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Pensées de Jean-Paul,

extraites de tous ses


ouvrages par le traducteur
des "Suédois à Prague"

Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France


Jean Paul (1763-1825). Auteur du texte. Pensées de Jean-Paul,
extraites de tous ses ouvrages par le traducteur des "Suédois à
Prague". 1829.

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Z 36061
Paris
1829
Richter, J. P.
P~M~ J~~M° Paul
Tome
Symbole applicable
pour tout, ou partie
des documents microfilmés

Original illisible
NF Z 43-120-10
Symbole applicable
pour tout, ou partie
des documents micro~tmés

Texte détérioré reliure défectueuse


NF Z 43-120-11
PENSÉES

os

JEABf-pAUJL.
IMPRIMERIE DB MMHN DIDOT.
Mt 'MM «* 24.
PENSÉES
DB

MAN-M~
RXTttAtTBt

BE TOUS SES OUVRAGES;


tAtt M TaABBCTKOtt

CES SCÉnOtS A PttAC~E.

L<Mtdfht<atMtM<'M«tr:)eNotd<)*ft.<on
tnorttt; r<ihtmte tmttM, m M; h ftrmm M-
<tn!.«mMj)Xt,t'At<~<tm«etbo)taM.MM)<trM;
tXMMtroMtom tout t&tn) txmtMa'Fmt. cMMtr,
tm-r~. M. Mpttt et H)M« <t< p<mtr: M)M!
NQMM t'MMM ptM..
BoMN~

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'~Th.~«H.OQOO!M!

~~PAHÏS.
CHEZ FIRMIN DIDOT, LIBRAIRE,
tM)'atttMR Du tLOt BB t.'tNMnntT,
IT
Mt MM*, f'* !M.
eeeeooes
M. ttCCCXXiX.
PRÉFACE
DU TRADUCTEUR.

h. y a quelques années que je fis

un voyage en Allemagne. Je ne con-


naissais encore Jean-Paul que par les
éloges passionnés et par les critiques
amères dont il a été l'objet: décidé à
juger entre ses enthousiastes et ses
détracteurs, j'ouvris un volume de
que l'on y
ses œuvres. Les beautés
rencontre me frappèrent vivement;
mais l'obscurité qui y règne me re-
poussait c'était comme des éclairs au
milieu d'une nuit orageuse; la lecture
t.
en est fatigante même pour un Alle-
mand on reconnaît alors toute la
profondeurdu jugementqu'en a porté
madame de Staël dans son livre de
l'Allemagne. La poésie du style de
Jean-Paul, dit-elle, ressemble aux
sons de l'harmonica, qui ravissent
d'abord et nous font mal au bout
de quelques instants.
Je compris que pour faire passer
dans notre langue le génie de cet écri-
vain, on devait se borner à choisir les
passagessusceptiblesd'être transplan-
tés et de s'acclimater sur le sol fran-
çais, et latsser de côté ces longues
digressions philosophiques que la sé-
cheresse y ferait bientôt périr. Pour
tenter de reproduire un de ses ou-
vrages dans son ensemble, il aurait
Hdlu plus que de la témérité. Nous
nous soumettons donc entièrement, à
cet égard, aux décisions de M. Loève-
Veimars, qui, dans son excellent Ré-
sumé de la littérature allemande, af-
firme qu'il est aussi impossiblede qua-
/~r génie de ~*<~M-F<ÏM~ que de
traduire ses N6M<
Le Globe a émis une opinion à peu
près semblable dans un article bio-
graphique sur notre auteur, qu'il a
emprunté à la Revue <~<&nt~oH~, et
que nous le prions de vouloir bien
nous permettre d'insérer à la suite de
cette préface, comme le morceau le
plus propre à faire connaître Jean-
Paul à nos lecteurs. Mais les arrêts,
d'ailleurs si respectables que nous
venons de citer, ne peuvent s'appli-
quer à des fragments isolés, dont le
traducteur écarte tout ce qui lui, sem-
blé obscur; et Jean-Paul, considéré
par parties détachées,
et plus parti-
culièrement comme penseur, ne nous
des obstacles
a pas semblé présenter
insurmontables. Cette manière de l'en-
visagera même été généralementadop-
tée en Allemagne, où l'ouvrage de cet
écrivain qui a eu le plus grand nom-
bre d'éditions et obtenu le succès le
plus populaire, est celui que l'on a
extrait de tous les autres. Ils embras-
sent un cerclede quarante-troisans, et
forment à peu près soixante volumes
on les a réduits à six sous
le titre de
C%r<Mhw!<~AM' de Jean-Paul, et ce li-
le vade-mecum
vre est regardé comme
de tous les philosophes de la Germanie.
C'est donc sous cette forme que j'ai
appris a apprécier les beautés de Jean-
Paul, et que je cherche à les faire
comprendre au public par les faibles
essais que je lui offre aujourd'hui.
Puissent-ils lui en inspirer le goût, et
engager quelque écrivain plus habile
à terminer ces ébauches ou à leur
substituer des tableaux plus complets.
Combien alors me saurais-je gré de
cette entreprise,qu'on jugerapeutètre
trop hardie! mais je me consolerais
bien facilement du blàme avec lequel
Messieurs les classiques né manque-
ront pas d'accueillir cette traduction,
si je pouvais faire éprouver à quel-
ques-uns de mes lecteurs une partie
du plaisir que j'ai trouvé dans les pro-
ductions de Jean-Paul.
En effet, après avoir surmonté les
premières difEcultés qu'il présente,
je ne pouvais plus m'en séparer. Ses
pensées devinrent les compagnes de
mes promenades solitaires; je ren-
contrais en elles de ces affinités éLee-
tives qui me captivaient entièrement.
Ses images toujours ingénieuses,sou-
vent bizarres, avaient pour moi un
charme indénnissable quelquefois
j'étais tenté de comparer ses ouvrages
aux poésies d'Ossian. De même que le
barde de la Calédonie évoque au son
de sa harpe les ombres des héros des
anciens temps, et les fait apparaître
devant lui, enveloppées de leurs man-
teaux de brouillard; ainsi Jean'Paul
interroge à-la-fois le monde moral et
le monde physique, il remue le cœur
de l'homme et réveille en lui les sen-
timents les plus généreux si les vi-
sions qu'il nous présente se montrent
quelquefois environnées de nuages,
c'est qu'il les élève à la sublimité des
cieux après les avoir fait sortir des
abîmes de la terre. Poète, il donne un
corps aux idées et une âme à la na-
ture il chante la Divinité, la résur-
rection, et tes mystères d'une autre
vie. Philosophe, naturaliste, peintre
de mœurs, aucune merveille de la
création ne lui échappe, et il sait sai-
sir tes ridicules de la vanité humaine
jusque dans tes replis tes plus cachés.
Comment le dénnir? il offre à-la-fois
tous tes contrastes, et réunit les gen-
res les plus opposés ce qu'on lui re-
proche quelquefois comme un man-
que de goût est souvent ta source de
ses beautés tes plus saillantes.
Toutes les couleurs se mêlent sous
son pinceau, et ses tableaux hardis
nous ravissenttoujours par leur éclat,
malgré le désordre qui règne souvent
dans leur disposition.Le naïf, le bur-
lesque, le subtime et le trivial se heur-
tent dans ses ouvrages, que dis-je?t
dans l'espace de quelques lignes. On
y aperçoit des figures dans le style de
Raphaël et de Michel-Ange, placées
an milieu de groupes à la manière de
Callot. Plus sensible que le senti-
mental Sterne, moins sceptique que
Montaigne, Jean-Paul mêle l'origina-
lité de Swift au comique d'Érasme; à
la profondeur de Descartes, et, quel-
quefois même, au cynisme de Rabe-
lais.
*«<Mt«M«H««M

BIOGRAPHIE

DE JEAN-PAUL.
(Tiré de la J!<m< .fAi&thmy, troisièmetrimmtre 1827,
et insérédans te G/oh du < «ptembre de la m&M année. )

HoM de t'AHemagne,J~AN-Pt~t. Fatn~Mc


Rtoa-
Tt~ n'est guère connu que de nom. Chose singu-
lière! d'un écrira si cetèbM et <i fécond, il n'est
venu jusqu'à nous que ce mot, importépar madame
de Staët, et souvent irépété depuM La Providence
a donné aux Français rempire de la terre, aux
Anghis celui de la mer, axx Allemands celui de
t'air. Quant à M, en eBet, on pourrait dire ·
que
son génie était comme Mtum)Mé daM ce dernier
étément ton styte est si fantastique, si subtil,
et
en même temps si profond et si compréheMif, tou-
juuM si extraordinaire, que le traduire est à
peu pre<
"npoisiMe; c'està tel point que même Allemagne
en
on a senti le besoin d'an guide pour t'intetiigence de
ses ouvrages,et qu'un Dictionnaire particulier à t'u-
a
publie en ce moment. Tout
Mge de ses lecteurs se
cela!) d& restreindreet restreindralongtemps encore
sa sphèred'action à son
seul pays. Mais, en retour, là
it est adoré; il est le favori de la classe supérieure;
on le suit dam le
labyrinthede ses pensées avec une
ttdète admiration, et avec cet amour qui pardonne
il
heaMoup.Durant les quarante dernierM années,
regards,placé à des de-
a attifé continuellement les
grés divers d'estime, mais ;randmant4à chaque bor-
dée de critiques qu'il recevait, }MqN'A ce
qu'enfin

ses adversaires ont


été ou ramenét à lui ou réduits au
silence; et Jean-Paul,réputé d'abord moitiéfou, a
accueillieet vengée par des accla-
vu sou originalité
mations universelles aujourd'hui il réunit la popu-
tarité au fond de gtoirete plus solide.
La biographie d'an homme aussiéminent ne sau-
rait manquer~treintéressante, surtout si l'on s'at-
tachait à suivre le développement de ses ~cuttés, à
fairel'histoiredeson esprit car pour les événements
de sa vie, ib sont tre~simpteset peuvent se raconter
en peu de mots.
Il naquit à WaMiedetdans le Bayreuth, au mois
de mars t~3. Son péreétaitun professeur subalterne
du gymnase de cette ville, qui exerça ensuite la pro-
SchwaKbach-
fession de ministre de l'Évangile.
snr-ta-Saate. L'éducation de Richter fut
tout-à.~it
infatigable
Bfgtigée; mais son intelligence et son
application SMpptéèrent à ce malheur. Ne pouvant
acheter des livres, il empruntait tous ceux au'it
trouvait, et en transcrivait souvent une grande
partie. Il conserva toute sa vie cette habitude d'ex-
traire, qui innua beaucoup sur sa manière d'écrire
et sur la directionde tes travaux. En t-~So, il se ren.
dit à t'anMenité de Leipack où, dépit de tous les
en
obstacles qui ~'étaientopposétà ses progrè!,il arriva
avec la réputation d'un jetme homme déjà fort ea-
pable. Comme son père, il était destinéà la théolo-
gie;n)aM Mn goùtpour )a poésie)e détourna det'étade
decetteMaence,qn'itnni[mén)epar abandonnertout-
à-fait après avoir reçu têt ordres. Alors, ne sachant
trop que faire, il accepta d'abord une place de pré-
cepteur dans une famille riche; il prit ensuite chez
lui des étèves, et il en changeait à peu près amsi
couvent que de façonde nwe. Sur ces entrefaites, il
était devenu auteur; et, dam ses courses
en Alle-
magne, il avait poMié,tmtotdans un pays, tantôt
dans un antre, les plus étrangeslivres sous tes titres
les plus étranges par exemple Les Procès du
CMex&M~ Aee~~tXM <M~'<p~ae< MtM & cn&:e
'f<o!e géante; CAo~ </< papiers ~<t diable, etc.*
Matgré leur extravagance apparente, ces produc-
tions, qa'on neMomit analyser ni décriff, annon-
çaient de brillantes <acnM< dans leur auteur; e)hM
étaient empreintes d'une vigueur pt'n commune, et
pureté et d'ttnebontéde coeur
M même tempsd'une à être
singulières. Peu à peu, Jean-Paul commença
Mgardé, non plus comme un cerveau
hralé, à-la-fois
homme
enthousiaste et bouffon, mais comme un
sensibilitéet d'une
d'Mne ga!té, d'une énergie, d'une
procurèrent des
pénétration Maie!. Ses écrit.) lui
femme et une
amis et dela renommée,et en&n une
existence usurée. Avec Caroline
Mayer, sa bonne
épouse, et une pension qui ini
fut donnée en 1~
&Bayre.th,camtate
par le roideBa~ère. il se fixa
dehp~ceo&He)ait.é;Hy~t~tourèd'hom.
chaqaejom-ptMcétebre.Il estmort
mages,et devint
te 14 novembre iM, aimé et admiré par tous se
Mmpatn.t<s,etsurtoutparceuxqui~aie.tcon.u
intimement.
physique
Co!oNat,irrégulier au moral commean
(car son portrait est M-méme une-
de physioeno~ plein de feu, de <=~
étude curieuse

pétuosi.é.Richterparait avoir été en même temps


donx.simpteethnmain..p!Mha.tdegré.Ma.mait
très-capable dy
beaucoup la conversation, et était
dans un style
briller; il parlait comme il écrivait,
qui tui était propre, et qm se faisait remarquer
par
charmes agrestes auxquels son
une vigueur et des Mais pardessus
accent de Bayreuthajoutait encore.
tout ce qui
tout il aimait la solitude, la campagne, tui.mem.,
dit
était simple et naturel. Ainsi qu'il le 1
depuis sa jeunesse il a en quelque sorte vécu en plein
air c'était au milieu des <erets et des prairies qu'il
étudiait, souvent mêmeqn'it écrivait. Rarementon
le voyait dans les rues de Bayreuth sans une Beur
sur sa poitrine.Avec des goutt si paisibles, un Meaf
si aimant, on conçoit qu'il dut adorer M famille et
ses amis. U parte souvent par allusion de sa pauvre
et humble mère, mais jamais <aM respect et sans
le plus vif sentiment de tendresse. Voici ce que
raconte H. Doering, qui vient de publier une vie
de Richter (Gotha, t8:6); malheureusement ce
sont presque les seuls détailsremarquables que MM
ayons trouvés dans ce livre:
« L'appartementoù Richterétadiait à cette épo-
que oCrait pour ainsi dire un emblème de cette
pensée qui embrassait à-la-fois les choses tes plus
etevée* et les plus simples. Tandis que sa mèfe,
qui vivait alors avec lui, se Kvrait activement aux
travaux du ménage, soignant le feu de son poète,
et faisant sa cuisine, Jean-Paul était assis dam un
coin de la même chambre, devant un pupitre, avec
peu ou point de livres, mais deux tirMM qui ren-
fermaient des extraits ou des manuscrits. Le bruit
produit par les occupationsdomestique! ne sembtait
nullement le troHMe), pas plus que le roucoulement
dM pigeons qui voltigeaientdans cette chambre.
Richter vécut ensuite dans de plus riches habi-
tations, il eut des grands seigneMS et des MMBts
ttom- amis;
mais le doux souvenir de cette époque
fut tonte sa vie le même
ne l'abandonna jamais. Il débonnaire
homme solide,déterminé, et pourtant
ai &pre eno-gte
et tolérant. M est bien rare qu'âne s'allie
soit ainsi tempérée, que tant de Tfhémence
A tant de douceur.
doit
L'édition annoneée des 'Bnwes de Richter
former M:Mnte volumes. Ces muwes ne sont pas
moins variées qu'étendae! eUe! embMMMttoutes
hautes questions de
sortes de sujeM, depui! les plus
phitoMphie et les descriptions poétiques tes plus
p.M,oBnée~j))squ'attï ~~<<MW~'M~-
<'<M<~n!!tr.
& <tt! et aux instructions sur l'art </e
La
Ses principales productions sont des romans
Loge invisible ~MteA<&!M ~); L'avoine

vage ( J~<); La Vie de Fhtein; Le Ministre


de
pendant le joMté (7~&em<M-); Le Voyage
Schmebteà Flatz Le Voyage de Katzemberger m
!égè
Bain; La Vie de Fibel; avec plusieurs p:ece!
ordre plus élevé, ~eyMf-
rM, et deux ouvrages d'un
nt< et r&<M, qui sont
les plus volumineux et les
qui
meiHeaM de M9 remaM. Ce fut le pMtmer
l'admiration
commença à lui concilier t'estime et
de ses concitoyen) il parut en .795 qaMt au
dernier,Richter, d'accorden cela avec ses critiques,
Mais le nom
le regardait comme son ehef-d'œnw.
de romancier,comme
en t'entend en Angleterre.
rendrait mal la vaste et féconde eapadtéde génie
ce
car, avec tout le désordre de ses grotesquesphisan.
teries, Richter est un écrivain TéritaMement
Mnné. et, ce qui étonnera davantage,d'un pas-
carac-
tère noble et totennet. Rarement il écrit
dessein fort au-dessus de la portée des sans un
romanciers
ordinaires. L'amusement est
presque toujours un
moyen pour lui, rarement onjamaB
un but; Ses
peMée~, ses sentiments, les créations de son esprit.
apparaissentà nos yeux
sous des formes extraordi-
naires, en groupes nuancés de mille couleurs
et
toujours pleins de vie; mais
son caractère, quelque
déguisement qu'il prenne,est celui d'un phitoM-
phe et d'un poète moral dont les méditations
ont
pour objet la nature humaine,et qui sympathise
avec tout ce qu'il y a de beau, de tendre, et de
mystérieMsemeatsublime dans le destin l'histoire
ou
de l'homme. Tel est le
sens de ses écrit!, toit qu'il
emploie la forme de la vérité celle de la fiction
ou
tel est l'esprit qui domine et ennoblit su descriptions
de la vie commune, ses bizarres fantasques rê-
et
veries, ses atiégories, ses plus obscure conceptions.
non moins que ses recherches purement scienti-
'tqws.
Mais sous ce dernier rapport, Richter égale-
a
'uon beaucoup produit.Sco ~«foA<-<fM~ /'M/A~
principes d'une
«~ est M ouvrage basé sur dMordinaires, plein
profondeur et d'une largeur peu
malgré ses nombreux
de grandes vues, et qui,
aussi dét.ee
écarts, se dMngue par une critique
livre MtimÉ même m Alterna.
Que solide; c'est un
la critique est deyenue
me, où depuis long-temps d'écrivains tels que
une science par les travam Sdit~. Rich-
Winketm.nn, Kant, Herder et les
l'éducation un ouvrage
ter a également écrit sur démette,
intimé t<~< W brillent
cette matière, des senti-
une grand, expérience en amour de nouveautés
ment! généreux,et un certain
toutefois daMdetMtes
et de spéculations contenu
singulier style qui
limites, le tout présenté dam ce
caracténse t'homme. L'AUemagne abonde en on-
peut même dire que
vrages sur t'édncation; on cet égard qu'aucune
maintenant elle est plus richeà
eM.K enten-
autre contrée là seulement on peut
des Mittc. parlant
dre quelque écho des Locke et
du siècle et MM perdre
sur ce sujet dans le langage périls et les
de vue les besoins, les avantagea, les
écrivains,
espérances de notre temps. Parmi ces
éte~.peHt~trememetepK.
Richter occupe un rang
co<npoi't)ou
mier rang. La C/<.w y&MaM est une
burlesque, que nous foanaiMOM seutemeut pour ett
de
avoir entendu parler; mais tout en se moquant
de te cou.
Fichte, R"'i"er a, dit-cn, le mérite
prendre, mérite qui para:! être tréa-rare parmi les
commentateurs de Fichte. C'est encore avec regret
que nous déctaroM connaître seulement de réputa-
tion le Campaner yA< discours sur l'immortalité
de l'ame, fuo des thèmes ~tm-M de Richter,
ou
plutôt t'ame do toute sa philosophie, la lumière
dont presque tous ses ouvragesnous offrent qne!qtte<
rayons. La mort le surprit lorsque, menant d'être
presque entièrement privé de la vue, il corrigeait
et étendait ce Caa~MrThal. Le manuscrit inache-
vé fut porté sur son cercueil jMqa'A demeure
sa
dernière, et t'hymae de !UopMoek ~tj~f~en
wiritder, <. Ëtève-toi,mon âme, n'a pa être ja-
mais chantée arec plus d'a-propos
que sur la tombe
de Jean-Paul.
PENSÉES
))E

~sâ~mm.
Lzs formalités allemandes ressemblent aux
habits longsqui soutiennentd'abord pendant
quelque temps au-dessusde l'eau celui qui y
tombe, mais qui t'entrainent ensuite au fond
par leur pesanteur.

Si nos philosophes arrachent tes pavés du


temple de la venté, c'est moins pour se pré-
server des bombes qu'on y tance, que pour se
tes jeter à la tête et casser les mitres.

ta.8-et
Rien au monde de plus touchant que la vue
d'une réconciliation. Nos faibtcsses ne sont
pas payées trop cher lorsqu'on nous tes par-
donne, et t'Ange incapable de ressentiment
devrait porterenvie à l'hommequi sait le vain-
cre. Lorsqu'on pardonne, celui qui a blessé
notre eceur est semblable à ce ver marin qui
perce les coquillages, et qui bouche ensmte
avec des perles tes trous qu'H y a faits.

Notre'stècte a la vertu du diable, celle qui


fait te tourmentde ceux qui en ont aussi peu
que lui.
ia~~e

Beaucoupd'hommes ressemblent au verre,


si uni, si poli et si doux au toucher tant qu'on
ne le froisse ni ne le brise, mais qui devient
alors singulièrement tranchant, et dont tous
les éclats blessent.

La vie d'un courtisan est, comme celle du


chrétien, une prière constante pour obtenir
quelque chose.

Le timide a peur avant le danger, le Mche


au milieu du danger, le courageux après le
danger.

Le plus grand calme peut seul imprimer


aux femmes le type du beau moral; c'est ainsi
que les plus belles cristallisations ne doivent
la régularité qui en fait le prix, qu'à rimmo-
MMté des corps qui concourent à leur <bnna-
tion.

La politique a beause voiler à nos regards,


elle montre au monde ses morts,
ses champs
de bataille, et ses fleuves dont le
sang et les
larmes marquent le coaM. C'est ainsi les
que
membres de la comrér:e des morts à Rome
marchent MvêttM d'une longue robeblanche
qui cache jusqu'à leur visage; mais ils
por-
tent tes cadawesà déconvert, le soleil éclaire
ces traits livides et ces yeux fermés pour tou-
jours.
ia.e<~

Les habitantsdumontPamasses'inquiètent
peu des lois du mont Sinaî; ils sont tous hé-
térodoxes, et ils lancent d'ingénieM sarcas-
mes contre tes vieilles croyances jusqu'à ce
que la harpe d'un Klopstock ait retenti sous
leurs doigts. Ils n'aiment du pasteur du lieu
que sa fille; leurs épigrammes violent le hui-
tième, et leurs autres poésies le sixièmecom-
mandement;ils ont presque autant de haine
contre la police que contrelacritique;la néces-
sitéleurfaitadopterlamodeanglaise; ils s'ha-
billent à la légère eux et leurs enfants, et mon-
trent leur poitrine à découvertaussi bien que
leur cœur. Ils ont reconK aux dieux du pa-
ganisme pour dérober leurs vices aux peines
de t'enfer; ils font supporter Mt petit Amour
tes péchés du vieil Adam, et adressent leurs
vœux au <tiabte sous la figure d'un faune.
Les peines d'an amour non partagé et les
chagrins d'an divorce rappellenttes dents qui
nous causent de la douleur lorsqu'elles p<HM-
sent et tonqu'oo tes arrache.

La ProHdence a donné aux Français l'em-


pire de la terre, aux Anglaiscelui de la
mer,
aux Allemands celui de l'air.

!~S~
On entendp!uscommané<hentdMM te grand
monde un écho qu'âne réponse. Les jeunes
filles surtout n'écoutent qu'eHe~mémes
et ne
voient que tes autres.

Les femmes sont toujours malades, mais


seulement des nerfs; tes plus sensibles sont
tes plus souffrantes; tes plus raisonnables
ou
les plus froides, eettes qui se portent le mieux.
Les seuls remèdes qui fassent plus de bien
que de mal aux femmes sont tes parures. D'a-
près beaucoup de naturalistes, ta mue des oi-
seaux prolonge leur vie il en est de même des
femmes, qui ne cessent de se plltindre jusqu'à
ce qu'eMes aient un nouveau plumage. H est
difficile de prouver cette proposition par ta
thérapeatique, mais elle n'en est pas moins
vraie; et plus une femme est de haut rang, et
par conséquent plus maladive, plus elle doit
muer souvent,comme la salamandre des ma-
rais qui change de peau tons tes cinq jours.
Une ecrevisse femelle qui a perdu son écaute
se cache misérablement dam son trou.

L'amour est comme les oreiUes-d'onra,qu'it


faut aemer sur la neige; le froid lui est égate.
ment favorable et le fait crottre plus vite.

Les vêtementssont tes armes de la beauté


elle tes déposeensuite après le combat, comme
le soldatdevant son vainqueur.
Les nouvellesamours sont à leur naissant-e
comme tes jeunes oiseaux, qui n'ont besoin
d'abord que de chaleur et d'être couvés;
ce
n'est que plus tard qu'it leur faut de la nour.
riture.

N'ordonnez pas à un enfant de garder un


secret, serait-ce même une surprise que vous
ménagez à un être chéri La discrétion, cette
vertu héroïque, demande pour être exercée
la force d'une raison plus mure; la raison
seule enseigne à se taire, le coeur n'apprend
qu'à parler.

Un ami est Matois le soleil et le tournesol,


il attire et il suit.

Le sceptre du mariage se montre aux


yeux d'une jeune nancée, comme la houlette
d'un berger de Gessner. Mais a-t-e!te vu que!
usage le berger fait de sa houlette?Il s'en sert
3.
pourjeter de la boue aux brebis et pour les
chasser des mauvais pâturages.

e-e-<

La vie, comme l'eau de mer, ne s'adoucit


qu'en relevant vers le ciel.

~e«
La vertu des femmes ressembleà un instru-
t~ent à cordes; on en jouit mieux dans la
chambre.La vertu des hommes est un instru-
ment à vent qui produit plus d'ettet en plein
air.
~.e«!<

Lorsque le vieux Motse voulut donner des


lois sur le mont Sinaî, ? commença par jeû-
ner. Nos législateursmodernes, au contraire,
ont coutumedene travaillerà leurs codes qu'a-
près avoir fait un bon repas.

te.~
LajexneMe aime la lumière moins
pour en
être éclairée que pour y hrHter. Les yeux de
t'entant sont ptut&t un ornement qu'un
or-
gane c'est ainsi que le papillon en porte sur
ses aites et le paon sur sa queue.

Le poète ressembleanx cordes de la lyre;


il devient invisible comme elles, toNqu'H s'é.
branle, et rend des sons métodieux.

Le passé et t'avenir se voilent à nos regards;


mais l'un porte le voile des veuves, l'autre
celui des vierges.

Sans bibliothèques ta vie serait trop fade


et trop insipide. La société la plus spirituelle
n'est pas eeMe que tes tailleurs, mais celle que
tes reUeurs habillent.
Beaucoup de gens se laissent enlacer par
t'érudition comme par un lierre desséchant.

ta.e<!

Ne dites pas: Nous voulons souffrir, car


vous le devez; dites plutôt Nous voulonsagir,
car vous n'y ttes pas obligés.

t~9«
On éprouve tes pierres précieuses par les
miroirs ardents, les peuples par les conqué-
rants.
~-e't
Dans les grandes villes, un étranger com-
mence par vivre à l'auberge et à ses dépens
les premiers jours de son arrivée; bientôt
après il est hébergé chez ses amis. Lorsqu'on
arrive dans ce monde, au contraire, on est dé-
frayé pendant tes premières années; mais ptus
tard et bien long-temps car cela dure quel-
quefois soixante ans, il faut, et j'en ai les
preuves en mains, tout payer et au poids de
l'or, comme si t'en se trouvait bgé au grand
<& ft~~M,
ce qui n'est d'aiHeuM que
trop wai.

Un esprit droit ressembleà une attée droite


qui parait n'avoir que la moitié de la longueur
qu'on lui donnerait si elle présentait des si-
nuosités.

SoMtMMgaesdeLottMXIVetdeLouMXV,
rinauenee des Cemmes alla si loin qu'elles at.
tumèrent dea guerres, semMablesa
ces serins
apprivoisé: et dreMés à faire partir de petits
canons.
i~.e-a
Les journauxrenferment d'excellentes véri-
tés au milieu des plus groM:ers
mensonges,ce
sont quelques pièces d'or envetoppées de
pa-
pier-monnaie.
De même qu'au mois de décembre la taim
chasse tes loups de leurs forêts, Fennnt fait
quelquefois aussi descendre tes grande des
sommités du trône; cependant c'est moins
pour fair leur ennui que pour en changer
l'objet, car tel est t'unique but de leurs diver-
tissements.

Pourquoi le soir, pourquoi la nuit attisent-


ils en nous tes feux de l'amour? Serait-ce t'i-
solement du bruit du monde ou l'obscurité
qui livrerait davantagenotre ame à eUe-méme ?
Le nom chéri tracé dans notre cœur en carac-
tères phosphoriquesne briMerait-n qu'au mi-
lieu des ténèbres?

&.««

On attire sur soi la haine dans tes salons


par des satires générales, car tout le monde
peut s'en faire l'application, tandis que celles
qui sont personnelles, on les regarde commee
faisant partie des devoirs de la médisant c, et
on tes pardonne volontiers, paree qu'on
père que leur auteur s'attaque plus es.
aux indi.
vidus qu'aux vices mêmes. Dans tes
livres,
c'est tout le contraire, et
sous ce rapport un
auteur satiriqne est plus heureux qu'un mé-
decin en effet,
ce dernier composa avec
quelque chaleur un
ouvrage sur la pathologie,
il ne peut décrire qu'un bien
petit nombre de
maladies que ses lecteurs
ne croient avoir,
pour peu qu'ils soient doués de quelque vi~.
cité d'imagination.En dépeignant
à un hypo.
cendre l'état des personnes
attaquées d'aQec.
tions spasmodiques,il lui inocule
leurs souf-
frances comme s'il le plaçait dans
le même lit
qu'elles; et je suis fermement
convaincu que
de
peu gens des classes supérieures
lire une description frappante de peuvent
certainema-
ladie honteuse
sans s'imaginer aussitôt qu'Hs
en souffrent eux-mêmes. Telle est la faiblesse
de leurs nerfs, telle
est la puissance de leur
.magination! Un écrivain
satirique, au con-
traire, peut se flatter de voir
ne que bien rare.
ment tes lecteurs de ses descriptions des
ma.
ladies morales, et de ses taMes anatomiques
des travers de t'esprit humain, s'en faire t'ap.
plication.Qu'il peigne en toute Mberté et gatté
de cœnr le despotisme, la faiblesse, l'orgueil
ou la folie, et ne s'inquiète nullementque pet~
sonne s'en juge atteint; bien plus, je pnis ac-
cuser le publie tout entier ou toute t'Atte-
magne d'une léthargie intellectuelle, d'une
atonie potiBqNe ou d'une indifférence dédai-
gneuse pour tout ce qui n'entre ni dans la
bourse ni dans t'estomac, et j'ai l'intime per-
suasion qu'aucun de mes lecteurs ne se regar.
dera comme au nombre des accusés.

L'hommeaimeavec plus de force et de cons-


tance les êtres supérieurs à lui que ceux qui
lui sont inférieurs; veut-on s'en convaincre?
il st)Mt de remarquer non seulementle pen-
chant que tes libertins ont pour tes femmes
vertueuses, mais encore par analogie, le goût
qui fait préférer aux singes nos femmes à leurs
37
femelles. Le chien èst également plus ami
de
t'hommeque de M propre e<pece, je m'ima.
et
gineraisdMScUement que le diaMe f&t misan.
thrope.

Léo génies poétiques sont dans leur jeu.


nesse tes renégats et tes persécuteur!) du bon
goût, maisplus tard ils s'en font les prosélytes
et tes apôtres tesptuszétés: t'âge catme
peu à
peu leur imaginationbrûlante qui grossit
diminue sans mesure tes objets, il la polit ou
et la
&connecomme le verre d'une tunette .jusqu'à
ce qu'ellene leur représentela nature
quesous
une grandeur double de la réalité, afin qu'ils
puissent la saisir dans
son ensemble et la
peindre jusque dans ses détaita. C'est
ainsi
que les hommes de génie qui ont commencé
par être tes ennemis des principes et tes néaux
de ta vertu,
en deviennent ensuite les plus
fermes sounens.etser~entsouvent
mieux leur
cause que ceux dont la conduite et tes senti-
ments avaient offert moins d'aberrations.

4
Que peut le soleil des sciences sur les gens
du monde et du bon ton? Produire le même
effet que fautre soleil sur tes gtacea du p6!e,
les argenteret les dorer de <ea rayons, mais
non les pénétrer.

Le critique n'emploie pas précisément sa


plume pour écrire, mais pour rappeler à elles
par Fodeur du roussi des personnes privées
de sentiment; il chatouille avec eUe le gosier
du plagiaire afin de produire sur lui reftet de
t'émé~qne;il s'en sert comme d'un carènent
pour lui nettoyer la bouche. De toute la no-
menctature des savants, il est le seul qui ne
puisse jamais s'épuiser ni déposer sa plume,
dût-il demeurer un siècle entier assis devant
philosophe et le
son écritoire. Tandis que le
poète traitent des sujets nen&, le critique ne
tait qu'appliquerla routine de son jugement
et de son goût à mille productions nouvelles.
Le coeur frappé du feu de l'enthousiasme
devientétranger à tout sentiment terrestre; il
ressembleà ces !ieux consacrés par la foudre,
où les anciens n'osaient plus ni marcher ni
bâtir.

Jetez des fleurs sur les dépouillesmortettes


de votre jeune compagne, 6 vierges dont elle
égalait naguère la beauté: on pamème de
fleurs le berceau de l'enfance, couvrez-en au-
jourd'ha! son cercueil; tes joies de la mort
doivent surpasser celles de la vie, le cercueil
est le berceau du ciel.

f<~a<

Notre vie est semblable à une chambre obs-


cure, les images d'un autre monde s'y retra-
cent d'autant plus vivement qu'eue est plus
oombre.

f<t<t
Heureux celui dont le cœur ne demande
qu'un cœur, et qui ne désirede plus ni parc à
l'anglaise, ni opera tefm, ni musique de Mo-
zart, ni tableaux de Raphaël, ni éclipse de
lune, ni même un clair de tune, ni scènes de
romans, ni leur accomplissement!

!s.e'<<

Plus on est faible, et plus on ment; la force


suit une ligne droite, les boulets creux déer!*
vent une parabole. =,

)B.e.at

L'on raconte à la louange du célèbre thëo-


logien Spener, qu'il adressait trois fois par
c:
jour des prièresà Dieu pour ses amis; on re-
marque avec une égale satisfaction que le
courtisan prie chaque jour en faveur de ses
amis son prince, qui est un dieu pour !ni,a6n
d'en obtenir quelques graces.

!e~«
De même que le système de la prédestina-
tion condamne quelques hommes à t'enfer
avant leur naissance, qu'ils méritent ensuite
ou non le ciel par leurs actions, ainsi une
femme ne révoque jamais la haine qu'elle a
vouée, lors même que le pays tout entier et
le monde. Dieu, le temps, et les vertus de ce-
tui qui est devenu robjet de son inimitié,pro-
testeraientcontre son jugement.

<B.e«

La laideur est une douleur qu'unefemme


conserve toute sa vie.

fS-~
Quelques hommes sont aussi libres que
Diogène, non quand it est dans son tonneau,
mais lorsqu'il le porte.

t~~ea
Leibnitz attribue à la guerre de Trente ans
l'introduction dans la langue allemande, de
4.
cette multitude d'expressions étrangères qui
la rendent semblableà un régiment prussien,
composépour la plus grande partie des déser-
teurs de toutes tes nations.

tKe«s

L'amour m'est pas seulement passager, la


haine t'est encore; ces deux sentiments meu-
rent lorsqu'ils ne croissentplus.

f-e-at

~MMf sa oMte~tM, disent les femmes, e'a~


M)M&e visite<«e<Mt))MM ef~Ma<~ le <M avec
ellu. Tandis qmed'hommerecherche avec ar-
dear ceux qui peuvent s'associer à ses idées
dans les sciences et dans la politique, et qa'it
Mt ceux qui y sont opposés~ tes femmes, au
contraire, fréquentent volontiers celles qui
n'ont aucun attrait ni aucune bienveillance
pour elles.
L'hoMmepfefefeson phusir ~ao~~bonheur,
celui dont la Mdété tui est ap'6ab!e à son
bienfaiteur, des perroquets, des chiens et des
singes à d'utiles bêtes de somme

Les anciens cherchaient un remède à leurs


iniortunes dans la philosophie ou dans te
christianisme. Les modernes au contraire,
lorsque règnela terMur, se plongentdans les
voluptés, sMnhtabtes au baMe qui se roule
dans la vase pour se guérir de ses blessures.

!~e«
Le poète est, comme le père des Muses,
étemeUement jeune, et, ce que tes autreshom-
mes ne sont qu'une fois, amoureux tout te
jour et pendant toute sa vie.

Peu importe le lieu que l'on choisisse pour


son obtervatoiM philosophique,que ce soit
un trône, ou Pégase, ou une cime des Alpes,
ou un camp de César, on nn cercueil, it sera
presque toujours plus étevé que la chaire da
pt~iesseur.
t~e~:
Ceux qui redoutenttes lumières comme un
danger pour tes peuples,ressemblentaux per-
sonnes qui craignent que la foudre ne tombe
sur une maisonpar tes fenêtres, tandis qu'elle
ne pénètre jamais à travers tes carreaux, mais
par leur encadrement de plomb on par le trou
des cheminées qui fument.

On n'a pas besoin de beaucoup moins que


de toutpour êtreheureuxet de beaucoupplus
que de rien pour être malheureux.

tB.e«
La passion fait les meilleures observations
et en tire les plus pitoyables conséquences;
c'est une lunette dont le champ est d'autant
plus clair qu'il est plus rétréci.

t~e«
Les femmes veulentseulementque l'on s'ex-
cuse auprès d*eUes,peu leur importe commenL

)"'<KS

Les jeunes gens ont une belle époque dans


leur vie, celle où ils ne veulent d'auean~em-
ploi, et tes jeunes SHes, celle où elles ne se
soucient point de maris; cependant tes uns et
tes autres changent d'avis plus tard et Nnis*
sent par s'y résigner, souvent même par s'en
consoler ensemble.
&.e'«
Un homme que l'on interrompt peut plai-
santer, mais il ne lui devientplus possible de
rien démontrer le Socrate dePlaton, qui ne
permettaità aucun sophiste de parler autant
qu'il le voulait, était M-memeà cause de cela
un sophiste. En Angleterre, on t'omtotèrp en.
core tes systèmesle verre à la main, un homme v
peut s'étendre comme une feuille de papier
royaL En France, où l'esprit éclate en mille
saillies, on doit être aussi laconique qu'un
billet de visite. Le sage se tait cent fois devant
tes sots, parce qu'ilabesoin de vingt-troisteuit*
les pour dire son opinion les sots n'ont be.
soin que de quelques lignes leurs opinions
ressemblent à des lies flottantes, et ne tien.
nent à rien, si ce n'est àteur vanité.

~e«
Comme tes filles bigarrées de Flore, les
grands de la terre exposent leurs amours à
tous tes regards; ils se marient comme les
fleurs, sans se connaître et sans s'aimer. Ils ne
soignent guère davantageteum enfants, seu-
tementibeoaventtearpostériteavecuneeha-
leur artificielle, comme les poètes d'Egypte
qui font éclore tes poulets. Leur affection est
semblable à ces plantes bizarres que la getée
dessine sur les vitres et qui se fondent à ta
chaleur.
~.9~
La Jùtie de Jean-Jacquesest comme toutes
tes Juties ou comme Rousseaului-même; elle
commencepar l'exaltation et finit par la dé-
votion, mais la chute est entre tes deux.

ta~at
L'amour, comme les hommes, meurt plus
souvent de l'excès que d<jt manque d'aliment.
0 se nourritde tunnéme, mais il ressemble à
absorbant
ces plantes des Alpes qui vivent en
t'humidité des nuages, et qui meurent lors-
qu'on les arrose.
!B~<a

en est de la manie d'écrire comme de l'a-


11

mour, on peut résister pendant dix ans aux


tentations qu'on éprouve; mais des qu'une
éanceMe a pu s'échapper, on brMe jusqu'à
la an.
tMe«a
Plus on se marie tard, etplus il devient dif-
Scite de se marier. Il est presque plus scabreux
de marier un céMbataire qu'une veuve, car
celle-ci n'attend d'un homme que ce qu'il est
réellement, et éprouve peut-être moins de
crainte qu'elle n'en inspire. Le célibataire,
au contraire, désire retrouver toutes ses an-
ciennes amours concentrées dans les derniè-
res c'est~t-dire s'il est raisonnable, car autre-
ment il exigera que les dernières surpassent
toutes les autres, et justifient ses infidélités
passées et son choix déSnitiR Sans doute on
pèche tous les jours dans une rivière, et seu-
lement une fois en automne dans un étang;
aussinotrebarhons'écriera.t.itbienétonné,
en
maudissant son sort:Hétas!je me suis donc
enchatnétroptot!

La maladie travaille souvent ene-même à


un livre; une colique peut renverser tout lé.
chafaudage d'un optimiste; un estomac
em-
barrassé produit des déclamations brûlantes
contre le taxe; et t'aereté du sang aiguise les
traits de la satire.
ia.e'~
Le mouvement de la vie est si rapide au-
jourd'hui, les années s'écoutent si Vtte, qu'a
peine a-t-on le temps d'inscrireen passant son
nom à la porte d'unJihraireou sur une pierre
sépulcrale; et de nos œuvres et de nos vertus
il est rare qu'il en reste plus que le nom.

)e.e<<

Dans une grande ville, pour peu qu'on re-


garde aux fenêtres, on se sent entraîné vers
ta poésie épique dans un village, an contraire,
on ne composera que des idylles ou des poé-
sies lyriques.
!B~«
L'air n'est jamais si corrompuque là où sa
pureté est éprouvée par des prédicateurs ou
par des chimistes.
!«"C
Auprès du trône se trouve placée une lu-
nette qui fait voir à la foule tes défauts et les
vertus, tes peines et les plaisirs des princes
beaucoupplus grands qu'ils ne tes jugent eux-
mêmes. Ces derniers, au contraire, possèdent
de leur côté un miroir ou plutôt une chambre
obscure, où se réOéehissent en petit les ac-
tions des hommes. C'est ainsi que le même
tieu grossit à la fois et diminue tes objets.

t*MS<!

Le fouet de la satire sembleavoir cela de


communen Allemagne avec tes vetges, qu'i!
frappe vainement le dos des ignorants. Cepen-
dant il ne faudrait pas en tirer des consequen.
ces contre futitité de la satire; car, d'après
l'opiniondes théotogiens qui, à tes croire sur
parole, ont dé{a été au ciel, toutes tes peines
de l'enfer ne durent étemettement que parce
qu'eHes ne corrigent pas les damnés.
Je <i'ai jamaisva de (iritiqmea plus vides et
moum vmtea, ptuspartMea etmouMMt!te!),
que celles des livres que j'avais tua aupara-
vant mais, enrevanche,quelmente n'ai~epas
tronvé dans ta ctitiqae des ouwagea que je
ne coonaMsais pu encore!

~.9«
L'enfantjoyeuxcourt sur mn bâton,le vieil-
lard morose se trainesur une béqmUe queUe
différence entre ces deax enfants t'esperance
et le souvenir.
JB.<~«

Toat flatteur rencontre aussi quelqu'unqui


le Natte son tour. Le ver solitaire renferme
en lui d'autres petits vers.

Les jettmes gens tombent à genoux devant


leur mattMMe, comme l'infanterie devant ta
cavalerie, pour la vaincre ou pour donner ta
mort.
!e.e«<

Les grands hommes sont semblables aux


montagnes dont le sommet est presque ton-
jours environné de vapeur; mais la vapeur
vient de la vallée et non de la montagne.

&.e<s

Un bon médecin, s'il ne sauve pas toujours


des dangers de la maladie, nous préserve du
moins de celui d'nn mauvais médecin.

B.e"a

H n'y a que tes courtisans et tes enfants qui


grandissent en rampant Beaucoup de gem
pleurentapres les placeset tesreçoiventcomme
tes nourrissons la mamelle, à force de crier.
Quand its sont parvenus aux plus hauts em-
plois, ils tirent encore leur mouchoir, et di-
sent avec sensibilité CaeNRf a/~xMt.' mais &
&e!<f m'en ~e<))MpetM<M&-&<tM.'

Si la guerre est TéntaNement une grande


tragédieque la terre offre à Dieu et au diable,
aucun poète n'en a suivi plus fidèlement les
règles que Napoléon, et d'ahord ce!!e du
temps, car il a métamorphoseles années en
mois, seulementil a beaucoup manqué à l'u-
Nité des lieux.

Quelques états MMembtentauxtnyanxd'or.


gue; on ne tes fait d'abord ai longs que pour
les mettre d'accord en tes rognant ensuite.

Un auteur devrait toujours changer de ré-


sidence, afin de mieux écrire; car reeMement
l'on écrit mieux en changeant de place, ne
5.
fût-ce que ceUe de son pnpitre, antrementou
s'enfonce tellement daM M9 idées, qa'on ne
voit plus ni ciel, ni terre.

L'effetde foptique fait quelquefois voir au


navigateur la terre plus proche de quelques
centaines de milles qu'elle ne l'est en effet, et
remplit son cœur de joie et d'espérance par
cette innocente déception.
I! en est de même à cet égard dans le monde
morat que dans le monde physique; tes prin-
ces et tes ministres ont fart de consoler les.
solliciteurs en leur présentant par une itta-
sion d'optique les places et les emplois qui
sont t'omet de leur ambition, plus près de
quetqmes centaines de milles on quelquesmois
avant qu'ils ne soient disposés à tes leur ac*
corder.

La différence qa'M y a entre un homme


matheaKax et um homme heureux est la même-
que cette qui existe entre celui qui a la fièvre
tierce et celui qui a la nevre quarte. Le pre-
mier n'a qu'an bonjour, le second en a deux.

)B.e«e

II est singulier que l'on accorde quelque-


fois aux autresla supérioritédes talents, mais
jamais cette des sentiments, et que l'on croie
aux erreurs de sa raison et non à celles de son
go&t.
ta-ets
II est rare qu'au retour d'un voyage un
amant trouve que sa maîtresse ressemble en-
core au portrait qu'il en avait reçu avant son
départ. L'homme veut que le c<Bur de la fem-
me, immobile et stationnaire,lui reproduise
tous les transports du dernier instant où il
t'a quittée.
~e<a
Celui qui prêche pour la première fois ne
touche certainement aucun de ses auditeurs
aussi vivementqnetui-méme,etdevient&onphM
ardent prosélyte;mais lorsqu'on a prêché la
morale tous tesjours pendant un grand nom-
bre d'années, on doit y devenir insensible.
C'estainsi que les sources minérales d'Éger
ont une vertu laxative pour tes buveurs d'eau
qui n'en font qu'un usage momentané, tandis
qu'eues ne produisentphu aucun effet sur les
gens du pays qui y sont habitués.

!B.e<«

L'égoïsme,le libertinage et l'oisivetéressem-


blent à des éponges suspendues par le Destin
parmi les hautes classes; placées plus bas (t),
le frottement tes eut bientôt épuisées. Ceci
me rappelle la prévoyance de ces marins qui
vont chercherenPerse t'<MM~<<<&t,et qui rat-
tachent toujours aux sommités des mâts, de

(t) L'auteur &it alluaion aux dMMt infé-


noMea.
( Note du traducteur. )
peur que son odeur n'infecte tout le navire et
le reste de leur cargaison.

Les esprits ont besoin de M)erté, mais non


d'égalité.
!&.e<s

Le dernier degré de la végétation dans les


plantes est, suivant Bonnet, celui de t'eHt&tf-
etM<'me~. Chez tes peuples, au contraire, c'est
celui de f<!mo/&«))M~.

Ce qui rend !a vieillesse morose, ce n'est


pas ta perte de ses joies, mais celle de ses es.
pérances.
f.e"<
PeKonnen'est plus souvent trompé que !a
conscience, sans en excepter les femmes, ni
les princes.
~e«a
Le courage contre les femmes n'est point
un don naturel, c'est une forée acquise.
0-è-0

Le souvenir se rattache au présent, comme


fodorat au go&t.

La poésie nous métamorphose oomme au


jourdu jugement, en nous gtoriSamtsMMnous
changer.

Le mondedes esprits n'est ~m'onepartie de


notre monde intériear;le moi ne redoute que
le moi.
!t.e~
L'emoar commence par les yenx, comme
fart du desHB.
~wa
Le cœur est bientôt M de la vie; il n'en est
pas de même de finteHigence, car eMe trouve
t'innni dans le savoir qui cherche la vie. Ptus
tard t'estomac prend la place du cœur, et on
désire vivre longuement.

ta.e«
Abeille,pourquoi as-tu formé ta cire? était-
ce pour en faire des masquer ou des bougies,
pour voiler ou pour éclairer1
Non, réponditMteM!e,je vontàis <eute-
ment en fabriquer des cellules pour déposer
mon mièl; mais adreMM-vbns au poète.
Moi aussi, répondit ce dernier, jë ne
veux ni tromper, ni détromper, je ne veux
qu'adoucir.
t~«t
Respecte mes chênes sacrés, disait une
dryadeà un vi!!ir, sinon j& te pttnirat sévère-
ment Me tomba cependant tatouât Mfrée.
Bien des annëet après, le vizir htt condamnéà
perdre la tête; avant de la poser sur le billot,
il t'examina avec attention.Le billot est de
chêne!' s'écria-t-it, et sa tète tomba.

f*a'~

Tont ce qui est du domaine de la science


cesse par cela même d'être de celui du senti.
ment. Les injures qui troublent un homme
d'honneur et font bouillir son sang, ne sont
aux yeux du légiste qu'un feuillet ou une
glose à ajouter au titre des injures. Le méde-
cin d'hôpital répète auprès du lit du malade
dont le ponb est agité par le feu de la fièvre,
tes passages de son cours de clinique qui s'y
appliquent. L'officier qui foute des lambeaux
de chair humaine en parcourantle champ de
bataille, ne pense qu'aux évolutions et aux
quarts de conversion de t'écote qui ont été
nécessaires pour tailler méthodiquement en
pièces des générations tout entières. Le pein-
tre de bataille qui le suit examine à la vérité
tes cadavres mutitéit qui gisent à ses pieds
et chacune de leurs blessures mais il se
propose de tout copier d'âpres nature pour
la
galerie de Dussetdorf, et son tableau ré~ei~
lera chez les autres et même en lui pour la
première fois de véritables sentiments d'hu-
manité c'est ainsi que chaque science re-
couvre notre cœar d'une croûte de pierre, la
philosophie n'est pas la seule à produire cet
effet.

0 musique, écho d'an autre monde, soupir


d'un ange qui réside en nous, lorsque la pa-
rote est MM puissance, lorsque tous les senti.
ments sont muets dans nos cœurs, toi seule es
la voix par laquelle tes hommes s'appeUentdu
fond de leur prison, c'est toi qui fais cesser
leur isolement et réunis les soupirs qu'ils
poussent dans la solitude..

Le plus noble amour n'est en même temps


que le respect te plus constant
il se manifeste
6
moins par tes actions que fon fait que par
celles dont on s'abstient; M se de~ne récipro.
qtfement; il ébranle à la <ois deux âmes et fait
vibrer en elles les meme~ cardes par une im'
pulsion simattanée; il enflamme d'une
nott.
velle ardeur les sentiments tea ptos étevés, M
est toujours prêt faire des sacriBees,jamais
à en recevoir; il ne diminue en nen Pattrait
que nous avons pour t'autre sexe, mais it !b
concentresnrunseutetmémeob)et: t'amour,
dis-je, est un respect qui peut se passer des
serrements de ntains ou des plus tendres bai-
sers, mais non dés actions vertueuses; un
culte enfin qui peut être thetonnnde la ptus
grande partie des noinmes, mais qui doit être
sacre pour le plus petit nbntbre. Une preuve
ihcontestabte du véritable amour, c'est qu'il
est d'autant plus grand qu'H eMite plus d'inté-
rét parmi ceux qui le contemplent.

EmhrMse.t.vous étroitement, infortunés;


pressez vos MM)M gonflés fun contre l'autre,
jusqu'à ce que vous ayez versé vos dernières
larmes; oubliezle ciel et la terre, et prolongez
tette eéteste étreinte. Ah sit&t que vous serez
séparer cette vie epmsee n'a plus rien qui
puisse vous attacher, elle n'a plus rien à votts
offrir que le commencement d'une nouvelle
existence.
?.?-<!

OMomar a toujours t'air d'an homme qui


pense à an objet éteigne et qui maintenantne
sembleque se reposer. S'il cueille tes fleurs de
la joie suspendues autour de hH, c'est que sa
barque en fuyant tes effleure et non qu'il les
désire.Son langage muet est expressif, et ses
yeux ont contemplé la mort. Il est toujours
mt .M&«n(t) dont le regard plongeant à <ra*
vers les prainea émaiUéea, perce les entrailles

(t) Ï<M B*paptob appellent da nom de M~tMt


des hommes anxq~teb ib ttti'&aettt le pouvoir
de voit les cadavres et les tt~ont que la terre
recèle dans ton sein.
de la terre et y découvretes morts immobiles.
Ottomar est à la fois si doux et si violent, si
vif et si métancoMque,si obligeant,si naturel
et si indépendant. U assurait que la plupart
des vices viennent de la crainte des vices, que
la crainte de mat agir nous empêche de rien
faire et nous ôte le courage nécessaire aux
grandes choses. Nousaurions, disait-il, trop
de philanthropie pour avoir de t'honneur.
L'amour des hommes et t'indutgenceque nous
leur montrons nous empêcheraientd'être sin-
cères et justes; nous ne confondons pas les
trompeurs,nous ne renversons pas tes tyrans.

Un peuple en châtie un autre,mais bientôt,


coupableà son tour, il est tMtié par tm troi.
sième,et ainside suite. Les Romains châtièrent
tes Grecs, tesAUemaadstes Romains,le temps
châtie les Atiemanfb,et !'étemitéle temps.

!B.e'a
Liberté, où &is-tu retentir plus vivement tes
divins accents? Ce n'est point au milieu de la
prospéritédes nations, ni pendant leur vieil.
lesse, mais seulementdans leur sobre et fn)'
gale adolescence. Ainsi t'oiseau module au
printempsses ehants tes plus harmonieuxsur
les branchesencoreademidépouiMëes,tandM
qu'en automne il reste MtencieMetmétanco.
lique sur les rameaux chargés de fruits, et
soupire après le printemps.

Notre activité Mm but, nos mouvements


dans t'espace, doivent paraltre à des êtres su.
périeurs, comme ces étreintes des mourants
qui saisissentleur couverture.

L'Mprit se réveille et demeureéveiHe lors-


que la lumière des sens s'obscurcit, de même
que quelques peMonne~ dont le sommeil est
<
iaterrotnpu de: <pM !euf htmpe de nuit s'é-
temt.
~e«
Le CM~ et )a tefte ont t~at 4'étendwc, pour*
quoi ~onc )*e9pr)t de t'hMntne acrait-!l M
bon~?
t-9<a:

La richesse est plus cpntmtre aux tajent~


que ta pauvreté combien de grands génies
enterréi sous des mHuons ou sous des trôneet

!<a
Les hommes, comme les navets,doitentétre
ctair-aemés pour se bien développer. Lea
hommes tes arbres trop rapprochas ont à
la vérité une tige plus étancée, mais ils man-
quent de Sxité, ils ne portent pointde si belles
couronnes, ni un si beau feuillage que les
arbres en plein vent.

!B'~M<
La verve poéthpte n'est pas toujours au com-
mandement de t'écinvaia, et le génie tombe
presque aussi souvent en détammce que te~
femmes.

Après la fotee,rien n'est plus beau que de


savoir en réprimer f&targte. L'homme inté-
rieur est, d'après t'tngëntease&ction deP!a-
ton, dîvhë en homme et en femme; mais la
perfection eonMS<e dans la rêMpioade la pms-
samce et de la douceur; ramour donne de
la
force, ceUe~i de l'amour, mais ramour bien
da~tatage.

Des entants, une épouse, sont tes racines


yertMales et horizontales qui ootM attachent
et nous Sxent sur ta terre.
~e~
L'auteur d'un t!vre sur te mariage, dit
qu'une femme qui ne parte pas manque <<?-
prit cependant il est plus facile de louer cette
opinion que de ta partager. Les femmes tes
plus spirituelles ne sont souvent muettes qu'a-
vec les femmes, et cette! qui sont les plus
sottes et les plus taciturnes, ne sont souvent
telles qu'avec tes hommes. En générât
on peut
faire à l'égard des femmes la même observa.
tion qu'à regard des hommes, celles qui
pensent le plus parlent le moins; de même
que les grenouilles, qui cessent teuM coasse.
ments si t'en place une lumière sur le bord
de leurs marais. On peut d'auteurs attribuer
le silence des femmes à leurs travaux séden-
taires; tes ouvriers sédentaires tels
que les
tailleurs, les cordonniers, etc., nonseulement
sont généralement hypocondres, mais com-
munément taciturnes; les singes ne parlent
pas, disent les sauvages,de peur de travailler,
mais beaucoup de femmes parlent deux fois
davantage, précisément parce qu'elles tra.
vaittent.
Je voudrais bien savoir si, être heureux par
tes passions, est autre chose que se chauffer
à un miroir ardent.

t<.e«
On demandeconseUte plus communément,
non qu'on ignore ce qu'on doit faire, mais
parce qu'on !e fait avec peine et que t'en es-
père que le conseillerviendra au secours de
notre penchant en souffrance.

Pour récompenser t'iUustre Montesquieu


du plaisir que lui avait causé t\Etp< des Lois,
Benolt XIV lui accorda, dit-on, ainsi qu'à sa
famille, le prMtége honorable de faire gras
tous les vendredis. Je connais beaucoup de
nos écrivains qui, toujours plus avides de
profit que de renommée, demanderaient vo-
lontiers au pape, non seulement ta permission
de manger de la chair, mais encore la chair
elle-même.
&'e'e<
Ce n'est point l'amour malheureux,
mais
seulementl'amour heureux qui rend les bons
meitteuM.

Si chaque soir je décrivais !e tever du soleil


et que je le visse chaque matin, je m'écrie-
Nis conxne les enfants Encore, eneatc 1

Les hommes ne tfahiMentjamaMplus faci-


lement ni plus fortement leurs projets
que
ioMqn'aa échouent.

L'homme vide de pensées qui n'a jamais


saeri&é son estomac à
son cerveau, qui n'a
jamais amptoye t'inteMitë de
ses &cuHés au
développement d'une idée profonde,
est te
portrait vivant de ta santé; ne cherchez
pas
sur son visage t'empreinte du génie, vous
n'y trouverez point ses ravages. Son
cerveau
n'est point un aM!i~ de p~Me~, niais il n'en-
fadte point de peiaës; aucanë inqMMtudë n'~
pait~t Ma S(ng' et te rend sa têté ~nbïabte
à MNë ville MptM!ë, q<a atttfë & eMé t~M~
les forces du corps politique. Son embonpoint
ne nous offre pas un aspect mélancolique,
mais respire un air de bien-être et de proxpé-
rité. Quel contraste si vous vous représentez
à sa place un penseur dont rame se montre
partout, et auquel on désireMit un corps oa
<!a moins un meilleur que celui qui obéit à
l'impulsion de son génie, et qui par son an.
parence immatérielle semble approcherde sa
dissolution
!M<t'C!

Se nourrir de la vie des grands hommes,


c'est comme si t'en vivait avec eux, et les bio-
graphies de Plutarque font plus d'effet que
tous les CM~& de pni!MopMe morale.
FartMièrement pour tes enfants, il n'y a
point d'autre morate que les exemptes qu'on
leur raconte ou qu'on leur met sous les yeuxi
et c'est une folie pédantesqmede croire que
par des principes on ne leur donnera pas seu-
lement ces principes, mais encore la volonté
pt la force nécessaires pour s'y conformer
dans leurs actions.

!9«
On n'apprendjamais mieux à se taire qu'a-
vec les indiscrets, ni à jaser qu'avec
les mys.
térieux.
t*-<t«

Si la connaissance de soi-même est le che.


min qui conduit à la vertu, la vertu est bien
plus véritablement le chemin qui conduit à la
connaissance de soi-méme.

!a.e'"<

Celui qui a reçu de nombreux bienfaits,


à les appré-
cesse de les compter et commence
cier.
e~e"~
Peut'ctt e Mt.it craindre après un temps
à
où les canons frappaient les heures, ou bril-
laient les glaives, qu'un prince croieprendre
te meilleurparti pour lui et pour son peuple,
en organisant un état de guerre perpétuel, en
appelant tousses sujets sous les drapeaux, en
convertissant tous les cottéges en écoles mili-
taires et en salles d'armes, de sorte qu'enfin la
charrue et la plume, et tout t'attirait des mu-
ses, ne deviennent que les moteurs et les res-
sorts d'une immense machine de guerre, et
que lui-même ressemble au Grand-Seigneur,
dont te couronnement se borne, comme tout
le monde sait, à ceindre un sabre. Le prince
qui penserait ainsi, devrait souhaiter et faire
naltre une guerre éternelle, pour atteindre le
but qu'il se propose par <*M moyens et pour
en doubler tf nombre.

L'homme, surtout celui qui !e teintfleuri,


prend si facilement le repentir pour la vertu,
7
tes résotuttons pour les actions, tes fleurs pour
tes fruits. C'estainsi qu'aux branches dépouit-
lées du figuier on voit pousser des apparen-
ces de fruits q<n ne sont encore que tes enve-
)oppM des fleurs.

La véritable modestie n'est pas tant celle


que fom conserve au nuKem des étoges, que
cette qui demeure impassibledevant les atta-
ques de la malveillance.

<e~«

Les plus grands poètes furent toujours les


plus chastes. Quel est le peuple qui a produit
jusqu'ici tes poésies tes plus licencieuses? ce-
lui chez lequel presque aucunes autres ne
réussissent, le peuple français: aussi Voltaire
n'a été poète (t) qu'une fois,et c'estdans la

(t) On <!tM!t que jMn.Pa~)I n'avait pas tn ses


/'«<& Rome, moins poétique et plus cor-
rompue qa'Athenes.n'a vu naitre les produc-
tions les plus dégoûtantes q't'au milieu de la
décadence des mœurs et de la poésie, et aux
derniers jours de l'empire qui s'écroulait. On
peut comparer rimmoratité littéraire au su-
blimé d'arsenic, qui donne plus d'éclat aux
couleurs, mais qui dévore la trame desétoffes
et empoisonne ceux qui les portent.

;a'e«
Génie de t'amour, tu m'uMpires toujours
une vénérationprofondedans quelquelangue
que tes sentiments a'expriment,qu'ilsemprun-
tent la bouche d'un mourant ou la voix cé-
teste d'un ange. Je ne te méconnaitraijamais,
soit que tu habites dans une étroite vallée des
Alpes ou sous fhumMe toit d'une cabane

autres ottvmge* noua CMy<tM devoir protester


contre cette herétie Uttéraire.
( Note ~tt <M<t<t(ff)-.)
ëcoMabe, ou au mitieu de Fëctat du moade,
!(oit que tu apportes aax hommes un pnn-
tempsétemct, de sabUmes erreurs ottfaceom-
pUssemetttd'un vœu modeste, ou que tu leur
entève~ tont, tout ce qu'ils possèdent!

!~9«
L'homme peners ëprouve plus de joie qac
l'hommevertueux d'une bonne action qu'on
lui a arrachée.

Si la proposition suivante est vraie, <)«o'H<t

non e«Mtf~~e<cy,c'est~-dire, en traduisant


Mttératement,qu'unefemmeveutsavoir avant
tout qaet est t'extérieur d'un homme; j'en
<<éduM la coMéqNence qu'un panache sur sa
tête a plus de prix à des yeux féminins que
tout un paquet de doctesplumes derrière son
oreille.
L'homme a presque autantde reprochesà se
faire s'il est triste que s'il est vicieux; parce
qu'au milieude t'océan de ses pensées, il peut
se créer an enfer ou un paradis, et mériter
ensuite ce qu'il produit lui-mème.

De petites muimes immorales suffisent


pour anéantir l'amour le plus pur. Comment
pourrait-il trouver du repos et de l'harmonie
dans un coemr corrompu?

Une grande activité appliquée à des objet!)


sérieux. finit toujours par nous réconeitier
avec la vie.
!~e<<

Le~ femmes aiment la force sans t'imiter;


les hommes, la tendresse sans ta payer de
retour.
te.o«<
Les grands ne s'occupent guèrephts de leur
progéniture que tes founnis. Celles-ci ont à
peine déposé leurs O!u&, que mates et femelles
s'éMgaent et les abaBd<mnent anx soins des
~OMnatt <ntf<t<SKMM.

Nos principes grandissentloin deshommes,


nos actions se développent au milieu d'eux.
Les théories solitaires se mûrissent hors de la
etoche du savoir, et s'appliquent à l'avantage
de la société. Parmi les hommes, on ne peut
devenir meiMenr, si l'on n'était déjà bon au-
paravant.
!B.e«a

Le siede tout entier est une course à de


grands buts avec de petits hommes.

!a.e<e<

La tectnre ne donne que df ta nout t iture à


l'esprit ce n'est qu'en écrivant qu'il acquifrt
de l'exercice et de la force.

ta.e*=!

H semble qu'on restreigne les aliments à


ceux qui veulent monter tes coursieM des
muses, de même qu'aux jockey anglais, afin
de les rendre plus tegera et de tes faire courir
plus vite.
ta'a-e!

Le9 personnes qui ont le talent de toucher


les autres, n'ont malheureusement que trop
souvent aussi celui de ne rien sentir elles-
mémes.
ta.e«<

Les âmes élevées ne peuvent entendre même


de la bouche des gens les plus méprisaMes,
ces mots <!tMt<<e, je~MtM~, w~«, sans y atta-
cher aussitôt toutela grandeur dont leur ccenr
est susceptible.
~'<t'«
Rien de plus dangereux que de réconcilier
deux penonnes, à moins que t'on ne soit soi-
même l'une des deux; tes brouiller est beau-
roup plus facile et plus sûr.

!<<
Tous tM sentiments a(!ecMeax eMissent,
comme les plantes,plus rapidement et s'élè-
vent plus haut lorsqu'un vent d'orage MutHe
sur ce monde.
!B.a<ei

Ce n'est que dans un siècle commele n6tre,


out'on croit à tous les sentiments, excepté à
l'honneur, que l'on peut fouler aux pieds ce-
lui d'une femme, qui ne consiste que dans la
chasteté, et couper, comme les sauvages, t'ar-
bre à la racine pour en enlever le fruit. Ravir
l'honneur à une femme est la même chose que
ravir l'honneurà un homme, c'est-à-direque
vous brisez son épée, que vous lui arrachez
l'éperon, que vous déchirez ses lettres de no-
btesse et renversez son arbre géneatojpqne,
enfin, que vous remplissez t'otBcede bourreau
envers une malheureuse créature qui n'a com.
mis d'autre crime que de trop aimer ce bour-
reau, et de n'avoir pas su réprimer l'essorde
son imagination. Quelle horreur! et des victi-
mes semblables sur lesquelles la main de
t'homme imprime la marque de finfamie, il
en existedans les rues de Vienne plus de deux
mille, dans celles deparis plus de trente mille,
et dans celles de Londres plus de cinquante
mille 0 crime ange delà mort, ne compte
pas tes larmes que notre sexe fait répandre
aux femmes et fait conter encore brûlantes
sur leurs faibles cœnrs ne mesure pas tes sou-
pirs et les angoisses au milieu desquels expi-
rent les SUes de joie, et qu'ont bientôt ou.
btiés les amants endurcis du plaisir, empres-
sés de courir auprès d'une couche qui n'est
point cette de la mort.
0 sexe doux et Mète, mais faible, pour-
quoi toutes tes facultés de ton ame sont-elles
si entrainantes et si puissantes qu'elles font
pâlir et fuir ta raison? Pourquoi portes-tu
dans ton cœur un respect si profond pour un
le tien. 0 femmes,
sexe qui n'épargne pas
plus vous embeUiMM votre âme, plus voua
donnez de graces à votre corps, plus l'amour
règne dansvoscOMtKet respire dans vosyeux;
plus vous emprunteztes charmes des anges, et
plus nous recherchonsces anges pour tes per.
dre et les chasser du ciel; et c'est précisément
dans le siècle où vous êtesptus belles
et plu
séduisantes, que tous les écrivains.tes artistes
réunissent autour
et tes grands de la terre se
empoison-
de vous comme une <bret d'arbres
périr, et
nés, au milieu desquels vous devez
davantage en raison du
nous nous estimons poison
nombre des sources et des coupes de
lèvres.
que nous présentons à vos

aussi
Il y a des gens qui n'ont jamais l'air
dnr,m plus de diction à Mh-e, qu'an mo.
attendrissement, tels
ment de tear p!<M grand
que ta neige qui se durcit encore un peu avant
le dégel.
!ate<!

Avant dechoisir te nom d'un mauvais prince


qui doit figurer'dans mon ouvrage, je par-
cours le catalogue de tous ceux qui ont gou-
verné ou qui se sont laissé gouverner,afin de
ne me servir d'aucun nom déja illustré aupa-
ravant. C'est ainsi qu'à Otahiti, lors de ravé-
nement d'un roi, on raie de la langue, pour
les remplacer par d'autres, tous les mots qui
ont une consonnanceavec le nom de la nou*
velle majesté.
!a.e«<

Ce n'est point la raison (e'eat-a-dire la con-


science) qui nous rend bons. EHe n'est que
ce bras indicateur qui nous montre le che-
min de la vertu, mais elle ne peut nous y
porter et encore moins nous y contraindre.
La raison a une puissance législative, mais
non exécutive. La force d'exécuter ses ordres
et la force plus,grande nécessaire pour s'y
soumettre est une seconde conscience. De
même que Kant ne peut exprimer avec sa
plume ce qui rend l'homme mauvais, on ne
peut également dire ce qui soutient son cœur
au miMeu de la fange morale et Fétève au-
dessus.

Un amant seut peut sympathiser avec !'<-


vresse de deux nouveaux époux.

Tous tes sentimentsont cela de particulier,


c'est ainsi
que l'on croit les éprouver seul;
t'amonr qu'il
que te jeune homme regarde
reMent comme un méteoM qui ne bnUe que
tieux
pour lui. Mais l'ou rencontre en tous
de belles amM qui se reposent dans te sein
de la nature, qui respectent tes rêves de ra-
des
mour, même lorsqu'elles sont réveittéM
leurs; qui, environnées d'hommes gMssiers
devant lesquels elles doivent cacher leurs rê-
veries sur la seconde vie ou leurs larmes itur
la première, répandent plus de bonheur au*
tour tfeMea qu*eHes n'en reçoivent.

La vie de~'homme est-elle donc si longue,


qu'il puisse se livrer à ses ressentiments? Le
nombre des bons est-il donc si grand qa'us
puissent se fuir les nns tes autres ?

e~e<<

Les montagnes et tes forêts qui s'élèvent


entre nous et un être chéri, tes murs qui le
renfermentdans leur enceinte, ont pour nous
un charme bien touchant, et se présententà
nos regards comme un voile sacré qui nous
dérobe t'avenir et le passé.

f0'«
s
L'humanité (i) sans doute vient de se ré-
veiller: je ne sais cependant si c'est dans un
lit ou dans un tombeau, car elle est encore
gisante comme un cadavre, le visage tourné
contre terre.
~a
On devrait égrener et presser avec soin cha-
que grappe de vendange, car elle ne repous-
sera plus. Les <etes de la joie ne sont que
des fêtes mobiles; tes moments d'enthousias-
me du coeur ne sont que des poésies de eir-
constances qui ne doiventplus se renouveler
et, dans t'~e~t ~'M de la vie, il est dépendu
sur t'atSche de faire répéterles airs de bra-
voure.
f'w~
De quels fils bizarres est souvent tissue la
trame des affections 1 J'ai vu un homme ne

(t) AU)MHm& !at~Mtntton&an~a!M.


( Note du <ra<&tcMar. )
s'intéresserà un autre que parce que celui-ci
avait louë le nom de son chien, ou que tous
deux avaient le go&t des mêmes mets ou des
mêmes vins, ou le mente tailleur enfin, les
plus petites ressemblances,qui n'ont souvent
d'autre cause que le hasard ou tes goûts les
plus matériets, rapprochent quelquefois les
hommes et tes unissent plus étroitementque
tes principaux traits de leurs caractères.

tMO~

Un homme est-il bien convaincu qu'il doit


réserver son courage pour une occasion im-
portante, il ne cherche plus à en faire pa-
rade devant les autres.

s"e«<

Au lit de mort et après une belle action,


il est facile à t'homme, et c'est même un be-
soin pour lui de tout pardonner.
La danse est pour le mondeféminin, comme
le jeu pour le grand monde, une agréabledi-
version à des conversations souvent languis-
santes et quelquefois dangereuses. La danse
mêle tes'hommes comme tes cartes; fatmo.
sphèremusicate tes enveloppe, et soumet aux
lois de l'harmonie la foule ivre de plaisir.
Tant de personnes réunies dans un but si
joyeux,éblouiesde i'éctat des tumièrea, exal-
tées par l'émotion de leurs cœurs palpitants,
devaient boire à la coupe de la joie que Gus-
tave épuisa ce soir, car le tumulte extérieur
faisait une telle impression sur son ame, que
la musique semblait s'en être emparée tout
entière, et, y concentranttonte son intensité,
ne plus faire que retentir au-dehors. En vé-
rité, quand on repose ses idées sur des lustres
étincelants, elles seréNéchissentsous un au-
tre jour que lorsqu'on les attache sur une
lampeéconomique.Dans tes régions de l'ima-
gination, comme dans les pays chauds ou sur
les hautes montagnes, tous les extrêmes sem-
blent se toucher.
LoKqn'Mnhommedit,Mrtout&unefemme
t~<M ~M MoK«a<!e ou bien <~M ~Mt en coSre,
ce reproche f&t-it même injuste, deviendra
certainement mérité; rien, en effet, de plus
facile que de devenir ce qu'on nous juge.

Temps de désolationoù la vérité, !a liberté,


la joie, la douleur même étaient muettes, et
où ne résonnaient que le bruit des canons et
le fracas de la guerre. Les pics et les mers
de glace nous en offrent fimage: le monde y
reste muet; et au milieude la mort qui règne
au loin, on n'entend ni le murmuredes <enU-
les, ni le chant des oiseaux, ni tesoufBe des
vents; seulement, par intervaMe, favalanche
et le craquement des neiges interrompent le
silence du désert.

Les parents et tes instituteursdela jeunesse


«'expriment que difficilement. leur contente-
8.
ment et leur affection devant les enfants; de
même que ceux-ci, en grandissant, éprouvent
une certaine timidité qui les empêche de mon-
trer à leurs parents toute leur tendresse. Les
maris croient également assez louer leurs
femmes par leur silence, et témoigner<ufN-
samment leur amour en le renfermant en
eux-mêmes. Cependant, qu'ils ne dédaignent
pas de manifester leur approbation et leur
affection, qu'its sachent trouver un langage
pour les rendre: autrement il se rencontrera,
et en assez grand nombre, des amis ou des
amies auxquelsles parolesne manquerontpas;
et alors, messieurs les maris, vous ferez bien
disparate!I
B-e<~

L'ëcote la plus nécessaire pour les enfants


est celle de la patience; la volonté doit être
brisée dans la jeunesse, ou elle brisera
c<Bur dans Page mur.

!3<M'e!
Les têtes grises se cachentvolontiers avant
de disparaitre, et cherchent, comme les oi-
seaux, à mourir dans t'obscurité.

La chute des peuples diffère de celle de


l'homme, dont les restes se consument sur te
lieu même où il meurt; eMe ressemble p!atot
aux cataractes des fleuves, dont les eaux re-
tombent à la vér!té en poussière, mais qui se
réunissent ensuite dans un nouveau lit et
prennentun autre cours.

Les tyrans veulent effacer t'oppresMon par


une plus grande encore, et chasser les larmes
par les larmes; mais les larmes des peuples
tombent comme !es gouttes d'eau dans les ca-
vernes, elles se rémnssent et se petrtnent en
colonnes acérées et menaçantes.
Les ames des femmes reasembtent MBt
paons: pour tes conserver sans souillure, il
faut les loger dans des habitations bien blan-
chies. Celles des hommes, au contraire, reste-
raient pures même dans la cage aux canards.

iB.e<a

Les paroles froides échappées à t'amour et


à l'amitié, ressemblent à la neige printa-
nière qui se fond bientôt et se convertit en
une brillante rosée. Les expressions de la
haine sont comme la neige d'automne qui pré-
sage les glaces de t'hiver.

!a'e'«

Tonte époque est sons !'empire du présent


et du passé. C'est ainsi que tes premiets habi-
tants des lies Canaries avaient toujours deux
rois, le dernier mort et le régnant. Cependant
te présent est souvent en souffrance, tel que
te plongeur qui va chercher péniblement les
perles qui serviront UM jour de pannv. Mai&
le présent hn-méme n'empr<mte-Mt pas aussi
son éctat au paMé?P

Herder et Schiller voulurent se faire cht.


rurgiens dans leur jeunesse, maM le Destin le
leur dé&ndtt:.Il existe, leur dit-il, des Mes-
sures plus profondes que celles du corps:
guétissez-tes! et tous deux écn~iMnt.

C'est au jour de leur couronnement et à


celui de leur mort que les peuples admirent
et louent davantage tes souverains. Les mo-
narque; sont comparables au soleil, il brille
plus à Ma lever et à son coucher qu'au milieu
de son comm et tandis qm' répand sur h terre
sa lumière la plus féconde, il parait plus petit
à ses habitants.
La vertu par elle-même ne donne aucune
consolation, lorsqu'on a perdu un ami; et le
cœur de l'hommeblessé par t'amitié continue
toujoura â saigner cruellement, sans que le
génie de l'amour puisse le guérir.

Lorsque deux personnes qui aiment, se


rencontrent au milieu des mêmes émotions,
c'est alors qn'eHes apprécient pourla première
fois le cœur de l'homme, son amour et son
bonheur!

f.e'<a

Les gouttes d'eau tombent mouement sur


les montagnes; elles pénètrent la voûte des
grottes, se durcissentbientôt, et y demeurent
étemettement suspendues comme des lames
tranchantes et dente!ée9. Les larmes de
t'homme sont plus belles, elles traveMent
t'œi! qu'ettes blessent, te diamant ham!de
s'amollit enfin, t'aii! le suit de ses regards,
c'est la rosée snrtmetteur.

B~9~

Le calme et t'mdtt~reneen'ont quelque


prix qu'autânt qu'on les a chèrementacquis.
L'homme doit être tout à-la-fois susceptible
de ressentir les passions et capable de les ré-
primer. Les débordements de la volonté res-
semblent à ceux des fleuves, qui encombrent
de vase tous les puits pendant quelque temps:
mais supprimez les Neuves, les puits tariront.

On panionne plus facMement,à ta cour, h


bmsqaene dans le actions que dans les pa-
rotes.
t~e<«

Sacr!&er aa santé à ta eagea~e est pM~qtte


toujouK ren~neerataoagMM.CeMBttessou~
trance~ que nMM portoM en nous, et non
celles que nous nous sommes attirées, qu;
peavent être utiles au cœur et à l'esprit.

~.e«
C'est torsqn'onse trouve au milieu de gens
grossiers que t'on apprend à faire cas des
gens trop déticats et qui ont des manières re-
cherchées. `

ia.a«
Les hommes et tes livres ont besoin d'être
corrigesplus d'une fois, pour pouvoir se pas-
ser d'errata.
tB.e<e<

Quelque faible que soit un choc, s'il est


continuellement tépété, il ébranleral'homme
ie plus fort bien plus mûrement qa'un sent
coup, quoique très-dictent. Nous sommes
ptacës ici-bas si près de t'hortoge du temps
que nous pouvons la voir marcher:aussi une
bagatelle, des qu'elle occupe beaucoup de
moments, a-t-elle pour nous tant d'impôt-
tance aussi notre courte vie, qui, comme
notre âme dépeinte dans rOr<M~tc<<M,consMte
dans une continuité de points noirs et or,
nous pamtt*eue si longue; aussi ta tristesse
eat-elle toujours si voisine de la joie!

L'hommene fait que passer sur cette terre


son arbre généalogique est a caduc. Pour-
quoi donc tant de différence entre un nom
de famille et un nom de baptême?

<B.e<<!

Il en est des comparaisons et des reMem-


blances comme des pièces d'or; dont Bous-
sua a dit, que la première était plus difficile
à gagner que les mille qui suivent.

t~e«<

Sur tes bMtb de t~0< rhommp,


~mme tes autres Meuves, veut s'y précipiter
avec toutes ses richesses.

te.e<6

Une petite vitte est semblable à une grande


maison, les rues n*en sont que tes escaliers.

t~e~:
Le soleil fait éctote ~tn grand nombre de
flenrs, une seule se dirige constamment vers
lui. 0 mon cœur! sois comme te tournesol,
n'appartiens pas seulement a Dieu, mais obéis*
lui toujours.
~.e«a

Quelque différence qui existe entre les


princes, tes cours se ressemblent toujours
ainsi que tes courtisans.

<~e~
Rosé pâle, le soleil t'a donné tes cou-
leurs, ses ardeurs te les entêtent: tu es sem-
blable à nous. Lorsque Dieu, qui colore les
joues de l'homme, s'approche de lui davan-
tage et l'enflamme de ses rayons célestes, il
pâMt aussi et c'est pour lui la mort
ou l'eni-
vrement.

La jeunesse pleure, t'age mur pleure en-


core maisici c'est la rosée dn matin, là c'est
la rosée du soir. C'est ainsi que le jeune
homme sait apprécier des larmes versées par
de beaux yeux. Mais lorsque la chaleur du
jour a desséché la msée du matin et flétri
les Beurs, lorsque le jeune homme est de-
venu vieillard, it s'écrie « Sans doute la ro-
see du soir est froide, et se prolonge pen-
dant une nuit obscure; mais elle a aussi son
soleil, et il brille également.
ïmbrtuné, tu portes la couronne d'épines
sur ton front sangtant; cependant des roses
étemeUes fleurissent dans ton sein!

!-e«
Le fruit de t'ananaa mûrit toujours entre
deax chMdoas: le présent, au contraire,
mûrit toujours entre deux ananas, le souve-
nir et l'espérance,

t~a!
!Jn coeur plein d'amour peut tout pardon*
la
ner, même la dureté envers lui mais non
dureté envers tes autres.

La révohtHon a été une guerre civile inte~


tectueMe dans toute l'Europe.
Les actionsseules donnentde la force à la
vie; la modératton seule en fait le charme.

Lorsque nous considérons le ciel, nous


nous croyons toujours au centre; mais, par
rapport & notre ciel inténem', nous nous
croyons toujours & t'horizon, soit que nous
regardions avec joie du cote du levant, ou
que nom contemplions le couchant avec an-
goisse.
e"e<a

Tous tes hommes portent des morts ou des


mortebdans teuN cœars.

Le ravissement du bonheur nous cause


une impressionsemb!ab!eà celle de la dou-
tenr: l'homme pâlit alors et tombe dans une
sorte de téthargie; mais son âme est rempUe
des songes d'un meiMeur avenir.

f"~
$.
Excellentenature,tu sympathises plus sou-
vent avec tes bons qft'tb ne sympathisenten-
tre eux.

Les principes croient loin des hommes,


et tes actions parmi eux. Dans une solitude
inactive on se mûrit à une activité sociale; et
parmi les hommes on ne devient pas meilleur,
si l'on në~ee présente déjà bon au milieu
d'eux.

Peu d'hommes savent comprendre jusqu'à


quel point la nature harmonise avec notre
âme. Us paraissentignorer que l'univers, im-
mobile et semblable à une harpe éotienne,
dont les vibrations sont plus ou moins ra-
pides, rcfoit l'impulsiondu souffle de la Di-
~initë.

Endynuon re~ttt trois dons: le sommeil, fa


jeunesse et Ummortatité. Leqaet choisirez-
vous? il importe peu, car chacund'eoxcMn-
prend tes mtres.

Un homme qui fait an livre se pend rare-


ment; aussi tous les fils atnéa des pairs d'An-
gleterre devraient -ils faire gémir la presse.
Car on a, si on s'éve:He trop tôt, un but de.
vant soi, et par conséquent une raison de
sortir de son lit.
<~e«
Il y a un certain orgueil qui fait encore
mieux ressortir te~mérite que la modestie.

Les hommes à imaginationse récondtient


plus facilement avec leur maltresse de tom
que de près.
~-8~
Les demiers et les meilleurs fmiM qui ne
mûrissent que tard dans une âme ardente et
passionnée,c'estla douceur envers la dureté,
la tolérance envers Hntotérance, la charité
envers t'égotsme, et t'mnour des hommesà ré-
gard du misanthrope.

L'amour affaiblit la délicatessedesfemmes,


il augmente cette des hommes.

B~e"<

Il est un âge où t'en finit par pardonner


aux belles les dédains qm'eUes nous montrent
Les jeunes gens admirent et désirent tout
a-ta-foM; plus tard ils se bornent à admirer.

Quiconque a composé des satires, par-


donne d'autant plus volontiers ceMes qu'on
fait contre lui, même tes plus mordantes,
pourvu qu'elles soient spirituelles.
Les lois, tes siècles et les peuples se sur-
vivent par leurs oeuvres; les merveilles seu-
les des arts brillent de leur ancienne immor-
talité sur le tombeau des &ges.

Il est plus facile aux bons de se considérer


comme méchants, qu'aux méchants de se
regarder comme bons.

La plaisanterie est inépuiMbîe, le sérieux


ae l'est pas.
)Me<a

Le besoin crée les grands génies. Les pays


les plus ingrats ont produit les plus illustres
capitaines, tels que Moise, Pierre ï" et Fré-
déric n.

On n'a jamais plus froid que toMqn'on


ient d'avoir trop chaud; c'est ainsi qae Feaa,
après avoir bon.tH retombe à .ne
tempéra-
ture ptM froide qae eetk qu'elle avait
aupa.
ravant.
v L'amour,
r~~e, et quelquefoisanseites
moments d'enthousiasme que l'aspect d'une
belle nature nous iMpire,
nous font trop ai-
mer ce qui BOMptattet trop hafr qui
ce nous
déplait.

Les mourants ont les


yeux secs; t'omge de
la vie se termine
par un vent froid. Ib ne
M< ont pas combien leurs
.ceents
entrecoupés
pénètrent profondément daM les MessnrM
de n(M coeurs.

Tandis que d'autres passions


ne (ont que
nous Mrpn.nd.-e comme nn tremblement de
terre ou comme des coups de fondre, fa.
monr n~te iaebranhMe dans notK.
~mbiab!. à an beau jour d'automneM-n.,
tMte Msé~,<e. Il nous donne .v~
,,n ayant-
goût de la ieKcité du poète, dont le
cœur ren-
ferme un paradis toujours Beuri,
toujours
harmonieux, toujours brillant, séjour
divin
o& son génie peut s'envoler,
quand son en-
veloppe mortelle demeure dans
les boues de
la Pologne, dans les marais de
la Hollande
<~ dam les steppes de la Sibérie.
Voluptueux habitants des villes, le
présent
peut-il vous .f&ir une seule minute
compa-
rable aux longs jours le
que passé réserve
aux amants vertueux? vous dont le cœur
durci et rebette aux Nammcs brutantes en.
de l'a-
mour, tessemMe au diamant qui ne peut être
que volatilisé, mais jamais fondu par le mi-
roir ardent.

Les veilles du plaisir


nous laissent le len.
demain dans une disposition douce;
tes rêves
de l'imagination prennentalors plus
d'empire
sur notre ame que nos sentiments;la musique
et le mouvement de la danse retentissent en.
de notre
MM à nos oreilles.Les compagnons
joie reparaissent devant nos yeux, au milieu
d'un tendre demi-jour qui semble nom atti-
n'aime jamais
rer vers eux. Dans le fait, on
mieux femme qu'après une pareille nuit.
une

Tont homme de génie est un phitoMphe,


nMM tent pM!oMphe m'est pas um homme de
génie:
ts~<a

Le reCet de notre monde infenem- MpoM


terenet
sur te monde extérieur, de même que
do ciel sur ta mer, tantôt d'an f~M &ncé et
tantôt d'an vert cMr.

plus les SeMM de ta joie sont tendres et dé-


licates, et plus N faut que la main qui doit
les cueillir soit pure.
Qu'a-t-ii besoin d'une autre éducation pour
la guerre que cette qui sert à développer
en
lui tes arts de la paix et l'harmonie de
ses fa.
cattés, ce peuple allemand si brave et si en-
durci ce peuple qui vient de montrer encore
toute son énergie dans la dernière lutte, et
de donner nn nouveau témoignage de
sa res.
semblance avec fé!éphant, qui devrait être
t'emHème de ses armoiries? En effet, que de
rapports entre tni etcetanimalqui, changeant
difficilement de direction, marche avec rapi-
dité droit devant lui, ami de la boisson et ré-
Céchi, portant ses fardeauxavec joie, attaché
à son cornac et doux pour les entants, qai
foule aux pieds tes légions romaines, et, r6.
duit en esclavage,se prête à t'asservissement
de ses semblables

Le marquis Caraccioli prétendait que cha.


que repas est un avertissementde la fragilité
de notre existence.
toujours
Notre étemeMe vctoa~ poursuit
~euve} les pat.
son cours en noua comme un
xioM n'en sont que tes catMMtea.

Tous tes jeunes gens croient que peM<M)ne


n'eprenve ce qa'ib repentent, et cepen.
dant tous les jeunes geus se MMemMent.

ditR*
La louange est et plus MM et plus
cHe que la flatterie.

même
Les Neuves les plus rapides sont en
temps moins limpides; ils s'épurent en
coûtant plus paisiblement

quel-
Il n'est perMtme au monde qui ait
que chose à gagner à écrire sa toute
vie
Mogmphie est donc un acte d'humitM.

Deux heûes âmes découvrent leur afBnité


dès qu'un noble attachement les Me à une
tfo&ieme.

Les drames politiques ne dtHeMnt des au-


tres drames que parce qu'on les joue sans les
avoir répétés, et que souvent même on les
improvise comme les proverbes.

te.e«

Le cœur du jeune homme souffre des mê-


mes orages que celui du vieillard; mais le
premier n'emploie pas la sonde pour mesu-
rer la profondeurdes vagues.
Les grandes douleurs nous préservent des
petites.
~e«tf

De même que t'AUemagne est regardée par


les géographes comme le centre de t'Europe,
on peut aussi la considérer moralement com-
me le cœur de cette partie du monde. Ce
bon, cet excellent cœnr, que presque toutes
les guerres ont percé avec leurs boulets,
combien de sang n'a-t-il pas perdu! Mais
dans cette situation, tout ce qui n'est pas Mes*
sure est un baume salutaire; et toute inno-
vation à l'avantage du bien générât~ sous les
rapports intellectuels et matérieb, sera plus
facilement accueillie, et ne rencontrera plus
de ces résistances qui proviennent d'une sur-
abondance de forces paresseuses et super-
nues. Ainsi t'habitant de la campagne profite
de la rosée du soir pour ensemencer se~
champs, ou d'un temps pluvieux pour traus-
planter ses fleurs.
qui conduit à la potence oa
De l'échelle
peut monter au ciel, témoin le bon larron;
mais c'est un cas très-fâcheux que de retom-
ber de Féchelle du ciel sur celle de la po-
tence, et je pourrais dire que c'est le cas de
la chute originelle un Adam déchu ne pro-
duit que des hommes, un ange déchuproduit
des démons.
!a~«
VonleMOUs prendre part à la joie la plus
pitre? ne regardez pas celle des enfants, mais
contemplez celle des parents qui jouissentde
leurs plaisirs.
B~«
La beauté n'existe dans aucun objet exté-
rieur, mais dans le sentiment que nous en
avons.
)a.e'<t

H est heureux que le temps fasse dispa-


raitre. de la surface du monde la multitude
t0.
des monuments funèbres, qu'it efface et cou-
vre de fleurs tes sépukures et tes champs
de
bataille; autrementnous reviendrions de cha.
cane de nos promenadesle cœnr gros de sou-
pirs.
1Do8'"

Les défauts des femmes viennent de leur


faiblesseetde leur tendresse; ils sont, comme
les taches de la lune, des vattées emaiHées
de Benrs. Les défauts des hommes viennent
de leur égobme et de leur dureté; ils ressem.
blent aux taches du soleil, qui n'en sont que
des parties arides et calcinées.

!a~<<

Le silence des femmes, indépendamment


de ce qu'it leur est plus habituel, signifie beau.
coup moins que celui des hommes.

Le ciel est l'image de eett<* vie; c'est pre-


cisément parce que tes astres se coucheut
d'un coté que nous devons les voir se lever
det'autre.
tB.e'a

Si t'en voulait peindre la vie d'un homme


tout entière, il faudrait une vie pour t'écrire.

<~e~
Les auteurs célèbres ne sont pas doués de
<aeultés plus créatrices que tes autres hom-
mes ils ont seulement plus d'audace ou beau-
coup plus d'assurance à se mettre en dehors
et à se montrer tels qu'ils sont, se reposant
sur leur célébrité, tandisque tes autres cher-
chent à se cacher, et qu'us aHaiMissent les
principauxtraits de leur caractère dans leurs
écrits.

Je voudraisêtre partout le premier, et )tM


ticulièrement pour demander t'aumone. Le
premier prisonnier de guerre, le premier es-
trcpié le premier incendié, vident la bourse
celui qui
et épuiMat la sensibilitéda cœur
leur succède ne 9'adreMe qu'à notre raison;
tarir telle-
et notre compassion finit par se
ravant-demier
ment, que le dernier, lorsque
a reçu du moins encore un
?' ~<M <tMHA-
n'obtient plus rien.

Les Anglais fabriquentde


charmantsétuis
il y a aussi des
pour serrer les couteaux
fourreaux destinés aux glaives de la gaerre,
des traités de paix.
on, en d'auto termes,

mal-
Vontez-voM mieux connaltre votre
pendant un mois du
tresse en une heure que du-
commerce le plus intime? considérez-la
milieu de ses amies
rant soixante minutes au
toutefois cette dernière
et de ses ennemies, si
~pression n'est point un ptéonasme.
Dieu soit toué de -ce que nous ne vivions
éternellementqu'en enfer ou au ciel, car au-
trement nous deviendrions sur cette terre de
grands scétérats, et le monde ne serait ptua
qu'un hospice d'incurables par le manque
de fourrures (pour tes robes des juges), de
cordes ( pour tes gibets ), et de lieuxde guéri-
son (de places d'exécutions).


Semblables a t'avengle auquel ta lumière
et t'obscuritésont également inconnues, sans
désintéressement nous ne connaîtrions pas
t'interet; sans liberté, l'esclavage peut-être
aussi tant de choses ne restent-elles obscures
pour nous que par le manque de leurs con-
trastes ?

L'homme seul véritablement grand sur


cette terre serait celui auquel sa conscience
ne ferait aucun reproche. Mais cet homme
unique a été cruciné depuis long-temps. Ce.
pendant, Batteurs que nous sommes, nous
donnons le nom de grand à des têtes cou-
ronnées, à des hommes de génie)

LM souffrances sont comme tes nmées d'o-


rage, elles paraissent noires de loin, et ne
répandent qu'une obscunté légère torsqu'et*
tes planent au-dessus de nos têtes. Combien
de songes lugubres nous présagent un ave
nir agréab!e! 1 Il en sera de même du songe
de la vie lorsqu'il finira.

Quelque douloureux que soient tes adieux


d'une amante, ib laissent après eux quelque
douceur. Ceux d'un ami, an contraire, ne
laissent que de l'amertume. Le baiser d'a-
dieu n'explique qu'a moitié cette différence.
Les grands prisent plus haut les actions
qu'ils peuvent attribuer à un dévouement
qui leur est personnel, que celles émanées
de la source des nobles sentiments. Bs sa-
vent que nos principes peuvent également se
tourner contre eux, et devenir hostiles de
favorables qu'ils étaient.

f"e'<
Toute action audacieuse doit être suivie
d'une autre qui l'égale, sinon elle devient fu-
neste. Cest précisément la crainte de cette
nécessite, que pressentent la plupart des hom-
mes, qui leur enlève leur énergie; autrement
ils agiraient comme César, comme Socrate
ou comme Frédéric n, mais seulement une
fois l'an ou dans toute leur vie.
!B'e<a
tt existe dans la vie un crépuscule entre
la joie et la douleur, un vent intermédiaire
entre le zéphyr et le maestrat.
Plus nous aimons Dieu et tes hommes, et
moins nous nous aimons nous-mêmes une
planète se tourne sur son axe d'autant plus
lentement que sa révolution autour du soleil
est plus rapide.
tB.e«<!

L'immortalitén'est pas toujours désirable;


les damnés aussi sont immortels. La renom-
mée doit faire pour nous ce que les Ëgyp*
tiens faisaient pour leurs morts et leur don-
ner non-seutententt'mcerruptiMnté,mais en-
core le parfum.
te-e'~
On cherche souvent à faire passer devant
les tribunaux des enfants égorgés pour des
enfants morts-nés. Devant le tribunal de la
critique, au contraire, on crie ftMMMM
!orsqM*un ouvrage est mort avant sa nais-
sance.
t*.e<«!
On a souvent demandé M l'on se reconnait
dans le ciel, on n'a jamais fait la même de-
mandean sujet de t'enfer la solution de ces
deux questions intéresse également ramoor;
il petit donner le ciel ou Fenfer.

tt.e«
Le feu crée lui-mémé en nous le vent do-
rage qui le fait ensuite monter plus haut.

tB~O<

Comment les princes n'ttpprendMiemt-ib


pas A tromper eux-mêmes? on tes trompe si
souvent; à flatter eux-mêmes? on tes flatte
toujours.
!<a
Le rang oppresse moins une grande «me,
et la resserre souvent dans des limites moins
étroites que le sexe.

~.e<«
La vieillesse honore t'~mow; mais elle dif-
fère de la jeunesse en ce qu'elle attache moins
de prix aux preuves qn'on en donne.

Notre siècle a plus repoussé tes errenrs


La
que les sources morales nos erreurs.
de
cataracte qui voile nos yeux serait mal opé-
rée, si l'on se bornait à la diviser sans t'ex-
traire car le plus téger mouvementpourrait
la replacer devant notre vae.

H existe trois époques dans le courage que


les hommes montrent envers les femmes la
première est celle de l'enfance, qui ose parce
qu'eMe ne ressent rien encore; la seconde,
celle de l'exaltation, où l'on rêve sans oser;
la troisième, en6n, est la dernière, où t'en
connatt assez le monde pour savoir estimer
et apprécier l'autre sexe.
L'ame de quelques hommes est trop frète
et trop délicate poor ce monde de ténèbres;
il en est de même da corps de quelques au-
tres qui ne peuvent vivre que dans la tem-
pérature qui convient aux cabris, dans tes
vaMées de Tempé ou au milieu des plus doux
zéphyrs un esprit déUcat et un corps déH-
cat, lorsqu'ils se trouvent réunis, s'usent ré-
ciproquement.
~<t<s

Dans les romans comme dans le monde


nous n'aimons pas les caractères tout-à-fait
parfaits. Les hommes complètement pervers
déplaisent également aux lecteurs et à ceux
qui leur ressemblent il nous faut seulement
des hommes à moitié ou aux trois quarts
corrompus, tels enfin qu'on tes rencontre
dans la haute société.

!c!
Les hommes sentent tout le prix de la
simplicité; ils comprennent ce ~u'it y a d'é-
levé dans la na:veté de ces trois mots je t-ow
aime. Mais tes jeunes personnes veulent qu'on
tes enjolive encore par quelques ornements.
Les fleurs des jardins que tes Turcs emploient
dans leurs correspondances amoureuses,leur
plaisent plus que celles de la poésie, et eMes
préfèrent aux compliments des flatteries plus
expressives que des phrases.

t"e'«
Sous l'empire d'une idée puissante, qu'ette
soit passionnée ou purement scientiSque, nous
nous trouvons, comme le plongeur sous sa
cloche, at'aKri des flots de l'immenseOcéan
qui nous environne.

!e«a
On a beau défendre tes jeux de hasard, le
plus long est toujours permis; c'est la vie,
qui nous offre presque toujoursl'anagramme
de nos désirs. On n'obtient que dans la vieil-
lesse <f dont on aurait besoin dans la jeu-
neMe, et dans la jeunesse on touche dé)a à
la vieillesse.

Une tombe ouverte offre l'image d'an mi-


roir concave qui réunit toua les rayons de la
vie et en concentre la chaleur sur un seul
foyer. Une tombe fermée est semblable à un
miroir convexe qui tes divise de nouveau;
l'homme a ouNié ses larmes et ses rêves, il
s'évanouit dans fautre monde.

ta.e«
Croyez-vous que les rochers de Saint-Ma-
rin soient la plus petite des répuMiqaes?
Il est un autre lieu encore plus petit ou rè-
gne la liberté; vous le portez en vous-même,
ou vous n'avez point de cœur.

f~«
Vierges pures, vous ressemMez au soteit;
de toutes les couleurs que produisent ses
tt.
rayons, il choisit le rose à son lever et à son
coucher. Vierges modestes, vons rougissez
lorsque vous vous levez pleines de jeunesse
et d'innocence; vous tougissez encore lors-
que vous approchez de la couche brutante de
l'amour vierges pures, que vous fessemMez
ttn soleil!

Le courage du cabinet est plus élevé et


plus philosophique que celui du champ de
hataille; le cheval même finit par apprendre
ce dernier, mais le premier est plus difficile
à apprécier.

Momus considéra tes animaux, et s'écria


après avoir long-temps réBëchi 'Tout ani-
mal est semblable à un dieu ou à une déesse
mais quelle est l'image de tous tes dieux? »
Prométhée créa l'homme, et dit La voici! »
Pourquoi tes ames tes plus pures sont-elles
en proie à une foule de pensées dégoûtantes
et empoisonnéesqui glissent sMf elles, comme
tes araignées sur les lambris tes plus bnt-
tants? Ah nos combats diHerent peu de nos
défaites!
~e'c!
L'excès de la prospérité ou de l'adversité
pousse tes individus comme tes nations à fim-
moratité. Ainsi, dans tes étangs, tes poissons
ne s'enfoncent dans la vase que par une cha-
leur ou par un froid excessif.

LtHtvois, ce ministre internat, disattà Foc.


casion de ta solde des Suisses, ~«'tOHrwt<
faire p<tM~ &! ~MM~e M)nM <& Pm'M B~& afM
/M ~CM que &! ~'t~ace &«)' «poft <&nMM. ~<

<!<'«: & «M~ ~tt'<& ont WM~ pour


eBe, répondit
ïe générât Suppa, ootM /)ef«vtt.it<eMn MK~
M<!f~'«Me </<*Pa~M à jBa/c.
Tons deux avaient raison en effet, les
Suisses avaient fourni, depuis Louis XI jus*
qu'à Louis XtV, t.tto~QSrecniM,et avaient
reçu pour leur tmitement ta somme de
t,t 48,868,6~3 florins.

Lorsque l'homme vient de vider la coupe


du plaisir, it est attéré de nouveau et en de-
mande bientôt une phM grande; enfin, un
Océan tout entier ne pourrait assouvir sa soif.

~.e'«

Il est mathemreux,il est coupable le jeune


homme que l'aspect de la beauté n'a jamais
intimidé.
B~e<~

L'homme jouit d'une tiberté utimitée, non


dans ses actions, mais dans ce dont il veut
s'abstenir il peut tout quand il veut vouloir
s'abstenir. En générât, il ne s'Agit
que de
choisir entre toujours craindre et
ne jamais
craindre; car le terme de notre vie est placé
sur une mine chargée de poudre dont les
explosions répétées ouvrent
sana cesse des
abîmes autour de nous.

De tous les efforts intellectuels, le tra-


vail d'une imagination ardente et passionnée
est le plus accablant. Un mathématicien sur-
vivra toujours à un auteur tragique.

Je veux m'etever an-deMMa de t'Ocean des


êtres comme un nageur intrépide qui lutte
contre les ragues, et non comme un cadavre
par la pourriture..

Il est des situations ou t'homme, opprM:~


de sa propre grandeur, ne peut ni en parler,
ni 6tre6t), ni y faire des allusions.

Si rhomme n'était pas immortel, quelles en


seraient tes conséquences? Dieu seul de-
bout au milieu des débris des êtres intellec-
hiets, luttant contre le néant, brûlerait
comme on soleil sans atmosphère qui lance.
rait ses feux au milieu des ténèbres, et per-
cerait la wûte du ciel sans t'éctairer.
!?'«
La véritabte richesse et la puissance d'un
pays consistent non dans ce qu'il tire de
t'ètranger, mais dans ses produits indigènes.
L'arbre sain et vigoureux donne seul chaque
année tes fleurs dont tes abeilles expriment
le miet le plus doux; mais t'arbre dans le
tronc duquel elles déposent leurs rayons,est
creux et stérile; il cesse bientôt de porter des
fleurs parfumées.
o-eo
Combien dans ta vie, de même que sur lot
Alpes, notre été est prêt de notre hiver!
Qu'H y a peu de distance entre nos parterres
et nos glaciers Et cependant, au milieu de
ses transports, t'homme se reproche que ses
peines tes lui fassent sitôt oubtier, et, au
milieu de ses peines, que sa joie en efface si
promptementle souvenir. Mais se reprocher
ses illusions n'est souvent que retomber dans
une plus grande.
~e"~
L'homme ne serait sur cette terre que cen-
dre et vanité, que jouet et fumée, s'il ne
sentait qu'il est tel. 0 Dieu! ce sentiment
est notre immortalité.

Pour remplir le but de rédtication, il faut


savoir s'étever au-dessus de Pesprit du temps:
<~ n'est
point pour te préMnt que t'en doit
formM fenfance, car il exerce sur elle aM-
influence puiMante et cooOnae, mais seule-
ment pour revenir

Beaucoup d'hommes se p!a!gnent de


ne
point rencontrerdefemmesaccompUes,
parce
qu'ils ne croient pas à leur existence. Cepen-
dant il &ut y croire pour les trouver là où
elles sont, de même qu'il faut pratiquer la
vertu pour la connaître; mais il ne suffit pas
de la connattre pour l'exercer.

Les sentimentssont des étoitesqui ne bril-


lent que sur un ciel serein; mais la raison
est la boussole qui dirige la marche dn na-
vire, lorsque cettes~ii sont cachées et b)-i!.
ne
lent plus.

De même que tes joailliers estiment les


pierreries, nous pouvons apprécier nos poe-
tes d'après leur pureté; nous.
en avons de !a
prenuère, de la seconde et de la troisième
eau, et, dans le J~MB~ ~o~Me de RoMderf,
il s'en trouve même de la dixième.

N ne faut jamais chercher à s'excuser;


ce
n'est point la raison des autres, mais leur
passion, qui est irritée contre nous; et, vis.
à-via de ceUe~t, le temps
est la meilleure
justification.

Sachez habituer de bonne heure votre fille


aux travaux domestiques et lui en impirer
le goût que la religion seule et la poésie
ou-
vrent son cœur au ciel. Amassez de la terre
autour de la racine qui nourrit cette plante
délicate, mais n'en laissez point todxr dans
son calice
Les désirs des Mm, dan~uuvieittard, sont
aussi tristes que tes orages d'hiver,qui se dé-
chaatent sur des plaines arides et couvertes
de neige, y fbntbnUer la foudre et tomber
la pluie sans féconder la terre, et ne sont
suivis que d'nn plus grand froid.

ta~~
Les hommes éprouvent plus de honte &

s'entretenir de leurs maitremes que de leurs


femmes; car, dans t'état de mariage, deux
amis peuvent trouver à sympathiser, ne serai
t~

ce qu'en se confiant mutuellementleurs do-


léances.
t!).e*<«

Les femmesd'une déticatesse exqpise,sem.


htabtes aux abeilles, ne recherchent que les
fleurs et tes tendres bourgeons. Celles. d'une
sensibilité moins raffinée sont comme !M fré-
tons, et ne s'attachent qu'aux fruits.

B~<Mt
L'enfance me parait plus heureuse
que t'a-
ge m&r, parce qu'elle sait trouver et rec&n-
naitre plus. facilement un grand homme.
CtroiFe à ta grandeur de t'homme, c'est le
seul avant-goùt dn ciel.

Nos premiers parents a~ient.ita besoin


d'un serpent dans le paradis pour s'empoi-
sonner ? t'homme ne peut- il pas, comme le
serpent à sonnettes, s'empoisonner M-tnême
par sa propre morsure?

Les Turcs portent le deuil en bleu; l'azur


du ciel de la Turquie et de la Grèce actuelle
est donc aussi un voite de deuil.

t~<t'<a

Les critiquM épanchent leur bile avec pré-


dilection sur tes grands écrivains qui les sHp-
portent plus patiemment; de même que t'en
dépose des immondices plus fréquemment
devant tes édi&ces publics, tels que tes h6tets-
de-ville, tes dtéàtres et les églises, qu'auprès
des maisons particulières.

!B.eo

Le plus noble amour n'est en même temps


que le respect !e plus tendre, le plus pro-
fond, le plus constant il se manifeste moins
par tes actions que Fom fait que par celles
dont on s'abstient. Il se devine réciproque-
ment,il ébranle à-la-foisdeux ames, et fait vi-
brer en ettes tes mêmescordes par une impul-
sion simultanée il enflamme d'une nouvelle
ardeur tes sentiments les plus étevés il est
toujours prêt à faire des sacrifices, jamais à
en recevoir; il ne diminue en rien l'attrait
que nous avons pour l'autre sexe, mais il le
concentre sur un seul objet t'amour, dis-)e,
est un respect qui peut se passer des serre-
ments de mains ou des plus tendres baisers,
mais non des actions vertueuses; un culte,
enfin, qui peut être méconnu de la plupart
des hommes, mais qui doit être sacré pour
le plus petit nombre.

B~e-a

La guerre est la mue de l'humanité eMe y


perd ses vieilles plumes,soit qu'eUestombent,
soit qu'on tes arrache.

<9«
Napoléon a presque toujours tenmiNé les
tecom qu'U a données aux princes en moins
d'un semestre, de même que les autres pro-
fesseurs, c'est-à-dire, en autant de temps
qu'il leur en faut pour achever leurs cours.

<"e«a

La coquetterie seule devrait engager les


femmes à bannir tes hommes de leur toilette.
En effet, le premier inconvénient de leur
présence est de voir se former pièce à pièce,
comme une mosaïque, le tableau dont t'en-
semblevivant charmerait leurs regards. Il en
résulté encore que cette illusion séduisante
de la MmpMcité et du naturel à laquelle on
aime tant à se livrer, s'affaibtit à la vue de
l'appareil avec lequel ces habiles magiciennes
préparentles pièges qu'elles nous destinent.

t)'ou vient donc que dans les ouvrages des


grands écrivains un esprit invisible nous cap-
tive, Mm que nous puissions indiquer les
mots et les passages qui produisent sur nous
cet effet? Ainsi mamure une antique foret,
sans qu'on voie une seule branche agitée.

~.e*c<

U n'est malheureusementque trop commun


de voir rhmnme se représentersous des cou-
leurs plus ~ves h haine que l'affectiondontt
il est l'objet; aussi réponde avec plus d'é-
nergie à t'une qtt'à t'autre. C'est ainsi que les
anges, pour la plupart du temps, ne sont re.
présentés qu'en petit et seuleanent
par une
tête ornée de deux ailes, tandis qu'on ne voit
jamais le portfait du diable buste; le
~a on
peint au contraire tonjottM de grandeur natu-
ffMe, enajontant à
son image des comM, le
pied fourchu et une queue.

Mourir a quelque chose de sublime. Der-


rière de sombres et majestueux rideaux la
mort accomplitseule ce prodige mystérieux
et trMMMc pour l'éternité tandis que tes
mortels, tes yeux humides mais voilés, assis.
tent à cette scène d'un autre monde.

Le souvenir de nos joies est éternel, celui


de nos peines s'efface ainsi l'azur du ciel do-
mineparsonétendue les nuages qui l'obscur-
tisseat momentanément.
Tout premier bien est plein d'une féticité
qui ne s'oublie jamais, tel que te premier
amour; et <&t-H même tardif, et ne se mon-
trtt-it à Noasqoe lorsque tout nous sembte
décoloré, il brille encore au conchant de la
vie, et nous pénètre de son charme enivrant.

Sans travail et sans application, ce qu'il y


il
a de meilleur dans cette vie devient inutile;
n'est pas même possible de bien connaitre un
jeusMMen faire t'objet d'une étude sérieuse.

La liberté est comme toutes tes choses di-


vines on ne t'apprend ni ne l'acquiert, c'est
un don inné.

Les hyperboles de la colère ne sont ja.


mais si réelles dans Fhenune que celles de
l'amour; il ~e')t seulement faire croire. aux
premières, tandh qu'il croit tuMnAne aux
dernières.

Daus un monde qui n'est qu'une foire et


un bal masqué, it est dur de ne pas même con-
server les <MnchiM<des Mrea et les libertés
du carnaval.

De toutes les ventés, la dernière qu'on


re-
connaisse,c'est qn'it y a des hommesqu'on ne
peut convertir à aucune.

!w«e
Les péchés contre le Saint-Esprit, que per-
sonne ne pardonne, sont ceux contre son
propre esprit, c'est-à-dire contre sa vanité,
et le Natteor plalt, sinon par sa coavictMB,
du moins par son abaissement.

«"<t<«
Personne n'a plus décrié la eonstitMtion de
t'empire germanique, que tesAttemandsem-
mêmes ce n'est que fort tard, et torsqu'eMc
n'existait plus, que nous avens commencé à
nous réeonciuer avec elle, et prononcé sur
son cadavre i'étogë Rmebre consacré par t'n-
sage aux empereurs, aux papes et aux acadé-
miciens. Cependant toutes tes constitutions
fortes, celles de la Grèce, de Rome et de
FAngteterre, par exemple, ont cela de com-
mun avec la constitution allemande, qu'ettes
ont été critiquées avec amertume et atta-
quées avec violence par des écrivains qui vi-
vaient sous leurs lois.
La guerre a plutôt servi à nous faire con-
naitre notre constitution qu'à nous t'enlever.
Si t'on e&t respecté tes ténèbres qui environ-
naient son antique berceau, elle existerait en-
core; car la guerre, qui tranche dans le vif et
sonde tes plaies des peuples, ressemble à ri-
vresseet à la folie, qui, d'après Sénèqne, met-
tent seulement nos fautes en évidence, et ne
les produisent pas. L'éboutement cle la con-
stitution, comme celui d'une mh)e, a taiMe à
Jëcouvert de nouvelles veines d'dp eombien
de richesses n'en sont-elles pas déja décou-
lées an profit de notre cosmopolitisme et
pour !'omement de notre littérature

Une tdée a~ere et de<~rante e$t o~diaai.


rement suivie d'autres idées qm, comate <hN
émollients viennent t'adoucir jusqu'à
ee
qu'eHea.tui aient fait perdre son âcreté. Il
en est de même des douleurs physiques.

La timidité des hommes ne tient que de


leur éducation et de leur situation sociale;
celle des femmes a des racines plus profon.
des et tient à leur nature. L'homme
a en lui
un courage maé, et l'embarras qu'à éprouve
qaetque<b)s n'estqu'extenem-. Lafenmen'en
ressent pas ainsi, et cependant elle est crain.
[ive l'un (t) témoigne son respect en avatt-
tant, etramtM en reculant.

Tel que le diamant qui brille comme la


diCSre
goutte de r<Mée, mais qui en par sa
dureté et son éctat qu'il n'emprunte pas au
soleil tel se montre le cœnr d'une femme
supérieure, semblable par sa douceur et sa
pureté à ce qu'it y a de plus tendre, mais au-
dessm de tout par son énergie.

Un homme qui nourrit en lui une grande


idée qu'il veut produire et rendre vivante, est
par cela même à t'abri des poisons et des pei-
nes de la vie; de même que tes femmes grosses
que leur fruit préserve des maladies conta-
gieuses.

ft) Jean-Pan! fait MM doute dtnOon ici à la


JUKtente «MmMre de <tt<tet des deux MM*.
( yoM de f~tMar. )
i.
Un beau visage ne parait jamais plus beau
que dans le moment qui succède à un senti-
ment d'amertume, lorsque des larmes vien-
nent de couler sur tes pertes du cœur; au
milieu même de l'expansion de la douleur,
l'aspect de la beauté nous troublerait et nous
toucherait trop vivement.

L'amour, à la cour, reMembte à la torture;


Pun et faatre ne durent qu'une heure on
vous bande les yeux, on vous charge de liens,
on étotgne tes spectateurs;le troisième degré,
c'est le feu. Les mineurs, les vieillards et les
maladesB<mt enempts de la torture.

L'éloignement <ait perdre aux hommes,


ainsi qu'aux décorations de théâtre, tes traits
trop durs qui en altèrent la beauté, et leur
donne ainai un aspect agréaMe. Les absents
sont des morts que notre cœu)* absout et gio-
rifie, et qui seront héati&és s'ils reMuscitent
un jour.

Aimer de bonne heure et ? marier tard,


f'est entendrechanter le matin une alouette
rôtie à son
en l'air et en manger te soir une
souper.

La vanité des hommes peut présumer plus


facilementque leurs cœurs t'amour dont une
femme est susceptible, car la vanité se fla tte
plus que le cœur ne devine; mais nous trai-
tons bien cruellement ces ames concentrées,
dont la chaleur ne se manifestequ'en souf-
frant nos froideurs,dont t'amour ne seprouve
que par leur ndéMté,qui
ressemblentà ce puits
magique qui se remplissait toujours à mesure
qu'on le vidait, mais sans jamais déborder. Le
mérite des femmes ne brillejamais davantage
qu'après-la lunede miel, et il faut-les épouser
pour les aimer.
La joie des ames tendres est pudique, elles
montrent plutôt encore leurs blessures que
leurs transports, parce qu'eUes ne croient mé-
riter ni les unes ni les autres; ou bien si
elles les montrent, ce n'e9tqn'a travers une
(arme qui les voile.

te'e'~
L'imaginationne peut retracer dans ses ta-
bleaux que le passé ou .t'avenir, le présent
échappe à ses pinceaux ainsi l'eau de rose
perd, dit-on, sa vertu au moment où tes ro-
siers Sourissent.
!&.e'«

Les femmesressemblent aux maisonsespa-


gnoles, qni ont beaucoupde portMet peu de
fenêtres; il est plus facile de pénétrer dans
leur cceur que <fy lire.

Les a\antagesdes Fran~aM à ta pierre, doi-


vent être d'abord attribués a la vivacité de
teur esprit, et ensuite & ta préférence qu'ils
accordent aux forces physiques h réunion
de ces qualités leur donne cette cétérité qui
tes mène à la victoire. Chez tes Allemands, au
contraire, un homme n'est jugé capable de
commanderà quetqMM milliers de régiments
lorsqu'il ne
pt de tes ranger en bataille que
peut presque plus se soutenir tui-meme en
année ne
un mot, tes princes exceptés, une
peut être habilement conduite que par quel-
qu'un qui ait été rasé plusieurs millions de
fois. Les Français se rapprochent plus des
Grecs, qui, suivant Winkelmann, représen-
taient Mars jeune et imberbe. Tel est sans
doute le motif qui fait rechercher, autant
qu'ils le peuvent, à quelques jeunes militaires
allemands, à anticiper t'&ge de l'avancement
dans les maisons de plaisirs et de. débau-
che de toute espèce, de sorte qu'ils offrent
bientôt faspect de la décrépitude peut-être
adoles-
est-ce aussi pour cela que plusieurs
cents s'efforcent de faire croitre
tcurbarhc,
qu'ils étalent ensuite pour masquer leur jeu-
du tau.
nesse et s'en couvrir le visage comme
rier dont César cachait son front chauve.

tfe'<&

J'écris ma vie devant Dieu; qu'elle soit


gaie peu importe hti.méme a'a.t-H pas re-
vêtu ses pensées sous la queue d'uu paon,
sous le calice d'une tulipe?

p<.3«

Nous aimons et nous recherchons toujours


celui
te9 choses aux dépens des personnes;
(pi travaille trop n'aime pas aMex.

s-a~
Les femmes distinguées se louent souvent
elles-mêmes sans employer de détours, et
beaucoup plus que tes hommes distingués.

<B.<t«<

t3.
Lfs princes bannissent plus facilementde
leur présence leurs favoris
que leurs enne-
mi!); leur crainte est plus forte
que leur af-
fection.

Les poètes font un tort inexprimaMe à


leurs cadrages iorsqu'ib
ne sentent pas for-
tement.

Le peuple est pour un mïnistM ce qu'un


grand capital est aux yeux d'un banquier;
une simpte abstraction, une quantité atgë-
brique qu'il fait entrer dans
ses calculs.

L'homme est te tourmentdes animaux qu'it


tient sous sa dépendance, tandis qu'H est
aussi doux qu'un agneau pour
ceux qui ne
sont pas eonnes à ses soins; comme, par
exemple, h- chasseur pour le chc~a), le char-
retier pour le chien de chasse, et t'ofMcier
pour tout ce qui n'eat pas soldat.

Les fautes et tes hérissons naissent sans


dards, mais nous ne ressentons ensuite que
trop vivement leurs Messur~s.

~e'of
Les petites douleurs nous mettent hors de
nous, tes grandes nous rendent à nous-mê.
mes. Une cloche fêtée ne produit qu'un son
sourd; <endez-!a, ette rendra de nouveau un
son éclatant.

H serait peut-être possiblede diminuer les


miasmes de la peste morale qui règne dans
tes grandes villes, comme on chasse ceux de
la peste ordinaire, en y plantant beaucoup
d'arbres. Les Grecs en plantèrent dans plu-
sieursde leurs cités, et en si grand nombre,
par exemple, selon Pausanias,à Chalcis et à
Eubée, que t'en ne pouvait plus y voir les
maisons. Plantez un hameau, un jardin, une
forêt dans vos villes empoisonnées, ce sera
toujours quelque chose.

~ia.e'«
r<'«< est le mot le plus élevé et le plus
hardi de notre langue; c'est aussi la pensée
la plus rare, car la plupart des hommes ne
voientdans l'univers que la rue où ils vivent,
et dans l'histoire de l'éternité que celle de
)<')tt' petite ville.

)a.e''c<

H est difficile à un homme dp distinguer


dans te coeur d'une femme la volonté de l'ins-
tinct, les idées des sentiments, et de compter
toutes les étoiles qui brillent sur ce ciel
obscur.
)6t.e'<=<

On sait aussi peu comment les hommes


veillent qae comment ils dorment; on ne
connatt ni leur plus grande crainte, ni leur
plus grand espoir.

Le présent prend ptus vite notre reflet que


noua ne prenons le sien.

Dans chacune des occupations auxquelles


nous nous livrons journellement, on peut
distinguer troM époques dans la première,
elle est nouvelle; dans la seconde, elle est
ancienne et ennuyeuse; dans la troisième,
elle n'est ni l'une ni l'autre, elle est deve-
nue habituelle.

rhomme; elle
Respectez t'indtvidaalitédans
est la Mcine de tout ce qu'il y a
de bien.
Henretm les jours qui suivent
une récon-
citiatiMt! l'amour redevient chaste
et pudi.
que, l'amante reprend denouveaux charmes,
le coeur célèbre son mois de mai, tes
et morts,
ressuscités du champ debataitte.necompren.
nent plus tes combats qu'ib se livraient
na-
guère et dont ils ont perdu le souvenir.

Les songes sont comme les beUes~te-nuit,


qui ne s'épanouissent que dans tes ténèbres
et se referment avec Faurore un parfum
suave et mystérieux est le seul indice qui
nous reste de leur apparition fugitive.

~<a
La véritable innocence, semblable à celle
de t'en&nce, n'existe qu'autant qu'elle s'i.
Snore elle-même.

ta.<K<

Lorsqn'elles achètent, les femmes


se mon-
trent d'ordinaire moins généreuses et plus
exigeantes que les hommes, parce qu'en gé-
nérât elles sont plus déSantes et ptus circon-
spectes. Si elles vendent, c'est tout le con-
traire.
t~e-a
Personne n'est tont-a'&it tolérant ni en-
tièrement intolérant; chacun pardonneà son
insu des fautes légères l'homme borné, de
même que t'habitant de la nattée, ne voit
qu'un chemin, le montagnard les décotmre
tous.
&"8'<!

L'amitié ne reconnatt point tes différences


de classes, t'ame ignore celle des sexes.

~a.et
Rien ne <ait paraitre un homme plus pe-
tit que de vouloir châtier et tourmenter sans
savoir comment s'y prendre.
Celui dont le ecear respire le bonheur et
!à paix cherche dans une égtise visible une
<igMse iMMibte. Le temple de ta nature
est le temple de l'amour, partout on en voit
tes autels et tes chaires. L'homme assis sans
rames dans sa nacelle la laisse suivre avec
ivresse le cours du fleuve et ne cherchepoint
à la gouverner.
~~6
Des nuages de t'erreur s'amoncelleraplus
tard l'oragede la passion.

Rien de plus pitoyable que de voir un


homme chercher d'une manière quelconque
à 9'attribtMT un mérite qui ne lui appartient
pas.
<-e'<a
Le coeur auquel Pamour ne sufSt pas
n'en a jamais été rmpli.
<-e'<
N'avoir qa'aae seule volonté à laquelle on
rattache toute sa vie et qui ne change -ni à
chaque minute, ni à chaque homme, voilà
ce qa'it y a de.ptus essentiel en ce monde.

Que t'idéat ne se décolore point en nous,


ou le feu sacré de la vie s'éteindra.

Les vaisseaux se maintiennent à une cer-


tainedistance les uns des autres, pendant les
brouittards, à t'aide de fanaux et de tam-
bours les nations en <bnt de même entre
ettes au moyen du canon et des illuminations.

~e«
Rien ne cause tantd'amertume qu'une haine
froide et rénéchie; h passion blesse beau.
< oup moins.
B"e<«

ï~s femmes de génie sont pour ta plupart


'4
esprits-forts tes hommes de génie, au con-
traire, ont g6aëm!ement de la foi.

)tMe<ca

Un homme seul peut voir avec une indif-


férence complète l'amour dont il est t'objet,
une femme ne peut jamais y rester insensi-
ble. Des sentiments long-temps méconnusne
sont que MetjLMrement ou presque jamais
payes de retour.
js.e'<3:

Un homme ne découvre jamais mieux son


caractère qu'en traçant celui d'autrui.

L'homme doit tendre à de nobles buts ou


se proposer de grands modèles, autrement
il perdra sa vertu; de même que l'aiguilleai-
mantée long-temps détournée des pôles du
monde.
M n'y a qu'un être parfait que t'on puisse
aimer véritaMement et d'une manière tout-
à-fait désttttereMée. Le soleil pour brAh-r doit
réBêehir son disque dans toute perfection
sa
et concentrer tous ses rayons.

M n'est point de père qui soit plus ravi


d'admiration à la vue du génie de
son fils
que ceM qui lit ses propres ouvrages.

Combien les souffrances da pécheur diffè-


rent de celles du juste! les unes ressemblent
à une écupse de lune qui ajoute encore
aux
ténèbres de la nuit, tes autres sont comme
une éclipse de soleil qui tempère la chateur
du jour en y répandant une obscurité
ro-
mantique durant laquelle le rossignol re-
commence ses chanta harmonieux.
L'homme gravit avec peine tes hauteurs
de l'amour idéal; mais, comme sur tes au-
tres montagnes, ce qui lui est encore plus
difficile, c'est d'en redescendre.

t:.e«
Au service de la déesse des amours on
devient communément plutôt chauve que
grisonnant.
!B'<t<a

L'ame d'une jeune fille ressemble'à une


rose épanouie; arrachez une seule feuille de
son calice, toutes tes autres tombent aussitôt.
<<).$«

Le poison moral rend la langue aussi lé-


mre que le poison physique la rend pesante.
~e«
Les passions sont des licences poétiques
que prend la liberté morale.
fa-a
Les hommes d'un caractère ferme se lais-
sent aussi peu influencer dans leurs juge-
ments par le bien que par le mal qu'on leur
suggère. Le vulgaire renonce tacitement à
croire te bien et s'attache fortement au mal.
Les gens faibles se réconcilient volontiers et
ne se brouillent qu'avec peine.

La froideur ajoute à ta force de Famoar,


de même qn'ane température froide donne
du ton aux constitutions robustes, tandis
qu'elleest contraireauxtempéraments faibles..

Il répugne à fhomme de parler devant un


homme de ses sentiments, tandis qu'it se plait
à tes exprimer devant une femme. Les fem-
mes, au contraire, aiment s~gutierementà
se faire entre eKes de semblables confidences.
Un Anglais a observé que parmi les idées
fixes que Fou remarque dans les maisons de
<btM, celle de tadé{ieadan<-e est ta phMMre;
la plupart des iafbrhmés que l'on rencontre
dans ces établissementssont des di<tix ou des
monarques, dee pa~es ou des savants.
t~e«
Les femmes éprouvent plus de chagrins
que tes hottmes; au ciel, on voit plus d'é-
rtipses de lune que de soleil.

L'homme est pour t'amitié comme la femm~


pour t'amour, et wce w<c'est-à-direqu'ib
«'attachent plus à t'omet qu'au sentiment.

LM hommes ne paraissent jamais plus ri-


dicules que toKqu'Ms.fontquelque chose en
masse et en foule.
t.M blessttres de la conscience ne se. cica-
trisent jamais; le Tempsne les raffmichit pas
par te mouvement de ses ailes, mais les fait
seutement saigner avec sa faux.

H y a telle circonstanceoù notre seule res.


source est la fuite; on évite du moins par un
voyage d'insipidesquestions sur t'état de no-
tre santé et la perfide sollicitude avec laquelle
on attend notre réponse. Au retour, on s'est
épargné beaucoup de peines, si l'on ne se
trouve même pas tout-a-fait soulagé.

!B.e<a<

Certaines coquettes sont comme tes vins


aaer~ qui s'aigrissentpar la chaleur et s'a-
doucissent par te.froid.

ï.'art rend tous tes pays uniformeset agréa-


h)es; mais aux yeMxdfbeancottpd'hommes,
ce n'est qu'un vignoble en fleurdont la force
leur est connue d'avance, quoiqu'Hsn'en res-
sententpas encore les effets.
C<.9.a!

Le souvenir est le seul paradis dont on ne


puisse nous bannir, nos premiersparents ne
purent même en être chassés.

o.<K<

Dieu est la lumière qui sans être vue renft


tout visible et se cache sous tes cputeurs;
('o*i! n'en reçoit que tes rayons, mais Je cœur
en sent la chaleur.
~"W<

On rencontre quelquefois dans tes Alpes


sur tes bords d'un glacier un gazon émaillé
de fleurs; souvent aussi, près des glaces de
ta mort, on trouve des fleurs d'un nouveau
printemps.
~.<t«
Les vices des femmes sont plus méprisables
que ceux de fhomme les uns ont plus sou-
vent pour cause la faiblesse; les autres, la
force.

L'honneurd'un ami est quelque chose de ai


grand, que <es aveux seuls devraient pouvoir
nous en faire douter. L'homme qui est près de
la perfection peut seul ne plus mettre à t'é.
preuvel'amidéjà éprouvé, croire aumilieu des
denégatioas de ses ennemis, rougir, comme
d'une pensée impure, si un soupçon muet et
fugitif souille cette image chérie, et lorsque
en6n il devient impoMiMe de réprimer ses
doutes, en isoler long-tempsencore sesactions,
et tomber plutôt dans une imprévoyancepeu
profitable que de commettre un péché mortel
contre le Saint-Esprit dans l'homme. Cette
ferme confiance, il est plus facile de la mériter
que de t'éprower.
Si tes Mines d'um temp!e nous inspirent un
enthousiasme métancotiqMe,pourquoi cettes
d'une grande âme M nous feraient-ettes pas
vive encore? ïi y
éprouver une émotion plus
des rui-
a des hommes qui renfermenten eux
la elle-même.Au
nes cotoMates comme terre
(bnAde~ra cœurs déjà gtacés gisent épar-
ses tes images petrinées
d'un temps plus heu-
rochers du Nord
reux; ils ressemblent à ces
Fempreinte des aemrs
sur lesquels on aperçoit
des Indes.
~e-a
Nous dewions avec plus de raison nommer
t'éctipse de soleil une éctipse de terre. C'est
ainsi que l'homme s'écHpse, et jamais rinRn:.
Mais nous ressemblons au peuple qui regarde
celle-ci est
une éctipse de lune dans feau si
agitée, il s'écrie Voyez comme le soleil se
bat avec la lune!
)a.9"a
Les peuples et les individus sont d'autant
meilleurs qu'ils sont plus gais, et méritent le
ciel dès qu'ils savent en jouir. Les larmes de
reMtCtioa ne sont que des pertes d'une se-
<-MtdeeaM, cette!! de la joie, an eoBt~Mre,
sont de la prenuere aussi, .dea~a ptH~pe!,
répands-tales NeaM de la joie sur le berceaa
de la vie, comme les nourrices qui paMemeat
de fleurs la couche de l'enfance pour proton.
ger son sommeil!1
Ah! que cette philosophie qui nous refuse
la joie et t'efface des desseins de ta Provi-
dence, nous dise donc de quet droit les plai-
santeries animées entrèrent dans notre vie
fragile1

L'imagination par sa puissants peut chan-


ger la première guenille dont elle s'empare
en une reMqme merveiNeoM;eHe peut faire
sortir d'une mâchoire d'âne une source jail-
lissante: nos cinq sens ne lui fournissent que
t'étone et tes étemjents de ses peines comme
de ses plaisirs.
Au récit de la bataille de Marathonon des
triomphesdu Capitole, un jeune homme dé-
sire awir un compagnon d'armes; mais il ne
souhaite point une compagne qu'il puisse as-
socier à sa gloire car une héroïne fait tou-
jours tort à un héros. L'amitié nait avant t'a-
mour dans te cœur de l'homme; eUe parait,
comme i'aHouette, au printempsde la vie et
reste jusqu'à la fin de l'automne: l'amour ar-
rive, comme tes cailles, avec tes chaleurs et
disparatt avec elles.

B~eo

Qn'M est touchant de voir deux amis vieillir


ensemble 1 la jeunesse semble se prolonger
tant.que le compagnon de notre jeune âge
n'est point perdu.

t"e'~
L'homme ne s'aperçoit souvent que trop
tard combien il a été aimé, combien il a mon-
tt~ d'onbti et d'ingratitude il ne comprend
que trop tard la grandeur du <teur qM'it a
méconnu.

Rien n'est si beau, rien n'est plus doux


qae de mourir un jour serein tes yeux se
ferment, mais rame entrevoit encore l'éclat
du soleil, elle s'éteve de son enveloppe des-
!)ecbëe à travers l'azur du cieL Tandis qu'au
contraire, devoir se séparer d'un corps palpi-
tant au milieu d'une nuit obscure et mena-
~Mtte, faire dans un si grand isolementla lon-
gue chute du tombeau, lorsque toute la na-
ture semble mourir autour de nous, ah c'est
une fin trop cruelle1

Derham ( dans sa ~A~«w-?~t~M, yySe )


remarque que les sourds entendent plus dis-
tinctement au milieu du bruit: par exemple,
un homme qui a l'oreille dure, au milieu du
tintementdesdochcs; une hôtesse sourde, an
~nitten du tintamarre de ses garçons etc.
Aussi fait-on souvent retentir la musique, les
cymbales et t'artiNerie sur le passage des
princes et des ministres, qui, en généra!, ont
l'organe de Foute très-paresseMx, afin que ta
voix du peuplepuisse parvenir jusqu'à en)c.

Cetui qui trouve en soi la paix et la pléni-


tude des idées ne vent plus chercher d'autres
joniNancMqu'en hti-meme tout mouvement,
~t-H même physique, sniNt pour ébranler sa
<!<t~pe pleine de nectar.

Les vagues qu'amoncelle la douleur a'étc-


vent entre nous et le monde, et isolent notre
navire au milieu d'an ptj~t rempti de vais-
<ean~
~c«
2)e ~wx&j <~&<M~MM«, dit Moatesqcifw,
~&<t~f<!chute<& M<*<on peut éMM'
dre cette maxime aux grandespunitions dans
les maisom d'éducation, et même dans les
gouvernements ce n'est point la grandeur,
mais rirrévoeabitité des peines qui en fait ta
puissance.

La sérénité, que Phommeseut peut obtenir,


en laissant aux êtres d'un ordre inférieur les
jouissances mat~rieMes,fa!téctore, comme un
printemps, toutes les fleurs de son ame. Un
dieu chagrin serait une contradiction,et la
béatitude est plus vieille d'une éternité que
la damnation.

ia.e.ea

CetuMit seut qui aime son ami comme un


amant aime sa maîtresse,est égalemelit-digne
des faveurs de l'amouretde celles de t'amiti~;
mais l'on voit des hommes quitter ce monde
sana s'être plus tnqttiétés de ces deux senti-
ments que s'its n'avaient jamais. été aimés
sur cette terre.

L'homme, au soir de ta vie, se courbe sur


les tombes effacées des amis de sa jeunesse,
dont lui seul déplore encore la perte, jus-
qu'à ce qu'enËn un jeune homme ensevelisse
le. dernier vieillard qu'il chérissait comme un
père: mais personne ne se souvient plus alors
des beaux jours ni de la jeunesse du dernier
vieillard.

11 y deux sortes de mariage, et par con-


séquent deux destinées différentes dans le
mariage la plupart des hommes ne le dési-
rent quepour se faire une existence ou pour
la donner, enfin pour tes occupations qui ont
besoin de quatre mains. Le plus petit nom-
bre, au contraire, désire l'union des cœurs
il leur en faut deux, et au plus un (ï) tMi-
sième en espérance. Dam tes ménages un peu
plus spacieux, où l'homme se borne aux tra-
vaux de Cabinet et ta femme aux travaux
domestiques, ou les deux cœurs sont séparés
par des murailles, tes choses se passent en
générât asse!! paisiblement; fhomme et la
femmen'ont rien à régler ensembleque leurs
affaires, dont chacun a sa part distincte. Si
dans une semblable union l'on ne rencontre
pas de rosés, c'est qu'on n'y voit pas d'épines;
il n'y croit qu'un gazon vert et touffu. Mais,
au contraire, l'homme cherche-t-ilà s'associer
une compagne, ne travaille-t-H que pour ai-
mer, de même que tant d'autres n'aiment que
pour travailler? la fragilité humaine lui of.
frira plus de malheur que de bonheur; et si
deux amis sont fort rares à rencontrer, il ne

(t) L'auteur fait allusion à la potteaso d<")

femmes.
(?<)? da <~<&tetf«r.)
i
tS.
l'est pas moim de trouver un ami et une
amie. Une femme peut recevoir son nom d'un
homme, comme une vitte d'une btttaitte tt-
vrée <oua ses mura ou d'utts paix <!enctMe
dans son enceinte; m~dhewrenaernent il ge
tiweptn9deet))nhaMtpt'Hne ? fait de tKuté~.

It y a des jours où la vertu exerce surnous


plus d'influence, des jours où l'on pardonne
tout, où l'on peut tout sur soi-même,où la
joie, cette fille du ciel, semble s'agenouiller
dans notre cteur, et demander a son père d'y
rester plus long-temps, où tout brille à nos
yeux d'une nouvelle sérénité; si dans ces mo-
ments on répand des larmes de plaisir, celui
qu'on éprouve est si grand, que tout dispa-
ra!t autour de nous.

Toutes les productions du Nord m&nstmtt


tard, dcpMM tes têtes jttaqM'aax fruits des a~'
bres. D'âpre Toze, un électeurM'était majeur
qu'àdix-huitans; unroideSuèdenePestqa'a
vingt etun; tandis qu'au contraire, la majo*
rite des monarque!) frayais, eapaghob et
portugais, est Sxée à t'âge de quatorze an&.
Nous avoM cela de particulier, que nous ai-
mons à confier la garde de rétat ainsi que
celle des villes à des vieillards, et un général
caduc veille auprès du trône, comme un in-
valide à nos portes.

t~'e'et
Dans un noble amour, le sacrifiee, celui de
l'amourmême, est aussi agréable que la jouis-
sance car la marque distinctive la ptusecta-
tante des hommes supérieurs, c'est qu'au
moment de la joie ib portent leurs regards
sers une Nie plus étevëe et vers la vérité.

L'esprit du temps devait rompre sa chry-


salide, se frayer une issue et s'pnvot~r il le
fit, et prit son essor en perdantson sang. 0)t
dirait que nous participons à cette erreur
commune qui prend pour une pluie de sang
tes gouttes que laisse tomber sur ta terre le
papillon dans sa métamorphose.
1

L'amour est fécole italienne de l'homme,t


celui qui a le plus de force et d'élévationest
aussi capable de la tendressela plus sublime;
c'est ainsi que tes arbres tes ptuséteves don-
nent tes fruits les plus doux. Ce n'est point
dans les caractères mous, mais dans tes ca-
ractères fermes que la douceur a le plus de
charme; de même que la force nous plait
beaucoup plus dans une femme que dans
un homme.

Quelque rapide que soit la joie, elle est


prpfédép par un long espoir et sui\ie il'un
souvenir plus long encore dpméate que dans
les régions polaires on voit au printemps
l'image du soleil précéder de beaucoup le le-
ver de cet astre, tandis qu'en automne sou
image brillè tong temps encore après son
coucher. x

Les princes pleurent-ils, les peuptes sai-


gnent les montagnes sont-eUes envetoppée~
de nuages, il pleut dans les plaines.
Maintenant enfin, Dieu miséricordieux, les
trônes de l'Aliemagne, libres de nuages, éie*
vent teur cime au milieu de l'azur da ciel et
scntbtent promettre un meilleur avenir.
Mais vous, ~princes songez bien que les lar-
mes se sèchent plus facilement que les bles-
sures, et les hauteurs plus promptement que
les plaines!

Le déseapoir est le suicide du cœor; et de


mêmequ'en Silésie on ensevelitla face contre
terre celui qui s'est suicidé, fhomme en proie
au désespoir laisse retomber vers la terre, où
il n'est pas encore, son visage qu'il devrait
tourne vers le ciel. qu'ila perdu, le ciel qui
lui est et qui lui sera toujours ouvert Lève-
toi, ver terrestre porte tes regards, faible
atome, vers quelque chose de plus haut et de
plus serein que ton séjour La sérénité et non
le plaisir est un devoir pour nous, qu'elle soit
constammentnotre but. Dans une ame pleine
de tristesse et d'amertume, un air pesant et
sombreétouffe toutes tes Heurs intellectuelles
et le développement moral. Que notre cœur
s'ouvre à une douce métancotie et non au
noir chagrin et à rabattement, de même que
taNeur, qui s'épanouità la rosëe et qui se re-
ferme à la pluie.
ts'e-o<

Avez-vousrompu avec un ami, je vous en


conjure au nom de ce saint respect que vous
devez à son cadavre, ne lui donnez plus au-
cun signe de vie, ne lui écrivez plus; détour-
nez, si vous te pouvez, vas yeux de son Osa~:
teemmqueade~otreaaecttonp~aée et celles
de votre froideur actuelle irr.itent inutile-
ment et Fen<mvd)eot ptMee d'une Mp-
ture.Hestpttufac~e de~ppwterteBMgaMb
gtacés d'une ancteMne BjtaitresM que ceux de
t'ami qa'Mt a pe~u ~ne mtthresM peut être
remptacéB, nMustttt ami, jamais.

f~a<
La puissance seule de rimagination, et non
le manque de courage, produit la crainte des
esprits; et celui qui la porte jusqu'à PeiÏMM
dans un enfant n'y gagnera rien, lors m4me
que ce dernier déposerait ensuite ses terreurs
et Mconoattraitque la cause en était toute
naturelle aussi ne voit-on que quelques en.
fantspossédés de cette cramte dans une même
<amit!e,c'est-a-dire ceax-tà seab dont fimMina-
tion est plus vive: aussi Shakespeare,torsqu'it
evnqne des esprits sur ta scène,<ait4t dresserh-s
t~eveux mêmeaux espritsforts des premières
galeries, et cela incontestablement en ébran-
lant leur imagination. La crainte des esprits
est un des phénomènes les plus extraordinai-
res de notre nature d'abord à cause de l'em-
pire qu'dte a exercé sur tous les peuples, en-
suite parce qu'elle ne provient pas de féduca-
tion car souvent t'entant frissonne en même
temps à la vue d'un grand ours qui est à ta
porte et à l'idée d'un esprit. Mais si la pre-
mière crainte se passe, pourquoi la seconde ne
se dissipe-t-elle pas? Enfin, à cause du sujet
même: celui qui a peur des esprits ne redoute
souvent ni la douleur ni la mort, mais la
présence d'un être étranger et sureaturet. il
pourrait envisager un habitant de la lune ou
celui d'une étoite fixe, aussi facilementqu'un
animal nouveau pour lui; mais l'idée d'un
esprit excite en lui une terreur semblable a.
cette que produiraient des maux inconnus à
cette terre, une terreur causée par l'approche
d'un autre monde que celui qm'éctaire le so-
!<).
~.ats
&.a'<
L'angede la dernière heure, que nous ap*
pelons si crûment la mort, est te plus tendre
et le meilleur des anges; on fa choisi tel pour
recueillir doucement et dé!icatemeBt le cœur
abattu de l'homme au moment où il cesse de
vivre, et le porteravec ménagementde notre
sein glacé dans le sublime et brillant Éden.-
Son frère est l'ange de la premièreheure
ce-
lui-ci donne deux baisers à rhomme, le
pre-
mier pour lui faire commencer la vie, le
se-
eond pour qu'il se réveille tà-hant sans Mes-
sureset qu'il entre dans l'autrevie ensouriant,
de mêmequ'il est entré dans celle-ci pteu.
en
Mnt.

Pourquoi vouloir faire partager tous tes


sentiments de notre cœur à des cœurs étran-
gers ? -Pourquoi le dictionnaire de la dou-
leur a-t-il tant de mots, et celui de l'ivresse et
de l'amour si peu de pages? -Le génie de
n< fesse et de l'amourne
nous a donne qu'une
Mu)e tarme ,wn serrement de main,
un accent
IG
harmonieux,et noua a dit < Voità votre ~o-

qnence!*

La vertu ne peut nous obtenir le bonheur,


mais seulement nous en rendre moins indi-
déjà,
mes; parce que l'existence nous donne
mora), un
comme anx animaux privés du sens
droit à la joie; parce que la vertu et la joie
sont desgrandeaM incommensurables,et qae
fon ne sait pas si tn siècle de bonheur est
mérité par dix années de vertu, ou s'ilarrive
le contraire; parce que les années de la joie
précèdent celles de la vertu; de sorte que
l'homme vertueux devrait d'abord mériter le
passé au ueu de t'avenir, et la terre au lieu
du ciel.

Compatir aux maux d'autrui n'est qu'une


vertu hm~aine, mais prendre part à la joie
d'aB&utreappa)rtientaunaBge; etitestm&ne
aussi divin, et pénètre phM divin encore, de
contempler le bonheur qui nous est étranger
avec une véntabte sympathie et une profonde
sensibilité, que de t'éprouver soi-même.

Pour sacrifier sa vie et sa fortune, il faut


avoir en vue quelque chose de plus élevé que
ces biens. En défendant tes jours et tes inté-
Féts d'autrui, l'homme vertueux montre plus
de courage qu'en combattantpour son exis.
tence et ses propres intérêts la mère n'ose
rien pour elle, elle ose tout pour son enfant
enfin, ce n'eat que pour ce qui est véritaMe-
ment noble, pour la vertu, que Phomme oa-
VK'SM veines et dévoue ses facnttés; se)Me-
ment, le martyr chrétien appelle cette vertu,
foi; le sauvage, honneur; et le républicain,
liberté.

Si l'on trouve quelque part dans l'histoirç


tes traces des progr&<tde rhumanité, c'est sur
le chemin qui conduit à la tiberté et à la lu-
mière.

De même que le Nouveau-Monden'apparatt


d'abord an navigateur que comme un trait
obscur aa-dessus de l'horizon, ainsi l'autre
monde ne repose devant notre ccit mourant
que comme un nuage, jusqu'à ce que, lors-
que noua en approchons, il se développe à
nos regards et nous présente ses palmes et
ses Neurs. Un sentiment d'ivresse et de gloire
se peint souvent sur le visage d'un mourant.
Klopstock revit sa Men-aimée, qui t'avait pré-
cédé Herder, dans son ravissement, s'é-
cria Que deviens-je –C'est ainsi que dans
les premiers temps du christianisme mou-
raient ordinairement les vieillards avec une
nouvelle sérénité ils se couchaient, comme
le soleil, au milieu de l'éclat d'une belle soi.
rée, présage d'une aurore plus belle encore.
Le monde est dans les ténèbres, mais
l'homme est plus élevé
que son séjour; il
porte ses Mgards~lus haut, et il déploie les
ailes de son ame. Lorsque les soixante mi-
nutes que nous appelons soixante ans ont
sonné, il prend son essoret s'enBanunedaM
t'espace; les cendres de son enveloppe
retom.
bent sur la terre~ et son âme, délivrée de
sa
prison fragile, s'étève seule, pure
comme un
son, vers tes régions éthérees. Mais ici-bas,
du sein de cette vie obscure, il découvreles
sommités dn monde qui l'attend, éclairées
par les rayons d'un soleil qui ne se lève point
sar ce monde ainsi t'habitant des régions
australes, dans les longues nuits que le soleil
n'interrompt point, voit cependant à midi
une
aurore boréale rougir tes cimes des plushautes
montagnes, et il songeau long été où le soleil
ne le délaissera plus.

f'e«
B existe un état de sainteté ou tes sou~
frances peuventpeules nous conduire
en nous
'7
épurant. Le neuve de la vie devient d'nne
blancheur ébtoutMante toMqu'il se brise
de
contre des rochers. Il est une hauteur
pensée où les idées vatgaircs ne peuventplus
lorsqu'on
nous atteindre, de même que se
les
trouve sur une des sommités des Alpes,
pics des montagnes semblent se rapprocher
sans qu'on aperçoive les
parties inférieures
qui les réunissent

Si vous êtes bons, a hommes 1 comment


af-
pouvez-vous même un seul moment vous
fliger les uns les autres? Ah 1 dans le sombre
hiver de cette vie, parmi ce chaos d'êtres in-
connus que leur sublimité ou leur profondeur
éloigne de nous, dans ce monde obscur, au
milieu de ces ténèbres flottantes qui environ-
nent èette terre fragile, comment est-il possi.
Me que rhomme ainsi isolé n'embrasse pas
le cœur palpite
avec amour le seul être dont
comme le sien, et auquel it puisse
dire: Mon
frère, tu es semblable à moi, tu souffres
comme moi, nous ne pouvons que nous ai-
mer.Homme incompréhetMiMe tu préfères
MssemMer des poignards et les diriger dans
Fombre contreun cœur image du tien, que te
ciel dans sa bonté t'avait donné pour ton bon-
heur et ta consolation

L'homme a deux minutes et demie à passer


en ce monde, l'une pour rire, l'autre pour
pleurer, et une demi-minutepour aimer; car
au milieu la mort t'atteint.
Mais te tombeau n'est point profond, c'est
la trace brillante de l'ange qui nous cherche
lorsque sa main invisiblelance le dernier trait
sur la tête de l'homme, celui-ci ta penche en
avant,et le trait ne fait qu'entêterla couronne
d'épinesqui recouvrait ses blessures.

Exprimer ses sentiments par des paroles,


se pieté par des sermons, son amour et ses
'8
désirs par la poésie, ce n'est que les amoin-
drir et satisfaire son cœur en aoi'tneme. Si
ton manifeste ses sentiments par des actions,
te coeur en demande MM cesse de nouvelles
et de plus grandes encore et toute action
peut seulement les fortifier et tes aiguillonner,
mais non les calmer.

Ce n'est qu'aux ames calmes et pures que


la justice se manifeste tout entière comme
un soleil réOechi. L'amourde la liberté, chez
tes Allemands, n'est quet'amourde la justice,
et non celui de t'éctat ni de la cupidité; aussi
long-temps que f on ne pourra étouffer ce no-
ble sentiment dans nos cœurs, nous hairons
l'esclavageet chérirons la patrie.

Heureux trois fois heureux celui à qui


Dieu inspire une grandeidéequidevientle mo-
bilede toute sa vie et de toutes ses actions;une
idée qu'il préfère aux joies de ce monde, qui,
toujooMJeuneet faisant toujours de nouveaMX
progrès, lui cache HBMptde uniformité de la
vie. Quand Dieu (d'après la fable)..imposa tes
tnains sur Mahomet, celui-ci sentit aussitôt un
froid de glace. Lorsqu'on génie immortel
ébranle notre ame et t'étève am plus subUme
enthoMsiasme,eMedevientfroide et silencieuse,
car alors elle possède ta science éternelle.

La douleur doit épurer, autrement que


nouaen resterait- ? la joie ne peut la bannir,
elle ne fait que ta ramener plus aiguë;
un
travailet des efforts continuels peuvent seuls
la chasser. Souffrir est plus difficile qu'agir,
t
parce que t'un dure plus long-temps que
l'autre. Le jeune homme ne peut qu'agir,
t'homme fait peut aussi souffrir. Plus rame
est près de la perfection, et plus elle supporte
avec aisance et sans altérer sa beautépremière,
de même qu'une voûte peut soutenir un plus
grand poids, en raison de ce qa'eUe se rap-
proche davantage da cercle (i).

Nous ressemblons tous à Adam, dans les


poèmes sur la création nous regardons la
première nuit comme le dernier jour, et le
coucher. du soleil comme la fin du monde
n'exis-
nous déplorons nos amis comme s'il
tait pas là-haut un meilleur avenir; et nous
nous trouvons aussi à plaindre que si nous
n'avions plus aucune espérance ici-bas car
toutes nos passions sont naturellementincré-
dules et athées.

On désire un tarif qui fixe le prix des ti-


vres, cette manne céteste, et on trouve tout

(t) Le cercle est comidére Ici comme le sym-


bole mystique de h perfection.
( ?«? <&t traducteur. )
simple qu'une marchandede modes réclame
'un prix arbitraire de ces futilités que le luxe
et le sexe rendent indispensables, et qui,
changeant continuellement de noms et de
formes, exigent bientôt de noua un nouveau
tribut; tandis qu'avec l'argent que dépense
une femme du monde pour orner sa tête d'une
manière convenable, l'on pourrait remplir
cette de son mari de connaissancesutiles.
Alphonse, roi de Naples, qui portait dans
ses armes un MvM ouvert (tant d'autres en
possèdent de fermés! ), ntta paix avecCosme
de Médicis,à la seule condition que celui-ci
lui céderaitune copie manuscrite deTite-Uve:
ce monarque, lorsqu'il prenait des villes, se
réjouissait plus des M~~es qu'il y trouvait que
de toute autre conquête.
Dans le siècle où nous vivons,il s'est passé
quelque chose de plus grand encore; on a
fait des conquêtes par des livres, par consé-
quent aussi pour des livres; et tes nourrissons
des Muses ont également combattu pour le
Pâmasse et pour le trône.
tB.e"a
Le bras agité par la fièvre de ta passion, ne
peut ni tenir sûrement, ni dirigerlespinceaux
de la poésie. L'indignationseule peut à la v&'
rité faire des vers, mais non les meilleurs.La
satire elle-même devient plus mordante par
sa douceur que par son fiel, de même que le
vinaigre dont t'aciditéaugmente si l'on y jette
des tiges de roses, et qui dégénère si l'on y
mêle l'amertume du houblon.

Les passions ressemblent au lion audacieux


et généreux, quoique dévorant. L'égotsmeest
aemHaMe à la punaise, qui mord et se repatt
en silence. L'homme a deux poches au coeur
dans l'une il place le met, dans l'nutre ce qui
lui est étranger; il aime mieux laisser vide
cettedernièreque la mal remplir. L'égoïste n'a
qu'une seule poche, comme les vers et les
insectes le véritable égoïste réclame san"
pudeur l'amour qu'it refuse. il pourrait
moudre te monde dans un moulin à coche-
oille, pour en teindre ses habits et son visage;
H se croit le centre de l'univers, et il regarde
le diable et les anges et tous les siècles passés
comme des pourvoyeurs et des serviteurs
muets, les globes comme les hôtelleries du
seul misérable moi.

e"a'e<

Les télégraphes, ou les phares des trônes,


sont placés aujourd'hui sur les monts consa-
crés aux Muses. Il fut un temps naguère où
le déluge des armées françaises avait couvert
de ses vagues jusqu'aux sommitésdes phares;
la lumière ne pouvait plus s'y montrer, les
navires se brisaient sur tous les écneits main-
tenant les phares doivent continuer à briller
même pendant les nuits les ptus calmes.
Ce serait être ingrat envers les grandes
puissances, et mal reconnaitre les espérances
qu'eues ont déja réalisées, que de ne pas in-
sister sur le petit nombre de celles qui ne le
sont pas encore, et de craindred'en réclamer
raccomplissement. Les libérateurs de t'Eu<
rope peuvent réserver le facile affranchisse-
ment des Muses pour ta fin de leurs travaux
et pour le eommeneement de leur repos.
Qu'elle soit prophétique cette idée conso-
lante Les orages des batailles ont en un seul
printemps fondu et chassé Fhiver de Corseet
détruit, avec sa vermine d'espions, les fri-
mas dont il avait enchatné tes monts sacrés
des Muses et tous tes champs des connais-
sances humaines; mais ces champs, qui re-
verdissent et refleurissentaujourd'hui,dont.
ils plus rien à redouter des getées tardives et
nocturnesauxquettes on peut s'attendre d'ail.
teurs?3
Les présages nous sont favorables; car,
d'après tes règles ordinaires du temps, les
orages du printemps nous rassurent contre
tes getées tardives.

La douleur a pour se manifester des signes


bien plusexpressifsquêta joie: pour dépein-
dre l'ivresse de celle-ci sur la scène, qu'on
nous y représente un homme dans l'état de
sommeil; si le sourire du bonheur effleure
une seule fois ses !èvres, nous aurons l'image
d'une <eMcft~ qu'on ne peut rendre par des
paroles et qui s'évanouit des qu'il soulève
sa paupière.

Aussi long-tempsque rhomme ne s'est pas


encore développéde ses tendres bourgeons,
il prête l'infini, qui seul peut le satisfaire,
aux objets étrangers de ses jouissancesdont il
n'a pas encore eu le temps d'apercevoir les
limites. C'est précisément parce que Penfance
ne voit pas dans t'avenir qu'eUe s'élance tou*
jours au-delà. n n'est point de couronnes ni
de lauriers qui puissent rendre à l'homme le
MvMsement que l'enfant a éprouvé en rece-
vant ses étrennes. Les transports da jeune
hommeaux premièresvérités et aux premières
poésies, ou ceux qu'ilaressentisà la première
gloire ou à la perspective enivrantede l'avenir
qui se présentait à lui, toutes
ces joies s'é-
moussent et perdent le charme de leur nou-
veauté dès que l'aurore de la jeunesse
ne
colore plus de son doux éclat les
nuages
de la vie, et que le soleil, à
son midi, appe-
santit sur lui ses rayons enflammés.Aussitôt
que l'homme est sorti des premiers lustres
pendant lesquels il se développe, et qu'il
ïe-
connatt déja que son imaginationseule
a em-
belli les objets de prestiges, il devient
ses plus
calme et plus indifférent, il sait
ce qu'il at-
tendde chaque moment, il sait qu'it n'obtien-
dra aujourd'hui que ce qu'il obtenu hier,
a
que ses plaisirs seront semblables à ceux de
laveille. La vie ne se peint aux vieillards que
d'en haut; et, pour parler
comme lespeintres,
ils n'en saisissent la perspective qu'à vol d'oi-
seau, le charme des arrière-plans leur man.
que.
La joie d'autrui expire dans un cœur obs-
cur et solitaire, o& elle ne rencontre pas de
compagnes elle ne s'y montre que comme un
spectre. C'est ainsi que le vert, cette admira-
ble couleur du printemps, !orsqn'!t se réfté-
chit dans un nuage, n'annonceordinairement
qu'une longue pluie.

Celui qui a marché long-tempsvers un but


éloigné jette un regard en arrière, et, plein
de nouveaux désirs, mesure.en soupirant la
carrière qu'il a parcourue et à laquelle il a
sacri&é tant d'heures si précieuses.
Aujourd'hui, avant la nuit, j'ai recueiU!
toutes les rognures qui sont tombées de ce
livre, au lieu de les brûler comme font d'au-
tres auteurs j'ai déposé en même temps dans
mes tablettes toutes les lettres des amis qui
ne peuvent plus m'en écrire, comme les pièces
d'un procès terminé par l'instancede la mort
c'est ainsi que l'homme devrait toujours en-
richir «-a arcnives et Sxer, quoique dessé.
chées, tea MeuM de ta joie dans un herbier;
je ne voudrais même pas qu'il donnât ni qu'il
vendit ses vieiMes bardes, mais qu'it tes sus-
penditdansses armoirescommeles dépouilles
de ses heures moissonnées, comme les
ma-
rionnettes dé us plaisirs écg;ë~e<!Mtf
OMftMtMndes temps passes.

'~J~
FtN.

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