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COURS D’ANALYSE FINANCIÈRE

Dr. Mbaye AW
INTRODUCTION
L’analyse financière constitue un des domaines les importants de la finance de l’entreprise.
Elle a fait d’énormes progrès au cours de ces dernières années et elle a permis d’intégrer les
processus financiers dans l’acte même de la gestion. On peut alors se demander comment
définir une telle matière et quels sont ses objectifs ?
Avant de répondre à ces préoccupations, nous allons nous pencher sur quelques points de
repère historique car les méthodes de l’analyse financière ne sont pas toutes apparues
simultanément. Elles sont le fruit d’une évolution que l’on peut résumer en distinguant trois
étapes :
1ère étape : analyse du risque des créanciers
- à la fin du 19ème siècle, le principal créancier de l’entreprise était le banquier. Son rôle était
essentiellement le financement de l’exploitation (stock) et non celui des équipements
(investissement). Les crédits nécessitaient de solides garanties et le banquier en surveillait la
solvabilité qui fut complété par le critère de liquidité en raison des nombreuses faillites dues
au manque de disponibilités. Un nouveau concept apparu : le fonds de roulement financier.
- après la deuxième guerre mondiale, la reconstruction entraîna un essor considérable de
l’industrialisation, avec des crédits consentis par des organismes spécialisés. L’intérêt se
déplaça du bas du bilan (liquidité) vers le haut du bilan (financement à long terme, autonomie
financière) et le concept de capacité d’autofinancement pris une grande importance.

2ème étape : analyse du risque de l’entreprise


- vers les années 1960, on a pris conscience qu’il fallait moins s’intéresser à la valeur
patrimoniale de l’entreprise qu’à ses besoins, nécessitant des ressources pour les financer.
Sont apparues les notions d’emploi, de ressource et le concept de besoins n fonds de
roulement d’exploitation. Du fait de son renouvellement permanent, ce besoin doit être
financé par des ressources stables (fonds de roulement fonctionnel), sinon on devra recourir à
des crédits à court terme, renouvelés sans cesse.
- vers 1974, l’apparition de l’inflation et de la récession entraîne des difficultés pour les
entreprises qui ne parviennent plus à rembourser leurs crédits et il apparaît un nouveau
concept : l’excédent de trésorerie créé par l’exploitation.

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3ème étape : analyse des conditions de la pérennité de l’entreprise
- les capitaux propres deviennent la source de financement de base. Ils permettent de définir la
capacité d’endettement global de l’entreprise. L’endettement subsiste comme source de
financement, mais il est générateur de risques financiers et son coût est pris en considération.
- avec le développement des marchés, l’accent est mis sur l’évaluation des titres et des
sociétés. Or la valeur repose, pour le financier en grande partie sur la rentabilité dont l’étude
nécessite la prise en compte du risque d’exploitation représenté par le point mort (ou seuil de
rentabilité ou chiffre d’affaire critique).
- corrélativement, l’étude des flux de trésorerie et leur répartition selon les cycles de
l’entreprise ont pris une importance déterminante en raison du rôle de la trésorerie dans la
gestion et la stratégie de l’entreprise.
Le tableau de financement tend à être remplacé par le tableau de flux de trésorerie. Ce dernier
est, en effet, de plus en plus utilisé sur le plan international et des pays comme les USA et le
CANADA ont marqué leur préférence pour la publication de ce type de tableau. En France,
bien que non obligatoire, la présentation d’un tableau de flux de trésorerie se développe. Dans
l’espace UEMOA, le TAFIRE est recommandé.

DEFINITION

Analyser, c’est décomposer un tout en ses éléments pour l’étudier. L’analyse financière est
une étude méthodique des informations comptables et financières en vue de connaître la
situation et l’évolution de l’entreprise. Elle présente un ensemble de concepts, de méthodes
permettant de comprendre les mécanismes de fonctionnement de l’entreprise, de formation de
la rentabilité dans un environnement de risques.

OBJECTIFS

L’analyse financière a pour objectif essentiel la recherche, l’interprétation des éléments


d’information qui permettent de faire un diagnostic complet de la politique financière suivie
par une entreprise. C’est pourquoi cette matière intéresse plusieurs personnes physiques et
morales. D’abord les dirigeants d’entreprise parce qu’elle leur permet de mieux orienter leur
gestion ; les banquiers parce qu’elle leur permet de se prononcer sur l’opportunité, les
conditions et les limites des concours financiers qu’ils envisagent de consentir aux entreprises.

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Ensuite les clients et les fournisseurs parce qu’elle leur permet de mieux décider leur politique
de prêt et d’emprunt ; le personnel d’entreprise parce qu’elle l’informe sur la santé financière
de son entreprise et surtout sur ses droits en matière d’intéressement au bénéfice. Enfin l’Etat,
dans sa politique macro économique et dans ses actions de contrôle fiscal.

Ce cours d’analyse financière se déroulera en deux parties :


- analyse financière à partir du bilan
- analyse financière à partir des ratios

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CHAPITRE I : ANALYSE DE LA STRUCTURE FINANCIERE

Deux notions sont fondamentales pour apprécier la structure financière d’une entreprise : la
solvabilité et la liquidité.
- la solvabilité est la capacité de l’entreprise à faire face à ses dettes. Elle mesure
l’autonomie, l’indépendance financière de l’entreprise. Elle constitue une anticipation de la
liquidité.
- la liquidité correspond à une disponibilité immédiate de fonds.
L’entreprise peut être solvable tout en ayant des difficultés à honorer ses dettes
immédiatement exigibles, parce que la liquidité est insuffisante. L’analyste financier va tenter
d’apprécier si le degré de liquidité des actifs de l’entreprise est suffisamment élevé pour lui
permettre de faire face à ses engagements financiers à tout moment, c'est-à-dire pour assurer
sa solvabilité.
L’analyse de la structure financière s’effectue principalement à partir du bilan comptable. Il
existe deux approches dans l’étude de la structure financière : l’approche fonctionnelle et
l’approche financière (ou approche liquidité).

I- ANALYSE FONCTIONNELLE
Elle est basée sur l’optique économique et de gestion et sur l’hypothèse de la continuité
d’exploitation. L’analyse fonctionnelle s’appuie sur un bilan appelé bilan fonctionnel, qui est
issue du bilan comptable après des retraitements de certains postes.
Nous verrons dans un premier temps la composition du bilan fonctionnel et dans un second
temps les indicateurs de l’analyse fonctionnelle.

A- LE BILAN FONCTIONNEL
L’objectif poursuivi par le bilan fonctionnel est de regrouper les éléments du bilan comptable
selon des critères fonctionnels, c'est-à-dire suivant leur fonction lors de leur apparition dans
l’entreprise. On distingue ainsi trois fonctions ou cycles d’opérations dans l’entreprise :
- la fonction d’investissement ou opération d’investissement
- la fonction de financement ou opération de financement
- la fonction d’exploitation ou opération d’exploitation

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Toutes ces fonctions ou opérations ont des incidences sur la situation de trésorerie, qui se
traduisent notamment par des entrées ou des sorties d’argent. Certains auteurs ajoutent de ce
fait une quatrième fonction : la fonction trésorerie, qui est la résultante de l’ensemble des
autres opérations.
1) schéma général du bilan fonctionnel
Le bilan fonctionnel comprend trois masses à l’actif et trois masses au passif et se présente
comme suit :
Bilan fonctionnel
ACTIF PASSIF
Actif immobilisé ou emplois stables Ressources stables ou capitaux
-charges immobilisées permanents
-immobilisations incorporelles -capitaux propres et ressources assimilées
-immobilisations corporelles -dettes financières et ressources assimilées
-avances et acomptes versés sur immob.
-immobilisations financières
Actif circulant Passif circulant
-actif circulant HAO -dettes circulantes HAO
-actif circulant d’exploitation -dettes circulantes d’exploitation
Trésorerie-actif Trésorerie-passif

- les emplois stables regroupent les postes liés aux opérations d’investissement.
- les ressources stables regroupent les postes liés aux opérations de financement.
- l’actif et les dettes circulants d’exploitation regroupent les postes liés aux opérations
d’exploitation, c'est-à-dire à l’activité courante de l’entreprise.
- l’actif et les dettes circulants HAO regroupent les postes liés aux opérations hors activités
ordinaires, c'est-à-dire aux opérations non récurrentes de l’entreprise.
- la trésorerie (actif et passif) enregistre les mouvements de l’ensemble des opérations sur la
trésorerie.
Pour passer du bilan comptable au bilan fonctionnel, des retraitements seront effectués sur
certains éléments du bilan comptable avant de passer au regroupement. L’ampleur des
retraitements varie selon les plans comptables. Avec le SYSCOHADA, le bilan comptable est
déjà presque bâti selon les critères fonctionnels, ce qui nécessite donc peu de retraitements.

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2) retraitements du bilan comptable
Le passage du bilan comptable SYSCOHADA au bilan fonctionnel nécessite comme
précédemment indiqué peu de retraitements à cause de sa nature déjà fonctionnelle.
Le périmètre du bilan comptable SYSCOHADA, ainsi que ses grandes rubriques sont les
mêmes dans un bilan fonctionnel. Les principaux retraitements à effectuer pour passer du
bilan comptable au bilan fonctionnel sont les suivants :
a) les actifs sont pris en considération à leur valeur d’origine, c'est-à-dire la valeur
d’acquisition (montant brut), pour mettre en évidence la décision initiale.

b) les immobilisations en crédit bail sont prises en considération en raison de leur


contribution au déroulement de l’exploitation. Elles sont intégrées dans l’actif, au poste actifs
immobilisés et dans le passif au poste dettes financières.

c) les primes de remboursement des obligations sont déduites de l’actif et dans le passif on
corrige dans le même sens la valeur des dettes financières.

d) les amortissements et les provisions pour dépréciation


Les amortissements et les provisions pour dépréciation des éléments de l’actif sont à inscrire
dans les ressources stables puisque ce sont des sommes qui resteront à la disposition de
l’entreprise pour financer son activité. L’actif ne comprendra donc que des valeurs brutes qui
correspondent aux coûts réels d’acquisition ou de production supportés par l’entreprise.

e) les effets escomptés non échus : sont intégrés dans l’actif au poste des créances et dans le
passif on les intègre dans la Trésorerie-passif (banque, crédit d’escompte).

f) les intérêts courus non échus sur titres de participation ou créances immobilisées : sont
à soustraire des immobilisations financières et à inscrire dans l’actif circulant HAO. En les
soustrayant des immobilisations, on retrouve la valeur d’acquisition des immobilisations
financières qu’il a fallu financer.

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g) les intérêts courus non échus sur emprunts ou sur dettes rattachées à des
participations : comme les intérêts courus sur les titres de participation, ils sont à soustraire
des emprunts ou dettes et à inscrire au passif circulant HAO.

h) les écarts de conversion : concernent les créances et les dettes que l’entreprise détient en
monnaie étrangère dans ses livres. Le poste enregistre les pertes de change ou les gains de
change latents qui pèsent sur ces créances ou ces dettes, du fait de la variation des cours des
monnaies. Le bilan fonctionnel annule ces écarts (pertes ou gains de change latents) et
valorise les créances et les dettes selon le taux de change du jour de l’opération.
▪ Retraitement de l’écart de conversion-actif :
- si l’écart de conversion-actif concerne un poste de créance de l’actif, on rajoute la valeur de
l’écart au montant de ce poste.
- si l’écart de conversion-actif concerne un poste de dette du passif, on retranche le montant
de l’écart du montant de ce poste.

▪ Retraitement de l’écart de conversion-passif :


- si l’écart de conversion-passif concerne un poste de dette du passif, on rajoute la valeur de
l’écart au montant de ce poste.
- si l’écart de conversion-passif concerne un poste de créance de l’actif, on retranche le
montant de l’écart du montant de ce poste.

Actif Passif
Ecart de conversion-actif + _
Ecart de conversion-passif _ +

i) les charges et les produits constatés d’avance sont inscrits à l’actif circulant (soit des
actifs cycliques d’exploitation, soit des actifs cycliques HAO) et au passif circulant (soit
des passifs cycliques d’exploitation, soit des passifs cycliques HAO).

NB : le bilan fonctionnel est un bilan avant répartition du résultat net de l’exercice, qui est
alors inclus dans les capitaux propres de l’entreprise.
Un reclassement n’est jamais automatique. Il dépend des informations données sur le poste à
retraiter.

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B- ANALYSE DE L’EQUILIBRE DU BILAN FONCTIONNEL
Elle s’effectue grâce à trois grandeurs ou concepts fondamentaux :
- le fonds de roulement net global (FRNG)
- le besoin en fonds de roulement (BFR) ou besoin de financement (BF)
- la trésorerie nette (TN)

1) le fonds de roulement net global :


C’est l’excédent des ressources stables sur les emplois stables. Les ressources durables
doivent financer en priorité les emplois stables : c’est le principe fondamental de
l’équilibre financier. Si les ressources durables sont supérieures aux emplois durables,
l’excédent servira alors à financer les opérations d’exploitation. C’est cet excédent que
représente le FRNG.

FRNG = RESSOURCES STABLES – EMPLOIS STABLES

Le fonds de roulement net global correspond à l’excédent des ressources stables sur les
emplois stables. Il permet de répondre à la question suivante : les immobilisations de
l’entreprise sont-elles financées par des ressources stables et sûres (capitaux propres et/ou
dettes financières) de l’entreprise ?
-un FRNG positif signifie que l’entreprise dégage un surplus de ressources permanentes
par rapport à l’actif stable, qui pourra être utilisé pour financer d’autres besoins de
l’entreprise (surtout ceux de l’exploitation).
-un FRNG négatif signifie qu’il manque des fonds stables pour financer toutes les
immobilisations de l’entreprise et que, par conséquent, certaines immobilisations auraient
été financées par des ressources à court terme instables. Lorsque le FRNG est négatif, on
parle d’insuffisance en fonds de roulement.
Dans les normes, le FRNG doit présenter un solde positif pour que la situation financière
soit considérée comme saine. Toutefois, il ne suffit pas seulement de posséder un fonds
positif pour avoir une situation financière saine. Encore faut-il assurer le financement des
capitaux immobilisés dans le cycle d’exploitation (stocks, créances). Pour apprécier
définitivement le niveau du fonds de roulement, il faut comparer son montant aux besoins
en fonds qui existent au niveau des opérations d’exploitation. Ces besoins, appelés besoins
de financement, doivent être couvert en effet par le fonds de roulement. Le fonds de
roulement sera donc jugé suffisant s’il couvre entièrement ces besoins de financement.

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Ainsi une partie des ressources permanentes sert aussi au financement des activités
d’exploitation.

2) le besoin de financement ou besoin en fonds de roulement


Il est composé du besoin de financement d’exploitation (BFE) et du besoin de
financement HAO (BFHAO).
a) le BFE : il correspond au déficit des ressources financières au niveau des activités liées
à l’exploitation. C’est l’excédent des emplois circulants d’exploitation sur les ressources
circulantes d’exploitation.
BFE = EMPLOIS D’EXPLOITATION – RESSOURCES D’EXPLOITATION
BFE = ACTIF CIRCULANT D’EXPLOIT – RESSOURCES CIRCULANTES D’EXPLOIT

Les emplois circulants d’exploitation englobent : les stocks, les créances clients et
comptes rattachés, les avances versées, les autres créances.
Les ressources circulantes d’exploitation concernent : les avances reçues des dettes
fournisseurs, les dettes fiscales, les dettes sociales, les provisions financières pour risques
et charges, les autres dettes d’exploitation.
Le BFE représente le déficit des ressources d’exploitation (dettes à court terme) pour
financer les emplois d’exploitation (stocks et créances).
-si le BFE est négatif, on parle de ressources de financement d’exploitation car les
ressources d’exploitation sont supérieures aux emplois d’exploitation.
-si le BFE est positif, on parle de besoins de financement d’exploitation.

b) le BFHAO : il correspond à l’excédent des emplois sur les ressources au niveau des
opérations HAO.
BFHAO = ACTIF CIRCULANT HAO – PASSIF CIRCULANT HAO

NB : même interprétation que pour le BFE.

c) le BF Global : il représente la somme du BFE et du BFHAO. C’est le besoin en fonds


de roulement.

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BFR = BFE + BFHAO

Il mesure le déficit en ressources financières à combler pour permettre à l’entreprise de


poursuivre ses activités courantes, mais aussi celles non courantes.
C’est le fonds de roulement qui servira donc au financement de ce déficit, autrement dit du
besoin de financement global. Si le fonds de roulement est insuffisant pour financer le BF,
l’entreprise pourrait être amenée à utiliser les ressources de sa trésorerie pour combler le
déficit de financement de l’exploitation.
3) la trésorerie nette :
Elle correspond au solde de la situation de trésorerie, c'est-à-dire à la différence entre les
disponibilités de l’entreprise et ses dettes bancaires à court terme.

TN = TRESORERIE ACTIF – TRESORERIE PASSIF

- si la trésorerie nette est positive, la situation de trésorerie de l’entreprise est donc


excédentaire.
- si la trésorerie nette est négative, la situation de trésorerie de l’entreprise est donc
déficitaire : nous sommes dans une situation critique.
Le niveau de la trésorerie permet de constater si l’équilibre financier de l’entreprise est bon ou
mauvais. Il existe donc une relation entre la situation de trésorerie (TN) et les autres
indicateurs que sont le FRNG et le BFR. Cette relation s’appelle la relation fondamentale de
l’équilibre financier du bilan fonctionnel.
Comme nous l’avons précédemment défini, le FRNG = RS – ES. Ce mode de calcul du fonds
de roulement est considéré comme un calcul par le haut du bilan. On peut aussi calculer le
fonds de roulement par le bas du bilan. On a :
FRNG = (actif circulant + trésorerie actif) – (passif circulant + trésorerie passif)
= actif circulant + trésorerie actif – passif circulant – trésorerie passif
= actif circulant – passif circulant + trésorerie actif – trésorerie passif
FRNG = BFG + TN

D’où
TN = FRNG – BFG

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L’équation FRNG = BFG + TN représente la relation qui permet d’apprécier l’équilibre
financier du bilan fonctionnel : c’est la relation de l’équilibre financier.

APPLICATION :
Le bilan de l’entreprise SUCRE IVOIRE en millier de francs est le suivant :

Actif Brut Amort et Net Passif Net


provision
Actifs immobilisés Capitaux propres
-immob. corporelles 7430 2810 4620 -capital 2000
-immob. financières 850 100 750 -réserves 1200
-résultat de l’exo 540
Actif circulant Dettes financières
-stocks 450 50 400 -emprunts 2580
-créances clients 730 80 650 Passif circulant
-autres créances 90 90 -fournisseurs 300
Trésorerie-actif -dettes sociales 80
-disponibilités 240 240 -autres dettes 50

TOTAL 9790 3040 6750 TOTAL 6750

Emprunts : dont concours bancaires = 80.


TAF : établir le bilan fonctionnel et déterminer le FRNG, le BFG et la TN.

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SOLUTION :
ACTIF PASSIF
Emplois stables Ressources stables
-immob. Corporelles 7430 -capital 2000
-immob. Financières 850 -réserves 1200
Actif circulant -résultat de l’exercice 540
AC d’exploitation -amort et provision 3040
-stocks 450 -dettes financières 2500
-créances clients 730 Passif circulant
ACHAO PC d’exploitation
-autres créances 90 -fournisseurs 300
Trésorerie-actif -dettes sociales 80
Disponibilités 240 PC HAO
-autres dettes 50
Trésorerie-passif
-concours bancaires 80

TOTAL 9790 TOTAL 9790

FRNG = RS – ES = 9280 – 8280 = 1000


Ou : FRNG = (AC + TA) – (PC + TP)= 1510 – 510 = 1000.

BFG = BFE + BFHAO


BFE = 1180 – 380 = 800
BFHAO = 90 – 50 = 40
BFG = 800 + 40 = 840

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TN = TA – TP ou TN = FRNG – BFR
TN = 240 – 80 TN = 1000 - 840
TN = 160 TN = 160

II- ANALYSE LIQUIDITE

L’analyse liquidité est relativement la plus ancienne et elle a été surtout développée par les
banques. Elle repose sur une conception patrimoniale de l’entreprise et sur des critères de
classement des postes du bilan : exigibilité croissante pour le passif et liquidité croissante
pour l’actif.
Cette analyse s’appuie sur un bilan que l’on qualifie de bilan financier ou bilan liquidité. C’est
à partir de ce bilan que sera analysée la situation financière de l’entreprise et précisément sa
solvabilité.

A- LE BILAN FINANCIER OU BILAN LIQUIDITE


Le bilan financier est le bilan comptable retraité en fonction de critères qui intéressent
particulièrement les banques. En effet, le bilan financier est établi par les banques qui
cherchent à apprécier la solvabilité d’une entreprise avant de s’engager vis-à-vis d’elle. Il est
donc une analyse externe, réalisée principalement par les banques et les fournisseurs de
l’entreprise, tandis que le bilan fonctionnel est une analyse interne à l’entreprise, réalisée par
les dirigeants.
Par ailleurs, le bilan financier est réalisé dans une perspective de cessation d’activités (optique
liquidative), c'est-à-dire qu’il est réalisé afin de répondre à la question suivante : si
l’entreprise déposait son bilan aujourd’hui, serait-elle à même de régler l’ensemble de ses
dettes ?
La situation n’est donc pas la même pour le bilan fonctionnel qui, comme nous l’avons déjà
vu, est établi dans une optique de continuation d’activités.
NB : les analyses de la situation financière de l’entreprise effectuées à travers les deux bilans
(fonctionnel et liquidité) sont tout à fait complémentaires et non contradictoires.

1) schéma général d’un bilan liquidité

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Le bilan liquidité comprend deux grandes rubriques à l’actif et deux autres au passif. Les
éléments de l’actif sont classés selon leur degré de liquidité croissante à partir du haut du
bilan. Ainsi on distinguera :
- l’actif à plus d’un an : il est constitué des éléments de l’actif les moins liquides
(immobilisations à plus d’un an et actif circulant à long terme).
- l’actif à moins d’un an : il s’agit des éléments de l’actif de court terme (actif circulant à
moins d’un an, Trésorerie-actif et immobilisations à court terme).
Les éléments du passif sont classés selon leur exigibilité croissante à partir du haut du bilan.
On distinguera :
- les capitaux permanents : ils sont composés des capitaux propres (ressources propres nettes)
et des dettes à plus d’un an (ou long et moyen terme).
- les dettes à moins d’un an : elles regroupent les éléments du passif circulant de court terme,
ainsi que les dettes de la Trésorerie-passif.
Le bilan liquidité ou financier se présente donc comme suit :
Bilan financier
ACTIF PASSIF
Actif à plus d’un an Capitaux permanents
-immob. A long terme -capitaux propres
-actif circulant à long terme -dettes à long et moyen terme

Actif à moins d’un an Dettes à moins d’un an


-actif circulant à moins d’un an -passif circulant de court terme
-Trésorerie-actif -Trésorerie-passif
-immob. de court terme

Le bilan financier est un bilan après répartition du résultat de l’exercice. Les postes du bilan
financier sont pris à leur valeur actuelle (nette). Pour passer du bilan comptable au bilan
financier, certains retraitements ou reclassements des postes comptables sont nécessaires.

2) les retraitements ou reclassements


Deux types de retraitements peuvent être établis sur le bilan comptable.
a- les retraitements de l’actif :
▪ L’actif fictif : les charges immobilisées (frais d’établissement, les charges à répartir et les
primes de remboursement des obligations), les frais de recherche et développement sont

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considérés comme des postes d’actif sans valeur vénale. Leur présence à l’actif du bilan
comptable est due à une artifice comptable (pour des raisons liées à la technique comptable).
Par conséquent, dans le bilan liquidité, ils sont éliminés de l’actif et soustraits des capitaux
propres en contrepartie.

▪ Les biens acquis en crédit bail : le bilan liquidité étant établi dans l’optique patrimoniale, il
n’y a donc pas lieu d’intégrer les biens acquis en crédit bail, vue que l’entreprise n’en est pas
propriétaire. Les biens doivent être soustraits de l’actif et en contrepartie, dans le passif, les
dettes de crédit bail doivent être éliminées.

▪ Les immobilisations financières : elles sont à classer dans l’actif à plus d’un an. Mais si
elles contiennent des éléments à court terme (prêts à moins d’un an, intérêts courus non
échus), ils doivent être placés dans l’actif à moins d’un an.

▪ L’actif circulant : les postes de l’actif circulant sont classés dans l’actif à moins d’un an. Si
certains postes contiennent des éléments à plus d’un an, comme les créances à long terme
(clients douteux durables, charges constatées d’avance de long terme), il faut les remonter
dans l’actif à plus d’un an.

▪ Les effets escomptés non échus : on les reclasse dans les valeurs réalisables au niveau de
l’actif et on les réintègre aussi dans la Trésorerie passif

▪ Les écarts de conversion actif : ils sont éliminés de l’actif et déduits des capitaux propres
au passif.

b) les retraitements du passif

▪ Les capitaux propres et ressources assimilées : les principaux retraitements effectués sur
cette partie sont :
- le résultat net : bénéfice : la partie du bénéfice destinée à être distribuée est à exclure des
capitaux propres et à placer dans les dettes à court terme. La partie à mettre en réserve (non
distribuée) sera retirée du montant du résultat et ajouté aux capitaux propres.

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- les actifs fictifs : il faut les déduire des capitaux propres. Ce sont des non-valeurs éliminées
de l’actif.

- l’impôt latent sur les subventions d’investissement et les provisions réglementées :


l’impôt latent qui frappe les subventions d’investissement et les provisions réglementées (au
fur et à mesure de leur réintégration dans le compte de résultat comme produit) sera reclassé
en dette à court ou en dette à long terme selon que son échéance sera inférieure ou supérieure
à un an.
- les plus-values et moins-values latentes sur les immobilisations : les éléments de l’actif
immobilisé sont pris à leur valeur nette (ou vénale ou actuelle) qui peut être différente de la
valeur nette comptable. Dans ce cas :
♥ Si la valeur actuelle › à la valeur comptable nette : la plus-value est à ajouter aux capitaux
propres.
♥ Si la valeur actuelle ‹ à la valeur comptable nette : la moins-value est à soustraire des
capitaux propres.

▪ Les provisions financières pour risques et charges : on en distingue trois catégories.


- les provisions destinées à faire face à des risques certains dont l’échéance est à court
terme : (exemple : les provisions pour impôts). Pour leur retraitement, cette catégorie de
provision doit être retirée de l’ensemble des provisions et être intégrée dans les dettes à court
terme.

- les provisions destinées à faire face à des risques certains dont l’échéance est à plus
d’un an : (exemple : les provisions pour pensions). Pour leur retraitement, il faut inscrire ces
types de provision dans les dettes à plus d’un an, après les avoir retranché de l’ensemble des
provisions.

- les provisions sans objet réel ou à caractère de réserve : ces types de provisions doivent
être retranchés de l’ensemble des provisions et être inscrits dans les capitaux propres.

▪ Les dettes financières : elles sont inscrites dans les dettes à plus d’un an, mais si elles
contiennent des fractions à court terme (ex : partie remboursable à moins d’un an, les intérêts
courus non échus …), il faut les ramener dans les dettes à moins d’un an.

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▪ Les comptes courants d’associés : il en existe certains qui sont bloqués, c'est-à-dire qu’ils
sont assimilables non plus à des dettes à long terme mais à des capitaux propres. Ils seront
donc retranchés des dettes à long terme et portés dans les capitaux propres.

▪ Les dettes circulantes : elles sont classées dans les dettes à moins d’un an ; cependant, si
elles contiennent des dettes à long terme (ex : produits constatés d’avance relatifs à un
exercice ultérieur), elles doivent être placées dans les dettes à plus d’un an.

▪ Les écarts de conversion passif : ils correspondent à des gains latents.


- si ces gains sont latents, on les retire de l’actif (dans les créances) après les avoir éliminés au
passif.
- si ces gains sont probables, ils sont à reclasser dans les capitaux propres pour leur montant
hors impôt latent.
L’impôt latent sera à inscrire dans les dettes à court terme ou à long terme selon son échéance.

B- LES OUTILS D’ANALYSE DU BILAN LIQUIDITE

1) le fonds de roulement
Le fonds de roulement calculé à partir du bilan liquidité se dit : fonds de roulement liquidité
ou fonds de roulement financier. Il représente l’excédent des capitaux permanents sur les
actifs à plus d’un an (actif immobilisé net). Il permet de mesurer la liquidité de l’entreprise et
il constitue une marge de sécurité et une garantie contre le risque de faillite. Le fonds de
roulement liquidité peut se calculer de deux manières :
- par le haut du bilan financier :
FRL = capitaux permanents – actif immobilisé net

- par le bas du bilan :


FRL = actif à moins d’un an – dettes à moins d’un an

Si le FRL est positif, l’entreprise est présumée pouvoir faire face à ses engagements et
disposer d’une certaine aisance de trésorerie.

a) appréciation du niveau optimum du FRL.

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Si le calcul du FRL ne présente pas de difficultés majeures, il en va autrement pour
l’appréciation du niveau optimum du FRL. En effet, le niveau optimum souhaité varie en
fonction, à la fois de la nature de l’entreprise, de la vitesse de renouvellement des crédits
accordés à l’entreprise et des rapports de force entre les partenaires en présence.
Pour les entreprises industrielles, c'est-à-dire celles avec un cycle de fabrication long, le FRL
doit être très important car les stocks sont difficilement renouvelables ou tournent
difficilement ; d’autre part les entreprises accordent de très long délais de paiement à leurs
clients alors qu’elles même doivent payer rapidement leurs fournisseurs.
Pour les entreprises commerciales, le FRL ne doit pas être important car ce type d’entreprise a
des stocks qui se renouvellent rapidement. Ces entreprises ont des postes clients peu
importants, même inexistants parce que tout le monde paye au comptant. Ces entreprises
obtiennent le plus souvent de leurs fournisseurs des délais de paiement relativement long.

Remarque : si donc l’inexistence d’un fonds de roulement n’est pas forcément dramatique, il
convient de souligner qu’une gestion financière prudente exige toujours que le FR soit positif.
En effet, le FR constitue un véritable investissement financier indispensable pour faire face
aux distorsions (décalages) entre les flux réels de l’exploitation et leur contrepartie financière.
Le FR garanti ainsi la solvabilité de l’entreprise.

b) les raisons d’être d’un fonds de roulement


Plusieurs raisons justifient l’existence du FR dans l’entreprise :
- c’est parce qu’une partie de l’actif circulant possède un caractère permanent. Exemple :
toute entreprise dispose de plusieurs stocks notamment les stocks de matières premières, de
produits finis, de marchandises, etc. la somme de ces stocks n’est jamais nulle. Il existe donc
toujours un stock minimum non nul qu’il faut financer en permanence.

- au niveau des créances : il existe des créances non nulles qu’il faut aussi financer en
permanence.

- il existe dans toute entreprise un décalage entre le degré de liquidité des actifs et le degré
d’exigibilité des éléments du passif.

2) l’actif net

18
L’actif net est un indicateur de la solvabilité de l’entreprise. Il représente la valeur
patrimoniale de l’entreprise. Son mode de calcul est le suivant :

AN = total actif du bilan financier – total dettes

Le total dettes (court et long terme) est aussi appelé passif exigible.
Total dettes = DLMT + DCT. Les DCT sont appelées aussi exigibilités immédiates.
L’actif net sert à apprécier le risque d’insolvabilité de l’entreprise. C’est une approche globale
de la solvabilité. Une entreprise est solvable si l’ensemble des dettes est couvert par l’actif. La
solvabilité dépend surtout de l’importance de l’endettement à long terme.

3) les trois règles de l’orthodoxie financière


Elles sont fondées sur l’analyse liquidité. Elles visent à énoncer les règles d’une gestion
financière saine :
◘ La règle de l’équilibre financier minimum : selon cette règle, le fonds de roulement
liquidité de l’entreprise doit être positif. Les ressources utilisées pour financer les actifs
doivent rester à la disposition de l’entreprise pendant une durée qui doit correspondre au
minimum, à celle de l’immobilisation.

◘ La règle de l’endettement maximum : cette règle concerne l’endettement à moyen et long


terme.
- le ratio « dettes à plus d’un an / capitaux permanents » doit être inférieur à 50%.
- le ratio « dettes à plus d’un an / capacité d’autofinancement » ne doit pas dépasser 3 voire 4
ans.

◘ la règle du financement minimum : selon cette règle, pour chaque projet d’investissement
décidé, le recours à l’endettement à terme ne doit pas dépasser un certain pourcentage du
montant de l’investissement prévu. Selon les pratiques, il varie de 50% à 70% du montant de
l’exploitation.

Ces différentes règles qui visent toutes à assurer la solvabilité et la liquidité de l’entreprise
sont aujourd’hui de plus en plus contestées voire même remise en cause par de nombreux
auteurs pour qui il ne doit y avoir de normes à imposer, chaque entreprise ayant ses
spécificités.

19
4) le besoin en fonds de roulement.
On appelle BFR le besoin de financement du cycle d’exploitation. Il est égal à la différence
entre la somme de l’actif circulant d’exploitation et hors exploitation et la somme des dettes
d’exploitation et hors exploitation.

BFR = (ACE + ACHAO) – (PCE + PCHAO)

BFE = ACE – PCE BFHAO = ACHAO – PCHAO

BFR = BFE + BFHAO

a) analyse des composantes du BFR


- les composantes de l’actif circulant d’exploitation : elles comprennent les comptes dont
l’origine et le montant sont directement liés aux opérations d’exploitation, notamment les
stocks, les créances clients et comptes rattachés (effets à recevoir, la TVA déductible …).

- les composantes de l’actif circulant HAO : elles comprennent les comptes non liés
directement au cycle d’exploitation, mais aussi étrangers à la trésorerie. Ce sont les comptes
Etat, les acomptes impôts sur le bénéfice et les créances sur cession d’immobilisation.

- les composantes des dettes d’exploitation : ce sont celles induites directement par les
opérations d’exploitation. Ce sont les fournisseurs, les effets à recevoir, le TVA à payer, la
sécurité sociale …

- les composantes des dettes HAO : ce sont celles non liées directement à l’exploitation, mais
étrangers à la trésorerie également. Ce sont les dettes fiscales autre que la TVA, les dettes sur
immobilisation et bien d’autres.

b) appréciation du niveau en BFR.


Le niveau du BFR est essentiellement fonction de la nature et du niveau d’activité de
l’entreprise. Les entreprises industrielles qui ont un cycle de fabrication long ont en général
des BFR très important, car les postes stocks sont volumineux en raison de la longueur du

20
cycle d’exploitation alors que les postes fournisseurs sont généralement faibles, souvent en
raison de l’importance de leur valeur ajoutée.
Les entreprises commerciales et les entreprises industrielles à cycle de fabrication court ont en
général des BFR faibles.
Le BFR varie proportionnellement au niveau d’activité de l’entreprise. En effet, lorsque le
chiffre d’affaire augmente, cela suppose un niveau d’activité accru donc un besoin de
financement important. Au contraire, lorsque le chiffre d’affaire baisse, le niveau d’activité
baisse et le besoin de financement se fait moins sentir.

5) la trésorerie
Il existe trois notions de trésorerie :

a) la trésorerie nette :
D’un point de vue statique et structurel, on définit la trésorerie nette comme étant la
différence entre le fonds de roulement et le BFR.
Selon cette expression, on observe une série de ressources et une série de besoins de
financement.
TN = FRL – BFR

TN = (capitaux permanents – actif immob. net) – [(ACE + ACHAO) – (PCE + PCHAO)]


Les techniques d’optimisation de la trésorerie.
L’entreprise doit mener au niveau de la trésorerie des actions conjuguées sur les composantes
de la trésorerie.
♠ L’action sur le FRL : il s’agit d’une action d’augmentation du fonds de roulement. Il faut
notamment accroître essentiellement les capitaux propres d’abord et ensuite les dettes
financières (capitaux d’emprunts). En un mot, accroître les capitaux permanents par un
accroissement de l’autofinancement grâce à des dotations en amortissement, à des mises en
réserve des bénéfices et aussi grâce à une augmentation du capital social par apport des
espèces (liquidités). Mais au même moment, plus on augmente les capitaux permanents, il
faut agir sur les valeurs immobilisées (les réduire) par cession de certains éléments peu
performants ou usagers.

♠ L’action de réduction du BFR : pour agir sur le BFR il faut réduire la somme des emplois
par une augmentation de la vitesse de rotation des stocks en réduisant le niveau des stocks et

21
la durée des stocks. Nous devons agir sur les créances clients par une augmentation de la
vitesse de rotation des postes créances clients et, à la limite, supprimer (vendre au comptant).
Il faut augmenter la somme des ressources d’exploitation en allongeant les délais des crédits
fournisseurs.

Toutes ces différentes actions sur les composantes de la trésorerie auront pour effet
d’harmoniser les niveaux du fonds de roulement net et du BFR pour rétablir l’équilibre.

b) la trésorerie à terme et la trésorerie immédiate


- la trésorerie à terme : on appelle trésorerie à terme la différence entre la somme des
valeurs réalisables et des valeurs disponibles et les dettes à court terme.
T à T = (VR + VD) – DCT
Si cette trésorerie est nulle (T à T = 0), cela signifie que les valeurs d’exploitation ne sont pas
financées par les dettes à court terme. Cela signifie aussi que l’entreprise a un FR › 0 mais
insuffisant, car il ne finance que les stocks alors qu’il devrait financer la totalité du cycle
d’exploitation.

- la trésorerie immédiate : c’est la différence entre les valeurs disponibles et les dettes à
court terme.
TIM = VD – DCT
Il faut exclure des disponibles, l’actif de trésorerie liquide c'est-à-dire l’encaisse constituée
par la Banque, CCP, la Caisse.

c) l’actif et le passif de trésorerie


- l’actif de trésorerie : il ne fait pas partie des emplois d’exploitation. Il est formé par les
valeurs mobilières de placement appelées actif de trésorerie non liquide et par les soldes
débiteurs des comptes Banque, CCP, Caisse (actif de trésorerie liquide).

- le passif de trésorerie : il ne fait pas partie des ressources d’exploitation. Il est formé en
effet par les effets financiers des crédits à court terme (agios, intérêts) octroyés par les
banques et des découverts bancaires (ou solde créditeur du compte Banque).

22
CHAPITRE II : ANALYSE FINANCIERE A PARTIR DES RATIOS

L’analyse financière s’effectue autour de deux grands pôles :


- la mesure de la rentabilité
- l’appréciation de la structure financière
Dans chacun des cas, l’analyse peut s’effectuer en recourant à des ratios, c'est-à-dire à des
rapports entre des grandeurs caractéristiques : c’est la méthode des ratios.
La méthode des ratios, largement utilisée par les banquiers, s’applique aux éléments du bilan
et aux éléments du compte de résultat, de façon à analyser la structure financière, l’activité et
la rentabilité de l’entreprise.
L’objectif de ce chapitre est de proposer une batterie de ratios couramment utilisés. Mais
avant de les aborder, nous allons d’abord poser les règles de construction des ratios qu’il faut
respecter.

I- LES REGLES DE CONSTRUCTION DES RATIOS


Bien que simple par sa définition, la construction d’un ratio obéit toutefois à un certain
nombre de règles qui permettra d’augmenter la qualité du diagnostic.
1) le calcul d’un ratio n’a d’intérêt que s’il apporte une information supérieure à celle des
éléments qui le composent. La diversité des informations manipulées par la gestion financière
favorisant le calcul d’un grand nombre de ratios, il faut être très prudent et limiter leur
utilisation.

2) pour améliorer la qualité du diagnostic, il faut disposer de plusieurs bilans et comptes de


résultat de façon à étudier l’évolution des ratios. Très souvent, on les calcule sur une période
de 3 ans. En principe, le ratio doit être constitué de telle manière que l’augmentation de sa
valeur corresponde à une amélioration de la situation étudiée, sauf dans le cas où l’on étudie
l’importance des charges par rapport aux produits.

23
3) il est préférable de comparer les ratios de l’entreprise étudiée à ceux d’autres entreprises du
même secteur d’activité ou à une norme qui est généralement la moyenne sectorielle des
différents ratios utilisés.
Le calcul de ratios sur une seule période sans point de comparaison possible n’a aucune
signification et ne permet pas de porter un jugement suffisant sur la situation de l’entreprise.
4) enfin, il est nécessaire que les éléments constitutifs du ratio soient homogènes.

Aussi on exprime généralement les ratios sous forme de pourcentage. On peut aussi les
exprimer en nombre de jours ou de mois ou encore en francs.
Après le rappel de ces règles de construction des ratios, nous allons présenter les principaux
ratios couramment utilisés.

II- PROPOSITION D’UNE BATTERIE DE RATIOS


Les ratios les plus couramment utilisés peuvent être classés en trois groupes :
- les ratios de rentabilité
- les ratios de gestion
- les ratios de structure financière

A- LES RATIOS DE RENTABILITE


La rentabilité est un rapport entre un résultat et les moyens mis en œuvre pour obtenir celui-ci.
Les résultats obtenus peuvent être définis par le résultat net, les soldes significatifs de gestion
ou soldes caractéristiques de gestion, des dividendes etc.
De même, les moyens mis en œuvre peuvent être définis par le capital financier, physique ou
humain (capitaux investis, actif économique, actif total, capitaux propres, prix d’achat des
actions, effectif etc.).
On dispose des ratios suivants pour analyser la rentabilité de l’entreprise :
1- les ratios de rentabilité économique
La rentabilité économique peut s’analyser à l’aide d’un des deux ratios suivants :
Re = (EBE / actif stable ou actif total)

Ou
Re = (résultat d’exploitation / actif stable).

Actif stable = actif immobilisé + BFR = ressources permanentes.

24
Le premier ratio permet de bonnes comparaisons entre les entreprises parce qu’il n’est pas
affecté par la fiscalité, ni par la politique d’amortissement et de dotation aux provisions.
Grâce au second ratio, on mesure de combien de capitaux l’entreprise a besoin pour investir
afin de générer un résultat d’exploitation donné. S’il est inférieur au taux d’intérêt des
emprunts, l’entreprise est en situation de danger. Plus ce ratio est élevé, plus la rentabilité des
capitaux investis est élevée. Ces ratios informent sur la rémunération de l’investissement.

2) les ratios de rentabilité financière


La rentabilité financière peut s’analyser à l’aide du ratio suivant :
Rf = (résultat net / capitaux propres)

Si Re est supérieure à t (taux d’intérêt des emprunts), il est bon d’emprunter car
l’investissement augmentera la Rf.
Il intéresse surtout les actionnaires ; son étude vise à apprécier l’enrichissement de l’exercice
qui revient aux associés par rapport aux sommes qu’ils ont apportées. Il mesure la
rémunération des apports, des fonds apportés par les associés et le risque qu’ils prennent.
C’est en quelque sorte le taux d’intérêt bénéficiant aux actionnaires. Il doit être supérieur au
taux de rémunération des emprunts sur le marché financier (taux de placement).
Ce ratio, comme on l’a déjà vu, peut être décomposé afin de faire apparaître les composantes
de la rentabilité financière.
Rf = (résultat net / chiffre d’affaire) × (chiffre d’affaire / capitaux propres)
Rf = marge nette × rotation des capitaux propres

B- LES RATIOS DE GESTION


Ils comprennent :
1) la croissance du chiffre d’affaire = (CAn – CA n-1) / CA n-1.
Ce ratio permet de connaître l’évolution de l’activité de l’entreprise et ainsi de comparer les
entreprises d’un même secteur d’activité. Il permet de savoir si l’entreprise est dans une phase
de croissance, de récession ou de stagnation.
Exemple de tableau de comparaison du CA (en million de francs).
Eléments Année N-1 Année N Evolution
Valeur Pourcentage

Ventes de marchandises 1086 997 - 89 - 8,20 %

25
Ventes de produits finis 46134 51090 4956 10,74 %
Prestations de service 9050 7567 - 1483 - 16,38 %
Produits accessoires _ _ _ _
Total CA 56270 59654 3384 6,01 %
2) la croissance de la valeur ajoutée = (VAn – VAn-1) / VAn-1. Ce ratio est déterminé en
pourcentage. Il permet de suivre l’évolution de la richesse créée par l’entreprise.

3) la croissance du résultat net = (Résultat net n - Résultat net n-1) / Résultat net n-1.
Ce ratio permet de voir si l’évolution du CA se traduit par une augmentation du résultat net.

4) le ratio de marge nette = Résultat net / CA hors taxe.


Ce ratio permet de mesurer la marge dégagée par rapport au CA réalisé par l’entreprise pour
la comparer aux autres entreprises.

5) le taux de marque = marge brute sur marchandises / vente hors taxe de marchandises.
Marge brute = vente HT – coût d’achat HT des marchandises vendues.
Ce ratio est un indicateur fondamental pour les entreprises commerciales parce qu’il constitue
une première mesure de la performance de l’entreprise. Il permet de détecter une première
cause de faiblesse de la VA et donc du résultat. Il mesure le pouvoir de l’entreprise dans la
fixation des prix sur le marché.

6) le taux de marge = marge brute sur marchandises / coût d’achat HT des marchandises
vendues.
Il mesure le pouvoir de négociation des prix avec les fournisseurs.

7) le ratio de l’EBE = EBE / CA HT.


C’est une mesure de la performance industrielle et commerciale.

8) le ratio des frais financiers = (frais financiers / CA HT) ou (frais financiers / EBE).
Il s’agit pour l’essentiel des intérêts (intérêts d’emprunt et intérêts des concours bancaires
courants) et charges assimilées. Ces ratios mesurent le coût de financement externe et ne
devraient pas dépasser, selon certains auteurs, 3% du CA HT ou 8% de l’EBE.

9) le poids des charges de personnel = charges de personnel / EBE.

26
Il permet de suivre l’évolution des charges de personnel ; lesquelles pèsent essentiellement sur
le niveau de l’EBE et donc sur la rémunération des autres facteurs de production.

10) la rémunération du personnel = (charges de personnel / VA) ou (charges de personnel /


CA HT).
Ils indiquent le montant des charges de personnel par franc de VA créée ou par franc de CA.
Ces ratios sont donc essentiel pour mesurer le prélèvement nécessaire sur la VA ou sur le CA,
afin de rémunérer le personnel.

11) la productivité du personnel = production de l’exercice / charges de personnel.


Il mesure la production réalisée par franc de charges de personnel et permet de porter un
jugement sur la productivité de la main d’œuvre.

12) les ratios de rotation :


a) Les stocks :
→ Le stock moyen = (stock initial + stock final) / 2.
Le stock moyen est la moyenne arithmétique des mouvements de stocks au cours de
l’exercice.
Exemple : soit une entreprise qui procède à 4 inventaires dans l’année :
. 1er janvier : 12 600 000 . 1er avril : 17 200 000
. 1er juillet : 13 400 000 . 1er octobre : 11 200 000

Stock moyen = (12 600 000 + 17 200 000 + 13 400 000 + 11 200 000) / 4 = 13 600 000.
→ Taux de rotation des stocks
On distingue les stocks de marchandises, de matières premières et de produits finis.
♠ Pour les marchandises :
Taux de rotation des stocks (R1) = coût d’achat HT des marchandises vendues / stock
moyen de marchandises.

Coût d’achat HT des marchandises vendues = achats HT – variation de stocks de march.


Variation de stocks de marchandises = stock final de march. – stock initial de march.
Le ratio de rotation des marchandises permet de calculer la durée de détention en stock des
marchandises (en nombre de jours ou mois) depuis l’achat jusqu’à leur vente.

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Le ratio de rotation de stocks, encore appelé vitesse de rotation des stocks est égal au nombre
de renouvellement du stock au cours de l’année.

Durée d’écoulement du stock (S1) = 360 / R1 (en jours)


S1 = 12 / R1 (en mois).
Ou encore par le calcul direct = (stock moyen / coût d’achat HT des march.) × 360.
Exemple :
Dans le cas précédent, le stock moyen est de 13 600 000. Si le coût d’achat des marchandises
vendues est de 380 800 000, déterminer le taux de rotation et la durée d’écoulement des
stocks.
Solution : R1 = 380 800 000 / 13 600 000 = 28.
Le stock de marchandises est renouvelé 28 fois dans l’année.
S1 = 360 / 28 = 12 jours. Le délai moyen de séjour des marchandises dans l’entreprise est de
12 jours.

♠ Pour les matières premières :


Taux de rotation des stocks (R2) = coût d’achat des matières premières / stock moyen de
matières premières.

La durée de détention en stock (S2) = 360 / R2 ou S2 = 12 / R2.


Par le calcul direct :
S2 = (stock moyen de mat.1ère / coût d’achat HT de mat. 1ère consommée) × 360.
Il permet de calculer la durée de détention en stock des matières premières (en jours ou en
mois), depuis l’achat jusqu’à leur consommation dans le processus de fabrication.

♠ Pour les produits finis :


Le taux de rotation des stocks (R3) = coût de revient des produits finis vendus / stock moyen
de produits finis.

Coût de revient des produits finis vendus = coût de production + charges de distribution.
Coût de production = coût d’achat des matières premières + charges de fabrication + variation
de stocks de produits finis.
Variation de stocks de produits finis = stock final – stock initial.

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Le ratio est égal au nombre de renouvellement du stock de produits finis au cours de la
période considérée.
La durée d’écoulement se calcule comme suit :
S3 = 360 / R3 ou 12 / R3.

Par le c alcul direct :


S3 = (stock moyen de PF vendus / coût de production des produits finis vendus) × 360.
Il permet de calculer la durée de détention en stock des produits finis vendus (en jours ou en
mois), depuis le jour de la mise en stock (fin de fabrication) jusqu’à la vente.

b) le crédit client :
Il est représenté par le cumul des postes clients, des effets à recevoir et des effets escomptés
non échus.
Soit R4 la vitesse de rotation des comptes clients.
R4 = CA TTC / crédit clients.
C’est le nombre de fois qu’on accorde de crédit à nos clients. On dit, avec ce ratio, que le
crédit clients a tourné n fois durant la période considérée.

Soit C la durée moyenne du crédit clients ou délai clients :


C = 360 / R4 ou C = 12 / R4.
Par le calcul direct : C = (créances clients + EAR + EENE / CA TTC) × 360.
Ce ratio représente le délai moyen de crédit accordé par l’entreprise à ses clients (en jours ou
en mois). D’un point de vue financier, il faudrait chercher à réduire ce délai au minimum.
Exemple :
On extrait de la balance trimestrielle d’une entreprise les données suivantes :
CA TTC = 100 000 000 ; clients = 15 000 000 ; EAR+EENE = 10 000 000.
Déterminer le ratio de rotation du crédit clients.

R4 = 100 000 000 / 25 000 000 = 4. Le crédit clients a tourné 4 fois au cours du trimestre.
C = 90 / 4 = 22 jours. Le délai moyen de crédit accordé aux clients par l’entreprise est de 22
jours durant le trimestre.

c) la dette fournisseur :
Elle comprend le cumul des postes fournisseurs et des effets à payer.

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Soit R5 le ratio de rotation des dettes fournisseurs :
R5 = achats TTC / dettes fournisseurs.
Il exprime le nombre de fois que l’entreprise a obtenu de crédit auprès de ses fournisseurs.

Soit F la durée moyenne des dettes fournisseurs :


F = 360 / R5 ou F = 12 / R5.
Par le calcul direct :
F = (fournisseurs + EAP / achats TTC) × 360.
Ce ratio représente la durée moyenne (en jour ou en mois) de crédit accordé à l’entreprise par
ses fournisseurs. En général, plus cette durée est élevée, plus les dettes de l’entreprise sont
importantes.
Exemple :
Dans la balance trimestrielle d’une entreprise, on a : achats TTC = 150 000 000 ; fournisseurs
= 28 000 000 ; EAP = 22 000 000.

R5 = 150 000 000 / 50 000 000 = 3. L’entreprise obtient 3 fois des crédits auprès de ses
fournisseurs durant le trimestre.
C = 90 / 3 = 30 jours. La durée moyenne de crédit accordé à l’entreprise par ses fournisseurs
est de 30 jours (soit un mois) durant le trimestre.

C- LES RATIOS DE STRUCTURE FINANCIERE


Ces ratios concernent cette fois-ci les éléments de la structure financière afin d’affiner
l’analyse de la solvabilité et de la liquidité de l’entreprise. On distingue :

1) les ratios de l’analyse de l’actif et du passif.


a) le ratio de liquidité de l’actif (bilan financier) :
RLA = actif immobilisé net / actif total.

Plus ce ratio est élevé, moins les actifs de l’entreprise sont liquides.
b) le ratio d’autonomie financière :
- à partir du bilan fonctionnel :
RAF = (capitaux propres / dettes financières) ≥ 1.

30
Ou bien RAF = (capitaux propres / capitaux permanents) ≥ 0,5.

- à partir du bilan financier :


RAF = (capitaux propres / dettes à plus d’un an) ≥ 1.
Les capitaux propres doivent faire au moins la moitié des ressources permanentes. En général
on admet que l’endettement à long terme ne doit pas dépasser les capitaux propres. Ce ratio,
au sens strict doit être ≥ 1, ce qui permet à l’entreprise de conserver la capacité d’endettement.

c) le ratio d’endettement global :

REG = (dette totale / capitaux propres) ≤ 2.

Les dettes totales ne doivent pas faire le double des capitaux propres.

d) la capacité de remboursement :
- à partir du bilan fonctionnel
CR = dettes financières / CAFG.

- à partir du bilan financier :


CR = dettes à plus d’un an / capacité d’autofinancement global

Ce ratio mesure la durée que l’entreprise mettrait à rembourser ses dettes à long terme si elle
affectait la totalité de sa capacité d’autofinancement. Il doit être de l’ordre de 3 à 4 ans.

e) le ratio de financement des investissements :


- à partir du bilan fonctionnel
RFI = (ressources stables / emplois stables) ≥ 1

- à partir du bilan financier


RFI = (capitaux permanents / actif à plus d’un an) ≥ 1.

Si ce ratio est supérieur à 1, cela signifie que les ressources permanentes sont supérieures aux
emplois stables, et par conséquent le FR › 0.

31
2) les ratios d’équilibre financier

a) le ratio de l’équilibre financier minimum (bilan liquidité) :

REFM = (capitaux permanents / actif à plus d’un an) ≥ 1.

b) le ratio de couverture des capitaux investis :


-à partir du bilan fonctionnel
RCCI = ressources permanentes / (emplois stables + BFR)

-à partir du bilan financier


RCCI = capitaux permanents / (actif net + BFR).

Il permet de savoir si les ressources permanentes sont suffisantes pour financer, non
seulement les immobilisations, mais également le FR. il doit se situer autour de 100% pour
respecter le principe de l’équilibre financier.

c) les ratios de liquidité :


Ils permettent d’analyser la solvabilité de l’entreprise. Ce sont :
- le ratio de liquidité générale
RLG = actif à moins d’un an / dettes à moins d’un an

Il est aussi appelé ratio de solvabilité à court terme. Normalement il doit être supérieur à 1
pour que l’entreprise soit solvable.

- le ratio de liquidité réduite


RLR = (valeurs réalisables + valeurs disponibles) / dettes à moins d’un an
Ou

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RLR = (actif à moins d’un an – stocks) / dettes à moins d’un an.

Il permet de savoir si les liquidités immédiates (VD) de l’entreprise + les fonds attendus de
ses clients (VR) suffisent pour faire face à toutes ses dettes à court terme. Normalement, ce
ratio doit être proche de 1.

- le ratio de liquidité immédiate


RLI = valeurs disponibles / dettes à moins d’un an.

Ce ratio permet de savoir si les fonds immédiatement disponibles suffisent à faire face aux
dettes à court terme. En général, l’argent disponible ne permet pas de financer la totalité des
dettes à court terme (ratio inférieur à 1) car, le cas inverse signifierait que l’entreprise dispose
suffisamment d’argent à la banque et pas sur elle pour financer ses dettes à courte terme. Cela
démontrerait qu’elle a trop de disponibilité, synonyme d’argent qui dort. Ce qui dénoterait
d’un sous emploi de ces capitaux.

3) le ratio de fonds de roulement :


On le détermine en mois ou en jours.
RFR = (FR / CA HT) × 360 ou RFR = (FR / CA HT) × 12
Il exprime le nombre de jours ou de mois d’activité à l’issu duquel le chiffre d’affaire de
l’entreprise couvre le fonds de roulement net.

4) le ratio du besoin en fonds de roulement :


RBFR = (BFR / CA HT) × 360 ou RBFR = (BFR / CA HT) × 12.
Il exprime le nombre de jours ou de mois d’activité à l’issu duquel le chiffre d’affaire couvre
le BFR.

5) le ratio de trésorerie :
RTN = (TN / CA HT) × 360 ou RTN = (TN / CA HT) × 12.
Il mesure la trésorerie en jours ou en mois de chiffre d’affaire, c'est-à-dire qu’il exprime le
nombre de jours ou de mois d’activité à l’issu duquel le chiffre d’affaire couvre la trésorerie
de l’entreprise.

33
CHAPITRE III : ANALYSE DE L’ACTIVITE DE
L’ENTREPRISE
Du point de vue de l’analyse financière, le résultat est ce qui va permettre de porter un
jugement sur l’efficacité de la gestion conduite par les dirigeants de l’entreprise ; il permet
d’apprécier la rentabilité de l’entreprise.
Cette voie d’appréciation de la rentabilité passe par la détermination des soldes intermédiaires
de gestion (SIG) ou soldes caractéristiques de gestion (SCG).
I-LES SOLDES CARACTERISTIQUES DE GESTION
Les soldes intermédiaires de gestion ont pour objet de fournir une explication du résultat net.
Le SYSCOHADA fait apparaître neuf (9) soldes significatifs.
1) la marge brute sur marchandises
Elle est déterminée sur les marchandises c'est-à-dire les biens achetés et revendus en l’état,
sans transformation.
Elle est égale à la différence entre le prix de vente et le prix d’achat.

M.B/marchandises = ventes de marchandises – coût d’achat des marchandises vendues

Ou encore

M.B/marchandises = ventes de marchandises – (achats – variation de stock de marchandises)

Avec: variation de stock = stock final – stock initial


2) la marge brute sur matières premières
La marge brute est déterminée aussi bien pour les activités commerciales (marge brute sur
marchandises) que pour les activités de transformation (marge brute sur matières premières),
notamment dans les entreprises industrielles et de bâtiments/travaux publics. Ce solde
demeure capital pour ces types d’activité car il permet d’apprécier la performance de
l’entreprise.
La marge brute sur matière est égale à la différence entre :
- la production de la période formée de :
*la production vendue
*la production stockée

34
*la production immobilisée
- la consommation de matières premières et de fournitures constituée de :
*les achats de matières premières et de fournitures
*la variation de stocks de matières et de fournitures

M.B/matières = production de la période – consommation de matières

3) la valeur ajoutée (VA)


La valeur ajoutée est l’apport réel de l’entreprise à l’économie. Elle permet de cerner la
dimension de l’entreprise.
Elle est déterminée par la méthode suivante :

VA = M.B/marchandises + production – consommation

Dans l’approche SYSCOHADA, les concepts de PRODUCTION et de CONSOMMATION


sont définis comme suit :

PRODUCTION = production vendue


+ production immobilisée
+ production stockée
+ subventions d’exploitation
+ autres produits
Et
CONSOMMATION = achats de matières et autres approvisionnements
+ variation de matières premières et approvisionnements
+ transport
+ services extérieurs (A et B)
+ impôts et taxes
+ autres achats
4) l’excédent brut d’exploitation (EBE)

35
Il correspond à la performance économique la plus pure de l’entreprise. Il est obtenu en
retranchant de la valeur ajoutée des charges de personnel qui représentent selon les secteurs et
les pays 50 à 80% de la dite valeur ajoutée.

EBE = VA – charges de personnel

5) le résultat d’exploitation (RE)

RE = EBE + reprises sur amortissement et sur provisions + transferts de charges


d’exploitation – dotation aux amortissements et aux provisions

6) le résultat financier (RF)


Il correspond à la somme algébrique des produits financiers et des charges financières.

RF = produits financiers – charges financières

7) le résultat des activités ordinaires (RAO)

RAO = RE + RF

8) le résultat HAO (RHAO)


Il équivaut à la différence entre les produits HAO et les charges HAO
RHAO = produits HAO – charges HAO

9) le résultat net (RN)


Il correspond à la somme algébrique de l’ensemble des produits et des charges amputées
toutefois de la participation des travailleurs et de l’impôt sur le résultat.

RN = RAO + RHAO – participation des travailleurs – impôt sur le résultat

Et

36
RN = total des produits – total des charges

C’est ce résultat qui figurera au bilan.

II-LES SURPLUS MONETAIRES OU SOLDES FINANCIERS


Sont qualifiés de surplus monétaires ou soldes financiers, les soldes suivants :
-la capacité d’autofinancement globale de l’exercice (CAFG)
-l’autofinancement (AF)
-l’excédent de trésorerie d’exploitation (ETE)
1) la capacité d’autofinancement globale (CAFG)
Elle représente la capacité, pour l’entreprise à financer elle-même ses investissements,
dégagée au cours de l’exercice (avant une éventuelle distribution du bénéfice). En d’autres
termes, elle représente son aptitude potentielle, à se financer, engendrée par l’exploitation
d’un exercice.
La CAFG peut être déterminée selon une méthode additive et selon une méthode soustractive.
§- selon la méthode soustractive
La méthode soustractive part de l’EBE auquel on ajoute tous les produits « encaissables »
restants (après le calcul de l’EBE), et duquel on déduit toutes les charges « décaissables »
restantes (après le calcul de l’EBE). Les résultats sur cession ne sont pas inclus dans la
détermination de la CAFG.
CAFG = EBE + (transfert de charges d’exploitation + revenus financiers + gains de change +
transfert de charges financières + produits HAO + transfert de charges HAO) – (frais
financiers + pertes de change + charges HAO + participation des travailleurs + impôt sur le
résultat)
§- selon la méthode additive
Par cette méthode, la CAFG est calculée à partir du résultat net (résultat après impôt).
CAFG = résultat net + dotation aux amortissements + dotation aux provisions à caractère de
réserve + pertes exceptionnelles – profits exceptionnels

2) l’autofinancement (AF)

37
L’autofinancement (AF) ou marge nette d’autofinancement (MNA) d’une entreprise
représente son aptitude réelle, à financer elle-même ses investissements, engendrée par
l’exploitation d’un exercice.
Il peut être déterminé à partir de la CAFG ;

AF = CAFG – dividendes distribués

Il peut aussi être déterminé à partir du résultat net ;

AF = bénéfice mis en réserve + dotation aux amortissements + dotation aux provisions à


caractère de réserve + pertes exceptionnelles – profits exceptionnels

L’autofinancement peut être décomposé en autofinancement de maintien et en


autofinancement d’expansion.
§-l’autofinancement minimum
Il comprend les seuls amortissements. C’est le cas que l’on rencontre sur le marché en
régression lorsqu’une entreprise souhaite de retirer. Cet autofinancement, s’il maintient, en
unité monétaire, le niveau de l’entreprise, ne peut suffire à sécréter les sommes utiles au
renouvellement des moyens de production, ne serait-ce que par le jeu de l’inflation.

§-l’autofinancement de maintien
Il a pour but de maintenir la valeur de l’entreprise, d’assurer la valeur de l’immobilisation et
la couverture de risques éventuels ; il permet donc un renouvellement des moyens de
production.

§-l’autofinancement d’enrichissement ou d’expansion


Il permet d’accroître la valeur de l’entreprise par la mise en réserve du bénéfice. Il
correspond donc au bénéfice non distribué, corrigé des plus ou moins-values éventuelles.

Autofinancement (net ou total) = autofinancement de maintien + autofinancement


d’expansion

38
3) l’excédent de trésorerie d’exploitation (ETE)
L’excédent de trésorerie d’exploitation est le flux dégagé par l’activité quotidienne de
l’entreprise. Il représente pour le particulier, la différence entre les recettes perçues et les
dépenses de consommation courante (alimentation, électricité, frais d’entretien, etc.).
L’excédent de trésorerie d’exploitation, c’est, dans l’entreprise, le solde issu du
rapprochement entre les dépenses d’exploitation (différentes charges d’exploitation) et les
recettes d’exploitation (différents produits d’exploitation). Il traduit les flux de trésorerie
secrétés pendant une période.

ETE = EBE – variation du BFE – production immobilisée

III-PRESENTATION DU TABLEAU DU COMPTE DE RESULTAT

PAGE 1/2

COMPTE DE RESULTAT SYSTEME NORMAL


Réf Réf PRODUITS
CHARGES Ex 2004 Ex 2003 Ex 2004 Ex 2003
ACTIVITE
ACTIVITE D'EXPLOITATION D'EXPLOITATION
RA TA Ventes de
Achat de marchandises 398200000 320200000 marchandises 529212500 423370000
RB
- Variation de stocks (+ ou -) 5300000 7300000
TB ......
Marge brute sur marchandises voir TB MARGE BRUTE SUR 136312500 110470000
MARCHANDISES
TC Ventes de produits
fabriqués 50523000 40523000
RC TD
Achat de matières prem. et four. liées 53580000 23580000 Travaux, services 59303600 32056000
vendus
RD TE
- Variation de stocks (+ ou -) 0 0 Production stockée (ou 0 0
destockage)
TF
Production 0 0
immobilisée
TG
Marge brute sur matières voir TG MARGE BRUTE SUR 56246600 48999000
MATIERES
RE
Autres achats 0 0
RH TH
moins Variation de stocks (+ ou -) 0 0 Produits accessoires 0 0
RI TI

39
Transports 65250000 45250000 CHIFFRE D'AFFAIRE* (TA+TC+TD+TH) 639039100 495949000
RJ TJ * ...... ......
Services extérieurs 1500000 1500000 dont à l'exportation
......./.......
RK TK
Impôts et taxes 6500000 3500000 Subvention 0 0
d'exploitation
RL TL
Autres charges 0 0 Autres produits 0 0
Valeur ajoutée voir TN TN
VALEUR AJOUTEE 119309100 109219000
RP
Charges de Personnel * 25500000 23500000
* dont personnel extérieur ...../.....
RQ ...... ….... TQ
Excédent brut d'exploitation voir TQ EXEDENT BRUT 93809100 85719000
D'EXPLOITATION
TS
Reprises de provisions 0 0
RS TT
Dotations aux amort. et aux prov. 22500666 17800000 Transferts de charges 0 0
RW TW Total des produits
Total des charges d'exploitation 567730666 428030000 d'exploitation 639039100 495949000
Résultat d'exploitation voir TX TX
RESULTAT 71308434 67919000
D'EXPLOITATION
Bénéfice (+) ; Perte (-)

ACTIVITE FINANCIERE ACTIVITE


FINANCIERE
UA
Revenus financiers 0 0
SA UC
Frais financiers 0 0 Gains de change 0 0
SC UD
Pertes de changes 0 0 Reprises de provisions 0 0
SD UE
Dotations aux amortissements et prov. 0 0 Transfert de charges 0 0
SF UF Total des produits
Total des charges financières 0 0 financiers 0 0
UG
Résultat financiers voir UG RESULTAT 0 0
FINANCIER (+ ou -)
SH UH
Total charges des activités ordin. 567730666 428030000 Total des prdts des activités ordin. 639039100 495949000
UI
Résultat activités ordinaires. voir UI RESULTAT DES 71308434 67919000
ACTIVITES ORD.*
UJ * dont impôt
correspondant ....../.....

HORS ACTIVITES ORDINAIRES H.A.O. HORS ACTIVITES ORDINAIRES H.A.O.

SK UK
Valeurs cmptables des cessions 0 0 Produits des cessions d'immobilisations 0 0
d'immo.
SL UL
Charges H.A.O. 0 0 Produits H.A.O. 0 0
SM UM
Dotations H.A.O. 0 0 Reprises H.A.O. 0 0
UN
Transfert de charges 0 0
SO UO Total des produits
Total des charges H.A.O. 0 0 H.A.O. 0 0
UP 0 0
Résultat H.A.O. voir UP RESULTAT H.A.O. (+
ou -)
SQ
Participation des travailleurs 0 0
SR
Impôts sur le résultat 23531780 23771650
SS
Total participation et impôts 23531780 23771650

40
ST UT TOTAL GENERAL DE
TOTAL GENERAL DES CHARGES 591262446 451801650 PRODUITS 639039100 495949000
UZ
Résultat net voir UZ RESULTAT NET Bénéfice (+) ; Perte (-) 47776654 44147350

CHAPITRE IV : ANALYSE FINANCIERE A PARTIR DU


TABLEAU FINANCIER DES RESSOURCES ET DES
EMPLOIS (TAFIRE)

Le tableau financier des ressources et des emplois (TAFIRE) fait partie de la méthode
d’analyse des flux financiers. Il complète le diagnostic de l’entreprise par une approche plus
globale et plus dynamique.
I-DEFINITION ET OBJECTIF
Le TAFIRE est né du désir d’expliquer et d’analyser les mouvements intervenus entre deux
bilans, au cours d’une période. Il constitue un état qui décrit la manière dont au cours d’un
exercice, les ressources dont a disposé l’entreprise ont permis de faire face à des besoins.
Le TAFIRE permet surtout d’analyser la politique de financement et d’investissement de
l’entreprise, et de vérifier si les principes de l’équilibre financier ont été appliqués au cours de
la période écoulée.

II-ELABORATION DU TAFIRE
Le principe de la construction de TAFIRE procède de l’application conjointe de deux
critères :
- un critère de stabilité ; il est appliqué pour identifier les emplois et les ressources concourant
à la détermination de la variation du FRN global.
- un critère de rattachement aux cycles fondamentaux d’activité de l’entreprise, c'est-à-dire le
cycle d’investissement, le cycle d’exploitation et le cycle de trésorerie.
L’établissement du TAFIRE est un processus en quatre étapes dont le bilan différentiel, le
Tableau des Emplois et des Ressources (TER), le calcul de certains emplois et ressources et le
TAFIRE proprement dit.

1) le bilan différentiel

41
L’élaboration du TAFIRE se fait sur la base de deux bilans consécutifs, pour lesquels on fait
les différences poste à poste de façon à dégager les flux de fonds. On aboutit alors au bilan
différentiel.
2) le tableau d’emplois et ressources (TER)
A partir du bilan différentiel est établit le tableau d’emploi et ressource. Il s’agit de qualifier
d’emplois ou de ressources les différentes variations obtenues à partir de ce bilan différentiel.
-on appellera emploi, toute augmentation d’un élément d’actif et toute diminution d’un
élément de passif.
-on appellera ressource, toute diminution d’un élément d’actif et toute augmentation d’un
élément de passif.
Les emplois et les ressources sont ensuite regroupés dans un tableau appelé TER, qui met en
relief les quatre grandes masses suivantes : les emplois à long et moyen terme, les emplois à
court terme, les ressources à long et moyen terme, les ressources à court terme.
Le TER se présente comme suit :
Emplois Ressources

-emplois à moyen et long terme -ressources à moyen et long terme


.augmentation d’actif immobilisé .augmentation de capitaux permanents
.diminution de capitaux permanents .diminution d’actif immobilisé

-emplois à court terme -ressources à court terme


.augmentation d’actif circulant .augmentation de dettes à court terme
.diminution de dettes à court terme .diminution d’actif circulant

Le TER peut aussi se présenter jumelé au bilan différentiel. Le tableau est dans ce cas le
suivant :

Eléments Bilan (n) Bilan (n-1) Variation variation Emplois Ressources

Actif

Total

Passif

42
Total

3) les ressources et les emplois à déterminer


Le tableau d’emplois et ressources construit à partir des variations de postes de deux bilans ne
permet pas de reconstruire tous les flux financiers de la période. Il faut donc compléter ces
variations par les informations contenues dans les annexes. Il apparaît alors nécessaire,
certaines fois, de calculer les ressources et les emplois, en vue de l’établissement du TAFIRE.
a- les ressources à déterminer
Les ressources à déterminer sont de façon générale :
-la CAFG
-les cessions d’éléments d’actif immobilisé
-les augmentations de capital
-les emprunts nouveaux à plus d’un an.
b-les emplois à déterminer
Les emplois à déterminer généralement sont :
-les dividendes
-les acquisitions
-les réductions de capitaux propres
-les remboursements de dettes financières

4) la structure du tableau de financement


Le TAFIRE peut avoir plusieurs présentations ; le SYSCOHADA a adopté une structure en
plusieurs tableaux (sur 4 pages) regroupés en deux parties.
La première partie est un tableau d’emploi et ressource (TER) à long terme qui met en
évidence la variation du fonds de roulement net (FRN) issue du cycle d’investissement. Elle
se présente comme suit : (voir feuille polycopiée).
La deuxième partie qui s’établit en termes de besoins (emplois) et de dégagements
(ressources) fait apparaître la variation du BFE, la variation de la trésorerie, puis la variation
du FRN. Elle se présente comme suit : (voir feuille polycopiée).

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