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D'alzheimer - Les Points Essentiels 5
D'alzheimer - Les Points Essentiels 5
Les données actuelles sont en faveur d'une efficacité au mieux modeste de ces traitements. Il n'y a pas d'argument
en faveur d'un effet neuroprotecteur ou d'un effet préventif sur le développement de la maladie d'Alzheimer, que ce
soit dans la population générale ou chez des personnes avec des troubles cognitifs légers. Ils ne sont actuellement
plus remboursés en France depuis août 2018. En pratique, les inhibiteurs de l'acétylcholinestérase ne sont plus
recommandé dans la stratégie de prise en charge par l'HAS dans les formes légères à modérément sévéres de la
maladie d'Alzheimer même s'ils conservent leur AMM.
La pharmacocinétique de ces médicaments ne pose pas de problème majeur pour leur utilisation en pratique.
La prudence est recommandée, pour les inhibiteurs de l’acétylcholinestérase, en cas de pathologie (cardiaque,
broncho-pulmonaire, digestive, urinaire) susceptible d’être aggravée par un effet cholinomimétique. Les
médicaments possédant des propriétés anti-cholinergiques peuvent amoindrir l’effet thérapeutique des inhibiteurs
de l’acétylcholinestérase.
Les effets indésirables sont surtout digestifs et cardiaques et neuropsychiatriques pour les inhibiteurs de
l’acétylcholinestérase et neuropsychiatriques pour les deux classes de stimulants de la cognition. Ces effets
neuropsychiatriques sont favorisés par la démence sous-jacente.
La surveillance du traitement est avant tout clinique, avec une réévaluation du rapport bénéfice/risque tous les 6
mois. L'ECG doit également être surveillé notamment en cas d'associations médicamenteuses.
Item(s) ECN
72 : Prescription et surveillance des psychotropes
106 : Confusion, démences
326 : Prescription et surveillance des classes de médicaments les plus courantes chez l’adulte et chez l’enfant
Rappel physiopathologique
La maladie d'Alzheimer est une pathologie neuro-dégénérative, constituant la forme la plus fréquente des
démences. Si l’incidence de cette pathologie augmente avec l’âge, elle n’est pas uniquement liée à une
accélération du vieillissement physiologique mais résulte notamment de deux processus neuropathologiques
spécifiques :
1) accumulation progressive de fragments Aβ de la protéine beta-amyloïde (APP clivée par les β et γ secretases),
agrégés sous forme de plaques séniles
2) une phosphorylation anormale des protéines tau (protéines constitutives des microtubules de la cyto-architecture
neuronale) par activation de kinases (GSK3, CDK5,...) aboutissant à une dégénerescence neuro-fibrillaire,
La conjonction des deux types de lésions avec majoration de l'inflammation et du stress oxydatif conduit à la mort
neuronale par apoptose qui se traduit par une atrophie cérébrale anormale pour l’âge.
De critères diagnostics ont été proposés en 2014 par IWG-2 et 2018 par le NIA-AA. Les critères IWG-2 de
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2014 sont clinico-biologiques. Ils se basent sur des symptômes de la maladie et des biomarqueurs avec
classification en Alzheimer précliniques (asymptomatiques à risque et présymptomatiques), et en maladie
d'ALzheimer typique ou atypique ou « mixed ». Les biomarqueurs comprennent des dosages dans le LCR (amyloid
β1–42 basse, élévation T-tau ou P-tau), de l'imagerie PET Amyloid (rétention élevée du traceur amyloide) ou
mutation PSEN1, PSEN2, ou APP. Les critères NIA-AA de 2018 proposent d'aller vers des critères biologiques de la
maladie.
La mort neuronale aboutit à une diminution du nombre de synapses fonctionnelles dans les régions spécifiquement
touchées, expliquant une altération du fonctionnement de nombreux neurotransmetteurs, notamment un déficit
cholinergique (mort des neurones cholinergiques et diminution des récepteurs de l'Acétylcholine prédominant sur
les récepteurs nicotiniques et moindre sur les muscariniques) et une altération de la transmission glutamatergique à
l'origine d'une potentielle excitotoxicité.
Ces anomalies de la neurotransmission expliquent l’apparition progressive des symptômes (figure 1). Ces
symptômes sont de deux ordres :1) les symptômes cognitifs, entre autres des altérations de la mémoire d’abord
des faits récents puis des faits anciens ; 2) les symptômes non cognitifs, en particulier psycho-comportementaux
(dépression, agressivité, agitation, apathie,…). L’intensité de ces symptômes peut être évaluées par des échelles
dont les plus utilisées sont le Mini Mental Score (MMS), le test des 5 mots de Dubois, la MoCA à visée de
dépistage diagnostique et de suivi et l’ADAS-cog et ADCS-ADL pour l’évaluation des traitements.
Figure 1.
Deux approches pharmacologiques peuvent être envisagées compte tenu de la physiopathologie de la maladie
d’Alzheimer :
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Médicaments existants
Deux classes pharmacologiques sont actuellement disponibles dans le traitement de la maladie d'Alzheimer :
les inhiteurs de l’acétylcholinestérase : donépézil (AMM 1997), rivastigmine (AMM 1998), galantamine (AMM
2000)
les antagonistes du récepteur glutamatergique NMDA : mémantine (AMM 2002)
Figure 2.
Figure 3.
La mémantine a montré son efficacité dans les formes modérément sévères à sévères de la maladie d’Alzheimer
tant sur l’amélioration des symptômes cognitifs que la régression des troubles psycho-comportementaux.
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raison du profil de la population traitée
En pratique, les inhibiteurs de l'acétylcholinestérase ne sont plus recommandé dans la stratégie de prise en charge
par l'HAS dans les formes légères à modérément sévéres de la maladie d'Alzheimer même s'ils conservent leur
AMM.
Aucune molécule n'est priviligiée l'une par rapport à l'autre, hormis en termes de tolérance. La forme transdermique
de la rivastigmine peut avoir un intérêt en cas de problème d'observance, mais il y a un risque de mésusage
responsable de surdosage (crise cholinergique : nausées, vomissements, diarrhées, hypotension, hallucinations,
faiblesse musculaire avec risque d'atteinte des muscles respiratoires...). L'ANSM a fourni des guide de prescription
et d'éducation à l'observance des dispositifs transdermiques afin de limiter ces risques. Il n'a pas été démontré
l'intérêt d'associer les 2 classes pharmacologiques et donc leur association n'est pas recommandée.
Au delà du traitement symptomatique de la maladie d'Alzheimer, certains stimulants de la cognition ont montré leur
efficacité dans d'autres formes de démence : démence vasculaire, démence à corps de Lewy, démence de la
maladie de Parkinson. La rivastigmine a obtenu une extension d'indication à la démence de la maladie de
Parkinson. Les inhibiteurs de l'acétylcholinestérase aggravent les symptômes de la démence fronto-temporale. Il
n'existe pas d'arguments pour les utiliser dans le déclin cognitif léger.
Figure 4.
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Pour la mémantine, l’amélioration est également symptomatique avec une amélioration des fonctions cognitives qui
explique l’amélioration aux échelles d’activités quotidiennes. L’évolution du patient à l’arrêt traduit également un
effet de stimulation de la cognition plutot qu’un effet neuroprotecteur.
Table 1.
Liaisons aux
Tmax Vd T1/2
Biodisponibilité protéines Métabolisme Elimination
(h) (L/kg) (h)
plasmatiques (%)
Inhibiteurs de
l'acétylcholinestérase
Donépézil 100 3-5 96 14 CYP2D6/3A4 mixte 50-80
Rivastigmine 35-40 1-2.5 40 2 non urinaire 1
Galantamine 90 4 18 3 CYP2D6/3A4 mixte 8
Antagonistes des
récepteurs NMDA
Mémantine 100 3-8 45 10 non urinaire 70
La distribution plasmatique n’est significative que pour le donépézil mais se répartit entre la sérumalbumine et
l’orosomucoïde, exposant peu à un risque d’interaction par compétition. La galantamine et le donépézil sont
métabolisés par le foie via les CYP 2D6 et 3A4. Les inhibiteurs de l’acétylcholinestérases sont essentiellement
éliminés par voie urinaire, surtout sous forme de métabolites. La demi-vie du donépézil est longue (en moyenne 70
heures) justifiant qu'une seule prise par jour (le matin) alors que celles de la galantamine et de la rivastigmine sont
plus courtes (respectivement 8h et 2h) et donc administrés en 2 prises par jour. La rivastigmine existe également
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en dispositif transdermique.
La biodisponibilité orale de la mémantine est excellente (100%). L’état d’équilibre est atteint en 11 jours. Le volume
de distribution est élevé et la demi-vie prolongée (60 à 100 heures). La liaison aux protéines plasmatiques est faible
(45%). La mémantine est très peu métabolisée par le foie. Elle est principalement éliminée sous forme inchangée
par voie urinaire (adaptation posologique nécessaire).
Le tableau 2 indique les posologies utilisées avec les médicaments stimulants de la cognition.
Tableau 2.
L'augmentation de la posologie se fera progressivement pour améliorer la tolérance, jusqu'à atteindre la dose
efficace. En cas d'insuffisance rénale modérée à sévère, la dose de mémantine ne doit pas dépasser 10 mg/j
En termes d’interactions, tous les médicaments présentant des propriétés anti-cholinergiques diminuent l’efficacité
des inhibiteurs de l’acétylcholinestérase et doivent donc être évités chez les patients traités.
L’insuffisance rénale sévère (clairance de la créatinine < 9ml/min) est une contre-indication à la prise de
galantamine, de même que pour les patients présentant simultanément une insuffisance hépatique et une
insuffisance rénale significatives.
Précautions d’emploi
Les précautions d’emploi des inhibiteurs de l’acétylcholinestérase sont principalement justifiées par leurs propriétés
cholinomimétiques périphériques. Ils seront utilisés avec précaution chez les patients présentant : des affections
cardio-vasculaires, en particulier des dysfonctions sinusales ou des troubles de conduction, ou en cas de prise de
médicaments bradycardisants ; une maladie ulcéreuse gastrique ou une prédisposition à la maladie ulcéreuse
gastrique ; un asthme sévère ou une bronchopneumopathie obstructive ; un risque de convulsion ; un risque de
rétention urinaire.
L’association des inhibiteurs de l’acétylcholinestérase avec d’autres cholinomimétiques doit être évitée. En cas
d'intoxication par excès d'acétylcholine, l'antidote sera l'atropine. En cas d’anesthésie, les inhibiteurs de
l’acétylcholinestérase peuvent potentialiser les effets myorelaxants des analogues de la succinylcholine. Compte
tenu du métabolisme hépatique de la galantamine et du donépezil via les CYP2D6 et CYP3A4, les médicaments
qui interagissent avec ces deux isoformes doivent être prescrits avec précaution en association avec les inhibiteurs
de l’acétylcholinestérase.
Pour la mémantine, l’association à d’autres antagonistes des récepteurs NMDA (amantadine, kétamine,
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dextrométhorphane) doit être évitée. La prudence est recommandée chez les patients épileptiques ou à risque de
crises convulsives. Une surveillance est recommandée chez les patients présentant une pathologie cardio-
vasculaire (exclus des essais cliniques) ou dans les circonstances susceptibles de favoriser une augmentation du
pH urinaire (modifications radicales du régime alimentaire, prise de médicaments alcalinisants, infections à
proteus).
Effets indésirables
De manière générale, il existe un risque lié au terrain, chez ces personnes âgées souvent polymédiquées.
En cas de prise d'anticholinestérasiques, le risque d'effets indésirables est accru. Il existe également un surrisque
d'effets indésirables cardio-vasculaires (bradycardie, syncope, bloc auriculo-ventriculaire, arythmie, infarctus du
myocarde) et neuropsychiatriques (vertiges, confusion, délire), sous anticholinestérasique et sous galantamine.
Pour les inhibiteurs de l’acétylcholinestérase, les effets indésirables les plus fréquents sont des troubles digestifs en
particulier des nausées et vomissements, des troubles dyspeptiques et des diarrhées. Des troubles
neuropsychiatriques (confusion, troubles de la vigilance, insomnie, vertiges, hallucinations, agressivité, agitation,
cauchemars,…) peuvent survenir fréquemment et sont souvent favorisés par la pathologie sous-jacente. Il peut
également survenir des syncopes, des épisodes de bradycardie, une incontinence urinaire et des reactions locales
cutanées avec la dispositif transdermique de la rivastigmine.
Pour la mémantine, les effets indésirables les plus fréquents sont : somnolence, vertiges, céphalées, convulsions,
hallucinations, hypertension artérielle, dyspnée, constipation, troubles hépatiques.
L'efficacité (mémoire, humeur, comportement, autonomie) et la survenue d'effets indésirables du traitement seront
réévalués tous les 6 mois.
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15 mai 2019
Posté dans: Médicaments de la maladie d'Alzheimer (/medicaments/par-specialites/category/medicaments-de-la-maladie-d-alzheimer)
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