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La fluidothérapie péri-anesthésique
chez le chien et le chat est incontournable
L’objectif principal de la fluidothérapie péri-opératoire est – chirurgie ou trauma-
d’optimiser le résultat chirurgical. Sa systématisation per- tisme minime : + 5
met de généraliser l’utilisation de la voie veineuse pour tout ml/kg/h (ovariectomie de
animal qui va être anesthésié, de gérer tout incident pen- chatte, de chienne, exa-
dant l’anesthésie, de prévenir l’hypovolémie, d’améliorer men prolongé sous AG,
l’état post-opératoire des patients et de faciliter leur réveil. castration de chien, suture
cutanée…) ;
Tout patient subit un jeûne préopératoire : la privation d’eau pré-, – chirurgie ou traumatisme
per- et post-opératoire conduit à une diète forcée allant parfois modéré : + 10 ml/kg/h
jusqu’à 24 heures, ce qui entraîne un déficit hydrique. Les méfaits (ovariohystérectomie,
de l’hypovolémie sur l’anesthésie sont bien connus : l’hypovolé- demi-chaîne mammaire,
mie est à l’origine d’une vasoconstriction des tissus périphéri- chirurgie de la vessie) ;
ques au profit des organes nobles comme le cerveau et le cœur, – chirurgie lourde ou trau-
d’où une potentialisation du risque anesthésique. matisme sévère : +
Par ailleurs, elle provoque un défaut de catabolisme hépatique et 15ml/kg/h (chirurgie
d’élimination rénale des anesthésiques dont les effets seront plus osseuse, splénectomie,
durables, d’où un réveil plus difficile. Le but principal de la théra- certains pyomètres, enté-
peutique liquidienne, ou fluidothérapie péri-opératoire, est donc rectomie, plaies étendues
d’optimiser le résultat chirurgical : il s’agit, pour une chirurgie de comme chaîne mam-
convenance, d’obtenir un réveil rapide et de qualité et, pour une maire entière, hernie
chirurgie dans un contexte pathologique, d’aider l’organisme déjà diaphragmatique…).
affaibli à supporter l’intervention. Une perfusion péri-opéra-
toire minimum est de 10
Définition du besoin d’entretien, choix des solutés et ml/kg/h de Ringer lactate,
soit le double des besoins
du matériel d’entretien (voir dernière
Il faut privilégier les solutés cristalloïdes isotoniques, comme colonne du tableau).
le Ringer lactate ou le chlorure de sodium à 0,9 %. Le glucose
En cas de chirurgie lourde, ces
à 5 % (hypotonique) n’est pas intéressant dans cette indica-
besoins seront donc doublés
tion car le risque d’hypoglycémie est faible et son pouvoir de
: le débit indiqué dans la der-
remplissage vasculaire est plus faible que celui des cristalloï-
nière colonne est à multiplier
des. Le Ringer lactate est le soluté le plus souvent préféré.
par deux : 20 ml/kg/h.
Un perfuseur classique débite 20 gouttes par ml. Il existe des
Pour connaître le nombre
perfuseurs pédiatriques (60 gouttes par ml) mieux adaptés aux
Stuart Corlett - Fotolia.com
La Dépêche Vétérinaire
«Il faut privilégier les solutés cristalloïdes isotoniques, Conclusion
comme le Ringer lactate ou le chlorure de sodium à La systématisation de la fluidothérapie péri-anesthésique a plu-
sieurs intérêts, elle permet de :
0,9 %.» – généraliser l’utilisation de la voie veineuse pour tout ani-
mal qui va subir une anesthésie ; ainsi, tout incident pendant
Pour éviter de refaire ce calcul à chaque intervention, le tableau l’anesthésie, du plus banal au plus grave, peut être géré rapi-
ci-joint récapitule le volume total journalier à prévoir et le débit dement et facilement ;
en gouttes par seconde pour une application immédiate au che- – prévenir l’hypovolémie qui accompagne toute anesthésie,
vet du patient. quel que soit le protocole utilisé ;
– prendre conscience du débit de perfusion nécessaire en
Exemple 2 : un chien de 5 kg s’est cassé la mâchoire, il doit fonction du poids ; le choix « empirique » des rythmes de per-
être opéré le lendemain du trauma. La veille de l’opération, il fusion conduit souvent aux mêmes situations : les petits ani-
ne peut ni boire ni manger, une voie veineuse est posée pour maux sont perfusés à l’excès, les grands formats sont souvent
lui apporter les besoins d’entretien de 5 ml/kg/h, soit 300 ml sous-perfusés ; les conséquences possibles ne sont pas ano-
en 12 heures. Dès l’induction de l’anesthésie le lendemain, ses dines : œdème pulmonaire sur des petits chiens en phase de
besoins changent. L’anesthésie étant brève et le saignement réveil, hypotension et réveil trop lent chez les grands gabarits… ;
prévu faible, on estime à + 5 ml/kg/h ses besoins supplémen- – enfin et surtout, améliorer l’état post-opératoire des
taires à la perfusion d’entretien : soit 10 ml/kg/h pendant toute patients et faciliter leur réveil, préoccupation majeure de tout
l’anesthésie et le réveil = 1 goutte toutes les 4 secondes. praticien. ■