I- Étude de la Préface p.

23

Phèdre est une tragédie en cinq actes et en vers représentée le 1 er janvier 1677 à Paris, à
l’Hôtel de Bourgogne. Succès immédiat. Racine s’impose alors comme le meilleur
dramaturge de sa génération et jouit d’une pension du roi. Académicien depuis 1672, il
donne toutes ses pièces à la Cour et obtient une gloire littéraire et mondaine.
Très vite, Phèdre doit affronter la concurrence suite à la sortie de Phèdre et Hippolyte de
Pradon. Après de nombreux débats, la pièce de Pradon disparait de l’affiche et Racine
triomphe de son rival.
Phèdre est aujourd’hui considérée comme le sommet artistique de Racine.

- Préface : Texte placé en tête d'un livre et qui sert à le présenter au lecteur.

- Idées : Phèdre est inspirée d’une œuvre célèbre d’Euripide portant le même nom.
Racine a repris ce qui fonctionnait en ajoutant sa touche. Tragédie classique
puisqu’elle reprend les règles d’Aristote. Définition du héros tragique : « ni tout à fait
coupable, ni tout à fait innocente ». Volonté de séduire le spectateur, d’attiser sa
sympathie en ce qui concerne le personnage de Phèdre qu’il rend plus noble. Idem
pour le personnage de Thésée, rendu plus sympathique. A rendu plus accessible le
personnage d’Hippolyte. La mythologie est respectée et est source d’inspiration.
Phèdre = meilleure de ses tragédies ? Justifie l’aspect vraisemblable mis dans Phèdre + p. 27
s’inscrit dans les attentes du classicisme (Vertus VS Vices). Fin = réhabilitation de la tragédie
pour les opposants + confirmation de son appartenance au mouvement des Anciens.
Rappel de la devise « instruire et divertir » comme principe de la tragédie.

+ Texte écho : Médée de Corneille

Activité :

1) Lis le monologue suivant

2) Prouve que Médée est un personnage tragique qui est « no tout à fait coupable ni
tout à fait innocente ».
Pour se faire, tu surligneras dans le texte d’une couleur les passages qui suscitent
chez le spectateur la crainte et d’une autre, ceux qui inspirent de la pitié.
3) Une fois les passages surlignés, classe les citations dans un tableau avant de les
analyser de manière précise (champ lexical, type de phrase, vocabulaire, pronoms
personnels employés…)

Exemple du tableau :

Crainte Pitié
Texte : Extrait de Médée de Pierre de Corneille (1635), acte V, scène 2.

Contexte : Médée, l’un des personnages les plus fascinants de la mythologie est une magicienne célèbre
pour ses crimes. Fille du roi de Colchide (Région d’Asie à l’est de la mer noire), elle aide Jason, dont elle est
amoureuse, à conquérir la Toison d’or que gardait son père. Elle s’enfuit avec Jason et se réfugie en Grèce, à
Corinthe. Mais à Corinthe, règne Créon qui souhaite faire de Jason son successeur en lui donnant sa fille Créuse
pour épouse. Jason décide alors de répudier Médée qui imagine une atroce vengeance… Elle veut d’abord s’en
prendre à Créuse à qui ont été confié ses enfants (ceux qu’elle a eu avec Jason) en lui offrant une robe
ensorcelée qui s’enflamme et dont le feu semble aussi toucher Créon. Mais elle ne compte pas en rester là…

Est-ce assez, ma vengeance, est-ce assez de deux morts ?

Consulte avec loisir tes plus ardents transports(1).
Des bras de mon perfide(2) arracher une femme,
Est-ce pour(3) assouvir les fureurs de mon âme ?
Que n’a-t-elle déjà des enfants de Jason,
Sur qui plus pleinement venger sa trahison !
Suppléons-y des miens(4) ; immolons(5) avec joie
Ceux qu’à me dire adieu Créuse me renvoie :
Nature, je le puis sans violer ta loi ;
Ils viennent de sa part, et ne sont plus à moi.
Mais ils sont innocents ; aussi l’était mon frère(6) ;
Ils sont trop criminels d’avoir Jason pour père ;
Il faut que leur trépas redouble son tourment ;
Il faut qu’il souffre en père aussi bien qu’en amant.
Mais quoi ! j’ai beau contre eux animer mon audace,
La pitié la combat, et se met en sa place :
Puis, cédant tout à coup la place à ma fureur,
J’adore les projets qui me faisaient horreur :
De l’amour aussitôt je passe à la colère,
Des sentiments de femme aux tendresses de mère.
Cessez dorénavant, pensers irrésolus,
D’épargner des enfants que je ne verrai plus.
Chers fruits de mon amour, si je vous ai fait naître,
Ce n’est pas seulement pour caresser un traître :
Il me prive de vous, et je l’en vais priver.
Mais ma pitié renaît, et revient me braver(7) ;
Je n’exécute rien, et mon âme éperdue
Entre deux passions demeure suspendue.
N’en délibérons plus, mon bras en résoudra.
Je vous perds, mes enfants ; mais Jason vous perdra ;
Il ne vous verra plus...

1. Tes émotions les plus vives

2. Traître (Jason)
3. Est-ce assez pour
4. Remplaçons-les par les miens
5. Sacrifions
6. Médée n’a pas hésité à sacrifier son frère dans sa fuite
Me défier, me provoquer