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Revue sur la fluidothérapie

Conference Paper · April 2015

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Valerie Sauve
Centre Vétérinaire DMV
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Revue sur la fluidothérapie


Valérie Sauvé, DMV, DACVECC
Centre Vétérinaire DMV
Conférence AMVQ, 2015

Introduction
La fluidothérapie est un traitement administré quotidiennement dans les hôpitaux vétérinaires.
Malgré qu’il soit tentant de standardiser ce traitement, plusieurs caractéristiques du patient et de
sa condition doivent être prises en considération lorsque la prescription de fluides est établie.

Plusieurs objectifs seront visés: 1) résoudre les déficits au niveau interstitiel, intravasculaire et/
ou intracellulaire; 2) corriger et maintenir la balance électrolytique et acide-base; 3) maintenir
l’eau corporelle normale lors de pertes excessives ou de manque d’apport adéquat.

Ainsi, un patient pédiatrique, avec diarrhée hémorragique profuse, diabétique, hypotendu, sous
anesthésie pour une procédure de routine, ou sous traitement pour pyothorax auront tous des
besoins très différents. De plus, le monitoring et réajustement du plan s’avère nécessaire dans
la majorité des cas, la fréquence de cette réévaluation variera selon le patient.

Généralités sur l’administration des fluides

Table 1. Voies d’administration


de fluidothérapie
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Qu’est-ce les fluides “de maintien”? La quantité de fluides qu’un patient adulte hydraté avec
une perfusion et distribution normale et sans perte anormale a besoin de recevoir pour
maintenir son hydratation, si ce patient ne mange et ne boit pas.
Plusieurs formules sont utilisées, celles qui tiendront compte du fait qu’un patient de plus
grande taille aura des maintiens plus faibles par kg sont préférables.

Canin: 132 x poids (kg) 0.75 = mls par jour


Félin: 80 x poids (kg) 0.75 = mls par jour

En général, j’utilise un besoin de maintien quotidien de 40 à 60 ml/kg/jour, puis ceci est


ajusté à l’espèce, la taille, l’âge, le surplus de poids, la présence de PU/PD, la condition sous-
jacente, etc. Les solutions cristalloïdes isotoniques seront administrées pour le maintien et la
réhydratation en général.

Table 2. Contenu en
électrolytes des différents
fluides cristalloïdes
isotoniques communs.

Calcul pour la déshydratation. Chez les patients déshydratés, la réhydratation peut être
calculée séparément et ajoutée aux maintiens selon un plan de 24-72h de réhydratation. On
peut également estimé le besoin pour réhydratation à environ 1.25 -1.5x les maintiens, puis
suivre le patient attentivement et réajuster selon la progression.
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Table 3. Déshydratation
estimée

Exemple 1: Chien de 15 kg, déshydraté à 7-8%, obèse, de 3 ans : Maintien 60 ml/kg/jour (poids
idéal estimé 14 kg) = 35 ml/h x1.5= 52.5 ml/h (arrondir pour réduire les moqueries des
techniciennes) = 53 ml/h pour 24h puis réévaluer.
Si calculé avec formule déshydratation: 132 x poids0.75 = 955 ml / 24h: 40 ml/h + déshydratation
(0.07 x 14kg) = 0.98 L : 980mls /48h = 20.4 ml/h : donc total à administrer : 60 ml/h pour 24h
puis réévaluer.

Exemple 2: Chat de 13 ans avec diabète kétoacidotique 3.6 kg, mince, 10 % déshydraté:
maintien pour PU/PD: 100ml/kg/jour x1.5 = (22.5) 23 ml/h; réévaluation q12h.

Les solutions colloïdes


Les solutions d’hydroxyethyl starch (HES) sont les solutions colloïdales synthétiques les plus
utilisées en médecine humaine et vétérinaire. Les solutions commercialement disponibles au
Canada incluent le Pentaspan (Pentastarch;10% HES 200/0.5) et le Voluven (Tetrastarch; 10%
HES 130/0.4) Ces produits sont manufacturés à partir d’amylopectine, un amidon naturel qui
provient des pommes de terre ou du maïs et ont des caractéristiques différentes du produit le
plus fréquemment cité dans la littérature vétérinaire américaine (Hetastarch, 6% HES 600/0.75).

Une particule colloïdale est une large molécule hydrophilique qui ne traverse pas la membrane
semi-perméable du vaisseau sanguin. Le net mouvement de fluide entre l’espace interstitiel et
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l’espace intravasculaire est décrit par la loi de Starling: la différence entre la pression
hydrostatique et la pression colloïdale osmotique entre les deux espaces, ajoutée à la
perméabilité du vaisseau. Les molécules naturelles qui créent la pression colloïdale sont
l’albumine, les globulines et le fibrinogène.

Le mode principal d’élimination des molécules d’HES est la dégradation par l’amylase sérique
en plus petites particules, qui sont ensuite éliminées par les reins.

Utilisations et bénéfices des colloïdes


Les deux utilisations principales de ses produits sont: 1) une augmentation du volume
plasmatique durant le choc hypovolémique et 2) une augmentation de la pression osmotique
colloïdale intravasculaire (COP) lors d’hypoprotéinémie / hypoalbuminémie.

Donné en bolus, l’HES augmente le volume plasmatique, permettant de rétablir le volume


vasculaire puis de le maintenir. Contrairement aux solutions cristalloïdes qui sont redistribués
dans l’espace interstitiel en majorité en aussi peu qu’une heure après leur administration, les
colloïdes ont un effet prolongé sur le volume vasculaire en demeurant en majorité dans l’espace
vasculaire jusqu’à leur élimination. La demie-vie est variable selon le produit et l’espèce du
patient, 12h à plusieurs jours sont rapportés.

Lors d’un choc hypovolémique, les fluides sont administrés en petits aliquotes en 10 à 20
minutes à effet. De routine, le patient reçoit un bolus, puis les paramètres sont réévalués et une
décision est prise si un autre bolus est nécessaire. Habituellement, après 2 ou 3 bolus de
cristalloïdes, les colloïdes sont utilisés pour éviter de diminuer la pression oncotique trop
significativement. Si le patient est hypoprotéinémique à la présentation, les colloïdes sont initiés
plus rapidement.

o Cristalloïdes isotoniques: Cn 15-20 ml/kg (jusqu’à maximum de 90 ml/kg*)


• Fél 10-15 ml/kg (60 ml/kg*)
o Colloïdes : Cn 5 ml/kg (20 ml/kg*)
• Fél 3 ml/kg (15 ml/kg*)

Ainsi, un volume total de 20 ml/kg chez le chien, et 15 ml/kg chez le chat, est donné en aliquote
de 25%, soit en bolus de 3 à 5 ml/kg en 15-20 minute à effet. Il est important de garder en tête
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de la quantité totale de fluides administrée entre les différents types de fluides. Si par exemple,
30 ml/kg de LRS et 10 ml/kg de Voluven ont été administrés à un chat qui n’a pas de perte
continue durant une courte période de temps, la dose « maximale » d’expansion vasculaire
serait atteinte et un inopresseur (e.g. dopamine) serait indiqué si l’hypotension persiste.

Lorsqu’administrés en infusion sur une période prolongée, les solutions d’HES permettent de
maintenir ou d’augmenter la pression colloïdale osmotique intravasculaire et ainsi maintenir le
volume vasculaire. En général, la dose prescrite pour cette utilisation en de 20 à 30 ml/kg/jour
ou 1 ml/kg/h.

Bien entendu, les doses discutées doivent être ajustées aux besoins spécifiques du patient, les
pertes continues et les autres produits administrés. Les colloïdes sont en général administrés
en combinaison avec des cristalloïdes, dont l’infusion est ajustée à la baisse dans la plupart des
cas.

L’administration de colloïdes synthétiques rend le monitoring par réfractomètre inutile, autant au


niveau des protéines totales d’un hématocrite que la densité urinaire. Afin de procéder au
monitoring de la véritable pression oncotique, une mesure de la COP (colloid oncotic pressure)
par un osmomètre est nécessaire. Les valeurs d’albumine et de globulines ne sont pas
affectées.

Effets néfastes des colloïdes


Plusieurs effets néfastes possibles sont couramment associés à l’infusion d’HES, incluant la
surcharge volémique, coagulopathie et insuffisance rénale aiguë (IRA). Plusieurs études
démontrent une similarité entre les différentes générations de solution d’HES pour la morbidité,
la mortalité, l’incidence de coagulopathie et d’IRA. Il est important de noter que les effets
néfastes sont principalement liés à la dose cumulative d’HES et non à la dose administrée dans
une période de 24 heures.

Récemment, beaucoup de discussions et d’études se sont portées sur la détérioration de la


fonction rénale associée à l’administration d’HES chez les patients humains aux soins intensifs,
particulièrement avec sepsis. Les résultats des diverses études ne sont pas homogènes.
Cependant, autant aux Etats-Unis qu’en Europe, des restrictions et avertissements sont
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maintenant en place quand à l’administration de ces produits, qui a été associée à une
augmentation du besoin de thérapie de replacement rénal (telle l’hémodialyse) et de la
mortalité. De telles complications n’ont pas été rapportées en médecin vétérinaire. Une
utilisation différente, des différences entre espèces (e.g. taux sérique d’amylase plus élevé chez
le chien) ou un plus petit nombre de patients aux soins intensifs peuvent possiblement expliquer
ceci. Il est cependant prudent de restreindre l’utilisation de ses produits lors d’insuffisance
rénale connue et de surveiller la fonction rénale de ses patients. De plus, lorsqu’une grande
quantité d’HES est administré (plus de 30 ml/kg), la coagulation devrait être suivie et des
transfusions de plasma peuvent s’avérer nécessaires.

Les fluides durant l’anesthésie


Le consensus publié par l’AAHA/AAFP en 20132 nous donne de bonnes lignes directrices et
points de départ pour l’administration de fluides intraveineux durant l’anesthésie. Plusieurs
objectifs seront poursuivis:
1. Maintien d’un accès intraveineux
2. Correction des pertes de fluides normales, support cardiovasculaire, maintien de “l’eau total”
corporelle durant une longue anesthésie
3. Contrer les effets néfastes de l’anesthésie, surtout hypotension et vasodilatation
4. Corriger les pertes causées par la procédure ou la maladie de l’animal.
Il est recommandé de corriger l’hypovolémie et la déshydratation avant l’anesthésie lorsque
possible.

Des cristalloïdes isotoniques seront en général recommandés:


Canin 5 ml/kg/h
Félin 3 ml/kg/h
Diminuer de 25% par heure de procédure jusqu’au maintien

Les débits recommandés sont plus faibles durant les procédures qui durent moins d’une heure.
Toujours surveiller l’évolution du patient et ajuster au besoin. Une attention particulière et des
ajustements seront nécessaires selon la condition sous-jacente ou concomitante, avec une
attention particulière aux patients avec maladies cardiaques ou rénales.
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Symptômes de surcharge
Il est très important d’être familier avec les symptômes associés avec une surcharge vasculaire.
Noter des changements discrets et faire des ajustements avant que l’animal soit en détresse est
important.

Signes discrets: Signes sévères:

Augmentation de la FC / FR Oedème périphérique ou pulmonaire


Muqueuses mouillées Effusion pleurale / ascite
Oedème conjonctival Craquements
Écoulement nasal séreux
Tremblements
Agitation
Nausée / vomissements
Diarrhée
Toux

Conclusion
Durant la dernière portion de la conférence nous discuterons de certaines conditions
spécifiques, afin de mettre en perspective clinique certains des concepts discutés plus tôt. Nous
discuterons entre autres de l’approche lors d’insuffisance rénale, blocage urinaire, désordre du
sodium, maladies cardiaques et insuffisance cardiaque.

Référence et lecture complémentaire suggérée!


1. Glover PA et al. Hydroxyethyl starch: A review of pharmacokinetics, pharmacodynamics,
curent products, and potential clinical risks, benefits and use. JVECC 24(6) 2014, 642-661.
2. Davis H et al. 2013 AAHA/AAFP Fluid therapy guidelines for dogs and cats. JAAHA 49(3)
2013, 149-159.

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