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Bianca Longpré

Grossesses du cœur et vie de famille !


MODUS VIVENDI
© Bianca Longpré et Les Publications Modus Vivendi inc., 2018

LES PUBLICATIONS MODUS VIVENDI INC.


55, rue Jean-Talon Ouest
Montréal (Québec) H2R 2W8
CANADA

groupemodus.com

Président-directeur général : Marc G. Alain


Éditrice : Isabelle Jodoin
Correctrice : Francine St-Jean
Designer graphique : Gabrielle Lecomte
Photographes : Bianca Longpré et François Massicotte
Illustrations : iStock

Certains textes de cet ouvrage, dont « Les aimer »


et « Le bonheur est ailleurs », ont été précédemment
publiés par le Huffington Post Québec.

ISBN version imprimée :


978-2-89776-074-8

ISBN versions numériques :


– ePub : 978-2-89776-076-2
– Kindle : 978-2-89776-077-9
– PDF : 978-2-89776-075-5

Dépôt légal – Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2018


Dépôt légal – Bibliothèque et Archives Canada, 2018

Tous droits réservés. Aucune section de cet ouvrage ne peut être reproduite, mémorisée dans
un système central ou transmise de quelque façon que ce soit ou par quelque procédé électronique,
mécanique, de photocopie, d’enregistrement ou autre sans l’autorisation écrite de l’éditeur.

Gouvernement du Québec – Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres – Gestion SODEC

Financé par le gouvernement du Canada


Bianca Longpré

Grossesses du cœur et vie de famille !

MODUS VIVENDI
À MES ENFANTS :
MÉLY, RICCI ET BILLY.
Notre famille n’est pas banale. Nous ne sommes pas une famille comme les autres
et je veux que vous en soyez fiers. Vous portez chacun votre petite valise et je porte
la mienne avec vous. Votre père aussi traîne la sienne. Notre famille est encore
plus belle que celle que j’avais imaginée. Je dis souvent que la vie fait bien
les choses, et avec vous, elle m’a donné raison.

Sachez que c’est l’humour qui a consolidé les liens qui nous unissent, votre père et moi.
C’est ce qui nous a permis de passer plus d’une décennie côte à côte. Vous nous
entendez souvent rire et nous moquer l’un de l’autre. Je suis persuadée que
l’humour est la clé de la durabilité de notre amour. Sachez que l’humour me
permet de passer à travers les bouts les plus difficiles. Parce que oui, des bouts
difficiles, il y en a. La vie est plus belle quand il y a de l’humour.

Je vous aime.

Maman xxx
LES AIMER
ATTENDRE DES JOURS, des semaines et des mois, Avoir peur. Se sentir impuissante. Prier. Être
puis se remplir d’amour. fière. Féliciter. Motiver. Encourager. Punir,
céder, expliquer et consoler. Et les aimer.
Apprendre des chansons. Fredonner jusqu’à
s’endormir. Avoir la tête remplie d’eux. Câliner et se coller. Fusionner et ne jamais
vouloir les lâcher. Les sentir et les inspecter.
Lire. Imaginer. Bricoler. Jouer. Dessiner. Les coiffer. Les laver et les habiller. Soigner,
Colorier. Créer. Découper et coller. Compli­ veiller et endormir. S’endormir. Rêver à eux.
menter. Ramasser.
Être fatiguée, crevée, exténuée. Doubler le
Devenir une tigresse prête à tout. Les défendre. café. Diminuer les sorties. Perdre des amies
Vouloir le mieux. ou un job. Aimer quand même.

Crier, puis le regretter. Danser en bobettes MONTRER L’IMPORTANCE DU RESPECT,


pour les faire rire. Rire à en pleurer. Pleurer DE L’AMOUR, DE L’AMITIÉ, DU PARDON,
à en dormir. Se dire qu’on ne peut plus conti­ DE LA RÉSILIENCE, DE LA FAMILLE,
nuer. Être découragée. Reprendre confiance. PUIS DEVENIR SOI-MÊME UNE
Les aimer. MEILLEURE PERSONNE.
Jardiner, recycler, racler, faire des tas de La garderie, la maternelle, les petits amis,
feuilles, refaire des tas de feuilles, faire des le secondaire, le premier amour, le cégep, le
bonhommes de neige, les voir fondre, faire premier joint, et peut-être bien l’université
des anges, regarder le ciel et être heureuse. et un diplôme.

Les aimer tous, mais oublier de s’aimer. Se Ensemble, regarder des deux côtés de la rue.
négliger. Passer en deuxième. Se faire dire Tenir des petites mains, ne plus les tenir. Les
par eux qu’on est belle. Ne rien regretter. surveiller, réexpliquer puis, à contrecœur,
les laisser aller seuls. Un cours, un permis,
Surprotéger. S’inquiéter. Avoir raison et avoir un char. Être inquiète.
tort. Éduquer. Apprendre.
Vouloir leur autonomie, mais vouloir les
Préparer des surprises, des fêtes et des petits garder près de soi. Vouloir leur bonheur.
spéciaux. Prendre des photos. Acheter des Croire qu’ils sont encore petits, mais les voir
cadeaux. Acheter des gâteaux. Inviter des grandir si vite.
amis. Voir des yeux briller. Pleurer de joie.
Les attendre le soir. Se faire des scénarios.
Essuyer des fesses. Faire des lunchs. Faire du Imaginer le pire. Espérer le meilleur, tou­
lavage. Marcher sur des blocs. Sacrer. Ramasser jours. Avoir l’estomac qui se tord. Être fâchée
tout le temps. Nettoyer les toilettes. Passer la et triste. Être prête à donner sa vie pour que
balayeuse. Faire la vaisselle. Essuyer les taches rien n’arrive.
sur les murs. Faire des repas préférés. Acheter
du brocoli. Jeter du brocoli. Les aimer. S’imbiber de leurs odeurs et de la douceur de
leurs cheveux, parce que la vie passe trop vite.
Décider d’en avoir un deuxième, un troisième, Marchander avec la vie pour avoir la chance
peut-être même un quatrième. Se demander d’assister à leur mariage et voir leurs enfants.
pourquoi on a pris cette décision. Les aimer tous. Faire « pause » sur les plus beaux moments.

Organiser. Planifier. Équiper. Payer. Inscrire Regarder des photos. Être nostalgique. Pleurer.
et transporter. Encourager. Consoler. Sup­
porter. Être fière. ÊTRE UNE MÈRE... OU UN PÈRE.
TABLE
DES MATIÈRES
PREMIÈRE PARTIE – DEUXIÈME PARTIE –
GROSSESSES DU CŒUR VIE DE FAMILLE
12 _ Pourquoi j’ai écrit ce livre 64 _ La naissance de Mère ordinaire
14 _ Chaque guenille trouve son torchon :
ma rencontre avec François L’AUTOMNE
23 _ J’veux des enfants 68 _ Trois conseils pour une rentrée
26 _ Quand l’infertilité frappe à notre porte ben ordinaire
30 _ C
 hoisir l’adoption au Québec 70 _ La liste scolaire : les étapes
32 _ L
 es rencontres d’information 72 _ Le jour de la rentrée
et les évaluations 75 _ Les (maudites) activités
35 _ Enceinte du cœur  es devoirs
81 _ L
36 _ L’appel qui crève mes eaux : MÉLY 85 _ L
 es ost*** de lunchs
40 _ Je veux un autre enfant : RICCI 89 _ N
 otre zoo familial
44 _ Mon bébé naissant : BILLY 92 _ L
 ’Halloween
51 _ P
 romesse à ma fille 96 _ « Que font tes parents
52 _ L
 a veille du tribunal comme travail ? »
56 _ L
 e jour du tribunal 98 _ P
 aroles d’enfants
60 _ L
 ettre à trois mères 100 _ M
 audit qu’on vieillit
L’HIVER
106 _ Le linge d’hiver  n cachette de mes enfants, je...
172 _ E
110 _ Le changement d’heure 174 _ L
 es maudites notes
112 _ J’peux pas croire qu’ils ont dit ça !  uand j’ai besoin de temps pour moi...
178 _ Q
115 _ Les lutins 180 _ A
 vant d’avoir des enfants,
119 _ On prépare Noël j’pensais que...
123 _ L’épicerie d’avant Noël
127 _ Les pires cadeaux de Noël L’ÉTÉ
128 _ Noël quand j’étais jeune 185 _ Ma licorne

130 _ Les jeux de société 186 _ Sept raisons qui rendent


le camping insupportable
134 _ Le sexe... C’est quoi ça ?
188 _ Camping express
137 _ Déjeuner au resto
197 _ S’ouvrir sur le monde
LE PRINTEMPS 198 _ La Thaïlande en famille
140 _ Le ménage 201 _ La Floride en tente-roulotte
143 _ Ma brosse à dents 203 _ Disney : extraits de mon journal
147 _ Mes planchers 206 _ Sept conseils pour voyager en famille
150 _ Le bordel dans mes armoires 208 _ L’été depuis que j’suis mère
154 _ Mes hormones et le ménage 213 _ Précieux souvenirs d’été « ordinaires »
158 _ Le lavage 214 _ Des journées de 72 heures
161 _ Le linge 219 _ Les sorties
163 _ Prendre sa douche en paix : 220 _ Le zoo de Granby
mission impossible
225 _ Le Bora Parc
164 _ Pinterest, ou comment
se sentir nulle 228 _ Les glissades d’eau
167 _ Les fêtes d’enfants
234 _ LE BONHEUR EST AILLEURS
168 _ Conseils pour une fête d’enfants
réussie 237 _ À PROPOS DE L’AUTEURE
171 _ Liste de jeux pour fêtes d’enfants 238 _ REMERCIEMENTS
Ce cœur signifie l’attente, l’amour qui a germé
en moi, trois fois plutôt qu’une. Quand on
est enceinte du cœur, personne ne le voit,
pourtant on est habitée 24 heures sur 24.
PREMIÈRE PARTIE

Grossesses
du cœur
DÉFINITION : Gestation de l’amour maternel. Période d’une
durée indéterminée pendant laquelle une future maman
nourrit et fait grandir son amour maternel envers un enfant
qu’elle ne connaît pas, mais qu’elle attend avec impatience.
POURQUOI J’AI ÉCRIT
CE LIVRE
JE L’AVOUE, J’AIME L’HISTOIRE DE MES GROSSESSES DU CŒUR.
Je peux en parler pendant des heures. Je ne pensais jamais m’em­
barquer dans cette aventure. Je ne croyais pas que le désir d’avoir un
bébé me ferait vivre toute une histoire, plutôt trois, devrais-je dire.

Pourquoi ce livre ? C’est d’abord un plaisir égoïste. Il faut l’être pour


parler autant de soi et écrire autant de « Je » sur des pages et des
pages. Je ne suis pas une auteure, et mon vocabulaire n’est pas celui
d’un écrivain. Je n’ai pas de bac en littérature, mais j’aime écrire.

J’ai écrit ce livre surtout parce que mon histoire — mes grossesses
du cœur, ma vie de famille et ma réalité de mère —, c’est la plus
belle que j’ai à raconter. L’écrire est une façon de me rappeler
l’histoire de mes grossesses du cœur, de ma réalité de mère et de
l’humour qui en découle. C’est une raison pour pleurer de rire
ou de peine, toute seule devant mon ordinateur, en pensant à
chaque moment de cette route, cette route de maman que j’em­
prunte encore chaque jour.

En mettant des mots sur ma réalité, je montre que la grossesse phy­


sique n’est pas le seul moyen d’avoir des enfants à soi, des enfants

MÈRE ORDINAIRE – 12
qui nous ressemblent. L’infertilité touche de plus en plus de couples,
et j’ai envie de leur dire que cette épreuve n’a pas besoin d’être la
fin d’un rêve. L’infertilité ne doit pas les décourager. Ce n’est qu’un
chemin différent vers la grossesse, vers la parentalité. J’ai envie
de partager mes grossesses du cœur et ma réalité avec les mères,
mais aussi avec ceux qui ne peuvent pas avoir d’enfant. J’ai envie
de vous faire rire, mais aussi de vous faire pleurer.

ET IL Y A AUSSI MÈRE ORDINAIRE.

Née pendant mon troisième congé parental, Mère ordinaire est


ma thérapie. Ce partage de la vraie vie est pour moi une façon de
rassembler les mères et de les déculpabiliser. Parce que la vraie
vie de maman, la vie ordinaire, c’est celle qu’on vit toutes. C’est la
vie qu’on ne partage pas sur les médias sociaux, qui ne valorisent
que le « parfait ».

Ce livre est donc un mélange de mes grossesses du cœur et de Mère


ordinaire. Un livre simple et ordinaire, sans prétention, pour les
gens qui le sont aussi. S’il vous touche, vous fait rire ou vous
fait passer un bon moment, j’aurai atteint mon but. •

GROSSESSES DU CŒUR – 13
CHAQUE GUENILLE TROUVE
SON TORCHON : MA RENCONTRE
AVEC FRANÇOIS

Notre premier voyage à Las Vegas,


au début de notre relation. Mon chum
voulait m’impressionner, c’était le bon temps !
Z’étions jeunes, sans enfants et REPOSÉS !
MÈRE ORDINAIRE – 14
AUTOMNE 2006. Je m’inscris sur Réseau Contact afin d’augmenter
mes chances de rencontrer l’homme de ma vie. En toute vérité,
je n’ai jamais vraiment cru en l’âme sœur. Vous savez, cette per­
sonne qu’on reconnaît au premier regard et avec laquelle on passe
le reste de notre vie ? Par contre, je crois énormément au choix
de rester ensemble. Car rester ensemble pendant des années, c’est
un choix, un défi et un projet commun. On doit y mettre notre
cœur, notre énergie et notre volonté. Et c’est ce genre de rela-
tion que je veux vivre.

Puisque je travaille dans un hôpital et que j’étudie à temps plein


pour être infirmière, mes chances de rencontrer quelqu’un sont
quasi nulles. C’est pourquoi je décide de me créer un profil sur
Réseau Contact :

Char, pas tellement


sport, mais avec un
tions, 1979, sans beau look et full d’
rouille et en bon op-
non-fumeur âgé de 25 état, recherche pass
35 ans. Aucun siège ager
l’arrière, mais po d’auto pour enfant
ssibilité d’en inst
les longues balades aller plusieurs. Ai
et l’aventure. me
La photo est fidèle
au modèle réel. Je
avec le même standa recherche un passag
rd. Il doit être au er
drôle, prêt inst tonome financièreme
aller un siège d’au nt,
délai raisonnable, to pour enfant dans
et même se marier av un
ec le modèle.
Les passagers ayant
des problèmes d’alco
de jeu ou tout autr ol, de consommation
e problème personne ,
me contacter. l sont priés de ne
pas

GROSSESSES DU CŒUR – 15
UN JOUR, UN GARS SANS PHOTO DE PROFIL M’ÉCRIT : – Regarde, voici un lien. Clique dessus, et tu
sauras tout sur moi.
« Salut ! J’aime ta photo et ta description, alors
fais-moi signe si t’as le goût. » Intriguée, je clique sur le fameux lien.

Je ne contacte jamais les gars qui n’ont pas


publié leur photo, parce que je me méfie des
gens qui se cachent derrière une simple des­
cription. Je décide donc de l’ignorer. Mais ça
n’a pas l’air de le déranger, parce qu’il m’écrit
encore et encore. Il ne veut définitivement
pas lâcher le morceau.

Je lui écris que, sans photo, il n’a aucune


chance. Il me propose alors de m’en envoyer
une sur MSN (oui, ça fait plus d’une décen­
nie). Il dit que chaque fois qu’il l’a affichée
sur le site, elle a été supprimée parce que
TES
l’administration pense qu’il vole l’identité de
UNION DES ARTIS
quelqu’un d’autre.
R A N Ç O IS M A S S ICOTTE, 38 ANS
F 0, chemin
rie 45
incipal dans la sé
Comédien, rôle pr ue.
Intriguée, j’accepte. Le 26 décembre, il m’en­
go lf . Hu m or is te. Spectacle Craq
du
voie une photo de lui un peu floue. En plus,
il joue au tennis avec des lunettes fumées
et un t-shirt Provigo. Come on ! S’il croit que Je suis étudiante. Je n’ai jamais été voir un
c’est une bonne technique pour cruiser une show d’humour. J’habite avec trois colocs et
fille, ben, ça ne marche pas avec moi ! on n’a pas de télé dans notre salon. Et ça ne
me dérange pas, parce que je n’écoute jamais
– Tu me niaises ? Tu m’envoies une photo de la télé ( je ne l’écoute toujours pas, d’ailleurs).
toi sur laquelle ce n’est même pas possible Mais mon coloc Max, lui, en a une dans sa
de savoir de quoi t’as l’air ! Arrête de m’écrire. chambre.

MÈRE ORDINAIRE – 16
– Hey, Max ! Connais-tu l’émission 450, chemin – J’pense pas que ce soit une bonne idée de
du golf ? se rencontrer en maillot de bain, faque je
choisis le ski de fond. Et aussi, j’dois te dire
– Oui ! Je l’écoute chaque semaine. que j’ai un enfant de 4 ans.

– C’tu bon ? Pis c’est qui François Massicotte ? – C’est correct ! À demain !

– Oui, c’est drôle en maudit ! Pis Massicotte, VOILÀ. EN 5 MINUTES, J’AVAIS


c’est le gars qui joue le rôle du personnage UNE DATE. SANS LE SAVOIR,
principal. Y m’fait ben rire ! Pourquoi tu me CETTE RENCONTRE ALLAIT
demandes ça ? CHANGER MA VIE.

Je ne lui réponds même pas et je retourne Le soir venu, je prépare mon équipement
tout de suite devant mon ordi. J’ai le senti­ de ski de fond. J’ai deux mitaines dépareil­
ment que ma future date en vaut la peine. lées, une vieille tuque rose fluo et un vieil
ensemble de ski-doo vintage des années 70,
– Hey, François ! J’écoute pas la télé et j’vais que j’ai payé 15 piastres au Village des valeurs
pas dans des shows d’humour, mais mon coloc (l’endroit parfait pour habiller les étudiantes
dit que t’es drôle, pis moi, j’aime ça le monde cassées comme moi).
drôle. Faque, ça te tente-tu qu’on s’organise
une date ? Le lendemain, il se pointe à mon apparte­
ment à 11 h. Il est comme sur sa photo. Plus
– Super ! On se rencontre demain ? beau même. La première chose qu’il me dit
en arrivant, c’est :
– OK ! Préfères-tu aller nager au Stade olym­
pique ou aller faire du ski de fond à Saint-Lin ? « Je suis venu en pick-up, parce que ma BMW
est au garage. J’suis pas un gars de pick-up. »
Il a l’air assez surpris. Il ne s’attendait proba­
blement pas à ce genre de date. Mais comme En route vers le centre de ski, on rit sans
il a l’air d’un bon candidat, je ne veux surtout cesse, en jasant de tout et de rien. Pour moi,
pas me saouler et altérer mon jugement. c’est un excellent signe.

GROSSESSES DU CŒUR – 17
« À ce moment,
– J’en fais régulièrement ! J’ai juste pas envie
d’avoir l’air d’une saucisse dans un kit trop serré.

je ne sais pas encore On éclate de rire.

qu’il est un peu Tout le long du parcours, je le suis de près.

princesse. »
C’est plus fort que moi : je regarde ses fesses
en lui parlant. Ben quoi ? Il faut bien que ses
cuissards servent à quelque chose !

SI NOUS AVONS DU FUN EN CHAR, À un moment donné, il reçoit un appel. C’est


LA DATE SERA BONNE. la garderie de son fils. Même si ce n’est pas
son jour de garde, il pose plusieurs questions.
Une fois arrivés, on va aussitôt se changer, Il a l’air soucieux et impliqué. Ça, j’aime ça !
chacun dans une salle de bain. On revient Il semble être un bon père.
en même temps.
Oui, avant même de connaître sa couleur pré­
François porte un suit Louis Garneau férée ou d’avoir fait l’amour avec lui, je savais
moulant. Très moulant. Je peux voir son qu’il était un bon père. J’avais ce feeling-là,
« paquet » tout moulé dans ses cuissards trop et ça me joue rarement des tours.
serrés. Il a l’air d’un skieur qui ne s’est pas
qualifié pour les Jeux olympiques. Pis moi, On a fait du ski de fond pendant 3 heures.
avec mes mitaines dépareillées et ma tuque Sur le chemin du retour, je me rappelle qu’il
pleine de mottons de laine, j’ai l’air d’une approche de la quarantaine. J’avais complè­
pauvre tout croche. tement oublié ce détail.

– Coudonc ! Habillé de même, tu dois faire du – T’es ben VIEUX !!!


ski de fond chaque fin de semaine ?
– J’suis pas si vieux que ça ! Veux-tu quand
– Non, j’en ai jamais fait ! On me l’a donné, ce même qu’on aille souper ensemble ? J’te
kit-là. Mais toi, clairement, t’en as jamais fait ! dépose chez toi et on se rejoint plus tard ?

MÈRE ORDINAIRE – 18
J’ai tout de suite accepté. À mon arrivée, il me demande si on peut
prendre ma voiture, parce que son pick-up
Une fois seule à la maison, je me souviens que de location est gros et qu’il sera difficile de
mon compte de banque est à sec. Il ne me se stationner en ville. J’accepte, oubliant qu’il
reste que 40 $. Si nous allons dans un resto n’a pas encore vu mon auto. Mais dès qu’il
chic et qu’il ne paye pas ma facture, je vais met le pied dehors, il dit :
avoir l’air d’une maudite folle. Je le rappelle
pour lui proposer un resto cheapette. – C’EST TA VOITURE ?

– Ç’tu correct si on va au restaurant Tex Mex, – Euh… oui. Y a quelque chose qui t’dérange ?
dans Hochelaga ?
– Ben non. C’est juste que j’ai jamais vu ça, un
– J’le connais pas, mais pourquoi pas ? À char de même… T’es sûre qu’on va se rendre ?
tantôt ! Pis pourquoi Bob l’éponge est sur le dash ?

À ce moment, je ne sais pas encore qu’il est – Laisse faire ! Awèye, on part.
un peu princesse. Je ne sais pas encore que
nous ne faisons pas partie de la même classe À cet instant précis, il comprend que je suis
sociale. Je pense que lui non plus, d’ailleurs. une étudiante cassée. Il n’y a plus aucun
On allait s’en rendre compte assez rapidement. doute dans son esprit lorsqu’il voit le
restaurant.
En arrivant devant chez lui, je découvre qu’il
n’habite pas dans une maison ordinaire. Il – T’es sûre que tu veux pas qu’on aille ailleurs ?
vit dans une cri*** de grosse maison, dans un
quartier de riches. – Ben non, c’est bon icitte !

JE STATIONNE MON ASPIRE 1986 Sitôt assis, je commande deux margaritas,


ROUILLÉE ET DÉCORÉE DE PETITES pour lui faire oublier le modeste restaurant.
FIGURINES COLLÉES SUR LE DASH Notre soirée est parfaite : on jase et on rit
DANS L’ENTRÉE EN PAVÉ UNI sans cesse. Puis il reçoit un appel.
DE SA GROSSE MAISON CHIC.

GROSSESSES DU CŒUR – 19
« Ça fait huit heures
et demie qu’on se connaît. »
– Mon ami Dan m’invite à jouer à Cranium Et, comble de malheur, étant trop cassée pour
chez lui. Ça t’tente-tu de m’accompagner ? avoir acheté des pneus d’hiver, mon char fait
du surplace. Il faut donc qu’on le pousse, en
Faque, huit heures après l’avoir rencontré gang, pour me sortir de là.
pour la première fois, j’allais déjà rencontrer
ses amis. Finalement, la soirée est vraiment Quand je le dépose chez lui, il ne me demande
cool et agréable. Il n’y a pas de stress, juste du pas d’entrer. Il ne m’embrasse pas non plus.
plaisir. Ses amis sont sympathiques et relax. Rien pantoute.
Après un verre, ils nous demandent :
– Tu m’invites pas à prendre un verre ?
– Ça fait combien de temps que vous vous
connaissez ? Vous avez l’air de bien vous – J’pensais que t’allais dire non !
entendre !
Ce soir-là, on a pris un autre verre. Et on a
François regarde sa montre : frenché. Et j’ai dormi chez lui. Le lendemain,
j’ai même rencontré son fils lors d’une sortie
– Ça fait huit heures et demie qu’on se de glisse.
connaît.
Et un an et demi plus tard, on s’est mariés.
On a l’air d’un vieux couple, alors qu’on se
connaît si peu. Ça en dit beaucoup sur la LA VIE EST BIEN
chimie qu’on a. FAITE PAREIL, NON ?

Au moment de repartir, il y a une tempête et


mon char est enseveli.

MÈRE ORDINAIRE – 20
Ben oui, on s’est mariés dans notre cour autour
de la piscine hors-terre. Mon chum ne voulait pas :
« De quoi on va avoir l’air ? » Mais c’était
tellement important que ce soit à notre image :
simple et l’fun. Ce fut mémorable.
b é b é O l iv ie r
Moi, Zacha rie, Estéban et

Les fameuses photos Sears des années 1980 !


Cette photo-là est tellement précieuse.
Oui, on fait tous durs, mais on avait tellement
de bonheur à être ensemble.
J’VEUX DES ENFANTS
JE VIENS D’UNE BELLE GRANDE FAMILLE DE QUATRE ENFANTS, dont je suis
l’aînée. Un jour, ma mère s’est remariée avec un homme qui avait
deux enfants. Nous étions donc six jeunes dans une petite maison.
Nous n’étions pas riches, loin de là. Pourtant, je ne me rappelle
pas avoir manqué de quoi que ce soit.

JE ME SOUVIENS DE L’ÉNERGIE ET DE LA VIE


QU’IL Y AVAIT DANS CETTE MAISON.

Tous mes amis aimaient venir chez moi. Pour eux, une vie en groupe
était le fun. Il y avait toujours quelqu’un avec qui jaser, avec qui se
chicaner, pour nous faire rire ou nous faire pleurer. On avait tou­
jours quelqu’un sur qui compter, avec qui partager chaque petit
moment de la vie quotidienne. La vie n’était jamais plate. Il y avait
peu de moments de solitude, peu de moments de luxe. Notre luxe,
c’était d’être tous ensemble, de rire et de s’amuser.

Ma jeunesse m’a appris que plus on est de fous, plus on s’amuse,


et que chaque bonheur partagé goûte cent fois meilleur.

Une fois en couple avec François, avec un bon boulot et une grande
maison, je me rends compte qu’il me manque quelque chose.

GROSSESSES DU CŒUR – 23
Partager un repas avec une personne, c’est Mais moi, des enfants, j’en veux. Et chaque
plate. Dans ma famille, à chaque repas, il jour, j’en veux plus que la veille. Puis un matin,
y avait toujours une dizaine de personnes je me lève et j’en veux un tout de suite et
assises à la table. Aujourd’hui, mes repas maintenant.
sont parsemés de longs silences. Et ils se
terminent à la vitesse grand V. Une belle JE VEUX UNE FAMILLE UNIE
grande maison bien propre, sans bruit, sans vie. ET VIVANTE, COMME CELLE
DANS LAQUELLE J’AI GRANDI.
C’est là que se fait le déclic.
Je veux des enfants maintenant !
Ma maison manque de vie. Ma vie manque
d’enfants. J’en veux quatre.

J’ai envie d’avoir un enfant pour lui trans­ Pourquoi ? Peut-être que mes bons souvenirs
mettre ma passion des voyages, pour lui d’enfance m’ont influencée.
apprendre à faire de la bicyclette, à aimer
les animaux, à lire et à écrire. Quatre enfants, c’est une garantie que la
maison sera toujours pleine de vie. Quatre
Et mon chum, lui ? Eh bien, il a déjà un fils enfants, ça veut dire que j’aurai des petits
de 6 ans. Alors, pour lui, c’est bien suffisant. autour de moi pendant dix ans. Quatre enfants,
Alors quand je lui parle d’une maison remplie c’est loin d’être plate. On m’a toujours dit
de petits qui courent partout en bobettes, il que j’ai plus d’énergie que bien du monde.
ne réagit pas vraiment. L’expression avoir de l’énergie pour quatre,
c’est moi !
– C’est pas nécessaire. On est bien, non ?
Les filles de mon âge sont généralement
– Mais t’aimerais pas ça, être papa à nou­ carriéristes et veulent du temps pour elles,
veau ? Donner une fratrie à ton fils ? Lui faire alors que moi, je rêve d’une grande famille.
connaître la joie d’être grand frère ?
JE RÊVE D’AVOIR
– Bah… MA FAMILLE. •

MÈRE ORDINAIRE – 24
J’veux partager mon bonheur.
J’veux partager mes repas,
ma vie, mon éducation,
mes valeurs, ma maison
et, surtout, mon amour.
QUAND L’INFERTILITÉ
FRAPPE À NOTRE PORTE
JE VEUX UN BÉBÉ. Je veux un enfant issu d’un mélange de moi
et de François. J’aime m’imaginer de quoi aura l’air cet enfant,
ce mélange de nos ADN.

Mais, sans savoir pourquoi, il tarde à venir. Pendant deux ans,


on espère chaque mois que ce sera le bon. Celles qui ont tenté
de tomber enceintes, sans succès, savent que deux ans, c’est long
en maudit. Deux ans à prendre sa température, à faire l’amour
« parce qu’il le faut », à acheter des maudits tests d’ovulation et une
tonne de tests de grossesse. Des tests de grossesse qu’on fait trop
vite, le cœur rempli d’espoir et les doigts croisés, et qui affichent
un résultat négatif.

Après deux ans, on décide de consulter un spécialiste en fertilité.


On se doute bien qu’il y a quelque chose qui cloche.

Le verdict tombe rapidement : des spermatozoïdes lents et peu


mobiles. C’est mon chum, le « problème ». On nous explique les
options : traitements de fertilité, insémination, fécondation in vitro.

MÈRE ORDINAIRE – 26
« Mon horloge biologique
a sonné et je dois trouver
le moyen de devenir maman. »
On nous donne une pile de formulaires pour PREMIÈRE SOLUTION :
faire des examens médicaux, afin de détermi­ CHOISIR UN DONNEUR.
ner la meilleure méthode pour nous.
Ça a l’air simple, mais ce ne l’est pas tant que
Je ne suis ni accablée ni déçue; je suis triste. ça. Parce que le donneur, il faut le choisir.
Je suis triste de savoir que nous n’aurons pro­ Alors, comment définir le donneur idéal ?
bablement pas de bébé ensemble. Je suis À quoi ressemble-t-il ? Comment est-il ?
triste pendant 24 heures. Un vrai 24 heures.
Je pleure, car je me sens impuissante. Mais Roux, nerd, réservé, drôle et doux. Ce sont
ça ne fait pas avancer les choses. Pleurer ne les cinq qualités que je veux.
fera pas de moi une mère. Je reprends le
contrôle de mes émotions et j’embraye en Je suis folle des roux. Leur peau est si douce !
mode solution. Et j’adore compter leurs taches de rousseur,
regarder les dessins qu’elles forment. L’orangé
Mon horloge biologique a sonné et je dois des cheveux leur confère un air si mystérieux !
trouver le moyen de devenir maman. Brailler J’adore les roux qui ont les cheveux longs.
sur mon sort ne fera pas avancer les choses. Ils sont meilleurs au lit, ils sont plus virils
Rapidement, je me demande comment je et ils ont une sensualité propre, qu’aucun
peux faire pour avoir un bébé. autre homme ne possède.

GROSSESSES DU CŒUR – 27
« Je me pose trop
Je veux un nerd qui lit trop, qui s’intéresse
trop à tout, comme Paul Houde. Un gars qui

de questions pour
connaît le nom des avions, qui les regarde
voler, qui connaît l’emplacement des étoiles

lesquelles je n’ai pas


et qui peut nommer toutes les capitales du
monde, ça me fait craquer. Peu importe

de réponses. »
son look. Peu importe son portefeuille. Peu
importe son âge. Paul Houde, c’est mon fan­
tasme intellectuel. J’aimerais qu’il y ait un
peu de Paul Houde dans celui qui me fera
OK. J’avoue que mon opinion est basée sur un un enfant.
échantillonnage très petit, mais ceux que j’ai
connus m’ont convaincue que, orange, c’est Je veux un homme réservé, parce que je
bien meilleur. déteste les hommes qui sont trop confiants et
qui chassent les femmes comme on chasse du
J’ai été follement amoureuse d’un roux, gibier. Un homme réservé comme l’est mon
David. En plus d’être nerd, il s’intéressait à la François. Un homme qui ne tient pas son
biologie et à la nature. Il pouvait attraper des charme pour acquis. Un homme qui a suffi­
papillons pour en faire une collection. Il les samment confiance en lui pour me faire rire
épinglait, écrivait soigneusement leur nom et pour m’inviter chez lui, mais qui ne prend
et les affichait dans de magnifiques cadres. pas la chance de m’embrasser le premier.
Un gars roux qui épingle des papillons
et qui connaît leur nom latin par cœur, ça UN HOMME QUI N’A PAS PEUR
me charme. Quand David arrêtait sa voi­ DU RIDICULE, COMME MON FRANÇOIS.
ture le soir, sous la pluie, pour attraper
des grenouilles et m’expliquer d’où elles Un homme qui peut rire de lui-même et qui
venaient et comment elles vivaient, j’étais peut rire de moi. Un gars comme François,
totalement séduite. qui fait rire les gens sur une scène, mais qui
ne veut pas que toute l’attention soit portée
J’aimerais avoir un peu de David dans celui sur lui lorsqu’il est en groupe. Un homme qui
qui me fera un enfant. regarde discrètement les femmes sans avoir

MÈRE ORDINAIRE – 28
l’air d’un dépravé sexuel ou d’un chihuahua Je connais très bien les délais pour mener
en rut. Un homme qui ne pue pas la testosté­ à bien cette démarche, mais je pose quand
rone. Un homme doux et réservé. Un homme même la question.
qui n’a pas besoin de parler fort pour être un
homme. Comme mon François, un gars qui – Environ deux ans.
me fait rire aux larmes et qui ne peut pas
chicaner un enfant. Un homme qui sauve – Et le taux de réussite ?
la vie d’un chaton et qui adopte un chien
abandonné. – Ça varie, mais les chances ne sont pas très
élevées.
COMME MON FRANÇOIS, UN HOMME
AU GRAND CŒUR, QUI PARTAGE SANS What ? Attendre deux ans sans avoir de bonnes
COMPTER ET QUI FAIT PASSER SA chances de tomber enceinte ?
FAMILLE EN PREMIER.
No way !
En m’imaginant ce donneur parfait, je me
rends compte que je dois faire des compro­ Pour moi, c’est trop long, c’est trop compliqué,
mis. Je ne peux pas tout avoir. Et mon chum et les chances de réussite sont trop minces.
est d’accord avec moi. Il faut ce qu’il faut.
Je jette donc les formulaires de la clinique
Je me pose trop de questions pour lesquelles de fertilité à la poubelle et j’entame des
je n’ai pas de réponses. Encore du temps de recherches pour savoir quelles sont les
perdu. autres façons de devenir maman.

J’appelle l’infirmière de la clinique. Elle Mes recherches m’amènent à m’informer sur


m’explique le parcours à suivre pour avoir l’adoption au Québec. Ça semble être LA solu­
accès à une insémination artificielle avec don­ tion pour moi. •
neur : consultation médicale, tests sanguins,
évaluation psychologique, échographies, tests
de fertilité, traitements hormonaux, choix
du donneur, etc.

GROSSESSES DU CŒUR – 29
CHOISIR L’ADOPTION
AU QUÉBEC
JE VEUX EN SAVOIR DAVANTAGE SUR L’ADOPTION leur sécurité, leur santé ou leur développe­
AU QUÉBEC. Je passe 12 heures consécutives ment étaient compromis. Le risque qu’ils
devant mon écran d’ordinateur. Je lis tous soient abandonnés par leurs parents est
les blogues, je visite les sites Web de tous les élevé. En d’autres mots, la famille biologique
centres jeunesse du Québec et tous les sites de ces enfants ne peut pas s’occuper d’eux
de référence sur le sujet. convenablement.

Le lendemain, je fais quelques appels pour Le Directeur de la protection de la jeunesse


obtenir des réponses à mes questions. Je com­ (DPJ) confie donc ces enfants à des familles
prends désormais ce qu’est le programme qui ont été acceptées. Après environ un an, si
Banque-mixte. les parents biologiques sont toujours inaptes
à prendre soin de l’enfant, il peut être adopté
Après plusieurs évaluations, les familles par la famille.
acceptées dans le programme attendent d’être
jumelées à un enfant. Oui, il est possible que l’enfant retourne dans
sa famille biologique. Je ne connais pas les
Les enfants qui sont placés en Banque-mixte statistiques, mais ce risque ne freine pas mon
ont été retirés de leur milieu familial, car élan. Cette option semble être celle qui nous

MÈRE ORDINAIRE – 30
« Cette option semble être celle qui nous
convient le mieux. Je la présente à François,
qui trouve l’idée excellente. »

convient le mieux. Je la présente à François, On nous explique aussi que les enfants
qui trouve l’idée excellente. On s’inscrit aus­ peuvent avoir des rencontres ponctuelles
sitôt à la rencontre d’information. avec leur(s) parent(s) biologique(s). Que la
période qui suit ces rencontres est difficile.
En toute honnêteté, les rencontres, c’est vrai­ Que c’est une étape vraiment éprouvante,
ment la partie plate du programme Banque- tant pour l’enfant que pour la famille d’ac­
mixte. Il y en a deux, qui sont d’une platitude cueil, mais on doit passer par là.
sans nom. Même un film français est plus
divertissant. Mais c’est ce qu’on doit faire On nous parle aussi de la valise de l’enfant.
pour avoir notre bébé. On n’a pas le choix. Cette valise qu’il porte et qui contient tout
son vécu. Parfois lourde, elle sera difficile
Au cours de ces rencontres, on nous explique à alléger. Seul le temps y arrivera.
que, lorsqu’un enfant est placé en Banque-
mixte et que son profil est sombre, c’est-à-dire Ce concept de valise, que nous traînons tous
que les chances qu’il retourne dans sa famille d’ailleurs, est facile à concevoir. Par contre,
biologique sont faibles, le DPJ cherche une lorsqu’on devient une famille Banque-mixte,
famille qui pourra les accueillir pour toute on constate à quel point la valise est parfois
leur vie. très lourde pour un si petit enfant. •

GROSSESSES DU CŒUR – 31
LES RENCONTRES
D’INFORMATION
ET LES ÉVALUATIONS
IL Y A EU LES FORMULAIRES À REMPLIR, puis les évaluations à subir.
Un an de rencontres et de multiples formulaires.

Pour moi, tout ça, c’est une formalité. Je termine chaque devoir
en cochant une case sur la liste interminable des étapes qui me
séparent de mon enfant.

Les évaluations portent sur la force de notre couple, sur notre


capacité à surmonter des épreuves, à s’entraider et à former une
équipe solide. Le Centre jeunesse veut aussi s’assurer que nous
allons passer au travers des différentes étapes de l’attachement
avec ce petit inconnu. À ce moment, on ignore à quel point on va
devoir être forts pour créer ces liens et devenir les parents d’un
enfant adopté.

Heureusement, on a passé au travers de ce long processus avec


succès. Je peux donc me préparer à vivre ma grossesse du cœur.

MÈRE ORDINAIRE – 32
Je me rapproche de plus
en plus du jour où j’aurai
un bébé, mon bébé.

MÈRE ORDINAIRE – 33
ENCEINTE DU CŒUR
EN FRANCHISSANT TOUTES CES ÉTAPES, sans le savoir, je suis tombée
enceinte du cœur.

Tranquillement, j’imagine ma future famille. Je la dessine dans


ma tête.

J’AI LA CERTITUDE QUE MES ENFANTS SERONT


DES PETITS À LA PEAU COULEUR CHOCOLAT.

Quand j’ai un peu de temps, je regarde des images d’enfants noirs


sur Internet. Je me fais une idée de ce que pourrait avoir l’air mes
enfants. Et je lis des blogues sur le thème des parents adoptifs.

Je sais que je ne veux pas n’importe quelle famille : je veux une


famille avec quatre enfants adoptés, quatre histoires différentes,
quatre défis différents. Quatre petits êtres qui feront chacun leur
place dans notre famille, qui vont cheminer et qui vont développer
un lien fraternel malgré leur petite valise qui contient leur passé.

Je suis prête. Il me semble que je suis prête. Prête à relever le défi


d’être mère. •

GROSSESSES DU CŒUR – 35
L’APPEL QUI CRÈVE MES EAUX :
MÉLY
PEU DE TEMPS APRÈS LA DERNIÈRE RENCONTRE mon amie et, le surlendemain, une fois la
D’ÉVALUATION, je reçois un appel de notre tra­ chambre terminée, on s’envole pour Cuba.
vailleuse sociale : « Bonjour, je vous appelle
pour vous informer que vous avez été accep­ Je sais que ce voyage va me changer les idées
tés comme famille Banque-mixte. À partir et me permettre de relaxer. J’ai besoin de
d’aujourd’hui, nous pouvons vous appeler à cette pause entre le travail et la joie d’avoir
tout moment pour vous annoncer la venue été acceptée comme future maman.
d’un enfant. Alors, préparez la chambre, car
on ne sait jamais ! Les délais varient entre Pourtant, je n’ai pas relaxé...
un jour et un an. »
Parce que deux jours après mon arrivée à
Ça y est ! L’attente officielle commence. Cuba, en revenant de la plage, je trouve une
note sur mon lit : « Please, call back home. It’s
Le lendemain, on prépare déjà la chambre. an emergency. »
Et c’est à ce moment-là que je me dis que je
devrais prendre une semaine de vacances J’appelle François. Il répond en pleurant.
avant de devenir maman. J’appelle aussitôt Il n’arrive pas à parler tellement il pleure.

MÈRE ORDINAIRE – 36
Notre première rencontre avec Mély.
Nous étions loin de savoir à quel point
nous allions nous aimer et que c’était
le début d’une nouvelle vie pour nous trois.
n o u s a v o n s é t é
t p lu s d ’ u n a n , ,
Pendan l ’ au t r e . E n f u s i o n n a n t
n e à
soudées l’u lien le plus fort du monde.
s av o n s c r é é l e
nou
Dans ma tête, tout va très vite. Est-ce que À cet instant précis, plus rien n’existe. Il n’y a
ma grand-mère est morte ? Avec tout ce qui que moi et cette enfant que je ne connais pas.
se passe, j’ai complètement oublié d’aller la
voir avant de partir. Et ma grand-mère n’est pas morte. Mon scé­
nario n’était pas bon. Je vais devenir maman,
Alors je commence aussi à pleurer. J’aurais et elle va pouvoir rencontrer mon enfant.
tant voulu que ma grand-mère connaisse
mon futur bébé ! Le lendemain, je saute dans l’avion. Je sers
contre moi la poupée noire que j’ai ache­
– Chérie, faut absolument que tu reviennes tée spécialement pour elle à l’aéroport de
à la maison demain matin. On va avoir une Cuba. Je pleure en la regardant. Comment
fille, après-demain ! Elle a 18 mois. est ma fille ? Où est-elle ? Comment va-t-elle ?
Est-ce que quelqu’un va la border ce soir ?
– Hein ? A-t-elle mangé ce matin ?

– Marie-Josée, la travailleuse sociale, a télé­ Je suis maman. Je m’inquiète pour un bébé


phoné. On a notre fille ! Bianca, il faut que tu que je ne connais pas.
reviennes ! Je suis trop heureux, j’peux pas
rester tout seul avec ça. Une journée plus tard, je rencontre ma fille,
Mély, qu’on surnomme affectueusement
Au moment d’écrire ces lignes, je pleure. Mimi. Toute ma vie, je vais me souvenir de ce
Je me souviens exactement de ses paroles, que je faisais au moment précis où j’ai appris
de ses pleurs, puis des miens. Cette vague que j’étais maman.
de joie, de bonheur. Un sentiment que je n’ai
connu qu’en recevant ces appels. Ces appels J’ai vécu les mêmes appels pour mes deux
qui crèvent mes eaux à moi. Ces appels qui garçons. Chaque fois, j’ai pleuré. Chaque fois,
m’annoncent que je deviens maman. Les plus mes genoux ont plié et je me suis effondrée
beaux appels du monde. Les larmes de joie, en pleurant.
les larmes d’amour. Cette enfant que j’aime
déjà, sans même la connaître. En quelques Ces appels-là, ce sont mes accouchements
secondes, je suis devenue maman. du cœur.

GROSSESSES DU CŒUR – 39
JE VEUX UN AUTRE ENFANT :
RICCI
À L’ARRIVÉE DE MA FILLE, J’AI SU QUE JE VOULAIS UN la nuit et qu’on est dépassée par les défis à
AUTRE ENFANT. Les règles au Centre jeunesse relever avec un premier enfant. Folle comme
de Montréal sont claires : il doit y avoir un seule une mère peut l’être.
minimum de deux ans d’écart d’âge avec le
dernier enfant adopté, et on doit attendre un Au cours des six premiers mois passés avec
minimum de deux ans entre chacun d’eux. ma fille, j’ose croire au destin. Il a mis cette
petite fille dans ma vie, alors je sais qu’il en
Mély est arrivée le 2 avril 2011, à l’âge de mettra d’autres sur mon chemin.
18 mois. Je dois donc patienter jusqu’au
2 avril 2013 avant d’être éligible pour pou­ Pourtant, je ne croyais en rien avant l’arri-
voir accueillir un bébé de 18 mois ou moins. vée de Mély. C’est une fois devenue maman
que j’ai eu la certitude que la vie fait bien
Je commence à penser à mon deuxième bébé les choses.
environ 6 mois après l’arrivée de ma fille.
Malgré la tempête que je traverse avec elle, Cela fait maintenant six mois que ma vie avec
je pense au prochain enfant. ma fille est comme un tour de montagnes
russes. Pourtant, je remplis les documents
Il faut être folle pour penser à accueillir requis pour pouvoir accueillir un deuxième
un deuxième enfant quand on ne dort pas enfant quand le temps sera venu.

MÈRE ORDINAIRE – 40
GROSSESSES DU CŒUR – 41
Je ne choisis pas le sexe de mon enfant. suivi le même processus pour elle. Elle a pris
Ça m’est égal. Vraiment. Je me questionne conscience que nous avons eu très hâte de
beaucoup moins, aussi. Je suis maintenant la rencontrer, que nous l’avons attendue et
consciente qu’au fond, ce que je décide sur désirée.
papier a bien peu d’incidence sur la réalité.
À TRAVERS L’HISTOIRE DE SON FRÈRE,
À ce moment précis, je passe en mode ELLE CONNAÎTRA AUSSI LA SIENNE.
enceinte du cœur de mon deuxième enfant.
Cette fois-ci, ma grossesse va durer 18 mois. Je lui partage la fébrilité qui m’habite en atten­
dant mon deuxième bébé. Elle comprend ce
Pendant ces 18 mois, j’agis comme si j’étais que signifie être enceinte du cœur. Ce pro­
enceinte physiquement. Je parle souvent du chain bébé, je veux que nous l’attendions tous
bébé, de nos préparatifs, de comment il ou ensemble. Je veux que ma fébrilité la gagne,
elle sera, du moment de son arrivée, de notre elle aussi. Et ça a très bien fonctionné.
déménagement qui s’impose, parce que bien­
tôt, nous serons cinq avec le fils de François. Puis un jour, le téléphone sonne enfin. C’est
Je dois construire un nid pour cinq. le deuxième appel qui a changé nos vies à
jamais. Un appel qui nous informe qu’un
Je consacre donc ces 18 mois à apprivoiser petit garçon joindra nos rangs le jour de son
ma fille, mon rôle de mère et mon deuxième premier anniversaire.
enfant que je porte dans mon cœur.
On le rencontre pour la première fois dans sa
Six mois plus tard, quand on commence à famille d’accueil temporaire, où il attendait sa
chercher officiellement une nouvelle maison, nouvelle famille, c’est-à-dire NOUS. Je m’en
j’annonce à ma fille que je vais avoir un autre souviens comme si c’était hier...
enfant. Elle est ravie de savoir qu’elle aura un
frère ou une sœur. Elle me questionne beau­ Dès qu’il a vu François, ça a cliqué. Il a tout
coup sur le « comment ». de suite adopté mon chum. Tout s’est fait
en douceur, de façon naturelle et quelques
Je lui explique donc les démarches que j’ai minutes après notre arrivée, il était dans les
entreprises, lui mentionnant que nous avons bras de François.

MÈRE ORDINAIRE – 42
Deux jours après cette visite, on peut le Quelques instants plus tard, il fait officiel­
ramener à la maison. Son départ de la lement partie du clan Massicotte-Longpré.
famille d’accueil est touchant et difficile.
Ricci a passé un certain temps avec eux, Dans nos cœurs de parents, ce petit est le
et il était beaucoup aimé. Au moment nôtre. Sans même le connaître, nous l’ai-
où il doit partir, la famille d’accueil est mons déjà. Le temps fera grandir cet amour
présente pour lui dire un dernier au revoir. encore plus.
Personne ne peut retenir ses larmes. Nous,
on pleure car on sépare ce petit bonhomme Ricci est maintenant officiellement le petit
de ces gens si aimants. frère de Mély. Ces deux-là deviendront insé­
parables, et proches comme seuls frères et
Mais on sait que, pour Ricci, c’est le début sœurs peuvent l’être. •
d’une nouvelle vie.

GROSSESSES DU CŒUR – 43
MON BÉBÉ NAISSANT :
BILLY
DÈS LE DÉBUT DU PROCESSUS, mon chum et moi Finalement, le grand jour arrive. Une femme
sommes sur la liste d’attente (interminable !) qui a décidé de donner son enfant en adoption
pour accueillir un bébé naissant. Depuis le a accouché. Sans le savoir, nous étions jume­
jour où nous avons décidé d’être famille lés à cet enfant. Nous sommes donc devenus
Banque-mixte, il s’est écoulé sept ans. Sept parents sans préavis.
belles années durant lesquelles nous avons
adopté Mély et Ricci. Ma travailleuse sociale m’appelle :

Pis moi, j’me souviens pas toujours de ce – Bianca, est-ce que François est là ? J’ai
que j’ai fait y a sept ans… quelque chose d’important à vous annoncer.

Puis un jour, notre travailleuse sociale nous – Non, il est en tournage.


contacte pour nous informer que, ENFIN !,
nous sommes les prochains sur la liste – Alors tu lui téléphoneras après mon appel
d’attente. Être les prochains, ça ne veut pas pour partager cette nouvelle.
nécessairement dire bientôt, puisqu’il peut
se passer une année entière sans qu’un seul – Qu’est-ce qui se passe ?
nourrisson soit donné en adoption à la nais­
sance. Sachant cela, François et moi, on sait – Eh bien, tu as accouché du cœur ! Le bébé
qu’on ne doit pas attendre cet enfant au quo­ est en bonne santé, il a sept jours, il est né
tidien. Mais c’est plus fort que nous. à terme et il n’a aucun problème de santé.
Il vous attend à l’hôpital.
Donc les deux premières semaines, on y pense
tout le temps. Puis on se dit que ça arrivera Je m’effondre. Couchée sur le sol, je pleure
quand ça arrivera. comme un bébé. Un bébé naissant.

MÈRE ORDINAIRE – 44
Un nouveau-né m’attend à l’hôpital. Mon Un mélange de joie et de peur, celle de ne pas
bébé… En une fraction de seconde, je suis être à la hauteur.
devenue maman pour la troisième fois.
Je raccroche avec ma TS et j’appelle mon
Tout ce à quoi je pense, c’est : « Je ne suis pas chum. J’ai tellement hâte qu’il revienne à la
prête, je ne serai pas capable de m’occuper maison pour partager ce moment avec moi !
d’un nouveau-né. » Mais je dois vite me remettre de mes émotions,
car je n’ai pas ce qu’il faut pour accueillir un
Je n’entends plus rien de ce que me dit ma si petit bébé. Je n’ai strictement rien.
travailleuse sociale au bout du fil. Je pleure,
la tête écrasée sur le plancher de céramique. Je vais donc à la friperie du coin.

Je reprends le contrôle de mes émotions. « Pouvez-vous me préparer un kit pour l’ar­


rivée d’un bébé naissant ? Demain, à midi,
Sans savoir pourquoi, depuis plusieurs mois, je vais avoir un bébé et je n’ai rien du tout. »
j’ai le pressentiment qu’il s’agira d’une petite
fille. Cette intuition qui m’habite est si forte
que j’ai d’ailleurs gardé tous les vêtements et
accessoires pour filles, et je me suis débarras­
sée de ceux pour garçons. Je suis persuadée
que je vais avoir une fille.

Je sèche mes larmes et je lui demande :

– C’est une fille, hein ?

– Non. Demain midi, vous venez chercher


votre petit garçon à l’hôpital.

Quoi ? Un gars ! Ô mon Dieu ! Je suis encore SAC DE COU CHES. Je l’ai
Ç A, C’EST MON sacoche !
moins prête que prévu. Je pleure à nouveau.
urd’h ui; c’est ma
encore aujo

GROSSESSES DU CŒUR – 45
La vendeuse ne me pose pas une seule ques­ aussitôt, on me met dans les bras un tout
tion. Elle prépare tout le nécessaire, de A à Z. petit bébé, tout délicat et si fragile, en me
De retour à la maison, en déballant les paquets, disant : « Votre fils. » Je n’ai jamais tenu un si
je remarque qu’elle a inclus un tire-lait et un petit bébé. Je pleure. Faire la connaissance
coussin d’allaitement. C’est trop drôle ! Elle de mon fils pour la première fois, alors qu’il
a peut-être cru que j’étais enceinte sans que est si jeune, est un sentiment indescriptible.
ça paraisse !
En le regardant pour la première fois, j’ai
Ce soir-là, je ne peux m’empêcher de penser une pensée pour la mère biologique. Je sais
à la femme qui a mis au monde mon petit. qu’elle ne l’a pas pris dans ses bras et qu’elle
J’ai beaucoup de respect pour chacune des n’a pas posé son regard sur lui. C’est son choix,
mères biologiques de mes enfants. Ce sont et je le respecte. À ce moment précis, je le
elles qui m’ont « donné » les plus beaux regarde et je remercie cette femme. J’aurais
cadeaux du monde. On ne peut pas imagi­ voulu lui dire que je lui jure de m’occuper de
ner ce que vit une mère qui décide de confier ce trésor pour le reste de ma vie. Qu’elle peut
son bébé aux services d’adoption avant vivre en paix. Qu’elle ne s’inquiète pas, parce
même qu’il soit né. Personne ne peut ima­ que son fils, notre fils, sera aimé et en sécurité
giner pourquoi une mère décide de ne pas pour toujours.
voir son poupon après l’accouchement. Ces
femmes, qui prennent une telle décision, le Je pense aussi à cette chance que nous avons.
font en espérant tout le meilleur pour leur Elle ne nous a pas choisis, François et moi.
enfant. Mais j’aurais voulu qu’elle nous voie, juste
une fois, tous ensemble, pour être en paix
Je suis maintenant responsable de donner avec sa décision.
le meilleur qui soit à ce bébé. C’est une
responsabilité immense, que je vais devoir J’aurais voulu lui dire que, au moment où cet
assumer toute ma vie. enfant a été déposé dans mes bras, j’aurais
donné ma vie pour lui. Lui dire que depuis
Le lendemain, je vais à la rencontre de mon le premier jour, notre clan l’a adopté. Lui dire
Billy. À l’unité des naissances, un membre que depuis notre passage à l’unité des nais­
du personnel me demande de m’asseoir et, sances, il a une famille.

MÈRE ORDINAIRE – 46
« Au moment où cet enfant
a été déposé dans mes bras,
j’aurais donné ma vie pour lui. »

GROSSESSES DU CŒUR – 47
« Billy fait officiellement partie de notre clan.
Le clan des Massicotte-Longpré. »

Il a un père et une mère qui ne l’abandonne­ parce que le processus a été long et parfois
ront jamais. Une fratrie pour la vie. Une difficile. Comme moi, ils pensent à la mère
famille élargie sur qui il peut compter. Il biologique qui leur a permis d’être parents,
sera aimé. et ils voudraient tellement pouvoir la remer­
cier et la rassurer.
Je pense souvent à toutes les femmes qui ont
fait le choix de confier leur enfant aux services CHAQUE JOUR, QUAND JE PRENDS
d’adoption dès la naissance. Je sais qu’elles MON BILLY DANS MES BRAS,
doutent parfois d’avoir fait le bon choix. JE REMERCIE LA VIE D’AVOIR
LA CHANCE D’ÊTRE SA MÈRE.
Je sais que je ne saurai probablement jamais
qui est la mère biologique de mon Billy, mais Et je sais que celle qui a fait le choix de le
j’aimerais dire à toutes les mères qui ont fait confier en adoption ne regretterait pas de
ce choix, ou qui ont un jour consenti à l’adop­ l’avoir fait en le voyant si heureux.
tion, que plusieurs histoires sont similaires
à la mienne. Que plusieurs mères et pères François, Billy et moi sommes rentrés à la
adoptifs aiment leurs enfants, qu’ils donne­ maison. Deux parents avec le cœur gonflé
raient leur vie pour eux, qu’ils se donnent d’amour et les yeux remplis de larmes.
corps et âme pour les faire grandir, comme Rapidement, Mély et Ricci ont fait la ren­
s’ils étaient leur propre sang. contre de leur nouveau petit frère. Une
minute plus tard, mini Billy fait officiel­
Comme moi, la majorité des parents adop­ lement partie de notre clan. Le clan des
tifs éprouvent beaucoup de reconnaissance, Massicotte-Longpré. •

GROSSESSES DU CŒUR – 49
Bali (Indonésie), 2014

Sur cette plage, ma fille admirait le soleil


se coucher tous les soirs. Quand elle regardait
vers le large, j’avais l’impression qu’elle
regardait vers son propre avenir.
PROMESSE
À MA FILLE
UN JOUR, JE DEMANDE À MA FILLE : Mais au plus profond de moi, j’aurais voulu la
porter, ELLE. Pas un autre enfant biologique.
– Mimi, aimerais-tu que maman ait un bébé J’aurais voulu qu’elle soit de moi. J’aurais
dans son ventre ? voulu faire une enfant aussi belle. J’aurais
voulu qu’elle porte mes gènes. J’aurais voulu
Sa réponse est claire. pouvoir lui donner la vie. Avec sa peau brune
et ses beaux grands yeux, avec sa vivacité
– Non ! et son caractère, cette fille aurait pu être de
moi. Et je sais qu’à trois ans, en me le deman­
Quand je lui demande pourquoi, elle me dit dant, elle l’aurait souhaité, elle aussi. Elle aurait
que si elle n’a jamais pu aller dans le mien, aimé que je sois sa mère biologique.
personne ne peut y aller. Qu’elle veut y aller,
elle, dans mon ventre. Elle me dit, avec ses Au nombre de fois où elle me demande quand
mots d’enfants : elle deviendra beige, comme moi, je sais
que ça lui manque. On veut tous ressembler
– Moi, maman, j’aimerais ça y aller dans ton à notre mère, à notre famille.
ventre avant d’être trop grande. Pourquoi tu
dis non ? Quand je lui explique qu’elle ne pourra jamais
aller dans mon ventre et que je lui promets
À ce moment-là, j’ai réalisé que j’aurais aimé que tous ses frères et sœurs n’y iront pas non
être enceinte de ma fille. J’aurais aimé la plus, je lui promets une chose qui, encore
porter, la sentir bouger en moi. aujourd’hui, lui tient à cœur : je ne porterai
jamais d’enfant. Jamais je ne voudrais qu’un
Je ne regrette pas l’adoption, au contraire. autre enfant ait la chance d’être plus proche
Encore aujourd’hui, je sais que c’est la façon de moi que ma fille. Aussi bête que ça puisse
d’être mère qui me convenait le mieux. paraître. •

GROSSESSES DU CŒUR – 51
LA VEILLE
DU TRIBUNAL
ADOPTER UN ENFANT VIA LA BANQUE-MIXTE, ça Les travailleuses sociales nous encouragent
implique un passage devant le tribunal pour en nous disant que le dossier est solide et que
espérer en avoir la garde. La veille de ce jour la mère n’a pas fait ce qu’il fallait pour obtenir
déterminant est un enfer. C’est souvent à la garde de son enfant. Mais elles ne peuvent
ce moment qu’on apprend officiellement si pas nous garantir quoi que ce soit. Elles nous
« notre » enfant sera le nôtre. confient que, en 20 ans de carrière, plus rien
ne peut les surprendre.
Malgré ma crainte, la veille de cette date fati­
dique, je fais exactement comme si de rien Même avec notre dossier, plusieurs dénoue­
n’était. Après tout, je sais que ce moment ments sont possibles. La veille du tribunal,
va arriver, mais je n’ai pas vraiment pensé à toutes les possibilités me passent par la
comment j’allais passer au travers. tête… Surtout les histoires d’horreur que les
gens racontent. Des situations où les enfants
La veille d’aller au tribunal, chaque fois, retournent dans leur famille biologique, alors
François et moi faisons exactement comme que cette dernière n’est pas vraiment en mesure
s’il n’y a pas de lendemain, comme si demain de les accueillir. Les fois où la déchirure est
est un jour comme un autre. Mais ce ne l’est telle que le couple ne s’en remet pas. Les cas
pas. Demain, le dossier de mon enfant va qui brisent le cœur... Ce soir-là, je les passe en
passer au tribunal. Un juge va trancher s’il boucle dans ma tête.
restera avec nous jusqu’à ses 18 ans ou s’il
retournera dans sa famille biologique. Il va Je suis humaine. Plus le temps passe, plus je
aussi décider s’il y aura des rencontres entre m’attache à mon enfant. Si bien que la veille
mon enfant et sa mère biologique. En gros, du tribunal, plus d’un an après son arrivée, je
il va décider de l’avenir de mon enfant et du souhaite qu’il reste avec nous. Pour toujours.
nôtre. C’est normal, vous me direz, mais pas tant.

MÈRE ORDINAIRE – 52
MON ENFANT

« Demain, le
d o
e n f a nt v a p a s s i e r d e m o n
s
Un juge va tr ser au tribunal.
a n c
avec nous jus her s’il restera
q u ’ à
ou s’il retour es 18 ans s
sa famille bio dansn e r a
l o g i q ue . »
J’ai souvent pensé que j’étais égoïste de penser La possibilité que l’on puisse un jour être
ça. Que je ne devais pas souhaiter que les séparés ne me quitte jamais l’esprit. J’y pense
parents biologiques de mes enfants ne soient tout le temps, mais je n’en parle pas. François
pas en mesure de les reprendre. Je ne peux aussi évite le sujet. C’est comme si le fait de ne
pas souhaiter de malheurs aux gens qui nous pas en parler nous éloigne de cette possibilité.
ont donné le plus beau des cadeaux.
François ne sait pas que je pleure quand je
Je ne peux pas souhaiter qu’une mère biolo­ pense à ça. Il ne sait pas que je chante en
gique ne puisse pas revoir son enfant. Même secret la berceuse créole de Doualé à mes
si cet enfant est devenu le nôtre. enfants, simplement parce que, s’ils me
quittent, ils se souviendront de moi, car l’air
La veille de chacune des fois où nous sommes de cette comptine sera inscrite dans leur tête,
allés au tribunal, j’ai dit à ma famille : dans leur cœur.

« SI MON BÉBÉ RETOURNE DANS SA Je conditionne le cerveau de mes enfants pour


FAMILLE, JE NE VEUX VOIR PERSONNE que quelques souvenirs banals restent dans
PLEURER. JE VEUX QUE CE SOIT CLAIR. leur mémoire à tout jamais. La même chanson,
JE NE VEUX JAMAIS SENTIR VOTRE la même caresse, le même « je t’aime » avant
PEINE OU VOTRE PITIÉ. J’AURAI le dodo, juste pour qu’ils aient des habitudes
BIEN ASSEZ DE MA PROPRE de moi si un jour ils me quittent. Je n’en parle
DOULEUR À GÉRER. » pas, parce que j’ai un peu honte de le faire.

Quand on est une famille Banque-mixte, la J’ai honte, parce que j’ai embarqué dans cette
peur de « perdre » l’enfant est omniprésente. aventure en acceptant tous les risques, mais
je sais que je ne serai pas assez forte pour
Depuis le premier jour où mon enfant est vivre une séparation.
entré dans ma vie, je n’ai pas vécu un seul
jour sans y penser. Quand mon enfant me Ce fameux soir-là, la veille du tribunal, j’en­
dit « Maman, je t’aime », quand il se colle sur dors mon enfant en lui chantant ma berceuse,
moi ou sur François, quand il crie, quand à genoux à côté de son lit. Puis, une fois qu’il
il ne veut pas laisser partir sa mamie… dort paisiblement, je pleure.

MÈRE ORDINAIRE – 54
Je pleure parce que je suis égoïste de vouloir Ce soir, je suis étouffée par les sanglots. Les
le garder près de moi. Je devrais me réjouir plus douloureux de ma vie. Un poignard me
qu’il puisse être réuni avec sa « vraie » mère. transperce le ventre. Je pleure de peine et
de douleur. J’ai peur de demain. S’il part, je
Mais je n’y arrive pas. Je ne peux pas vrai­ ne m’en remettrai jamais. Je ne pourrai pas
ment me réjouir de son départ. vivre sans lui. Je me mets à imaginer ma vie
sans cet enfant. Je ressens la douleur que je
Dans l’obscurité, les yeux fermés, je demande vivrais le jour de notre séparation, le jour où
pardon à sa mère. Je m’excuse de vouloir je le verrais partir. Je délire de peur.
garder son bébé près de moi, de souhaiter
qu’il reste mon enfant. Les yeux fermés, je PUIS, AVANT DE TOMBER
lui parle de notre bébé, de ce qu’il est devenu, ENDORMIE DANS MES PLEURS,
des projets que nous avons planifiés pour lui, JE REMERCIE CETTE FEMME
de son avenir. Je lui décris sa chambre, ses DE M’AVOIR DONNÉ LE PLUS
chiens, sa mamie. En pleurant, dans ma tête, BEAU CADEAU DE LA VIE.
je la supplie de laisser partir son bébé, de me
le confier, d’accepter qu’il reste avec nous. Et je m’endors, comme ça, en pleurant à
genoux au chevet de mon enfant comme
Je tente de la convaincre qu’il s’agit d’un geste une fille de dix ans qui fait une prière pour
d’amour envers son bébé. Je lui explique que, demander une faveur au petit Jésus.
après tout le temps passé à ses côtés, je crois
que c’est ce qui est le mieux pour lui. En san­ Chaque fois, la veille du tribunal, je vis ça. Il
glots, je m’excuse de ne pas être objective. y a eu une fois, parmi les trois, où j’ai eu plus
Je m’étais pourtant toujours promis de l’être. peur. La peur qu’on m’arrache la partie la plus
Je ne l’étais plus. Je devenais égoïste. Je pen­ importante de ma vie.
sais à mon amour pour mon enfant.
Juste une mère Banque-mixte peut vivre ça.
Je ne veux pas le laisser partir, mais je Et ça, ça fait partie de mes plus gros défis
demande pourtant à sa mère de le faire. de mère adoptive. L’épée de Damoclès qui
Je me déteste. est au-dessus de ma tête jusqu’au jour du
tribunal. •

GROSSESSES DU CŒUR – 55
LE JOUR DU TRIBUNAL
PAR SOUCI DE CONFIDENTIALITÉ, ce descriptif de ma journée au tribu­
nal est un mélange de mes trois histoires. Mais les émotions sont
les mêmes. Les faits sont véridiques.

La Chambre de la jeunesse (le tribunal pour les jeunes) est un


endroit que l’on veut éviter à tout prix. Si on y va, c’est générale­
ment mauvais signe. Dans mon cas, je ne sais pas si c’est une bonne
ou une mauvaise chose.

La nuit dernière, je me suis réveillée en sursaut, couchée sur le


sol, au pied du lit de mon enfant, puis une fois dans mon lit, je n’ai
plus réussi à trouver le sommeil. Ma nuit a été agitée : j’ai tourné
de tous les côtés sans trouver une position confortable, j’avais soit
trop chaud, soit trop froid…

Ce matin, je suis fatiguée, épuisée. François, lui, a l’air frais et dispo.


Il est beaucoup plus zen que moi. Il n’a presque aucune inquiétude.
Il est certain que notre bébé restera avec nous.

« Je suis un gars de statistiques. Les stats sont de notre bord.


92 % des enfants restent dans leur famille d’accueil. Il va rester. »

Pour François, cette audience n’est qu’une formalité. Le 8 % ne


l’inquiète pas. Il croit fermement que la mère biologique de l’enfant
n’a pas suffisamment progressé, donc que le jugement ne sera pas
en sa faveur. Pour moi, 8 %, c’est trop. S’il y a un risque, aussi faible

MÈRE ORDINAIRE – 56
soit-il, il y a un risque pour nous. Surtout ce sur son bureau. Sonia, son mari et leurs deux
matin-là. Ce matin-là, tout peut arriver. enfants, souriants, dans un jardin. Ils ont l’air
heureux.
Avant l’audience, François et moi rencontrons
Sonia, notre avocate. Elle nous explique qu’il Elle a une famille « normale ». Elle ne risque
y aura trois avocats. Le premier défend les pas de perdre ses enfants. Ils seront là lors­
droits de l’enfant, donc s’assure que les argu­ qu’elle rentrera du travail, tout comme à Noël
ments présentés favorisent son bien-être et à Pâques.
global. Le deuxième représente la mère bio­
logique. Si elle veut obtenir la garde de son Pourquoi me suis-je mise dans cette situa-
enfant, il défendra ses intérêts, et ce, même tion ? Qu’est-ce que je cherchais à combler
s’il sait que ce n’est pas dans l’intérêt fonda­ quand j’ai décidé de me lancer dans cette
mental du petit. La troisième, Sonia, repré­ aventure ?
sente le DPJ, donc présente le point de vue
des travailleuses sociales. Elle connaît le – Alors ? Ça vous va ?
dossier de notre petit depuis sa naissance.
Puisque Marie-Josée, notre travailleuse Je me rends compte que mon esprit vaga­
sociale, recommande que l’enfant reste défi­ bonde et que je n’ai aucune espèce d’idée de
nitivement dans notre famille, elle plaidera quoi elle parle.
en notre faveur.
– Oui, ça me va. J’ai confiance (ai-je menti).
Elle est jeune et dynamique. Une brunette
souriante qui m’inspire confiance. Son bureau Elle nous informe que l’on doit s’en tenir au
est si petit que nous ne pouvons pas tous strict minimum lorsqu’on répond à une ques­
nous asseoir. Je suis nerveuse. Sonia nous tion, et qu’on doit le faire en regardant la
expose les arguments qu’elle fera valoir à la juge, même si elle est posée par un avocat.
Cour pour que notre enfant reste avec nous Elle précise qu’on ne doit pas avoir peur de
jusqu’à ses 18 ans : manque de soins, manque faire répéter la question si on ne la comprend
d’intérêt, absence de lien significatif entre pas, et que tout ira bien. Elle conclut en nous
la mère et lui… Je ne l’écoute pas vraiment. disant qu’on doit patienter jusqu’à ce que
J’observe plutôt le portrait de famille posé notre cause soit appelée.

GROSSESSES DU CŒUR – 57
En début d’après-midi, après plusieurs heures Je ne suis jamais entrée dans une salle d’au-
d’attente interminables, Sonia vient finale­ dience. Je ne sais pas à quoi m’attendre. Je
ment vers nous et nous dit : « François, c’est ne sais pas si ça sera impressionnant et inti­
votre tour. » midant, comme dans les films américains.
Va-t-il y avoir des gens du public ? Est-ce que
Je me retrouve donc seule avec ma nervosité l’ambiance sera aussi misérable que lorsqu’on
pendant quarante-cinq minutes. va contester un constat d’infraction ?

QUARANTE-CINQ MINUTES ! Toute seule J’entre dans la salle.


avec pu-de-batterie-de-iPhone : c’est long.
La juge, une femme dans la quarantaine, est
Je me promène, je vais aux toilettes, j’achète assise sur l’estrade, au fond de la pièce. Elle me
une canette de Coke, je me replace les che­ sourit. À ma gauche se trouve Sonia, accom­
veux, je fais des jumping jacks, je me remets du pagnée d’une travailleuse sociale. À ma droite
déo, je retourne aux toilettes, je re-rachète se trouve l’avocat de la mère biologique, un
une canette de Coke, je tourne en rond en homme au regard désagréable qui sent la
marchant, puis en courant, je retourne aux toi­ cigarette à plein nez. À ses côtés, la mère.
lettes... Puis les portes de l’ascenseur s’ouvrent, Elle ne me regarde pas.
et je vois finalement François et Sonia.
« Madame Longpré, nous allons commencer. »
– C’est maintenant votre tour, Madame
Longpré. Devoir parler de mon enfant devant sa mère
biologique est atroce. Les questions, qui sont
– Hey ! Minute là… François, comment ç’a été ? froides, directes et sans douceur, sont d’une
extrême rudesse pour nos cœurs de mères.
– Super bien ! Ils m’ont demandé si je voulais J’ai l’impression d’être dans un univers paral­
qu’il reste avec nous, quelques dates impor­ lèle. J’ai de la difficulté à parler.
tantes, et c’est tout.
Les questions se multiplient. Je garde mon
Fiouuuuuuuuu ! Ça allait être facile. FA-FA, sang-froid. Mais quand on me demande de
comme dit ma plus vieille. démontrer l’impact négatif qu’ont les visites

MÈRE ORDINAIRE – 58
« familiales » sur mon bébé, je dois arrêter de à vous dire que j’aime cet enfant comme si
parler. Je réponds à la question en pleurant. c’était le mien. Je suis prête à m’engager à
Alors la mère biologique se met à pleurer. J’ai prendre soin de lui pour le reste de sa vie. »
l’impression que je vais m’évanouir. Plus je
donne des détails, plus je pleure, et plus je Je regarde la mère dans les yeux, et j’ajoute :
fais souffrir la mère. On me demande ensuite « Si c’est votre décision, si vous décidez que
si mon enfant parle de sa mère à la maison. c’est dans l’intérêt de l’enfant, je voudrais
« Non. » La réclame-t-il ? « Non. » Vous appelle- être sa mère. »
t-il maman ? « Oui. »
Je quitte la salle. Marie-Josée m’attend.
À mon avis, ces questions ne sont pas néces­
saires. Pourquoi me demande-t-on de dire de – Ç’a bien été ?
telles choses devant sa mère ? Aucun parent
d’accueil ne devrait avoir à faire ce genre de – Oui, oui…
témoignage.
Je n’ai pas envie de lui dire à quel point ç’a
Je n’éprouve aucune haine envers les mères été difficile. Je dois être forte. Après tout,
biologiques de mes enfants. Au contraire, je me suis mise dans cette situation.
je voudrais les prendre dans mes bras, les
remercier et m’excuser. Je ressens plutôt un Elle m’informe qu’une décision ne pourra pas
mélange d’empathie et de sympathie. Je ne être rendue aujourd’hui, car la totalité de la
veux en aucun cas les blesser. preuve n’a pas pu être présentée. Une autre
date sera fixée. Encore de l’attente.
Les yeux de la mère biologique sont remplis
de larmes. Son regard me tue. Chaque mot L’attente est longue, mais chaque fois, elle
qui sort de ma bouche l’éloigne davantage se termine par une réponse positive. Chaque
de son bébé. Elle doit me haïr. fois, elle se conclut par l’adoption de notre
enfant.
L’interrogatoire dure deux heures. À la fin,
la juge me demande si je souhaite ajouter Aujourd’hui, mes trois enfants sont des petits
quelque chose. « Madame la juge, je tiens Massicotte-Longpré. •

GROSSESSES DU CŒUR – 59
LETTRE Mély, 4 ans
À TROIS MÈRES
L’ADOPTION DE MES ENFANTS A FINALEMENT EU LIEU. Certains diront
que je peux m’en réjouir. C’est vrai, une partie de moi se réjouit.
L’autre pense à vous.

Des années se sont écoulées depuis la dernière fois où vous avez


vu nos enfants. J’aimerais que vous sachiez à quel point ils sont
beaux, à quel point ils sont devenus souriants, gentils, débrouillards
et curieux. J’aimerais que vous sachiez qu’ils ont une belle grande
famille qui les aime. Ils ont des chiens, des chats et un hamster. Ils
ont deux grands-mères formidables, des oncles et des tantes qui
les aiment. Ils ont des parents qui sacrifieraient leur vie pour eux.
Ils ont un village qui les salue en chemin vers la piscine ou le parc.
Vos enfants sont bien entourés.

MÈRE ORDINAIRE – 60
Parfois, je voudrais que vous voyiez leur sou­ pleuré une partie de la nuit en pensant à vous.
rire. Comment ils grandissent. Comme elle est Grâce à vous, j’ai les plus beaux enfants du
bonne en dessin. Comme il est attentionné monde. Grâce à vous, je suis mère. Je n’au­
et doux. Comme elle est drôle et sportive. rais pas assez d’une vie pour vous dire merci
Comme ils ressemblent à chacune de vous. En d’avoir mis au monde ces trois enfants.
cachette, je vous regarde sur des photos et je
suis fière qu’ils aient vos yeux et vos sourires. Cette vie nous met parfois sur des chemins
La force de caractère de ma fille et la douceur difficiles, parfois sur des chemins faciles.
de mes gars, je le sais, c’est un peu de vous. Je n’ai aucun mérite de pouvoir offrir ce que
j’offre à nos enfants. Ma vie a été facile. Il y a
JE VOUS CONNAIS À TRAVERS EUX. 15 ans, jamais je n’aurais pu la leur offrir cette
vie, j’avais bien assez à m’occuper de moi. Je
Je pense souvent à vous, tous les jours en fait. veux que vous sachiez qu’on ne peut pas juger
Est-ce que je suis une bonne mère ? Est-ce quelqu’un sans avoir marché dans ses sou­
que vous seriez d’accord avec ma façon de liers et je n’ai jamais marché dans les vôtres.
les éduquer ? Tant de questions. Mais je peux
vous jurer que je fais de mon mieux. Plus Je me suis un jour promis de ne jamais juger
tard, si vous les rencontrez, je veux que vous les parents qui ne peuvent pas prendre soin de
soyez heureuses et fières d’eux. Je souhaite, leurs enfants. Je ne suis pas non plus à l’abri
du plus profond de mon cœur, avoir fait une de jours sombres, personne ne l’est.
bonne job de mère. Je sais que les enfants
sont la chose la plus précieuse que l’on ait. Pendant que nous continuons nos vies, j’ai ce
Je vous jure que je fais de mon mieux pour sentiment qu’un jour elles se croiseront. Je
vos enfants, pour nos enfants. n’appréhende pas ce moment. Je laisse la vie
suivre son cours. Elle fait bien les choses. •
Nos enfants, car depuis ce matin, ils ont pris
mon nom et celui de leur père et j’avoue, j’ai

GROSSESSES DU CŒUR – 61
Voici une année dans la vie de
Mère ordinaire. Suivez-moi !
DEUXIÈME PARTIE

Vie de
famille
MAMAN : n. f. Mamaaaaaaaaaaaan !

Femme qui accomplit bénévolement et quotidiennement,


grâce à la caféine, les tâches normalement réparties au sein
d’une équipe d’une trentaine de personnes, sans jamais
s’arrêter, pendant plus de 18 ans, par amour.

AUSSI APPELÉE : môman, maaaaaaan, mom.

SYNONYMES : sainteté ou superhéroïne.


LA NAISSANCE
DE MÈRE ORDINAIRE
MÈRE ORDINAIRE EST NÉE PENDANT MON TROISIÈME
CONGÉ PARENTAL. Je venais d’avoir Billy et, pour
la première fois de ma vie, j’étais à la maison,
sans travailler, avec le seul but de m’occuper
de mon bébé et de le garder en vie.

Et qu’on se le dise : le « congé » parental n’en


est pas un. Je dirais même que le mot congé
est très inapproprié. Parce qu’en réalité, on
se retrouve dans un camp de travail intensif.
On ne dort pas, on mange peu, on jongle avec
un bébé naissant et souvent d’autres enfants,
et pendant plusieurs semaines, on ne voit
presque personne, à part les membres de
notre propre famille.

Pendant ce faux congé, je suis souvent allée


sur Facebook. Sur mon fil d’actualité, je voyais
des statuts et des blogues de mères parfaites
qui semblaient en pleine forme et qui avaient
une maison bien rangée et décorée.

MÈRE ORDINAIRE – 64
« Avoir une vie ordinaire,
c’est pas plate ! Au contraire,
c’est ça, la vraie vie. »
J’en revenais pas. Comment était-ce possible Dans la deuxième partie du livre, je vous
que je sois à l’agonie, sans brassière depuis partage mon quotidien. Ensemble, on va
des semaines, alors que d’autres avaient l’air vivre une année de ma vie de Mère ordinaire.
de revenir de vacances ? Et ensemble, on va se déculpabiliser. Parce
que la vraie vie de maman, la vie ordinaire,
J’ai donc décidé de commencer à partager c’est celle qu’on vit toutes. C’est la vie qu’on
ma réalité de mère en faux congé. J’écrivais ne partage pas assez sur les réseaux sociaux.
des statuts de « vraie vie ». Je me suis mise
à publier des photos pas parfaites pantoute, Maintenant, on laisse tomber les grands
et j’ai vite réalisé que je n’étais pas la seule mots et les belles phrases. Je vous parle tel
qui vivait une maternité bien ordinaire. quel. Sans fla-fla. Je vous raconte ma vie ben
ordinaire dans un langage ordinaire.
J’ai nourri ce blogue pendant un an. Et j’ai
connecté avec beaucoup de mères ordinaires, Et comme nous, les mères, on a parfois de la
comme moi. broue dans l’toupet, j’espère vraiment que
mes anecdotes vous feront rire, et que vous
Le succès de Mère ordinaire est une surprise vous retrouverez dans les histoires de la vie
de la vie. Parce qu’on le sait toutes : avoir une d’une mère ordinaire. •
vie ordinaire, c’est pas plate ! Au contraire,
c’est ça, la vraie vie.

VIE DE FAMILLE – 65
Moi, j’règle ça,
les pommes !

Aller aux pommes, j’hais ça. Faque, soit ma mère


décide d’y aller, soit je lance aux enfants
« SURPRISE ! On va aux pommes avec SHREK ! »
Là, je sors un sac de pommes acheté à l’épicerie
en brandissant le dernier DVD de Shrek !
L’AUTOMNE
TROIS CONSEILS
POUR UNE RENTRÉE
BEN ORDINAIRE
1. L’ACHAT DU LINGE D’AUTOMNE,
ÇA PEUT ATTENDRE.
En septembre, il fait chaud. Les bermudas
J’te garantis que tu vas faire une bonne
impression. Comme ça, quand ton enfant
va manquer de crayons à mine ou que tu vas
vont faire la job tant qu’il fait plus de 15 C.
o
oublier de signer une dictée, il ne te jugera
Quand il fait 15 C en mai, mes enfants veulent
o
pas ! En passant, une pomme ou des biscuits
porter des bermudas; mais quand il fait 15 C o
faits maison, ça ne compte pas !
en septembre, ils veulent avoir des nouveaux
pantalons.

En résumé, à la rentrée, on leur fait porter


3. N’OUBLIE JAMAIS LA DATE
DES SÉANCES DE PHOTOS.
C’est LA date à ne pas oublier. Si t’es comme
des bermudas. En achetant leurs pantalons moi, tes enfants ne sont pas toujours habillés
plus tard, on gagne un mois de croissance. comme une carte de mode. Au contraire, ils
Ben quoi ? On économise là où on peut ! Tu portent souvent des t-shirts trop petits avec
vas voir : après un ou deux verres de vin, tu des imprimés de Ninja Turtles, ou des kits
vas trouver que c’est une excellente idée. qui ne fittent pas pantoute ensemble. Faque
cette date, elle est SUPER importante. Oui

2. L E PROF DE TON ENFANT EST TON


NOUVEAU MEILLEUR AMI.
Au lieu d’attendre le temps des Fêtes pour lui
madame ! Tu ne veux pas que ta progéni­
ture ait l’air d’une gang de p’tits pauvres sur
la photo de groupe. Programme six alarmes
donner un p’tit cadeau, commence l’année sur ton cell la veille de la journée photo. La
en lui offrant une p’tite pensée. Un chèque- veille, parce qu’il ne faut surtout pas que tu
cadeau ou une bouteille de vin abordable. sautes leur bain. •

MÈRE ORDINAIRE – 68
A NTOUT E
F F P
I R E P AS STI
I Q U E SOUR
MAGN I F

Les photos
méchante scolaires :
Cette anné charge mentale !
e, j’y ai pen
j’ai oublié d sé, mais
e faire prat
le sourire à i q ue r
mon 5 ans.
LA LISTE
SCOLAIRE :
LES ÉTAPES
1. AVANT DE COMMENCER, SERS-TOI UN VERRE
DE VIN. C’est le matin ? Mets une larme de
Baileys dans ton café. Pas plus ! Parce que
sinon, tu risques de faire trop d’erreurs.

2. RAMASSE TOUT LE STOCK SCOLAIRE QU’IL TE


RESTE DES ANNÉES PASSÉES, pis fais-toi une
Du tape pis un grosse pile sur la table. Tes enfants vont voir

Sharpie, ça fait
qu’il y a pas mal d’affaires qui peuvent encore
servir, et ils vont prendre conscience que t’es

de maudites
pas une succursale de la banque.

belles étiquettes 3. PROMETS UNE « CRÉMANGLACE » à chaque

(ordinaires) !
enfant qui te fera économiser plus de 100 $
en fournitures scolaires réutilisées.

4. LES 24 CRAYONS À MINE, c’est un gros


NON. À moins que tes enfants ne soient des
castors ou des lapins.

MÈRE ORDINAIRE – 70
Faut baisser nos exigences… même s’il manque
deux crayons, c’pas ça qui va l’empêcher
d’aller à l’université !

5. RESSERS-TOI UN DRINK DE L’ÉTAPE 1. Tu


vas en avoir besoin.
9. SI TU N’AS PAS LES 12 BOÎTES DE KLEENEX
DEMANDÉES, donne-leur des rouleaux de papier
de toilette. Comme ça, t’es certaine que per­

6. AU YÂBLE LES P’TITS NOMS FANCY. Ça coûte


sonne va leur piquer leurs mouchoirs.

trop cher. Fais comme en 1990. Sors une rou­


lette de tape pis un marqueur noir. Ça va faire
la job pour presque tout, sauf pour les crayons.
10. SORS TOUTES LES BOÎTES À LUNCH ET LES
THERMOS DE L’ANNÉE PASSÉE. Celui qui a perdu
son thermos va devoir négocier avec celui

7. AU YÂBLE LES NOMS SUR LES CRAYONS.


Comme tous les parents écrivent les noms
qui ne l’a pas perdu, ou manger plus de sand­
wichs jusqu’en octobre, quand les thermos
tomberont « en spécial ».
de leurs enfants sur tout, les crayons sans
nom seront ceux de ton enfant.
11. APPELLE UN TAXI POUR ALLER CHEZ

8. POUR LES SARRAUS D’ARTS PLASTIQUES,


fouille en cachette dans les chemises de ton
BUREAU EN GROS ACHETER CE QU’Y MANQUE.
Après tes consommations, t’es pas en état
de conduire. Sinon, demande à ton chum de
chum, pis prends celles que tu trouves laites. finir la liste en échange de… (trouve de quoi
Ça va faire la job. qui va lui faire plaisir). •

VIE DE FAMILLE – 71
LE JOUR DE LA RENTRÉE
QUAND ÇA FAIT DES SEMAINES QUE T’AS LES ENFANTS tes enfants pis ton chum, s’il le faut. Mais ta
À LA MAISON, ça s’peut que, le jour de la ren­ maison doit être Spic and Span.
trée, ça te tente de mettre du champagne
dans ton jus d’orange. N’OUBLIE PAS DE METTRE AU FRETTE
UNE BOUTEILLE DE MOUSSEUX (OU DE
Fais pas ça. Sentir l’alcool ou avoir l’air pom­ CHAMPAGNE, SI T’AS DU BUDGET).
pette dans la cour d’école en chantant Na na
na na, na na na na, hey hey, goodbye!, quand Le matin, va reconduire tes enfants un peu
tu rencontres le prof de tes enfants pour la plus de bonne heure que d’habitude. Il ne faut
première fois, c’est pas le best. surtout pas que t’aies l’air trop contente : ça
va avoir l’air louche. Passe le message à ton
Là, j’te le dis, il faut absolument que tu chum. Il faut que vous ayez l’air de parents
prennes congé le jour de la rentrée. Dis à qui ont le cœur gros de voir leurs enfants
ton boss que c’est parce que tu tiens plus que retourner à l’école.
tout à accompagner tes enfants à leur pre­
mière journée d’école. Si tes enfants sont au Si jamais tu lis ça et que tu n’as pas d’enfant,
secondaire, dis que ta plus jeune est nerveuse tu peux pas juger. Non. Tu ne peux juste pas.
à l’idée d’entrer à la grande école, pis que Parce qu’être avec ses enfants 24 heures sur
tu veux être avec elle. Ça va passer comme 24 pendant une dizaine de semaines à jouer à
dans du beurre. l’animatrice de camp de vacances, à ramasser
la maison sans arrêt et à courir au parc tous
Si ton chum peut faire pareil à sa job, c’est les jours, c’est pas reposant. Faque tu peux
encore mieux. lire, mais juge pas.

TRÈS important : la veille de la rentrée, Dans la cour de récré, au moment de leur


prépare TOUT et fais TOUT ton ménage. donner un bisou, il faut absolument que
Ça va être une grosse journée, faque implique t’aies l’air un peu triste de les laisser partir.

MÈRE ORDINAIRE – 72
S’ils courent vers leurs amis, retiens-les. DEVANT LE FRIGO, EN BOBETTES,
Dis-leur que tu vas t’ennuyer d’eux toute la PRENDS LA BOUTEILLE DE BULLES,
journée, bla bla bla, pis après, BEUBYE ! POP ! LE BOUCHON ET YEAHHHHHHH !

Cours jusqu’à ton char et ne te retourne Après, la journée est À TOI. Fais ce que tu veux.
jamais. Pis ferme ton cellulaire : de toute Si ton chum est là, vous pouvez faire l’amour
façon, ton boss pense que tu restes à l’école partout dans la maison. Après, tu peux vacher
tout l’avant-midi. Pis si t’as oublié le lunch de sur le sofa en regardant ta maison propre, te
ton plus jeune, too bad ! Un ami lui donnera faire les ongles, lire.
un bout de son sandwich.
FAIS CE QUE TU VEUX. C’EST TA JOURNÉE,
En rentrant dans la maison, barre la porte TU LE MÉRITES !
derrière toi, pis déshabille-toi en courant vers
le frigo. Si ton chum est là, qu’il fasse pareil. Cheers ! •

VIE DE FAMILLE – 73
JOURNÉE DES ACT
jo u r I
= née du 2 litres de VITÉS
c af é p o u r e m p o r t e
r

Tous les samedis, on se lève plus tôt qu’en


semaine, on court comme des fous et on est
complètement crevés avant cinq heures.
LES (MAUDITES)
ACTIVITÉS
LA RENTRÉE, C’EST AUSSI LE TEMPS DES INSCRIPTIONS POUR LES ACTIVITÉS
PARASCOLAIRES, les activités sportives, les cours de langue, les cours
de musique, les cours de tout et de n’importe quoi.

Qu’est-ce qui s’est donc passé pour qu’on devienne fous avec les
activités de nos enfants ?

On dirait que s’ils ne font pas au moins deux activités par semaine,
on a peur qu’ils deviennent des délinquants dangereux ou des
arriérés.

Qu’est-ce qui s’est passé au cours des 20 dernières années pour que
ça devienne si important ? Avant, dans les années 1980 et 1990, avoir
des activités parascolaires, ça voulait dire jouer au ballon-chasseur
sur l’heure du midi et faire du patinage libre après l’école.

Des fois, j’ai l’impression qu’on pense que le fait d’inscrire nos
enfants dans une ligue de hockey, à un cours de violon pis à un
cours d’espagnol, ça fait de nous de meilleurs parents. En plus, s’ils
sont bons, c’est encore mieux. On peut s’en vanter sur Facebook,
publier plein de photos d’eux autres et attendre les « J’aime ».

VIE DE FAMILLE – 75
Ne fais pas comme si tu ne sais pas de quoi On avait plein de temps après l’école pour
je parle. Moi aussi, j’fais ça. Quand un de faire du bécyk pis jouer avec nos amis. Asteure,
mes enfants gagne un prix, ou qu’il passe c’est pu comme ça.
un niveau en patin ou en gymnastique, j’me
dépêche de le publier sur ma page Facebook. Faut dire que je ne suis pas non plus devenue
Oui, on dirait que je veux montrer à tout le une Joannie Rochette et que je ne sais tou­
monde que mes enfants, eux aussi, font full jours pas jouer du piano. Mais j’ai eu le temps
d’activités. d’être une enfant. Je ne sais pas ce qui rend
les gens plus heureux : savoir jouer du piano
Pourtant, ça ne fait pas de moi une meilleure et avoir fait plein d’activités, ou avoir eu le
mère… temps d’être des enfants.

À cause des médias sociaux, j’ai l’impression En 2018, on veut que nos enfants ne perdent
que tous les enfants font du ski à 3 ans et qu’ils pas de temps. On veut qu’ils apprennent le
savent tous jouer du piano avant 8 ans. Faque plus possible. On veut remplir toutes nos
j’inscris mes enfants à des activités. soirées. On n’a pas le temps de niaiser en
bécyk, de manger des popsicles ou d’errer
LE SAMEDI MATIN, JE METS au parc avec les voisins. Non : faut remplir
LA PANCARTE « TAXI » SUR LA leurs petits cerveaux.
TÊTE DE MON CHUM, PIS IL LES
RECONDUIT À L’ARÉNA. Vive les mini P.K. Subban, les mini Joannie
Rochette et les mini joueurs de l’Impact.
Même chose le mardi pour le soccer et la
gym, le mercredi encore pour la gym, et le En plus, on paye pour ça !
vendredi matin pour la gym de bébé.
Oh oui ! On paye cher ! Des cours à 50 $, ça
Je l’écris, pis je trouve que ç’a pas de bon sens. n’existe plus. Ce n’est pas rare que je rencontre
des mères qui me disent qu’elles dépensent
Pourtant, dans mon temps (oui, je suis rendue une vraie fortune pour le hockey, le patinage
à dire « dans mon temps »), notre horaire n’était artistique ou les camps spécialisés pour leurs
pas aussi chargé. enfants.

MÈRE ORDINAIRE – 76
s a m e d i , c ’ e s t
Le
TA X I M A S S I !

Mon gars ne sera probablement jamais un joueur


de hockey professionnel. Mais, maudit qu’il est
cute dans son chandail de P.K. Subban.
– Maman, MAMAN
– Tiens, v’là ton p , j’veux aller chez mon amie !
ermis, prends mon
char pis vas-y !
Elles payent tellement cher qu’elles doivent faire des steppettes en souliers de ballet ou
couper sur le budget des vacances ou travail- quelques moves de karaté.
ler plus. Certains parents font des heures sup-
plémentaires au travail pour être capables Pourquoi on fait ça ? Qu’est-ce qu’il va leur
de payer les activités de leurs enfants. rester dans 20 ans ? La majorité d’entre eux ne
pratiqueront probablement plus leur activité.
Travailler plus, donc passer moins de temps
en famille. On est rendus là. On est prêts à Il me semble qu’on devrait trouver un juste
travailler plus pour payer des cours à nos milieu. Certaines familles le trouvent. Mais
enfants, et moins les voir. c’est pas toujours facile. Surtout si on va sur
Facebook. Ça nous fait culpabiliser.
On fait même 30 minutes de char pour aller
les reconduire à leurs activités. On affronte Mais qu’est-ce que j’veux, moi, pour mes
le trafic en famille. La fin de semaine, on les enfants ?
pousse dans le derrière pour qu’ils se lèvent à
6 h du matin et qu’ils aillent gagner un tournoi. Parce que le temps va vite en maudit. Ben
trop vite.
DES FOIS, J’ME DIS QUE JE SUIS
POUR L’OBTENTION DU PERMIS Nos kids grandissent à vue d’œil. Pis nous
DE CONDUIRE À 7 ANS. autres, on vieillit aussi vite qu’eux autres gran­
dissent. J’me retourne et mon bébé court et
Y aurait des petites voies réservées aux autos parle. Ma plus vieille de 8 ans commence à
du Toys “R” Us. Parfait pour aller au hockey parler en « Yo ».
à 6 h 30.
J’AI LE GOÛT D’AVOIR PLUS DE
On est malades quand on y pense, non ? SAMEDIS RELAX, SANS ÊTRE DANS
MON CHAR. MAIS À CHAQUE RENTRÉE,
On coupe sur le temps en famille pour J’ME SURPRENDS À LES INSCRIRE
que notre petit dernier puisse faire le AA AUX MAUDITES ACTIVITÉS.
au hockey. Le samedi matin, on presse nos
enfants comme des citrons pour qu’ils aillent Peut-être que cette année, ce sera différent ? •

VIE DE FAMILLE – 79
Les devoirs, j’pu capable !
J’ai tout essayé : café, vin, musique douce…
ça marche pas. J’ai l’impression que ce sont MES
leçons, que j’ai sept ans et que JE ne comprends
rien. Même ma fille a plus de patience que moi.
LES DEVOIRS
AVEC LE MOIS DE SEPTEMBRE ARRIVE CE QU’ON REDOUTE PLUS QUE LA
GASTRO : LES DEVOIRS ET LES LEÇONS. Ajoute ici une musique de film
d’horreur et tu peux imaginer exactement comment j’me sens
quand je parle de leçons et de devoirs.

Je sais que dans certaines familles, ça se passe bien. Mais pour


toutes les autres : je suis avec vous ! Je fais partie de votre gang,
de la gang pour qui cette heure est une vraie corvée, pire que
laver les toilettes.

Oui madame : une heure. Une heure de calvaire. Je sais que ce n’est
pas censé prendre autant de temps, mais QUI prend réellement
juste 15 minutes par jour pour faire les devoirs et les leçons d’un
enfant en première année ? On s’entend que 15 minutes, c’est le
temps que ça prend pour faire asseoir les enfants à table, sortir les
huit duo-tangs et trouver la liste des devoirs à faire.

PIS ÇA, C’EST SI TU NE DOIS PAS T’OCCUPER


D’UN BÉBÉ QUI PLEURE TOUT EN ESSAYANT DE FAIRE
FAIRE LES DEVOIRS À TON KID DE DEUXIÈME ANNÉE
QUI SEMBLE AVOIR MANGÉ UNE CANNE DE VERS
DE TERRE SUR LE RED BULL, TELLEMENT IL GIGOTE
SUR SA CHAISE.

VIE DE FAMILLE – 81
Des fois, j’me demande comment les profs comment faire pour identifier les détermi-
s’imaginent qu’on les fait faire, ces devoirs-là. nants. Je sais comment accorder les noms
Ils doivent penser qu’on est tous assis à la table, communs et les déterminants, mais j’sais
avec une douce musique d’ambiance, que les pas pantoute comment les reconnaître, pis
enfants nous regardent avec des étoiles dans j’sais encore moins comment faire rentrer ce
les yeux en nous disant : « Maman, j’ai telle­ concept dans la tête d’une enfant de 8 ans.
ment hâte de faire mes devoirs ! Dépêche-toi !
J’ai soif d’apprendre ! » Les lettres attachées asteure... Mon gars n’en a
rien à cirer de pratiquer ses lettres attachées
SURPRISE ! C’EST PAS COMME ÇA après avoir passé 8 heures à l’école. Lui, il veut
QUE ÇA SE PASSE. juste jouer avec ses Playmobil pis se chicaner
avec son frère. That’s it.
Il faut changer la musique douce par la trame
sonore d’un film d’horreur, et rajouter des Alors je me bats avec lui. Pis j’hais ça me battre
cris par-dessus tout ça. avec lui pour qu’il fasse ses devoirs. Moi aussi,
je trouve qu’il en a assez fait pour la journée.
J’vais vous dire la vérité : y a des soirs
où je pense que je suis une stagiaire en L’école nous suggère de faire des séances de
enseignement. devoirs de 15 à 20 minutes. Moi, c’est le temps
que ça me prend pour lire et comprendre la
– Mimi, come on ! Tu sais ce que ça veut dire, maudite feuille de devoirs !
un déterminant !
L’école termine : 15 h 45
– Ben non, j’ai pas vu ça en classe. Revenir à la maison et manger
une collation : 16 h 30
– Ben oui, voyons ! C’est sûr ! Concentre-toi. Jouer dehors : 17 h
Faire le souper, manger
– Non, je l’ai pas appris. pis ramasser : 18 h 15
Faire les devoirs et les leçons : 19 h 15
Pis là, je dois lui expliquer. Mais moi, même
si j’ai été à l’université, je ne me souviens pas Après, c’est le bain pis le dodo.

MÈRE ORDINAIRE – 82
IL ME RESTE QUOI COMME Oui, je me suis surprise à dire ça. Comme si
TEMPS DE QUALITÉ c’était MA première année.
AVEC MA GANG ?
Mais ce n’est pas MA première année. Ni ma
On se couche plus tard et on est tous fatigués deuxième. Ni toutes celles que mes enfants
le lendemain ? Et si, le lendemain, mes enfants vont faire.
sont trop fatigués pour faire leurs leçons, ben
là, je dois me battre avec eux autres encore Et ça se peut que, certains soirs, les devoirs, ça
plus… marche pas. Ça se peut même que je botche
une semaine complète de devoirs si je pense
Pis cet horaire-là, il n’inclut pas les activités que mon enfant en a assez de ses journées.
comme la natation, le karaté ou le cours de
musique. Sinon, il faut mettre les bouchées OUI, J’AI DÉJÀ DIT AUX ENFANTS :
doubles la fin de semaine. « AU YÂBLE, LES DEVOIRS ! ON VA
S’ÉCRASER UN PEU ET JOUER. »
Les devoirs, ça ne finit jamais. JAMAIS.
Je suis de celles qui pensent que l’école, c’est
Et si t’as un enfant qui a de la difficulté à très demandant pour nos enfants. En plus,
l’école, c’est pire. Tout prend le double ou certains vont au service de garde et passent
le triple du temps. Cet enfant-là, qui doit énormément de temps entre quatre murs.
faire des efforts monstres à l’école, doit en Si on les bourre de devoirs, en plus de rendre
plus se taper des devoirs interminables à la le climat de notre famille invivable, on n’a
maison. C’pas cool. plus le temps de rien faire.

Et si t’es comme moi, tu prends ça au sérieux, Je pense qu’on doit lâcher prise sur les devoirs
les devoirs et les leçons. Ça devient une affaire et les leçons ( je m’inclus là-dedans); accepter
personnelle. On veut absolument que nos que ce ne soient pas NOS devoirs et que ça
enfants réussissent bien à l’école, pis on pense ne change pas le destin de notre progéniture
que ça passe par les devoirs. « On va la réus­ d’en faire moins. •
sir, notre première année. On va les faire, nos
devoirs. On va réussir. »

VIE DE FAMILLE – 83
Des fois j’me fo
rce !

Les lunchs, c’est MA tâche. Je voudrais


ben que ce soit mon chum qui s’en occupe,
mais il me pose tellement de questions que
je finis par faire les lunchs moi-même.
LES OST*** DE LUNCHS
ON S’EN SORT PAS, DES LUNCHS. Ça commence J’mets une pomme dans son lunch, il ne
en maternelle et ça ne se termine JAMAIS ! mange pas sa pomme; je remets la même
pomme dans son lunch, il ne la mange pas;
Là, je sais, y a des mères qui vont me dire que je lui remets la vieille pomme dans son lunch,
leur enfant de six ans fait son lunch tout seul. et ainsi de suite, jusqu’à tant que mes doigts
Ben moi, ça marche pas. Pis ça m’tente pas passent au travers de la vieille pomme.
que mes enfants mangent une barre tendre,
un sandwich à la confiture, une compote de C’est drôle, parce qu’en septembre, je suis
fruits pis un paquet de pattes d’ours. super motivée à faire les lunchs. Je fais des
p’tits sandwichs en forme de bonhomme, pis
Je l’avoue, j’suis Germaine des lunchs. Même je mets des quartiers d’orange pour que ça
si je chiale, je veux que mes enfants mangent fasse une forme de palmier. Mais c’est pas
bien le midi. Faque je fais des lunchs. long que j’suis à boutte. Rendue à la première
semaine d’octobre, je pleure déjà en boule
Te rends-tu compte que, si t’as un enfant, tu devant mon frigo juste à y penser.
fais 180 lunchs par année ? Pis si t’en as trois,
t’en fais 540 ! LE DIMANCHE SOIR, J’AI LE GOÛT DE
BRAILLER QUAND JE PENSE QUE
CINQ CENT QUARANTE J’AI DIX LUNCHS À FAIRE D’ICI LA
LUNCHS !!!!!!!!!! FIN DE SEMAINE PROCHAINE. DIX !
CINQ SOIRS À ME DEMANDER
On s’entend que ça en fait en ti-pépère, des QUESSÉ JE VAIS LEUR FAIRE...
sacs de carottes pis des pommes.
Faire les dix autres repas de la semaine, c’est
Quel enfant mange la pomme qu’on met dans de la job ! Mais il faut rajouter les lunchs.
son lunch ? J’ai l’impression qu’on la met dans Chaque soir, j’ouvre le frigo et je reste plan­
la boîte à lunch le matin, et qu’on la remet tée là, le regard vide, en me disant que je ne
dans le frigo au retour de l’école. me rendrai jamais jusqu’à la fin juin.

VIE DE FAMILLE – 85
Avant d’avoir des kids, je me disais que je ne allergique à ça.
ferais JAMAIS de « spécial » pour eux. Que je
ne commencerais pas à leur faire des lunchs
différents, juste parce qu’un n’aime pas les
sandwichs, pis que l’autre ne mange pas de
yogourt.

MOI, MES ENFANTS


ALLAIENT MANGER
CE QUE JE LEUR DONNE.
POINT FINAL.

Guess what ? Ça n’a même pas duré un mois


cette affaire-là. Parce que quand ton enfant
revient avec sa boîte à lunch pleine, qu’il est
marabout parce qu’il n’a rien mangé et que tu
dois tout jeter, oui, tu lui donnes des lunchs
qu’il va manger.

Mais tu ne peux pas leur mettre n’importe


quoi. Parce que les allergies viennent com­
pliquer la patente.

En plus d’avoir chacun leurs goûts, dans cha­


cune des écoles, y a des enfants allergiques
à des affaires différentes. Pis dans chacune
des écoles, y a des règles différentes.

Pas de peanuts. Pas de kiwi. Pas d’œuf. Pas de


soya pour ma fille parce qu’il y a un enfant

MÈRE ORDINAIRE – 86
Moi, j’suis allergique
aux lunchs ! On peut-tu
le dire, ça, à Madame
la directrice ?

VIE DE FAMILLE – 87
Faya, Michka et Puncho Massicotte-Longpré
(oui, y’ont un nom de famille).

Voici nos trois canins mangeurs de poubelles


qui servent aussi d’aspirateur pour la cuisine.
MÈRE ORDINAIRE – 88
Tamoune
NOTRE ZOO FAMILIAL
JE L’AVOUE, quand j’entends que des gens se débarrassent de leurs
animaux une fois qu’ils ont des enfants, ça me rend triste.

Pour moi, nos chiens et nos chats font partie de notre famille, de
notre clan. Il a toujours été hors de question qu’un de nos compa­
gnons, qu’il soit canin ou félin, quitte notre foyer parce que notre
famille accueille un nouvel enfant.

FRANÇOIS ET MOI, ON EST TOUS LES DEUX TRÈS


SENSIBLES QUAND IL EST QUESTION D’ANIMAUX.

D’ailleurs, c’est l’un des traits de sa personnalité qui m’a particu­


lièrement touchée.

Lors de notre première rencontre, il m’a raconté comment il avait


sauvé un chien. Un chien qui était attaché sur le toit d’un immeuble,
en plein été, au gros soleil. Il a décidé de s’en occuper, de le réha­
biliter et de l’adopter.

VIE DE FAMILLE – 89
Stitch, le plus cool des chats.
Il est arrivé dans notre famille en même
temps que notre p’tit dernier, Billy.
« Les enfants ont grandi avec eux et ils font
partie de notre histoire, de notre gang. »

J’aime croire que les gens qui prennent soin Au cours de ces dix années, des chats se sont
des animaux sont de bonnes personnes. Dans aussi greffés à notre clan. Ils sont maintenant
le cas de mon chum, je ne me suis pas trompée. quatre à vivre sous notre toit. Trois d’entre
eux ont plus de douze ans et vivent tran­
Après avoir emménagé avec lui dans notre quillement leurs dernières années en flânant
maison, on a décidé d’avoir un chien. On en dans la maison. Il y en a déjà eu plus, mais
voulait un de petite taille « au cas où nous deux sont partis au paradis des chats.
aurions, un jour, un bébé ». Faque on a adopté
un westie qu’on a nommé Michka. JE SAIS QU’ON A DÉJÀ ASSEZ DE
CHOSES À FAIRE QUAND ON A DES
Quelque temps après, on a adopté deux ENFANTS. MAIS JE CROIS VRAIMENT
autres chiens : des chihuahuas. Je ne me QUE QUAND ON ADOPTE DES ANIMAUX,
souviens pas pourquoi on en voulait deux de ON EN EST RESPONSABLE JUSQU’À
plus. Mais toujours est-il que Michka, Puncho LA FIN DE LEUR VIE.
et Faya font partie de nos vies depuis main­
tenant plus de dix ans. Il faut donc réfléchir AVANT d’en avoir. Il
faut penser à nos plans de vie AVANT leur
Du plus loin que je me souvienne, depuis que adoption, parce qu’après, il est trop tard.
je suis en couple avec François, les trois p’tits
canins sont là. Ils ne sont ni spécialement J’avoue que, des fois, je suis à boutte de piler
intelligents ni spécialement beaux : ils sont dans du vomi de chat. Pis c’est pas glamour
juste « nos chiens ». Les enfants ont grandi de changer la litière. Mais nos chats et nos
avec eux et ils font partie de notre histoire, chiens étaient là avant les enfants, alors ils
de notre gang. continueront à faire partie de notre clan. •

VIE DE FAMILLE – 91
L’HALLOWEEN
L’HALLOWEEN, ce n’est pas ma fête préférée de On se promène dans les rues, pis on doit deman­
l’année. Loin de là ! der aux enfants : « Toi, t’es déguisé en quoi ? »

Chaque année, le 25 octobre, il fait beau et Me promener dans les rues, le soir, la morve
on se promène sans manteau. Puis PAF ! Le au nez en gelant des pieds, pour ramasser
31 au matin, il fait 0 C, pis on gèle.
o
l’équivalent de 5 $ de bonbons par enfant,
c’est pas mon activité préférée.
Je l’avoue, j’achète toujours les déguisements
de mes enfants avec l’espoir que je n’aurai pas Il faudrait changer la date de ce ramassage de
à leur faire porter leurs manteaux d’hiver en bonbons pour le 31 août. On pourrait passer
dessous. Mais, évidemment, chaque année, l’Halloween tranquillement, un verre de rosé
je dois étirer les costumes pour les agrandir à la main, et ça pourrait durer jusqu’à 22 h
et me battre avec ma fille pour faire entrer sans problème !
son manteau sous sa robe de princesse pen­
dant qu’elle chiale qu’elle n’en a pas besoin. Mais là, on s’entend que, vers 20 h, on est
tannés ou frigorifiés, c’est selon.
Pis là, ma fille a l’air d’une princesse obèse
qui s’en va quêter des bonbons pour grossir L’an passé, mon gars de deux ans et demi a
encore plus. célébré l’Halloween avec nous pour la pre­
mière fois. Il ne comprenait pas pourquoi il
ON VA SE DIRE LA VÉRITÉ : devait se déguiser et aller de porte en porte,
LES DÉGUISEMENTS D’HALLOWEEN, au frette, pour recevoir des bonbons qu’il
QUAND T’HABITES AU QUÉBEC, n’avait pas le droit de manger avant de reve­
C’EST LAITE EN MAUDIT. nir à la maison.

MÈRE ORDINAIRE – 92
Avant trois ans, je l’avoue, les enfants sont
déguisés n’importe comment. J’ai déjà déguisé
Ricci en itinérant et Billy en drag queen aux gros
sourcils. Pis ma fille Mimi en princesse cheap.
EXPECTATION VS REALITY

« Chéri, peux-tu m’acheter un déguisement pour


le party d’Halloween, s’il te plaît ? » Y’é arrivé avec
ça ! Un viking, toé chose ! Comment a-t-il pu
penser que j’aimerais me déguiser en VIKING ?
Mais moi, je voulais absolument qu’il soit Depuis que j’ai un troisième enfant, je vole
là, parce que la majorité des bonbons qu’il moins les deux autres. Mon p’tit dernier me
ramasse sont pour MOI. 90 % pour moi, sert d’appât à bonbons. Son sac de victuailles
10 % pour lui. Pour lui : suçons et rouleaux est le mien.
de bonbons. Pour moi : tout le reste.
D’ailleurs, l’an passé, mon chum m’a dit :
Dans le sac de mes autres enfants, je prends
juste le meilleur : les Kit Kat et les Doritos. – Yé quasiment 20 h. On a assez de bonbons.
On devrait rentrer à maison.
FRANÇOIS, LUI, IL APPELLE
ÇA DU VOL. MOI, J’APPELLE – Rentre ! Moi, j’continue avec le bébé.
ÇA L’IMPÔT.
– Franchement, arrête de niaiser !
Oui, madame ! Je fais le ménage, le lavage, le
pliage, l’épicerie, la cuisine pis tout le reste. Ben, j’ai passé l’Halloween une petite heure
Faque je trouve que c’est pas cher payé. Non ? de plus avec le bébé.

Et ça leur permet d’apprendre le principe du CETTE HEURE-LÀ EST DE LOIN


gouvernement, qui prendra la moitié de ce LA PLUS PAYANTE. COMME
qu’ils feront en salaire. Il faut les préparer le IL RESTE JUSTE DES ADOS,
plus jeune possible. LES GENS SONT PLUS GÉNÉREUX
AVEC LES P’TITS COURAGEUX.
Sans blague, je vole vraiment toutes les Kit
Kat de mes enfants. Pendant qu’ils enlèvent Vers 21 h, j’ai dû me résoudre à rentrer, parce
leur costume, moi, je vérifie s’il n’y a pas que je pense que le p’tit dormait sous son
de lame de rasoir dans leurs bonbons. J’en masque de Batman. Y a des limites à utiliser
profite pour faire le tri et cacher toutes mes son enfant ! •
petites palettes et bonbons préférés.

VIE DE FAMILLE – 95
QUE FONT
TES PARENTS
COMME TRAVAIL ?
CHAQUE ANNÉE, à la maternelle ou en première – Ben, il fait des pestacles, mais ça, c’est pas
année, des milliers d’enfants doivent parler quand j’suis à l’école. Faque moi, j’vais dire
devant la classe et dire au groupe ce que font que quand j’suis à l’école, il dort pis il écoute
leurs parents comme travail. le football.

Pour mon gars, ça s’est passé l’an dernier. – OK. Et maman, elle ? Elle fait quoi quand
Par chance, il devait se pratiquer à la maison t’es à l’école ?
avant de le dire devant toute la classe.
– TOI, TU FAIS DU MÉNAGE PIS TU FAIS
LA QUESTION ÉTAIT : « QUE FONT TES PARENTS LE SEXE AVEC PAPA.
QUAND TU ES À L’ÉCOLE ? »
Clairement, je fais beaucoup trop de ménage.
Mon gars n’a pas eu de problème à répondre
à cette question. – Quoi ? De quoi tu parles ? Voyons !

– PAPA FAIT DES SIESTES, – Vous faites jamais le sexe devant nous, faque
PIS IL ÉCOUTE LA TÉLÉ. je sais que vous le faites quand on est à l’école.

– Voyons mon cœur, la question est : Papa fait Finalement, sont pas si fous que ça nos
quoi comme travail ? enfants… •

MÈRE ORDINAIRE – 96
Mon chum fait souvent des siestes – ben oui,
il fait des shows le soir. Pis moi, je l’avoue, je suis
une folle du ménage. Faque quand les enfants
reviennent de l’école, ils me voient souvent en
train de nettoyer. Pour mon gars, c’est clair que
c’est ça qu’on fait de nos vies !
VIE DE FAMILLE – 97
PAROLES D’ENFANTS
VOICI CE QUI ARRIVE QUAND ON DEMANDE AUX ENFANTS CE QUE FONT LEURS
PARENTS COMME TRAVAIL. FAUT CROIRE QU’Y EN A DES PIRES QUE LES MIENS.

1. « PAPA PASSE LA NUIT AVEC SA CHARRUE. »


Avoir un papa déneigeur.
6. « MON PÈRE EST UN AGENT SECRET POUR
BATMAN. » Avoir un papa représentant en
pièces d’auto.

2. « MON PAPA EST EN PRISON. »


Avoir un papa qui travaille dans un centre 7. « MA MÈRE FAIT DE L’ARGENT ET MON PÈRE
de détention. FAIT DES LIGNES. » Avoir une maman qui
travaille dans une banque et un papa qui

3. « MA MÈRE EST EN VACANCES À L’HÔTEL,


peint les lignes de circulation routière.

PIS MON PÈRE DORT SUR LE SOFA. » Avoir une


mère sur la route et un papa qui travaille
de nuit.
8. « MA MÈRE FAIT DU MÉNAGE ET MON PÈRE
SORT LA NUIT QUAND ON DORT. » Avoir une
maman femme de ménage et un père qui

4. « MA MÈRE JOUE TOUTE LA JOURNÉE. »


travaille de nuit.

Avoir une maman éducatrice dans un CPE.


9. « MA MÈRE A TOUJOURS LES SEINS SORTIS

5. « MA MAMAN VOIT PLEIN DE PÉNIS


ET LAVE DES FESSES. » Avoir une maman
ET MON PÈRE EST SALE ET IL PUE. » Avoir une
maman en congé de maternité qui allaite
des jumeaux et un papa qui est vidangeur.
préposée aux bénéficiaires.

MÈRE ORDINAIRE – 98
p e u t re c o n n a ît re
Ici, on o is
mon c h u m F ra n ç
des s in é p a r R ic c i.

10. « MA MÈRE A UN BEAU CORPS ET LES


GENS LA PAYENT POUR LE REGARDER. » Avoir
13. « MA MÈRE GASPILLE L’ARGENT DE MON
PÈRE. » Avoir une maman à la maison qui
une maman mannequin. fait les commissions.

11. « MON PÈRE BOIT DE L’ALCOOL ET MA


MÈRE DANSE. » Avoir un papa sommelier et
14. « MA MAMAN S’OCCUPE DES PARTIES
INTIMES DES GENS, ET PAPA S’OCCUPE DE LEUR
une maman danseuse professionnelle. TÊTE. » Avoir une maman gynécologue
et un papa psychiatre.

12. « MON PÈRE PREND L’AVION AVEC DES


BELLES MADAMES ET IL SERT DE LA BIÈRE. » 15. « MES PARENTS CUEILLENT DES
Avoir un père agent de bord. FLEURS ET PARLENT TOUT LE TEMPS. »
Avoir des parents fleuristes. •

VIE DE FAMILLE – 99
MAUDIT QU’ON
VIEILLIT
Ç’A PAS DE BON SENS. J’ME DEMANDAIS MÊME C’ÉTAIT QUAND
LA DERNIÈRE FOIS QUE J’AVAIS PORTÉ
Depuis que j’ai des enfants, j’ai l’impression UNE BRASSIÈRE OU PRIS UNE DOUCHE.
de vieillir de cinq ans chaque année.
Sérieusement, je ne m’étais jamais négligée
C’est sûrement un mélange de manque de de même.
sommeil et de temps pour aller me faire
couper les cheveux et me faire épiler. Sans Des fois, je reste dans mon char plus long­
oublier mon accoutrement, qui fait juste temps pour me regarder dans le rétroviseur.
amplifier mon look poche. Tsé, le miroir qui nous permet de voir tout
ce qu’on ne voit pas dans la salle de bain ?
Parce que je magasine du linge pour mes
enfants, mais moi, je garde mes vieilles Le rétroviseur, c’est comme un meilleur ami
bobettes jusqu’à ce qu’elles déchirent, et gay : il nous dit exactement ce qui cloche,
mes jeans, jusqu’à ce que le fond de culotte sans filtre.
fende. Pis là, je ne parlerai pas de mes bras­
sières trop slaques, de mes souliers qui sont LES RIDES – Quand je me regarde dans le
devenus des sandales pis de mes bottes qui rétroviseur, j’observe les rides qui creusent
prennent l’eau. mon front. Un genre de fossé à fond de teint,
qui devient de plus en plus profond chaque
Pendant mon congé parental, lorsque je année. Certaines regardent leurs pattes-d’oie.
passais devant un miroir, je faisais des sauts D’autres se font même des petits face-lifts en
tellement je faisais dure. s’étirant la face.

MÈRE ORDINAIRE – 100


s s e
a vin !,
l a t
Dansc’est du

Une fois, j’ai décidé de me déguiser


en Mère ordinaire. Maintenant, en regardant
la photo, j’sais pu si c’est un déguisement
ou une photo de moi une journée normale !
LES POILS – Certaines cherchent leurs poils LES FESSES – Le cul disparaît quand t’es maigre
disgracieux. Parce que les poils apparaissent et il s’affaisse quand t’es grassouillette.
avec l’âge. Un genre de puberté « mascu-
féminine » qui te fonce dedans vers 40 ans. LES BRAS – Ils deviennent des mollusques qui
On en trouve un peu partout : quelques-uns s’agitent au gré des gestes de la main.
sur le visage, quelques autres sur le cou...
Avec un peu de malchance, on va en trouver LES CHEVEUX – Ils deviennent comme ceux
un petit solitaire autour d’un mamelon. d’une poupée qui a trop été brossée.

LES SEINS – De plus en plus, on se surprend à LES DENTS – Fatiguées du café, elles jaunissent.
inspecter nos seins. Moi, j’les inspecte plus Pis on les blanchit. Souvent trop. Pis on a l’air
pour voir leur allure que pour détecter un d’avoir le sourire d’une fille de 17 ans avec
cancer. J’me penche pour voir de quoi y ont un visage de 45 ans. Superbe ! On se console
l’air pendant mes ébats avec mon chum. Pis comme on peut...
je me voûte les épaules vers l’avant pour voir
de quoi j’aurai l’air à 70 ans. Mais j’avoue que LE VENTRE – Le bas de notre ventre, lui, devient
quand je recule mes épaules vers l’arrière, comme celui d’une femme enceinte de 4 mois
j’me trouve pas si mal. qui n’accouchera jamais.

Mais j’assiste, impuissante, à la descente de Pis y a les varices et la cellulite.


mes seins. Certains matins, j’les remonte, j’les
tire, j’les colle... tout ça pour me remonter ÊTRE BELLE À 40 ANS.
le moral, nostalgique du temps où ils regar­ OUIN. ME SEMBLE.
daient vers le ciel.
Belle, mais belle habillée. Avec des manches
LA PEAU – On a beau l’étirer momentanément, longues. Pis le bikini nous va aussi bien qu’une
ou se faire faire une chirurgie, cette maudite corde autour d’un rosbif. Faque moi, asteure,
enveloppe trahit toujours notre âge. Quelques j’achète des maillots one piece. Je fais tranquil­
chanceuses bien enrobées retardent le pro­ lement mon deuil du deux pièces. Mais l’été
cessus, mais seulement pour un bien court est moins excitant quand on porte un one piece.
moment. Mince consolation. En plus, il est plus chaud.

MÈRE ORDINAIRE – 102


« Après avoir bu une couple
de drinks, on se trouve
quand même pas pire. »
Pis à 30 oC au soleil, le one piece devient un On fait le deuil des regards sexy lancés par
Saran Wrap qui fait bouillir notre ventre de des hommes de moins de 25 ans. On s’habitue
4 mois. tranquillement à ceux des vieux de 60 ans.

Une chance qu’après avoir bu une couple de À 40 ans, être belle, ça veut dire accepter
drinks, on se trouve quand même pas pire d’être moins belle et d’être plus vieille. Ça
dans le miroir de la salle de bain. La vue est veut dire devoir se remonter le moral en se
floue, ça aide ! disant qu’on a du charme. Ça veut dire chia­
ler contre Photoshop. Ça veut dire refuser les
On utilise maintenant excessivement les chirurgies, pour finalement se dire que, juste
filtres surexposure quand on se prend en un peu, ça ne nous ferait pas de tort.
selfie. Avec la lumière à la bonne place,
on s’aime. On utilise aussi davantage nos ÊTRE BELLE À 40 ANS, C’EST ÊTRE
photos d’il y a cinq ou dix ans passés pour CE QUE NOUS SOMMES DEVENUES
nos profils. Mais est-ce vraiment de la fausse ET L’ACCEPTER, UN PEU.
représentation ?

On vante la citation du Petit Prince, « on ne


voit bien qu’avec le cœur »... Parce que le cœur,
lui, n’a pas de cellulite.

VIE DE FAMILLE – 103


O
versionlaf,
poch e

C’est-tu juste chez nous que les bonhommes


de neige font durs et sont crottés ?
L’HIVER
LE LINGE D’HIVER
ON DIRAIT QUE, CHAQUE ANNÉE, à la première Pis ça, c’est quand un des bacs au complet
neige, ça se passe pareil. J’suis tellement pas ne disparaît pas.
prête que mes enfants mettent trois chandails
en coton ouaté sous leur manteau d’automne Parce que cette année, mon chum a perdu un
et partent pour l’école avec deux mitaines des bacs. Faque j’ai pu de pantalons de neige,
pas pareilles. et les trois quarts de nos bottes ont disparu.

Je vous jure, c’est honteux. Pourtant, j’aurais Comment on peut perdre un gros bac en
pu organiser tout ça les semaines avant... Ben plastique bleu poudre dans la maison ?
non. Chaque année, je me dis que l’hiver va COMMENT ?
arriver plus tard…
Pis la gestion du linge d’hiver, c’est tout un
Parfois, à la fin de l’automne, je sors le bac casse-tête. Il faut au moins trois paires de
de linge d’hiver et je pense que je suis prête mitaines, trois ou quatre cache-cou, deux
à affronter l’hiver. salopettes, plusieurs tuques, des bottes,
deux manteaux... Et ça, c’est pour chaque
FAUX. enfant !

DANS MA MAISON VIT UNE COLONIE DE Si je vivais en Floride, j’pense que je serais
TROLLS MANGEURS DE STOCK D’HIVER. riche grâce au stock d’hiver que je n’aurais
pas à acheter.
À la fin de chaque hiver, je mets toutes les
mitaines et les tuques dans un bac. Quand Et les acheter, c’est la partie facile. Le plus
je l’ouvre l’année suivante, il manque tout le tough, c’est de faire en sorte que les enfants
temps la moitié du stock. Fouille-moi com­ ne perdent pas des morceaux au fil des
ment ça disparaît. J’ai décidé de croire la semaines. Avoir su, j’aurais pu acheter des
théorie des trolls bouffeurs de mitaines. actions dans des compagnies de mitaines.

MÈRE ORDINAIRE – 106


Des mitaines, des cache-cou, des gants,
des tuques, des foulards… Le stock d’hiver,
c’est sans fin. Y’en a partout. Pis non, ce stock-là
ne se rend pas tout seul jusqu’au garde-robe.
J’sais pas comment font les mères qui ont
des enfants habillés comme des cartes de mode
en hiver. Les miens pigent dans un bac et finissent
amanchés comme ça deux fois sur trois !
MÈRE ORDINAIRE – 108
Sérieusement, comment un enfant peut-il Là, ça s’impatiente. Ma fille n’aime pas ses
perdre autant de mitaines ? pétalons d’automne.

Pis là, arrive le fameux matin où il fait -10 oC – Sont noirs, sont laites !
et qu’il neige. Évidemment, ce matin-là, on
se lève en retard. Pis les enfants sont super – Toi, commence pas ! Sont corrects, tes péta­
excités parce qu’il neige. lons ! Mets ton suit de neige, sinon ça va aller
mal.
J’fouille dans le bac qu’il nous reste, pleine
d’espoir. Mon gars trouve son manteau d’hiver J’en peux pu.
puis se met à hurler : « Mon manteau d’hiver
sent la pisse! » J’ME RETOURNE, LE BÉBÉ CRIE :
« CACA ! CACA ! CACA ! », EN SE
J’le sens. Le chat a pissé dans le bac pendant TENANT LE FOND DE CULOTTE.
la nuit. Calvaire ! Le fond du bac est plein de
pisse. Ça se peut juste pas. Ça sent le caca du p’tit mélangé avec l’odeur
de pisse du chat. Achevez-moué. Voir que je
JE VIS DANS UN ZOO. PIS LE NÔTRE, vis ça pour de vrai. Comment je peux vivre
Y’EST OUVERT À L’ANNÉE. ça chaque année et ne pas me dompter ?

Comment le chat peut-il me faire ça ? J’le J’aimerais ça être une mère sur la coche. Une
cherche pour l’achever à mains nues. On va le mère qui a des garde-robes pis un cabanon
bouffer pour souper. Évidemment, je n’ai pas bien rangés. Une mère qui sait EXACTE­
le temps de tuer un chat. Il faut que j’trouve MENT où trouver ses bacs d’hiver. Une mère
une solution. qui n’a pas de chat qui pisse partout et qui n’a
pas de trolls dans sa maison.
D’la marde ! Encore cette année, ils mettront
trois chandails en coton ouaté, pis un man­ L’année prochaine, ça ira mieux. Je pense.
teau d’automne par-dessus. J’espère. •

VIE DE FAMILLE – 109


LE CHANGEMENT
D’HEURE
JE COMPTE FAIRE CIRCULER UNE PÉTITION pour PRÉSERVER ? J’ai beau mettre de la musique
annuler le changement d’heure. Je pense douce, installer des stores opaques sur leurs
que tous les parents de jeunes enfants vont fenêtres pis m’installer devant leurs portes
la signer. avec un gun, moi, je n’ai pas été capable de
préserver leur sommeil !
Comment est-ce possible qu’une si petite
heure bouleverse autant les enfants ? C’est Pis, de toute façon, peu importe l’heure à
comme s’ils revenaient d’un voyage en Chine ! laquelle ils se lèvent, ils seront tous exécrables
rendus à l’heure du souper. Pis ça a l’air que,
Moi, je me plains parce que les miens se nous autres, il faut réussir à les faire durer le
réveillent à 6 h 30 au lieu de 7 h 30. Mais il plus tard possible pour briser le cercle vicieux
paraît que certains se réveillent à 4 h le matin du « j’me lève en plein milieu de la nuitte ».
suivant le changement d’heure.
J’pense proposer au gouvernement une
QUATRE HEURES DU MATIN ! mesure spéciale : offrir un rabais de 30 %
C’EST LA NUIT, ÇA ! à la SAQ à tous les parents, valide la fin de
semaine du changement d’heure.
Dernièrement, un spécialiste d’enfants a
dit : « Le jour du changement d’heure, il est Oui, parce que le changement d’heure, ça
primordial de préserver le sommeil de vos vient avec du Baileys dans le café le matin
enfants. » et une bouteille de vin le soir. •

MÈRE ORDINAIRE – 110


Le changement d’heure, ça a du positif…
Pour une fois, mon p’tit est tranquille au souper.
Ça m’permet de prendre un verre de vin.
J’PEUX PAS CROIRE
QU’ILS ONT DIT ÇA !
JE N’AVAIS PAS ENVIE DE VOUS PARTAGER LES TYPIQUES « MOTS D’ENFANTS ».
Non, j’ai plutôt envie de vous partager les affaires pas possibles
que des p’tits ont dites et qui ont fait honte à leurs parents, et que
leur mère ont partagées sur ma page Facebook.

1. « JE VAIS PRENDRE DU JUS DE CANNEBERGE.


C’EST BON POUR MA PROSTATE. »
Une petite fille au restaurant.
5.  « JE N’ÉTAIS PAS ENCORE LÀ, J’ÉTAIS DANS
LES COUILLES DE MON PÈRE. »
Une petite qui a compris ce que sont les
spermatozoïdes.

2. « C’EST PAS GRAVE, PAPA. C’EST PAS


NOTRE PISCINE ! »
Un petit garçon en train d’uriner, debout 6.  « MAMAN, MA GRAINE DE BEAUTÉ ME PIQUE. »
Un garçon de 5 ans qui confond un
sur le bord de la piscine des amis de ses grain de beauté et une graine (un pénis).
parents.

3.  « MA MÈRE VEUT DE LA COKE. »


Un enfant de 4 ans qui commande un
7.  « MAMAN, J’AI HÂTE QUE NOTRE CHAT MEURE
POUR AVOIR UN MANTEAU DE FOURRURE. »
Une petite fille qui a compris qu’on fait de
Coca-Cola pour sa mère au restaurant. la fourrure avec la peau des animaux.

4.  « MON FRÈRE ET MOI, ON EST TROP GRANDS


POUR MANGER DES TOTONS. »
Un garçon trop vieux pour être allaité.
8.  « MAMAN, ÇA SENT LE DILDO ICITTE ! »
Un petit qui aime l’odeur du McDo
(McDonald’s).

MÈRE ORDINAIRE – 112


« Maman, quand tu souris, tu ressembles
à la grosse vache que papa mange. »

9. « MAMAN, QUAND TU SOURIS,


TU RESSEMBLES À LA GROSSE VACHE
QUE PAPA MANGE. »
12.   « J’SUIS PAS FATIGUÉE,
   J’TA BOUTTE OSTIE. »
Une petite fille de 3 ans qui se fait dire
Une petite qui trouve que sa mère a un air qu’elle a l’air fatiguée.
de famille avec le personnage du fromage
La vache qui rit.
13.  « J’AI HÂTE DE JOUER AU PÉNISSSS
  AVEC TOI, PAPA. »

10.   « SONT BONNES, MAIS SONT CHAUDES


  EN TABARNAC ! »
Un petit qui aime jouer au tennis.

Au restaurant, une fille de 3 ans qui répond


à la question « Aimes-tu tes croquettes ? » 14.  « NE REGARDE PAS MES PARTIES
  INDIENNES. »
Un garçon de 5 ans qui confond les mots

11.    « J’AI HÂTE D’AVOIR DU POIL SUR MON


PÉNIS POUR POUVOIR BOIRE DE LA
intimes et indiennes.

BIÈRE COMME PAPA. »


Un petit garçon, à l’épicerie, dans la section 15.  « LE MONSIEUR, IL COMMENCE À ÊTRE
MORT, HEIN, MAMAN ? »
des bières. Un petit garçon qui pointe un vieillard. •

VIE DE FAMILLE – 113


Un matin, j’ai caché le sac d’emballage des pépites
de chocolat, et j’ai mangé, devant mes enfants,
du caca de lutin. Je ne les ai jamais entendus crier
« DÉÉÉÉGUEUUUUULASSE » aussi fort !

MÈRE ORDINAIRE – 114


LES LUTINS
DÉFINITION : MI-POUPÉES, MI-BONHOMMES, qui DÉJÀ, J’AI LE GOÛT D’ME METTRE AUX
sont supposés arriver le 1 décembre, pas
er
TROUSSES DE L’INVENTEUR DES LUTINS
avant, et qui rendent la charge mentale des ET D’LE FAIRE MARCHER SUR DES LEGO
parents beaucoup plus lourde. À cause d’eux, POUR L’ÉTERNITÉ.
des milliers de parents se réveillent en sueur
au milieu de la nuit, parce qu’ils ont oublié En sortant tes lutins avant le 1er décembre, tu
de créer une mise en scène. Aussi appelés viens de briser la règle non écrite qui veut
« maudits lutins à marde ». que les maudits lutins à marde vivent au pôle
Nord jusqu’au dernier jour de novembre. Oui,
Chaque année, certaines mères dévouées parce que les lutins doivent aider le Père Noël.
ont vraiment trop hâte de sortir leurs lutins S’ils viennent tous niaiser dans nos maisons,
du placard. L’affaire, c’est que quand elles qui va fabriquer les cadeaux ?
décident de les sortir avant le 1 décembre,
er

plein d’autres enfants veulent aussi chasser Et quand un enfant apprend qu’un ami a son
les maudits lutins à la maison. lutin avant le 1er décembre, il commence la
technique du harcèlement parental :
Si t’as ce genre de bulle d’air au cerveau, je
t’avise que le syndicat des parents du Québec, « Maman, pleeeeeeaaase ! On met le piège
dont j’ai créé l’existence à soir, va protester. à soir ! »

VIE DE FAMILLE – 115


l u t i n s …
P iège à

CE HARCÈLEMENT EST ACCOMPAGNÉ Je trouve que le Père Noël et la Fée des étoiles,
DE VIOLENCE PSYCHOLOGIQUE ENVERS c’est ben assez de mensonges à gérer. Pas
NOUS, LES PARENTS QUI RESPECTENT besoin de rajouter les lutins.
LA DATE DU 1er DÉCEMBRE.
PARCE QUE LA VÉRITÉ, C’EST QUE MOI,
Chaque jour, on va devoir supporter : DES IDÉES DE LUTINS, J’EN AI PU.
J’AI PENSÉ DIRE À MES ENFANTS QU’ON
« T’es POCHE môman ! Médérik, lui, sa mère VA ACHETER UN CHATON AU LIEU DE
a dit OUI pour attraper le lutin avant le mois POGNER UN LUTIN.
de décembre. T’es vraiment NULLLLLE ! »
J’ai aussi pensé leur dire que le scorbut a tué
Moi, stresser avec des histoires de lutins qui la moitié des lutins, faque on ne prendra pas
saccagent ma maison un mois et demi avant la chance d’en attraper un qui va nous conta­
Noël, ÇA M’TENTE PAS. miner et tuer la moitié de la famille.

Me lever dans la nuit en sueur, sur le bord Si jamais tu sors ton lutin trop de bonne heure
d’une crise cardiaque, parce que j’ai oublié et que ton enfant corrompt le mien avec ses
de mettre en scène le tour des lutins, ÇA histoires de lutins pressés, je m’engage per­
M’TENTE PAS ! sonnellement à me faire inviter chez vous, à
trouver ton lutin pis à le décapiter devant tout
Jugez-moi. le monde, incluant tes enfants… comme une
maudite folle, comme une tueuse de lutins
J’AIME MES ENFANTS, en série. •
MAIS PAS LES LUTINS.

MÈRE ORDINAIRE – 116


c h a n g e r u n e
i m e n t m i e u x p e r
J’ai m e q u a s u e d e m ’ o c c u
n t 1 0 a n s q s .
lit i è re p e n d a a n t 2 5 j o u r
t i n s p e n d
de trois lu
Préparer Noël en famille, c’pas glamour
comme dans les magazines. T’as beau mettre
des tounes de Noël, ça ne finit jamais
comme dans un conte magique.
ON PRÉPARE
NOËL
NOËL, c’est la fête qui augmente de 150 % la charge mentale des
mères. Quand on y pense, ç’a juste pas de bon sens.

Sans les mères, Noël n’existerait pas. C’est vrai ! Si on réfléchit


à tout ce que font les mères dans le temps des Fêtes, on capote.
Ça commence en novembre, ça atteint son pic le 15 décembre,
et ça se termine quand l’école recommence, quasiment à la
mi-janvier. Un bon 50-60 jours de folie.

Fin novembre, je commence à capoter. En fait, dès qu’il commence


à faire – 5 oC, c’est le signal d’alarme.

MON CERVEAU SENT QUE NOËL S’EN VIENT


ET SE MET EN MODE « PANIQUE ».

Ça débute avec les décorations de Noël dans la maison. Je dis


« dans la maison », parce que celles de dehors, j’envoie mon chum
les installer. Faque celles dans la maison, c’est moins pire. Je trouve
un moment où toute la famille est là, je mets de la musique de Noël
pis j’me mets dans l’ambiance en sortant le stock de Noël.

Avant de tout commencer, je prépare une petite collation sucrée,


question de faire plaisir à tout le monde.

VIE DE FAMILLE – 119


Comment vous faites pour prendre de belles
photos de Noël avec vos enfants ? Chaque année,
y’en a un qui pleure, un qui ne regarde pas la
caméra et une qui veut juste que ça finisse !
« Le maudit chat a tué les guirlandes
avec ses griffes-couteaux. »

Le dix minutes que ça me prend pour prépa­ – VENEZ FAIRE LE SAPIN OU JE RANGE TOUTE !
rer la collation est une mauvaise idée.
– OK maman, ramasse toute. On le fera un
Le maudit chat a tué les guirlandes avec ses autre jour.
griffes-couteaux, pis là, y a de la p’tite cochon­
nerie de guirlande partout dans la maison. En Là, j’ai pu de tounes de Noël dans la tête.
dix minutes, y a même commencé à gruger J’ai juste le goût de brûler tout le stock de
le seul kit de lumières qui marchait encore. Noël pis de mettre mes enfants sur Kijiji.

Je chasse le chat. J’appelle les enfants en cher­ J’VAIS ÊTRE FRANCHE.


chant mon troisième pied pour faire tenir le CHEZ NOUS, LES DÉCORATIONS
sapin de Noël debout. J’le trouve pas. DE NOËL, ON COMMENCE ÇA EN
FAMILLE ET JE FINIS ÇA TOUTE SEULE,
– On jouait à d’autres choses là, maman ! LE SOIR, EN PAIX, EN BUVANT
UN VERRE DE VIN.
– Come on, les enfants ! C’est un beau moment
en famille, faire le sapin de Noël ! Si j’fais pas ça, je suis au bord de la crise de
nerfs.
Je cherche toujours le morceau de l’arbre qui
manque. Ça peut-tu être simple comme dans Y faut ce qui faut. Un sapin de Noël, ça se fait
les films de Noël, faire le sapin ? tranquille avec un verre de vin, ou deux. •

VIE DE FAMILLE – 121


Pourquoi je laisse mes enfants faire ça ?
Quand ils sont perchés sur le panier, ils ne sont
pas en train de se sauver dans les allées
ou faire tomber une pile de cannes !
L’ÉPICERIE D’AVANT NOËL
CHEZ NOUS, L’ÉPICERIE DU 23 DÉCEMBRE, C’EST Et là, dès qu’on entre dans la section des fruits
L’ÉPICERIE DE L’ANNÉE. François et moi, on reçoit et des légumes, mon gars dit :
quasiment tous les 24 décembre. Pis moi,
je ne suis pas organisée pour deux cennes. « J’AI FAIMMMMMMM ! »
Faque, le 23 décembre, on se garroche à l’épi­
cerie comme des poules (dindes) pas de tête Ben oui... On a oublié de leur donner une
pour acheter tout ce qu’on a besoin pour le collation avant de partir. Faque nos enfants
lendemain. se lamentent, comme si y avaient pas mangé
depuis six mois.
Mon chum, il hait ça, faire cette tâche-là,
pis moi aussi. Faque on y va presque tout le Par chance, à notre épicerie, y a un petit
temps en famille. Oui, toute la famille, au resto. Au yâble le Guide alimentaire cana­
supermarché, deux jours avant Noël. Comme dien ! Aujourd’hui, on mange du poulet frit.
quoi l’humain n’apprend pas de ses erreurs.
Une heure après, on commence l’épicerie.
Le 23 décembre, TOUT LE MONDE est sur la
route. On doit se taper du trafic pis le par- Y a plus de monde dans les rangées que
king est toujours plein. Être obligés de se le 26 au Walmart. Une vraie piste de course
stationner à 400 mètres de l’entrée, c’est pas à obstacles de paniers.
si pire. Le problème, c’est de revenir au char
en poussant un panier qui pèse 1000 livres, Mon gars de 5 ans fonce dans les chevilles
avec trois enfants accrochés en avant… dans des petites madames avec son petit panier
la neige et la sloche. pour enfant. J’ai beau lui dire de faire atten­
tion, ça marche pas. Il n’a AUCUN contrôle
Crois-moi, crois-moi pas : deux années de de son panier. Je lui enlève. Il pète sa coche.
suite, on a oublié nos portefeuilles à la maison,
et on a dû faire un aller-retour dans le trafic « JE T’AIME PUUUUUUUUUUUUUUUU !!!!!!!
pour aller les chercher. T’ES UNE MAUVAISE MÈREEEEE !!!! »

VIE DE FAMILLE – 123


VIVE L’ESPRIT DES FÊTES. ON CONTINUE.

Bébé hurle, parce qu’il veut jouer avec la Faut trouver de la cannelle moulue sucrée.
bûche de Noël. Le maudit rack à épices a été classé par un
dyslexique, parce que les sachets ne sont pas
Mon chum cherche les ingrédients pour sa en ordre alphabétique. Il doit y en avoir 129.
maudite dinde.
On est deux parents au bord de la crise de
Bébé ne veut rien savoir de se calmer. nerfs, essayant de trouver la cri*** de cannelle
moulue sucrée.
AU MÊME MOMENT, JE RÉALISE QUE
J’AI OUBLIÉ DE CHANGER SA COUCHE « Le bébé a juste une botte. »
AVANT DE PARTIR.
Panique. Le bébé a perdu une botte. On n’a
Résultat : il a une poche de ciment dans les vraiment pas le temps d’aller affronter le
pantalons. Évidemment, je n’ai pas de couche centre d’achats pour acheter une paire de
de rechange. bottes. Faque go ! On cherche.

J’AI CHAUD. Mon chum part à la recherche de la botte


perdue pendant que je continue à chercher
Bébé pleure toujours. Mon 5 ans est porté la cri*** de cannelle. Il revient un peu plus
disparu. tard avec la botte.

Et j’entends : « Ah ! Yé-tu cute ! » YOUPI !!!! J’AI JUSTE ENVIE


D’OUVRIR UNE BOUTEILLE DE VIN
Avis à tous : quand un bébé pète sa coche, D’ÉPICERIE ET DE LA CALER,
pis que sa mère essaye de le calmer tout en CACHÉE DANS UNE RANGÉE,
tentant d’en retenir deux autres, pis que son POUR FÊTER ÇA.
père est en train de chercher de quoi, que le
bébé soit cute, on s’en sacre un peu.

MÈRE ORDINAIRE – 124


J’ai chaud pis je suis crampée devant les épices. Après cinq rangées, je me demande si ce serait
mal vu de m’effouérer par terre pour faire
Comment tout ça se peut ? Comment penser une p’tite sieste.
que faire l’épicerie avec les trois enfants,
c’était une bonne idée ? Finalement, on en est venus à boutte.

On est le 23 décembre, pis je suis brûlée Il y a aussi le genre de famille qui, après avoir
comme si on était le 6 janvier. J’en reviens fait l’épicerie en gang, décide qu’une boîte de
pas. J’ai l’impression que je ne me rendrai biscuits de Noël du commerce, ça fait la job.
même pas jusqu’à Noël. Pis qu’écouter Maman, j’ai raté l’avion est une
excellente activité de Noël, au lieu de cuisiner.
Là, l’expression « avoir la plotte à terre »
prend tout son sens. J’ai l’impression que Faque quand vous aurez l’impression que
la mienne traîne derrière moi et que je vais vous ne vous rendrez pas jusqu’au 25, pensez
devoir me la mettre sur l’épaule pour me à MOI !
rendre à l’année prochaine.
Oui, on est presque toutes dans le même
ON LÂCHE PAS ! bateau dans le temps des Fêtes. •

A h ! L e s F ê t e s !
Po u s s e r 1 2 5 li v re s
de s t o c k d a n s u n
e n t e n n e ig é !
stationnem

VIE DE FAMILLE – 125


Vous pouvez offrir d
es cadeaux
éducatifs à mes enf
Ils vont être conten ants.
ts pareil…
LES PIRES CADEAUX
DE NOËL
ON A TOUS DÉJÀ REÇU, UN JOUR OU L’AUTRE, UN CADEAU POCHE.
VOICI DE VÉRITABLES TÉMOIGNAGES.

1. Ma belle-mère m’a déjà offert une carte-


cadeau d’une boutique... érotique. 6. Ma mère de 79 ans a offert un panier
d’oranges à mes enfants.

2. Mon chum m’a offert un jeu vidéo


qu’il voulait pour qu’on joue ensemble.
Je n’ai jamais joué à un jeu vidéo de toute
7. Mon chum m’a donné une nouvelle
tête de moppe, avec un nouveau seau.
Huit ans plus tard, j’en reviens toujours pas !
ma vie.

3. Ma belle-sœur m’a offert un ensemble


de cartes de Noël.
8. Mon mari a emballé dans une belle boîte
à bijoux, un collier en macaronis que
mon gars avait fait. J’ai été en calvaire pen­
dant une bonne semaine !

4. Mon mari m’a offert le livre Accepter


l’infidélité. Ç’a été notre dernier Noël
ensemble. 9. Ma belle-mère m’a donné le guide
« Comment perdre 20 livres facilement ».
Sans commentaire.

5.   Mon beau-père m’a donné une urne


contenant les cendres de ma belle-
mère (une personne que je n’appréciais pas 10. Mon (ex) chum m’a offert un chèque-
cadeau pour une séance de Botox.
particulièrement). Je l’ai laissé, pis y a gardé son chèque ! •

VIE DE FAMILLE – 127


Coupe porc-é
toupet laite pic,
et mon p’tit
frère qui hur
le sa vie.
Maudit que
c’était le fu
Noël dans l’t n
emps !

NOËL QUAND
J’ÉTAIS JEUNE
ON N’ÉTAIT PAS RICHES-RICHES. On n’avait jamais le ventre vide.

Ma mère, qui élevait seule ses quatre kids, J’me souviens de ma mère qui roule ses
arrivait comme elle le pouvait. cennes et qui calcule le prix de la viande
la moins chère pour décider ce qu’on allait
Dans ma tête d’enfant, je n’ai jamais manqué manger. Moi, comme enfant, je ne compre­
de bouffe ni de quoi que ce soit. nais pas ce que ça signifiait.

Je ne me souviens plus vraiment de ce qu’il Aujourd’hui, je suis la mère de trois enfants.


y avait sur la table, la semaine. Par contre, Je n’ai pas besoin de faire des calculs avant
je me rappelle ce qu’il y avait autour : ma d’aller à l’épicerie. Mais, encore aujourd’hui,
mère, mes petits frères fatigants pis, souvent, je n’achète que le poisson et la viande en
les deux petits voisins. spécial.

MÈRE ORDINAIRE – 128


Devenue une adulte et une maman, je sais Je me souviens de deux plats qu’elle prépa-
que ma mère a dû stresser en maudit pour rait pour Noël : les sandwichs au baloney
arrondir les fins de mois. Je sais qu’elle a faits avec du pain de couleur et la salade
coupé sur son sommeil pour faire de la cou­ de macaronis. Pour moi, c’était les mets les
ture toute la nuit, pour avoir dans ses poches plus délicieux du monde.
un 20 ou 50 $ de plus.
J’ai les larmes aux yeux quand je pense au
Je ne me souviens pas exactement de ce qu’on stress que ressentent tous les parents seuls qui
mangeait à Noël. Je ne me souviens pas non vivent avec peu de moyens, ou qui viennent
plus de mes cadeaux. Encore une fois, deve­ de vivre une bad luck.
nue adulte, je ne sais pas comment ma mère
arrivait à nous donner des cadeaux en vivant Tous les parents veulent que leurs enfants
de l’aide sociale. aient un beau Noël. Tous les parents veulent
que leurs enfants aient la même chance que
Je réalise à quel point elle a dû faire des les autres.
miracles avec peu.
Je pense qu’il est TRÈS important, à Noël,
Chaque Noël était magnifique. Nous quatre de donner à la guignolée ou à toute autre
en pyjamas, à rire et à avoir du fun. fondation qui vient en aide aux familles.

À ce moment-là, je ne voyais pas les sacrifices Des fois, le petit sac d’épicerie d’une valeur
que ma mère faisait pour faire vivre un beau de 20 $ ou 30 $, c’est ce qui leur manquait
Noël à ses enfants. pour préparer un souper convenable ou pour
pouvoir mettre deux cadeaux pour leurs kids
Ma mère était monoparentale. Elle n’avait sous le sapin.
personne pour l’aider. Personne pour la sup­
porter. Personne pour lui dire « Tiens, v’là Juste pour avoir le minimum pour une soirée
20 $ pour la dinde » ou « As-tu des cadeaux de Noël.
pour tes enfants ? Je peux t’aider ».
Et Noël, pour les enfants, c’est des souvenirs
Rien. Elle était seule avec cette réalité. qu’ils garderont toute leur vie.

VIE DE FAMILLE – 129


LES JEUX
DE SOCIÉTÉ
QUAND JE VOIS LES ANNONCES DE JEUX DE SOCIÉTÉ, Les jeux de société devraient plutôt s’appeler
j’me demande dans quelle famille ça se passe des jeux de patience pour adultes.
réellement comme ça.
D’ailleurs, mon gars est du genre « Si j’gagne
Je ne connais même pas une famille, qui pas, j’lance les jetons ».
connaît une famille, qui connaît une famille,
qui connaît une famille qui s’est déjà rendue À chaque partie, je prie pour qu’il gagne et
à construire des hôtels au Monopoly avec que tout se passe bien.
ses enfants.
Juste choisir un jeu est toute une épreuve.
CHEZ NOUS, UNE GAME, ÇA DURE
PAS PLUS DE 20 MINUTES. Mon chum : « AH NON ! ÇA C’EST
PLATE EN MAUDIT ! »
Pis 95 % du temps, pendant la game, y a de la Ma fille : « OUIIIIII ! ÇA ! »
chicane. Ramasser 75 petites maisons vertes Mon gars : « C’EST MOI QUI VA GAGNER ! »
étalées partout su’l plancher. NO WAY. Faque Le bébé : « VEUX PAS ! VEUX PAS ! VEUX
jouer au Monopoly, non merci ! PAAAAAAAAAAAAS ! »

MÈRE ORDINAIRE – 130


Jouer au Monopoly avec plein d’enfants :
« Si vous vous chicanez encore, c’est dans
vos chambres sans passer GO ! »
Je sors le Battleship et le Cherche et trouve De beaux moments en famille…
pour les plus jeunes.
Faque on commence à jouer à Jenga.
Mon chum : « JOUEZ TOUT SEULS !
C’EST PLATE EN MAUDIT ÇA ! » Mon chum a raison, c’est poche. C’est un jeu
Moi : « CALVAIRE CHÉRI, FAIS UN EFFORT ! » plate au boutte.
Mon gars : « JE VEUX JOUER AUX BATEAUX ! »
Le bébé : « BÉTEAU, BÉTEAU, MOI SIIIIIII, Mais ça commence bien, parce que tout le
MOI SIIIIIII ! » monde suit les règles. Jusqu’au moment où
mon gars de 5 ans décide de collectionner les
LÀ, JE SAIGNE DES OREILLES. blocs pis de construire ses propres affaires.
JE COMPTE LE NOMBRE D’HEURES
QU’Y RESTE AVANT QU’ILS AILLENT « DONNE LES BLOCS ! »
SE COUCHER. « NON ! ON JOUE À MON JEU ! »
« HEY ! C’EST À MON TOUR ! »
Moi : « OK ! ON JOUE À JENGA. QUE J’EN « C’EST LONG... »
ENTENDE PU UN CHIALER, SINON VOUS « HEY ! JOUEZ COMME DU MONDE OU VOUS ALLEZ
ALLEZ DANS LE BAIN PIS VOUS COU­ VOUS... »
CHER TU SUITE ! »
BÉDING-BÉDANG ! Toute sacre le camp.
En même temps, ça crie : Y a des blocs partout.
« C’EST POOOOOOOOCHE, JENGA ! »
« C’EST COOL, JENGA ! ARRÊTE !!!!!! » « T’AS BOUSILLÉ LE JEU, BÉBÉ LA LA ! »
« VEUX PAS ! VEUX PAS ! VEUX PAAAAAAAAAAAAS ! » « PAS VRAI ! C’EST TA FAUTE ! »

J’EN PRENDRAIS UN POUR FESSER SUR Mon 2 ans essaie de lancer des blocs. La
L’AUTRE. COMMENT ON PEUT ARRIVER grande sacre son camp en chialant qu’on est
À ÇA QUAND ON VEUT JUSTE S’AMUSER la pire famille ever. Mon 5 ans construit des
AVEC SES ENFANTS ? maisons et sa sœur, 8 ans, en furie, démolit
ses affaires.
« ON JOUE À JENGA ! C’TU CLAIR ? TAISEZ-VOUS ! »

MÈRE ORDINAIRE – 132


La bagarre pogne.

Faque je menace tout le monde, comme une


caporale enragée.

Évidemment, je ramasse toute seule, parce


que je veux juste pu les entendre. Des fois,
vaut mieux se taper le ramassage seule que
d’avoir à dealer avec des cris et des pleurs.

JE LES ENVOIE DANS LEUR CHAMBRE


PIS J’LANCE LA BOÎTE DE JENGA DANS
L’ARMOIRE. LE FOND LÂCHE. TOUS LES
BLOCS TOMBENT À TERRE, ENCORE.

De beaux moments, tu dis ? J’ai le goût d’invi­


ter les photographes pour faire les prochaines
pubs de jeux de société. « Pour des moments
ordinaires et poches en famille. »

Faudrait ben commencer à jouer à Risk !


Tsé, un p’tit trois heures de plaisir…

Pis là, j’les entends. Y jouent tous ensemble L’armoire à jeux.


Aussi appelée :
avec des toutous à gros yeux dans une des
chambres.

ET MOI, JE VAIS BOIRE DU VIN, dépotoir à jeux ou


EFFOIRÉE SU’L’SOFA. •
TABAR$#?#& !
LE SEXE... C’EST QUOI ÇA ?
JE MENTIRAIS si j’te disais que ma vie sexuelle Désolée. Mais moi, le manque de sommeil,
est la même qu’avant d’avoir des enfants. les rhumes en série, les biberons, les couches,
les devoirs, le lavage en quantité industrielle,
Quand j’entends des filles dire que d’avoir des le ménage et les enfants qui rentrent dans
enfants, ça n’a rien changé à leur vie sexuelle, ma chambre sans que j’les entende arriver, ça
j’ai juste envie de leur crier : « MENTEUSE ! » ne me donne pas le goût de baiser.

MOI, JE N’Y CROIS PAS PANTOUTE. Tous les sexologues et spécialistes du couple
J’PENSE VRAIMENT QUE D’AVOIR disent que c’est SUPER important de préser­
DES ENFANTS, C’EST ÇA QUI ver l’intimité du couple et qu’il faut continuer
BOUSILLE UNE VIE SEXUELLE. à faire l’amour régulièrement. J’ai même déjà
entendu : « Il faut l’inscrire à votre agenda.
Avec un seul bébé, c’était pas si pire. On arri­ Comme ça, vous devrez le faire. »
vait à trouver des bons moments pour faire
l’amour. Par « bons moments », je veux dire : Ben moi, c’est pas parce que c’est écrit dans
mon agenda que ça m’tente de le faire. Pis
• qu’on en avait envie tous les deux; si ça m’tente pas, j’ai pas envie de me forcer.
• qu’on avait plus que 12 minutes pour le faire;
• qu’on avait un endroit safe où ne pas se faire Et il ne faut pas oublier toutes les fois où,
pogner. finalement, je commence à me mettre dans
le mood, pis qu’un « MAMAAAAAAN » vient
Avec trois kids, j’ai l’impression que ça me scraper mon désir et mon momentum.
prendrait une gardienne 24 h sur 24, une
sieste quotidienne pis une femme de ménage Ça m’tente pas ben ben d’expliquer à ma fille
à temps plein, pour retrouver ma vie sexuelle que maman joue avec papa, pis qu’elle fait
d’autrefois. une crise d’asthme.

MÈRE ORDINAIRE – 134


Faque ma vie sexuelle n’est pas à son meil­
leur. Elle est ben ordinaire. Pis j’pense pas
être la seule.

MON CHUM PIS MOI, ON AIME


MIEUX EN RIRE. FAUT BEN, SINON
ON BRAILLERAIT SÛREMENT !

i e n v ie d e m o n c h u m
On s’dit que, dans quelques années, on va
J’a
quand les paniers
retrouver notre rythme « d’avant les enfants ».
En tout cas, on l’espère !

En attendant, on se console avec une p’tite


vite quand on se croise dans la salle de bain,
s o nt V I D E S …
ou avec un p’tit french avant de dormir.

Quand on est parents, un french, ça compte-tu


comme du sexe ? •

VIE DE FAMILLE – 135


C’tu le fun le resto
y’inque un peu ?
Surtout le dimanc
Un moment tellem he matin.
ent relaxant.
DÉJEUNER
AU RESTO
J’ADORE ALLER DÉJEUNER au resto. Le hic, c’est MAIS COMMENT J’PEUX ÊTRE
qu’avec des enfants, ce n’est pas aussi simple AUSSI INNOCENTE ?
qu’avant d’en avoir.
Le p’tit a fait pipi dans ses culottes, mon 5 ans
Sans enfant, c’est un doux moment durant a regardé le journal en mettant la section des
lequel on peut jaser, lire le journal et se gaver sports sur la gaufre de ma fille, qui ne veut
de café. plus manger parce que « c’est sale un jour­
nal », mon chum chiale, pis moi, j’en reviens
Avec des enfants, c’est autre chose… juste pas.

Un matin, mon chum se réveille et me dit : Payer une facture de 80 $ pour se faire pisser
dessus par le plus jeune, pis l’entendre brail­
– Hey ! On va-tu déjeuner au resto à matin ? ler pendant 45 minutes parce que « y a pas
assez de chocolat sur sa bouchée » ! Pis les
– Yeah ! Excellente idée ! deux autres qui s’astinent pour savoir lequel
mangera le restant de l’assiette du p’tit.
On se dépêche. Faut pas rester dans douche
plus de cinq minutes, parce que le p’tit hurle C’EST DE RETOUR À LA MAISON
de faim, ma fille mange une tranche de pain QUE JE PEUX ENFIN BOIRE
pas toastée en cachette, pis y faut habiller MON CAFÉ EN PAIX PENDANT
tout le monde en vitesse. QUE LES ENFANTS JOUENT DEHORS. •

Mon Dieu que ça va être le fun de jaser en


famille et de lire le journal en mangeant des
gaufres.

VIE DE FAMILLE – 137


« Maman, je t’ai fait un beau bouquet
de tulipes jaunes. » M’semblait ben que
j’avais pas de tulipes dans la cour.
LE PRINTEMPS
LE MÉNAGE
DEPUIS QUE J’AI DES ENFANTS, j’suis tout le temps MÉNAGE : n.m. Ménâjjje !
en train de faire du ménage, et je n’ai jamais
eu une maison aussi sale. Mot désignant l’activité de ramasser, aspirer et
nettoyer sans fin, éternellement, et qui, dans
En fait, j’ai l’impression que la moitié de mon 80 % des cas, est fait par la mère. Mot qui fait
temps sert à faire du ménage. Et si jamais gémir les enfants et la plupart des hommes.
j’ose passer quelques jours sans en faire, ma
maison devient rapidement un bordel, pis
ça me prend cinq jours à la remettre comme
avant.

J’ai beau essayer plein de trucs, ça ne marche


juste pas.

Faut que je m’y fasse : ma vie sera faite de


ménage pour encore un bon boutte. •

MÈRE ORDINAIRE – 140


COMPTOIR : n.m.

Endroit qui se remplit automatiquement,


sans qu’on s’en rende compte. Vidé, nettoyé et
rangé presque exclusivement par les mères.

VIE DE FAMILLE – 141


Quand t’as des jeunes enfants,
ça s’peut-tu avoir un tube de pâte
à dents PAS dégueulasse ?
MA BROSSE
À DENTS
JE CROIS QUE TOUT LE QUÉBEC EST AU COURANT DE L’HISTOIRE DE MA BROSSE
À DENTS. Mais il faut quand même que je la raconte… encore !

Souvent, je donne une douche à mes enfants plutôt qu’un bain.


La raison est simple : je n’ai pas besoin de les surveiller autant, car
il n’y a pas de danger de noyade.

Ce soir-là, mon chum est au Centre Bell avec des amis et j’suis seule
avec les enfants. Je leur fais prendre leur douche un peu plus tôt
que d’habitude, et je profite du temps où ils sont dans la douche
pour aller sortir leurs pyjamas et préparer leurs lits.

Une fois les enfants lavés, séchés et en pyjamas, ils vont jouer dans
leur chambre.

Pour une RARE fois, j’suis en avance sur mes tâches du soir. En
plus, mes gars de 2 et 5 ans jouent calmement dans leur chambre.
J’en profite pour réviser des leçons avec ma fille.

VIE DE FAMILLE – 143


Mes gars sont tellement calmes que je n’en JE REGARDE MA BROSSE À DENTS.
crois pas mes oreilles. Il faut absolument que C’EST CLAIR QUE LE CACA N’EST
j’aille watcher ce miracle de la tranquillité. PLUS DESSUS, MAIS BIEN PARTOUT
Il n’y a pas de pogne : ils sont là, super cutes, DANS MA BOUCHE.
en pyjamas, à jouer aux camions.
– Ben oui, quand on était dans douche, tantôt,
Le MIRACLE, toé chose ! Billy a fait caca pendant que t’es allée cher­
cher les pyjamas et les serviettes. Faque j’ai
Maudit que j’les aime. pris les brosses à dents pour bien nettoyer
toute… pour te faire plaisir.
J’en profite pour aller me laver le visage et
les dents. C’est le gros luxe de pouvoir faire – PARDON ?
ça avant de les coucher.
– Pis ben… j’les ai rincées un peu pis j’ai remis
J’ME BROSSE LES DENTS EN ME ta brosse à dents sur le lavabo.
DISANT QUE J’SUIS VRAIMENT
CHANCEUSE D’AVOIR DES ENFANTS – Ben voyons donc, calvaire ?!
QUI ME DONNENT DES PAUSES.
– En plus, Billy s’est rentré ta brosse à dents
Mon gars de 5 ans arrive. dans les fesses !

– ARK ! QUESSÉ TU FAIS, MAMAN ?!?!? – WHAT ? Pourquoi tu me l’as pas dit avant ?

J’ai la bouche full de pâte à dents. – J’pensais pas qu’il fallait que j’te l’dise.
– Me bosse l’dents, fanchement !
Ma fille rentre pour voir ce qui se passe.
– C’est dégueulasse ! Ta brosse à dents est
pleine de caca ! – Quessé qui s’passe ?

Je crache ma vie dans le lavabo. – Quessé qui s’passe ? Ton frère a lavé le caca
– QUOI ? de Billy avec MA brosse à dents !

MÈRE ORDINAIRE – 144


« J’suis à SURPRISE SUR PRISE,
c’est certain. »
– Ah oui… y se brosse aussi le pénis avec. Moi Quand il rentre, j’lui raconte l’histoire et on
j’lui dis de pas faire ça, mais y écoute pas. rit ( jaune) de tout ça.
Faque quand y a fini et qu’il la laisse tomber
par terre, j’la ramasse pis j’la remets à sa place. Avant d’aller nous coucher, je passe devant la
salle de bain et j’le vois, devant le lavabo, en
LÀ, J’ATTENDS QUE LA CAMÉRA SORTE train de se brosser vigoureusement les dents
DU GARDE-ROBE. J’SUIS À SURPRISE avec... son doigt.
SUR PRISE, C’EST CERTAIN.
« MOI, JE TRUST PU PARSONNE ICITTE !
Je les regarde pis j’pense que je saigne des AU MOINS, MON DOIGT, JE SAIS OÙ YÉ
yeux pis du nez en même temps. Mon gars de ALLÉ ! » •
5 ans en rajoute et ouvre la porte de la douche.

– Il reste la brosse à dents de papa dans douche.

J’en reviens juste pas.

Je prends une photo. Personne va me croire.


Je publie ça sur Facebook.

Pendant ce temps, au hockey, plein de gens


vont voir mon chum pour lui dire de ne pas se
brosser les dents avec sa brosse à dents ce soir.

Preuve photo…
VIE DE FAMILLE – 145
Contempler mes planchers est l’un
de mes plaisirs coupables de mère.
Faut croire que je vieillis.
MES PLANCHERS
JE VIEILLIS. JE L’AVOUE : SI J’AI LE CHOIX
ENTRE DU SEXE OU DES PLANCHERS
Rendue à la fin de la trentaine, j’ai découvert PROPRES, JE CHOISIS LES
que j’ai un amour profond pour mes planchers. PLANCHERS PROPRES.

J’aimerais ça dire que mes plus beaux Pourquoi ? Parce que ça dure plus longtemps.
moments sont en famille, quand on joue à un
jeu de société ou qu’on cuisine tous ensemble. Oui madame ! Ça fait dix ans que j’suis mariée,
donc je prends les planchers propres !
Ben non.
J’suis prête à couper mes heures de sommeil
Jugez-moi. Ça me dérange pu. pour passer la balayeuse, enlever ma brassière
pis passer la moppe vigoureusement, comme
Pour moi, un doux moment, c’est quand mes si j’étais dans un cours de spinning-moppage.
planchers sont propres, que les enfants font Pis quand j’ai fini, je m’assois sur une chaise
une sieste pis que je peux prendre le temps de cuisine pour les regarder sécher.
de boire un café ou un verre de vin. Soit je
regarde des vidéos de chats sur Internet, soit Je lave toujours mes planchers le soir,
je lis une revue quétaine, en jetant de temps quand les enfants sont couchés. Pourquoi ?
en temps un coup d’œil à mes planchers Parce qu’ils restent propres beaucoup plus
propres, pour les admirer. longtemps.

MÈRE
VIE DE
ORDINAIRE
FAMILLE – 147
Des fois, quand j’me lève la nuit pour aller La seule affaire qu’il ne sait pas, c’est que
aux toilettes, j’ouvre les lumières juste pour j’tripe tellement là-dessus, qu’il devrait s’en
les contempler un p’tit deux minutes. servir comme parfum… On aurait sûrement
plus de sexe !
Je sais : je pourrais lire, apprendre une troi­
sième langue, suivre des cours du soir ou Tsé, chacun son trip.
m’occuper de mon bikini négligé. Mais que
voulez-vous ? Moi, quand tout le monde dort, Le summum, ça serait de faire l’amour sur un
j’aime regarder mes planchers sécher. plancher étincelant. Mais ça, c’est pas pour
tout de suite.
JE POURRAIS AUSSI ALLER
CONTEMPLER MES ENFANTS Quand t’as des enfants, tu comprends cette
QUI DORMENT, MAIS J’AI TROP satisfaction d’avoir un plancher clean, sans
PEUR DE LES RÉVEILLER ! jouets, sans traîneries. Un plancher vide. Ça
te prend absolument des kids pour vraiment
Faut-tu être une cri*** de folle, yinqu’un peu ? comprendre ce feeling. Pour ressentir cette
vague de bien-être qui est quasiment aussi
J’suis rendue là. J’suis devenue une mère qui satisfaisante qu’une journée au spa.
fantasme sur des planchers propres.
Et oui, je prends des photos de mon plancher
Surtout les planchers propres qui sentent le propre. J’pense même en mettre une comme
Pine-Sol. Oui. J’suis une addict du Pine-Sol. fond d’écran sur mon cellulaire. Je pourrais
Tu peux me juger autant que tu veux. J’ai la regarder quand je pile dans du vomi de
même une collection de bouteilles de Pine-Sol. chat, sur un morceau d’orange écrasé ou sur
un Playmobil en sacrant.
MON CHUM, QUAND IL VEUT ME FAIRE
PLAISIR, IL M’ACHÈTE UNE NOUVELLE Non, je n’ai pas de maladie mentale. J’suis
FRAGRANCE DE PINE-SOL. ET, POUR juste comme un gars qui tripe sur les chars.
VRAI, J’AIME ÇA ! Moi, c’est les planchers clean ! •

MÈRE ORDINAIRE – 148


Qui aurait cru qu’un jour des produits
ménagers et un panier à linge neuf
m’auraient fait TELLEMENT plaisir ?
LE BORDEL
DANS MES ARMOIRES
C’EST-TU JUSTE CHEZ NOUS QUE LES ARMOIRES Mon chum a découvert mon petit jeu après
DÉBOR­DENT DE COCHONNERIES ? dix ans de mariage. Il devait se demander
comment je faisais pour réussir à faire le
Avant, je disais « l’armoire à cochonneries ». ménage aussi vite quand on attendait de la
Mais là, c’est rendu qu’il y a plein d’affaires visite.
inappropriées dans presque toutes mes
armoires. Dernièrement, ma belle-mère est venue chez
nous. Pis quand ma belle-mère vient chez
La vraie armoire à cochonneries, chez nous, nous, c’est super important que rien ne traîne.
c’est l’armoire en coin. Tsé, celle au boutte Parce que je sais qu’elle me juge par mon
complètement ? C’est la place où j’mets les ménage et par l’organisation de mon frigidaire.
dessins laites de mon plus jeune, ceux que
j’veux pas jeter, mais que j’veux pas non La mère de mon chum arrive toujours à
plus afficher sur le frigo. Y a aussi un vieux l’avance. Pis cette fois-là, mettons qu’elle était
vernis à ongles, des morceaux de Playmobil, pas mal en avance. Faque je me suis dépêchée
du chasse-moustiques, un rouleau de papier pour cacher un peu de tout un peu partout.
de toilette pis le coupe-griffes des chiens. Mais le bol de la salade de pâtes était trop
gros pour entrer dans le frigo. Faque je l’ai
C’est aussi là que je sacre tout ce qui traîne caché dans le four.
quand la visite s’en vient et que j’ai pas le
temps de ramasser comme du monde. Pis je l’ai oublié…

Parce que OUI, quand la visite s’en vient, je NOTE À MOI-MÊME : DES FOIS,
cache des affaires partout. VAUT MIEUX JETER QUE DE CACHER.

VIE DE FAMILLE – 151


Le garde-robe de la chambre de mes gars, Parce que les garde-robes tout croches, y a
c’est aussi une catastrophe. Je ne sais pas juste MOI qui réorganise ça. Mon chum, lui,
pourquoi, mais ce garde-robe-là, on l’ouvre pense que c’est des genres d’endroits auto-
jamais quand il faut faire du ménage. On nettoyants où disparaissent les vieux jouets.
l’ouvre pour y lancer des jouets (avant que
la visite arrive), mais on l’ouvre jamais pour Quand j’ai ouvert la porte, j’me rappelais pas
en sortir quoi que ce soit. à quel point c’était terrible.

Chaque fois qu’il manque de la place pour Les enfants m’attendaient en bas, dans la cui­
ranger un jouet, ou qu’un jouet nous tombe sine. La dernière chose qu’ils ont entendue,
sur les nerfs et qu’on veut le faire disparaître c’est : « BEN VOYONS DONC CALVAIRE !!!! »
à tout jamais, on le lance là.
Et mon chum est monté.
Un soir, je cherchais « le jeu vraiment le fun
qu’on a eu l’année passée, à Noël, et qu’on n’a C’EST LÀ QU’IL A RÉALISÉ QU’IL N’Y
pu jamais revu ». AVAIT PAS D’ENDROIT MAGIQUE DANS
LA MAISON. ET LES ENFANTS N’ONT
J’ai cherché partout avant d’aller voir là. Parce JAMAIS PU JOUER AVEC LE JEU PERDU
que je sais très bien qu’en ouvrant la porte, DEPUIS NOËL PASSÉ. •
je vais lâcher un « Astiiiiiiiie qu’on est une
gang de cochons ! », pis que plein d’affaires
vont me tomber dessus.

MÈRE ORDINAIRE – 152


q u i n e r e s t e ja m a is
E : n .m . E s p a c e
GARDE-ROB g é p lu s d e q u e lq u e s jo u r s .
vide, propre o u r a n q u i t ra în e .
t c a c h e r T O U T c e
Endroit où l’o n p e u è re s .
é s e s p o ir p o u r le s m
Sou rc e d e d
MES HORMONES
ET LE MÉNAGE
SUIS-JE LA SEULE MÈRE qui se lève un matin Les décorations de Noël qui traînent encore :
par mois avec l’idée de TOUT réorganiser quessé ça ? Pu capable !
la maison, comme si c’était une question de
vie ou de mort ? Les salopettes de neige pis les bottes placées
tout croche dans l’entrée, juste à côté des
JE SAIS QUE C’EST DIRECTEMENT LIÉ manteaux de printemps : NO WAY !
À MON CYCLE FÉMININ, PARCE QUE
ÇA ARRIVE EXACTEMENT TOUJOURS J’ME PROMÈNE DANS LA MAISON,
AU MÊME MOMENT. PIS J’VOIS TOUTES LES CHOSES
QU’IL Y A À FAIRE :
Si j’ai RIEN à faire ce jour-là, j’me transforme
en mère-folle-du-ménage hyperactive, pis je
au qui manque
veux que tout le monde m’aide à réorganiser • Acheter le morce
la maison. pour le foyer
dans le mur
• Réparer un trou
r les murs
Mon chum, lui, dit simplement que je suis •L  aver les saletés su
ds
« une cri*** de folle ». • Ranger les placar
fenêtres
•L  aver le tour des
use dans les tiroirs
Faque j’me lève le matin, beaucoup trop • Passer la balaye
primée pour une fille qui n’a pas encore bu à ustensiles
à cochonneries
son premier café, j’ouvre toutes les armoires • Ranger l’armoire
des Tupperware
pis j’me dis : « Ça se peut pas vivre de même ! •O  rganiser le tiroir
ro-ondes
C’est tout croche ! On est ben dégueulasses ! •L  aver le four à mic e
s des ronds de poêl
Faut arranger ça. TOUT DE SUITE ! » • Laver en dessou

MÈRE ORDINAIRE – 154


Vider, chialer, nettoyer, trier, sacrer, jeter,
frotter, placer et admirer le travail.
ENCORE. L e t ’ s g o :
al ver, laver…
Je vois TOUTE ! Pis là, je ramasse un bout de
papier par terre, j’ouvre la poubelle pour le
jeter. « Voir que la poubelle est sale de même !
Faut que je lave la poubelle !!! »

J’vous jure, je deviens une vraie débile. Pis


là, yé même pas encore 9 h.
Pour moi, c’comme
Pis comme je veux tout faire, j’écris une liste.
des parfums. Mmmm
OUI, J’LE SAIS : J’SUIS UN PEU FOLLE. LÀ,
!
C’EST QUASIMENT UNE MALADIE MENTALE. Toute la journée, je nettoie comme une
déchaînée. Une vraie poule pas de tête. Je
J’écris sur une page recto verso tout ce prends à peine le temps de manger. J’veux
qu’il y a à faire dans la maison. cocher le plus d’affaires sur ma liste.

Comme mon chum est en congé, j’en profite Pis je ne laisse personne relaxer. LET’S GO !
pour lui demander de m’aider à passer au tra­
vers de ma liste de maudite folle du ménage. Les enfants n’en peuvent plus de se faire dire
de ramasser leurs affaires, faque y sont partis
– Chéri ? J’ai fait une liste de ce qu’on doit chez leur grand-mère. Mon chum, lui, a passé
faire aujourd’hui ! Viens voir ! la journée à aller porter du stock au sous-sol
de l’église, au recyclage, pis a lavé les pou­
À ce moment précis, il sait qu’il ne pourra pas belles de la maison.
s’en sauver. Toute la journée, je vais le faire
chi*** avec des tâches. Le pire, c’est qu’après tout ça, il va passer un
mois à chercher où sont les affaires !
– Ah non ! S’ti... J’veux pas la voir, ta liste.
Mais on s’entend que, anyway, il ne cher-
Mais yé trop tard. J’ai déjà commencé les pla­ chera pas grand-chose dans la cuisine, parce
cards, pis la moitié des armoires de cuisine. que pour ça, il faudrait qu’il CUI-SI-NE ! •

VIE DE FAMILLE – 157


LE LAVAGE
POURQUOI AUCUNE DE MES AMIES MÈRES NE M’ONT Pis quand je m’en rends compte, juste en
AVERTIE QUE MA VIE ALLAIT TOURNER AUTOUR DU ouvrant le couvercle, je sais que je dois repar­
MÉNAGE ET DU LAVAGE ? tir la laveuse.

Quand j’ai décidé d’avoir des enfants, per­ CERTAINES FOIS, JE L’OUBLIE
sonne ne m’a dit que faire le lavage, ben ça MÊME UNE DEUXIÈME FOIS.
allait prendre 50 % de mon temps.
Et là, vivant d’espoir, je décide de ne pas la
Pourquoi les mères ne disent pas ça à leurs relaver une troisième fois. Je transfère le tout
amies qui veulent des enfants ? Au lieu de juste dans la sécheuse avec la moitié des feuilles
leur dire que leur vie va changer, dites donc à d’une boîte de Bounce.
la place : « Ta vie va changer, tu vas plier du
linge pendant toutes tes soirées de libres, pis Je vous avoue que cette solution fonctionne
t’en viendras jamais à boutte. » Parce que le assez bien. Mais il arrive quand même des
linge sale, ça pousse partout dans la maison fois où, même si mon chandail sent le prin­
quand t’as deux, trois ou quatre enfants. temps quand je le sors de la sécheuse, deux
heures après l’avoir mis, il commence à sentir
Chez nous, c’est la reproduction à l’infini le moisi.
du linge sale. C’est clair que y a de quoi de
magique qui se passe dans les paniers à linge. Je ne dis plus : « Les deux seules choses qui
sont certaines dans la vie, ce sont la mort et
J’me pose la question : QUI trie les couleurs les impôts. »
et le blanc ? Je veux dire qui, avec des enfants,
a le temps de trier les couleurs ? JE DIS PLUTÔT : « LES DEUX SEULES
CHOSES QUI SONT CERTAINES
Pour moi, laver du linge une seule fois, c’est DANS LA VIE, CE SONT LA MORT
un exploit. Les trois quarts du temps, j’oublie ET LE LAVAGE. » •
ma brassée mouillée dans la laveuse.

MÈRE ORDINAIRE – 158


q u e j’ a im e ra i s …
Ce

Ce que j’ai.
Ça c’est mon chum qui fait
quelque chose de TRÈS sexy…
LE LINGE
ON S’LE CACHERA PAS, LA VIE DE MÈRE, CE N’EST PAS DE CHANTER DES
COMPTINES PIS DE VISITER DES PARCS. LA VRAIE VIE DE MÈRE, C’EST :

• Ramasser du linge • Repasser du linge


• Remplir des paniers de linge • Préparer des piles de linge
• Vider des paniers de linge • S’enfarger dans du linge
• Acheter du savon à linge • Ranger du linge
• Laver du linge • Faire nettoyer du linge
• Détacher du linge • Trouver du linge
• Acheter du Bounce pour le linge • Monter du linge
• Faire sécher du linge • Descendre du linge
• Suspendre du linge • Faire essayer du linge
• Réparer du linge • Jeter du linge
•S
 acrer parce qu’on a oublié le linge • Acheter du linge
sur la corde, pis qu’il mouille • Replier du linge
• Trier du linge • Chialer à cause du linge
• Plier du linge • Faire une dépression à cause du linge

MÈRE ORDINAIRE – 161


Ça, c’est ma vision, 50 % du temps,
quand j’prends ma douche. On s’entend
qu’on est loin du spa finlandais !
PRENDRE SA DOUCHE EN PAIX :
MISSION IMPOSSIBLE
TU PENSES QUE T’ES LA SEULE MÈRE qui ne peut la porte de la douche ouverte pis endurer un
pas prendre sa douche tranquille ? NO WAY. bébé qui hurle sa vie.
99,9 % des mères sont dans la même situa­
tion que toi. Dans les deux cas, je peux te dire que y a rien
de relaxant là-dedans. On est loin en maudit
On a beau user d’imagination, à un moment du spa finlandais ou des publicités de bain
donné, quand nos enfants ont deux ou trois moussant.
ans, y a pas moyen de prendre sa douche en
PAIX. Faque souvent, il faut que j’me rase les jambes
pis l’entrejambe avec un bébé qui me regarde
Chez nous, les mettre devant la télé, ça en se demandant « Quessé tu fais maman ? ».
marche pas. Pis la cage, je trouve que c’est
un peu too much. Parce que, à part dans une Ça me déconcentre tellement que, les trois
cage, je ne sais pas où installer mon garçon quarts du temps, j’ai une jambe rasée pis une
quand je veux avoir la paix le matin quand je autre avec du poil d’un pouce de long. Oui,
dois prendre ma douche et que je suis seule. j’oublie souvent de finir de me raser comme
du monde.
À DATE, MES DEUX SEULS
MOYENS SONT : Pis ça, c’est quand j’me lave pas les cheveux
1. Laisser le p’tit avec moi dans la salle de bain avec du revitalisant ou avec du shampoing
2. Le mettre dans la douche avec moi pour bébé.

En résumé, j’ai le choix entre avoir un bébé Prendre une douche tranquille, ce sera dans
entre les jambes quand je me lave, ou laisser quelques années ! •

VIE DE FAMILLE – 163


PINTEREST,
OU COMMENT
SE SENTIR NULLE
J’AIME LES SITES COMME PINTEREST. J’aime ça voir comment des
gens réussissent des bricolages, des recettes et des magnifiques
décors.

Il y a même des fois où j’essaie de réaliser un projet. Et là, Pinte­


rest devient un site où je me sens vraiment, mais vraiment nulle.

Par exemple, une fois, j’ai décidé de cuisiner un gâteau de fête


que j’avais vu sur Pinterest pour la fête d’un an de mon fils Billy.

J’avais vraiment envie de lui préparer un gâteau « maison » fait


avec amour. J’ai l’impression que s’il était fait par sa maman, il
serait meilleur.

En plus, la recette était assez simple. Ça disait même que, si je


n’avais pas une douille pour décorer le gâteau avec du crémage,
je pouvais prendre un Ziploc troué à la place.

Faque c’est ça. C’est là que j’ai réalisé que, pour copier Pinterest,
ça prend quand même un minimum de talent… •

MÈRE ORDINAIRE – 164


I l s d i s e nt q ue c ’
e
Gâteau fait san st l’intention qui compte.
s talent, mais av
ec amour.
Des cupcakes, des amis, pis Mimi
a la plus belle fête du monde.
LES FÊTES D’ENFANTS
EN 1985, ÇA PRENAIT : LES MAUDITS SACS À SURPRISES.
• Un ami et trois cousins PU CAPAB !
•U
 n plateau de 15 sandwichs
•U
 n gâteau Duncan Hines T’es venu chez nous, je t’ai nourri, je t’ai diverti
•U
 n sac de pommes pour jouer à pis faut que je te donne un cadeau pour que
« Pogne la pomme dans l’eau » tu retournes chez vous ? NO WAY !
•U
 n baril d’orangeade
•U
 n ballon pour jouer dans la cour On va mettre quelque chose au clair : l’argent
dépensé pour la fête de vos enfants n’est pas
MAINTENANT, ÇA PREND : un signe que vous êtes de bons parents. C’est
• Un chapiteau pis Cavalia un signe de strictement rien.
• 1 7 amis
•D
 es cartons d’invitation Un enfant, ça se fout de la sorte de gâteau et
•U
 ne pinata du repas de sa fête. Tout ce que ça veut, c’est
•U
 n dîner 7 services jouer avec des amis et triper sur un rush de
• 1 25 $ de décorations de chez sucre.
Party Expert
•U
 n clown Tous les enfants aiment les fêtes ben simples
• 1 00 $ de sacs à surprises dignes de 1985. La vérité, c’est que ce sont les
•D
 es cartons de remerciement adultes qui gâchent tout. •

VIE DE FAMILLE – 167


CONSEILS POUR UNE FÊTE
D’ENFANTS RÉUSSIE
1. SI L’ENFANT ne peut pas fabriquer lui-
même les cartons d’invitation, des Post-it
5. CHOISIR UNE AMIE SANS ENFANT et lui
demander si elle peut cuisiner le gâteau en
feront l’affaire. Bien spécifier l’heure à échange d’une bouteille de mousseux cheap.
laquelle la fête se termine. Ça devrait fonctionner.

2. LE NOMBRE D’AMIS invités correspond


à la moitié de l’âge de l’enfant. C’est non
6. AU LIEU DES SACS À SURPRISES, chaque
enfant repartira avec un ou deux petits
négociable. Pour les chiffres impairs, tu cupcakes (vendus à l’épicerie) et un paquet
peux arrondir à la baisse ou à la hausse, selon de gommes. C’est ben moins de trouble.
ton humeur.

3. NE JAMAIS inviter les enfants pour un


7. TOUT DE SUITE APRÈS LE GÂTEAU, organiser
une séance de danse avec de la musique dans
repas. Je suggère fortement la plage horaire le tapis. Ça les épuise.
12 h 30 - 15 h 30.

4. TOUJOURS inviter deux de tes amies


8. TOUJOURS préparer les enfants au moins
10 minutes avant l’heure d’arrivée des parents.
(les plus énergiques) sans enfant. Elles sont Manteau pis toute sur le dos. Ça évite d’avoir
super motivées et, en échange d’une bouteille cinq parents dans l’entrée qui cherchent des
de vin, elles vont t’aider à passer au travers mitaines pendant 15 minutes. Quand t’es fati­
de cette journée de fête. guée, ça fait la différence.

MÈRE ORDINAIRE – 168


9. S’ASSURER D’AVOIR ASSEZ DE CAFÉ.

10. j’ v e u x u n e
FAIRE DES PROVISIONS À LA SAQ pour

« M a m a n ,
se gâter. Le nombre de bouteilles néces­

l e t h è m e
fête sur ! » VOILÀ !
saires correspond à l’âge de l’enfant : 6 ans =
6 bouteilles de vin.

s l i c o r n e s
11. PRÉVOIR UN REPAS DÉJÀ CUISINÉ pour
de
souper. Avancer l’heure sur les cadrans et
coucher les enfants 45 minutes plus tôt pour
te récompenser. •

VIE DE FAMILLE – 169


Oui, je suis prête à tout pour une fête réussie.
Quand y faut, y FAUT !

MÈRE ORDINAIRE – 170


LISTE DE JEUX
POUR FÊTE
D’ENFANTS
1. « POGNE LA POMME DANS L’EAU »

2. QUEUE DE L’ÂNE (DOLLARAMA)

3. CHAISE MUSICALE

4. LIMBO ET MACARENA

5. JEAN DIT

6. MAQUILLAGE : former deux équipes d’enfants


qui vous maquilleront toi et tes amies.

7. « 104 RAMASSE ». Assise ben relaxe sur le sofa


avec ton café, tu lances deux paquets de cartes
par terre; celui qui en ramasse le plus gagne
un suçon. Ben winner chez nous. •

VIE DE FAMILLE – 171


EN CACHETTE
DE MES ENFANTS,
JE...
ON FAIT TOUTES DES CHOSES EN CACHETTE
DE NOS ENFANTS. VOICI QUELQUES EXEMPLES
QUE DES MÈRES ONT PARTAGÉS SUR MA PAGE.
5. MA FILLE DE 12 ANS EST DIABÉTIQUE. Pour la
supporter, aucun membre de la famille
ne mange de sucre en sa présence. Nous
tentons d’avoir les mêmes habitudes saines

1. DES FOIS, EN ROUTE VERS LA GARDERIE,


j’arrête à la crémerie me chercher une
grosse molle et je m’installe dans mon char
qu’elle... juste quand elle est là. L’autre soir,
elle est sortie de sa chambre vers minuit et
elle nous a pognés en train de manger un
pour la finir avant d’aller chercher mon fils gros morceau de gâteau.
de 4 ans.

2. QUAND J’ACHÈTE DES CHOCOLATINES, je


demande à mes enfants d’en laisser pour
6. JE METS DES FROOT LOOPS DANS UN SAC
ZIPLOC, et je les cache avec des palettes
de chocolat sous mon oreiller. Quand mes
leur père parce qu’il n’en a pas eu. Mais c’est enfants sont couchés et que mon chum prend
un mensonge : c’est moi qui les mange un sa douche, moi, je grignote.
peu plus tard.

3.   LE JOUR DE LA RENTRÉE SCOLAIRE, le père


de mes enfants et moi allons au spa
7.   JE N’ARRÊTE PAS DE DIRE À MES ADOS DE
LÂCHER LEUR CELLULAIRE. Mais dès qu’ils
sont couchés, je passe au moins deux heures
pour la journée. sur le mien.

4. JE MANGE SOUVENT EN CACHETTE DANS LA


SALLE DE BAIN. 8. JE MANGE DU McDO, pire, je mange des
trios pour enfants Joyeux Festins. •

MÈRE ORDINAIRE – 172


Oui, en cachette de mes enfants, j’reste toute
la journée en jaquette et j’me fais des masques.
Pourquoi en cachette ? Parce que mon 2 ans
hurle sa vie quand il me voit comme ça.

MÈRE ORDINAIRE – 173


LES MAUDITES NOTES
AVEC LA FIN DU PRINTEMPS arrive la fin de l’école, Je l’avoue, je ne souris pas quand je vois des
ENFIN ! statuts qui disent que les enfants ont été
acceptés dans une top école.
Terminé les lunchs, les devoirs, les leçons, les
« Vite ! Dépêche-toi ! Tu vas être en retard ! ». Je devrais, j’le sais.

J’aime tellement ce doux moment de l’année Je pense à mes amies qui ont des enfants
où le quotidien est plus léger. à défis, des enfants différents ou juste des
enfants qui passent avec 65 % même en se
C’EST AUSSI LE MOMENT DE L’ANNÉE forçant, et qui vont aller étudier à l’école ben
OÙ J’VOIS, SUR FACEBOOK, ordinaire du quartier, sans programme cool
LES RÉSULTATS SCOLAIRES ou international. Je pense à tous les enfants
DES ENFANTS. qui ont eu 55 % en ayant mis tout l’effort du
monde pour réussir.
Oui oui, des parents prennent en photo les
notes de leurs enfants pour les publier sur Y a aussi tous les parents qui voudraient ins­
leur page Facebook. crire leurs enfants dans une école privée mais
qui n’ont pas les moyens.
Ça, ça me met un peu mal à l’aise.
Y A AUSSI LES PARENTS QUI N’ONT
Et je sais pertinemment que pour chaque PAS LE CHOIX D’ENVOYER LEURS
parent qui publie la photo d’un bulletin rempli ENFANTS À L’ÉCOLE PAS SI HOT
de A, ou de ses enfants super souriants car DU COIN.
ils ont été sélectionnés pour aller dans une
école réputée, y a un paquet d’enfants qui, Ces parents-là ne publieront pas la photo du
eux, n’ont pas passé leur année ou qui devront bulletin de leur enfant sur Facebook. Ils ne
aller étudier dans une école qui n’est pas leur se vanteront pas de l’école que fréquentera
premier choix. leur enfant.

MÈRE ORDINAIRE – 174


b u l l e t i n
Voici le inaire
de M è re O rd
« Mes enfants ne sont pas des notes.
Mes enfants sont des humains exceptionnels. »
MÈRE ORDINAIRE – 176
On voudrait tous que nos enfants soient Par contre, ce qui influence vraiment ce
dans une top école. On voudrait tous que qu’elle deviendra, c’est la manière dont MOI
nos enfants aient 90 % dans leur bulletin. j’accepte ses défis et aussi comment je l’accom­
pagne dans sa vie.
Mais des fois, ça ne se passe pas comme prévu.
Y a des défis qui arrivent à la maternelle et Si j’ai confiance en elle et que je souligne ses
qui restent jusqu’à la fin du secondaire. forces, elle deviendra une femme confiante.
Si son père la supporte, qu’il est présent
Pis même si on fait comme si « toute va ben et qu’il l’encourage, elle saura ce qu’est un
aller », on a le cœur gros. On veut le meilleur homme respectueux. Devant l’échec, si je lui
pour nos amours. montre qu’il y a bien pire et que l’important
c’est l’effort, je fais d’elle une personne forte.
J’veux pas jouer à la fille positive. J’hais ça,
les gens trop positifs. Mais... Qu’est-ce qu’on Et pour mes gars, je souhaite qu’ils soient
veut vraiment pour nos enfants ? des hommes respectueux, responsables,
confiants, débrouillards et capables de recon­
JE ME SUIS POSÉ LA QUESTION. naître leurs émotions. Je sais que des A dans
ET CE QUE JE VEUX VRAIMENT POUR leurs bulletins ne changeront en rien ce que
MES ENFANTS, C’EST QU’ILS SOIENT je souhaite pour eux.
HEUREUX.
Mes enfants ne sont pas des notes. Mes enfants
Je veux que ma fille ait confiance en elle, et les vôtres sont des humains exceptionnels
qu’elle ne dépende jamais d’un homme, qu’elle qui ont seulement besoin d’aide pour trouver
ne soit jamais une victime. Je veux qu’elle leurs forces et s’épanouir. Parfois, s’épanouir,
connaisse ses forces et ses faiblesses pour ça ne veut pas dire avancer à la même vitesse
pouvoir bien avancer. Je veux qu’elle s’aime que les autres. Des fois, c’est plus long, pis
et qu’elle soit maître de sa vie. c’est pas grave.

Est-ce que le fait qu’elle n’ait pas des A et Et ça, même si leurs bulletins ne sont pas
des 90 % influence ce que je souhaite pour dignes d’une photo sur Facebook, nos enfants
elle ? NON. sont exceptionnels. •

MÈRE ORDINAIRE – 177


QUAND J’AI BESOIN
DE TEMPS POUR MOI...
QUAND J’AI BESOIN DE TEMPS POUR MOI, je prends Faque je prépare une mini collation poche
les grands moyens. pour m’assurer qu’ils seront bien affamés
à cinq heures moins le quart.
Certains soirs, quand je suis vraiment fati­
guée et que je suis à fleur de peau, je couche 16 h 45 : le souper
mes enfants plus tôt. 17 h 30 : le bain.

Parce que OUI, quand maman est fatiguée, À 18 h, ma fille me dit :


c’est les enfants qui se couchent !
– Maman, on a le temps de jouer ou c’est
Un truc que j’utilise assez régulièrement, l’heure d’aller se coucher ?
c’est d’avancer l’heure. Ne capote pas là ! J’fais
pas ça chaque semaine, quand même... Moi, voyant la porte grande ouverte
pour dire un petit mensonge de plus :
Pour réussir ce truc-là, il faut commencer en
début d’après-midi.
– Vous avez été gentils, faque je vous laisse
Dès midi, j’avance l’heure PARTOUT dans un petit 20 minutes de plus !
la maison. Faut surtout pas que j’oublie une
maudite place. Aussi, faut pas que j’oublie de – Merciiiiii ! T’es la meilleure maman du
débrancher le décodeur et d’interdire l’utili­ moooooonde !!!!!
sation des tablettes ce jour-là. Sinon, ça ne va
pas marcher. J’vais avoir l’air d’une maudite Je sors de la chambre avec un petit rire
menteuse, pis ça, j’veux pas ça. diabolique. À ma mort, juste pour ça, j’vais

MÈRE ORDINAIRE – 178


aller directement en enfer. sonne, vous restez dans vos lits jusqu’à 8 h.
Vous vous êtes couchés plus tard ce soir.
Trente minutes plus tard, à 18 h 30 (mais
19 h 30 selon l’heure avancée par maman à Et je ferme doucement la porte, en chantant
boutte) : dans ma tête :

– Ma bande de chanceux ! Vous avez eu LIBÉRÉEEEE, DÉLIVRÉÉÉÉÉÉÉÉÉ !


TRENTE minutes de plus pour jouer ! Alors,
allez ! Au dodo ! Pis n’oubliez pas que, demain, Pis là, c’est TRÈS IMPORTANT d’aller
si vous vous réveillez avant que le cadran remettre tous les cadrans à la bonne heure.

VIE DE FAMILLE – 179


AVANT D’AVOIR DES ENFANTS,
J’PENSAIS QUE...
AVANT D’AVOIR DES ENFANTS, on pense toutes
qu’on va être les meilleures mères du monde
entier. On ne fera pas les mêmes erreurs que
3. JAMAIS JE NE REFERAIS SA TOAST OU JE NE
CHANGERAIS SON VERRE PARCE QUE MON
ENFANT ME LE DEMANDE OU COMMENCE À BRAILLER.
nos mères, pis on ne tombera pas dans la Certains matins, quand je suis un peu fatiguée
facilité… Et PAF ! On devient MAMAN. (ça veut dire quasiment tous les matins) et que
mon petit Ben Laden hurle parce qu’il voulait
Avant d’avoir des enfants, je pensais que… sa toast coupée en quatre TRIANGLES, et
non en quatre CARRÉS, je lui en refais une.

1. LA JOURNÉE SE TERMINERAIT QUAND LES


  ENFANTS SERAIENT COUCHÉS. Asteure,
je sais que la journée se termine quand les
Et si mon gars de 5 ans fait une crise d’hystérie
parce que son verre préféré est sale, ben oui,
je le lave. Pourquoi ? Parce que je CHOISIS
enfants sont couchés ET que les lunchs sont MES BATAILLES !
faits ET que le linge est plié ET que les plan­
chers sont propres.
4. JE NE PERMETTRAIS PAS À MES ENFANTS DE
DORMIR DANS MON LIT. Le temps passe

2.   MES ENFANTS N’ÉCOUTERAIENT JAMAIS


  LA TÉLÉ. Maintenant que j’en ai trois,
je n’ose même pas donner la conséquence
tellement vite. Dormir avec eux est un petit
privilège qui me fait tellement plaisir. Qui
aurait cru que dormir en recevant des coups
de leur enlever la télé. C’pas vrai que je vais de pied puisse être aussi agréable ? Depuis
me priver de 20 minutes de paix. No way ! que je suis mère, je comprends qu’on laisse
Si je faisais ça, c’est moi que je punirais ! son enfant grimper dans son lit. •

MÈRE ORDINAIRE – 180


TOILETTE :
n.f. Récip
de bol d ient d’eau
’eau pou qui peut
r chien, servir
d’aquariu d ’e space de
m pour re jeu,
d’endroit quin en p
où faire s la stiqu e et même
es petits
besoins.

Avant d’avoir des enfants, j’aurais jamais


imaginé que mon chum débloquerait
la toilette deux fois par mois !
MÈRE ORDINAIRE – 181
L’été, c’est pour moi une saison magique,
le moment où les enfants peuvent enfin être
des enfants, sans avoir un horaire de mini
adultes. C’est aussi une saison où
on crée des milliers de souvenirs.
L’ÉTÉ

MÈRE ORDINAIRE – 183


n p e t it p la is ir d e l’ é t é :
Mo f o r t
f e e le r le r é c o n
me blottir et f lo t t e .
du pla s t iq u e g o n f lé q u i

MÈRE ORDINAIRE – 184


MA LICORNE
CHAQUE ÉTÉ, mon but est de prendre cette position-là le plus sou­
vent possible. Avec ces bas-là. Sur cette licorne-là. Oui, les filles,
ce que je veux, c’est dormir la face dans le derrière d’une licorne.

À chacune ses buts, tsé.

C’est mon but parce que chaque année, je planifie plein d’activités
et de sorties; faque j’ai tout le temps de la broue dans le toupet,
pis je profite rarement de la tranquillité que sont supposées offrir
les vacances d’été…

Alors je rêve à ma licorne. •

VIE DE FAMILLE – 185


SEPT RAISONS QUI RENDENT
LE CAMPING INSUPPORTABLE
1. LES BESOINS – Quand t’as envie de faire
pipi, il faut que tu prennes une marche
pour aller te soulager. Pour les enfants, ça
3. LA CUISINE – En camping, faire à manger
est la meilleure façon de se rapprocher
du mode de vie des hommes préhistoriques.
finit au pied d’un arbre la majorité du temps. Il manque toujours de quoi.

Mais si t’as envie de faire un numéro deux, Si, comme moi, t’es mal organisée, tu finis par
tu peux jamais le faire en paix. Y a toujours brasser le macaroni avec la pelle des enfants
du monde din toilettes, pis y a souvent des pis tu laves ta vaisselle dans l’eau frette. Bref,
enfants qui regardent sous les portes. Le le best, c’est d’aller manger des hot-dogs au
matin, qui aime marcher 200 mètres pour p’tit restaurant.
aller chier ? QUIIIII ?

2. LA DOUCHE – En camping, la douche,


c’est l’affaire la plus dégueulasse. Si tu
veux savoir si le terrain de camping a de
l’allure, demande qu’on t’envoie une photo
des douches. Pour moi, c’est le critère le
PLUS IMPORTANT.

Quand tu vis dans la peur tout au long de ta


douche parce que le rideau te frôle les fesses,
c’est pas le fun. Quand t’as peur de pogner des
morpions en touchant le mur de la douche,
c’est vraiment FATIGANT.

MÈRE ORDINAIRE – 186


4. LE LAVAGE – Faut que tu prennes une
marche de dix minutes pour aller laver
ton linge. Si t’as une famille de six, comme
6. LE LOOK – Au yâble la coquetterie. T’as les
cheveux soit gras, soit secs comme de la
broche à foin pendant tout le temps que t’es
moi, t’as l’air d’une mère qui s’en va laver son au camping. La pédicure a pris le bord, parce
linge à la rivière... en 2018. que t’es dans gravelle à longueur de journée.
Pis tu sens le swing 12 heures sur 24.
Tu es stressée de peur que quelqu’un vole
tes nouvelles bobettes. Et les trois quarts du Le mieux, c’est de ne jamais se regarder dans
temps, tu dois marcher un kilomètre de plus un miroir.
parce que t’as pas apporté assez de change
pour finir ton séchage.
7. LE SOMMEIL – On va mettre quelque chose
au clair. En camping, ON DORT MAL

5. L’HABILLEMENT – Pendant tout le séjour,


t’es vêtue comme une sans-abri. Ton
linge n’est jamais vraiment propre. T’as jamais
EN CRI***.

Tu peux pas ben dormir si t’entends le voisin


tous tes vêtements propres en même temps. de terrain péter et ronfler, tes enfants respirer
Souvent, au lieu de porter des bobettes, t’as et se retourner toute la nuit, pis à 4 h 50,
un vieux bas de maillot humide. les corneilles te réveillent. On n’appelle pas
ça une nuit de sommeil; on appelle ça une
Tu mets la même brassière pendant sept SIESTE !
jours d’affilée, pis tu retournes les bobettes
des enfants à l’envers pour ne pas avoir à Il fait frette la nuit, mais à 6 h du matin,
marcher un kilomètre pour les laver. quand le soleil se lève, y fait trop chaud. •

VIE DE FAMILLE – 187


CAMPING EXPRESS
Une amie africaine en visite au Canada m’a « On va avoir du fun, chéri, tu vas voir ! Les
questionnée au sujet du camping. Quand je enfants vont tellement aimer ça ! »
lui ai parlé de cette activité, elle m’a dit :
Connais-tu ça, toi, les bulles d’air au cerveau ?
« DANS VOTRE BELLE GRANDE MAISON, Ben le camping, c’en est une ! Pis moi, ç’a l’air
VOUS AVEZ DE L’ÉLECTRICITÉ, UN que j’en ai souvent.
RÉFRIGÉRATEUR ET UNE CUISINIÈRE.
ET VOUS PAYEZ POUR ALLER FAIRE Un matin, j’me lève pis je décide qu’on va aller
DU CAMPING ? EN AFRIQUE, LES GENS dormir deux petites nuits en camping. Tsé,
QUI VIVENT DANS CES CONDITIONS-LÀ, une p’tite folie en famille, ça brise la routine,
ON LES APPELLE DES RÉFUGIÉS. » pis les enfants aiment ça !

Tout est dit. À ce moment précis, je vois le désespoir dans


la face de mon chum. Lui, y a pas encore
Chaque année, quand on revient de nos oublié notre dernier séjour en camping. Mais
vacances en camping, je me dis que je n’en moi, mon cerveau, yé pas pareil. Y oublie le
ferai plus jamais. PU JAMA! négatif pis y focusse sur le positif. Faque moi,
tout ce dont je me souviens, c’est mes enfants
Et l’année passe : on est encabanés quasi­ qui sont heureux en camping.
ment tout l’hiver, on a frette, on s’ennuie de
la nature et des activités extérieures sans Je dois donc lui faire un petit speech de posi­
manteau… Puis le printemps arrive comme tivisme. Du genre « Ça va nous faire du bien
une délivrance, suivi de l’été et du congé et on va mieux s’organiser, ça va ben aller… »
scolaire qu’on planifie bien à l’avance.
Je pense que je devrais me lancer dans la
Et me repogne la même maudite idée de faire vente d’autos usagées : j’arrive à vendre les
du camping avec les enfants. pires idées du monde à un gars de 50 ans.

MÈRE ORDINAIRE – 188


On commence donc les préparatifs. Parce Une heure de char sans avoir à en menacer
que oui, la plupart du temps, on (JE) décide un de l’abandonner sur le bord de l’autoroute,
qu’on part faire du camping le matin même. sans serrer des genoux en annonçant une
claque qui n’arrivera jamais.
Mon chum va dans le cabanon-dompe pour
ramasser tout le stock de camping qui est IMAGINEZ MA SURPRISE : J’AI DÉCIDÉ
éparpillé un peu partout. Pendant ce temps, DE PARTIR LE JOUR MÊME ET TOUT
je prépare tout ce que ça prend pour dormir, SE PASSE BIEN. J’CAPOTE.
manger, se laver et se divertir. Évidemment,
comme je suis à la dernière minute, je suis Arrivés au terrain de camping, au moment
désorganisée et je botche un peu. précis où on se stationne, le déluge arrive,
toé chose. Pas une petite pluie fine là ! Non
On part à 14 h pis on arrive au camping à 15 h. non : le genre de déluge qui fait peur à Noé
Pas de chicane. Pas de niaisage. Tout va bien. pis qui a fait disparaître les licornes.

VIE DE FAMILLE – 189


Papa est à bo
utte, mais mo
j’suis de bonn i
e h um e u r .
J’aime ça, le c
amping !
Mon chum se dépêche de monter la tente À peine rendus au coin de la rue du camping,
pour qu’on puisse sortir du char, mais yé trop il se remet à mouiller. À mouiller fort en cri***.
tard. Notre stock et l’intérieur de la tente sont
mouillés. Comme quoi faut jamais penser THE DÉLUGE IS BACK, PIS NOÉ N’EST
que tout va bien avant de revenir à la maison. PAS DANS SON BATEAU.

« C’pas grave ! On va s’amuser pareil ! La pluie On court pour revenir dans’ tente. On est tous
ne gâchera pas notre camping ! » trempés. Les kids mouillent toute. Les matelas
sont mouillés, les oreillers aussi...
Mon chum saigne des yeux. Yé en tabarn***.
Là, je commence à trouver que ma bulle d’air
« T’AS PAS REGARDÉ LA MÉTÉO AVANT au cerveau était vraiment toxique. Une fausse
DE PARTIR, CALVAIRE ? » bonne idée.

Non. J’ai pas regardé la météo. J’avais pas le Finalement, un coup que l’intérieur de la tente
temps de regarder la météo. Moi, je devais est complètement trempé, le soleil revient.
paqueter la glacière, les sleeping bags, les
pyjamas, la bouffe… avec le bébé scotché à Faut garder la foi !
mon mollet.
On part se promener, mais dix minutes plus
Awèye, tout le monde dans la tente ! On sort tard, on réalise que c’est l’heure du souper. Je
les deux jeux de société qu’on a apportés. commence à être à boutte, mais je ne peux pas
Après dix minutes, on est tannés pis les le montrer. Faire du camping, c’était MON idée.
enfants commencent à chialer.
On revient sur notre terrain pour manger.
Au même moment, Dieu me prouve qu’il
existe : y arrête de pleuvoir. Ma fille me demande si elle peut prêter son
vélo à la petite voisine. Je n’ai même pas le
Ça tombe-tu ben ? Let’s go à la plage ! On temps de me retourner que la petite fille est
« pacte » le bébé, le stock, pis on part. J’le déjà sur le bécyk, sans casque, en train de
savais qu’on allait avoir du fun. dévaler la côte.

VIE DE FAMILLE – 191


J’entends ma fille crier « FREINE ! » allumer un feu. Encore plus quand tout est
trempe. On a l’air d’une gang de sans-abri en
La petite ne sait pas comment faire, faque elle camping. Une demi-heure plus tard, le steak
termine sa course en fonçant sur un arbre. est tombé trois fois dans le feu, mais on va
Elle pogne une solide débarque. Sa mère sort enfin manger.
de leur tente en hurlant.
Les enfants sont exécrables. Ils ne veulent
La petite a failli devenir paraplégique avec le pas manger. J’ai chaud.
bécyk de MA fille. Je me sens terriblement
coupable. Mais heureusement, y a eu plus On n’a plus de glace. La récompense que je
de peur que de mal. Ça me prend du vin pour m’étais promise (une p’tite bière froide quand
décompresser. Où est le vin ? OÙ EST LE VIN ? les enfants seront endormis) va être chaude.
Je suis à boutte.
J’AI OUBLIÉ LE VIN. ON A JUSTE DEUX
BIÈRES. EN CANETTE. PIS ELLES Heureusement, la soirée se passe quand même
TRAÎNENT DANS LE FOND DE LA VALISE bien. On s’amuse au parc. Les enfants sont
DU CHAR DEPUIS SIX MOIS. heureux et courent partout, pis mon chum
joue au mini-putt (le comble du bonheur).
Le bébé braille de faim. On sort les affaires Bref, tout le monde est content.
pour cuisiner, pour se rendre compte qu’on
a juste de la viande. De la maudite bonne Arrive l’heure du dodo.
viande, mais rien pour la faire cuire.
SURPRISE ! L’une des fenêtres de la tente est
Les enfants ont VRAIMENT faim. restée ouverte. Tout est encore PLUS humide.
On se croirait dans un marécage.
Mon chum va au mini dépanneur du camping
et trouve une grille cheap pour griller notre LES KIDS SE COUCHENT ET CHIALENT
souper. Yeah ! On va manger ! QUE ÇA PUE LE CHIEN MOUILLÉ.

Le hic, c’est que ni lui ni moi n’avons fréquenté Le bébé ne veut pas dormir. Il se retourne
les scouts. On est complètement nuls pour sans arrêt dans son parc, en chignant.

MÈRE ORDINAIRE – 192


Faire cuire
s t e a k v e r s i o n
un p » .
g c h e a
« campin

Mon chum veut dormir. Il se couche, mais Moi, je veux ben partir, mais je fais semblant
son matelas est percé. Quelques minutes plus qu’on a du fun. Pis on ne peut pas faire ça aux
tard, son matelas gonflable est désormais une enfants. Je convaincs (encore) mon chum que
mince feuille de plastique. La tente est ins­ la nuit ne sera pas si pire que ça.
tallée sur des maudites p’tites roches. Mon
chum veut me tuer. Finalement, mon chum se couche sur sa gue­
nille molle de matelas. Les enfants sur le leur.
Le bébé braille. Le bébé dort dans la poussette, dehors.

Mon chum me suggère qu’on décâli*** et qu’on IL EST 22 H 30. J’OUVRE MA CANETTE
aille coucher à maison. Les kids, eux, y veulent DE BIÈRE CHAUDE.
pas : « On veut resteeeeer ! »

VIE DE FAMILLE – 193


Y commence à faire vraiment frette. Je vais de calmer. Mais bon. On décide d’attendre
voir le site de MétéoMédia : y annonce 13 oC jusqu’au matin.
pour la nuit. 13 DEGRÉS !
À 6 h, mon chum n’en peut plus d’être couché
Je termine ma bière et j’ai envie de pleurer direct à terre avec le bébé qui lui grafigne
parce que je n’en ai pas d’autres. La nuit va la face. Y décide d’aller faire un feu pour se
être longue. réchauffer et de se préparer un café instan­
tané. Faque j’ai dormi de 6 h 30 à 8 h, avec
J’ME SENS COMME DANS UN ÉPISODE le bébé sur moi. À deux, on a réussi à éviter
DE SURVIVOR. l’hypothermie.

Je me couche. Le bébé se réveille à 2 h 30. À 8 h, j’ouvre les yeux : la tente est vide. Y
Pis y se rendort juste à 6 h 30, parce qu’il a reste juste mon sac et mes couvertures. Il
trop froid. Parce que non seulement y fait ne reste plus rien dehors non plus. Les kids
13 C, mais à cause de l’humidité, on a frette
o
ont déjeuné et mon chum a les clés du char
jusqu’aux os. dans les mains, prêt à partir.

Entre-temps, les deux autres enfants se Dès que j’mets le pied dehors, y sacre la tente
réveillent aux deux heures : ils chialent qu’ils en motton dans la valise et on part sur un
ont froid, même si leurs sacs de couchage burn à 8 h 07. Exactement 7 minutes après
garantissent qu’ils sont conçus pour un climat m’être réveillée, on est sur le chemin du retour.
de – 50 °C. Faut aussi qu’ils aillent faire des Arrivés à la maison, on prend une douche
pipis à côté de la tente en se mouillant les chaude et on dort trois heures non stop. En
jambes. me levant, j’ouvre l’ordi et je mets notre tente
sur Kijiji.
Une nuit de rêve, tsé.
Comprends-tu mieux, maintenant, c’est quoi
À 3 h 30, on se demande si on « pacte » toute une bulle d’air au cerveau ?
pis qu’on sacre notre camp. Mais on ne veut
pas réveiller les voisins. Y sont probablement Le camping, pu jamais... ou jusqu’à l’année
réveillés à cause de notre bébé qu’on essaye prochaine ! •

MÈRE ORDINAIRE – 194


Je rêvais d’avoir des enfants et de leur faire
découvrir le monde. Enfin, je réalise ce rêve.
Je suis persuadée que mes enfants apprennent
énormément dans ces périples. Et nos liens
deviennent encore plus forts.
MÈRE ORDINAIRE – 196
S’OUVRIR
SUR LE MONDE
DEPUIS QUELQUES ANNÉES, j’essaie de partir en voyage avec mes
enfants une fois par an. On a la chance de pouvoir voyager, faque
j’en profite pour leur faire découvrir le monde.

Je crois vraiment que tous les enfants sont d’excellents voyageurs.


Que ce soit pour découvrir une ville, une forêt ou un nouveau pays,
les enfants adorent s’ouvrir sur le monde.

En 2014, Mély (4 ans), Ricci (2 ans) et moi avons été visiter Bali,
en Indonésie, en sac à dos. Mon chum ne voulait pas vivre cette
expérience de voyage « sac à dos ». Faque je suis partie seule avec
mes deux cocos pendant un mois.

Un voyagement de 27 heures, un tremblement de terre, des


gens chaleureux, une langue étrangère, des péripéties, et plein de
souvenirs. Me retrouver seule avec les enfants a été, je l’avoue,
souvent difficile. Mais nous avons créé de magnifiques souvenirs
et Bali est un endroit magique.

VIE DE FAMILLE – 197


LA THAÏLANDE EN FAMILLE
EN 2016, nous avons (ou plutôt J’AI) décidé Aujourd’hui, il ne reste que les beaux souve­
d’organiser un autre voyage en Asie. J’ai nirs. Mais la vérité, c’est que trois jours après
convaincu mon chum (ç’a été tough !) de notre arrivée, mon chum veut déjà repartir.
nous accompagner pour ce voyage. Le décalage horaire de 12 heures l’a débous­
solé. Et avec la bouffe asiatique et la langue
En mai, on part en Thaïlande en famille pour qu’on ne comprend pas, il a l’air d’un cadavre
un mois avec nos sacs à dos. ambulant.

Billy a maintenant huit mois et il viendra avec On a perdu un bagage, on manque de couches
nous. Je n’ai jamais voyagé avec un si jeune et y fait très chaud. Parfois plus de 42 oC.
enfant. Je ne vous le cacherai pas : j’avais un
peu la chienne. Mais quand on planifie un Par chance, on s’adapte et on visite Bangkok,
voyage avec des enfants, il ne faut pas trop Railay, Phuket, Koh Samui et plusieurs petites
réfléchir. Faut s’organiser, pis foncer ! îles. Un splendide voyage !

La Thaïlande, ce n’est pas un pays qui est Mais le retour à la maison est pénible et
adapté aux bébés; on a dû changer des rough. Ça nous prend douze jours pour se
couches sur des planchers d’aéroports ou remettre du décalage horaire. Les enfants
de restaurants. Et le p’tit a mangé du riz pas se réveillent en pleine nuit en hurlant « J’AI
mal tous les jours. FAIM ! » et s’endorment sur la table durant
le souper.
En Thaïlande, on dirait que les enfants sortent
du ventre de leur mère à quatre ans. On ne Vive le retour à la réalité !
les voit presque nulle part. Les restos n’ont
pas de table à langer, et impossible de trou­ Après la folie de l’Asie, mon chum m’avertit
ver des suces ou des couches jetables… Faut qu’il ne se retapera pas un autre 25 heures
s’organiser avec les moyens du bord. d’avion avant un méchant boutte. •

MÈRE ORDINAIRE – 198


Voyager avec de jeunes enfants,
c’est toute une affaire ! Il faut n’avoir
aucune exigence autre que de découvrir
le monde, de s’amuser et de rester en vie !
r d e n o t re
L ’ i nt é r i e u u l o t t e
tente-ro 1982…
n t e re s t »
« Pi

Mon seul conseil pour un long voyage


en Floride : « Si t’as pas assez d’argent
pour aller à l’hôtel, reste chez vous ! »
MÈRE ORDINAIRE – 200
LA FLORIDE EN
TENTE-ROULOTTE
EN 2017, je n’ai pas eu le choix d’organiser un voyage plus près et
(supposément) plus accessible pour une famille.

On choisit la Floride… en auto. Pourquoi ? Parce que c’est moins


cher qu’en avion, pis pour pouvoir faire du… CAMPING ! Oui
oui, vous avez bien lu. Du CAMPING. Je l’écris et je ne peux pas
croire qu’on a pris cette décision. Partir avec les enfants, faire
26 heures de route pour aller à Disney en Floride... en camping.

PIS MES IDÉES FOLLES NE S’ARRÊTENT PAS LÀ :


JE DÉCIDE AUSSI D’ACHETER UNE TENTE-ROULOTTE.

Mon chum en veut une flambant neuve, mais ça coûte la peau des
fesses. Je décide donc d’en acheter une d’occasion… un modèle
de 1982. On pourra la « pimper » à notre goût pour notre voyage.
Un genre de projet Pinterest. Pinterest : le mot qui veut d’ailleurs
dire « idée de m… ». •

VIE DE FAMILLE – 201


« Premier jour à Disney,
le déluge est arrivé. Pas un
p’tit déluge là. Un déluge
qui ferait chi*** Noé dans
ses culottes. »

MÈRE ORDINAIRE – 202


DISNEY : EXTRAITS
DE MON JOURNAL
EXTRAIT NO1

J’aimerais écrire que notre voyage à Disney est fantastique. Que


tout est merveilleux. Que la magie opère. Mais ça ne se passe pas
tout à fait comme ça...

Premier jour à Disney, le déluge est arrivé. Pas un p’tit déluge là.
Un déluge qui ferait chi*** Noé dans ses culottes.

On est revenus à la tente-roulotte, parce qu’on est trempés et crevés.

Là, c’est le soir, mon chum est dans son lit pis moi dans le mien...
à l’autre bout de la tente-roulotte. On se texte parce qu’on attend
que les enfants dorment. Quand tu es en camping et que tu
couches les enfants, tu dois te coucher en même temps… Anyway,
tu veux aller où ? Dehors sous la pluie ?

Parce qu’il pleut. Dehors comme dedans. Oui, il pleut DANS la


tente-roulotte. Mon chum a déchiré la toile du toit en essayant
de la réparer. Faque comme le déluge est rendu dans nos lits, on
a dû mettre des serviettes sur les matelas.

Des fois, j’me dis que tout ça, ça se peut pas, que je vais me réveiller,
pis que je vais être chez nous en train de relaxer sur mon sofa.

VIE DE FAMILLE – 203


EXTRAIT NO2 On a eu le temps de faire plein de manèges
et les enfants se sont vraiment bien amusés.
Aujourd’hui, on visite le parc Magic Kingdom.
Mon chum a même eu le temps de perdre
Une belle journée, 37 C, un soleil tapant pis
o
une sandale. Ça, ça veut dire qu’on a eu une
117 086 personnes dans le parc. maudite belle journée ! Qui d’autre peut
se vanter de revenir avec 11 sandales pour
Clairement, on n’était pas dans une publicité 6 personnes ?
de Walt Disney.
Oui. Perdre une sandale à Magic Kingdom,
Sérieusement, j’ai rarement vu autant de c’est possible.
monde à la même place lorsque la chaleur
est aussi accablante. Tu te demandes en maudit comment il a
fait pour passer la journée avec une seule
Après le premier manège, le Pirate des sandale dans un parc d’attraction ? Moi,
Caraïbes, mon gars de 5 ans me dit : j’le sais !

– MAMAN, ON PEUT-TU RETOURNER AU « J’ai mal au pied en ta. J’pu capable. Je vais
CAMPING POUR SE BAIGNER ? J’AI BEN l’enlever cinq minutes. »
TROP CHAUD, PIS JE SUIS TANNÉ.
Ben croyez-le ou non, cinq minutes plus tard,
Ça fait exactement 1 h 07 minutes qu’on est il l’avait perdue.
arrivés.
Imagine le scénario. Y a perdu sa sandale,
– Non, mon gars. Maman a vendu le rein de faque y chiale. Pis y nous reste juste dix
ton petit frère pour venir icitte, faque tu vas minutes pour utiliser notre FastPass. Pis mes
t’endurer pour encore un bon 8 heures ! deux plus jeunes se chicanent parce que y en
a un qui a mis de la bave sur la bouteille d’eau.
Sans blague, quand je fais le bilan de notre
journée, c’est vraiment une belle journée ! Maudite belle journée.

MÈRE ORDINAIRE – 204


Ma meilleure photo de Disney. Le seul
avantage de la pluie, c’est qu’il n’y avait
pas grand monde devant le château.
SEPT CONSEILS
POUR VOYAGER EN FAMILLE
QUE CE SOIT EN AUTO, EN AVION, EN VOYAGE SAC À DOS OU DANS UN TOUT INCLUS,
IL Y A DES MUST POUR FAIRE DE BEAUX VOYAGES EN FAMILLE.

1. ÊTRE FOU.
On ne peut pas regretter d’avoir fait un voyage,
4. FAIRE DU SEXE AVANT LE VOYAGE.
Parce que je l’avoue, en voyage avec des
mais on peut regretter de ne pas avoir voyagé. enfants, l’intimité prend le bord. Faut user
d’imagination pour réussir à faire l’amour.

2. LIMITER LE NOMBRE DE BAGAGES.


Pourquoi traîner la moitié de la maison avec
Aussi ben faire des provisions AVANT de
partir.

soi ? Pour découvrir le monde, les enfants ne


doivent pas avoir tous leurs jouets avec eux.
Pis des chandails, ça se porte deux jours de
5. CHOISIR LA PROXIMITÉ.
Ç’a l’air quétaine, mais on n’a pas besoin
suite, pis des bobettes, ça se revire de bord. d’aller loin pour faire un voyage. Si on
habite la banlieue, on peut aller dormir deux

3. NE JAMAIS APPORTER D’ÉCRAN.


Il y a tant à faire en voyage ! Les deux pre­
jours dans le quartier chinois de Montréal
et on va être dépaysés. Une autre ville peut
parfois nous donner l’impression de voya­
miers jours sont tough, mais après, les enfants ger très loin.
s’habituent. On ne paie pas une fortune pour
voir nos enfants pognés sur des écrans. Et
vous allez éviter les « LÂCHE TON iPOD ! ».

MÈRE ORDINAIRE – 206


Un mini bout de
gazon peut deven
ir
une surface de
pique-nique.

6. PRÔNER LE LÂCHER-PRISE.
C’est un de mes meilleurs conseils. Lâcher
prise sur les vêtements propres, sur les huit
portions de fruits et légumes, sur les dents
brossées trois fois par jour, sur les cheveux
propres... En voyage, la priorité, c’est de
découvrir le monde. Le reste, on fera ça en
revenant à la maison !

7. PRENDRE SON TEMPS.


Voyager avec des enfants, ça demande le
double, voire le triple du temps pour décou­
vrir et visiter. Je choisis donc souvent une
seule activité pour la journée, pis après, on
fait quelque chose de relax (aller à la plage,
flâner à l’hôtel ou au camping). •

VIE DE FAMILLE – 207


L’ÉTÉ DEPUIS
QUE J’SUIS MÈRE
CHAQUE PARENT a sa propre définition des Au début de l’été, je me retiens pour ne pas
vacances pour les enfants. faire activité par-dessus activité et sport
par-dessus sport avec les kids. J’ai envie qu’ils
Pour certains, c’est le camp de jour. Pour essaient tout : arbre en arbre, glissades d’eau,
d’autres, c’est des jeux vidéo à volonté. Je ne plage, tennis... Tout y passe.
juge pas. À chacun ses vacances.
Je pense que ça vient du fait que quand j’étais
Moi, chaque été, je fais le même choix : les jeune, ma famille était pauvre. L’été, ma mère
enfants restent tous à la maison. Oui, je suis nous envoyait dehors et nous disait :
folle de même ! Vous pouvez me juger. Moi-
même j’me trouve folle, le 1er juillet, quand « REVENEZ POUR DÎNER OU SI VOUS
j’me dis que je suis en train de devenir une AVEZ ENVIE DE FAIRE CACA. »
animatrice de camp de vacances en burnout.
Parce que pour les pipis, on devait aller sur le
CEUX QUI ME CONNAISSENT BIEN bord du garage. C’était pas une assez bonne
SAVENT QUE JE SUIS UNE HYPERACTIVE raison pour rentrer.
EXTÉNUANTE (ENCORE PLUS DEPUIS
QUE J’AI DÉCOUVERT LE CAFÉ). À l’époque, l’été paraissait interminable.
IMAGINEZ MES VACANCES... IN-TER-MI-NA-BLE. L’avant-midi était
loooong. L’après-midi, sans fin. J’étais rendue
Mais comme le café, j’ai mes ost*** de limites. à m’imaginer que mon chien était une licorne
À un moment donné, le café ne fait pu effet. et que moi, j’étais Fraisinette.

MÈRE ORDINAIRE – 208


Ma mère et ma grand-mère font aujourd’hui
partie de mes plus beaux souvenirs d’été…
L’été, j’avais le droit de veiller le soir sur la On s’entend-tu qu’on est loin des camps scien­
galerie, en pyjama, pour compter les chars tifiques ou d’immersion anglaise.
avec ma mère qui fumait clope par-dessus
clope. Aujourd’hui, ces petites histoires sont très
importantes pour moi. On ne se rend pas
Maudit que j’aimais ça ! J’aimais compter les compte à quel point de petites niaiseries
chars : les rouges, les bleus, les jaunes... L’odeur banales deviennent de précieux souvenirs.
de l’herbe et de la cigarette. J’aimais encore
plus quand ma grand-mère Mémère venait Quand j’étais jeune, je n’allais pas aux glis­
les compter avec nous autres. Elle parlait sades d’eau ni à La Ronde. L’été, c’était le
du temps de la guerre, quand elle travail­ jour de la marmotte. L’été, c’était le moment
lait à faire des bas de nylon à Montréal. Ma de l’année où le temps passait doucement et,
mère me racontait qu’elle prenait son bain surtout, lentement.
dans la même eau frette que ses deux sœurs.
Les mêmes belles histoires, tout l’été. PIS J’AI EU DES ENFANTS.

VIE DE FAMILLE – 209


Maintenant, je veux aller aux glissades d’eau, Mon plus jeune erre dans la cour, en gos­
au Château Montebello, à La Ronde, au Parc sant après toute pis rien en même temps.
Safari, au Zoo de Granby, à la plage, à l’autre Il arrache des feuilles, fouille dans la terre,
plage, à Disney... Je veux faire de l’hébertisme, gosse le chien.
du rollerblade... Cri***, je veux TOUTE faire !
Je ne veux pas manquer un maudit party de Mon autre fils, lui, est très imaginatif quand
piscine municipale, j’veux voir tous les films il n’a rien à faire. Je pense même qu’il aime
au ciné-parc, j’veux aller à tous les festivals, ça. Une brindille peut devenir un chevalier et
je veux voir le monde, voyager... la table de patio, une navette spatiale.

Mais je me retiens. J’me retiens d’imposer Des fois, j’me demande bien à quoi servent
ça à mes enfants. toutes les bébelles qui traînent dans la cour.
Les kids finissent tout le temps par jouer
PARCE QUE MES ENFANTS avec autre chose.
ONT DROIT À LA MÊME BELLE
JEUNESSE QUE MOI. Presque chaque soir, je les mets en pyjama
et, avec ma mère, on s’installe sur le perron
Mes enfants ont droit à un été interminable, d’en avant. Pas dans la cour, parce qu’il y a
eux aussi. Y ont le droit d’essayer de captu­ une piscine creusée, plein de jouets et pas de
rer le vent, de collectionner des roches et de char. J’ouvre une canette de bière, je sers un
s’ennuyer. verre de vin à ma mère pis on jase. Je raconte
comment ma mère faisait cuire le baloney
Faque je les laisse s’ennuyer. Souvent, à à l’ail, et elle raconte comment elle prenait
contrecœur, je laisse ma fille me répéter : son bain dans la même eau frette que mes
tantes...
« C’est plate ! »
« J’sais pas quoi faire. » DRETTE-LÀ, QUAND JE REGARDE
« C’est poche, icitte ! » LES ÉTOILES DANS LES YEUX DE MES
« Mes amies sont à La Ronde. » ENFANTS, J’AI L’IMPRESSION QUE
« On fait jamais rien. » JE LEUR OFFRE UN BEL ÉTÉ.
« Mes frères m’énarvent ! »

MÈRE ORDINAIRE – 210


s u ’ l p e r ro n …
En veillant

Se faire des manucures entre frère


et sœur ou se bercer sur le perron…
L’été, c’est fait pour RELAXER.
Sans le savoir, les p’tites affaires
les plus simples deviennent
les souvenirs les plus précieux.
PRÉCIEUX SOUVENIRS
D’ÉTÉ « ORDINAIRES »
1. DORMIR DANS UNE TENTE DANS LA COUR,
mais rentrer dans la maison au milieu
de la nuitte, parce qu’on a trop peur.
9. ALLER VOIR LES PETITS SPECTACLES
présentés par la ville.

2. FAIRE DES MÉLANGES DE VIEILLES ÉPICES


dans des chaudrons sur le balcon.
10. SE FAIRE INVITER PAR DES AMIS
qui ont une piscine.

3. JOUER DANS UNE PETITE PISCINE POCHE


juste pour le fun.
11. S’ENNUYER DANS UN HAMAC et finir
par s’endormir avec le vent.

4. ALLER AU DÉPANNEUR pour acheter


des Mr. Freeze.
12. ALLER CHERCHER DES LIVRES dans une
boîte à livres.

5. COUPER LE GAZON avec des ciseaux


et le faire sécher au soleil.
13. CHERCHER DES VERS DE TERRE
en d’sous des roches.

6. RESTER EN COSTUME DE BAIN TOUTE LA


JOURNÉE et le remettre le lendemain.
14. FAIRE GRILLER DES GUIMAUVES
autour du feu avec des amis.

7. VEILLER EN PYJAMA SUR LA GALERIE


et se raconter des histoires.
15. FAIRE DU BÉCYK DANS LE BOIS,
sans les parents.

8. ALLER MANGER UNE CRÉMANGLACE


EN PYJAMA à la crémerie du coin.
16. SE COUCHER DANS L’HERBE LE SOIR,
regarder le ciel et espérer voir des
étoiles filantes.

VIE DE FAMILLE – 213


DES JOURNÉES
DE 72 HEURES
FAQUE C’EST ENFIN L’ÉTÉ. T’avais tellement hâte ! Les gens qui jugent les mères parce qu’elles
Tu vas enfin pouvoir voir tes enfants plus sont parfois tannées, fatiguées ou épuisées
souvent pis faire des affaires avec eux autres. me font rire. Comme si les mères devaient
Tu vas pouvoir arrêter de les pousser dans le toujours être sur la coche, souriantes et heu­
derrière pour aller à l’école ou à la garderie. reuses de devoir s’occuper de leurs enfants
Tu vas pouvoir les laisser déjeuner en paix, 24 heures sur 24, tout l’été, sous prétexte
sans chialer : qu’elles ont voulu devenir mères ET que c’est
l’été.
« GROUILLEZ-VOUS ! On va manquer
L’ÉTOBUSSE ! » Wôôô ! J’ai une p’tite nouvelle pour vous.

Mais deux semaines et demi après le début LES MÈRES, MÊME SI ELLES AIMENT
des vacances, tu regardes ta maison qui res­ LEURS ENFANTS PLUS QUE TOUT,
semble à une dompe, le comptoir ben plein de ÇA PEUT LEUR ARRIVER DE VOULOIR
vaisselle en plastique, et tu te sens mal parce LES METTRE SUR KIJIJI DANS LA
que tu regrettes de ne pas les avoir envoyés SECTION À DONNER, SURTOUT L’ÉTÉ.
au camp de jour.
Parce que l’été, pour la mère au foyer ou celle
Je comprends ton feeling. qui prend plusieurs semaines de vacances

MÈRE ORDINAIRE – 214


Les p’tits bonheurs
de l’été… une bière frette
ou un café chaud !
J’trippe pas yoga… mais le YOGA-VIN,
l’été, dans le sable, pas d’enfants,
ça c’est plus mon genre.
Pour les mères, les journées d’été
n’ont pas 24 h, elles en ont 72.
pour être avec eux, les journées n’ont plus Être mère, ce n’est pas une job. Être mère,
24 heures. Elles en ont 72. Des fois, tu te c’est un rôle, une responsabilité à vie, 24
demandes si ça fait pas deux jours que t’es heures sur 24, 365 jours par année, et ce,
debout tellement il s’est passé de choses dans jusqu’à ce qu’on pousse notre dernier souffle.
ta journée.
Les « jugeurs de mères », comme je les appelle,
Y en a qui pensent que si une mère se plaint ne connaissent rien à notre réalité.
de son petit dernier qui fait le bacon, du
lavage qu’elle a à faire ou des maudits sou­ J’ai un petit message pour eux : ce n’est pas
pers à préparer, c’est parce qu’elle n’aime parce qu’une mère demande à passer des
pas ses p’tits. journées sans enfants, pour pouvoir relaxer
et penser à elle, qu’elle n’aime pas ses enfants.
Si une maman avoue avant le 25 août qu’elle
a hâte que l’école recommence, car elle est Une mère, c’est d’abord un être humain qui
tannée de jouer à l’animatrice de camp de a besoin, comme tous les autres êtres
jour 7 jours sur 7, on la blâme de ne pas humains, de se divertir, de lire, de faire du
apprécier ses enfants. Ben quoi ? Les profs, sport et de penser à elle, SANS ENFANTS,
eux, s’en occupent toute l’année pis y s’en pour le bien de sa santé mentale.
plaignent pas.
Plier du linge et ramasser des jouets, ce
Être mère, ce n’est pas être une éducatrice. n’est pas considéré comme du temps pour
Être mère, ce n’est pas une job de 8 à 4. relaxer. •

MÈRE ORDINAIRE – 217


Quand t’as une grosse famille et que tu fais
une sortie, si tu ne veux pas vendre le rein
du plus jeune, ça te prend des lunchs !
Faque tu barouettes la glacière deux ou trois
fois du char à la table de pique-nique !
Enfin y dorment !

LES SORTIES
JE ME DEMANDE si c’est juste chez nous que les sorties ne se déroulent
jamais comme prévu. JAMAIS.

L’été, on essaie toujours d’organiser de belles journées pour faire


plaisir aux enfants. Je pense que c’est pareil pour tout le monde.
Mais on a parfois des surprises. Faut être prête à tout quand on
est une mère. •

VIE DE FAMILLE – 219


LE ZOO DE GRANBY
UN JOUR, JE VAIS SUR LE SITE WEB DU ZOO DE GRANBY. Il est marabout parce que lui, le zoo, c’est
Ç’a l’air le fun en maudit. Je m’imagine avec pas son activité préférée, et se lever à cette
mes enfants, en train de regarder les animaux heure pour voir deux girafes pis un hérisson,
et d’apprendre leur mode de vie. Je pense au ÇA Y TENTE PAS.
fun que je vais avoir à faire un petit pique-
nique et à me promener en famille. Finalement, on part à 7 h 45. Je suis certaine
qu’on va être les premiers arrivés. Mais non,
J’achète même les billets en ligne pour sauver SURPRISE ! Y a du trafic jusque dans la sortie
du temps. de l’autoroute. Je me rends compte que je
ne suis pas la seule cri*** de folle qui voulait
La veille au soir, je prépare la glacière, les arriver avant tout le monde.
lunchs et les collations, les maillots, les sacs
à dos, les serviettes, les bouteilles d’eau, les Yé même pas 8 h 30 pis le parking est déjà
casquettes, le sac de couches pour le p’tit full. Voyons donc ! Y a 900 chars ! Là, je me
dernier, le kit de rechange pour celui qui dis que les animaux sont sûrement venus en
fait souvent pipi dans ses culottes, la crème char, eux autres aussi. Ça se peut pas.
solaire... Je prépare la poussette, le char...
Finalement, je me couche à minuit, com­ Juste pour se rendre à l’entrée, c’est de la job
plètement brûlée. Je mets le cadran à 6 h 15, avec une poussette, une glacière, un enfant qui
parce que je veux partir de bonne heure. a tout le temps mal aux jambes et un chum
qui n’a pas eu le temps de boire son café.
À 6 h 15, le cadran sonne. J’suis fatiguée...
Je me dépêche pour me préparer avant que JE ME DEMANDE COMMENT JE VAIS
les enfants se lèvent. Je réveille mon chum. FAIRE POUR SURVIVRE JUSQU’À 5 H...

MÈRE ORDINAIRE – 220


Yeah ! J’ai acheté les
billets en ligne. SURPRISE !
La file la plus longue
est celle pour les billets
achetés en ligne...
J’me demande ben
Zoo de Granby… On pourquoi on va au
vit déjà dans un z
oo !
On entre sur le site pis on se dépêche pour VOIR QUE J’AI PAYÉ PRESQUE 300 $
aller voir les animaux, parce que dès qu’il POUR ALLER JOUER DANS LA PISCINE...
commence à faire chaud, y vont se cacher.
Ben oui. Yé même pas midi, pis j’me ramasse
« Vite ! On va voir le panda roux ! » avec les deux pieds dans l’eau frette, en
essayant de ne pas perdre des yeux ma gang
« Hey ! Les enfants ! Regardez ! Le panda de monstres qui, évidemment, ne veulent
roux ! » En même temps que je dis ça, je pas rester ensemble et qui courent partout.
cherche le panda roux. J’aperçois juste un
mini boutte de queue. Faut croire que c’est Là, mon but, c’est que 100 % de mes enfants
la sieste du panda roux. restent vivants.

« Vite ! Faut aller voir les girafes ! » Mais SUR­ « J’ai FAIM ! »
PRISE ! Les girafes sont parties manger je
ne sais pas où. ET VOILÀ. ON EST À L’AMAZOO,
PIS NOS LUNCHS SONT À L’AIRE
On arrive à l’enclos des hippopotames. Je me DE PIQUE-NIQUE... À L’ENTRÉE.
rends compte que mes enfants s’en sacrent
ben, des animaux. J’suis crevée. J’suis à boutte. Avoir su, j’aurais
apporté des suppositoires de café.
– Les enfants ! Regardez les grosses fesses de
l’hippopotame ! YOUHOU LES ENFANTS ! Là, c’est décidé. C’est la dernière fois qu’on
– C’est plate… va au zoo. La prochaine fois, ça sera la pis­
– Comment ça, c’est plate ? cine municipale. Cinq minutes de char, 10 $,
– Nous autres, on veut aller à l’AMAZOO ! pis la paix. •

MÈRE ORDINAIRE – 223


e v ra i t a v o i r u n e
B o ra Pa rc y d
Au s t a ll e u n s o lu t é
t i o n o ù o n t ’ i n
sec r la jo u r n é e !
d e c af é p o u
LE BORA PARC
UN JOUR, J’ENTENDS PARLER DU BORA PARC. Faut On a quand même du plaisir. C’est un endroit
essayer ça, faque on y va. très cool pour les familles. Mais nous autres,
comme on ne veut pas dormir sur place, on
Le Bora Parc, c’est le parc aquatique intérieur revient à la maison. Mauvaise idée.
au Village Vacances Valcartier. Leur slogan
devrait être « Valcartier, une demi-journée, LE TRAJET DU RETOUR M’A VITE FAIT
c’est ben assez ! ». Pis une demi-journée, j’suis OUBLIER LA SUPER BELLE JOURNÉE
généreuse… À 200-300 $.

On a eu du fun, mais en sortant de là, j’étais J’pensais jamais me rendre à maison.


comme un cadavre en décomposition
avancée. Si vous voyez un enfant de 5 ans faire du
pouce sur le bord de la 40, un verre du Bora
Faire la même glissade 42 fois, pour ensuite Parc à la main, soyez pas surpris ! C’est un
aller dans la piscine à vagues, où je dois abso­ parent à boutte qui l’a laissé là !
lument avoir des yeux tout le tour de la tête
pour ne pas perdre un enfant, c’est drainant. Les voyages en char, je trouve ça insuppor­
On s’entend que dans une piscine à vagues, table depuis que mon bébé a 2 ans.
on se dit aux deux minutes : « Ça y est ! Y m’en
manque un ! Yé mort ! Oh non... OK... yé là ! » Y dit n’importe quoi pendant trois heures.

VIE DE FAMILLE – 225


Y répète toutes les niaiseries des autres, – Toi, t’as une craque de fesses puante.
super fort.
– Ha ! Ha ! Ha ! Ha ! Ha ! Ha ! (Ça, c’est le p’tit
Les deux autres, que je prends soin d’as­ de 2 ans qui rit chaque fois qu’il entend le
seoir dans deux rangées différentes, passent mot fesse.)
leur temps à s’achaler. Du gossage verbal
insupportable. – Fesse ! Fesse ! Fesse ! (En pointant sa sœur,
qui est au bord des larmes à force de se faire
Pis ceux de la dernière rangée font exprès, écœurer.)
parce qu’y savent que j’peux pas me rendre
jusqu’à eux autres. – Attendez pas que je détache ma ceinture !
Ça va aller mal !
– Mimi, t’es conne.
– Tu dis tout le temps ça, mais tu te détaches
– PARDON ? Qu’est-ce que t’as dit à ta sœur ? jamais ! Ha ! Ha ! Ha ! Ha ! Ha ! Ha !
Où t’as appris ça ?
– Ah ben calvaire !
– À l’école. Y a un troisième année qui dit tout
le temps ça. Là, j’suis primée solide. Je commence à me
détacher pour aller... pour aller... je sais pas
J’EN REVIENS PAS. C’EST LA PREMIÈRE pour faire quoi, mais je vais leur montrer que,
FOIS QU’IL ME RACONTE QUELQUE des fois, j’me détache.
CHOSE QU’IL A APPRIS À L’ÉCOLE
DEPUIS LE DÉBUT DE LA MATERNELLE, – Môman se détache ! Watch out Ricci !
PIS C’EST LE MOT « CONNE ».
– Fesse ! Fesse ! Fesse ! Ha ! Ha ! Ha ! Ha ! Ha !
– Toi, t’es juste un petit pénis.
– M’en fiche ! Je vais me cacher !
– HEY !!!!!!!!!!! Coudonc, on est-tu dans un
zoo, icitte ? Ça va régler le problème pour le J’essaie de passer mon bras par-dessus la
maudit zoo de Granby ! première rangée pour lui pogner le genou et

MÈRE ORDINAIRE – 226


« Mon 5 ans est crampé de rire,
pis moi je suis en furie. »
lui arracher la rotule, et ensuite la lui faire Maintenant, les deux plus vieux se lancent des
avaler, mais je pile sur une vieille pomme cossins. Ils font pleurer le p’tit en lui volant
dégueulasse en lâchant un « STI ! ». sa suce et ils rient en hurlant, sans raison,
juste pour nous rendre fous pendant qu’on
Là, toutes les mères qui ont une grosse famille est pognés dans le trafic sur la 40. Là, j’me
savent comment je me sens. J’ai du sang qui dit que j’aimerais mieux marcher 13 heures
me sort par les oreilles pis je pourrais tuer que d’être dans cette voiture.
un grizzly à mains nues.
À cause du trafic, ça prend quatre heures pour
Mon 5 ans est crampé de rire, pis moi je suis revenir à la maison.
en furie. Je vous jure, je lui aurais arraché le
bras pour le battre avec le boutte qui saigne, Personne ne dort, sauf pendant les dix der­
mais j’me rends pas jusqu’à la dernière rangée. nières minutes.

(Calmez-vous, c’est une BLAGUE. Mes enfants Silence total.


ont tous leurs membres.)
Des fois, j’me demande pourquoi j’orga­
Mais je lui ai quand même fait un peu peur nise des activités à l’autre bout du monde.
en essayant de me rendre, faque les enfants Pourquoi ?
se calment un p’tit cinq minutes.
L’été, on devrait rester plus souvent à la
JUSTE CINQ maison. On sous-estime le plaisir qu’on a
MINUTES. dans notre cour, à relaxer. •

VIE DE FAMILLE – 227


LES GLISSADES D’EAU
AVOIR LA PLOTTE À TERRE.

Ça, c’est une coche au-dessus d’avoir le trou du cul en dessous


du bras.

J’ai la plotte à terre parce qu’aujourd’hui, je suis allée aux glissades


d’eau avec les enfants.

En fait, ma plotte n’est pas réellement à terre; je l’ai trimballée


sur mon épaule toute la journée tellement elle traînait dans les
flaques d’eau sale.

J’suis allée au parc aquatique le lendemain d’une nuit où j’ai été


réveillée 75 % du temps, parce que mon plus jeune trouve que la
nuit est un excellent moment pour jaser et crier sa vie.

Pourquoi j’y suis allée quand même ? Parce que j’avais des billets
pour aujourd’hui. Non remboursables.

JUSTE LE TRAJET EN CHAR M’A ACHEVÉE.

Les enfants étaient excités comme des prisonniers qui sortent de


leur cachot pour la première fois en douze ans.

MÈRE ORDINAIRE – 228


t - s h i r t p o u r l e s
Mon d ’ e a u
glissad e s

P.A T
. .
(Plo t t e à t e r re )
Et j’avais choisi d’y aller ce lundi, parce que Là, j’vous laisse imaginer ma réaction quand
je me disais qu’il n’allait pas y avoir un chat le mon chum revient avec ses tickets imprimés,
dernier lundi avant la rentrée. Tout le monde sans bracelet, et qu’il m’annonce, avec sa face
y avait sûrement déjà été... de chien battu, que les tickets sont pour le
lendemain...
Pis j’m’étais dit que de midi à six, ça allait
être ben assez. OUI, ÇA FAIT DIX ANS QU’ON
EST MARIÉS. MAIS AUJOURD’HUI,
ERREUR ! À MIDI, DEVANT LA BILLETTERIE DES
GLISSADES D’EAU DE SAINT-SAUVEUR,
Le parking est full. Y a des lignes d’attente JE VOUDRAIS DIVORCER.
partout. Le calvaire.
Une chance qu’il n’y a pas un juge aux alen­
Mais moi, pour bien faire, en tant que mère tours. Je lui demanderais d’avoir la garde
qui essaie d’être organisée, j’avais demandé partagée, pis ma semaine off, elle commen­
à mon chum d’acheter les billets à l’avance. cerait drette là.

DEUXIÈME ERREUR. Ne jamais déléguer Par chance, le service à la clientèle nous


ce genre de détail important. arrange ça.

On arrive à l’entrée de peine et de misère, On réussit à se frayer un chemin entre les


avec quatre sacs aussi gros que des valises. douchebag qui se pensent au Beachclub et les
On dirait qu’on déménage aux glissades milliers d’enfants qui sont sur un sugar rush
d’eau. Les enfants ne veulent pas nous de Slush Puppie.
donner la main et nous suivre dans le par­
king, parce que s’faire écraser par une auto Le seul spot disponible mesure un pied par
qui recule, ç’a l’air plus le fun que d’aller aux un pied, mi-gazon mi-garnotte, et un peu
glissades. bouetteux à cause du jus de pieds des passants.

Faque on arrive au guichet. Devinez quoi ? Tsé, quand tu sais que ça va être une bellllle
Nos billets sont en date du lendemain. journée ?

MÈRE ORDINAIRE – 230


– Awèye dans piscine, qu’on rentabilise le JE COURS COMME UNE POULE PAS
200 $ qu’on a payé ! DE TÊTE POUR QUE TOUT LE MONDE
PUISSE FAIRE SA GLISSADE PRÉFÉRÉE
– L’eau est trop froide. ET SON MAUDIT MANÈGE PRÉFÉRÉ.

– Y a trop de monde ! Oui, à Saint-Sauveur, y a des manèges, parce


que 40 glissades, 2 rivières à tubes, de la cré­
– J’me suis faite arroser ! manglace pis des queues de castor, c’est pas
assez pour nos enfants. Ça prend une mini
J’ai juste le goût d’aller me cacher à côté Ronde pour t’achever ben comme y faut.
du bar pis de caler un pichet de sangria en
cachette. Sinon, je pourrais regarder l’éclipse J’pourrais vous raconter toute ma journée
jusqu’à tant que mes yeux saignent pis en détail, mais je sais que toutes les mères
qu’on me transfère à l’hôpital, où je pourrais savent exactement ce que j’ai vécu aujourd’hui.
dormir 24 heures d’affilée.
Si jamais t’es pas encore allée au parc aqua­
On se dirige vers l’eau. tique cette année, et que cette idée de m*** te
passe par la tête, relis mon statut, cache-toi
CALVAIRE. J’AI PAS MON MAILLOT. une bouteille de vin dans ton sac à pique-
Y EST DANS LE CHAR. LE CHAR EST nique pis va aux jeux d’eau à la place.
À 89 KM DE NOTRE SPOT DE BOUETTE.
Tu vas me remercier. •
Là, c’est mon chum qui cherche un juge.

Je vais chercher mon maillot. On est enfin


prêts. Go ! À l’eau !

Mais les enfants ne veulent pas faire les


mêmes glissades.

Ben non, voyons ! Ç’aurait été trop simple.

VIE DE FAMILLE – 231


MÈRE ORDINAIRE – 232
LE BONHEUR

MÈRE ORDINAIRE – 233


LE BONHEUR
EST AILLEURS
JE SUIS CHEZ MOI AU QUÉBEC et la météo est mauvaise. Juin et j’ai
froid. Le temps est nuageux. Les enfants ne savent pas quoi faire.
Les enfants ont hâte d’aller en vacances.

Je suis à la mer, dans les Caraïbes, avec mes enfants. J’ai chaud. Ben
trop chaud. J’ai du sable dans mes affaires. Mes enfants s’engueulent.
J’ai hâte d’être à maison. Les enfants s’ennuient de leurs jouets.

14 ANS. Devoir demander la permission pour tout. Pas d’argent, pas


de char, trop jeune pour travailler. Vie de merde. Jamais rien que
j’aime dans le frigo. Avoir hâte en maudit d’avoir 21 ans et sacrer
mon camp de chez mes parents pour pouvoir faire ce que je veux,
quand je veux.

24 ANS. Enfin dans mon appart. Devoir travailler pour avoir de


l’argent. Faire son propre ménage, payer les bills, faire l’épicerie.
Maudit qu’on était ben chez nos parents !

25 ANS ET CÉLIBATAIRE. Trouver le temps long. Vouloir faire des


promenades en amoureux et me coller sur un homme qui va me
dire qu’il m’aime pour la vie. Essayer par tous les moyens de me
caser. Dater sur Internet, dans les bars, à l’épicerie et au gym.
Je vais finir en vieille fille.

27 ANS. Je veux des enfants. Je suis triste parce que je veux vraiment
des enfants. Je regarde toutes les familles avec des larmes dans les

MÈRE ORDINAIRE – 234


yeux. Je rêve de tenir mon bébé à moi dans faire des activités et des voyages. Ne plus
mes bras. J’ai plein de temps et de moyens, avoir de statut social. Regarder ses amis qui
je voudrais tant le partager avec des enfants. se réalisent au travail, pleurer en cachette.

36 ANS. J’ai deux kids. Je suis fatiguée. Jamais Finalement, j’ai hâte d’être à la retraite. Pas
de temps pour moi. Je donnerais tout pour de problème de travail. Assis à relaxer, avec
un sept jours sans kids, juste pour moi. Sept les enfants partis de la maison. On va-tu être
jours pour lire, écrire, faire de la voile, du surf, bien juste un peu ? Tranquille. Juste mon mari
me saouler et danser toute la nuit. Des fois, et moi. Pas d’enfants qui nous achalent, pas
je regarde mes amies sans enfant et maudit de ménage à faire, pas de jouets à ramasser,
qu’elles ont l’air bien. pas de cris, pas de chicane, pas de repas à
faire. La belle vie.
39 ANS. Ça fait onze ans que je suis mariée.
Sérieusement, comment ai-je pu me rendre Le temps n’avance plus assez vite. Juste
à onze ans de mariage? Onze ans avec le trois ans que mon mari est mort. Trois mois
même gars. Toujours les mêmes habitudes, après le début de notre retraite. Mes enfants
les mêmes chicanes, les mêmes maudites viennent de moins en moins souvent. Ce
activités plates. Être célibataire, je pourrais sont les fantômes qui habitent maintenant
voyager et faire ce que je veux. Mes amies céli­ ma maison devenue trop grande, trop silen­
bataires ne savent pas la chance qu’elles ont. cieuse et trop vide.

Travailler comme une dingue. Avoir plein Je vois encore mes enfants qui courent. Je
d’argent, mais pas de temps. Avoir un statut vois mon mari qui passe. Je me vois à cuisi­
social qui fait mourir d’envie ses amis, mais ner pour ma marmaille. Je les entends crier.
ne pas pouvoir profiter de la vie. Vouloir tout Le temps a filé trop vite et voilà maintenant
donner contre un long week-end, mais ne qu’il ralentit.
pas pouvoir.
Le bonheur, c’était avant.
Changer de boulot pour avoir une meilleure
qualité de vie. Se sentir inutile. Avoir trop Le bonheur, c’était quand je le cherchais.
de temps libre, mais pas assez d’argent pour Avoir su. •

MÈRE ORDINAIRE – 235


À PROPOS
DE L’AUTEURE
BIANCA LONGPRÉ
ANCIENNE INFIRMIÈRE devenue productrice associée avec son mari
François Massicotte, Bianca Longpré a toujours écrit par plai­
sir. D’abord auteure occasionnelle en humour, puis blogueuse
d’opinion, elle devient, en 2015, LA blogueuse du Huffington Post.
C’est grâce à ces textes que le grand public la découvre et qu’elle
commence à collaborer avec différents médias. Elle se voit confier
une chronique d’humeur dans le magazine Véro.

C’est au cours de son troisième congé parental, fin 2015, qu’est né le


concept de Mère ordinaire. Bianca a alors pris conscience qu’être
mère n’avait rien à voir avec l’univers parfait exposé au fil des mes­
sages et commentaires sur les profils Facebook des autres mères.
Ne s’identifiant pas du tout à cette réalité enjolivée, elle a décidé
de partager son véritable quotidien pour raconter avec beaucoup
d’humour ce qu’est réellement être mère dans la vraie vie.

Après avoir conquis les internautes avec ses vidéos et publications


sur sa page Facebook, Bianca présente actuellement un spectacle
d’humour sans prétention sur la réalité des mères et des femmes
d’aujourd’hui. Elle sera en tournée aux quatre coins du Québec
jusqu’à l’automne 2018.

MÈRE ORDINAIRE – 237


REMERCIEMENTS
FRANÇOIS, MERCI. Nous sommes un couple ton énergie me nourrissent. Tu es sûrement
marginal; nous passons toutes nos journées celui qui alimente le plus ma vie de mère
ensemble depuis plus de 10 ans, assis à la même ordinaire. Merci, mon homme.
table. C’est grâce à toi si je fais partie de cette
belle famille pas si ordinaire. C’est grâce à toi Billy, merci d’être si facile et si heureux. Ton
si j’écris, si je fais des spectacles et si j’ai le sourire et ta bonne humeur me font craquer.
guts de me lancer dans toutes ces aventures. Merci pour tes p’tites faces.

Ensemble, nous avons non seulement ce MAMAN, MERCI. Mère ordinaire part de toi,
projet de famille, mais aussi tous nos projets de mes merveilleux souvenirs de jeunesse.
professionnels. Tu es celui qui m’endure, qui Tu nous as élevés seule, tous les quatre, et
m’encourage, qui me fait rire, qui me back et ce fut parfait. Merci d’être là pour moi, pour
qui croit en moi. Il me faudrait un livre en François et pour les enfants. Ta présence
entier pour te remercier. change nos vies. Je t’aime.

Je t’aime et merci d’être là pour nous tous. MATANTE SUZANNE, marraine, merci d’avoir fait
partie de ma vie. Tu es au ciel maintenant,
LES ENFANTS, MERCI. Ça y est : je braille. Vous mais tu es toujours là, et ça m’aide.
êtes ma vie. Vous êtes les enfants les plus fous
et les plus drôles qu’on puisse avoir. Je ne JE VEUX AUSSI DIRE MERCI À MA MÉMÈRE. Tu es
pensais pas que ça se pouvait, d’aimer autant. partie il y a quelques années. Tu es la per­
sonne qui me manque le plus. Mère ordinaire,
Mimi, merci d’être qui tu es. Tu ne te rends c’est aussi toi. Tu aurais ri. Tu aurais aimé.
pas compte que ta résilience, ta force et ta Je t’aime.
folie font de moi une meilleure personne.
MERCI À VOUS TOUTES, LES MÈRES ORDINAIRES.
Ricci, merci d’être mon Denis la Menace avec MERCI DE ME LIRE ET DE PARTAGER LE FAIT QU’UNE
une si belle personnalité. Ton intelligence et VIE ORDINAIRE, C’EST EXCEPTIONNEL.

MÈRE ORDINAIRE – 238


« Merci à vous toutes, les mères
ordinaires. Merci de me lire et de
partager le fait qu’une vie ordinaire,
c’est exceptionnel. »
Découvrez la mère la plus ordinaire
et la plus déculpabilisante du Québec !
BIEN CONNUE GRÂCE À SA PAGE FACEBOOK ET À SA TOURNÉE DE SPECTACLES, Bianca Longpré,
alias Mère ordinaire, partage son histoire personnelle et se livre sans faux-semblant
dans un ouvrage touchant et divertissant, rempli d’anecdotes inédites.

Elle décrit non sans humour sa rencontre virtuelle avec François Massicotte, qui
deviendra son mari quelques années plus tard. Elle explique comment ils ont adopté
trois merveilleux enfants et, dans un discours émouvant, partage un des rares témoi-
gnages sur l’adoption au Québec.

Bianca nous raconte également pourquoi elle est passée de mère à Mère ordinaire,
et profite de l’occasion pour nous divertir en nous racontant les aléas cocasses avec
lesquels elle compose au quotidien : de la rentrée scolaire en septembre aux vacances
d’été, en passant par les anniversaires et les défis de l’hiver.

MÈRE ORDINAIRE : UN LIVRE REMPLI D’ÉMOTIONS ET D’HUMOUR


POUR PRENDRE LA VIE DE FAMILLE DU BON CÔTÉ !

groupemodus.com

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