Augmentation de la quantité de poissons 2 1.90
Total 105 100

Exactement, 86,6 % ont mentionné avoir remarqué cette diminution ; 9,5 % n’ont observé aucun
changement, 1,9 % n’ont pas répondu et 1,9 % ont observé une augmentation dans la quantité de
poissons disponible.

Tableau 14. Perception de la raréfaction de certaines espèces capturées au lac Edouard

Réponses répertoriées N %
Barbus (Kyahulika) 22 20.95
Mormyrus (Kasuluba) 32 30.48
Labeo 33 31.43
Autres (Buluma, lighole) 18 17.14
Total 105 100

Près de 70 % des personnes interviewées ont déclaré que Labeo et Mormyrus sont devenus rares
dans les captures des pêcheurs. 21% ont reconnu que Barbus est aussi rare mais dispose encore
de chance d’être capturé en grande partie dans le secteur Nord-ouest du lac et une faible
proportion dans le sud. 17% n’ont pas pu identifier les autres espèces.

Selon les pêcheurs interviewés, les raisons de cette raréfaction sont principalement :
l’augmentation de l’effort de pêche et le surnombre des unités de pêche, la destruction des
frayères par les agriculteurs, la forte concentration de la pêche dans la zone côtière, ainsi que la
prolifération des engins de pêche prohibés, l’irresponsabilité de la COPEVI, le trafic d’influence
79
par les acteurs en mal de positionnement politique et bien d’autres facteurs indirects liés à la
perturbation de la chaîne trophique dont la diminution des hippopotames (principal maillon).

Tableau 15. Perception par rapport aux principaux facteurs pouvant être à l’origine de la
diminution des stocks halieutiques.

Réponses répertoriées N %
Pêche au filet dormant de < 4,5 inch 8 7.62

Pêches prohibées (nasse, senne de plage, tam-tam) 28 26.67

Impacts des activités humaines sur l’environnement 18 17.14


Trop d’effort de pêche 42 40.00

Autres 9 8.57

Total 105 100.00

40 % des personnes interrogées ont associé cette baisse à l’augmentation exponentielle de


l’effort de pêche. Près de 34 % voient la surexploitation des baies, frayères par des engins de
pêche illégaux comme responsables de la baisse de la quantité de poissons disponibles. 17% ont
justifié cette diminution aux impacts des activités humaines sur l’environnement et/ou à la pêche
(surtout les cultures de riz et de manioc à la côte ouest). Les autres causes répertoriées pour les
8,5 % des interviewés restants sont : le non-respect de la période de fraie des espèces, le séjour
prolongé des pêcheurs sur le lac, la déviation des lits naturels des rivières Rutshuru et Rwindi par
l’exploitation agricole, la coupe de la végétation littorale, l’augmentation de la démographie, la
pollution chimique au pyrochlore par l’industrie de SOMIKIVU déversé au lac par la rivière
Rwindi, la pollution des eaux du lac par les travaux d'exploration du pétrole.

Tableau 16. Evaluation de la part de responsabilité de la pêche artisanale dans la


surexploitation halieutique du lac

Responsabilité VITSH KYAV KISAKA LUNYAS TOTAL %

Très forte 3 5.00 22 24.00 54 51.43


Forte 18 12.00 7 9.00 46 43.81
Faible 0 0.00 2 3.00 5 4.76
Total 21 17.00 31 36.00 105.00 100
80

% 20 16.19 29.58 34.29

51% des personnes interviewées pensent que la pêche artisanale a une très forte part de
responsabilité dans la destruction des ressources halieutiques pendant que 43,8% d’autres
l’évaluent à une forte responsabilité. Ces forts degrés de responsabilité dégagées sont non
seulement liés à la localisation géographique des interviewées, mais aussi au statut de la
pêcherie concernée. Dans cette optique, les avis sont partagés. En effet, 36 % des acteurs de
Vitshumbi et Kyavinyonge (pêcheries officielles), qualifient de forte responsabilité tout en
reconnaissant les effets positifs des investissements de l’ICCN et ses partenaires les cinq
dernières années, même s’il y a encore énormément d’effort à fournir.
A l’opposé, 67% des acteurs de la côte ouest (Kisaka et Lunyasenge), détenteurs d’enjeux
négatifs à l’égard du parc, attribuent la très forte responsabilité à l’ICCN et COPEVI. Ils
estiment que l’absence des pêcheries officielles dans cette partie du territoire de Lubero constitue
la cause majeure de la surexploitation halieutique et du désordre constatés au lac Edouard.

Tableau 17.Par rapport à la présence ou l’absence (oui ou non) des activités polluantes
ayant causé des changements environnementaux naturels et anthropiques.

Présence ou absence des activités polluantes N (%)


Oui 85 80.95
Non 20 19.05
Total 105 100

Dans l’analyse plus approfondie sur l’observation des activités polluantes ayant provoqué des
changements environnementaux observés au fil des temps par les pêcheurs dans les 4 pêcheries,
la plupart des répondants ont signalé l’observation d’une ou de plusieurs activités polluantes.
81
Tableau 18. Activités polluantes ayant causé des changements environnementaux.

Activités identifiées N (%)


Salaison des poissons, rejet déchets plastiques sur le lac 21 20.00
Déforestation des berges et agriculture des berges 45 42.86
Activités d’exploration du pétrole 11 10.48
Exploitation du pyrochlore (85 km de Kibirizi) 6 5.71
Ne sais pas 22 20.95
Total 105 100

Selon l’ensemble des personnes interrogées (42,8%), le déboisement des berges date d’il y a 19
ans tandis que la salaison des poissons pratiquée au bord et sur le lac conduit à la mise en
suspension de particules dans l’eau (déchets plastiques, boîtes de conserves, etc.) sont deux
pratiques récentes. 10% des répondants ont déclaré que les activités exploratoires du pétrole dans
la Semliki avaient contribué à la mortalité des poissons suite à la pollution de l’eau par les
vibrations des sondages sismiques. De plus, 5,7 % ont fait mention des activités industrielles de
l’entreprise SOMIKIVU (85% de la cité de Kibirizi) comme source de pollution des rivières
Rwindi où les poissons comme Clarias, protoptères sont généralement capturés.

Tableau 19.Par rapport à la présence ou absence (oui ou non) de lien entre le(s) activités
polluante(s) identifié(s) au fil du temps sur l’environnement biophysique et celui (ceux)
observé(s) sur les ressources halieutiques.

Lien entre les changements observés et la diminution N %


de la ressource
Non 45 42.86
Oui 54 51.43
Autres 6 5.71
Total 105 100

Selon ces pêcheurs, 51 % font un lien entre l’absence de la végétation sur les berges et/ou dans
les frayères et la pollution chimique (pyrochlore) de l’eau de la rivière Rwindi (Tableau 18) et la
diminution de la ressource halieutique. Or, les scientifiques ont démontré que cette substance
contient le jaune d’antimoine et de plomb (25-50%) et le monoxyde de plomb (25-50%) ayant
des effets néfastes pour l’enfant chez les femmes grosses. Ces substances sont aussi très toxiques
pour les organismes aquatiques pouvant entraîner des effets néfastes à long terme pour
l’environnement aquatique
82
(http://www.werner-mazurier.com/fichiers/Fiches/001/001/H_63324_JAUNE.pdf).
Cette idée est résumée par la réponse d’un homme de 52ans de Kisaka : « Avec le déboisement
fait par les agriculteurs sur la crête de la côte ouest, la rivière se remplit de terre et les poissons
s’en vont ailleurs ». Par contre, environ 43 % de ces mêmes communautés n’établissent aucun
lien direct entre les activités de salaison des poissons, la suspension des déchets plastiques et/ou
l’exploration du pétrole et la diminution des ressources halieutiques. Ils attribuent plutôt ce
changement à la présence de trop d’effort de pêche sur les ressources halieutiques.

Tableau 20.Perceptions des conséquences remarquables des changements observés et leurs


manifestations directes actuelles (indicateurs) dans leurs modes d’exploitation de la
ressource halieutique

Impacts Conséquences remarquables Manifestation directe actuelle


(indicateurs)
Biodiversité Menace de disparition de la - Raréfaction des espèces de poissons tels que
/Environne biodiversité Mormyrus, Labeo, Barbus,
ment Déviation des lits naturels des - Diminution tragique des hippopotames dans
rivières Rutshuru et Rwindi par le lac et rivières Ishasha, Rutshuru, Rwindi,
l’exploitation agricole ; pêche etc.
dans les frayères) - Multiplication de certaines espèces
prédatrices telle que Bagrus ;
- Abattage des Eléphants,
Pollution des eaux des rivières et Diminution de la production et pollution
du lac due au séjour prolongé des sédimentaire et déséquilibre trophique
pêcheurs sur le lac (dépôt des
déchets plastiques, forte salaison
des poissons)
Social Incapacité de payement des frais Augmentation du nombre d'enfants
de scolarité des enfants insolvables et déperdition des effectifs

Sous-alimentation dans les Diminution du nombre de repas par ménage


ménages et alimentation
incomplète
Infidélité et sexualité Prévalence des affections uro-génitales dont
désordonnée et maladies diverses VIH-SIDA (15-17%) à Vitshumbi et
grossesses non désirées précoces (Vitshumbi
a un taux de natalité plus élevé que toutes les
pêcheries) : ex, en juillet 2014, sur 27
accouchements, 15 cas de filles mères
mineurs
Incapacité de payement des frais Beaucoup des cas de mortalité; beaucoup de
des soins médicaux cas d'évasions (du 1er au 30 Octobre, 320
$US factures impayées)
Incivisme de la jeunesse Infidélité, prostitutions, viols, alcool,
chanvre, etc.
Economique baisse des revenus de la pêche -Les jeunes s’adonnent aux drogues :
83
Hausse des prix de transport chanvre, boissons alcoolisées (cas de
(2000 FC à 4500 FC) Kyavinyonge)
Délinquance juvénile -Incapacité de se procurer les matériels de
pêche
Plus d'emplois ou des initiatives Banditisme, insécurité, vols des intrants et
créatrices de nouveaux emplois : engins de pêche, des poissons par certains
pêcheurs

Hausse des prix des produits de Forte implication des jeunes dans la pêche
première nécessité (rareté des clandestine en complicité avec les militaires
charbons de bois : 5000 FC à et/ou avec les groupes armés
15000 FC)

Tableau 21. Illustration de la présence ou l’absence d’adaptations suite aux changements


encourus dans l’environnement et dans la ressource halieutique.

Vitshumbi Kyavinyonge Kisaka Lunyasenge Total


OUI N 11 7 8 8 34
% 32.35 20.59 23.53 23.53
NON N 3 3 2 2 10
% 30.00 30.00 20.00 20.00
Total 14 10 10 10 44

Deux cas particuliers ont été identifiés. Il s’agit de Vitshumbi et Kyavinyonge où53 % des
personnes interrogées ont mentionné n’avoir rien changé dans le cadre de leurs pratiques de
pêche et de la côte ouest où 47 % (Kisaka et Lunyasenge) ont mentionné avoir adapté leurs
pratiques (Kisaka et Lunyasenge) aux nouvelles conditions de vie.
84
Tableau 22.Principales adaptations développées face à la diminution de la ressource
halieutique

Adaptations développées Pêcheries. Pêcheries


légales illégales
N % N %
Consacrer plus de temps 12 50 12 60
Bien cibler les zones de pêches favorables 3.00 12.50 2.00 10
Changement de site et d’horaire de pêches 6.00 25.00 4.00 20
Autres 3 12.50 2 15
Total 24 100 20 100

La principale adaptation réalisée suite aux changements encourus au cours de 19 dernières


années sur leur milieu de pêche et sur la ressource halieutique, a été de consacrer plus de temps
afin d’espérer augmenter les prises de poissons comme par le passé (50% dans le sud-ouest et 60
% à la côte ouest). En plus de l’adaptation précédente, 25% (sud-ouest) et 20% (côte ouest) des
répondants ont mentionné avoir opté pour le changement définitif des zones (violation des eaux
frontalières ougandaises, migration dans les autres pêcheries) et des horaires de pêches
(campement permanent sur le lac). De même, 12,5% et 10% respectivement ont souligné que
d’après leurs connaissances sur le milieu et la biologie des espèces, ils ciblent mieux leurs sites
de pêche en vue de maximiser la chance des captures. Les autres réponses (12% et 15%) ont
été, l’usage accru des engins de pêche prohibés, le parallélisme des numéros des pirogues, le
système de location des pirogues auprès de tiers, la création des organisations des femmes de
pêcheurs qui fournissent des intrants aussi bien aux clandestins qu’aux pêcheurs réguliers, le
recours à d’autres activités économiques alternatives à la pêche, etc.

Tableau 23.Recours à d’autres alternatives économiques par les pêcheurs du lac Edouard

Activités économiques exercées N %

Agriculture 45 42.86
Petit élevage 54 51.43
Petit commerce 6 5.71
Total 105 100
85
51% des personnes interviewées ont mentionné la pratique du petit élevage, 43% ont identifié
l’agriculture tandis que 5,7% ont présenté le petit commerce comme activités alternatives. Bien
que prohibées par les textes règlementaires ICCN-COPEVI, les pêcheurs ont déclaré que toutes
ces activités sont pratiquées dans les enclaves de pêche.

Tableau 24.Revenu mensuel généré par le pêcheur (en USD)

Types de revenus générés Min Maxim Moyenne


Activités de Pêches 20 3333 244.8
Autres activités économiques 30 3333 326.9
Total 50 6666 571.7

Il ressort de ce tableau 24 que le revenu mensuel moyen d’un pêcheur est estimé à 571 dollars
américains dont 245 USD générés par la pêche et 327 USD comme revenus des activités
économiques alternatives pour suppléer aux revenus de la pêche.

3.5.2. Par rapport aux stratégies de règlementation et de gestion de la pêche

Tableau 25.Perceptions des pêcheurs par rapport à la règlementation en vigueur au lac

Thème de discussion Perceptions et/ou appréciations


Tous les pêcheurs contactés (intellectuels, analphabètes, femmes,
Information sur enfants) ont déclaré être informés de l'existence des textes
l'existence des textes règlementaires et de leur particularité par rapport aux autres lacs du
règlementaires pays
Quelques articulations importantes sont connues : (i) interdiction de
pêcher dans les frayères; (ii) Interdiction d'usage des engins des
Grandes lignes des pêches prohibés; (iii) Pas de vol des intrants de pêche; (iv) ne pas
textes règlementaires utiliser les engins et explosifs
La majorité des pêcheurs déclarent qu’ils appliquent la loi. Ceux qui
ne l’appliquent pas le justifient par : (i) irresponsabilité des
gestionnaires des pêcheries; (ii) Violation des règlements par les
Application de la loi officiels; (iii) pêche clandestine très prolifique; (iv) complicité des
par les pêcheurs militaires et des groupes armés; (v) trafic d'influence par des
politiciens en quête de positionnement électoral
86
Ces lois ont les limites suivantes : (i) textes non adaptés aux
nouveaux enjeux socio-économiques et politiques; (ii) expiration de
la convention avec ICCN); (iii) absence des sanctions pénales dans la
loi sur la pêche. D’autres pêcheurs estiment que les textes légaux en
Limite des textes matière de pêche en soi n’ont pas de limites (failles), et que le vraie
règlementaires problème réside au niveau des individus qui sont sensés les appliquer
mais qui en sont eux-mêmes les violateurs
Les pêcheurs appliquent une pêche responsable depuis : (i) 2010
avec l'implication de l'ICCN et 2009 avec l'appui du Gouvernement
provincial du Nord-Kivu. Leur motivation est liée à la restauration de
l'autorité de l'Etat par l’ICCN (patrouilles avec deux bateaux rapides)
Application d'une et la mise à disposition de la taxe FDP (fonds de développement de la
pêche responsable par pêche) aux équipes de surveillance par le Gouverneur de province.
les pêcheurs : période Toutefois, le désordre généralisé, l'implication des services étatiques
et facteurs de et de certains chefs coutumiers dans la pêche clandestine, constituent
motivation encore un facteur de découragement des initiatives en cours.

Tableau 26. Perceptions des pêcheurs par rapport aux initiatives de gestion responsables en
cours d’exécution par les services étatiques.

Thèmes de
discussion Perceptions et/ou appréciations
Certaines initiatives de gestion responsables reconnues : (i) patrouilles
de routine; (ii) démarcation et cartographie des frayères; (iii)
identification et immatriculation des pirogues et engins de pêche; (iv)
Information sur opérations conjointes (FARDC-ICCN) de contrôle, de surveillance et
l'existence des de sécurisation de la pêche, (v) collecte des données de pêche dans
initiatives étatiques de quelques pêcheries. Quelques pêcheurs ne connaissent rien du tout de
gestion ce qui se fait.
En lieu et place de permis de pêche (déjà abrogé), tous les pêcheurs
reconnaissent l’existence d'une redevance coutumière de 25 USD/an
Information sur le vis-à-vis de la COPEVI. Ce document les épargne des tracasseries
l’existence d’un administratives et policières car il inclut d'office toutes les autres taxes
permis de pêche de l'état; En plus, tout possesseur de ce document opère avec légalité.
87
Les pêcheurs ne sont pas informés de l'existence d'un quelconque repos
biologique au lac Edouard. Ils pensent que la non application de cette
mesure serait principalement causée par les craintes : (i) grand
chômage, (ii) insécurité sur le lac; (iii) intensification du braconnage;
(iv) crise socio-économique incommensurable. Toutefois, leurs avis
sont partagés quant à l'appréciation de cette mesure : (i) pour les uns,
c'est un moyen efficace pour reconstituer la ressource halieutique, à
condition de mettre en place les mesures d'accompagnement efficaces;
Observation du repos (ii) pour les autres, c'est une mauvaise initiative car c'est une voie de
biologique : causes provoquer non seulement des problèmes socio-économiques et
principales et environnementaux, mais aussi une occasion favorable aux clandestins
appréciation d’opérer aisément.

Tableau 27. Perceptions des pêcheurs par rapport aux mécanismes de gestion
communautaire des ressources halieutiques.

Existence des mécanismes de gestion communautaires de la ressource


La majorité des pêcheurs indiquent qu’il y a des tentatives de mise en place des mécanismes de
gestion communautaire mais qui sont encore au stade embryonnaire et confrontés à beaucoup
de contraintes d’ordre organisationnel et structurel (déjà décrit au 3.3.3.2.).
Portée des résultats obtenus
Ils estiment que ces structures de gestion consacrent leur temps à la collecte de fonds et non pas
à la gestion durable. C’est le fondement des conflits divers qui les opposent (parallélisme et
concurrence déloyale). D’autres pêcheurs apprécient les effets positifs des initiatives
développées par les structures, entre autres: (i) réduction du nombre des pirogues illégales dans
certaines pêcheries (Kyavinyonge), (ii) amélioration progressive de la qualité de poissons
capturés dans certaines pêcheries comme Kasindi Port et Kyavinyonge; reprise de la sécurité
lacustre ; abandon des filets de mailles < 4,5 inch par la majorité des pêcheurs réguliers ;
Rôle des comités des pêcheurs
Une grande partie des pêcheurs apprécient l’importance du rôle de leurs comités : (i) facilitation
de réunions des membres ; (ii) résolution des conflits entre les membres ; (iii) syndicat de
défense des intérêts des pêcheurs ; (iv) coordination des activités de pêche. Par contre, d’autres
pêcheurs déclarent que les responsables ne plaident que pour leurs propres intérêts. A titre
d’exemple, un pêcheur de 59 ans a dit de Vitshumbi : « ils sont incapables de trouver de
88
partenaires crédibles pouvant nous fournir des filets respectant les mailles requises et bien
d’autres intrants de pêches »
Disposition des pêcheurs à participer à la lutte contre la pêche illicite
Une bonne partie des pêcheurs se dit prête à s'impliquer pourvu que leurs points de vue soient
considérés. Ils sont disposés à : (i) sensibiliser leurs collègues ; (ii) dénoncer les clandestins ;
(iii) décourager les femmes clandestines. D’autres ont rejeté la responsabilité aux autorités
étatiques, estimant que ce sont eux qui ont la force de tout mettre en ordre, et leur rôle c’est de
respecter l’ordre établi.

Tableau 28. Perceptions des pêcheurs par rapport aux mesures de conservations à mettre
en place par l’Etat et ses partenaires et au contenu d’un plan de gestion

Perceptions des pêcheurs par rapport aux mesures de conservation à mettre en place par
l’Etat et ses partenaires

Les pêcheurs pensent que la relance de la COPEVI pourrait être une action salutaire pour
redorer son image déjà salie à l’égard des partenaires et des membres coopérateurs.
Ensuite, procéder à l’assainissement général du lac en supprimant toutes les pêcheries pirates
considérées comme source de surexploitation halieutique et, en contrepartie, créer deux
nouvelles pêcheries officielles dans le territoire de Lubero, particulièrement à Lunyasenge et
Kisaka à l’instar des autres territoires (Rutshuru et Beni) qui en disposent déjà, deux enclaves
chacun.
Une fois ces deux actions réalisées, il faut une application rigoureuse des normes existantes en
intensifiant les opérations de protection, de surveillance et de sécurité lacustre. Et comme
préalable à la réussite, toutes les parties prenantes doivent être impliquées, particulièrement les
pêcheurs au centre de l’action.
Proposition des pêcheurs par rapport au contenu d’un plan de gestion du lac et à ses
grandes orientations stratégiques

80 % des pêcheurs interviewés ont déclaré ne pas être au courant d’un quelconque projet de
rédaction du plan de gestion du lac. Toutefois, quelques responsables du comité ont reconnu
avoir entendu parler de l’intention de développer ce document mais sans toutefois connaître
l’évolution. Interrogés à ce sujet, ils ont proposé les grandes orientations suivantes :
(i) Renforcement des capacités des pêcheurs (structuration, formation, appui en intrants,)
89
(ii) Renforcement des capacités de la COPEVi (revue institutionnelle, renouvellement des
textes règlementaires, formation des gestionnaires, infrastructures, partenariat, etc.)
(iii) Renforcement des opérations de protection et de surveillance
(iv) Aménagement de 2 nouvelles pêcheries en faveur du territoire de Lubero
(v) Renforcer la collaboration entre les pêcheurs ougandais et congolais.

3.6. Modèle d’aménagement et de gestion intégrés de la pêche au lac Edouard

Les différents résultats décrits démontrent clairement que l’exploitation durable des ressources
halieutiques et la gestion durable du lac Edouard passent notamment par l’intégration des
variables sous analyse dans différents sous-systèmes (Figure 1), en l’occurrence i) Zones de
pêche, (ii) Techniques et engins de pêche, (iii) nombre d’unité de pêche (incluant le nombre de
pêcheurs), (iv) Effort de pêche, institution de gestion, partenariat et coopération régionale, (v)
monitoring et recherche, (vi) mesures de gouvernance et de règlementation ; (vii) populations,
et enfin, (viii) la potentialité du lac Edouard.
Corrélativement à ce qui précède, nous pouvons développer le modèle d’aménagement et de
gestion intégrée pour le lac Edouard.

Fig. 13 : Modèle d’aménagement et de gestion intégrés de la pêche au lac Edouard.


(D’après Luhusu et Micha, 2014, adapté par nos propres investigations).
90

Une gestion durable des poissons dans le lac Edouard suppose l’intégration d’un certain nombre
des paramètres, entre autres : (i) Techniques et engins de pêche autorisés + (ii) Effectifs d’unité
de pêche/Effort de pêche appropriés + (iii) programme de monitoring et de recherche permanent
et efficace + (iv) une approche inclusive et participative des toutes les parties prenantes + (v) un
mécanisme de collaboration transfrontalière en efficace + (vi) Mesures de gouvernance et
stratégies de gestions efficaces + (vii) un potentiel halieutique du lac durable.

L’intégration et le respect de tous ces paramètres avec strict respect des textes règlementaires
garantiraient la durabilité de la pêche au lac Edouard.

3.7. Scenarios possibles pour une exploitation durables de la pêche au lac Edouard
En se référant sur le graphique élaboré par Paul Van Dame (2014) à partir de données de Vakily
(1989) et Petit (2006) et nos propres investigations, il est possible d’appliquer quatre scénarios
possibles devant garantir une exploitation durable de la ressource halieutique au lac Edouard
pour les quinze prochaines années comme l’indique la figure 14 suivante.

Figure 14. Modèle d’une exploitation durable des Ressources Halieutiques du lac Edouard

A: Absence des mesures de contrôle des pêcheries, baisse de la production des poissons

B: Taux d’exploitation durable, maintien de la production plus longtemps


91

C: Taux d’exploitation non durable, chute de production après quelques années

D: Diminution “forcée” du taux d’exploitation entraîne des coûts socio-économiques


et environnementaux
CHAPITRE élevés
4 : DISCUSSION DES RESULTATS

D’après les résultats de cette étude, l’exploitation et la gestion halieutique durables de la pêche
au lac Edouard, passe par la combinaison d’un certain nombre des variables notamment : (i)
caractéristiques sociodémographiques des pêcheurs; (ii) l’état des lieux de l’exploitation
halieutique, (iii) système de suivi et de collecte de données de pêche ; (iv) état des lieux de la
gouvernance de la pêche et (v) perceptions des pêcheurs par rapport à la surexploitation
halieutique et aux stratégies de gestion de la pêche. Ce sont ces variables qui sont discutées dans
les lignes qui suivent.

4.1. Caractéristiques sociodémographiques


A part l’effectif estimé à près de 76 000 habitants (Matunguru, 2013) riverains du lac, la
présente étude a permis d’estimer uniquement les armateurs-pêcheurs à 9 695 pêcheurs (1 385
pirogues) dans les quatre sites d’étude, sans tenir compte de leur statut légal. Les pêcheurs
opérant régulièrement sont estimés à 4 241 (613 pirogues, soit 6 sorties par semaine) et 5 404
pêcheurs (772 pirogues) qui pêcheraient irrégulièrement. En termes de densité, ils sont estimés à
5,1 pêcheurs par kilomètre carré. Ces constats coïncident avec ceux de CIFA/OPT (1974) qui
sous-tendent qu’une densité de 4-5 pêcheurs/Km² indique une exploitation déjà suffisante pour
les lacs africains (www.fao.org/docrep/008/e6645/E6645B02.htm.). Dans le cas d’espèce, les
pêcheurs du lac Edouard sont massivement concentrés, de manière permanente, dans différentes
zones de pêche. Cette situation a des effets néfastes tant sur la pêche, la biodiversité que sur le
social, car elle est non seulement à la base de l’augmentation de l’effort de pêche, mais aussi elle
est la source potentielle des conflits entre les pêcheurs. Elle peut être liée au niveau de formation
des pêcheurs. Cette situation a été observée respectivement par d’autres chercheurs tels que
Mughanda et al. (1991) au lac Ihema au Rwanda ; Mbiligi et al (2014) dans la partie ougandaise
du lac Edouard, lac Georges et chenal de Kazinga en Ouganda qui constatèrent globalement
l’augmentation de l’effort de pêche et la diminution des captures des poissons.

4.2. Exploitation halieutique


Certaines techniques utilisées constituent des menaces remarquables sur la durabilité des
ressources et portent déjà atteinte à ses potentialités, dont les poissons. Parmi ces pratiques,
92
figurent entre autres la pêche au filet dormant à mailles de moins de 4,5 inch, la senne de plage,
la nasse, la pêche au “tam-tam”, la pêche au filet moustiquaire, etc. qui sont fortement concentrés
dans les frayères. Ce qui corrobore les résultats des études empiriques qui ont démontré que la
pêche avec des engins destructifs «Lusenga» ou épuisette, sennes de plage équipés de filets à
petites mailles, moustiquaires, …) est une importante menace à la biodiversité des lacs
Tanganyika (http.//tunzamazingirardc) ainsi que les observations de Mbiligi (2014) qui
indiquèrent que la diminution des captures de poissons et des oiseaux piscivores sont
principalement dues à la pratique de la pêche dans les zones interdites mais aussi à l’usage des
techniques de pêche incompatibles avec la règlementation des sanctuaires du Parc National en
Ouganda.

S’agissant du potentiel halieutique exploitable au niveau de la RDC, il est de 707.000 tonnes en


moyenne par an, alors que la production annuelle est d’environ 220.000 tonnes, soit un peu plus
de 30 % du potentiel. Cette production correspond à une disponibilité moyenne annuelle de 5,2
kg/habitant/an; soit une consommation nettement inférieure à la norme internationale, fixée à 13
kg/habitant/an (Ministère de l’Agriculture, Pêche et Elevage, 2009). En ce qui concerne le lac
Edouard, bon nombre d’observations et recommandations de Vakily (1989), Mughanda (1992) et
Petit (2006) restent toujours valables. Ceci est conforme aux résultats de Diakhaté (2002) qui
constata une baisse de la production de 34,8 à 24,9 Kg/an/Habitant au Sénégal de 1995 à 2010.
Lorsque ces trois règlements sont efficacement appliqués, la pêche sera probablement en mesure
de s'autoréguler par des contraintes économiques. Lorsque la capture par unité d'effort diminue, à
un certain moment l'activité de la pêche pour les pirogues de pêcheurs individuels ne sera plus
avantageuse et les pêcheurs vont quitter l'activité. C'est ce qui explique le nombre relativement
élevé de pirogues de pêche non opérationnelles, déjà signalé par Petit (2006) et confirmé dans la
présente étude. Il est également intéressant de signaler l’apparente stabilisation, du nombre de
pirogues de pêche aux alentours de 2500 depuis 2006, ce qui suggère qu'il n'est plus
économiquement avantageux d'augmenter l'effort de pêche.

La principale question serait alors de savoir s’il est effectivement possible de réglementer la
pêche à travers la protection des frayères et contrôler la taille de la maille? Nous avons
l'impression que l'utilisation de la senne de plage et la pêche à la nasse n’a pas apparemment
cessé et ces zones sont d’avantage envahies par des fortes concentrations de pêche depuis 2006.
Mais, bien sûr, ces impressions (alimentées par des déclarations de l’AGRIPEL et les pêcheurs
locaux) doivent être validées sur le terrain. Par exemple, le balisage des frayères par l'ICCN n'a
pas réussi en grande partie à cause de l'utilisation de matériaux inadéquats, mais le contrôle
93
communautaire aurait pu avoir un impact positif (mais probablement limitée) sur la protection
des géniteurs. Petit (2006) suggère que la baisse des captures est principalement due à la pêche
dans les frayères. La protection de ces frayères devait être une composante essentielle de la
stratégie de la bonne gestion de la pêche. L'argument est que si les frayères sont protégées et la
taille minimale des mailles est respectée, l'exploitation des stocks de poissons pourrait être
maintenue au même niveau. Le nombre de pirogues est limité par des facteurs économiques et
par le manque de rentabilité individuelle.

Il ressort de ce qui précède que la surexploitation halieutique et l’usage des techniques


destructives dans les zones de reproduction ont une incidence socio-économique négative par la
perte d’emplois et de moyens de subsistance à très court terme y compris la disparition de la
biodiversité et la destruction systématique de l’écosystème, considérant que le phénomène
accroît dans une progression arithmétique pendant que la régénération de la ressource halieutique
évolue dans une tendance très lente.
Les principaux problèmes environnementaux du Parc National des Virunga ont une forte relation
avec la production de la pêche. La chute de la population d'hippopotames, après la guerre,
l’abattage des forêts riveraines par les activités agricoles, et l'exploration et l'exploitation de
pétrole peuvent avoir des effets dévastateurs sur la production de poisson. Dalberg (2012)
indique que la réglementation actuelle du parc, qui n’est pas pleinement respectée, et les
mécanismes d’application peu efficaces ont entraîné la surpêche et un déclin de la population
d’hippopotames. La diminution du nombre d’hippopotames s’est donc accompagnée d’une
baisse des stocks de poissons du lac Édouard.

En dehors de l'analyse strictement économique, il est évident que le parc offre des services très
importants pour la société. Sa contribution à la sécurité alimentaire (et pas seulement dans le
parc, étant donné que près de 50 % des poissons sont commercialisés dans les milieux urbains
voisins, à la sécurisation des moyens de subsistance reposant sur la pêche et la création d'emplois
est énorme.

Dalberg (2012) ont calculé la valeur économique totale du Parc National des Virunga. La valeur
économique actuelle a été estimée à 48,9 millions de dollars annuellement, et la valeur annuelle
potentielle à US $ 1.111,8 milliards par an. La pêche est l'activité principale, contribuant à 61% de la
valeur économique actuelle du parc.

Le calcul de Dalberg (2012) reposait sur deux hypothèses: la valeur de marché moyenne de 2 $ US / Kg
de poisson et un rendement annuel total de 15 000 tonnes/an (sur la base de Petit, 2006). Ils mentionnent
également que l'industrie de la pêche emploie environ 27.000 pêcheurs. La valeur potentielle de la pêche
94
a été basée sur deux autres hypothèses : l'amélioration du rendement (a) un triple, atteignant 45 000
tonnes/an; b) nombre d'emplois par tonne produite est de 0,62. Sur la base des dernières hypothèses, la
valeur potentielle du lac Edouard serait US 90 millions de dollars par an et l'industrie pourrait générer
plus de 28 000 emplois supplémentaires dans la pêche et les activités connexes telles que le séchage, le
fumage, le transport et la revente.

Sur base des données de la présente étude (basées sur 5 dernières années), nous pouvons faire de petits
ajustements aux chiffres fournis par Dalberg (2012). La mise à jour des hypothèses conduit à une
exploitation durable de 14.000 tonnes/an avec un prix d’achat au pêcheur de 1 $ US / Kg, ce qui donne
une estimation de la valeur économique actuelle de la pêcherie de 14 millions de dollars/an, et en tenant
compte du rendement maximal de 16.000 $ US rapportée par Vakily (1989) et d’une augmentation
possible du prix à 1,5 US $/ Kg (si le prix est à la hausse), la valeur potentielle serait de 30 millions de
dollars/an. Bien sûre, ce nouveau calcul, ne contredit pas les conclusions principales du rapport Dalberg,
démontrant de façon convaincante l'énorme potentiel économique du Parc National des Virunga.

Petit (2006) signale que les pêcheurs peuvent être considérés comme pauvres mais pas comme
misérables. Jusqu’à tout récemment, les populations riveraines pouvaient vivre de plusieurs
sources des revenus. Dans le contexte actuel, la surexploitation des ressources halieutiques
déstabilise l’économie domestique des familles riveraines. Les riverains sont actuellement
obligés de consacrer plus d’heures dans l’activité de pêche, tel que nous l’avons mis en évidence
dans la présente étude. Ceci leur laisse donc moins de temps à consacrer pour d’autres activités,
qu’elles soient d’ordre productif ou social. Face à cette réalité, les pêcheurs sont contraints de
trouver/inventer d’autres moyens de survie ou sont poussés à défricher davantage pour cultiver
plus (cas des pêcheries de la côte ouest), de manière à générer un excédent dans leurs revenus et
ainsi pouvoir acheter des produits de première nécessité.

4.3. Mesures de gouvernance et application des textes règlementaires


Il y a défaillance du cadre réglementaire existant en matière de pêche. Cette législation basée sur
le décret de 1937, déclarée depuis longtemps caduque d’après les documents récents sur la
Politique et les Stratégies de la Pêche, et les dispositions de certains textes légaux, ne sont plus
d’actualités, surtout dans le contexte de la pratique de la pêche dite durable et responsable.
Néanmoins, à ce sujet un projet d’une nouvelle législation sur la pêche a été élaboré et déposé à
l’instance supérieure pour sa promulgation (Mabeka, 2008 cité par Luhusu, 2014). La présente
loi s’attache à respecter les normes et principes internationaux en vigueur en matière de pêche et
d’aquaculture. Toutefois, elle n’est pas encore promulguée par le Président de la République.
95
Pour le repos biologique, les pêcheurs ont fait leur appréciation par rapport à l’existence ou
l’observation d’un repos biologique au lac Edouard. De ce fait, elle est intimement liée à la
notion de droits de propriété. Cette dernière renvoie à des mesures de type privatisation du lac.
Cela relève de la compétence de la loi (cf. cadre réglementaire). Or, jusqu’ici, les pêcheurs ont
déclaré n’avoir jamais observé un quelconque repos biologique dans l’histoire du lac Edouard,
même pas à l’époque coloniale car la production était suffisante et la règlementation était
appliquée rigoureusement. Ils sont donc farouchement opposés à cette mesure. Ce qui est
contraire aux observations de Mamadou qui démontra, en 2005, que le respect du repos
biologique du poulpe mis en place par les populations elles-mêmes du Nianing (localité située
entre Mbour et Joal, à 90 km au Sud de Dakar) a permis d'avoir d'excellents résultats surtout sur
le plan économique. A cet effet, Petit (2006) propose deux solutions possibles à la définition du
calendrier de pêche sont soit la privatisation du lac (Petit, 2006), soit la gestion concertée ou
cogestion prévue. Là aussi, comme le reconnaissent les autorités de tutelle elles-mêmes, la
question n’est pas aisée.

Concernant l’organisation des associations de pêcheurs, depuis la faillite juridique de la COPEVI


et la perte de son monopole, les pêcheurs se sont organisés en «Comité de Pêcheurs
Indépendants" qui, compte tenu des circonstances, sont très bien organisés et ont occupé une
position indépendante vis-à-vis de cette coopérative. Ce type d'organisation figure parmi les
opportunités solides pour une bonne cogestion du lac et une pêche efficace. Cependant, Petit
(2006) émet des doutes quant à la volonté des pêcheurs locaux à protéger les ressources dont ils
dépendent pour leur sécurité alimentaire quotidienne (la «tragédie des biens communs»). D'autre
part, nous considérons que sans organisations fortes et une participation inclusive locale, la
gestion des ressources halieutiques ne peut être faite de manière adéquate.

Partant de l’hypothèse précédente et considérant sa structure actuelle, la COPEVI n'aurait plus


aucune fonction, à moins qu’elle reçoive un appui fort de la part du gouvernement, des
organisations non gouvernementales ou du secteur privé. Vakily (1989) avait supposé que la
COPEVI pouvait encore être un candidat pour l'exploitation des ressources halieutiques dans les
eaux profondes du lac, mais pour cela l’institution devrait compter sur un investissement très
élevé.

Petit (2006) a proposé le remplacement de la multitude d'institutions (COPEVI, AGRIPEL,


ICCN, etc.) participant à la gestion de la pêche par une unique institution dépendant de l’autorité
étatique. Cela permettrait de réduire les coûts, d'accroître l'efficacité, de résoudre les conflits, et
96
d’améliorer la gestion et le contrôle. Il indique également l'importance d’inclure les pêcheurs
dans les activités de surveillance de la pêche illégale.

Dans le cas d’espèce, notre étude a noté la présence de plusieurs mouvements y compris les
organisations féminines qui sont fortement impliquées dans diverses activités ayant un lien avec
la pêche au lac Edouard. Elles disposent des atouts et potentialités nécessaires d’influencer la
réussite ou l’échec de tout effort de règlementation. Malheureusement, ces acteurs ne sont pas du
tout considérés, moins encore consultés dans le processus de planification des actions de
règlementation de la pêche. Dans ces quatre localités, elles dominent la commercialisation du
poisson et jouent un rôle essentiel (mais non reconnu) dans la protection des ressources. Outre la
communication au niveau local entre les organisations de femmes, elles participent également à
des réseaux plus vastes à l'échelle régionale (FOPAC = Fédération des femmes pêcheurs et
agriculteurs).

Dans le même ordre d’idée que le point précédent, il s’avère indispensable que la gestion de la
pêche ne se limite pas uniquement à la gestion du lac, mais qu’elle considère aussi la valeur
globale et toute la filière du poisson, y compris la fourniture d'intrants de pêche, les acteurs
indirects locaux et les marchés. La gestion rationnelle de la pêche doit tenir compte des sujets
comme la sécurité alimentaire, la santé, les moyens de subsistance durables et être poursuivi
dans toute une filière ou une approche productive complexe.

Les Pêcheries illégales dans les villages de la côte ouest, par exemple Taliha, Lunyasenge,
Musenda, Kisaka et Muramba sont nées d'anciens camps et site de gardes-parc d'où le poisson a
été commercialisé dans les villages et en dehors du parc (Petit, 2006). Autour de ces villages des
agriculteurs se sont sédentarisés et ont plus tard élargi leurs activités et inclus la pêche pour
garantir leurs moyens de subsistance. En ce moment, bon nombre des pirogues de pêche sont
exploitées à partir de ces villages. Bien entendu, l'approvisionnement de poisson pour les
communautés voisines est en train d'améliorer la sécurité alimentaire à l'intérieur et à l'extérieur
du parc. C'est une réalité, en partie héritée d'une période de conflit dans cette partie du pays, qui
ne peut être négligé ou inversée. Il est important de doter d’un statut juridique à certaines de ces
pêcheries.

4.4. Système de suivi et de collecte de données de pêches


Kapuma (2012) indique que malgré son important potentiel halieutique, les données sur les
ressources halieutiques et du stock de la RDC sont souvent fragmentaires et les évaluations
parfois anciennes sont rarement réalisées de façon régulière ; ce qui expose son système de
97
collecte de données à d’importantes lacunes lesquelles entravent la bonne gestion et le
développement de ce secteur. Pour lui, ce système est confronté à plusieurs contraintes d’ordre
financier, de personnel formé, de l’irrégularité du système, etc.
Cette situation ne s’écarte guère de celle du lac Edouard. Son évaluation a permis de noter
l’existence de deux types. Le système empirique utilisé par l’AGRIPEL et la COPEVI focalise
son attention sur les captures en nombre et non en poids. De ce fait, les données sont incomplètes
et fragmentaires du fait qu’elles sont collectées par un personnel peu formé, non motivé dans un
système irrégulier, peu organisé et dans des conditions de stockage peu sécurisées ; ce qui limite
la fiabilité de l’information issue de ces données. Bien qu’amélioré et capable de fournir
quelques informations préliminaires après 15 mois de collecte de données, le système de
monitoring, mis en place par l’ICCN est confronté aux mêmes défis que celles du système
national. Il s’agit notamment des contraintes d’ordre structurel, financier et organisationnel et
surtout son caractère exclusif (non implication des pêcheurs et les autres services impliqués) ; ce
qui limite déjà la complétude et la fiabilité des données.
Or, FAO (1995) insiste sur le fait que le gestionnaire devrait utiliser les bonnes informations de
pêche exactes et récentes, vérifiables qui lui permettront de bien définir les mesures de gestion
responsable de la pêche.Le système en place au lac Edouard n’arrive pas à produire l’information
requise en temps opportun et souhaité du fait de l’absence des outils et personnel permanent pour
la saisie, le traitement et l’analyse de données. Il est encore loin de fournir des informations
nécessaires d’aide à la décision pour la gestion du lac.
Bien que le système traditionnel ait des limites dans toutes les pêcheries du lac Edouard,
cependant la pêcherie de Kyavinyonge fait exception, même du temps de Petit (2006). Les
pêcheurs déclarent sincèrement la quasi-totalité de leurs captures, mais aussi l’équipe de
l’AGRIPEL travaille en étroite collaboration avec celle de l’ICCN. La collecte de données se
réalise dans une seule plage et sur les mêmes prises de poissons et ce, d’une manière organisée.
La plupart des officiers de pêche, des responsables de la COPEVI et des agents collecteurs de
l’ICCN interrogés à ce sujet, confirme cette situation décriée par Kapuma et Ngame (2012).
C’est pour cette raison que des calculs de conversion des unités ont été appliqués aussi bien par
Vakily (1989), Mughanda (1992), Petit (2006) que par nous-mêmes pour tenter d’estimer
l’évolution des captures et les grandes tendances des espèces commercialisées.

4.5. Perceptions des pêcheurs par rapport à la surexploitation et aux stratégies de


gestion
98
Durand (1991) souligne que l’implication du pêcheur directement ou indirectement dans une
démarche d’évolution de la gestion du secteur, pourrait favoriser l’émergence d’un
comportement de groupe et une adhésion à l’élaboration de statistiques fiables. Cette approche
intégrée permettrait aux gestionnaires de mieux appréhender les problèmes d’exploitation tels
que vécus par les professionnels. La consultation des pêcheurs et tous les autres acteurs est une
voie mieux indiquée pour recueillir leurs perceptions individuelles ou collectives. Ce qui n’est
pas le cas pour les comités des pêcheurs qui se voient toujours marginalisés et moins encore non
consultés dans toute mesure de règlementation de la pêche. La décision de fermeture de la pêche
envisagée par le Gouvernement Provinciale du Nord-Kivu en est une preuve tangible.

FAO (199) souligne aussi que les études scientifiques ne peuvent plus se réduire aux seules
dimensions biologiques puisque l’état des pêcheries résulte surtout désormais de contraintes
extra-halieutiques, c’est-à-dire économiques, politiques et opérationnelles. Du fait d’une
dépendance du secteur pêche à l’égard de l’environnement côtier, les pêcheurs ont un rôle
significatif en tant qu’observateurs de l’état des ressources et de l’environnement. A ce titre, la
présente étude a permis de noter que les pêcheurs se plaignent du comportement exclusif de la
part des organisations internationales et locales qui interviennent. Ils leur reprochent d’orienter
les fonds dans les activités qui n’ont aucun lien direct avec la protection du lac. C’est aussi le cas
des activités de balisage des baies et frayères du lac, mais qui n’a pas impliqué les pêcheurs alors
qu’ils connaissent mieux ces zones et seraient les premiers à assurer leur protection.

Scherer (2004) démontre que “le manque de reconnaissance des riverains amazoniens au niveau
socio-politique et l’exclusion de ceux-ci dans l’élaboration de différents plans à tous les niveaux
de l’Etat et du Fédéral a fait que le destin des populations riveraines traditionnelles et l’avenir de
ses ressources naturelles est demeuré secondaire dans les plans élaborés par le gouvernement et
ce, depuis la colonisation”. Dans le cas d’espèce, notre étude a révélé l’existence d’un processus
d’élaboration du plan de gestion de la pêche qui serait en cours mais, qui n’implique même pas
les pêcheurs, moins encore leurs représentants. Et pourtant ces pêcheurs et d’autres
organisations féminines très actifs dans les pêcheries, disposent des atouts et potentialités
nécessaires d’influencer la réussite ou l’échec de tout effort de règlementation ; ce qui limiterait
aussi l’application et l’utilisation de cet outil de gestion.
99

CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS

Cette étude a porté sur les perceptions des pêcheurs par rapport à la surexploitation halieutique et
aux stratégies de gestion de la pêche au lac Edouard.

Ainsi, l’objectif poursuivi par cette étude est celui de contribuer à la connaissance des
perceptions des pêcheurs face à la situation actuelle de la pêche et aux mesures de gestion en
cours dans la perspective de proposer des outils susceptibles de contribuer à la gestion durable
des ressources halieutiques en République Démocratique du Congo et au lac Edouard en
particulier.

Face à l’état de surexploitation actuelle de la pêche et à des mesures de gestion non durables,
des risques d’épuisement des stocks halieutiques du lac Edouard sont possibles. Pour minimiser
ces effets indésirables et garantir une gestion durable, toutes les parties prenantes sont
convaincues de la nécessité de l’amélioration du système d’exploitation et de gouvernance qui
concilie les aspirations des populations riveraines et les exigences de la conservation de la
biodiversité du parc National des Virunga.

A l’issue de l’analyse et de l’interprétation des données, nous avons confirmé l’hypothèse selon
laquelle des risques d’épuisement des stocks halieutiques du lac Edouard sont possibles car les
techniques de pêche utilisées menacent substantiellement les ressources halieutiques du
Edouard et portent atteintes à ses potentialités à cause de la médiocrité dans l’ application des
mesures de gouvernance et surtout de la faillite virtuelle de la structure de gestion, la COPEVI,
qui a le monopole de pêche de ce lac.
100
L'ensemble des pêcheurs interrogés sont conscients du caractère épuisable des ressources
ichtyologiques, de l’état de modification biologique et du milieu lacustre ainsi que des effets
négatifs de cette dégradation sur les conditions de vie des populations et du parc national des
Virunga. En particulier, ils se plaignent de la diminution de la taille des espèces et de la menace
de disparition qui pèsent sur certaines espèces de poissons comme Mormyrus, Labeo, Barbus,
etc.

Les principales causes indiquées par les pêcheurs pour justifier ces problèmes, sont notamment
la forte concentration des activités de pêche dans des zones interdites, l’augmentation
exponentielle du nombre des pirogues de pêche et de pêcheurs sur les sites de pêche, le non-
respect des mesures règlementaires avec l'utilisation d'engins de pêche prohibés comme les filets
à petites mailles, les sennes de plage, les nasses, les tam-tams, etc., la non existence de
calendrier de pêche, la destruction des zones de frayères ainsi que la disparition de la ceinture
verte dans les berges et autour des embouchures des rivières principales. L’émergence d’une
multitude d’acteurs étatiques et privés en conflits intra et interinstitutionnels autour de la
ressource halieutique. La prolifération des villages de pêche clandestins travaillant en parallèle et
d’une manière dispersée dans une concurrence déloyale avec la COPEVI.

L'absence d’un programme de monitoring et de recherche qui ne permet pas d’avoir de données
suffisantes et fiables sur les potentialités du lac Edouard ; ce qui limite l'appréciation objective
de la tendance de dégradation des ressources ichtyologiques pour l’ensemble du lac et
d'apprécier la durabilité de leur exploitation.
L’inexistence d’un plan d’aménagement et de gestion de la pêche au lac Edouard constitue un
prétexte de taille pour les habitants à justifier la cause de la prolifération des pêcheries
clandestines dans certaines zones riveraines du lac.

Conscients de cette situation déplorable, l’ICCN et ses partenaires ne cessent de mettre en place
diverses initiatives de règlementation de la pêche les cinq dernières années. Parmi les stratégies
de gestion développées, figurent notamment, la protection des principales baies et frayères du
lac, la surveillance et la sécurité lacustre, la cartographie et le balisage de certaines baies ou
frayères, la collecte des statistiques de pêche sur un échantillon des pirogues, etc. Toutefois, il
sied de souligner que face à un accroissement continu des populations autour de cet écosystème
et à la dynamique des enjeux politiques actuels, le système de gestion actuel ne peut plus garantir
une gestion durable des ressources ichtyologiques du lac Edouard.
101
Pour une exploitation durable des ressources halieutiques du lac Edouard, nous suggérons à
l’ICCN et tous ses partenaires de la pêche, les stratégies suivantes :

i. Des études spécifiques sur la faune ichtyologique dans les eaux profondes et off-shore du lac,
et sur la biologie des poissons, doivent être planifiées et mises en œuvre afin d’actualiser les
données fournies par Vakily (1989).
ii. L'aspect de recherche et la publication des résultats de recherche sont tout aussi importants;
surtout à la lumière de recevoir une connaissance de l'importance du lac et des poissons pour
la sécurité alimentaire locale et pour identifier les services environnementaux fournis par le
Parc National des Virunga. Cette information devrait aussi être traduite à l’intention d’un
public plus large sous la forme d'histoires d'impact, de notes d'orientation, etc.
iii. Le suivi des stocks de poissons, des pêcheries, de la commercialisation et, en général, de la
chaîne de valeur et filière de poisson est un élément essentiel dans le processus de gestion de
la pêche. Ce monitoring et suivi peuvent consister en deux volets: (i) la systématisation et
centralisation des données existantes: (ii) la mise en place d'un système de suivi détaillé dans
toutes les pêcheries. Non seulement les captures doivent être surveillés et monitorées, mais
aussi l'effort de pêche doit être suivi. Il est important que l'information soit centralisée et
traitée par un acteur reconnu et convenu par tous. Cet acteur peut être l'ICCN. Ce dernier
devrait élargir son champ d'action et jouer un rôle de plus en plus actif dans le suivi et l’appui
des études et enquêtes appliquées. Il est également très important de bien gérer l'information
disponible en fonction des objectifs différents.
iv. Les patrouilles mixtes semblent être un mécanisme efficient de contrôle conjoint et devrait
être institutionnalisées et intensifiées.
v. Un système fiable de recensement et d'immatriculation des pirogues de pêche et des pêcheurs
devrait être priorisé. Il y a des progrès accomplis avec les "plaques" pour l'identification des
pirogues de pêche, mais ce système devraient être amélioré et toute corruption devrait être
évitée.
vi. Toute réponse aux questions ci-dessus devra toujours tenir compte de l'aspect transfrontalier
et du contexte international du lac. Ce qui suppose la mise en place d’un cadre de
collaboration transfrontalière des parties prenantes concernées pour une gestion intégrée de la
pêche et des écosystèmes des aires protégées de deux pays concernées.
vii. Il est très important de renouveler, pour une gestion plus efficace de la pêche, la convention
de collaboration entre ICCN-COPEVI en prenant en compte les outils biologiques et sociaux;
viii. D’organiser des campagnes de sensibilisation et de conscientisation des populations sur leurs
responsabilités dans la dégradation du lac et écosystèmes riverains;
102
ix. Renforcer la capacité des comités des associations des pêcheurs et des organisations
féminines en formations professionnelles plus appropriées dans le domaine de pêche, en
pratiques comptables et de gestion de leurs ressources ;
x. Promouvoir des actions alternatives de subsistance des populations locales afin de réduire la
sur dépendance et la capacité de surexploitation de la ressource, l’effort de pêche, pour
permettre la reconstitution du stock halieutique et éventuellement assurer le succès de gestion
des pêcheries. Ces alternatives sont entre autres l’agriculture, l’agro-pisciculture, l’élevage
du petit bétail, les activités artisanales, le petit commerce, etc.
xi. Mettre en place un système de gestion du lac en impliquant toutes les parties prenantes qui
exercent un certain pouvoir sur le lac notamment : les pêcheurs, la population locale, les
ONG locales, les chefs coutumiers et les autorités administratives.

A moyen terme, nous pensons qu’un plan d’aménagement et de gestion du lac Edouard, élaboré
de façon participative avec toutes les parties prenantes, serait indispensable. Son importance
réside dans l’ultime préoccupation de renforcer les alliances, construire la gouvernance et aider
dans la conception d'un plan d'action qui définirait des tâches spécifiques pour les différentes
parties prenantes. Partant de la modélisation et de différents scénarios proposés à l’issu de cette
étude, sept axes stratégiques devraient guider tout processus d’élaboration d’un plan
d’aménagement et de gestion de la pêche pour le lac Edouard. Il s’agit notamment des :

(i) Protection, surveillance et sécurité du lac (Aspects légaux) ;


(ii) Immobiliers, équipements et infrastructures ;
(iii) Administration, logistique et gestion (Structure de gestion) ;
(iv) Monitoring et recherche scientifique sur la faune ichthyenne ;
(v) Organisations des pêcheurs et autres acteurs indirects ;
(vi) Aspects régionaux et collaboration transfrontalières ;
(vii) Mise en œuvre, Suivi et Evaluation du plan.
103

REFERENCES BIBILIOGRAPHIQUES

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109

ANNEXES
110
Annexe1.Questionnaire d’enquête des pêcheurs
Bonjour Madame, Mademoiselle, Monsieur,

Nous sommes Chercheurs de l’Ecole Régionale Postuniversitaire d’Aménagement et de Gestion


Intégrés des Forêts et Territoires tropicaux. Dans le cadre de nos recherches sur « Perceptions de
la surexploitation halieutique et des stratégies de gestion par les pêcheurs artisanaux du lac
Edouard, Parc National des Virunga, République Démocratique du Congo », nous sollicitons
votre collaboration en répondant à notre questionnaire. Nous vous rassurons que vos réponses
seront confidentielles et exploitées à des fins purement académiques

N° du questionnaire : …..

Lieu et date de l’enquête :………………………/……../…….

Nom de l’enquêteur :…………………………………………..

I. Caractéristiques d'identification
Nom, post nom et Prénom :……………………………………………………

Sexe : 1. Masculin 2. Féminin

Age : ………………………………………...........

Village(Pêcherie) :………………………………..

Etat civile : 1.Marié 2. Célibataire 3. Veuve 4. Veuve 5. Divorcé

Niveau d’instruction : 1. Aucun 2. Primaire 3. Secondaire 4. Supérieur

Territoire d’origine : 1. Rutshuru b. Lubero c. Masisi d. Walikale e. Autre (à préciser)

Résident : a. Permanent b. Visiteur

Depuis combien de temps pratiquez-vous la pêche ?

II. Modes d'exploitation et perception de la surexploitation des Ressources


Halieutiques par les pêcheurs

1. Quel type d'engin utilisez-vous ?

a. Filet dormant : longueur (m) chute : (m) maille (mm)

b. Filet maillant dérivant : longueur (m) ------------

c. Filet maillant encerclant : longueur (m) -----------


111
d. Senne tournante : longueur (m) --------

e. Senne de plage longueur (m)

f. Ligne simple

g. Palangre :

chute (m) maille (mm)

chute (m) maille (mm)

chute (m) maille (mm)

chute (m) maille (mm)

2. Quelles espèces ciblez-vous ?

3. Vous arrive-t-il de capturer des espèces immatures ? Oui Non

Si oui, pourquoi ?

4. Quelle quantité de poisson pêchez-vous en moyenne par jour ?

5. Pêchiez-vous la même quantité au cours de ces 10 dernières années ? Oui Non

Si non, quelle quantité pêchiez-vous ?

6. Passez-vous plus de temps à pêcher qu'il y a 10 ans ? Oui Non

Si oui, quelles en sont les raisons ?

7. Avez-vous constaté une diminution de la taille et/ou le poids des poissons ? Oui Non

Si oui, quelles sont les espèces les plus touchées ? Quelle est la taille moyenne ? Quelle est le
poids moyen ?

8. Avez-vous remarqué la disparition de certaines espèces ? Oui Non

Si oui, lesquelles ?

9. Selon vous, quelles sont les raisons de cet état de fait ?

10. Comment évaluez-vous la part de responsabilité de la pêche artisanale dans cette situation ?

a. très forte b. forte c. faible d. aucune responsabilité

11. Justifiez votre réponse


112
12. Avez-vous remarqué des activités polluantes du lac ? Oui Non

Si oui, quels liens peut-on faire entre la pollution et la diminution des RH ?

13. Exercez-vous d'autres activités économiques ? Oui Non

Si oui, lesquelles et pourquoi ?

14. Quel est votre revenu mensuel ?

15. Quelle proportion provient de la pêche ?

16. Quel impact la diminution des Ressources Halieutiques a-t-elle sur vos revenus ?

III. Perception des stratégies de gestion des Ressources Halieutiques par les
pêcheurs
17. Etes-vous au courant de l'existence de la loi et/ou code de la pêche de 1937? Oui Non

Si non, comment expliquez-vous cela ?

Si oui, quelles en sont les grandes lignes ?

18. Appliquez-vous normalement les textes réglementaires proposés par ce code de la pêche ?
Oui Non

Si oui, comment ?

Si non, pourquoi ?

19. Selon vous, quelles sont les limites de cette réglementation ?

20. Est-ce que les pêcheurs se préoccupent d'une pêche responsable et durable ? Oui Non

Si oui, à quand remonte cette préoccupation et quelle était sa motivation ?

Si non, quelles en sont les raisons ?

21. Mis à part la loi/le code, êtes-vous au courant d'autres initiatives prises par l'Etat pour la
gestion des ressources halieutiques ? Oui Non

Si oui, lesquelles ?

22. Etes- vous au courant de l'instauration du permis de pêche artisanale ? Oui Non

Si oui, qu'en pensez-vous ?

Si non pourquoi?

23. Etes-vous au courant du dernier repos biologique ? Oui ou Non


113
24. Avez-vous observé ce repos ? Oui Non

Si non quelles sont les causes principales ?

25. Quelle appréciation en portez-vous ?

26. Quels sont les mécanismes de gestion communautaires des Ressources Halieutiques en cours
?

27. Quelle en est leur portée et quels sont les résultats obtenus ?

28. Pensez-vous que les comités de pêcheurs jouent bien leur rôle par rapport à la protection de
l'environnement lacustre et au renouvellement des Ressources Halieutiques ? Oui Non

Si non, pourquoi ?

Si oui, comment le font-ils ?

29. Etes-vous prêt à participer à la lutte contre la surexploitation des Ressources Halieutiques ?
Oui Non

Si oui, comment?

Si non, pourquoi ?

30. Quelles mesures de conservation et de valorisation les organisations et l'Etat doivent-ils


prendre pour une meilleure gestion des Ressources Halieutiques ?

31. Etes-vous au courant d'un programme ou d'un plan de gestion initié par les autorités
publiques ou les ONG dans votre pêcherie ?

Oui ou Non

Si oui, quelle en est la quintessence et pensez-vous que cela puisse contribuer à une meilleure
gestion des Ressources Halieutiques ?
114

Annexe2 : Guide d’interview adressé aux acteurs indirects


2.1. Identification de l’enquêté
Nom et post-nom et
prénom :………………………………………………………………………………… ;
Lieu et date de l’interview :
……………………………………………………………………………………. ;
Heure du début et de la fin de
l’interview : ……………………………………………………………. ;
Sexe :
……………………………………………………………………………………………………
………………… ;
Age :
……………………………………………………………………………………………………
…………………. ;
Niveau d’instruction :
…………………………………………………………………………………………….. ;
Rôle/Fonction/Activité :
………………………………………………………………………………………….. ;
2.2. Modes d’exploitation et gestion de ressources halieutiques
1. Comment se présente le calendrier de pêche au lac Edouard ?
...........................................................................................................................................................
.......
……………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………….
1. Comment les périodes de pêche sont-elles réparties au lac Edouard ?
.....................................................................................................................................................
.....................................................................................................................................................
..............
2. Quelles sont vos impressions par rapport au système de gestion de la pêche au lac Edouard ?
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
………

3. Quels sont les types de pêche pratiqués au lac Edouard ?


…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………..
4. Quels sont les avantages et inconvénients de ces types de pêche ?

Types de Avantages Inconvénients Acteurs les


pêche impliqués
1.
2.
3.
4.
5.
115
6.
7.

5. De toutes ces techniques de pêche observées au lac Edouard, lesquelles sont prohibées par la
loi sur la pêche ?

6. Avez-vous constaté une diminution de la taille et du poids de poissons ce dernier temps ?


Si Oui, Quelles sont les espèces les plus touchées ?
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
7. Avez-vous remarqué la disparition de certaines espèces des poissons ?
Si Oui, lesquelles ?
…………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………
8. A part les mauvaises pratiques de pêche, qu’est-ce qui pourrait être à la base de la disparition
de ces espèces ? (citez 5 causes majeures)
…………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………

9. Connaissez-vous d’autres conséquences remarquables dues aux mauvaises pratiques et à la


faiblesse de stratégie de gestion de la pêche? Citez-en au moins 5 par composante et leurs
manifestations directes actuelles.

Impacts Conséquences remarquables Manifestations directes


actuelles (indicateurs)
Biodiversité/envi 1.
ronnement (dans
le parc) 2.
3.
4.
5.
Sociales 1.
(conditions de
vie des 2.
habitants : taille 3.
des populations, 4.
alimentation,
santé, habitat,
éducation,
alimentation,
éthique)

5.
Economiques 1.
(emplois, 2.
revenus, sources 3.
des revenus 4.
5.
116

10. Comment évaluez-vous la part de responsabilité de la pêche artisanale dans ce contexte ?


Aidez-vous des catégories d’acteurs intervenants au lac pour établir les responsabilités de
chacune.
Catégories Responsabilité des acteurs Manifestations directes
d’acteurs dans la mauvaise gestion du actuelles (indicateurs)
lac
ICCN/PNVi et 1.
partenaires
2.
3.
COOPVI/PECH 1.
ERIE
2.
3.
Services 1.
étatiques
2.
3.
Société Civile 1.
(CREF, SOPR, 2.
IDPE, PADERU,
3.
SYDIP)
FARDC & PNC 1.
2.
Associations 1.
féminines 2.
3.

11. Quelles sont les initiatives prises par les gestionnaires et les organismes locaux pour la
gestion durables des ressources halieutiques du lac Edouard ?

Catégories Initiatives en cours Manifestations directes


d’acteurs actuelles (indicateurs)
ICCN/PNVi et 1.
partenaires 2.
3.
COOPVI/PECH 1.
ERIE 2.
3.
Services 1.
étatiques 2.
3.
117
Société Civile 1.
(CREF, SOPR,
IDPE, PADERU, 2.
SYDIP) 3.
FARDC & PNC 1.
2.
Associations 1.
féminines
2.
3.

12. Comment appréciez-vous ces initiatives ? Selon vous, contribuent-elles réellement à


l’amélioration des modes d’exploitation et de la gestion de la pêche au lac Edouard ?
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
13. Si non, Quels conseils ou propositions pouvez-vous procurer aux gestionnaires pour une
améliorer des modes d’exploitation et des stratégies de gestion de la pêche au lac Edouard ?
……………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………………
Nous vous remercions.
118
Annexe 3.Outils de discussion Focalisée sur la gouvernance et la gestion de la pêche au lac
Edouard
Nom de la pêcherie : ………………………….
Date, le ……../……/2014
Plage :……………………………………...
Lieu ………………………………………….
Dimension Aspect Couche Information acquise
d’analyse contactées (Attentes, défis-contraintes,
alternatives, perspectives)
Production et Les pirogues de - COPEVI - Effectif des pirogues acquis
exploitation du lac pêche sur le lac - Services - Processus officiel
(officielle et administratifs d’acquisition et suivi de No
non officielle) (AGRIPEL, d’immatriculation
ICCN, - Défis – contraintes rencontrés
- COPEILE dans la gestion des pirogues et
- Acteurs de la pêcheurs sur le lac
Société - Perspectives
Civile (OSC)
Techniques et - Pêcheurs - Liste de différents intrants et
intrants de - Services techniques utilisés dans la
pêche utilisés administratif pêche et pratiques
- Inconvénients et avantages
de techniques – intrants
Connaissance et Textes - COPEVI - Les lois en pleine application
application des lois réglementaires - Services sur le lac
relatifs à la étatiques - Les principales violations des
pêche et leur - Pêcheurs lois
application - Acteurs de la - Les principales sanctions
Société - Degré de connaissance et
Civile (OSC) d’application des textes
réglementaire relatifs à la
pêche appréhendé
- Les lois et leur impact sur la
gouvernance du lac
La convention - COPEVI - Contenu du draft relu et
ICCN – - ICCN analysé
COPEVI - COPEILE - Réflexion sur le processus de
validation de la convention
L’organisation - Services - Idée sur les périodes de
de la pêche - COPEVI pêche acquises (cycle de
- COPEILE reproduction des poissons
connu)
La collaboration - COPEVI - Types de relations –
entre acteurs - Services collaboration entre les
autour de la - COPEILE différents acteurs dégagés –
pêche - rôles, attributions d’acteurs
(officiels et officieux)
Plan de gestion - ICCN - Contenu du plan global et
globale du parc - COPEVI dimension gestion du Lac
- Acteurs OSC partagée
119
- WCS

Situation Organisation - COPEVI - Perspectives pour la


institutionnelle actuelle et - Services relance de la COPEVI
actuelle de la fonctionnement - Pêcheurs dégagées
COPEVI de la COPEVI - Perspectives pour un
processus de revue
institutionnelle
Plan d’action - COPEVI - Idées du plan d’action
actuelle de la actuel de la COPEVI
COPEVI partagé
Ressources - COPEVI - Ressources actuelles de la
(humaines, COPEVI connues et
matérielles et - Recrutement, capacité,
financières) profil, ….
actuelles de la -
COPEVI
Les partenariats - COPEVI - Partenaires et types de
actuels de la partenariats connus
COPEVI - Historique des anciens
partenaires (Données
CEBEMO,
- Partenaires potentiels
Plan de COPEVI - Activités du plan partagées
contingence /COPEILE
Services
120
Annexe 4.Projet de loi portant Code de Pêches et d’aquaculture en RDC,
TCP/DRC/3102(A)-Assistance à la définition d’une stratégie et d’un plan de
développement de l’aquaculture. FAO 2008.
Ce nouveau code reprend entre autre dans son fond 9 titres repris comme suit :
 titre 1 : définit l’objet de la loi, pose le cadre général dans lequel s’effectuent les activités de
pêche et d’aquaculture ;
 titre 2 : traite de l’aménagement et du développement des activités de pêche et d’aquaculture ;
 titre 3 : fixe les conditions d’exercice de la pêche ;
 titre 4 : détermine les conditions d’exercice de l’aquaculture ;
 titre 5 : porte sur la protection des écosystèmes aquatiques ;
 titre 6 : traite des questions de contrôle de la qualité et de la salubrité des produits de la pêche
et de l’aquaculture.
 titre 7 : institue des mécanismes de suivi, de contrôle et des surveillances des opérations de
pêche, ainsi que le principe d’une surveillance participative ;
 titre 8 : est consacré à la répression des infractions. Il pose le principe de la transaction et fixe
les peines devant être prononcées à la suite des infractions commises à la présente loi ;
 titre 9 : porte sur les dispositions transitoires et finales.
En attendant l’entré en vigueur de ce nouveau code de pêche et d’aquaculture, l’ancienne loi de
1937 reprend ce qui suit : ce texte traitait de la chasse et de la pêche seule la partie sur la pêche
est encore en vigueur.
Article 57 : la pêche est permise sur tout le territoire du Congo belge, sans préjudice de
l'application du décret du 12 juillet 1932 relatif aux concessions de pêche et des exceptions
prévues ci-après.
Article 58 : nul ne peut pêcher dans les eaux qui appartiennent à autrui si le fonds dont elles
dépendent n'est grevé d'un droit de pêche à son profit, ou s'il n'y a consentement du propriétaire
ou de ses ayants droit. N'appartiennent pas à autrui, aux termes du présent décret, les eaux
territoriales, lacs, étangs et cours d'eau dont le lit fait partie du domaine de l'Etat.
Article 59 : les indigènes exercent leurs droits traditionnels de pêche, notamment au moyen de
barrages, nasses et filets, dans la mesure fixée par la coutume et dans les limites de la
circonscription, sous réserve des restrictions du présent décret. Il est interdit de détruire ces
installations. Toutefois, si elles entravent la navigation, provoquent l'envasement ou
l'ensablement des cours d'eau, ou constituent un danger au point de vue sanitaire, l'administrateur
territorial peut les faire modifier ou enlever.
121
Article 60 : la destruction du frai et des alevins, ainsi que la pêche dans les frayères, sont
interdites.
Article 61 : le gouverneur général et le commissaire provincial peuvent décider, par ordonnance
ou arrêté, la fermeture de la pêche, dans certains cours d'eau, lacs ou étangs, pendant certaines
périodes et pour les espèces de poissons qu'ils déterminent.
Article 62 : le gouverneur général et le commissaire provincial peuvent décider par ordonnance
ou arrêté que certaines eaux sont constituées en réserve où la pêche est prohibée partiellement ou
totalement.
Article 63 (D. du 17 janvier 1957, art. Ier) : "Le gouverneur général et le gouverneur de
province peuvent, dans les régions qu'ils déterminent, interdire ou restreindre la pêche et le
commerce de toutes ou certaines espèces de poissons qui proviennent d'une eau privée conforme
aux spécifications de l'alinéa Ier de l'article 66 ci-après. Une autorisation spéciale du gouverneur
général peut lever cette interdiction. Il est également défendu de détenir, d'exposer en vente, de
vendre ou d'acheter, de céder, de recevoir à un titre quelconque, de transporter ou de colporter en
connaissance de sa provenance, le poisson dont la pêche est permise mais qui a été pêché
illicitement.
Article 64 : dans chaque région, il est défendu de détenir, d’exposer en vente, de vendre ou
d’acheter, de céder ou de recevoir à un titre quelconque, de transporter ou de colporter les
poissons dont la pêche est interdite, sauf s’ils proviennent d’une eau privée conforme aux
spécifications de l’alinéa 1er de l’article 66 ci-après. Une autorisation spéciale du gouverneur
général peut lever cette interdiction. Il est également défendu de détenir, d’exposer en vente, de
vendre ou acheter, de céder, de recevoir à un titre quelconque, de transporter ou colporter, en
connaissance de sa provenance, le poisson dont la pêche est permise mais qui a été illicitement
capturé.
Article 65 : le gouverneur général et le commissaire provincial peuvent, par ordonnance ou
arrêté, déterminer les dimensions minima que pourront avoir les mailles des filets, les mailles ou
les interstices des nasses et prohiber l'emploi de certains modes, pièges ou engins de pêche.
Article 66 : les articles 60, 61, 62 et 65 ne s'appliquent pas aux eaux qui appartiennent à autrui et
n'ont, avec les eaux territoriales faisant partie du domaine de l'Etat, aucune communication
permettant le passage du poisson.
L'article 62 ne s'applique pas non plus aux eaux faisant l'objet d'une concession de pêche.
Article 67 : le gouverneur général et le commissaire provincial peuvent, par ordonnance ou
arrêté, réglementer l'introduction d'espèces de poissons étrangers à la faune.
122

Annexe 5.Convention portant règlementation de la pêche au lac Edouard entre IZCN-


COPEVI (1979)
Chapitre I : la règlementation de la pêche

Article 1: Sour réserve des exceptions ultérieures, la pêche est permise sur toute l'étendue du lac,
les rives du lac n'étant pas comprises.
Article 2: La pêche et circulation (sauf en cas de détresse à signaler dès que possible par écrit au
Conservateur en charge des secteurs intéressés de PNVi) sont interdites dans les Zones suivantes
du lac:
a) Déversoir de la Semliki à ISHANGO
Zone de 1 km de large s'étendant à 2 km de part et d'autre du thalwag de la rivière
Semliki au point où elle franchit la ligne générale de falaise bordant le lac dans la région
du réservoir, la baie de Kaniatsi étant exclue de cette zone.
b) Embouchure de la Rwindi
Sur une distance de 500m sur les deux rives et 500m de large
c) Baie de Vitshumbi (deux bras)
Dans les bras oriental, la zona comprise à l'Est d'une droite joignant un point situé à mi-
distance du pied de la COPEVI au sommet du gite de l'IZCN au camp Mugera.
Dans le bras occidental, la zone comprise au sud d'une ligne se trouvant à 2,5 km du fond
de la baie.
d) La pêche est formellement interdite dans les frayères de baies de: Mwiga, Kamandi, baie
de Kabale, delta de la Rutshuru, baie de Lunyasenge, embouchure de la Lubilia, de
l'Ishasha Nord, de l'Ishasha Sud, baie de Kihangero, déversoir de la Semliki, baie de
Kasindi et dans tous les petits étangs et marais en communication avec le lac.
Article 3: Un bateau à moteur ne peut s'approcher à moins de 500m de côté mais peut le faire
moteur éteint. A Ishango, cette distance est portée à 1 000 m.
Article 4: Sont interdits:
a) Les pêcheries individuelles à la côte Ouest.
b) La pêche aux explosifs
c) La pêche à la lumière ainsi qu'au radar
d) Les moyens ou engins de pêche de nature à entrainer la destruction des alevins
123
e) Les filets dont les mailles sont à moins de 6 cm de côté pour ceux de surface et 7 cm de
côté pour ceux de fonds.
Article 5: Sur toute l'étendue du lac, les activités de la pêcherie seront conduites en respectant au
maximum les groupes de mammifères et les colonies d'oiseaux peuplant les rivages.
Article 6: Les pêcheurs ne peuvent pas s'écarter de cinq cents mètres de la rive, des endroits où
ils sont autorisés à exercer leurs activités. Le débarquement des pêcheurs sur les rives en d'autres
lieux, ainsi qu'une circulation non contrôlée sur le lac ne sont pas admis.
Article 7: Les mailles de filets doivent se conformer à la législation sur la pêche. Les poissons
n'ayant pas de poids voulu seront remis dans l'eau.
Article 8: La Direction de la COPEVI est charge de fournir trimestriellement à l'IZCN une copie
de relevés statistiques de pêche, tenus par l'entreprise. Le tonnage maximum de la production
journalière sera fixé de commun accord avec l'IZCN. Les pêcheurs doivent être possesseurs d'un
carnet de pesage et de documents COPEVI sous peine d'amende.
Article 9: La Direction de la COPEVI sera rendue responsable de toutes infractions commises à
l'encontre des interdictions prévues ainsi que celles perpétrées par les pêcheurs et les travailleurs
en dehors de la zone déterminée pour leurs activités.

Chapitre 2: des installations


Article 10: les terrains mis à la disposition de la COPEVI seront bornés et délimités, par leurs
soins, d'une clôture dont la nature sera déterminée de commun accord avec l'IZCN, mais pour
laquelle l'emploi d'Euphorbe serait désirable (Euphorbe MEDIA), dont la nature et la superficie
seront déterminées par l'IZCN.
Article 11: Ces terrains seront uniquement occupés par les installations des pêcheries et du
personnel y affecté
Article 12: Seuls pourront résider aux pêcheries les étrangers et citoyens qui y travaillent, ainsi
que leurs familles (épouses et enfants). L'installation des commerçants ambulants est soumise au
contrôle de l'IZCN et la COPEVI.

Chapitre 3: de l’administration uniquement COPEVI

Article 13:(a) aucune autre société, aucun service public ou privé ne sera installé dans cette
enclave. (b) seul le service vétérinaire pour le contrôle de la qualité du poisson et un tribunal
coutumier y seront autorisés. La sécurité et la surveillance y seront assurées par la COPEVI en
collaboration avec les gardes du Parc.
Article 14: en aucun cas, les transporteurs des pêcheries ne peuvent s'écarter en véhicule ou à
pieds, des routes d'accès aux pêcheries ou dépasser la vitesse de 40 km/h a l'intérieur du Parc.
124
Article 15: les parcelles d'occupation des pêcheries (Vitshumbi et Kyavinyonge) sont des
enclaves dans le Parc. A l'intérieur de celle-ci, la pêcherie a une liberté d'action et est responsable
de tous les problèmes d'ordre intérieur pour autant que les conditions suivantes soient remplies:
(1) interdiction absolue du braconnage sous toutes formes ; (2) construction en harmonie avec le
site et aux endroits déterminés par l'IZCN ; (3) animaux domestiques interdits (chiens, chats,
chèvres, etc.) ; (4) cultures interdites sauf celles destinées à l'agrémentation des sites résidentiels,
sans toutefois l'introduction d'essence exotiques.
Article 16:les pêcheries doivent améliorer les conditions sanitaires de leur personnel: la
construction de W.C. est obligatoire. L'IZCN peut, à n'importe quel moment, procéder au
contrôle de toutes les installations sanitaires et exiger l'expulsion de tout travailleur qui n'en
disposera pas.
Article 17 : les enclaves de pêcheries seront divisées en deux zones: a. Zone à circulation libre.
B. Zone à circulation réglementée.
Article 18 : tous les matériaux nécessaires à l'édification et à l'entretien des installations, à
l'exercice de la pêche, à l’alimentation des feux ou à tout autre usage, et quelle que soit leur
nature, ne peuvent pas être prélevés dans les limites du Parc National des Virunga.
Article 19: les gardes en station aux pêcheries s'occupent principalement des délits relatifs à la
conservation de la nature (pêche illicite, braconnage, etc.), contrôlent les entrées, les séjours et
les sorties des commerçants et personnes non autorisées à résider à Vitshumbi ou à
Kyavinyonge.
Article 20: la liste précise des personnes résidant aux pêcheries sera tenue à jour, chacune de ces
personnes aura une carte de résidence renouvelable annuellement. L'accès aux pêcheries pour les
non résidants ne sera permis exceptionnellement que par le Conservateur du PNVi/Rwindi pour
la section de Vitshumbi, et par celui de Mutsora pour la section de Kiavinyonge. Avant 6 heures
et après 18 heures la circulation, est interdite sur les circuits donnant aux pêcheries, sauf pour les
véhicules de la COPEVI et ceux des autorités administratives et militaires en exercice de leurs
fonctions.

Chapitre 3: de la taxation

Article 21: La COPEVI versera à l'IZCN une taxe annuelle d'installation dans l'enclave du Parc
National des Virunga. Cette taxe sera calculée au taux de 5% sur le bénéfice annuel de la
Coopérative.
Chapitre 5 : de l’emploi de mazout et des moteurs
125
Article 22: le gérant des pêcheries de la COPEVI ou son remplaçant, ainsi que le Chef d'atelier
sont, chacun dans son domaine, responsable de ce que ne soient pas utilisés à la pêcherie que les
pirogues à mazout dont le moteurs sont équipés d'une chambre de turbulence assurant une
combustion complète sans déchets. A cette fin, seule me gasoil sera employé à l'exclusion du
mazout brut dénommé “FUEL”, les embarcations n'auront d'affectation autre que l'exercice de la
pêche.
Article 23: Les vidanges et nettoyages de ces moteurs à mazout ne peuvent se faire qu'à la rive
et, dans tous les cas, où la chose est normalement possible à terre. Dans les deux cas, toutes les
précautions doivent nécessairement être prises pour éviter que le mazout et ses résidus ne
tombent dans l'eau ou sur le rivage à proximité de l'eau. Il est interdit de déverser dans le lac des
hydrocarbures sous peine d'amende.
Article 24: les huiles de vidanges et tous les résidus provenant du mazout seront soigneusement
rassemblés et déversés dans les fosses situées au moins à 500m de la rive du lac au lieu où ils
doivent les brûler intégralement sous le contrôle des gardes.
Article 25: chaque embarcation des pêcheries (COPEVI) fonctionnant au mazout doit être mise
sous la responsabilité d'un Chef d'équipe qui veillera personnellement à ce qu'en aucun cas, les
hydrocarbures ne soient déversés dans l'eau. En cas d'infraction, le coupable sera expulsé
immédiatement de la pêcherie.
Article 26: dans l'emploi des hydrocarbures, les pêcheurs se conformeront aux accords
internationaux admis pour les pirogues de toute mer: il s'agit en l'occurrence de la convention
internationale du 12 mai 1954, relative à la prévention contre la pollution des eaux de la mer par
les hydrocarbures et approuvée par la loi du 29 mars 1957 publiée au journal officiel n°172 du 21
juin 1957.
Article 27: des silencieux devraient être installés à tous les tuyaux d'échappement, pour éviter
des bruits aigus pouvant déranger les animaux de rivages.
Article 28: l'Institut Zaïrois pour la Conservation de la Nature a le droit d'interdire à des fins
touristiques et scientifiques ou autre la circulation des embarcations sur n'importe quelle zone du
lac, pendant les périodes déterminées, s'il estime que ces embarcations sont de nature à nuire aux
impératifs du tourisme ou la recherche scientifique (par exemple: près de grandes colonies
d'oiseaux en cas d'enregistrements sonores ou de baguages).
Article 29: les pêcheries Vitshumbi, Kyavinyonge et Nyakakoma doivent fournir
hebdomadairement 250 Kg de poissons frais à titre de ration au personnel du PNVi Rwindi
Rumangabo-Mutsora et Lulimbi en référence à la décision commune PNVi/COPILA du 13
novembre 1963.
126
Fait à Goma, le 11 mai 1979

Pour la Coopérative des Pêcheries de Vitshumbi Pour l'Institut Zaïrois pour la Conservation de la
Nature
LOKOMBA KUMUADEBONI
Commissaire sous-région al du Nord-Kivu et Le Délégué Général
Président du Conseil d'administration de la DR. KAKIESE ONFINE
COPEVI

Annexe 6. Projet de loi portant Code de Pêches et d’aquaculture en RDC,


TCP/DRC/3102(a)-Assistance à la définition d’une stratégie et d’un plan de développement
de l’aquaculture. FAO 2008.
Ce nouveau code reprend entre autre dans son fond 9 titres repris comme suit :
 titre 1 : définit l’objet de la loi, pose le cadre général dans lequel s’effectuent les activités de
pêche et d’aquaculture ;
 titre 2 : traite de l’aménagement et du développement des activités de pêche et d’aquaculture ;
 titre 3 : fixe les conditions d’exercice de la pêche ;
 titre 4 : détermine les conditions d’exercice de l’aquaculture ;
 titre 5 : porte sur la protection des écosystèmes aquatiques ;
 titre 6 : traite des questions de contrôle de la qualité et de la salubrité des produits de la pêche
et de l’aquaculture.
 titre 7 : institue des mécanismes de suivi, de contrôle et des surveillances des opérations de
pêche, ainsi que le principe d’une surveillance participative ;
 titre 8 : est consacré à la répression des infractions. Il pose le principe de la transaction et fixe
les peines devant être prononcées à la suite des infractions commises à la présente loi ;
 titre 9 : porte sur les dispositions transitoires et finales.
En attendant l’entré en vigueur de ce nouveau code de pêche et d’aquaculture, l’ancienne loi de
1937 reprend ce qui suit : ce texte traitait de la chasse et de la pêche seule la partie sur la pêche
est encore en vigueur.
Article 57 : la pêche est permise sur tout le territoire du Congo belge, sans préjudice de
l'application du décret du 12 juillet 1932 relatif aux concessions de pêche et des exceptions
prévues ci-après.
Article 58 : nul ne peut pêcher dans les eaux qui appartiennent à autrui si le fonds dont elles
dépendent n'est grevé d'un droit de pêche à son profit, ou s'il n'y a consentement du propriétaire
ou de ses ayants droit. N'appartiennent pas à autrui, aux termes du présent décret, les eaux
territoriales, lacs, étangs et cours d'eau dont le lit fait partie du domaine de l'Etat.
Article 59 : les indigènes exercent leurs droits traditionnels de pêche, notamment au moyen de
barrages, nasses et filets, dans la mesure fixée par la coutume et dans les limites de la
127
circonscription, sous réserve des restrictions du présent décret. Il est interdit de détruire ces
installations. Toutefois, si elles entravent la navigation, provoquent l'envasement ou
l'ensablement des cours d'eau, ou constituent un danger au point de vue sanitaire, l'administrateur
territorial peut les faire modifier ou enlever.
Article 60 : la destruction du frai et des alevins, ainsi que la pêche dans les frayères, sont
interdites.
Article 61 : le gouverneur général et le commissaire provincial peuvent décider, par ordonnance
ou arrêté, la fermeture de la pêche, dans certains cours d'eau, lacs ou étangs, pendant certaines
périodes et pour les espèces de poissons qu'ils déterminent.
Article 62 : le gouverneur général et le commissaire provincial peuvent décider par ordonnance
ou arrêté que certaines eaux sont constituées en réserve où la pêche est prohibée partiellement ou
totalement.
Article 63 (D. du 17 janvier 1957, art. Ier) : "Le gouverneur général et le gouverneur de
province peuvent, dans les régions qu'ils déterminent, interdire ou restreindre la pêche et le
commerce de toutes ou certaines espèces de poissons qui proviennent d'une eau privée conforme
aux spécifications de l'alinéa Ier de l'article 66 ci-après. Une autorisation spéciale du gouverneur
général peut lever cette interdiction. Il est également défendu de détenir, d'exposer en vente, de
vendre ou d'acheter, de céder, de recevoir à un titre quelconque, de transporter ou de colporter en
connaissance de sa provenance, le poisson dont la pêche est permise mais qui a été pêché
illicitement.
Article 64 : dans chaque région, il est défendu de détenir, d’exposer en vente, de vendre ou
d’acheter, de céder ou de recevoir à un titre quelconque, de transporter ou de colporter les
poissons dont la pêche est interdite, sauf s’ils proviennent d’une eau privée conforme aux
spécifications de l’alinéa 1er de l’article 66 ci-après. Une autorisation spéciale du gouverneur
général peut lever cette interdiction. Il est également défendu de détenir, d’exposer en vente, de
vendre ou acheter, de céder, de recevoir à un titre quelconque, de transporter ou colporter, en
connaissance de sa provenance, le poisson dont la pêche est permise mais qui a été illicitement
capturé.
Article 65 : le gouverneur général et le commissaire provincial peuvent, par ordonnance ou
arrêté, déterminer les dimensions minima que pourront avoir les mailles des filets, les mailles ou
les interstices des nasses et prohiber l'emploi de certains modes, pièges ou engins de pêche.
Article 66 : les articles 60, 61, 62 et 65 ne s'appliquent pas aux eaux qui appartiennent à autrui et
n'ont, avec les eaux territoriales faisant partie du domaine de l'Etat, aucune communication
permettant le passage du poisson.
128
L'article 62 ne s'applique pas non plus aux eaux faisant l'objet d'une concession de pêche.
Article 67 : le gouverneur général et le commissaire provincial peuvent, par ordonnance ou
arrêté, réglementer l'introduction d'espèces de poissons étrangers à la faune.

Annexe 7. Tableau des captures totales (Kg) des pêcheries du lac Edouard de 2010 à 2014
(d’après AGRIPEL)

Tabl 1 : 2010

PECHERIE PERIODE Bagrus Barbus Labeo Mormyrus Protopterus Clarias Total


Tilapia

Kyavinyonge J 18247 98356 45072 27 18 108 1653 163481

2010 F 17985 103642 84231 178 2690 304 26 209056

M 25251 115575 98046 194 432 261 124 239883

A 31732 167204 90342 216 2599 179 98 292370

M 21497 115672 86430 141 1259 122 67 225188

J 57415 102950 78113 384 967 1027 42 240898

J 53070 137881 56371 294 105 906 35 248662

A 50149 9826 46731 198 865 637 21 108427

S 38914 72982 40638 209 656 425 14 153838

O 49860 65791 28327 170 420 313 19 144900

N 47373 142368 25890 142 582 211 23 216589

D 17407 141656 10725 129 448 268 29 170662

TOTAL 2010 428900 1273903 690916 2282 11041 4761 2151 2413954

Vitshumbi J 12123 14622 355 5 5 2714 1623 31447

2010 F 12349 16377 513 11 6 3107 2213 34576

M 13803 20206 411 13 7 3884 2218 40542

A 20282 18808 221 45 8 4110 3199 46673

M 17447 21822 232 6 4 3390 1754 44655

J 26350 19433 38 2 8 1806 1653 49290

J 11203 23400 93 5 5 2029 1630 38365

A 10931 19950 170 2 6 2669 1829 35557

S 21322 18604 243 2 3 1003 2174 43351

O 14981 11419 245 4 2 2626 2046 31323

N 14834 11444 121 3 1 1489 1547 29439

D 11393 12562 93 3 3 1249 1050 26353

TOTAL 2010 187018 208647 2735 101 58 30076 22936 451571


129
Lunyasenge J 10841 10841 5487 45 0 0 225 258

2010 F 2250 90 38 2 12 0 0 2392

M 599 4485 84 0,3 0 90 180 5438,3

A 673 1036 8 2,3 0 42 39 1800,3

M 676 2600 52 0 30 0 27 3385

J 604 3206 123 0 81 45 88 4147

J 1151 4006 49 0 23 111 105 5445

A 1151 4006 49 0 23 111 105 5445

S 1445 6428 73 0 72 180 0,7 8198,7

O 22296 10974 90 0 0 450 516 34326

N 1870 8838 100 2 2 270 138 11220

D 1990 8970 168 0,66 0 180 360 11668,66

TOTAL 2010 45546 65480 6321 49 243 1479 1783 66618

Kisaka J 101981 703117 300 503 11344 321 764 258

2010 F 131420 507311 190 448 8856 101 612 648938

M 103902 202201 358 25 19 2733 498 309736

A 50467 218012 26504 658 1758 1855 1612 300866

M 57645 10358 813 587 833 3487 734 74457

J 98603 20985 531 871 2402 4178 289 127859

J 12321 13226 321 1615 7 2512 2100 32102

A 13948 33392 1336 164 81 228 1012 50161

S 55001 21251 4 6 312 218 2053 78845

O 12390 14914 1645 18 11 2311 2211 33500

N 5201 14653 918 8 9 1479 683 22951

D 13259 1428 312 78 19 1539 1068 17703

TOTAL 2010 656138 1760848 33232 4981 25651 20962 13636 1697376

Tableau n°2 : 2011

PECHERIE PERIODE Tilapia Bagrus Barbus Labeo Mormyrus Protopterus Clarias Total

Kyavinyonge J 48726 38386 61684 127 208 1274 1730 152404


2011 F 61498 252130 117897 81 172 812 9970 442893
M 38471 181579 71280 74 232 748 5220 297888
A 152754 35376 65973 57 196 570 4150 259365
M 141285 31660 49568 38 176 386 3680 227003
J 121080 24913 42840 34 112 340 2468 191969
J 30005 13891 35640 37 78 372 2012 82424
A 78779 103905 32367 62 54 62 152 215487
S 10737 80461 26330 40 25 40 96 117829
O 105142 100564 23338 30 24 30 59 229314
N 27207 99521 18276 21 16 21 40 145161
D 50356 27415 18276 24 9 24 21 96249

TOTAL 2011 TOTAL 866040 989801 563469 625 1302 4679 29598 2455514
130
Vitshumbi J 53332 57990 589 36 7 13144 14338 139436

2011 F 4498 57070 398 3 27 10158 10549 82703

M 4972 50205 365 25 203 11975 11643 79388

A 4628 42867 364 12 37 8166 2997 59071

M 5064 44440 4064 56 219 8152 7573 69568,5

J 3791 39490 232 5 72 6452 6732 56774

J 5300 44435 482 22 67 11707 8695 148968

A 7216 48320 772 53 38 10460 9262 76121

S 8167 43760 420 31 84 12019 8288 72769

O 7635 69717 673 50 152 11317 4072 93616

N 4865 48577 346 48 32 7037 5439 66344

D 5697 47225 776 7 11 14546 9729 77991

TOTAL 2011 115165 594096 9481 348 949 125133 99317 953181

Lunyasenge J 1894 152 50 8 30 0 2 2136

2011 F 853 4419 50 1 1 135 69 5528

M 2732 106 42 15 28 1 4 2928

A 2010 362 50 0 0 0 0 2422

M 1922 625 25 36 20 0 2 2630

J 1678 1736 22 0 93 69 93 3691

J 3758 368 12 17 20 0 0 4175

A 2943 426 29 24 14 0 0 3436

S 3272 426 32 10 10 0 0 3750

O 4120 399 26 19 37 0 0 4601

N 4253 411 31 21 39 0 1 4756

D 4363 465 33 24 41 0 2 4928

TOTAL 2011 33798 9895 402 175 333 205 173 44981

Kisaka J 103698 704417 303 50 113 312 774 809667

2011 F 133240 51173 197 44 89 115 619 185477

M 119320 203120 351 24 8 2742 501 326066

A 60764 208113 450 67 17 1765 617 271793

M 58466 10485 831 79 88 3555 751 74255

J 98360 21987 533 87 24 4350 301 125642

J 13123 13622 341 162 3 2614 2103 31968

A 13849 33429 1363 163 82 234 1025 50145

S 55010 22512 2 3 32 233 2035 79827

O 12903 15149 1746 17 17 2327 2217 34376

N 5205 15356 921 5 12 1497 693 23689

D 13555 1518 321 38 29 1552 1078 18091

TOTAL 2011 687493 1300881 7359 738 514 21296 12714 2030996

Tabl N°3 2012


131
PERIODE Tilapia Bagrus Barbus Labeo Mormyrus Protopterus Clarias Total

J 74952 58162 93462 396 1730 1274 208 230184

F 94598 382016 178632 414 9970 812 172 666614

M 59178 275120 108000 358 5220 748 232 448856

A 234970 53600 99960 346 4150 570 196 393792

M 217328 47970 75104 248 3680 386 176 344892


KYAVINYONGE
J 202688 37748 64910 216 2468 340 112 308482
2012
J 46100 21048 54000 426 2012 372 78 124036

A 153484 157432 49042 168 152 62 54 360394

S 16516 121912 39894 140 96 40 25 178623

O 161732 152370 35362 157 59 30 24 349734

N 46466 150790 27692 80 40 21 16 225105

D 158985 41538 27692 148 21 24 9 228417


TOTAL 1466997 1499706 853750 3097 29598 4679 1302 3859129

J 13321 13226 351 3 4 2741 1632 31278

F 14943 16733 501 24 8 3170 2204 37583

M 13803 20602 400 11 6 3848 2117 40787

A 20082 18080 219 40 9 4101 3099 45630

M 17744 21228 252 3 3 3309 1654 44193

J 26400 19334 36 0 6 1760 1535 49071


VITSHUMBI
J 11101 23004 94 8 5 1992 1803 38007
2012
A 10931 19059 171 1 3 2796 1992 34953

S 20102 17406 261 0 0 1101 2047 40917

O 14981 10914 247 2 4 2762 2164 31074

N 13438 11040 126 1 0 1599 1464 27668

D 11093 13265 83 1 0 1194 956 26592


TOTAL 187939 203891 2741 94 48 30373 22667 447753

J 11148 5487 45 225 258 0 0 17163

F 995 4485 84 135 69 1 1 5770

M 13803 20602 400 90 180 0.3 0 35075.3

A 376 1036 8 42 39 2.3 0 1503.3

M 667 2600 52 0 27 0 30 3376

LUNYASENGE
J 640 3206 123 45 88 0 81 4183
2012
J 1777 1736 22 69 93 0 93 3790

A 1115 4006 49 111 105 0 23 5409

S 1445 6428 73 180 0.7 0 72 8198.7

O 22296 10974 90 450 516 0 0 34326

N 1870 8838 100 270 138 2 2 11220

D 1990 8970 168 180 360 3 0 11671

TOTAL 58122 78368 1214 1797 1873.7 8.6 302 141685


J 104798 707419 305 507 11500 320 784 825633
132
F 132420 52731 202 447 9970 120 632 196522

M 129420 206021 351 24 8 2742 501 339067

A 60764 928113 26450 670 1770 1765 4617 1024149

M 35248 10584 496 588 839 3701 760 52216

J 89630 22789 539 885 2470 4530 302 121145

KISAKA 2012 J 13321 13226 351 1632 4 2741 2204 33479

A 14849 335332 1436 165 92 240 1052 353166

S 56020 23521 0 0 523 230 2053 82347

O 129100 16941 1864 18 19 2372 2271 152585

N 5350 15653 981 7 16 1579 698 24284

D 13600 1581 326 40 30 1625 1087 18289

TOTAL 784520 2333911 33301 4983 27241 21965 16961 3222882

Tabl n° 4 2013

PECHERIE PERIODE Tilapia Bagrus Barbus Labeo Mormyrus Protopterus Clarias Total

J 12921 378733 8245 3124 114 1121 123 404381

F 41111 432812 1564 3114 312 1233 232 480378

M 39223 522821 8124 1235 531 2154 325 574413

A 11612 368723 1731 1143 221 936 138 384504

M 34705 403251 7322 836 1223 2228 567 450132


KYAVINYONGE
J 35913 612734 8612 1200 1513 1721 789 662482
2013
J 40821 605533 6733 835 1234 2834 654 658644

A 52233 553232 5831 737 1354 789 2821 616997

S 55215 467528 3923 7568 1111 3124 625 539094

O 37212 482813 5123 1123 1736 3125 798 531930

N 41252 435711 4923 1212 2138 2211 654 488101

D 37321 499124 5524 1221 2214 2498 732 548634

TOTAL 2013 439539 5763015 67655 23348 13701 23974 8458 6339690

J 15788 20777 307 4 2 2675 1831 41384

F 17015 24842 119 4 11 2965 1946 46902

M 20540 16036 212 187 5 4639 2683 44302

A 11 368 1 0,1 0,9 0,2 0,1 381,3

M 28572 27043 1935 10 30 4894 3375 65859

VITSHUMBI J 20579 19814 1593 27 12 4298 2030 48353


2013 J 25946 33816 2847 42 11 7438 7669 77769

A 59586 50092 4978 30 14 6027 6692 127419

S 42997 29500 2030 11 3 5703 4423 84667

O 24324 23210 1121 13 3 3266 3202 55139

N 21212 28321 1313 16 6 3287 2115 56270

D 17321 25212 1102 1 12 3629 1126 48403

TOTAL 293891 299031 17558 345 109 48821 37092 696467


133
LUNYASENGE
J 4246 1122 100 0 0 0 8 5476
2013
F 5687 1132 73 0 1 28 103 7024

M 20540.5 16036 212 187 5 4639.5 2683 44303

A 7462 1322 730 2 7 37 172 9732

M 5597 2246 272 4 0 47 117 8283

J 4318 1960 358 2 0 50 37 6725

J 11688 6121 275 5 0 45 60 18194

A 10712 6982 192 2 0 28 71 17987

S 7527 709 201 0 0 17 20 8474

O 350 792 105 0 0 10 23 1280

N 2780 1356 190 0 0 10 20 4356

D 4299 2000 208 0 0 15 22 6544

85206.5 41778 2916 202 13 4926.5 3336 138378

J 103798 597419 301 503 11433 324 798 714576

F 102420 52631 208 437 9851 125 742 166414

M 119420 186021 341 24 8 2732 608 309154

A 59764 908113 26350 682 1770 1755 4623 1003057

M 34248 10584 483 578 837 3608 867 51205

J 88630 22789 528 885 2469 4527 409 120237


KISAKA 2013
J 12321 11226 315 1632 7 2740 2314 30555

A 1349 315332 1426 134 91 204 1151 319687

S 55020 23521 3 4 515 301 2145 81509

O 119100 15941 1852 15 17 2272 2387 141584

N 115250 14653 918 4 6 1497 1096 133424

D 12600 1481 361 34 23 1652 1128 17279

TOTAL 823920 2159711 33086 4932 27027 21737 18268 3088681

Tabl n° 5 2014

PERIODE Bagrus Barbus Labeo Mormyrus Protopterus Clarias Total


Tilapia

JANVIER 0 0 0 0 0 0 0 0

FEVRIER 0 0 0 0 0 0 0 0

MARS 5350 21508 689 0 323 0 0 27870

AVRIL 11147 53735 1533 37 689 0 0 67141

KYAVINYONGE
MAI 14605 76973 1646 0 1127 0 0 94351
2014
JUIN 14902 62381 4447 157 4402 0 0 86289

JUILLET 13236 63783 2546 0 3283 0 0 82848

AOUT 11570 98923 4775 0 3589 0 0 118857

SEPTEMBRE 10812 39871 26 39 40 96 140 51024

OCTOBRE 10818 95076 4458 0 1773 0 0 112125


134
NOVEMBRE 41200 435700 26682 17 22 43 67 503731

DECEMBRE 37312 499321 26671 10 21 23 143 563501


TOTAL 170952 1447271 73473 260 15269 162 350 1707737

170952 1447271 73473 260 15269 162 350 1707737

JANVIER 27325 28005 1975 12 12 8032 6056 71417

FEVRIER 32129 30108 1874 9 9 7026 8055 79210

MARS 31129 26123 2080 36 43 9004 7056 75471

AVRIL 11147 53735 1533 37 689 0 0 67141

MAI 27864 26143 1642 6 12 9370 8259 73296


VITSHUMBI
JUIN 22864 23440 1555 8 16 7117 6854 61854
2014
JUILLET 24804 27317 4322 1 3 15224 4527 76198

AOUT 35077 27667 2387 44 27 10561 9721 85484

SEPTEMBRE 31072 47024 2658 58 48 10500 9311 100671

OCTOBRE 35088 50224 1708 19 11 9738 7411 104199

NOVEMBRE 27215 30324 1311 18 8 3298 2148 64322

DECEMBRE 21121 31123 1107 12 14 3712 1251 58340


TOTAL 197241 237119 15048 160 127 60150 41223 551068

197241 237119 15048 160 127 60150 41223 551068

JANVIER 1894 152 50 0 2 8 30 2136

FEVRIER 2250 90 38 0 0 2 12 2392

MARS 2732 106 42 1 4 15 28 2928

AVRIL 2010 362 50 0 0 0 0 2422


LUNYASENGE
MAI 1922 625 25 0 2 36 20 2630
2014
JUIN 3758 190 17 1 0 22 17 4005

JUILLET 3758 368 12 0 0 17 20 4175

AOUT 2943 426 29 0 0 24 14 3436

SEPTEMBRE 3272 426 32 0 0 10 10 3750

OCTOBRE 4120 399 26 0 0 19 37 4601

NOVEMBRE 4253 411 31 0 1 21 39 4756

DECEMBRE 4363 465 33 0 2 24 41 4928


TOTAL 37275 4020 385 2 11 198 268 42159

37275 4020 385 2 11 198 268 42159

JANVIER 191822 9444 423 93 87 1067 620 203556

FEVRIER 193229 9827 288 57 95 1198 797 205491

MARS 104518 9972 170 10 55 1046 322 116093

AVRIL 120370 912543 369 48 23 1287 679 1035319

MAI 181413 11523 290 18 27 934 618 194823

JUIN 98360 22789 189 31 24 1319 1298 124010

KISAKA 2014 JUILLET 88712 11226 369 28 12 1089 6798 108234

AOUT 18371 12815 589 63 69 1158 7811 40876

SEPTEMBRE 107103 77270 2593 12 98 7895 9876 204847


135
OCTOBRE 119100 15941 1852 9 11 1798 1067 139778

NOVEMBRE 115250 14653 918 23 31 2383 1287 134545

DECEMBRE 130259 20797 18432 25 23 2464 1656 173656

TOTAL 1468507 1128800 26482 417 555 23638 32829 2681228

Annexe 8. Estimation des unités et engins de pêche dans les pêcheries du lac Edouard
(d’après les comités des pêcheurs, pêcheries, AGRIPEL et nos propres investigations)

Engin de pêches Opérant


Opérant
Pirog Nomb (80%)
N° PECHERIE Filet (80%)
Palangre illegal Total Filet
dormant Palangre
.dormant
KIAVINYONGE
1 220 30 37 250 200 24
(COPEVI)
2 VITSHUMBI (COPEVI) 525 20 145 545 436 16
NYAKAKOMA
3 315 40 268 355 284 32
(NDEZE)
KASINDI PORT
4 270 30 300 300 240 24
(COPEVI)
5 KISAKA (COPEVI) 147 3 150 150 120 2
6 KISAKA (SAGICOM) 200 0 200 200 160 0
7 MUSENDA 45 55 100 100 80 44
LUNYASENGE
8 238 2 240 240 192 1.6
(COPALU)
9 KAMANDI (ADEPAK) 95 15 110 110 88 12
10 TALIHA 200 0 200 200 160 0
11 MUSUKU 50 0 50 50 40 0
12 KATUNDU 38 0 38 38 30 0

13 TOTAL 2343 195 1838 2538 2030 156


136

Annexe 9. Fiche de collecte de données de pêches au lac Edouard

Tilapia Gros Longueur nombre Hondwe Gros Longueur nombre


Poids Poids

Moyen Longueur Moyen Longueur


Poids Poids

Petit Longueur Petit Longueur


Poids Poids

Bagrus Gros Longueur nombre Clarias Gros Longueur nombre


Poids Poids

Moyen Longueur Moyen Longueur


Poids Poids

Petit Longueur Petit Longueur


Poids Poids
Barbus Gros Longueur nombre Buluma Gros Longueur nombre
Poids Poids

Moyen Longueur Moyen Longueur


Poids Poids
137

Petit Longueur Petit Longueur


Poids Poids

Annexe 10. Quelques photos des spécimens des poissons capturées à l’issu d’une pêche
expérimentale au lac Edouard en Août 2013 et quelques engins de pêche prohibés (d’après
Nshombo, 2013).

Bagrus docmac (Bagridae) Haplochromis schubotzi (Cichlidae)

Oreochromis niloticus (haut) et O. H. squaminipinnis (Cichlidae)


leucosticus (bas) (Cichlidae)
138

Haplochromis sp. (Cichlidae)


Haplochromis sp. (Cichlidae)

Clarias garienpinus (Clariidae) Protopterus aethiopicus (Protopteridae)

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