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Vol I - CH3-frh
Vol I - CH3-frh
En chimie classique, les isotopes d’un élément sont considérés comme ayant les même propriétés
chimiques. En réalité, les variations dans les abondances isotopiques se produisent bien au-delà de
la précision des mesures. Ce phénomène est le sujet de cette partie.
Le rapport porte une notation en exposant avant le symbole R qui se réfère à l’isotope considéré. Par
exemple:
(3.2)
18
2 [ 2 H1HO] 18 [ H 2 O]
R ( H 2 O) = 1 R ( H 2 O) = 16
[ H 2 O] [ H 2 O)
Nous devons clairement faire la distinction entre le rapport isotopique et la concentration isotopique.
Pour le CO2 par exemple, cette dernière est définie ainsi:
[13 CO 2 ] [13 CO 2 ] 13
R
13 12
= = 13
(3.3a)
[ CO 2 ] + [ CO 2 ] [CO 2 ] 1 + R
En particulier, si la composition de l’isotope rare est importante, comme c’est le cas pour les composés
marqués, la concentration en isotope rare est souvent donnée en atomes %. Ceci est à relier au rapport
isotopique par la relation:
Selon la chimie classique, les caractéristiques chimiques des isotopes, ou plutôt des molécules qui
contiennent les différents isotopes d’un même élément (tels que 13CO2 et 12CO2) sont équivalentes.
31
Chapitre 3
Dans une large mesure, ceci est vrai. Toutefois, si une mesure est suffisamment précise –et c’est le cas
avec les spectromètres de masse modernes (Chapitre 11)- nous observons des différences infimes
dans le comportement chimique aussi bien que physique de ces molécules isotopiques ou composés
isotopiques. Le phénomène à l’origine de l’existence de ces différences isotopiques est appelé
fractionnement isotopique (certains auteurs nomment ce phénomène discrimination isotopique;
toutefois, nous ne voyons aucune raison de déformer l’expression originelle). Ce phénomène peut
survenir en tant que changement de la composition isotopique lors de la transition d’un composé d’un
état en un autre (eau liquide à vapeur), ou en un autre composé (dioxyde de carbone en carbone
organique végétal), ou il peut se manifester par une différence de composition isotopique entre deux
composés en équilibre chimique (bicarbonate dissous et dioxyde de carbone) ou en équilibre physique
(eau liquide et vapeur d’eau). Tout au long de ce volume, des exemples de tous ces phénomènes seront
discutés.
Les différences de propriétés physiques et chimiques des composés isotopiques (i.e. composés
chimiques consistant en des molécules contenant les différents isotopes d’un même élément) sont régis
par les différences de masse des noyaux atomiques. Les conséquences de ces différences de masse
sont de deux ordres:
1) Les molécules isotopiques les plus lourdes ont une mobilité réduite. L’énergie cinétique d’une
molécule est uniquement déterminée par la température: kT = ½mv2 (k = constante de Boltzmann,
T = température absolue, m= masse moléculaire, v = vitesse moléculaire moyenne). Ainsi, les
molécules ont la même ½mv2, quelle que soit leur teneur isotopique. Ceci veut dire que les
molécules avec un m important ont nécessairement une plus petite vitesse. Avec quelques
conséquences pratiques comme:
a) les molécules les plus lourdes ont une plus faible vitesse de diffusion;
b) la fréquence de collision avec les autres molécules – condition essentielle pour une réaction
chimique – est plus faible pour les molécules les plus lourdes; ceci est l’une des raisons pour
lesquelles, en règle générale, les molécules légères réagissent plus vite.
2) Les molécules les plus lourdes ont généralement des énergies de liaison plus fortes. Les ponts
chimiques entre deux molécules (dans un liquide ou dans un cristal par exemple, ou entre deux
atomes d’une même molécule) peuvent être représentés par le modèle simple suivant. Deux
particules exhibent des forces antagonistes entre elles. La force un est répulsive et s’accroît
rapidement avec une augmentation de la distance (~ 1/r13). L’autre force est attractive et augmente
moins vite avec la diminution de la distance (dans les cristaux ioniques (~ 1/r2, entre des
particules non-chargées ~ 1/r7). En résultante à ces deux forces, les deux particules seront
localisées à une certaine distance l’une de l’autre. Sur la Fig.3.1, les énergies potentielles
correspondant à chacune des forces et à la force nette résultante sont représentées
schématiquement. Si une particule est localisée à l’origine du système de coordonnées, l’autre
sera dans le creux énergétique. S’échapper du creux est possible seulement si la particule a
suffisamment d’énergie cinétique pour dépasser la force attractive nette. Cette énergie est
appelée énergie de liaison de la particule. Un exemple est fourni par la chaleur dégagée lors de
l’évaporation.
32
Fractionnement en isotopes stables
Fig.3.1 Représentation schématique de la distribution d’énergie potentielle causée par les forces
d’attraction et de répulsion entre deux particules, dans ce cas entre des ions de charges
opposées. Le potentiel résultant est bien défini (ligne solide). La particule un est située à
l’origine (r = 0). La seconde particule est située dans le creux. Les petites lignes
horizontales dans le creux sont les niveaux du système, les lignes fines et épaisses se
référant aux particules légères et lourdes respectivement. Les flèches indiquent les
énergies de liaisons respectives à une température de zéro T0 et à plus haute température
T respectivement. A hautes températures, la différence entre les énergies de liaison pour
les particules isotopiques est plus petite, provoquant un effet isotopique plus faible.
Bien que la particule soit située dans le creux, elle ne se trouve pas au fond, même si l’on considère le
point zéro de l’échelle de température absolue (-273.15oC). Toutes les particules ont trois modes de
déplacement: translation, i.e. déplacement de la molécule dans son ensemble, vibrations des atomes
entre eux dans la molécule, et rotations des molécules autour d’axes moléculaires donnés. Dans la
représentation du creux d’énergie, la particule n’est pas au fond, mais à un certain niveau (d’énergie)
au-dessus de l’énergie zéro. Sur la Fig. 3.1, un niveau d’énergie est indiqué par une ligne horizontale.
Plus la température de la substance est élevée, plus le niveau d’énergie occupé par la particule sera
élevé.
L’énergie nécessaire pour quitter le creux - i.e. pour se séparer d’une autre particule- est présentée
comme l’énergie de liaison EB, tandis que EB' est l’énergie de liaison de la particule rare (lourde).
L’énergie d’une particule donnée à une température donnée dépend de sa masse. Une particule
isotopique lourde est située plus profondément dans le creux d’énergie qu’une particule légère (ligne
épaisse sur la Fig.3.1) et, ainsi, s’échappe moins facilement: la particule isotopique lourde (atome ou
molécule) a généralement une énergie de liaison supérieure: EB' > EB (Fig.3.2: cas normal).
33
Chapitre 3
R (B) R B
α A (B) = α B / A = = (3.4)
R ( A) R A
qui exprime le rapport isotopique de la phase ou le composé B par rapport à celui de la phase ou du
composé A.
Si nous considérons les changements de composition isotopique, par exemple C oxydé en CO2, le
fractionnement isotopique du carbone rapporte la « nouvelle » valeur 13R(CO2) à la valeur
« ancienne » 13R(C), ou, en d’autres termes : 13α = 13R(CO2)/13R(C).
34
Fractionnement en isotopes stables
En général, les effets isotopiques sont faibles: α ≈ 1. Ainsi, une déviation d’α par rapport à 1 est
couramment utilisée plutôt que le facteur de fractionnement. Cette quantité, que nous nommons
fractionnement, est définie par:
RB
εB/ A = αB/ A −1 = −1 (×103 ‰) (3.5)
RA
Parce que ε est un nombre petit, il est généralement donné en ‰ (pour mille, équivalent à 10−3).
Notons que nous ne définissons pas ε en ‰, comme de nombreux auteurs le proclament. (En fait, ils
ne le font pas réellement puisqu’ils ajoutent toujours le symbole ‰). Une valeur de ε de, par exemple,
5‰ est égale à 0.005. La conséquence est que, dans les équations mathématiques, il est incorrect
d’utiliser ε/103 à la place du simple ε. L’étudiant doit se souvenir que ε est un petit nombre; dans les
équations, il doit être numériquement écrit " −25‰ " à la place de " −25/103 ".
Le fractionnement de B par rapport à A est toujours noté εB/A ou εA(B). De cette définition de ε, nous
déduisons simplement:
35
Chapitre 3
− εA / B
εB/ A = ≈ −ε A / B (3.6)
1 + εA / B
en dernière étape, puisque dans les processus naturels, les valeurs de ε sont faibles.
*A + B ⇔ A + *B (3.7)
dans lesquelles l’astérisque indique la présence de l’isotope rare. Le facteur de fractionnement pour cet
équilibre entre phases ou composés A et B est la constante d’équilibre pour l’équation d’échange 3.7:
Si des informations suffisantes sur les énergies de liaison des atomes et molécules sont disponibles, les
fractionnements peuvent être calculés, aussi bien pour l’effet cinétique (Bigeleisen, 1952) que pour
l’effet à l’équilibre (Urey, 1947). En pratique toutefois, ces données ne sont pas souvent connues avec
suffisamment de détails. Avec les effets isotopiques cinétiques, nous sommes confrontés à une
difficulté supplémentaire qui provient du fait que les processus naturels ne sont jamais purement
cinétiques ou irréversibles. De plus, le fractionnement cinétique est difficile à mesurer en laboratoire,
parce que (i) la complète irréversibilité ne peut pas être garantie (une partie de la vapeur d’eau va
retourner vers la phase liquide), pas plus que ne peut être quantifié le degré de cette irréversibilité; (ii)
la phase ou le composé qui disparaît aura une composition isotopique non-homogène et souvent non-
mesurable parce que l’effet isotopique se produit à la surface de ce composé. Par exemple, la pellicule
de surface d’une masse d’eau qui s’évapore peut s’enrichir en 18O et 2H si le mélange interne de la
masse d’eau n’est pas assez rapide pour conserver sa composition isotopique homogène durant tout le
processus.
Les processus de fractionnement isotopique dans la nature, qui ne sont pas purement cinétiques (i.e.
processus univoque) appartiendront à la catégorie des fractionnements hors équilibre). C’est, par
36
Fractionnement en isotopes stables
Les taux de réaction des processus d’échange, et par conséquence, les périodes de temps nécessaires
pour atteindre l’équilibre isotopique, varient fortement. Par exemple, l’échange H2O ⇔ CO2 se
produit à une échelle de quelques minutes à plusieurs heures, à température ambiante, tandis que la
réaction H2O ⇔ SO2- demande des millénaires.
Le fractionnement résultant d’effets isotopiques cinétiques excède généralement celui des processus à
l’équilibre. De plus, dans un processus cinétique, le composé formé peut être appauvri par rapport à
l’isotope rare, tandis qu’il peut être enrichi dans le processus équivalent à l’équilibre. Ceci peut se
comprendre en comparant le facteur de fractionnement d’un équilibre réversible et les facteurs de
fractionnement cinétiques impliqués dans les deux réactions simples opposées. Comme exemple nous
avons choisi l’équilibre de l’acide carbonique, Eq.3.9a:
CO 2 + H 2 O ⇔ H + + HCO 3 −
12
CO 2 + H 2 O → H + + H12 CO 3 −
et
13
CO 2 + H 2 O → H + + H13 CO 3 −
12
r = 12 k[12 CO2 ] et 13
r = 13k[13 CO2 ] (3.10)
ou 12k et 13k sont les constantes de réaction. Le rapport isotopique du bicarbonate formé (∆HCO3-) est:
37
Chapitre 3
13
r 13
k[13 CO 2 ]
13
R (∆HCO 3 ) = 12 = 12 12
= α k 13 R (CO 2 ) (3.11)
r k[ CO 2 ]
H + + H12 CO 3 − → 12
CO 2 + H 2 O
et
H + + H13 CO 3 − → 13
CO 2 + H 2 O
− −
12
r ' = 12k '[ H 12CO3 ] et 13
r ' = 13k '[ H 13CO3 ] (3.12)
13 −
r' 13
k '[H13 CO 3 ]
13
R (∆CO 2 ) = 12 = 12 12 −
= α 'k 13
R (HCO 3 − ) (3.13)
r' k '[H CO 3 ]
13
R (∆HCO 3 − ) = 13
R (∆CO 2 ) (3.14)
−
αk ' 13
R (CO 2 ) [13 CO 2 ][H12 CO 3 ]
= −
= −
= αe (3.15)
αk 13
R (HCO 3 ) [12 CO 2 ][H13 CO 3 ]
H13CO 3− + 12
CO 2 ⇔ H12 CO 3 + 13
CO 2 (3.16)
La plupart des valeurs de αk et αk' sont inférieures à 1 de plus de un pour cent. Les différences entre
leurs rapports sont moindres – de l’ordre de quelques pour mille -. Plus loin, nous verrons que
l’évaporation de l’eau peut provoquer un appauvrissement en 18O de la vapeur d’eau de plus de deux
fois supérieur à celui de la vapeur en équilibre avec l’eau. Ceci est du au fait que la molécule H216O est
également favorisée dans le processus de condensation.
En considérant l’ Eq.3.15, il est évident que, alors que αk d’une phase de transition donnée est plus
petit que 1, αe peut être supérieur à 1. On a un exemple dans le système CO2 dissous/gazeux : la
teneur en13C du CO2 retiré rapidement d’une solution à CO2 aqueux est inférieur à celui du CO2
38
Fractionnement en isotopes stables
dissous (i.e. le 12C se déplace plus vite: αk<1), tandis que, en conditions d’équilibre, le CO2 gazeux
contient relativement plus de 13C (αe>1; effet isotopique inverse, Part.3.2).
e − εr / kT
pr =
q
∞
∑ pr = 1
r =0
donc que :
∞
q = ∑ e −ε r / kT (3.17)
r =0
La fonction de partition est donc la sommation de la population de tous les niveaux d’énergies pour un
système donné, et détermine ainsi l’état d’énergie dudit système. C’est une donnée importante, parce
que les considérations thermodynamiques montrent que les conditions d’équilibre peuvent être
exprimées en tant que rapport des fonctions de partition.
Considérons encore la réaction d’échange isotopique de l’ Eq.3.7:
*A + B ⇔ A + *B
ou A et B représentent deux composés différents (par exemple, CO2 et HCO3−) ou deux phases du
même composé (par exemple, H2O liquide et vapeur d’eau), et l’astérisque se rapporte à la présence de
l’isotope rare dans la molécule (13C, 18O, 2H, etc.). Dans la définition du facteur de fractionnement -i.e.
la constante d’équilibre- les concentrations, ou plutôt les activités, sont donc représentées par des
fonctions de partition:
39
Chapitre 3
qA *qB *qB / qB
α A (B) = K = = (3.18)
* qA qB * qA / qA
q = qtransqrotqvibr (3.19)
Chaque fonction de partition résulte de mouvements intramoléculaire (interne), tels les vibrations des
atomes les uns par rapport aux autres, les rotations de la molécule autour de l’axe moléculaire, et les
mouvements intermoléculaires (externes) telles les rotations et les vibrations des molécules les unes
par rapport aux autres, dans un treillis cristallin, par exemple ; La plupart des systèmes sont trop
compliqués pour permettre un calcul exact des fonctions de partition. Les gaz idéaux, mono ou
diatomiques, représentent les seuls sytèmes simples. Les translations ne sont pas gênées par les atomes
ou les molécules voisins et les vibrations et les rotations intermoléculaires n’existent pas, de telle
manière que seul les composants internes doivent être calculés.
Afin de montrer la dépendance des facteurs de fractionnement et pour illustrer l’influence de la
température sur le fractionnement, nous allons brièvement mentionner les diverses fonctions de
partition.
La translation d’une molécule dans son ensemble a la fonction de partition suivante:
3/ 2
⎡ 2πmkT ⎤
q trans = ⎢ V (3.20)
⎣ h 2 ⎥⎦
(V = volume dans lequel les molécules sont libres de se mouvoir, m est la masse de la molécule, h la
constante de Planck). Dans un gaz, la contribution du mouvement au rapport de la fonction de partition
est alors (M = poids moléculaire):
3/ 2 3/ 2
⎛*q ⎞ ⎛*m ⎞ ⎛*M ⎞
⎜⎜ ⎟⎟ =⎜ ⎟ =⎜ ⎟ (3.21)
⎝ q ⎠ trans ⎝ m ⎠ ⎝ M ⎠
8π 2 µr0 2 kT
q rot = (3.22)
sh 2
ou ro est la distance d’équilibre entre deux atomes et µ la masse réduite de la molécule = m1m2/(m1 +
m2); l’énergie de rotation est égale à celle d’un système dans lequel µ tourne autour du centre de la
masse à la place de m1 et m2 autour de chacun d’eux. Nous devons de plus rappeler que µr02 est le
moment d’inertie d’une masse en rotation, et que s = 1, sauf si la molécule consiste en deux atomes
40
Fractionnement en isotopes stables
égaux, cas pour lequel s est égal à 2. Dans un gaz, la contribution de la rotation à la fonction de
partition est donc :
⎛*q ⎞ * µ * m1 M s
⎜⎜ ⎟⎟ = = (3.23)
⎝ q ⎠ rot µ m1 * M * s
avec *m1, isotope rare de l’atome m1. Ce rapport est également dépendant de la température.
La fonction de partition de la vibration est:
e − hν / 2 kT
q vibr = (3.24)
1 − e hν / kT
où ν est la fréquence de vibration de deux atomes l’un par rapport à l’autre. La fréquence est
généralement connue par données spectroscopiques expérimentales. Il peut être montré que la
dépendance vis-à-vis de la température de l’effet de fractionnement est du, en première hypothèse, à la
dépendance thermique de la vibration.
La dépendance de masse de la fréquence de vibration de l’oscillateur harmonique est donnée par:
1/ 2
1 ⎛ k' ⎞
ν= ⎜ ⎟ (3.25)
2π ⎜⎝ µ ⎟⎠
ou de nouveau µ est la masse réduite de la molécule et k' est la constante de force. Dans une
approximation de premier ordre, k' n’est pas altéré par la substitution d’un isotope dans la molécule, et
donc:
1/ 2
*ν ⎛ µ ⎞
=⎜ ⎟ (3.26)
ν ⎜⎝ * µ ⎟⎠
Aux températures normales (T < hv/k), la fonction exponentielle du dénominateur dans l’Eq..3.24 peut
être négligée. Le rapport de la fonction de partition est alors:
⎛*q ⎞
⎜⎜ ⎟⎟ = e h (ν −*ν ) / 2 kT (3.27)
⎝ q ⎠ vibr
⎛*q ⎞ ⎡ hν ⎛ µ ⎞⎤
⎜⎜ ⎟⎟ = exp ⎢ ⎜1 − ⎟⎥ (3.28)
⎜ * µ ⎟⎠⎥⎦
⎝ q ⎠ vibr ⎢⎣ 2kT ⎝
41
Chapitre 3
*q ⎛*M ⎞
1/ 2
*m s ⎡ hν ⎛ µ ⎞⎤
=⎜ ⎟ exp ⎢ ⎜1 − ⎟⎥ (3.29)
q ⎝ M ⎠ m *s ⎜ * µ ⎟⎠⎦⎥
⎣⎢ 2kT ⎝
α = AeB/T (3.30)
où les coefficients A et B ne dépendent pas de la température mais contiennent toutes les quantités
thermiquement indépendantes (masse, fréquence de vibration). Le logarithme naturel du facteur de
fractionnement est approché par les séries de puissance:
C 2 C3
ln α = C1 + + (3.31a)
T T2
avec l’approximation souvent utilisée pour le fractionnement:
dC
F = −D (3.32)
dx
Si le processus de diffusion implique le mouvement du gaz A au travers du gaz B, m doit toutefois être
remplacée par la masse réduite:
mAmB
µ= (3.33)
mA + mB
Les équations ci-dessus sont valables pour les isotopes abondants aussi bien que pour les isotopes
rares. Le fractionnement résultant est alors donné par le rapport des coefficients de diffusion pour les
deux espèces isotopiques. De plus, les masses moléculaires peuvent être remplacées par les poids
moléculaires M en numérateur et dénominateur:
*D * MA + MB MA ⋅ MB
α= = (3.34)
D * MA ⋅ MB MA + MB
Dans l’exemple de la diffusion de vapeur d’eau dans l’air, le facteur de fractionnement résultant pour
l’oxygène est (MB de l’air est considéré comme égal à 29, MA = 18, *MA = 20):
1/ 2
18 ⎡ 20 + 29 18 × 29 ⎤
α=⎢ = 0.969 (3.35)
⎣ 20 × 29 18 + 29 ⎥⎦
Par diffusion dans l’air, la vapeur d’eau s’appauvrie donc en 18O (en accord avec les lois données à la
fin de la Part.3.4) de 31 ‰: 18ε = −31 ‰.
1/ 2
13 ⎡ 45 + 29 44 × 29 ⎤
α=⎢ = 0.9956 (3.36)
⎣ 45 × 29 44 + 29 ⎥⎦
43
Chapitre 3
13
en d’autres termes ε = −4.4 ‰, correspondant à un appauvrissement de 4.4 ‰.
Les abondances de “second ordre”, telles que par exemple 2H218O en nominateur et 1H2H18O en
dénominateur, ont été négligées. Dans ce contexte, le rapport isotopique moléculaire (Rmol) est défini
comme l’abondance de l’isotope rare d’un élément spécifique dans un type spécifique de molécule
divisée par l’abondance de l’isotope abondant. Dans notre exemple du deutérium dans la molécule
d’eau:
2 [ 2 H16 O1H]
R mol = (3.38)
2 [ 1H16 O1H]
La valeur réaliste de cette définition se réfère, par exemple, à la mesure des rapports isotopiques par
spectrométrie laser (voir Sect.10.2.1.2), ou l’absorption lumineuse permets la comparaison de deux
molécules, différant seulement d’un isotope, contrairement à la spectrométrie de masse (Kerstel et al.,
1999 ; comm. pers.).
L’équation 3.37 peut être ré -écrite telle que:
Le premier facteur à droite dans l’équation Eq.3.39 est le rapport isotopique moléculaire. En bonne
approximation, les rapports isotopiques moléculaires dans le second facteur peuvent être remplacés
par les rapports isotopiques atomiques:
2 1 + 17 R + 18 R + 2 R + .......
R atom ≈ 2 R mol ⋅ 17 18 2
= 2 R mol (3.40)
1 + R + R + R + .......
44
Fractionnement en isotopes stables
Ce résultat signifie que, dans une approximation de premier ordre, le rapport isotopique atomique est
égal au rapport isotopique moléculaire. Montré pour une molécule spécifique, le raisonnement est
également valable pour les autres molécules dans l’Eq. 3.39.
Les approximations utilisées sont considérées comme de « premier ordre ». Cependant, en utilisant les
valeurs δ l’approximation est encore meilleure, car elles deviennent presque identiques pour R au
numérateur et au dénominateur de l’Eq.3.40 (cf. Part.4.3.1).
α = (13 α ) α = (17 α )
14 2 18 2
et (3.41)
tandis que
14
α = 1+ 14
ε = 1+ ( 13
ε )
2
= 1+ 2 13
ε + (13 ε) 2 ≈ 1 + 2 13
ε
donc, nous avons pour le prélèvement du CO2 par les plantes ainsi que pour l’échange isotopique entre
le CO2 et l’eau, respectivement:
14
ε ≈ 2 13ε et 18
ε ≈ 2 17 ε (3.42)
L’approximation qui postule que ces fractionnements diffèrent d’un facteur 2 tire son origine de la
relation entre les masses moléculaires comme présentée dans les équations 3.21 et 3.23. Pour les
isotopes les plus lourds, m+2α est une fonction de type (M+2)/M, tandis que m+1
α est une fonction
similaire de type (M + 1)/M.
Ayant discuté les bases théoriques des effets isotopiques dans les paragraphes précédents, nous
pouvons faire une approximation de l’exposant θ dans la relation générale :
θ
m+2
RA ⎛ m +1
RA ⎞ ln m+2
α A/ B
=⎜ ⎟ ou =θ (3.43)
m+2
R B ⎜⎝ m +1
R B ⎟⎠ ln α A/ B
m +1
ou m = 12 pour le carbone, ou 16 pour l’oxygène. Les fractionnements par diffusion sont facilement
calculables. Pour la diffusion de vapeur d’eau dans l’air, les équations 3.35 et 3.43 impliquent
45
Chapitre 3
tandis que, selon les équations 3.36 et 3.43 pour la diffusion du CO2 dans l’air:
18
ε ≈ 1.93 17ε et 14
ε ≈ 1.96 13ε
Le calcul de l’exposant θ pour les effets de fractionnement en général est assez élaboré. Le cas
relativement simple de l’équilibre isotopique CO ⇔ O2 peut servir d’exemple (cf. Broecker et
Oversby, 1971). Les réactions d’échanges isotopiques sont:
18
O16O + 12C16O ⇔ 16O2 + 12C18O
et
17
O16O + 12C16O ⇔ 16O2 + 12C17O
En insérant les nombres de masse correspondant et les fréquences de vibration: ν(12C16O) = 6.50 x
1013/s et ν(16O16O) = 4.74 x 1013/s dans les équations 3.18 et 3.29, les valeurs de α à 20oC sont:
18
18 O / 16 O in CO
α CO / O2 = 18
= 1.023363
O / 16 O in O 2
et
17
17 O / 16 O in CO
α CO / O2 = 17
= 1.012245
O / 16 O in O 2
ainsi donc:
Appliquer ces équations à des molécules poly-atomiques ne donner que des valeurs de θ
approximatives. Toutefois, les calculs des échanges à l’équilibre tels que pour CO ⇔ CO2 et CO2 ⇔
CH4 donnent:
Dans le premier cas, une détermination expérimentale de la relation entre 17O et 18O a été possible.
Une série d’échantillons d’eau naturelle a été électrolytiquement convertie en oxygène qui a alors été
46
Fractionnement en isotopes stables
analysé par spectrométrie de masse. La relation résultante entre les valeurs de 17δ et 18δ a été reportée
(Meijer et Li, 1998) selon:
Malgré cela, dans de nombreux cas de routine pour lesquels la précision obtenue est limitée ou
irréaliste, nous pouvons quand même utiliser la relation suivante:
α = ( m + 1α )
2
ln m + 2 α / ln m + 1 α = 2 et m+ 2
(3.46)
ou:
m+ 2 m +1
ε=2 ε (3.47)
avec, au minium, une précision de 10%. Dans cette optique, nous continuerons d’appliquer le facteur 2
dans les relations entre les rapports isotopiques 13C/12C et 14C/12C pour les processus naturels:
14
ε = 2 13ε
comme originellement utilisée par Craig (1954). La précision de l’analyse du 14C n’est pas suffisante
pour permettre une vérification expérimentale de la relation de l’équation 3.42 entre les
fractionnements pour les molécules contenant le 13C et le 14C.
D’un autre côté, l’équation 3.44 doit être appliquée si les fractionnements impliqués sont importants et
les mesures suffisamment précises.
47