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CHANOINE ÉM ILE OSTY, P ,s.s.

Professeur honoraire à Tlnstitut catholique de Paris

et

ABBÉ J O S E P H T R I N Q U E T , P. s . s .
Professeur au Séminaire Saint-Sulpice

LA BIBLE
Evangile selon Saint Luc
A ctes des Apôtres

5R
É D ITIO N S RENCONTRE
Nihil obstat
Pans, 10 mai 1973
F . ToUu

Imprimatur
Paris, 11 mai 1973
E . Bettar, v. ê.

La loi du 11 mars 1957 n’autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de l ’arti-


d e Aly d*une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à Tusage
privé du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d’autre part, que
les analyses et les courtes citations dans un but d’exemple et d’illustration, <( toute
représentation ou reproduction intégrale, ou partielle, faite sans le consentement
de l ’auteur ou de ses ayants-droit ou ayants-cause, est illicite » (alinéa premier de
l ’article 40).
Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, consti­
tuerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du
Code Pénal.

© Editions Rencontre 1973


Evangile selon Saint L uc
INTRODUCTION

Saint Luc nous avertit dans son Prologue (1, 3) qu’il


s’est « informé exactement de tout depuis le début ». Il
a fait une enquête diligente et complète. En bon histo­
rien, il est allé aux sources. Dans la ville d’Antioche, où
il s’est probablement converti, il a rencontré des chré­
tiens de la première heure, qui ont été pour lui d’excel­
lents informateurs: peut-être est-ce Manaën, le « cama­
rade d’enfance du tétrarque Hérode ». (Ac 13, 1),
qui l’a mis au courant de la comparution de Jésus
devant ce prince (23, 7-12). Mais c’est surtout lors de
son séjour de deux ans en Palestine (59-60), pendant la
captivité de Paul à Césarée, qu’il a eu tout le loisir de
mener à bien ses recherches. Il a été en relations avec
le diacre Philippe (Ac 21, 8), l’apôtre de la Samarie
(Ac 8, 5-13), auquel il doit peut-être quelques-uns des
épisodes samaritains de son évangile (9, 52-56; 17,

LUC
11-19). Il s’est entretenu avec des disciples de Jean-
Baptiste, peut-être avec Cléophas (24, 18), avec l’apôtre
Jean ou des chrétiens de son entourage, ce qui expli­
querait les points de contact assez nombreux que l’on
remarque entre le troisième et le quatrième évangile.
Saint Luc semble avoir fréquenté le groupe de femmes
qui avaient suivi Jésus, et qu’il a mis en si belle place
(8, 1-3): Marie de Magdala, Jeanne, Suzanne, la péche­
resse dont, par une discrétion qui n’a pas fait école, il a
délicatement tu l’identité (7, 37), d’autres encore,
comme Marthe et Marie ( 10, 38-40 ) et quelqu’xme de ces
« filles de Jérusalem » qui faisaient partie du cortège
de la crucifixion (2 3 ,27-31 ). Mais c’est surtout de Marie,
la mère de Jésus, qu’il semble avoir reçu les confi­
dences ( 2 ,19,31; peut-être aussi 4 ,16-30).
Aux renseignements que Luc a recueillis de vive voix
il faut ajouter les sources écrites. On peut tenir pour
assuré que notre évangéliste a eu en mains l’évangÜe
de Mc à peu près dans la forme où nous le lisons
aujourd’hui. Trois sections de 15, 18, 23 péricopes ou
morceaux, dans lesquelles Luc suit bout à bout l’ordre
de Mc, similitude de la narration, quantité imposante
de ressemblances de détail que font ressortir des cor­
rections élégantes, tout cet ensemble dépasse les
possibilités de la mémoire. A côté de Mc, Luc a
connu quelques-uns de ces essais évangéliques dont il
mentionne l’existence ( 1 ,1). Peut-être a-t-il connu le Mt
araméen, ou même le Mt grec, en tout ou en partie. En
tout cas, il a recueilli dans les communautés palestinien­
nes quelques-uns des documents déjà utilisés par saint
Matthieu.

LUC 10
Pour juger de la manière dont Luc s’est comporté
avec ses sources, nous avons la bonne fortune de pou­
voir comparer son texte et celui de Mc pour les pas­
sages qu’il lui a empruntés. Il y a tout lieu de supposer
que Luc en a usé avec toutes ses sources comme avec
Mc. Ainsi une comparaison attentive avec ce dernier
nous permettra de nous rendre compte de son degré
de fidélité historique.
Saint Luc est un esprit très fin, qui sait unir sans effort
l’indépendance et le respect et qui, sans bruit, avec
beaucoup de délicatesse et de tact, insinue sa manière
de voir. Tout en suivant Mc de très près, il n’a jamais
rien du plagiaire; Ü reste toujours lui-même. Par une
suite de modifications qu’il fait subir à sa source, il la
rend sienne; il y met l’empreinte de son esprit et de
son cœur. Rien n ’est passionnant comme de le suivre
pas à pas dans ce travaü de révision où se manifestent
toutes ses qualités d’artiste, d’âme religieuse, et de
chrétien.
On peut ramener à quatre les transformations que Luc
impose au récit de Mc: omissions, additions et retou­
ches, insinuations, transpositions. Passons-les successi­
vement en revue, en essayant d’en déterminer le motif.

A. Les omissions. — 1° Il y a d’abord les omissions


dues à un motif esthétique ou littéraire-, c’est ainsi que
Luc supprime:
a) tout ce qui lui paraît alourdir sans profit sa narra­
tion: circonstances de temps, de lieu, de nombre, traits
purement anecdotiques et ne comportant pas de signi­
fication morale, va-et-vient des déplacements, etc.

11 LUC
( comparer dans les deux évangiles la guérison de
l’hémorroïsse, la résurrection de la fille de Jaïre, la
guérison de l ’épileptique, le début de la parabole des
vignerons homicides, l ’introduction du discours escha-
tologique) — doublets ou considérés comme tels: para­
bole de la semence qui croît d’eUe-même (Mc 4, 26-29),
marche de Jésus sur les eaux (Mc 6, 45-52), seconde
multiplication des pains (Mc 8 ,1-9), question sur le pre­
mier commandement (Mc 12, 28-34), onction de Bétha­
nie (Mc 14, 3-9), comparution devant le grand prêtre
(Mc 14, 53-64), épisode du vin aromatisé (Mc 15, 23).
b) Tout ce qui est sans intérêt pour ses lecteurs ou ris­
querait de les choquer, controverse sur la tradition
des anciens (Mc 7, 1-23), la femme syro-phénicienne
(Mc 7, 24-30), le retour d’Elie (Mc 9 ,11-13), les insul­
tes relatives à la destruction du Sanctuaire (Mc 15, 2 9 ),
les paroles araméennes de Jésus (Mc 5, 41; 10, 51; sur­
tout 15, 34), le vêtement de Jean-Baptiste (Mc 1, 6),
probablement la remarque désobligeante pour la corpora­
tion des médecins (Mc 5 ,26), les onctions d ’huile (Mc 6,
13), la guérison d’un sourd-bègue (Mc 7, 32-37) et de
l’aveugle de Bethsaïde (Mc 8, 22-26), le levain des Pha­
risiens et le levain d’Hérode (Mc 8, 14-21), le sacrifice
des membres en vue du Royaume (Mc 9, 43-47: image
violente), etc,
c) Tout ce qui contrarie son plan. Le troisième évan­
gile se déroule, surtout à partir de 9, 51, sous la forme
d’tm voyage qui conduit Jésus de Galilée, où tout com­
mence, à Jérusalem où tout finit (voir plus loin). Luc
omet délibérément tout ce qui pourrait, ne fût-ce qu’un
instant, détourner le lecteur de cette perspective: le

LUC 12
voyage de Jésus au nord de la Palestine (Mc 8, 27-30),
le nom de Césarée de Philippe, qu’il ne pouvait cepen­
dant pas ignorer (Mc 8, 2 7 ), le rendez-vous en Galilée
donné par Jésus à ses apôtres (Mc 14, 28). Cette der­
nière omission entraîne comme conséquence une
modification des paroles de l’ange de la résurrection; il
parle bien de Galilée, mais seulement pour rappeler les
propos que Jésus y a tenus avant sa résurrection (com­
parer 24, 6-7, avec Mc 16, 7). Les apparitions de
Galilée sont évidemment omises, puisqu’elles nous
entraîneraient hors de Jérusalem.

2° Il y a les omissions dues à rm motif de délicatesse.


C’est ainsi que Luc supprime:
a) Tout ce qui lui paraît dur, sévère, accablant pour
les personnes-, reproches faits à Pierre (Mc 8, 33), fin de
la citation d’Isaïe: « de peur qu’ils ne se convertissent
et qu’il ne leur soit fait rémission » (Mc 4, 12), trait du
lépreux qui, à peine guéri, enfreint la consigne de son
bienfaiteur (Mc 1, 43). Dans tout l’épisode de Püate, le
procurateur est intentionnellement ménagé. Judas lui-
même bénéficie de la clémence de Luc, qui n ’a pas
voulu rapporter la terrible parole du Maître: « Mieux
eût valu pour lui qu’il ne fût pas né, cet homme-là! »
(Mcl4,2I).
b) Les scènes de violence ou les vilenies-, tout au
moins, Luc les minimise. C’est ainsi qu’il passe sous
silence le récit du meurtre de Jean-Baptiste (Mc 6,
27-2^ ), omet de dire que les gardes ont craché sur Jésus
et l’ont souffleté (Mc 14, 6J ) , ne décrit ni la flagellation
ni le couronnement d’épines, n ’appuie pas sur les insultes

13 LUC
adressées à Jésus en croix. L’expulsion des vendeurs
du Temple est signalée plutôt que racontée (comparer
Le 1 9 ,43-46, avec Mc 1 1 ,13-17, et surtout Jn 2 , 13-17).
C’est ce même manque d’attrait pour tout ce qm est tra­
gique, douloureux, angoissant, qui l’aura dissuadé
d’écrire, comme Mc ( 10, 32), que la montée à Jérusalem
s’est faite dans la crainte et l’effroi (Le 18,31 ).

3° Il y a enfin les omissions pour cause de révérence


religieuse. Luc s’est refusé à admettre dans son récit
certains traits ou épisodes qu’il lisait dans Mc, et qui
lui ont semblé peu en harmonie avec la physionomie de
Jésus et des Apôtres, telle qu’il entendait la peindre.
a) Les Apôtres. Voici les passages omis: Mc 4, 13:
reproches du Maître à ses Apôtres, qui n’ont rien
compris à la parabole du semeur; Mc 4, 38, et 5, 31: atti­
tudes qui auront paru trop familières à Luc; Mc 9,10: les
Apôtres se demandent ce que signifie « ressusciter
d’entre les morts »; Mc 9, 28-29, qui semble souligner
l’échec des Apôtres; Mc 9, 33-34, qui montre les Apôtres
pris en flagrant délit d’ambition ou de vanité; Mc 10,
33-40, la requête des fils de Zébédée; Mc 14, 30, qui
mentionne la fuite des disciples abandonnant leur
Maître. Enfin l’inintelligence des disciples — ce thème
si cher à Mc — est expliquée p a r'u n dessein de la
Providence {9,43).
b) Jésus. Sont omis: 1) Les passages où Jésus est
affecté profondément dans sa sensibilité: Mc 1, 43:
émotion violente (Le 5, 14); Mc 3, 3: colère et tristesse
profonde (Le 6, 10); Mc 9, 36, et 10, 16: caresses aux
enfants (Le 9, 47-48, et 18, 16); Mc 10, 21, tendresse

LUC 14
humaine (Le 18, 22); Mc 10, 14: indignation (Le 18,
16); Mc 14,33-34: abattement, effroi (Le 2 2 ,40 ).
2 ) les passages dans lesquels la science de Jésus pourrait
paraître limitée: Mc 13, 32, où Jésus déclare que le jour
et l’heure échappent à la science du Fils de l’homme;
Mc 15, 34: «M on Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu
abandonné? » (apparence de désespoir fondé sur
l’ignorance).
3) Le passage pénible où les parents de Jésus vien­
nent « pour se saisir de lui; car ils disaient: Il est hors de
lui » {Mc 3,2 1 ).

B. Les additions et retouches. — Elles sont nombreuses


et dues aux mêmes raisons d’art, de délicatesse
humaine, de révérence religieuse. Nous donnons les
plus importantes. Pour en apprécier la teneur, le lec­
teur n’aura qu’à se reporter aux passages paraËèles de
Mc, qu’il trouvera indiqués dans les références margi­
nales: 4, 31; 5 , 1; 8, 26; 19, 37; 23, 52 (précisions géo­
graphiques); 6, 25 (interprétation d’un terme araméen);
4, 2, 40, 43; 8, 18, 30, 31, 53, 55; 9, 5>; 22, 52, 69 (re­
touches dues au goût de la clarté et à un sentiment
affiné des convenances). Il faut signaler en particulier
21, 20, où Luc, ne voulant pas infliger à ses lecteurs
l’oiiscurité de l’expression traditionnelle, « l’Abomina­
tion de la Désolation », écrit en clair: « Lorsque vous
verrez ]érusalem investie par des armées ». Et plus loin
(21, 24), il continue dans le même sens: « Et Jérusalem
sera foulée aux pieds par les nations, jusqu’à ce que
soient accomplis les temps des nations. » En 22, 45, les
Apôtres « sont endormis de tristesse ». En 22, 47-48, Luc

15 LUC
n ’a pu se résigner à écrire que Judas avait embrassé Jésus:
il interprète avec sa délicatesse habituelle; « le nommé
Judas, un des Douze, les précédait; et il s’approcha de
Jésus pour lui donner un baiser. Jésus lui dit: « Judas,
c’est par un baiser que tu livres le Fils de l’homme! » En
22, 41, au Heu de tomber à terre, Jésus plus noblement
« se met à genoux ». — Les retouches et additions les
plus intéressantes se rencontrent dans les passages où
Luc introduit ses thèmes favoris: la louange: comparer
Le 5, 25 SV, et Mc 2 , 12; Le 18, 43, et Mc 1 0 ,52; Le 19,
37, et Mc 11, 7-9; Le 2 3 ,47, et Mc 15,39; — Vuniversa-
lisme: comparer I x 3, 6, et Mc 1, 3; — la prière: compa­
rer 3, 21; 6, 12; 9, 28; 23, 34, et les passages parallèles
de Mc; — la nécessité des souffrances du Christ:
comparer 9, 31, et 24, 6-7, avec les passages parallèles
de Mc et se reporter à 9, 51, et 24, 26-46; — la pau­
vreté et l’ascétisme: 5,11,28; 14,26; 1 8 ,29; — L ’Esprit
Saint: 4,14; 10,21; 11,13.

C. Les insinuations. Nous entrons ici dans le domaine


par excellence de la nuance et de la finesse. On oserait
à peine s’y aventurer, si l’on ne savait la déHcatesse de
touche de Luc, qui excelle à suggérer ce que, par cour­
toisie, il évite de dire. Mc (4, 35) place l’épisode de la
tempête apaisée au soir de la journée des paraboles:
« ce jour-là, le soir venu ». Luc, qui pourtant suit Mc de
très près dans toute cette section, écrit: « un de ces
jours-là, il monta dans un bateau, ainsi que ses disci­
ples » (8, 22). N’est-ce pas qu’il a voulu laisser entendre
que ce miracle, placé d’ailleurs par Mt en rm contexte
différent, n’a peut-être pas eu lieu ce jour-là? — De

LUC 16
même pour la Transfiguration. Il semble bien que Luc,
sans l’affirmer directement, a désiré insinuer que la
scène avait eu lieu de nuit. Jésus gagne la montagne
pour y prier (9, 28-29), ce qu’il faisait volontiers la nuit
{6,12; 22, 39-40 ). Les Apôtres sont accablés de sommeil
et ne réussissent qu’avec beaucoup de peine à se tenir
éveillés (9, 32). Enfin Jésus et ses Apôtres ne descen­
dent de la montagne que « le jour suivant » (9, 37); c’est
donc qu’ils y ont passé la nuit. Pourquoi, dans ces con­
ditions, la scène de la Transfiguration n’aurait-elle pas
eu Heu la nuit? — Dans son long récit de la montée vers
Jérusalem (9, 31-19, 43), Luc, après avoir indiqué le
départ (9 ,3 1 ), mentionne demc fois encore ( 13, 22; 17,
11) que l’on s’achemine vers Jérusalem. De bons
exégètes ont pensé que Luc a voulu par là laisser
entendre que Jésus a fait, au cours de sa carrière pubH-
que, plusieurs visites à Jérusalem (voir 13, 34, et l’évan­
gile de saint Jean). — Dans la parabole du figuier
( 13, é-9 ), la mention des « trois ans » (verset 7 ) ne laisse-
t-elle pas entendre que pour Luc, comme pour Jn — à
la différence de Mt et de Mc — la durée du minis­
tère de Jésus a été d’au moins trois ans? H se peut
enfin qu’en plaçant l’épisode de Béelzéboub dans un
tout autre contexte que Mc (Le 1 1 ,14-26; Mc 3, 22-30)
Luc ait voulu insinuer que la localisation de Mc pouvait
être revisée.

D. Les transpositions. D’autres épisodes, pour des


raisons diverses, ont été déplacés. Parfois, semble-t-il,
par un souci de vraisemblance, Luc aura voulu éviter une

17 LUC
objection qui risquait de naître dans l’esprit de ses lec­
teurs. C’est ainsi qu’il a préféré ne raconter l’appel des
premiers disciples (5, 1-11; Mc 1, 16-20) qu’après le
récit de plusieurs miracles; on comprend mieux alors la
réponse immédiate des disciples à l’appel du Maître,
— Ailleurs c’est un motif de symbolisme qui semble
l’avoir guidé. Mc ( 6 , 1-6), comme Mt (1 3 ,53-58), place
en plein ministère la visite que fait Jésus à ses compa­
triotes de Nazareth: Luc au contraire la situe en début
de ministère (4, 16-30); c’est qu’il voit dans le rejet de
Jésus par les gens de son village l’annonce de son
rejet par le peuple entier: ainsi, dès les premières
pages de son récit, le lecteur sent que la mission de
Jésus auprès des siens est vouée à l’échec. D’autres
transpositions sont dues à des préoccupations de
logique et de belle ordonnance. C’est ainsi qu’en 5, 17
il nous présente tout de suite et tous ensemble les
ennemis de Jésus, ceux de Judée comme ceux de Gali­
lée; il n ’aura plus ainsi à y revenir (comparer avec Mc 2,
6). L’expulsion des vendeurs du Temple est de même
placée immédiatement après l’entrée triomphale à
Jérusalem (19, 45-46: Mc 11,11-18). Même liberté dans
le récit de la Cène ( 2 2 ,14-38 ) où, brisant avec l’ordre de
Mc, il suit un ordre logique: sentiments de Jésus
( w 14-16), dernière pâque juive et institution de
l’Eucharistie ( w 17-20), annonce de la trahison ( w
21-23), avertissement aux Apôtres ( w 24-30), à Simon
(vv 31-34, dernières instructions ( w 35-38). L’xmique
séance du Sanhédrin prend place au lendemain de
l’arrestation (22, 66-71), alors que Mc raconte la pre­
mière séance, la seule importante pour lui, immédiate-

LUC 18
ment après l’arrestation ( 14, ^3-64 ). La mention de l’ins­
cription de la croix est également déplacée (23, 38); il
semble qu’elle figure après la scène d’insultes comme
une insulte permanente ajoutée aux autres. Le déchire­
ment du rideau du Temple est rapproché des ténèbres
qui précèdent la mort de Jésus {23, 43): deux scènes de
terreur. C’est le même motif, d’ordre purement littéraire,
qui pourrait donner la clef d’un problème si souvent
agité et résolu en des sens divers: celui de l’aveugle
de Jéricho. Mc et Mt placent l’épisode à la sortie,
Luc à l’entrée de Jéricho, La solution nous paraît
simple et n’étonnera aucun de ceux qui sont familia­
risés avec les méthodes et les libertés de Luc. Il tenait à
placer à la sortie de Jéricho sa parabole des mines qui
lui paraissait là en excellente situation (19, 11); l’épi­
sode de Zachée occupait la traversée de la ville
( 19, 1-10); restait à reporter la guérison de l’aveugle à
l’entrée de Jéricho ( 18, 3.?). Le récit de l’arrestation de
Jésus a subi des remaniements inspirés par les mêmes
motifs d ’ordre littéraire et peut-être aussi par des
raisons de révérence religieuse (22, 47-33; Mc 14,
43-30 ). L’ordre de Mc est le suivant: arrivée de Judas,
arrestation de Jésus, défense des apôtres, discours de
Jésus, fuite des apôtres. Luc présente ces éléments du
récit dans une succession différente: arrivée de Judas,
défense des Apôtres, intervention de Jésus qui remet
en place l’oreille de l’esclave du grand prêtre, discours
de Jésus, son arrestation, aucune mention de la fuite
des Apôtres. Evidemment le récit de Luc est d’une
qualité littéraire supérieure. Il met aussi davantage en
relief la grandeur de Jésus; un souffle johannique passe

19 LUC
STir la scène. Peut-être est-ce le même désir d’arracher
Jésus au joug des circonstances et de le montrer agis­
sant de sa propre et entière initiative qui aura guidé
Luc dans son rédt du choix des Douze (comparer 6,
22-I5>etM c3,7-19).
On peut maintenant se rendre compte de l’impor­
tance des libertés que prend Luc vis-à-vis de Mc.
a) Dans l ’ensemble, ü lui demeure fidèle. Il le suit pas
à pas, gardant presque toujours l’ordre de ses épi­
sodes, la contexture de ses récits, la majeure partie de
son vocabulaire. Il se contente de supprimer ce qui ne
l’intéresse pas, et de gUsser un peu partout les trou­
vailles de son âme déUcate et rebgieuse. L’atmosphère
est différente, le fond reste le même.
b) Luc est beaucoup plus original, quand ü a des ren­
seignements personnels. Ainsi, par exemple, pour la
visite de Jésus à Nazareth (4, 16-30), où l’évangéliste
s’est peut-être inspiré des souvenirs de Marie. De
même pour l’épisode de la Transfiguration {9, 28-36), oh.
l’apôtre Jean, qu’il mentionne immédiatement après
Pierre (v 28), pourrait bien avoir été son informateur.
Mais c’est surtout dans le récit de la Passion que Luc
fait preuve d’indépendance et d’originalité. Peut-être
a-t-il recueilli plus d’un trait de la bouche des femmes
qui suivirent Jésus jusqu’au Calvaire (23, 49), peut-être
aussi de Jean, dont nous savons qu’ü était au pied de
la croix ( Jn 19, 2ù), et une fois encore de Marie, la mère
de Jésus ( Jn 19, 25-26). Grâce à tous ces renseignements
et guidé par la déHcatesse, la douceur, la profondeur
rebgieuse de son âme, il a fait passer sur le sombre
drame de Marc une brise de sérénité, de miséricorde et

LUC 20
de tendresse, qui rafraîchira toujours les coeurs chré­
tiens.

Le plan de Le

Dans son Prologue (1, 3 ), saint Luc nous fait savoir


ciu’il se propose d’écrire un « exposé suivi ». En quel
sens l’a-t-il entendu? Avec tous les matériaux dont il
disposait, il aurait pu écrire un évangile théologique,
où il eût mis en œuvre la parole de Syméon {2, 33) en
montrant comment la manifestation de Jésus forçait les
hommes à se déclarer et révélait ainsi « les raisoflne-
ments de bien des cœurs ». Mais c’était m e tâche
réservée à m plus grand. Saint Luc, si riche en dons de
grâce, d’aménité, de finesse d’âme et d’esprit, n’avait
rien du génie de Jean, L’homme qui, ayant fréquenté
Paul et vécu dans son intimité, a pu écrire le récit des
premiers temps apostoliques sans faite la moindre allu­
sion aux idées fondamentales de l’apôtre des Gentils,
n’était pas destiné à écrire un « quatrième Evangile ».
Il aurait pu du moins replacer les faits dans leur cadre
historique, décrire les allées et venues de Jésus, répar­
tir ses discours et ses miracles entre les diverses
périodes de sa carrière, bref écrire un évangile qui,
plus que les deux autres synoptiques, eût été une vie
de Jésus. Mais c’était là rompre systématiquement avec
le plan de la catéchèse. Et Luc n’avait rien d’m tempé­
rament de novateur et de révolutionnaire. Tout en pre­
nant ses libertés, il allait doucement par des chemins
plus sûrs. D’aüleurs, il ne faisait pas partie du collège

21 LUC
apostolique et n’avait pas qualité pour bouleverser le
récit traditionnel.
Il a donc adopté un compromis. Gardant le plan
quadripartite (Jean-Baptiste, Galilée, montée à Jérusa­
lem, Jérusalem) il s’est contenté d’omettre ce qui ne
l’intéressait pas (voir surtout la « grande omission »
Mc 6 ,45-2), 2é ), et d’y ajouter son « bien propre », soit au
début (les deux premiers chapitres), soit en cours de
récit (les deux interpolations, la « petite »: 6, 20-8, 3, et
la « grande »: 9, 51-18, 14), où il a groupé la majeure
partie de son « bien propre », soit dans son dernier cha­
pitre. Mais là encore ü a su mettre sa marque person­
nelle. Il a représenté tous les événements de la vie du
Seigneur comme emportés par une force mystique vers
Jérusalem, le théâtre de sa passion et de son triomphe.
C’est là le lien vivant de son évangile, où tout com­
mence et finit à Jérusalem. Les deux premiers chapitres
nous conduisent souvent à la Cité sainte (1, 5-23‘, 2,
22-38, 41-50 ). Dans le récit de la tentation, Jérusalem, au
lieu d’être le site de la deuxième tentation, comme
dans Mt, l’est de la troisième, par climax mystique et
symbolique (4, 9-12): c’est là où Jésus triomphe pour la
première fois, au début de son ministère, comme il y
triomphera définitivement lors de la Passion. Dès 5, 17,
nous voyons apparaître les Pharisiens et les docteurs
de Jérusalem. On a déjà signalé comment Luc écartait
toute indication géographique qui aurait détourné le
lecteur de la grande perspective (omission du voyage
dans la région de Tyr et de Sidon, ainsi que de Césarée
de Philippe). Mais c’est surtout à partir de 9, 51, que
Jérusalem domine et attire tout. Le grand voyage est

LUC 22
introduit en termes d’une religieuse solennité:
« comme s’accomplissaient les jours où il devait être
enlevé [de ce monde], il prit fermement la route de
jérusalem » (9, i l ) . Puis, l’évangéliste nous montre
Jésus s’acheminant vers la Cité, et sans doute pour rani­
mer l’attention du lecteur, il rappelle à deux reprises
( 13, 22; n , 11) que Jésus fait route vers Jérusalem. En
18, 31, Jérusalem reparaît, puis 19, 11, puis encore 19,
2H. En 19, 41, on approche. On arrive enfin ( 19, 43), et
dès lors il semble qu’on n’en sorte plus. Ce n’est qu’en 21,
17, que Luc signale, en passant et comme à regret, que
Jésus s’en va passer ses nuits au mont des Oliviers.
Après la résurrection, tout se passe à Jérusalem, et les
Apôtres, au lieu d’être invités à se rendre en Galilée,
invitation déjà deux fois omise (Mc 14,28; 16, 7), reçoi­
vent l’ordre de « rester dans la ville, jusqu’à ce qu’ils
soient revêtus de la puissance d’en-haut » ( 24, 49 ). C’est
à peine si les Apôtres s’éloignent jusque vers Béthanie
pour assister au départ du Seigneur; après quoi, ils
reviennent à Jérusalem en grande joie, et ils sont conti­
nuellement dans le Temple à louer Dieu (24, 30-33). Il
est historiquement invraisemblable que Luc ait ignoré les
apparitions en Galüée, comme il est certain qu’il a
connu un intervalle de quarante jours entre la Résurrec­
tion et l’Ascension (Ac 1, 3). Il savait aussi que les
Apôtres, à leur retour du mont des Ohviers, étaient
venus demeurer dans « la chambre haute » où ils
« étaient assidus à la prière » ( Ac 1, 22-14 ). Néanmoins il
omet ce détail dans l ’Evangile, qu’il préfère terminer
sur le beau tableau des Apôtres occupés continuelle­
ment à louer Dieu dans le Temple, Le récit de Luc avait

23 LUC
commencé dans le Temple par la prière ( 1, 8-10, 13 ) ; il
s’achève dans le Temple par la louange ( 24, 33 ). Ainsi
les omissions de Luc, que bien des critiques ont attri­
buées à l’ignorance, sont dues à des préoccupations de
composition littéraire et d’esthétique.
Comment à l’intérieur de ce plan d’ensemble, Luc
a-t-il disposé ses matériaux? Il semble qu’il ne se soit
astreint à aucune discipline rigoureuse, exclusive, et
qu’il se soit comporté avec sa souplesse ordinaire. Il lui
arrive de grouper, comme Mt, les paroles de Jésus
d’une manière systématique ou logique, par matière.
Ainsi 9, 37-é2 présente trois cas de vocation; 11, 1-13
réunit plusieurs instructions sur la prière; 15 traite du
privilège du pécheur; 16 du danger des richesses et du
Ijon emploi qu’il en faut faire. Mais en 18, 1-5, il est
encore question de la prière, et en 12, 13-21, 33-34, de
la richesse.
D’m e manière générale, Luc évite le groupement. Nous
avons noté déjà que Luc a disséminé à travers son
évangile une bonne partie des paroles du Maître que
Mt avait réunies dans le Sermon sur la montagne.
Il n’a pas voulu rassembler ce qu’il a trouvé dis­
persé. Il paraît d’ailleurs préoccupé de placer les
paroles de Jésus, sinon dans leur cadre de temps ou
de lieu, du moins dans leur contexte psychologique,
ainsi qu’on peut en juger d’après les passages sui­
vants: 3, 15; 9, 43; 11, 1, 29; 13, 1; 17, 20; 18, 1, 9;
19, 11. — Il aime aussi distinguer les auditoires: 11, 39,
45; 12,1, 13, 16, 22, 41, 54; 14, 3, 7, 12, 15, et souli­
gner les diverses parties d’un discours: 6, 39; 13, 14, 18,
20; 14, 3, 5; 18, 1, 6. Bref, tandis que l’évangile de Mt

LUC 24
obéit à la loi de concentration, celui de Le obéit à celle de
dispersion. Aussi advient-il que le lecteur éprouve
parfois embarras et lassitude et qu’il regrette les magni­
fiques ensembles du premier évangile. Mais soyons
reconnaissants à Luc qui, en demeurant ainsi fidèle à
ses sources, a mieux conservé le caractère fragmen­
taire, épisodique, de l’enseignement de Jésus.
Il semble que parfois Luc ait organisé en un seul récit
plusieurs éléments distincts. C’est ainsi que son
épisode de la visite de Jésus à Nazareth (4, 16-30) pour­
rait bien être la synthèse de trois visites: tme première
(vv 16-22a), tout à fait en début de ministère et répon­
dant à la situation indiquée par Mt 4, 13; une seconde
( vv 22B-24 ), celle qui est relatée par Mc 6 , 1-6, et Mt 13,
33-58; une troisième (vv 25-30), que les deux synop­
tiques n ’ont point relatée, et sur laquelle Luc avait des
informations particulières. —■ Le récit de l’appel des
premiers apôtres ( 5 , 1-11 ) semble, lui aussi, se composer
de trois éléments: le cadre ( 1-3; voir Mc 4 , 1-2 ) ; la pêche
miraculeuse {4-lOa, propre à Luc); l’appel de Simon
( 1Ob-11 ), rappelant Mc 1 ,17-20. — C’est une préoccupa­
tion artistique qui, dans ces deux cas, a guidé notre
auteur: ne pas traiter à plusieurs reprises de faits sem­
blables et obtenir un récit plus riche et plus dramatique.
C’est un même motif qui a poussé Luc à lier intime­
ment les diverses parties de son récit. Nous avons déjà
dit la place que tient Jérusalem dans l’économie de
notre évangüe, et comment tout s’y trouve irrésistible­
ment emporté vers la Cité sainte: principe d’unité litté­
raire comme d’unité mystique. Deux autres dispositions
contribuent à accroître la cohésion de l’œuvre:

25 LU C
a) l’annonce de faits à venir par des expressions qui
les laissent attendre sans les divulguer. Ainsi 1, 80
(« Jean fut dans les endroits déserts jusqu’au jour oà
il se présenta à Israël ») annonce 3, 3. De même 4, 13
( « le diable s’écarta de lui jusqu’au moment favorable »)
laisse pressentir 22, 3. Et encore 9, 9 pour 23, 8; 8, 2-3
pour 2 3 ,49; 2 1 ,3 7 pour 2 2 ,39.
h) la progression dans l’attitude d’hostilité des enne­
mis de Jésus. Luc s’est bien gardé de dire, dès le début,
que les Pharisiens et hérodiens délibérèrent « afin de
le faire périr » (Mc 3, 5). Il a noté, en termes attentifs, le
caractère toujours croissant de leur opposition: 6, 12;
1 1 ,33-34; 19, 47; 2 0 ,19; 22, 2, 34. Ainsi le récit gagne
en vraisemblance et en intérêt.

Le message de Lztc

L’évangile de saint Luc est d’une grande richesse. Du


point de vue de l’histoire, il confirme, en l’adoptant, le
témoignage de Marc. Il semble, de plus, avoir mieux
conservé le détail de certaines scènes, tout comme il a
mieux souligné la marche générale des événements. Il
a distingué plus nettement que ses deux prédécesseurs
la ruine de Jérusalem de la fin du monde. Nous avons
déjà dit qu’en s’efforçant de replacer dans leur cadre
mainte parole du Seigneur, Luc nous aide à mieux saisir
la manière dont Jésus distribuait ses enseignements. Il
enrichit considérablement notre connaissance du Sau­
veur, de son œuvre et de son message. Et que serait la
sensibilité chrétienne si les récits de l’enfance n’exis­
taient pas, ou celui de la femme pécheresse, ou la

LUC 26
parabole du bon Samaritain, ou celle de l’enfant pro­
digue, ou l’épisode du « bon larron », ou celui des dis­
ciples d’Emmaüs? Si ces pages n’avaient pas été
écrites, il manquerait beaucoup à nos âmes.
L’évangile de Luc est avant tout l ’évangile du salut et
de la miséricorde. Jésus est le Sauveur et le Sauveur
universel, le second Adam (3, 38) qui relie de nouveau
l’humanité à Dieu. Le disciple de Paul a insisté avec
complaisance sut la «■bonté de Dieu et son amour pour
les hommes » {T !i3,4). Les pécheurs sont par excellence
l’objet de la prédilection divine et des recherches du
Seigneur ( 1 9 ,10). I l y a pour eux un véritable privilège:
15, 7,10, et l’enchanteur et sublime refrain ( 15, 24, 32 ).
Tout au long du récit, Jésus ne cesse de se commettre
avec les publicains et les pécheurs, afin de les convertir
( 15, 1-2). C’est l ’évangile des grands pardons: la péche­
resse (7, 36-30), Zachée (19, 1-10), les bourreaux (23,
34), le « bon larron » (23, 39-43). Il n’y a de sévérité
que pour « les orgueilleux et les souverains » ( 1 ,31-32),
pour les riches qui « sont repus » des biens d’ici-bas ( 6,24-
23a) et demeurent insensibles à la misère de leurs frères
( 1 6 ,19-21 ), pour les heureux toujours en liesse ( 6 ,23b ),
pour les faux justes, fiers d’une vertu qu’ils ne pratiquent
pas ( 16, 13), pour ces Pharisiens, que leur prière même
condamne ( 18, 9-14 ), pour le prêtre et le lévite, qui pas­
sent insensibles à la souffrance du malheureux blessé
( 10, 31-32 ). En revanche, le Royaume s’ouvre tout grand
à ceux que le Juif orthodoxe ne regardait qu’avec
mépris: publicains. Samaritains, femmes perdues. Rien
n’est touchant comme la parabole du figuier stérile
(13, 6-9), que Luc a préférée à l’épisode du figuier

27 LUC
desséché (Mc 11, 12-14, 20-2^). Vraiment Dante n’a pas
eu tort de saluer dans l’auteur du troisième évangile le
« scriba mansuetudinis Christi ».
Ce parti pris de miséricorde et de pardon est la
marque d’un Sauveur plein de pitié pour toutes les
misères humaines, toujours à la recherche de la brebis
perdue, avide de s’immoler pour les siens (12, 49-50-,
22, 15), riche en prévenances et en délicatesses. Avec
quel accent de tendresse Jésus ne parle-t-il pas aux
siens! «Je vous le dis à vous, mes amis» (12, 4). Et
encore: « Sois sans crainte, petit troupeau » ( 12, 32 ). On
pressent déjà les sublimités des entretiens après la
Cène de l’évangile de saint Jean. A la vue de Jérusa­
lem, Jésus se lamente en songeant aux malheurs qui
vont bientôt fondre sur sa patrie (19, 41-44), comme il
s’apitoie sur le sort prochain des « filles de Jérusalem »
( 23, 28-31 ). Judas reçoit des lèvres du Maître qu’Ü trahit
un reproche tout ensemble amer et doux, un reproche à
rompre le cœur (22, 4S ). Et c’est un regard de Jésus qui
appelle Pierre au repentir: « à l’instant même, un coq
chanta, et se retournant, le Seigneur regarda Pierre »
(22,61).
Mais Jésus ne pardonne aux âmes que pour les rele­
ver et les introduire dans une vie supérieure. Et cette
ascension réclame l’effort et le sacrifice. Evangile de la
miséricorde, l ’évangile de saint Luc est aussi celui des
exigences. Jésus demande à ceux qui veulent le suivre
un renoncement absolu: 14, 25-33, surtout 33: « Quicon­
que d’entre vous ne donne pas congé à tous ses biens
ne peut être mon disciple »; 12, 33. « Vendez vos biens
et donnez-les en aumône »; et encore: 6, 34-35; 12,

LUC 28
13-21; 1 4 ,12-14; 16, 9-13. Certes, Luc ne condamne pas
la richesse en elle-même; il connaît de bons riches,
Jeanne, femme de Chouza (8, 3 ), Zachée (19, 2, 8),
Joseph d’Arimathie (23, 30-51); mais il sait que la
richesse, souvent mal acquise, mérite bien la désigna­
tion flétrissante de « malhonnête Mamon » (16, 11) et
qu’elle expose ceux qui la possèdent à des tentations
d’orgueil et de dureté. — Enfin un point mérite d’être
signalé. Si Luc n ’a pas conservé le mot de Jésus sur les
eunuques volontaires (Mt 19,12) — sans doute à cause
du caractère violent de l’expression — il a, par deux
fois et seul des synoptiques, nommé l’épouse parmi les
biens d’ici-bas dont l’abandon ou le détachement
s’impose au parfait disciple ( 14, 26 et 18, 29 ). On recon­
naît bien là le disciple de Paul ( 1 Cor 1 ,7 ,2 6 ).
Cette vie de détachement n’est d’ailleurs possible
que par la prière, et là, comme pour la pauvreté {9 ,3 8 ),
Jésus a donné l’exemple. Luc aime à nous le montrer en
prière, surtout dans les grandes circonstances de sa
vie, lors de son baptême (3, 21), avant le choix des
Douze (6 ,1 2 ), avant la Transfiguration (9, 28). Dès les
premiers jours de son ministère public, Jésus se retire
dans les endroits déserts pour y prier (5, 16), et c’est à
l’issue d’une de ses heures de prière qu’il donne à ses
disciples la formule de la prière nouveEe (11, 1 ). Le dis­
ciple doit imiter le Maître, il doit prier sans cesse (18,
1), avec insistance, importunité, impudence même
(11, 3-10; 18, 2-3), mais toujours avec la plus profonde
humilité ( 18, 10-14). — Enfin on ne s’étonnera pas que
le disciple de Paul et l’auteur des Actes des apôtres —
qu’on a pu appeler l’évangile de l’Esprit Saint — se soit

29 LUC
plu à insister d’un bout à l’autre de son évangile sur le
rôle de VEsprit. Bornons-nous à donner les références:
1, V , 35, 41, 67; 2, 25-27-, 3, 16, 22-, 4, 1, 14, 18-, 10,
21; 11,13; 12,10,12; 24,49.
Cette révélation de la mansuétude divine et des
grandeurs de l’âme pardonnée se poursuit dans une
atmosphère ■douce et joyeuse. Le concert de louanges
inauguré par les anges sur le berceau de l ’enfant divin
(2, 14) se répercute à travers toutes les pages de l’évan­
gile. Luc est heureux de noter toutes les manifestations
de reconnaissance et d’allégresse que soulèvent les
bienfaits du Seigneur (5, 26; 1 0 ,17; 13,17; 1 8 ,43; 19,
37; 2 4 ,4 1 ,5 2 ). Une rumeur d’âmes chantantes bruit tout
au long de cette œuvre d’optimisme, qui s’ouvre par le
« Gloria in excelsis Deo » et trouve sa digtie conclusion
dans le tableau des Apôtres bénissant Dieu dans le
Temple.
Toutes ces exquises magnificences nous sont contées
par un artiste délicat. Luc écrit dans la belle langue de
l’époque hellénistique, sans fausse recherche d’élé­
gance et sans souci d’un purisme démodé. Son style est
d’une plasticité extraordinaire. Il imite à la manière des
maîtres; ses deux premiers chapitres sont du meilleur
style biblique. Il corrige les imperfections littéraires de
Mc avec un tact parfait. Quand d’aventure son grec
est de qualité moindre, c’est qu’il se laisse enchaîner
par sa source (11, 5-8), ou que peut-être il cède à
la fatigue (24, 44, 49). Il est incomparable dans les mor­
ceaux où il ne relève que de lui-même (7, 36-50; 10,
30-42; 15; 1 6 ,19-31; 24,13-35, etc.) Son récit est sobre,
mesuré, sans détails inutiles; le trait est fin, pénétrant.

LUC 30
Luc sait terminer un récit, une parabole, un entretien,
comme pas un écrivain au monde (4, 30-, ,10, 37, 42;
15, 32; lé , 31; 24, 32-33). Mais partout c’est sa délica­
tesse d’âme qui nous ravit et fait de la lecture de son livre
un véritable enchantement. Luc a le don d’apaiser et de
séduire. Certes il est des ouvrages plus fortement
conçus, il en est de plus puissants, de plus dramatiques;
il n’en est peut-être pas qui rendent Dieu si aimable ni
qui stimulent à pareil degré le désir de devenir meil­
leur.

31 LU C
Table analytique de VÉvangile selon saint Luc

PROLOGUE
{U 1-4)

I NAISSANCE ET VIE CACHÉE


DE JEAN-BAPTISTE ET DE JÉSUS
(1,^-2, ^2)

A) Avant la naissance ( 1 ,5-56 ) ;


Annonce de la naissance de Jean-Baptiste ( 1, 5-25).
Annonce de la naissance de Jésus: « l’Annoncia­
tion » (1, 26^-J5).
Marie rend visite à Elisabeth; la « Visitation »
{\,3^-56)^
La rencontre ( 1 ,39-45 ).
Cantique d’action de grâce de Marie; le «M a­
gnificat » ( 1 ,46-55 ).
Le retour de Marie ( 1, ^6' ).

B) Naissance et vie cachée (1,57-2,52):


1, Jean-Baptiste ( 1 ,57-80 ) :
Naissance et visite des voisins ( 1 ,57-58 ),
Circoncision ( 1 ,59-66 ).
Cantique d’action de grâce de Zacharie: le Bene-
dictus » ( 1, 67-79).
Vie cachée dans les endroits déserts (1 ,8 0 ).
2. Jésus (2,1-52):
Naissance et visite des bergers ( 2,1-20 ),
Circoncision ( 2,21 ).

LUC 32
1 — Saint Luc faisant le portrait de
la Vierge.
Livre d’Heures. Manuscrit du X V F
siècle. Bibliothèque de Poitiers, «” 57.

2 — Saint Luc faisant le portrait de


la Vierge, qui pose devant lui.
Livre d’Heures. Manuscrit du X V ”
siècle. Musée Condé, Chantilly,
n" 1567.
3 — Le Christ remet à Luc,
figuré par le bœuf ailé et
nimbé, le livre de sa Parole.
Le geste de sa main droite
signifie l’enseignement.
Bible latine. Manuscrit du X r
siècle. Bibliothèque Mazarine,
Présentation au Temple ( 2 ,22-38 ) :
Présentation de Jésus ( 2 ,22-28 ).
Cantique d’action de grâce de Syméon:
le « Nunc dimittis » ( 2 ,29-32 ).
La prophétie de Syméon ( 2 ,33-33 ).
La prophétesse Anne ( 2 ,36-38 ).
Vie cachée à Nazareth ( 2 ,39-40 ).
Jésus perdu et retrouvé parmi les docteurs (2, 41-
30).
Encore la vie cachée à Nazareth ( 2 ,31-32 ),

II PRÉPARATION DU MINISTÈRE DE JÉSUS


0 ,1 -4 ,1 3 )

Mission, ministère et emprisonnement du précur­


seur Jean-Baptiste ( 3 , 1-20).
,
Baptême de Jésus ( 3 21-22 ),
Généalogie de Jésus, fils de Joseph, fils de Dieu
0 ,2 3 -3 8 ).
,
Tentation de Jésus au désert ( 4 1-13 ).

III MINISTÈRE DE JÉSUS EN GALILÉE


0 ,1 4 -9 ,3 0 )

1. Les débuts du ministère ( 4 , 14-3,16):


Jésus inaugure sa prédication ( 4 ,14-13 ).
Jésus à Nazara (4,16-30).
Une journée à Capharnaüm (4,31-41):
Enseignement à la synagogue de Capharnaüm et

33 LUC
guérison d’un homme ayant un esprit de démon
impur (4,31-37).
Guérison de la belle-mère de Simon ( 4 ,38-39 ).
Guérisons collectives du soir ( 4 ,40-41 ).
Jésus quitte secrètement Capharnaüm et parcourt la
Galilée (4,42-44).
Appel des quatre premiers disciples et destin de
Simon-Pierre (5,1-21).
Guérison d’un lépreux {5,12-16).

2. Premiers conflits avec les Pharisiens (5,17-6, 11):


Guérison d’un paralysé et discussion sur le pouvoir
de remettre les péchés (5 ,1 7-26 ).
Appel de Lévi et discussion sur la fréquentation des
publicains et des pécheurs (5,27-32).
Discussion sur le jeûne ( 5 ,33-39 ).
Double discussion sur le sabbat {6,1-11):
La cueillette des épis et l ’observation du sabbat
(6,1-5).
La guérison de l’homme à la main droite sèche
et l’observation du sabbat (6,6-11).

3. En plein ministère ( 6,12-8,21 ) :


Le choix des Douze (6,12-16).
L’empressement des foules {6,17-19).
L’entretien sur le plateau ( 6 ,20-49 ) :
Les « Béatitudes » ( 6, 20-23 ).
Les malédictions ( 6 ,24-26 ).
L’amour des ennemis ( 6 ,27-35 ).
Compassion et bienfaisance ( 6 ,36-38 ).
Conditions du zèle ( 6 ,39-45 ).

LUC 34
Nécessité de la pratique (6 ,4 6 ).
Parallèle entre celui qui pratique et celui qui ne
pratique pas ( 6, 47-49 ).
Guérison de l’esclave d’un centenier (7,1-10).
Résurrection du füs de la veuve de Naïn ( 7 , 11-17).
Message de Jean-Baptiste et témoignage rendu par
Jésus à son précurseur (7,18-30).
Jugement porté par Jésus sur sa génération
(7,31-33).
La pécheresse pardonnée et aimante (7,36-30).
L’entourage féminin de Jésus ( 8 ,1-3 ).
Deux paraboles (8,4-18):
Occasion (8 ,4 ).
Le semeur ( 8 ,3-13 ).
La lampe (8,16-18).
La vraie parenté de Jésus ( 8 ,19-21 ).

4. Quelques miracles et paroles de Jésus (8, 22-9, 17):


La tempête apaisée ( 8 ,22-23 ).
« L’homme ayant des démons » du pays des Guéra-
séniens et l’aventure des cochons ( 8 ,26-39 ).
Guérison d’une hémorroïsse et résurrection de la
fuie de Jaïre ( 8 ,40-36 ).
Envoi des Douze en mission (9,1-6).
Perplexité d’Hérode et son opinion sur Jésus
(9,7-9).
Retour des Apôtres, retraite de Jésus et multiplica­
tion des pains (9,10-17).

5. La profession de foi de Pierre ( 9 ,18-21 ).

35 LUC
6, Quelques autres paroles et miracles de Jésus
{9,22-50) ■
Première annonce de la Passion ( 9,22 ),
Conditions pour suivre Jésus ( 9 ,23-26 ).
La Venue prochaine du royaume de Dieu (9 ,2 7 ).
La Transfiguration. ( 9 ,28-36).
Guérison d’un possédé (9 ,3 7 -43a).
Deuxième annonce de la Passion ( 9 ,43b-45 ).
Qui est le plus grand ? ( 9 ,46-48 ).
De l’usage du nom de Jésus ( 9 ,49-50 ).

IV LA MONTÉE VERS JÉRUSALEM


{9,51-19,27)

A Section propre à Luc ( 9 ,51-18,14 ) :


1. Jusqu’à la seconde mention du voyage vers Jérusa­
lem (9, j5M3, 21):
Départ pour Jérusalem. Mauvais accueil d’un village
de Samarie ( 9,51-56).
Exigences de Jésus en matière de vocation aposto­
lique ( 9 ,57-62).
Envoi en mission des soixante-douze disciples
{10,1-16).
Ce dont les disciples doivent se réjouir ( 10,17-20 ).
La révélation réservée aux simples. Le Père et le
Fils (10,21-22).
Le privilège des disciples de Jésus ( 10,23-24 ).
Parabole du bon Samaritain {10,25-37).
Marthe et Marie ( 10,38-42 ).

LUC 36
La prière (1 1 ,1-13 ) :
Le « Pater » ( 1 1 ,1-4).
L’ami importun {11,3-8).
Efficacité de la prière (1 1 ,9-13 ).
Jésus et Béelzéboul (1 1 ,14-26) \
Jésus accusé par certains de chasser les démons
par Béelzéboul {11,14-22).
Intransigeance de Jésus {11,23).
Retour offensif et victorieux de l’esprit impur
(11,24-2^).
La vraie béatitude (1 1 ,27-28 ).
Le signe de Jonas (1 1 ,29-32 ).
Encore la parabole de la lampe {11,33-36).
Contre les Pharisiens et les légistes (1 1 ,37-34 ).
Quelques obligations des disciples de Jésus
{12,1-13,9):
Professer la vérité ouvertement et sans crainte
{ 12 , 1- 12 ) .
Pratiquer le détachement des biens de ce monde
(1 2 ,13-21).
S’abandonner à la Providence ( 12,22-32 ).
Vendre ses biens ( 12,33-34 ).
Se tenir prêts pour le retour du Maître (12, 33-
48).
Comprendre l’état de violence spirituelle inau­
guré par Jésus ( 12,49-33 ).
Savoir interpréter les signes des temps et agir en
conséquence ( 12,34-39 ).
Faire pénitence et profiter de la longanimité
divine: parabole du figuier stérile ( 1 3 ,1-9 ).

37 LUC
Guérison, un jour de sabbat, d’une femme toute
courbée (1 3 ,10-17).
Deux autres paraboles ( 1 3 ,18-21 ) :
Le grain de sénevé ( 1 3 ,18-19).
Le levain ( 1 3 ,20-21 ).

2. De la seconde à la troisième mention du voyage


vers Jérusalem ( 13,22-17,1 0 ) :
Sur la route de Jérusalem. La porte étroite, le rejet
des Juifs infidèles et l’appel des païens ( 13, 22-30).
Les ruses du renard Hérode et le destin de Jésus
(13,31-33).
Apostrophe à Jérusalem ( 13,34-33 ).
Au cours d’un repas ( 1 4 ,1-24 ) :
Guérison d’im hydropique un jour de sabbat
{14,1-6).
Sur le choix des places ( 1 4 ,7-11).
Sur le choix des invités ( 1 4 ,12-14 ).
Sur les invités qui se dérobent ( 14,13-24 ).
Quelques autres obligations des disciples de Jésus
(14,23-33):
Renoncer à tout ce que l’on a de cher (14,
23-27).
Renoncer en particulier à tous ses biens
(14,2^-33).
Ne pas s’affadir: parabole du sel ( 14,34-33 ).
Les trois paraboles de la miséricorde divine et du
privilège du pœheur ( 15,1-32 ) :
Occasion ( 15,1-3 ).
La brebis perdue ( 15,4-7 ).
La drachme perdue ( 1 5 ,8-10).

LUC 38
Le fils perdu et retrouvé, et le fÜs fidèle, orgueil­
leux et jaloux: « l’enfant prodigue » {15,11-32).
Danger des richesses et l’emploi qu’Ü en faut faire
(16,1-15):
Parabole du gérant prudent (16,1-8).
Le bon emploi de l’argent (16,9-13).
Contre les Pharisiens, amis de l’argent ( 16, 14-
15).
Trois paroles de Jésus ( 1 6 ,16-18):
A l’assaut du royaume ( 16,16 ).
Pérennité de la Loi (1 6 ,2 7 ).
Indissolubilité du mariage (16,18).
Danger des richesses: Le mauvais riche et Lazare
(16,19-31).
Quatre paroles de Jésus ( 1 7 ,1-10):
Le scandale ( 17, l-3a).
La correction fraternelle (1 7 ,3b-4 ).
La puissance de la foi ( 17,5-6 ).
Servir avec humilité ( 17, 7-2 0 ).

De la troisième mention du voyage vers Jérusalem à


la fin de la section propre à Luc ( 17, 2 2-18,14 ) :
Les dix lépreux ( 1 7 ,11-19 ).
La Venue du royaume de Dieu ( 1 7 ,20-21 ),
Le Jour du Fils de l’homme ( 1 7 ,22-37).
Encore sur la prière (18,1-14):
Le juge inique et la veuve importune (1 8 ,1-8 ).
Le Pharisien et le publicain ( 1 8 ,9-14 ).

39 LUC
B ) Section commune aux trois synoptiques
(18,15-19,27):
Jésus bénit les petits enfants ( 1 8 ,15-17).
La question d’un riche ( 1 8 ,18-23 ).
Le danger des richesses ( 1 8 ,24-27).
Récompense promise à quiconque aura tout laissé
(18,25-30).
Troisième annonce de la Passion ( 1 8 ,31-34 ).
L’aveugle de l’entrée de Jéricho ( 18,35-43 ).
Zachée (1 9 ,1-10).
Parabole des mines ( 1 9 ,11-27 ).

V A JÉRUSALEM
(19,25-21,35)

Accueil triomphal de Jésus aux Portes de Jérusa­


lem (19, 25-35).
Jésus approuve les acclamations de ses disciples
(19,39-40).
Lamentation sur Jérusalem ( 1 9 ,41-44 ).
Les vendeurs chasssés du Temple ( 1 9 ,45-46 ).
Enseignement quotidien de Jésus dans le Temple
(19,47-45).
Propos polémiques de Jésus ( 2 0 ,1-44 ) :
La mission de Jésus et le baptême de Jean
(20,1-5).
Parabole des vignerons homicides ( 2 0 ,9-19).
Le paiement de l’impôt ( 2 0 ,20-26 ).
La femme aux sept maris et la résurrection
(20,27-40).
Le Christ, Fils et Seigneur de David (20, 41-44).

LUC 40
Jugement sur les scribes ( 2 0 ,45-47).
L’« obole » de la veuve (21,1-4).
Discours sur la ruine du Temple et la fin des temps
(2 1 ,^-^^):
Annonce de la ruine du Temple et de Jérusalem,
et la Venue en gloire du Fils de l’homme (2 1 ,5-7 ).
La ruine du Temple et de Jérusalem (21, 8-23):
signes précurseurs (21,8-19).
l’investissement de Jérusalem et son caractère
terrifiant (2 1 ,20-23a ).
La grande détresse et les temps des nations
(21,23^-24).
Les catastrophes cosmiques et la Venue en gloire
du Fils de l’homme ( 21, 25-28 ).
La parabole du figuier (2 1 ,29-33 ).
Exhortation à la vigilance (2 1 ,34-36).
Les dernières journées de Jésus (2 1 ,37-38 ).

VI LA PASSION
(22,1-23,56)

A) Jusqu'au mont des Oliviers ( 22,1-38 ) :


Le complot contre Jésus et la trahison de Judas
( 22, 1-6 ).
Les préparatifs du repas pascal ( 22, 7-13 ).
Le repas pascal (22,14-38):
Sentiments de Jésus et dernière pâque juive
(22,14-18).
Le repas. Institution de l’Eucharistie ( 2 2 ,19-20 ).
Annonce de la trahison ( 2 2 ,21-23 ).

41 LUC
Qui est le plus grand ? ( 22, 24-27 ).
Récompense promise aux Apôtres ( 2 2 ,28-30 ).
Annonce du retour et des reniements de Pierre
{22,31-34).
L’heure du combat décisif ( 2 2 ,33-38 ).

B Depuis le mont des Oliviers ( 2 2 ,39-23,36) \


Au mont des Oliviers ( 2 2 ,39-33 ) :
La prière et l’« agonie » ( 2 2 ,39-46 ).
L’arrestation de Jésus ( 2 2 ,47-33 ).
Les reniements de Pierre ( 2 2 ,34-62 ).
Premiers outrages ( 22, 63-63 ).
La comparution devant le Sanhédrin, Jésus livré à
PÜâte (22,66-23,1).
Jésus devant Pilate ( 23,2-7 ).
Jésus devant Hérode ( 23, 8-12 ).
Jésus à nouveau devant Pilate ( 2 3 ,13-23 ).
Sur le chemin du Calvaire ( 2 3 ,26-32 ).
Le crucifiement ( 2 3 ,33-34 ). '
Jésus en croix raillé et outragé ( 2 3 ,33-38 ).
Le malfaiteur repentant et comblé: le « bon larron »
{23,39-43).
Les derniers instants et la mort de Jésus ( 2 3 ,44-46 ).
Après la mort de Jésus ( 2 3 ,47-49 ).
La sépulture ( 2 3 ,30-36 ).

LUC 42
V II APRÈS LA RÉSURRECTION
(24, 2-J3)

Le tombeau trouvé vide et le message de Tange


(24,1-8).
Les Apôtres refusent d’ajouter foi aux dires des
femmes ( 2 4 ,9-11).
Pierre au tombeau ( 2 4 ,12),
Apparition de Jésus à deux disciples qui se ren­
daient à Emmaüs: les « pèlerins d’Emmaüs »
(24,13-39).
Jésus apparat aux Apôtres et mange sous leurs
yeux (24,36-43).
Dernières instructions de Jésus à ses Apôtres
(24,44-49).
L’Ascension de Jésus et l’attente des Apôtres
(24,90-93).

43 LUC
Luc écrivant son Evangile.
Bible allemande, 1585.
PROLOGUE
ih l-4 )

^ Puisque beaucoup ont entrepris de composer


un récit des événements qui se sont accomplis
parmi nous, ^ selon ce que nous ont transmis ceux
qui, témoins oculaires dès le commencement, sont
devenus ensuite serviteurs de la Parole, ^ j’ai dé­
cidé, moi aussi, après m’être informé exactement
de tout depuis le début, d’en écrire pour toi l’ex­
posé suivi, excellent Théophile, ^pour que tu te
rendes bien compte de la sûreté des enseignements
que tu as reçus.

1-4 Prologue à la manière des historiens de Pdpoque hellénistique. Dans une


phrase de style périodique, l ’auteur expose l ’occasion, la méthode et le but de
son ouvrage. •
1 « beaucoup », ou « plusieurs ». A entendre principalement de Marc, des docu­
ments araméens ou grecs qui ont servi de base à l ’évangile de Mt, et d’autres
essais évangéliques disparus — « qui se sont accomplis », ou « dont on est pleine­
ment assure».
2 « transmis », déjà la tradition! cf le texte classique 1 Co 15, 5: « Je vous al
transmis cela même que j ’avais reçu. » — «dès le commencement», depuis Jean-
Baptiste. — « la Parole », l ’Evangile, 8 , 13, 15; Ac 4, 4; 6, 4; etc.
3 « l’exposé suivi », n’implique pas nécessairement l ’ordre chronologique. —
« excellent », titre dont on honorait les hauts fonctionnaires, cf Ac 23, 26; 24, 3;
26, 25, ou peut-être simple appellation de déférence. — « Théophile », chrétien de
haut rang, cr Ac 1 , 1.
4 « que tu as reçus », ou « qui te sont parvenus ». — « sûreté » ou « solidité ».

45 LUC
I, NAISSANCE ET VIE CACHÉE
DE JEAN-BAPTISTE ET DE JÉSUS
( l , j — 2,52)

Annonce de la naissance de Jean-Baptiste

^ Il y eut aux jours d’Hérode, roi de Judée, un


prêtre du nom de Zacharie, de la classe d’Abia. Et il
avait pour femme une des descendantes d’Aaron
dont le nom était Elisabeth. *Tous deux étaient
justes devant Dieu et suivaient, irréprochables,
tous les commandements et ordonnances du Sei­
gneur. ’ Mais ils n’avaient pas d’enfant, parce que
Elisabeth était stérile et que tous deux étaient
avancés en âge.
®Or donc, comme [Zacharie] remplissait, au tour
de sa classe, les fonctions sacerdotales devant

5 A partir d*ici, Le écrit en grec sémitisant des LXX. A moms qu’il ne tra*
duise un original sémitique, amméen ou hébreu. Le récit se développe sous la
forme d’un dip^que Jean-Jésus, comme il est facile de s’en convaincre en
' consultant la Tshle analytique. Atmosphère de louange (trois cantiques) et de
joie. — n Hérode », roi de Judée, et aussi d’Idumée. Samarie, Galilée et Pérée, de
37 à 4 av. J.“C. — « classe d’Abia », la huitième des vingt-quatre, 1 Chr 24, 10.
<c descenckntes », lit: « filles ».
6 « ordonnances », pour le terme, cf Ro 2, 26\ H e 9,10.
7 « avancés en âge », lit: « en leurs jours. »
8 « O r donc», ut: « E t il advint» (traduction évitée comme trop pesante). —
« les fonctions sacerdotales », cf 1 Pe 2, J, 9.

LUC 46
Dieu, ®il fut, suivant la coutume sacerdotale, dési- 1
gné par le sort pour entrer dans le sanctuaire du
Seigneur et y brûler l’encens. ^“Et toute la multi­
tude du peuple était en prière dehors, à l’heure de
l’encens.
Alors lui apparut l’Ange du Seigneur, debout
à droite de l’autel de l’encens. ^^Et à cette vue,
Zacharie fut troublé, et la crainte tomba sur lui,
” Mais l’ange lui dit: « Sois sans crainte, Zacharie,
parce que ta prière a été exaucée, et ta femme
Elisabeth t ’enfantera un fils, et tu l’appelleras du
nom de Jean. ^‘*Et tu auras joie et allégresse, et
beaucoup se réjouiront de sa naissance. Car il
sera grand devant le Seigneur, et U ne hoira ni vin
ni boisson forte, et il sera rempli d’Esprit Saint dès
le ventre de sa mère, et ü ramènera de nombreux
fils d’Israël au Seigneur, leur Dieu. Et lui-même
marchera devant lui avec l’esprit et la puissance
d’Elie, pour ramener les cœurs des pères vers les

9 Lit: « pour faite brûler l ’encens, étant entré dans le sanctuaire du Seigneur. »
— «faite brûler l ’encens», cf Ex 30, 6-8\ il fallait renouveler la braise et les
parfums sur l ’autel qui se trouvait devant le Saint des Saints. L’encensement
avait lieu avant le sacrifice du matin e t après celui du soir.
11 « l’Ange du Seigneur », cf M t 1, 20, et la note.
13 Lit: « tu appelleras son nom Jean », cf 1, 31, 59, 61; 2, 21; 19, 2; Mt 1, 23,
25. Jean signifie « Dieu fait grâce ».
14 « joie, allégresse, se rejouiront », cette allégresse mesâanique est une des
caractéristiques de l ’évangile de Le, cf 1, 47, 58; 2, 10; 10, 17, 13, 17; 15, 7,
32; etc. Ac 2, 46; 8, 8; 12, 14; 13, 52; 15, 3; etc.
15 « il ne TOira... », cf Nomb 6, 2 sv où sont définies les obligations des « nazô-
réens »; Jug 13, 4 sv où sont indiquées les restrictions que doit s’imposer la mère
de Samson, ainsi que le fils qu’elle va concevoir. — « dès le ventre de sa mère »,
cf 1, 41.
16 « il ramènera » (v 17), lit: « il retournera, fera tourner. »
17 Le retour d’Elie devait annoncer et préparer l ’ère messianique (thème de la
littérature apocalyptique), cf Mal 3, 23 sv; Sir 48, 10 sv; Mc 9, 11 sv; Mt 17, 11.
— Sur Jean assimilé a Elie, cf M t 11, 14; 17, 10-13 = Mc 9, 11-13; mais
Jn 1, 21: « Je ne le suis pas. » — « ramener les coeurs », cf Mal 3, 24. — « les
indociles », a Ac 26, 19; Ro 1, 30; 2 Tm 3, 2; T i 1, 16; 3, 3. — « l ’intelligence »,
le terme se rencontre encore et seulement Eph 1, 8.

47 LUC
enfants et les indociles à l’intelligence des justes,
pour préparer au Seigneur un peuple bien dis­
posé. » E t Zacharie dit à l’ange: « A quoi con­
naîtrai-je cela? car moi je suis un vieillard et ma
femme est avancée en âge. » Et, répondant,
l’ange lui dit: « Moi, je suis Gabriel, qui me tiens
devant Dieu, et j’ai été envoyé pour te parler et
t ’annoncer cette bonne nouvelle. Et voici que tu
vas être réduit au silence et sans pouvoir parler
jusqu’au jour où ces choses arriveront, pour ce que
tu n’as pas cru à mes paroles, lesquelles s’accom­
pliront en leur temps. » Et le peuple était dans
l’attente de Zacharie, et on s’étonnait qu’il s’attar­
dât dans le Sanctuaire. Quand il sortit, ü ne pou­
vait leur parler, et ils comprirent qu’il avait vu une
vision dans le Sanctuaire. Et lui leur faisait des
signes et demeurait muet.
Or, quand furent révolus ses jours de service,
il s’en alla chez lui. ^ Après ces jours-là, sa femme
Elisabeth conçut, et elle se tint cachée cinq mois;
elle disait; « Voüà donc ce qu’a fait pour moi le
Seigneur, aux jours où il a regardé pour enlever
mon opprobre parmi les hommes! »

18 « A quoi leconnaîtrai-je», cf Gn 15, 8. — « je suis...», cf Gn 18, 11; «Abra­


ham et Sara étalent vieux, avancés en âge. »
19 «G abriel» (v 26), c£ Dan 8, IJ sv; 9, 21; l ’un des sept anges, dits «Anges
de la Face », lesquels « se tiennent et entrent devant la gloire du Seigneur »
(Tob 12, 15), — « apporter cette bonne nouvelle », terme cher à Le (10 fois dans
l ’Evangile, 15 fois dans les Actes).
21 « le Sanctuaire », c’est-à-dire le Saint, partie reculée du Sanctuaire.
24 « elle se cacha », lit: « se cachait, se tenait cachée. » — « a regardé pour »,
expression qu’on interprète souvent: « il lui a plu, il s’est avisé, il a bien voulu. »
Sur Dieu qui «regarde», pour une intervention favorable, cf Gn 29, 52; Ex 2,
25; Fs 10, 14; U , 4.

LUC 48
tttd e rü u K ts o f

n o ttm te c z a ^ n tK if

D ttitf itiib ta e r ^ œ i

lO iictütàlM xC^om -
(vtiaM aaCatiBSbe^
^ e m ra u ü c m fti

îm f tn m tte d e u ti^ n u x ttn te C m o m

4 — En haut, l’Ange du Seigneur


apparaît à Zacharie, « debout a droite \

de l’autel de l’encens» (1, Ï I ) : en


^ K’wwfitirf wffi'lilw
bas, Zacharie s’adresse par gestes à , îuMiijB»^’a « n » c tm b :ia A ^ « rp t< ' H'’ V ï f P
Elisabeth. I-lur- tw hue li «nncno ttusn (criiwii
Bible latine. Manuscrit du X III’ siè­ 4av .uTtio a ft^p ^fa ttfcu n n mnttfferio
cle. Bibliothèque d’Amiens, n° 23. iMiur-'ordl9mdU ^i(nis•«'ftr»r^dKZ dieb Vksro
- omfo-mKt».i»»An«w AKtpofitdiT fv x x
f/ttF im dttotf luf a«mfl*nf â^rtm r** m • < oïgRE^
SKi|;}Uuiaf<m1tu'un0R(r ^füaf^Koh;
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(uf Mtta 4io :ié&i eonütem
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üm {MwnCv ttiffrtfJafmvanfüdiittf
5 — A gauche, Luc portant son Evan­ f r «HTiciif nuthuauLf tnvr fe \^ cnm* feu»
gile ; à droite, l’Ange s’adresse à bin^t mdMii; A|>^irntr^uK’itt dm;
Zacharie, l’Ange s’adresse à Elisabeth. flntif.tMxmraiétrn ïtm A fiiu à m a e
ta rU itu fe ^ luJenf.'X dmA’VTutr fn^
Bible latine. Manuscrit du X P siècle. Rluin«atucficnr e ü /X ir M r c M tiUi A ^ ^ ; f t f t n n u i 9 SU
Bibliothèque de Dijon, n” 1. ^laiMtow^iearg* Adru>'.
8 — Visitation.
Livre d ’heures. Manuscrit du X V P
siècle. Musée Condé, Chantilly,
n° 1178.

9 — Visitation. L’artiste allemand a


représenté les enfants dans le sein de
leur mère, Jésus assis, Jean-Baptiste
à genoux devant lui.
Vie de Jésus en allemand. Manuscrit
du X V ' siècle. Musée Condé, Chan­
tilly, n” 1455.

1 — Annonciation.
Livre d ’Heures. Manuscrit du XV'
siècle. Bibliothèque Sainte-Geneviève,
n° 1274.
Annonce àe la naissance de Jésus:
« l’Annonciation »

Le sixième mois, l’ange Gabriel fut envoyé pat 1


Dieu dans une ville de Galilée, du nom de Nazareth,
à une vierge fiancée à un homme du nom de ^
Joseph, de la maison de David; et le nom de la
vierge était Marie. ^®Et, entrant chez elle, il dit:
« Réjouis-toi, comblée de grâce; le Seigneur est
avec toi. » ^ A cette parole elle fut toute troublée,
et elle se demandait ce que pouvait être cette
salutation. ^ E t l’ange lui cÊt: « Sois sans crainte,
Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Et
voici que tu concevras et tu enfanteras un fils, et tu
l’appelleras du nom de Jésus. ^^11 sera grand et
sera appelé Füs du Très-Haut. E t le Seigneur Dieu
lui donnera le trône de David son père, et ü
régnera sur la maison de Jacob pour [tous] les
siècles, et son règne n ’aura point de fin. » Marie
dit à l’ange: « Comment cela sera-t-ü, puisque je ne

26 « Le sixième mois », après la conception de Jean. — « Gabriel », c£ v 19, et


la note.
27 « maison », c'est-à-dire famille.
28 « SalutI » lit; « Eèjouis-toil » salutation à la grecque, encore Mt 28, 9; 27, 29
= Mo 15, 18 = Jn 19, 5. Partout ailleurs dans les évangiles (10, 5; 24, 55;
Mt 10, 25; Jn 20, 19, 21, 26), la salutation d’Israël; «Paix à toi, à vous! » —
« comblée de grâce », lit; « toi qui as été et demeures remplie de grâce (ou de
faveur divine).» — « le Seigneur est avec to i» , formule empruntée à l ’A.T., où
elle exprime l’appui tout puissant que Dieu accorde à ses protégés.
31 « tu concevras », lit: « concevras dans le ventre », c i 2, 21. — « tu l ’appelle­
ras », dans le récit de Mt écrit du point de vue de Joseph, c’est Joseph qui doit
imposer le nom à l ’enfant (1, 21), «perspectives difiérentes, mais pas d’affirma­
tions contradictoires. » (Lagrange.)
32-33 Les paroles de l ’ange, qui s’inspirent de divers passages de l ’A.T. (2 Sam
7, 12-16; Is 9, 6; Mlc 4, 7; Dan 7, 14), évoquent un messianisme limité à l’hori­
zon juif.

10 — Annonciation, Visitation (accolement) et Nativité (gésine).


Vsautier d'Ingeburge. Manuscrit du X IIF siècle. Musée Condé,
Chantilly, n° 1695.
Livre d’Heures
à l'usage de Rome,
1485.

1 connais pas d’homme? » E t, répondant, l’ange lui


Mt 1, 18,20 L’Esprit Saint surviendra sur toi, et la puis­
sance du Très-Haut te prendra sous son ombre; et
c’est pourquoi l’être saint qui naîtra sera appelé
Fils de Dieu. ^ E t voici qu’Elisabeth, ta parente, a
conçu, elle aussi, un fils dans sa vieillesse, et elle
en est à son siidème mois, elle qu’on appelait la
stérile; car rien n’est impossible de la part de
Dieu. » Marie dit: « Je suis l’esclave du Seigneur;
qu’il m’advienne selon ta parole! » E t l ’ange la
quitta.

34 « je ne connais pas d’homme », expression sémitique pour désigner l ’absence


de relations conjugales, c l Gn 19, S; Jug 11, 39/ Nomb 31, 17, 33.
35 « te prendra sous son ombre », cl la nuée lumineuse du récit de la Transfi;
guration (9, 34 et par); l’expression, empruntée à l ’A.T., évoque la nuée qui
accompagne et révèle la présence de Yahvé, cf surtout Ex 40, 34 sv; Nomb 9,
15; 10, 34. — « l ’être saint qui naîtra... », texte embarrassé; on peut aussi tra­
duire: « l ’être qui naîtra sera saint et on l ’appellera. »
36 « la stérile », c£ v 7.
37 C£ 18, 27 et par; Gn 18, 14.
38 « J e suis l ’esclave du Seigneur», exprime la totale soumission à la volonté
divine, ci 1 Sam 25, 41; 2 Sam 9, 6.

« Grande Vie du Christ » de Ludolphe le Chartreux. X V ’ siècle.


Su St Situ et Se fïïfîi ^
iamt) ûUSt^uexSapiüe >S
*1^ €us inaâmtozissmmêEimmtenâeX^.m
adadiESiisandom m efeftm s^O lo?s® p ri ^
fîïîo îfrp m m ifm aO i.^^!k iit m h
Marie rend visite à Elisabeth
La rencontre ou « Visitation »

ces jours-là, Marie partit et se rendit en


hâte vers la région montagneuse, vers une ville de
Juda. ““Et elle entra chez Zacharie et salua Eli­
sabeth, Or, dès ' qu’Elisabeth entendit la saluta­
tion de Marie, l’enfant bondit dans son ventre, et
Elisabeth fut remplie d’Esprit Saint; et elle poussa
un grand cri et dit: « Bénie es-tu entre les femmes,
et béni le fruit de ton ventre! ‘‘^Et d’où m’est-il
donné que vienne vers moi la mère de mon Sei­
gneur? Car, vois-tu, dès que la voix de ta saluta­
tion est arrivée à mes oreilles, l’enfant a bondi d’al­
légresse dans mon ventre, Et bienheureuse, celle
qui a cru en l’accomplissement de ce qui lui a été
dit de la part du Seigneur! »

39 « En ces jours-lâ », expression biblique pour désigner un synchronisme plus


ou moins approximatif. — «région montagneuse» (v 63), ii s’agit du massif
judéen, c’est-à-dire de la tribu de Juda. On a proposé la « ville » d’Hébron.
41 «bondit», expression forte (encore et seulement v A4, et 6, 23), qu’il n ’y a
pas lieu d’atténuer en « tressaillit ». — « fut remplie d’Esprit Saint », cf 1, 15: « il
sera rempli d’Esprit Saint dès le ventre de sa mère. »
42 « entre les femmes », équivaut à un superlatif. Cf Jug 5, 24: « Entre les
femmes que bénie soit Yaél... entre les femmes [qui habitent] sous la tente,
bénie soit-elle! » — « le fruit de ton ventre », ton enfant, sémitisme, cf Gn 30, 2;
Deut 7, 13; 28, 4 , 11; 30, 9; Mic 6, 7; Ps 132,11.
45 « cru en l ’accomplissement », lit: « cru qu’il y aura a^m plissem ent »; on
peut aussi traduire: « toi qui as cru, parce qu’il y aura accomplissement. »

Heures à l’usage de Lyon. Paris, 1495.


Cantique d’action de grâce de Marie:
le « Magnificat »

Et Marie dit:
« Mon âme magnifie le Seigneur,
et mon esprit exulte en Dieu mon Sauveur,
parce qu’i/ a jeté les yeux sur'la bassesse de son
esclave.
Car voilà que désormais toutes les générations
me proclameront heureuse;
parce que le Puissant a fait pour moi de grandes
choses; et Saint est son nom,
^ et sa miséricorde va de génération en généra­
tion sur ceux qui le craignent.
Il a déployé la force de son bras,
il a dispersé les hommes au cœur orgueilleux.
Il a renversé les souverains de leurs trônes et
élevé les humbles,
il a comblé de biens les affamés et renvoyé les
riches les mains vides.
^ Il a secouru Israël, son serviteur,
se souvenant de sa miséricorde.

46-55 Ce cantique, insét^ par Luc dans la trame de son rdcit en prose, s’inspire
du cantique d’Anne, la mère de Samuel (1 Sam 2 , 1-10).
46 « magnifie », pour ce terme, cf v 58; Phi 1, 20; A c 5 ,1 5 ; 10, 46; 19, 17.
47 <c exulte », ou <c jubile », Hab 3 , 18; Is 6 1 , 10; Ps 33, 9.
48a Cf 1 Sam 1, I I ; Ps 113, 6 sv. — 48b, cf G n 30, 15; Prov 31, 28.
49 « le Puissant», a valeur de superlatif: le Tout-Puissant. — «Saint est son
nom », Ps 111, 9, c’est-à-dite parfait, transcendant, éloigné de toutes les limita­
tions des réalité d’id-bas.
50 Cf Ps 103,17.
51b « les hommes au cœur orgueilleux», lit: «ceux qui sont orgueilleux par la
pensée de leur cœur. »
52 Cf 1 Sam 2, 7; B z 21, 51; Ps 147, 6; Jb 5 ,1 1 ; 12,19.
53 Cf 1 Sam 2, 5; Ps 107, 9.
54 Cf Is 41, S sv; Ps 98,3.

LUC 54
“ — selon qu’il l’avait annoncé à nos pères — en 1
faveur d’Abraham et de sa descendance à jamais! »

Marie chez elle.


« Grande Vie du Christ » de Ludolphe le Chartreux. XV" siècle.

Le retour de Marie

Marie demeura avec elle environ trois mois,


puis elle s’en retourna chez elle.
55 a Gn 17, 7; 18, IS; 22, 1 7 svi Mic 7, 20.
56 « chez elle », à Nazareth, petite b o u r b e de Galilée (t 26).

55 LU C
Vie des saints. Lyon, 1514.

Naissance de Jean-Baptiste et visite des voisins

1 Quant à Elisabeth, le temps fut révolu où elle


devait enfanter, et elle donna naissance à un fils.
Et ses voisins et ses parents apprirent que le Sei­
gneur avait magnifié sa miséricorde à son égard,
et ils s’en réjouissaient avec elle.

Circoncision de Jean-Baptiste

Or, le huitième jour, ils vinrent pour circoncire


l’enfant, et on voulait l’appeler Zacharie, du nom

« magnifié », cf 1, 46, et la note. — « se réjouissaient », cf v 14.


59 « le huitième jour », conformément à la Loi, cf Gn 17, 12; Lev 12, 3;
Phi 3, 5. — « iis », ies voisins et les patents du v 58.

LUC 56
de son père, ®*Et prenant la parole, sa mère dit:
« Non, mais il s’appellera Jean. » E t on lui dit: « Il
n ’y a personne de ta parenté qui soit appelé de ce
nom. » “ E t l’on demandait par signes au père
comment il voulait qu’on l’appelle. Et ayant de­
mandé une tablette, il écrivit: « Jean est son nom »;
et ils furent tous étonnés. Sa bouche s’ouvrit à
l’instant même et sa langue [se délia], et il parlait,
bénissant Dieu. Et la crainte s’empara de tous
leurs voisins, et dans toute la région montagneuse
de Judée on s’entretenait de toutes ces choses.
E t tous ceux qui en entendirent parler les mirent
dans leur cœur, en disant: « Que sera donc cet
enfant? » E t de fait la main du Seigneur était avec
lui.

Cantique d’action de grâce de Zacharie:


le « Benedictus »

E t Zacharie, son père, fut rempli d’Esprit Saint


et il prophétisa en disant:
^ « Béni soit le Seigneur, le Dieu d’Israël,
de ce qu’il a visité et racheté son peuple,
é2 Cf 1, 20, où adiatie devient simplement muet.
(5 « la légion montagneuse », cf v 39, et la note,
66 «m itent dans leur cœ ur», cf 21, 14; Ac 5, 4, et se rai>peler que, pout le
Sémite, le cœur est le siège de toute l ’activité consciente, aussi bien intellectuelle
qu’affective, — « la main du Seigneur », c’est-à-dite sa toute-puissance, est
«avec» quelqu’un, pour le protéger et l’assister (Ac 11, 21), ou «suc», pour le
châtier (Ac 13,11).
67 Se rattache à 64.
68 « Béni soit... », cf Ps 41, 14; 72, 18; 106, 48; 111, 9. — « visiter », le terme
évoque une intervention spéciale de Dieu, le plus souvent favorable, cf v 78;
7, 16; Gn 50, 24, 23; Ex 3, 16; 4, 31; 13, 19; Ru 1, 6, etc. — «tacheté» (lit:
« fait le rachat pour »), cf 2, 38; H e 9 ,1 2 .

57 LUC
® et nous a suscité une puissance de salut
dans la maison de David son serviteur,
selon qu’il l’avait annoncé par la bouche
de ses saints prophètes des temps anciens,
pour nous sauver de nos ennemis
et de la main de tous ceux qui nous haïssent,
pour faire miséricorde à nos pères
et se souvenir de son alliance sainte,
du serment qu’il a juré à Abraham notre père,
de nous accorder que, sans crainte,
délivrés de la main de nos ennemis,
nous le servions en sainteté et justice,
devant lui, durant tous nos jours.
Et toi, enfant,
tu seras appelé prophète du Très-Haut;
car tu marcheras devant le Seigneur
pour préparer ses chemins,
’^pour donner à son peuple la connaissance du
salut
par la rémission de ses péchés ;
™grâce aux sentiments de miséricorde de notre
Dieu, pat lesquels va nous visiter l’Astre levant
d’en haut.

69 « une puissance », lit: « une come », c£ 1 Sam 2, 10; Ps 18, 3; 75, 5; 132, 17;
etc.
72b a Ps 106,47; Lev 26, 42.
73 « du serment », cf Ps 105, S sv.
75 « en sainteté e t justice », cf Eph 4, 24.
76 « prétarer ses diemins », cf 3, 4 et par; 7, 27 et par; Is 4 0 , 3; Mal 3, 1.
78 « sentiments », lit: « entrailles », rf Col 3, 12.. — « visiter », cif v 68, et la
note. — « l ’Astre levant», désigne le Messie comme apportant la lumière, pour
l ’image, cf Nomb 2 4 , 17; Mal 3, 20 « le soleil de justice »; Is 6 0 , 1-3.
79ab Cf Is 9, 1; 42, 7; Ps 107, 10. — « vers tm diemin de paix », cf Is 59, 8;
par « paix » il faut entendre l ’ensemble de tous les biens matériels et spirituels.

LUC 58
pour éclairer ceux qui sont assis
dans les ténèbres et à l’ombre de la mort,
pour diriger nos pas
vers un chemin de paix. »

La vie cachée de Jean-Baptiste dans les endroits


déserts

® Quant à l’enfant, il croissait, et son esprit se


fortifiait. E t il fut dans les endroits déserts jusqu’au
jour où il se présenta à Israël.

«CSwItCiîtît elîôtÉ

Vie de Jésus.
X V ' siècle.

80 « Son esprit se fortifiait », lit: « il se fortifiait par son esprit, ou quant à son
esprit. » — « il fut dans les endroits déserts », prépare la manifestation de Jean
« dans le désert » (3, 2).

59 LUC
La naissance de Jésus et la visite des bergers

^ O r donc, en ces jours-là, parut un édit de César 2


Auguste, ordonnant de recenser le monde entier.
^ Ce premier recensement eut lieu pendant que
Quirinius était gouverneur de Syrie. ^ E t tous
allaient se faire recenser, chacun dans sa viUe.
^ Joseph aussi monta de Galilée, de la ville de
Nazareth, vers la Judée, vers la viUe de David qui
s’appelle Bethléem — parce qu’il était de la
maison et de la lignée de David — ^ pour se faire M t 1,I«,20
recenser avec Marie, sa fiancée, qui était enceinte.
®Or donc, comme ils étaient là, furent révolus les
jours où elle devait enfanter. ^Et elle enfanta son Mt 1, 2;
fils, le premier-né, et elle l’emmaillota et le coucha
dans ime mangeoire, parce qu’il n ’y avait pas de
place pour eux dans l’hôtellerie.
*Et il y avait dans cette contrée des bergers qui
vivaient aux champs et qui passaient les veiUes de
la nuit à veiller sur leur troupeau. ®E t l’Ange du
Seigneur se présenta à eux et la gloire du Seigneur

1 « César Auguste », empereur romain de 30 av. J.-C. à 14 ap. J.«C.


2 «prem ier», ainsi a p j^ é parce que d’autres suivirent. circonstances hîsto>
rîques sont obscures. Le plus vraisemblable est que ce recensement (fait en vue
de la répartition de l ’impôt) eut lieu vers 8-6 av. J.>C.; en relation avec un
recensement général de l ’Empire, et qu’il fut organisé en Palestine par Quirinius
chargé pour cela d’une mission spéciale. Ce personnage ayant été sans doute
gouverneur de Syrie entre 4 et 1 av. J.-C., l’e^qpression de Luc s’e^^lique comme
une aroroxîmation suffisante.
4 « la ville de Ûavid qui s’ap;^lle Bethléem », cf Jn 7, 42; 1 Sam 16, 1 sw .
7 « le premîer>né », l ’e^ression n’implique pas de frères puînés, mais souligne
la dignité et les droits de l ’enfant. — « rhôtellerie», ou « la salle» (22, 11 a
Mc 14, 14), auquel cas le terme désignerait une pièce occupée par Joseph et les
siens.
9 « l ’Ange du Seigneur » écrit avec une majuscule pour garder à l ’expression, si
fréquente dans l’A.T., son caractère stylisé, a 1, 11; M t 1, 20; 2, 13, 19; 28, 2;
Ac 12, 7. — « la ^ o ire du Seigneur», éclat lumineux qui dans l ’A.T. accom*
pagne et décèle la présence de Yahvé, Ex 16, 10; 24, 16; etc. Voir aussi 9, 32.

«Grande Vie du Christ» de Ludolphe le Chartreux. XV° siècle.


les enveloppa de sa clarté, et ils furent saisis d’une
grande crainte. Et l’ange leur dit: « Soyez sans
crainte, car voici que je vous annonce tme grande
jpie, qui sera pour tout le peuple: “ il vous est né
Jn 4.42
aujourd’hui, dans la ville de David, un Sauveur, qui
est Christ Seigneur. E t voici pour vous le signe:
vous trouverez un nouveau-né emmaÜlotté et
couché dans une mangeoire. » E t soudain il y eut
avec l’ange une multitude de l’armée céleste, qui
louait Dieu et disait:
« Gloire à Dieu au plus haut [des deux],
et sur terre paix aux hommes, qui ont sa
faveur! »
Or, quand les anges les eurent quittés pour le
del, les bergers se disaient entre eux: « Passons
donc jusqu’à Bethléem, et voyons cette chose qui
est arrivée et que le Seigneur nous a fait con­
naître. » E t ils vinrent en hâte et ils trouvèrent
Marie, et Joseph, et le nouveau-né couché dans la
mangeoire. Ayant vu, ils firent connaître la chose
qui leur avait été dite de cet enfant, et tous ceux
qui les entendirent s’étonnèrent de ce que leur
disaient les bergers. Quant à Marie, elle gardait
avec soin toutes ces choses, les repassant dans

10 « une grande joie », c£ 1 , 14f et la note.


11 « Christ Seigneur », expression unique dans le N.T.j dans l ’A.T. peut-être
Lam 4, 20.
12 « le signe... nouveau-né... », d v 7.
14 Litî « aux hommes de faveur. » Le sens de l ’expression, inspirée de l ’A.T. et
qui parait à plusieurs reprises dans les écrits de Qoumrân, n ’est pas douteux. Il
s’agit de la faveur, de la bienveillance divine ( d Ti 2, II; 3, 4) et s’étend à tous
les hommes (1 Tm 2, 4 ). Le sens est déclaratÙ, non restrictif. La belle traduction
de la Vulgate (« Fax hominibus bonae voluntatis ») ne convient ni à l ’expression
ni au contexte. — Autre leçon: «Paix sur la terre et chez les hommes bien­
veillance de Dieu. »

LUC 62
son cœur. E t les bergers s’en retournèrent, glori- 2
fiant et louant Dieu pour tout ce qu’ils avaient en­
tendu et vu, selon ce qui leur avait été annoncé.

La circoncision de Jésus

Et lorsque furent révolus les huit jours pour sa


circoncision, on lui donna le nom de Jésus, celui
qui lui avait été donné par l’ange avant qu’il fût 1,21
conçu.

La présentation de Jésus au Temple

^ E t lorsque furent révolus les jours pour leur


purification, selon la Loi de Moïse, ils l’emmenè­
rent à Jérusalem pour le présenter au Seigneur,
selon qu’il est écrit dans la Loi du Seigneur: Tout
mâle premier-né sera consacré au Seigneur, ^'^et
pour offrir en sacrifice, selon ce qui est dit dans la
Loi du Seigneur, un couple de tourterelles ou deux
jeunes colombes. ^®Et voici qu’il y avait à Jéru­
salem un homme du nom de Syméon. Et cet homme
19 « choses » ou « paroles ».
20 « glorifiant et louant Dieu », thème cher à Le, cf w 28, 38-, 1, 64-, 5, 2S sv;
7, 16-, 13, 13: 17, V . IS i 18, 43-, 19, 37; 23, 47; 24, 33.
21 « les huit jours pour... », cf 1, 39. — « conçu », lit; « conçu dans le .sein »,
cf 1, 31.
22 « leur purification », la purification n ’était imposée qu’à la mère. Mais l ’évan­
géliste, ayant déjà en vue l ’ensemble de la cérémonie (purification de la mère et
rachat de l ’enfant), se sert du pluriel. La purification avait lieu 40 jours après la
naissance pour les enfants mâles (Lev 12, 2-3).
23 Le premier-né appartenait au Seigneur (Ex 13, 2, 12). On devait donc le
racheter (Nomb 18, 13). Mais ce rachat n’exigeait pas la présentation de l’enfant
au sanctuaire. Celle-ci était cependant possible (Nomb 18, 13) et a dû avoir lieu
dans le cas de Jésus.
23 « attendait la consolation d’Israël », un des thèmes chers au Deutéro-Isaïe, cf
Is 40, 1; 49, 13; 31, 12; 61, 2. « Consolateur » était un des titres donnés au
Messie.

63 LUC
était juste et pieux; il attendait la consolation
d’Israël, et l’Esprit Saint était sur lui. Et il avait été
averti par l’Esprit, l’[Esprit] Saint, qu’il ne verrait
pas la mort avant d’avoir vu le Christ du Seigneur.
^ E t il vint, par l’Esprit, dans le Temple, et comme
les parents amenaient l’enfant Jésus pour faire à
son égard selon la coutume imposée par la Loi,
^ lui le reçut dans ses bras, bénit Dieu et dit:

Le cantique d'action de grâce de Syméon:


le « Nunc dimittis »
29
« Maintenant, ô M ^tre,

tu peux congédier ton esclave,


selon ta parole, en paix;
^ car mes yeux ont vu ton salut,
que tu as préparé à la face de tous les peuples,
lumière qui se révélera aux nations
et ^oire de ton peuple Israël. »

2() « le Christ du Seigneur », expression empruntée à l ’A.T., oh elle s’applique


au roi oint par Yahvé U Sam 4, / , IP, 26, 9, 11, 16, 23, etc.). Le Christ du Sei­
gneur est celui que le Seigneur a oint, c’est-à-dire consacré d ’une manière toute
spéciale pour la mission de salut qui lui a été confiée. « Oint » se dit en hébreu
Mttchitth, d’où notre mot « Messie ».
28 « le reçut », ou « le prit ».
29 Â la différence du Magnificat et du Eenedictus, ce cantique ne semble pas
avoir été emprunté par Luc à quelque recueil préexistant. Il l ’aura composé lui-
même, en même temps que le récit en prose qui l’enchâsse.
30-32 Cf Is 42, 6; 46, 13; 49, 6; 52, 10, — « qui se révélera aux », ou « pour
éclairer les ».

LUC 64
11 — L’annonce aux bergers. Les anges chantent : «Gloire à Dieu
au plus haut des cieux et sur terre paix aux hommes, qui ont sa
faveur ! » (2, 14). Comme Luc, l’artiste a peint en regard la vie
de Jésus et celle de Jean-Baptiste.
Livre d’Heures. Manuscrit du X V ” siècle. Bibliothèque Mazarine,
«“ 969.
»^
î

A
S S P '

13 —• Présentation de Jésus au Temple (2, 22-38). Joseph, au


12 — L’adoration des bergers. premier plan à gauche, porte les deux tourterelles (2, 24), dans une
Peinture de Georges de la Tour, X V IP siècle. Musée du Louvre. cage de fer. Les cierges allumés sont un enrichissement liturgique
du thème iconographique, la « Chandeleur ».
Volet de rétable. Peinture de Jan Van Conixloo, X V P siècle. Musée
de Rouen.
14 — « Jésus, rempli d’Esprit Saint, s’en retourna du Jourdain, et il
était mené par l’Esprit à travers le désert...» (4, 1). L’Esprit
conduit Jésus en le précédant sous la forme d’une colomlse blanche.
« Pèlerinage de Jésus Christ » de Guillaume de Digulleville. Manus­
crit du XTV‘ siècle. Bibliothèque Sainte-Geneviève, n° 1130.
La prophétie de Syméon

Et son père et sa mère étaient dans Tétonne-


ment de ce qui se disait de lui. ^‘‘Et Syméon les
bénit et dit à Marie, sa mère: « Vois; cet enfant est
là pour la chute et le relèvement de beaucoup en
Israël, et pour être un signe en butte à la contra­
diction — et toi-même, une épée te transpercera
l’âme! — afin que de bien des cœurs soient révélés
les raisonnements.

La prophétesse Anne

^®Et il y avait xme prophétesse, Anne, fille de


Phanouel, de la tribu d’Aser. Elle était fort avancée
en âge. Après avoir, depuis sa virginité, vécu sept
ans avec son mari, ^^elle était restée veuve, et
âgée de quatre-vingt-quatre ans, elle ne quittait
pas le Temple, servant [Dieu] nuit et jour par des
jeûnes et des prières. Et, survenant à cette heure
même, elle louait Dieu et parlait de l’enfant à tous
ceux qui attendaient le rachat de Jérusalem.

33 « une épée te transpetcera », pour la métaphore, c£ peut-être, Ez 5, 17; 14,


17. — « les raisonnements », ou « pensées intimes », cf 5, 22; 6, S; 9, 46, 47:
24, 38.
36 « prophétesse », personne pieuse, édifiante, vivant dans le ctmmetce de Dieu,
bonne conseillère, exhortant au bien et peut-être dans certaines circonstances
prédisant l ’avenir.
38 « qui attendaient le rachat », c’est-à-dire qui ne se résignaient pas à la déca­
dence et aux humiliations du peuple juif, et qui s’efforçaient, par une vie de
prière et de sacrifice, de hâter le jour de l’intervention divine.

65 LUC
Jésus ttavaillant avec Joseph.
Vie des saints. Lyon, 1514.

La vie cachée de Jésus à Nazareth

^®Et, quand ils eurent achevé tout ce qui était


Le 1,2 6
Mt 2 ,2 3 conforme à la Loi du Seigneur, ils retournèrent en
Galilée dans leur vdle, Nazareth. Or l’enfant
Le 2 ,3 2
croissait et se fortifiait, se remplissant de sagesse.
Et la grâce de Dieu était sur lui.

Jésus perdu et retrouvé parmi les docteurs

Ses parents se rendaient chaque année à Jéru­


salem pour la fête de la Pâque. '^^Et lorsqu’il eut
douze ans, ils y montèrent, selon la coutume de la
39 On notera l ’insistance du récit sur la fidélité à l ’observation de la Loi, w 21,
22, 27, 41.
40 « croissait, se fortifiait... », sorte de refrain, cf v 52\ 1, SO. — « de sagesse »,
sur la « sagesse » de Jésus, cf v 32\ Mt 13, 54 = Mc é, 2.
41 « chaque année... », cf Ex 23, 14\ Deut 16, 16. L’obEgation ne concernait pas
l ’enfant.

LUC 66
fête, '’^et ime fois les jours accomplis, comme ils
s’en retournaient, l’enfant Jésus resta à Jérusalem à
l’insu de ses parents. Croyant qu’il était dans la
caravane, ils firent xme journée de chemin, et üs le
recherchaient parmi leurs parents et connaissances.
E t ne le trouvant pas, ils s’en retournèrent, tou­
jours à sa recherche, à Jérusalem.
'“ Or, au bout de trois jours, ils le trouvèrent
dans le Temple, assis au milieu des docteurs, les
écoutant et les interrogeant; '’^et tous ceux qui
l’entendaient étaient stupéfaits de son intelligence
et de ses réponses. ^ E t, en le voyant, ils furent
frappés d’étonnement, et sa mère lui dit: « Mon
enfant, pourquoi nous as-tu fait cela? Vois! ton père
et moi, nous te cherchons, tourmentés. » ^ E t il leur
dit: « Pourquoi donc me cherchiez-vous? Ne saviez-
vous pas que je dois être aux affaires de mon
Père? » E t eux ne comprirent pas la parole qu’il
leur avait dite.

Encore la vie cachée de Jésus à Nazareth

E t il descendit avec eux et vint à Nazareth; et


il leur était soumis. E t sa mère gardait fidèlement
2,40
toutes ces choses en son cœur. E t Jésus avançait ^
en sagesse, en taille et en grâce, devant Dieu et
les hommes.
45 « et une fois les jours accomplis », Ut: « et ayant accompU les jours. »
44 On revenait par petits groupes de gens des mêmes parages; U était donc
facile de passer inapetsu.
46 « dans le Temple », soit sous les portiques, soit dans les parvis, soit dans une
des pièces donnant sur les parvis. Les docteurs y enseignaient (Mt 26, SS\
Mc 12, 55; Le 2 0 ,1 ; Jn 7 , 14, 28; 8, 20; 18, 20).
48 « frappés d’étonnement » (4, 52; 9, 45; Ac 13,12), ou « saisis d’émotion ».

67 LUC
r** •

Jean-Baptiste conduit le peuple à Jésus.


Bible italienne. Venise, 1558.
II. PRÉPARATION DU MINISTÈRE
DE JÉSUS
(3,1 — 4,13)

Mission, ministère et emprisonnement du


précurseur Jean-Baptiste

^ L’an quinze du principat de Tibère César, Ponce


Pilate étant gouverneur de Judée, et Hérode tétrar-
que de Galilée, Philippe, son frère, tétrarque du
pays d’Iturée et de Trachonitide, et Lysanias tétrar­
que d’Abilène, ^ sous le pontificat d’Anne et
Caïphe, la parole de Dieu advint à Jean, le füs de
Mt 3, 1 -3
Zacharie, dans le désert. ^E t il vint dans toute la
1 « L’an quinze », août 28>29 ap. J.-C., ou en tenant compte de Tusage syrien,
oct 27*28. ^ «Tibère César», successeur d’Auguste depuis 14 ap. J.-C.; donc
d’août 28 à août 29. — «gouverneur», procurateur de Judée, et d’Idumée et de
Samatie, de 26 à 36 ap J.-C. — « Hérode-Antipas », fils d’Héiode le Grand et de
Maltakhé, tétrarque de Galiléeet de Pétée de 4 av. J.-C. à 39 ap. J.*C. —
« Philippe », fils d ’E^tode le Grand et de Cléopâtre, tétrarque de 4 av. J.-C. à 34
ap. J.-C. Sa létrardiie comprenait, outre l ’Iturée et le Tradionitide, la Satanée,
l’Auranitide, la Gaulanitîde et la régicm de Panias, tous pays situés à l ’est du
Jourdain, depuis l ’Antiliban jusqu’à la Pérée. — «Lysanias», connu par deux
inscriptions, après avoir été longtemps regardé comme ime bévue de Lcj
r « Abilène » était située dans l ’Antiliban.
2 Le grand prêtre en fonctions était Joseph, dit Caïphe, qui ae rç a le pontifi­
cat de 18 à 36 ap. J.-C. Anne, son beau-père, qui avait été grand prêtre de 6 à
15, lui est adjoint et même figure en premier (Ac 4, 6; Jn 18, 13, 24) comme
jouissant d’im t d prestige qu’il était le grand prêtre de fait. « la parole
advint», pour cette expression, fréquente dans l ’A.T., cf J r 1, 2-4, 11, 13, etc.;
Os 1, 1; Jo 1, 1; etc» « dans le désert », r ^ io n désdiée à l’est de la l i ^ e de
faite Jérusalem-Hébron.

69 LUC
3 contrée du Jourdain, proclamant un baptême de
1, 2 - 4
repentir pour la rémission des péchés, '‘ comme il
est écrit au Livre des paroles d’Isaïe, le prophète:
Voix de celui qui clame dans le désert:
Préparez le chemin du Seigneur,
rendez droits ses sentiers;
®tout ravin sera comblé
et toute montagne ou colline abaissée;
les passages tortueux deviendront droits
et les chemins raboteux deviendront lisses.
^ Et toute chair verra le salut de Dieu.
Mt 3, 7-10
^ Il disait donc aux foules qui s’en venaient pour
être baptisées par lui: « Engeance de vipères, qui
vous a montré à fuir la Colère prochaine? ®Faites
donc des fruits dignes du repentir, et ne commen­
cez pas à dire en vous-mêmes: Nous avons pour
père Abraham. Car je vous dis que Dieu peut, des
pierres que voici, faire surgir des enfants à Abra­
ham. ®Déja même la cognée se trouve posée à la
racine des arbres: tout arbre donc qui ne fait pas
de bon fruit va être coupé et jeté au feu. »
Et les foules l’interrogeaient en disant: « Que
nous faut-il donc faire? » ‘‘ Répondant, il leur disait:
« Que celui qui a deux tuniques partage avec celui

3 « toute la conttée du joutdain », U s’agit ici du bas Jourdain, dans la région


de Jéricho. Mais le cours moyen du fleuve n’est pas exclu (Jn 3, 23). —
« baptême de repentir », pour le consacrer et le favoriser. Le terme grec ainsi
traduit signifie & ectement « changement, transformation d’esprit ». On ne saurait
exclure « repentance », mais « conversion » introduit une image différente.
4 La citation d’Isaïe (40, 3-3), plus complète que dans les passages parallèles
de Mt et de Mc, insiste davantage sur le travail de « préparation », et elle se
termine par une perspective universaliste: « toute chair verra le salut de IJleu. »
7-9 Cf M t 3, 7-10, et voir les notes. Légères variantes: « s’en venaient » (lit:
« sortaient ») pour « venaient »; « ne commencez pas » pour « ne vous avisez
pas »; « déjà meme » pour « déjà ».

LUC 70
qui n’en a pas, et que celui qui a de quoi manger
fasse de même. » “ Vinrent aussi des publicains
pour être baptisés, et ils lui dirent: « Maître, que
nous faut-il faire? » Il leur dit; « N’exigez rien de
plus que ce qui vous est prescrit, » Des soldats
aussi l’interrogeaient, en disant: « Et nous, que nous
faut-il faire? » E t il leur dit: « Ne molestez personne,
n’extorquez rien et contentez-vous de votre solde. »
Jn 1,20
Comme le peuple était dans l’attente et que
tous se demandaient dans leurs coeurs, au sujet de
Mt 3 .11
Jean, s’Ü n ’était pas le Christ, Jean prit la parole
Mc 1, 7 - 8
et leur dit à tous: « Pour moi, je vous baptise avec
Jn 1, lS-27
de l’eau, mais il vient, celui qui est plus fort que 30-31
moi, et je ne mérite pas de délier la courroie de
ses chaussures; lui vous baptisera dans l’Esprit Saint
Mt i.l2
et le feu. Il a la pelle à vanner dans sa main pour
nettoyer son aire et ramasser le blé dans son gre­
nier; quant aux baies, il les consumera dans un feu
qui ne s’éteint pas, » E t par beaucoup d’autres
exhortations ü évangélisait le peuple.
Cependant Hérode le tétrarque, repris par lui
au sujet d’Hérodiade, la femme de son frère, et
pour tous les méfaits qu’il avait commis, ^ajouta
encore celui-ci à tous les autres: il fit enfermer Jean ^
en prison.

10>14 Fxopre à Le, lequel insiste sur l ’éMtnent positif et humain du message de
Jean-Baptiste. Aucune profession n ’exclut du salut, mais il faut pratiquer la
justice et la charité à l ’égard du prodiain. « n ’extorquez rien », ou « ne dénon>
cez pas faussement ».
16-17 C f M t 3 ,l M 2 , et les notes.
18 Pas de parallèle. — « évangélisait », c’est-à-dire « annonçait la Bonne Nou­
velle », terme cher à Luc (10 fois dans l ’Evangile, 15 fois dans les Actes).
19 « Hérodiade... », cf M t 14, 3 sv et les notes. Luc en finit avec Jean-Baptiste
(brève apparition 9, 7-9).

71 LUC
Baptême de Jésus

3 Or donc, comme tout le peuple était baptisé,


i;” 1i et que Jésus, baptisé lui aussi, était en prière, le
ciel s’ouvrit, “ et l’Esprit, 1’[Esprit] Saint, descendit
sur lui sous un aspect corporel, comme une co­
lombe. Et une voix advint du ciel; « C’est toi, mon
Fils, le Bien-aimé, tu as toute ma faveur. »

Mt 1, 1-17 Généalogie de Jésus, fils de Joseph, fils de Dieu

^^Et Jésus, lors de ses débuts, avait environ


trente ans, et il était, à ce qu’on croyait, fils de
Joseph, fils d’Héli, fils de Matthat, fds de Lévi, fils
de Melchi, fÜs de Jannaï, fils de Joseph, ^ fÜs de
Mattathias, füs d’Amos, fils de Naoum, fils d’Esli, fils
de Naggaï, “ fils de Maath, fils de Mattathias, fils
de Séméïn, fils de Josech, fils de Jôda, ^^fils de
Joanan, fils de Résa, fils de Zorobabel, fils de Sala-
thiel,
fils de Néri, ^ füs de Melchi, füs d’Addi, fÜs de
Kôsam, füs d’Elmadam, fÜs d’Er, ^ fÜs de Jésus, fils
d’Eliézer, füs de Jôrim, fils de Maththat, füs de Lévi,
füs de Syméon, füs de Juda, füs de Joseph, fÜs
de Jonam, fÜs d’Eliakim, füs de M âéa, fÜs de
21-22 Cf Mt 3, 13-17 = Mc 1, 9-11, et les notes.
21 « était en prière », sut la prière dans Le, cf l ’Introduction. — « le d e l
s’ouvrit »; Mt 3, 16: « voici que s’ouvrirent les deux »; Mc 1, 10: e il vit se
déchirer les deux, »
22 « C’est toi », comme dans Mc, à la différence de Mt, la voix du d e l
s’adresse è Jésus. — « sous un aspect corporel », noter l’insistance de l ’évangéliste
sur la matérialité du fait. — « tu as toute ma faveur », autre leçon: « moi,
aujourd’hui, je t’ai engendré » (Ps 2, 7).
23 « lors de ses débuts », lit: « quand il commença (son ministère). »

LUC 72
Menna, fils de Mattatha, füs de Natham, fils de 3
David,
fils de Jessé, fils de Jobed, fils de Booz, fils de
Sala, fils de Naasson, fils d’Aminadab, fils d’Ad-
min, fils d’Arni, fils de Hesrom, fils de Pharès, fils de
Juda, fils de Jacob, fils d’Isaac, fils d’Abraham,
fils de Thara, fils de Nachor, fils de Sérouch,
fils de Ragau, füs de Phalec, füs d’Eber, fÜs de Sala,
fils de Kaïnam, füs d’Arphaxad, füs de Sera, füs
de Noé, füs de Lamech, fils de Mathousala, fÜs
de Hénoch, fÜs de Jaret, fils de Maléléel, fils de
Kaïnam, fils d’Enos, füs de Seth, fÜs d’Adam, fils
de Dieu.

Tentation de Jésus au désert

^ Jésus, rempli d’Esprit Saint, s’en retourna du 4


Jourdain, et ü était mené par l’Esprit à travers le m‘ i, uM
désert, ^ pendant quarante jours tenté par le
diable. E t il ne mangea rien en ces jours-là et.

34 Abraham n’est pas, comme dans Mt, le point de départ de la généalogie. l i


n ’est qu’un maillon de la chaîne gni, par Adam, relie Jésus à Dieu.
38 Cette généalogie diffère de celle de Mt 1, 1-17 par les traits suivants: 1“ elle
remonte ju ^ u ’à Adam, chef de toute l ’humanité, ce qui est conforme au point
de vue universaliste de Le: Jésus est pltis que le descendant d’Abraham et le
Messie do peuple juif, il est le second Adam qui sauve l ’humanité entière; 2° elle
énumère simplement les ascendants de Jésus par Joseph (77 au lieu de 42 de
M t), sans les distribuer en groupes d’égale importance; 3° de David à Joseph,
elle n ’a que deux noms qui lui sont communs avec la liste de Mt,
Cette divergence constitue un problème dont voici, simplement indiquées, les
deux solutions classiques: a) M t donne l ’ascendance dynastique et i c l ’ascen­
dance naturelle; b) M t donne l ’ascendance naturelle et Le l ’ascendance légale (loi
du lévirat: Mt 22, 24 et par).
1-13 Cf le té d t parallèle de M t 4, 1-11, et voir les notes. Légères divergences,
dont la plus importante consiste dans l ’ordre des tentations: la deuxième de Mt
est la troisième de Le, qui l ’a peut-être envisagée comme le dimax de l'Lpreuve.
Au V 13 Le, qui aime lier les diverses parties de son œuvre, ouvre une perspec­
tive sur la deuxième grande intervention du diable dans la carrière de Jésus,
cf 22, 3; Jn 13, 2, et aussi 6, 70 sv; 14, 30.

73 LUC
quand ils furent finis, il eut faim. ^ Le diable lui dit:
« Si tu es FÜs de Dieu, dis à cette pierre qu’elle
devienne du pain. » * E t Jésus lui répondit: « Il est
écrit que ce n’est pas de pain seul que vivra
l’homme. »
®Et, l’emmenant plus haut, il lui montra en un
Jn 12,31
14,30 instant tous les royaumes du monde, ®et le diable
16,11
lui dit: « Je te donnerai, à toi, tout ce pouvoir, et la
gloire de ces [royaumes], parce qu’elle m’a été
livrée, et je la donne à qui je veux. ^ Toi donc, si tu
te prosternes devant moi, elle sera toute à toi. »
*Et, répondant, Jésus lui dit: « Il est écrit: Tu ado­
reras le Seigneur ton Dieu, et à lui seul tu rendras
un culte. »
®Il le mena à Jérusalem et le plaça sur le pinacle
du Temple, et il lui dit: « Si tu es Fils de Dieu, jette-
toi d’ici en bas, “ car il est écrit:
A ses anges il donnera des ordres pour toi,
afin qu’ils te gardent.
“ Et:
Sur leurs mains Us te porteront,
de peur que tu ne heurtes du pied quelque
pierre.
“ Et, répondant, Jésus lui dit: « Il est dit: Tu ne
tenteras pas le Seigneur ton Dieu. »
Le 22, 3
“ Et ayant épuisé toute tentation, le diable
s’écarta de lui jusqu’au moment favorable.

LUC 74
III. MINISTÈRE DE JÉSUS EN GALILÉE
{4,14 — 9, ^0)

Jésus inaugure sa prédication

E t Jésus retourna en Galilée avec la puissance 4


de l’Esprit, et sa renommée se répandit par toute la ifc t’,m l
contrée à son sujet, ^®Et il enseignait dans leurs
synagogues, glorifié par tous.

Jésus à Nazareth
M t 13,53-58
Il vint à Nazara, où il avait été élevé, entra,
Mc 6, 1 - 6
selon sa coutume le jour du sabbat, dans la synago­
gue et se leva pour faire la lecture, On lui remit
le livre du prophète Isaïe, et déroulant le livre, il
trouva le passage où était écrit:
14-15 Le texte parallèle de M t est plus dévelc^pé. Voir les notes. Sur la propa­
gation de la' renommée de Jésus et les diverses e:qpressions gui la mentionnent,
c£ V 37; 5, V ; 7 ,1 7 ; M t 9, 76.
16-30 Récit vivant et pittoresque, qui commence par l ’i ^ ll e et s’adhève en
drame. Deux âéments, qui relatent deixr visites, la premiète en début de carrière
( w l6-22a), la seconde en cours de ministère ( w 22b-30), celie que relatent
Mt 13, 54-5S et Mc 6, 1-6. On passe sans transition (en milieu de verset) de l ’une
à l’autre.
16 «N azara», ou «N azareth». — «élevé», lit; « n o u rri» , pour désigner la
prime enfance. Sur Nazareth « patrie » (v 13) de Jésus, c£ 1, 26; 2, 4, 39; M t 2,
23; Jn 1, 46. — « selon sa coutume » (cf pour Paul, Àc 17, 2), tout membre de
la communauté pouvait, avec l ’assentiment du chef de syuagogue, faire la lecture
et même en donner un commentaire.
17 «déroulant» (v 20 «coulant»), les livres étaient des «rouleaux». Autre

75 LUC
UEsprit du Seigneur est sur moi,
parce qu'il m’a oint.
Il m’a envoyé évangéliser les pauvres,
proclamer aux captifs la liberté
et aux aveugles le retour à la vue,
renvoyer en liberté les opprimés,
proclamer une année que le Seigneur agrée.
^“Et, roulant le livre, il le remit au servant et
s’assit. E t les yeux de tous, dans la synagogue,
étaient fixés sur lui. Il se mit à leur dire: « Aujour­
d’hui s’accomplit à vos oreilles cette Ecriture. » “ Et
tous lui rendaient témoignage et étaient en admi­
ration devant les paroles [pleines] de grâce qui
sortaient de sa bouche.
Et üs disaient: « N’est-ce pas là le fils de
Joseph? » ^ Et il leur dit: « A coup sûr, vous allez
me dire ce dicton: Médecin, guéris-toi toi-même.
Tout ce qu’on nous a dit être arrivé à Capharnaüm,
fais-le de même ici dans ta patrie. » ^ E t il dit: « En
vérité, je vous dis qu’aucun prophète n ’est agréé
dans sa patrie.

leçon, facilitante pour les lecteuis non juifs: « ouvrant ». — « trouva », soit qu’il
l ’ait cherché, soit qu’il soit « tombé dessus ». — « le passage », cf Is 61, 1 sv;
58, 6.
19 « année que le Seigneur agrée », l’année jubilaire, cf Lev 25, 10-15, surtout
v 10; «Vous sanctifierez la cinquantième année, et vous proclamerez la libération
dans le pays pour tous ses habitants. Ce sera pour vous un jubilé; chacun de
vous retournera (hms sa propriété, chacun retournera dans son clan. »
21 « s’accomplit à vos otâlles », c’est-à-dire « Aujourd’hui vous êtes témoins que
cette Ecrituie est accomplie. » — « cette Ecrituie », c’est-à-dire ce passage de
l ’Ecriture, cf Mc 12,10; Ac 8, 55; et encore Jn 19, 57.
22 «grâce» (ou peut-être « d u û m e» ). Le est le seul des Synoptiques à employer
ce terme, 8 fois Ev, 17 fois Ac. Jn l ’emploie 3 fois, mais en un sens plus
profond. — « le fils de Joseph », cf M t 13, 55 « le fils du charpentier », Mc 6, 5
« le charpentier ».
24 « n’est agréé », pour le tenne, cf v 19; Ac 10, 55; Ehi 4, 18. On trouve aussi,
dans un contexte sônblable «mésestimé», cf M t 13, 57; Mc 6, 4; et « n e jouit
d ’aucune estime », Jn 4 , 44.

LUC 76
^ « En toute vérité je vous le dis: il y avait beau- 4
coup de veuves en Israël aux jours d’Elie, lorsque
le ciel fut fermé pour trois ans et six mois, quand Ü
survint une grande famine sur toute la terre; et ce
n ’est à aucxme d’elles que fut envoyé Elle, mais
bien à une veuve de Sarepta, au pays de Sidon.
^^Et Ü y avait beaucoup de lépreux en Israël au
temps d’Elisée, le prophète; et aucun d’eux ne fut
purifié, mais bien Naaman, le Syrien. »
Et tous furent remplis de fureur dans la
synagogue, en entendant cela. ^®Et, se levant, ils
le chassèrent hors de la viUe et le menèrent jusqu’à
un escarpement de la montagne sur laquelle leur
ville était bâtie, de manière à l’en précipiter.
Mais lui, passant au milieu d’eux, allait son che­
min...

Enseignement à la synagogue de Capharnaüm et


guérison d’un démoniaque

E t ü descendit à Capharnaüm, vüle de Galilée,


et il les enseignait le jour du sabbat. ^^Et on était
frappé de son enseignement, parce que sa parole
était avec pouvoir.
E t dans la synagogue il y avait un homme avec
l’esprit d’un démon impur, et Ü s’écria d’une voix

26 Cf 1RS 1 7 ,?.
27 e t 2 -Rs 5 ,1 0 ,1 4 .
29 « escaipement », localisation impossible.
30 Cf Jn .8 ,5 ? i 10. 39 (?).
31-32 Voit parallèles, et les notes. — « sa paiole était avec pouvoir », cf M t par
« il les enseignait comme ayant pouvoir ».

77 LUC
forte: ^ « Ah! que nous veux-tu, Jésus le Nazaré-
nien? Es-tu venu pour nous perdre? Je sais qui tu
es: le Saint de Dieu. » E t Jésus le menaça, en
disant: « Silence! et sors de lui. » Et, le précipitant
au milieu, le démon sortit de lui sans lui faire aucun
mal. ^^Et l’effroi les saisit tous, et ils se disaient
entre eux: « Quelle parole! Il commande avec
pouvoir et puissance aux esprits impurs, et ils
Mt 4,23
sortent! » Et il se propageait du bruit à son sujet
en tout Heu de la contrée.

Jésus enseignant
dans la synagogue.
Vie de Jésus,
XV‘ siècle.

33-37 Voir le lé d t patallèle de Mc. et les notes. Pour le v 37, voir v 14, et la
note.
38-39 Voir les récits parallèles de M t et de Mc, et les notes.
40-41 Voir les récits parallèles de M t et de Mc, et les notes.
42-44 Voir le récit parallèle de Mc, et les notes.

LUC 78
Guérison de la belle-mère de Simon

Parti de la synagogue, il entra dans la maison 4


de Simon. La belle-mère de Simon était en proie à ^
m e forte fièvre, et ils le prièrent pour elle. Et, se
penchant sur elle, il menaça la fièvre, et elle la
quitta; et se levant à l’instant même, elle les servait.

Guérisons collectives du soir

^°Au coucher du soleil, tous ceux qui avaient


des gens atteints de maladies diverses les lui ame- ^>^2-34
nèrent, et lui, posant les mains sur chacun d’eux,
les guérissait. '*^De beaucoup aussi sortaient des
démons, qui vociféraient et disaient: « C’est toi, qui
es le Fils de Dieu! » E t, les menaçant, il ne les lais­
sait pas parler, parce qu’ils savaient qu’ü était le
Christ.

]ésus quitte secrètement Capharnaüm et parcourt ^


la Galilée

Le jour venu, il sortit et se tendit dans un lieu


désert. E t les foules le recherchaient, et eËes vinrent
jusqu’à lui, et elles voulaient le retenir, pour qu’il
ne s’en aille pas loin d’elles. '*^Mais il leur dit:
« Aux autres vüles aussi il me faut annoncer la
Bonne nouvelle du royaume de Dieu; car c’est pour
Mt 4,2?
cela que j’ai été envoyé. » ^ E t il p ro d ^ a it dans
les synagogues de Judée.

79 LUC
Bible latine. Lyon, 1523.

Appel des quatre premiers disciples et destin de


Simon-Fierre

5 ^ Or donc, comme la foule le serrait de près et


écoutait la parole de Dieu, tandis que lui se tenait
sur le bord du lac de Guennésaretb, ^il vit deux
barques arrêtées sur le bord du lac; les pêcheurs

1-11 Kécit original, sans parallHe dans les deux autres Synoptiques, sauf aux
versets 10 et 11. Quelques rapprochements avec Jn 21, 6 sv, 12.
3 <( s’étant assis... », c£ M t 13,1 sv; Mc 4, I sv.

Lire 80
en étaient descendus et lavaient les fÜets. ^ Etant 5
monté dans un des bateaux qui était à Simon, il
pria celui-ci d’avancer à qudque distance de la
terre; et s’étant assis, du bateau il enseignait les
foules.
Quand il eut cessé de parler, il dit à Simon:
« Avance en eau profonde, et lâchez vos filets pour
la pêdie. » ®Et, répondant, Simon dit: « Chef, nous
avons peiné toute une nuit sans rien prendre; mais
sur ta parole je vais lâcher les füets. » ®Et, l’ayant
fait, ils capturèrent une multitude nombreuse de
poissons; leurs filets se déchiraient. ’ E t ils firent
signe à leurs associés qui étaient dans l’autre
bateau de leur venir en aide. E t ils vinrent,’ et on
remplit les deux bateaux, au point qu’Üs s’enfon­
çaient.
®A cette vue, Simon-Pierre tomba aux genoux
de Jésus, en disant: « Sors d’auprès de moi.
Seigneur, parce que je suis xm homme pécheur! »
^ Car l’effroi l’avait envahi, lui et tous ceux qui
étaient avec lui, à cause de cette pêche de
poissons qu’ils avaient faite; ^“pareillement, Jac­
ques et Jean, fils de Zébédée, qui étaient les com­ M t 4,19,22

pagnons de Simon. Et Jésus dit à Simon: « Sois sans Mc 1 , 17.20

crainte; désormais ce sont des hommes que tu pren­


dras. » Et, ayant ramené les bateaux à terre,
laissant tout, ils le suivirent.

8 « Je suis un homme pécheur », c£ 18, V (le publicain).


10 « ce sont des hommes que tu prendras », rf Mc 1, 17: « je vous ferai devenir
pêcheurs d’hommes »; Mt 4, 19.
11 « laissant tout », sur ce renoncement total, cher à Le, c£ v 28; 11, 41; 12, 33-,
18, 22; et surtout 14, 33.

81 LUC
Guérison à’un lépreux

5 “ Or, comme il était dans une des villes, void un


M t 8,
Mc 1, homme plein de lèpre. A la vue de Jésus, il tomba
sur la face et le pria, en disant: « Seigneur, si tu le
veux, tu peux me purifier. » E t, étendant la main,
il le toucha, en disant: « Je le veux, sois purifié. » Et
aussitôt la lèpre le quitta. ” E t il lui prescrivit de ne
le dire à personne. « Mais va-t’en te montrer au
prêtre, et présente pour ta purification selon ce
qu’a prescrit Moïse, en témoignage pour eux. »
Sa réputation s’étendait de plus en plus, et des
foules nombreuses se réunissaient pour l’entendre
et se faire guérir de leurs infirmités. “ Mais lui se
tenait retiré dans les endroits déserts et priait.

Guérison d’un paralysé et discussion sur le pouvoir


de remettre les péchés

Mt 9, 1- 8 17 certain jour qu’il enseignait, il y avait, assis,


Mc 2, 1-12 jgg Pharisiens et des docteurs de la Loi qui étaient
venus de tous les villages de la Galilée, et de
Judée, et de Jérusalem; et la puissance du Seigneur
lui faisait opérer des guérisons. E t voici des gens
amenant sur un lit un homme qui était paralysé, et

12-14 Voir les parallèles, et les notes. Quelques menues divergences.


15 « Sa r o t a t i o n s’étendait de plus en plus », c£ 4 ,1 4 , et la note.
16 a Mc 1,45.
17-26 Voir les parallèles, et les notes. Quelques menues divergences.
17 Noter l ’insistance de l ’évangéliste sur l ’afflux des foules. Œ Mc 3, 7-12,
beaucoup plus pittoresque. ~ <cla puissance du Seigneur », c’est-à-dire de Dieu
thaumaturge, pour l ’ei^ression, cf Ac 2, 22; 10, 38; et aussi 6, 19; 8, 46.

LUC 82
ils cherchaient à l’introduire et à le placer devant 5
lui. ^®Et ne trouvant point par où l’introduire, à
cause de la foule, ils montèrent sur la terrasse et, à
travers les tuiles, ils le descendirent avec sa civière,
au milieu, devant Jésus. ^ Et, voyant leur foi, il dit:
« Homme, tes péchés te sont remis. »
E t les scribes et les Pharisiens se mirent à rai­
sonner, en disant: « Qui est-il, celui-là, qui dit des
blasphèmes? Qui peut remettre les péchés, si ce n ’est
Dieu lui seul? » ^ Comprenant leurs raisonnements,
Jésus prit la parole et leur dit: « De quoi raisonnez-
vous dans vos cœurs? ^ Quel est le plus facile, de
dire: Tes péchés te sont remis, ou de dire: Lève-toi
et marche? ^‘‘Eh bien! pour que vous sachiez que
le Fils de l’homme a pouvoir sur la terre de
remettre les péchés, je te le dis, dit-il au paralysé,
lève-toi et, prenant ta civière, pars chez toi. » ^ Et
à l’instant même, se levant devant eux, prenant
ce sur quoi il était étendu, Ü s’en alla chez lui en
glorifiant Dieu. ^®La stupeur les prit tous, et ils
glorifiaient Dieu. E t ils furent remplis de crainte et
ils disaient: « Nous avons vu d’étranges choses au­
jourd’hui! »

Appel de Lêvi et discussion sur la fréquentation


des puhlicains et des pécheurs

E t après cela il sortit, remarqua un pubHcain du


nom de Lévi, assis au bureau du péage, et il lui dit:

27*32 Voir les parallèles et les notes.

83 LU C
5 « Suis-moi. » ^ Et, quittant tout, se levant, il le
suivait.
^**Et Lévi lui fit une grande réception dans sa
maison. Et ü y avait une foule nombreuse de publi-
cains et d’autres gens qui se trouvaient à table
avec eux. ^ E t les Pharisiens et leurs scribes mur­
muraient contre ses disciples, en disant: « Pour­
quoi mangez-vous et buvez-vous avec les publi-
cains et les pécheurs? » ^^Et, prenant la parole,
Jésus leur dit: « Ce ne sont pas ceux qui sont en
bonne santé qui ont besoin de médecin, mais ceux
qui vont mal; ^^je ne suis pas venu appeler des
justes, mais des pécheurs, au repentir! »

Discussion sur le jeûne

Mt 9,14-17 33 jjg dirent: « Les disciples de Jean jeûnent


Mc 2 . 1S-22 fréquemment et font des prières, pareillement
aussi ceux des Pharisiens, et les tiens mangent et
boivent! » Jésus leur dit: « Est-ce que vous
pouvez faire jeûner les compagnons de l’époux
pendant que l’époux est avec eux? Mais
viendront des jours... et lorsque l’époux leur sera
enlevé, alors ils jeûneront, en ces jours-là. »
Il leur disait encore une parabole: « Personne
ne déchire une pièce d’mx manteau neuf pour

28 « quittant tout », c£ 5, 11, et la note.


31 « ceux qui vont mal », pour le terme qui désigne toute déficience physique,
c£ Mt 4. 24; 8, Ifij 9. 32 par; 14, 33î Mc 1, 32; 2, 37 par; 6, 33.
32 « au repentir », absent des parallèles.
33-33 Voit les parallèles, et les notes. — « ceux des Pharisiens », étrange dans la
bouche de Pharisiens.
36 Cf les parallèles (Mt 9, 36; Mc 2, 23, et les notes).

LUC 84
rapiécer un vieux manteau; sinon, certes, et on 5
déchirera le neuf, et la pièce prise au neuf ne
s’accordera pas au vieux.
« Et persoime ne met du vin nouveau dans de
vieilles outres; sinon, certes, le vin nouveau crè­
vera les outres, et il se répandra et les outres
seront perdues. Mais du vin nouveau, c’est dans
des outres neuves qu’il le faut mettre. ^®Et per­
sonne, après avoir bu du [vin] vieux, ne veut du
nouveau. On dit en effet: C’est le vieux qui est
bon. »

La cueillette des épis et l’observation du sabbat

^ Or donc, xm sabbat, comme il passait à travers 6


des moissons, ses disciples arrachaient et man-
geaient les épis, en les froissant de leurs mains.
^ Quelques Pharisiens dirent: « Pourquoi faites-
vous ce qui n’est pas permis un jour de sabbat? »
^ Et, répondant, Jésus leur dit: « N’avez-vous donc
pas lu, ce que fit David, lorsqu’il eut faim, lui et
ceux qui étaient avec lui, ‘‘comment ü entra dans
la demeure de Dieu et, prenant les pains de propo­
sition, en mangea et en donna à ceux qui étaient
avec lui, [ces pains] qu’il n’est permis de manger
qu’aux seuls prêtres? » ^E t il leur disait: « Le Fils
de l’homme est seigneur du sabbat. »

37-39 Voir les parallèles, et les notes. Le v 39 est propre à Le: le vin nouveau 5
de l*£van^le n’est pas du goût de ceux ^ ont bu le vin vieux de la Loi. ^
1*5 Voit les notes sur Mate par. Petites divergences. De plus. Le a en moins: O
« Le sabbat a été fait pour l ’homme, et non l ’homme M ur le sabbatf »
(Mc 2, 27).

85 LU C
La guérison âe Vhomme à la main droite desséchée
et l’observation du sabbat

6 ®Or donc, un autre sabbat, il entra dans la syna-


Mc \ 1 ^6 gogue et il enseignait. Et il y avait là un homme, et
sa main droite était sèche. ’ Les scribes et les Pha­
risiens l’épiaient [pour voir] s’il allait guérir, le
sabbat; c’était pour trouver à l’accuser. ®Mais lui
connaissait leurs raisonnements. Il dit à l’homme
qui avait la main sèche: « Lève-toi et tiens-toi
debout au milieu. » Et, se relevant, il se tint debout.
®Jésus leur dit: « Je vous le demande: est-il permis,
le sabbat, de bien faire ou de mal faire, de sauver
ime vie ou de la perdre? » Et, promenant ses
regards sur eux tous, il lui dit: « Etends ta main. » Il
le fit, et sa main fut rétablie. ^^Mais eux furent
remplis de démence, et ils parlaient entre eux de
ce qu’ils pourraient bien faire à Jésus.

Le choix des Douze

Mt 10, 1- 4 12 Qj, (Jonc, en ces jours-là, il sortit dans la mon-


Mc 3 , 13-19 tagne pour prier, et Ü passait toute la nuit à prier
A c 1 ,1 3
Dieu. E t lorsqu’il fit jour, il appela ses disciples,
et il en choisit douze, ceux-là mêmes qu’il nomma
Apôtres: Simon, celui-là même qu’il nomma
Pierre, et André son frère, et Jacques, et Jean, et

6-11 Voir les notes sur Marc par. Petites divergences. Le mot «dânence» du
V 11 se rencontre encore e t seulement 2 Tm 3, 9. — « ce qu’ils pourraient bien
faire », au lieu de « afin de la &ite périr ».
12-16 Voir les notes sur Marc par. — « p o u r ^ r ie r » , propre à Le, qu^m en-
tionne à mainte reprise la prière de Jésus, 3, 21; , 18, 28 sv| 11, 1; 22, 41,

LU C 86
Philippe, et Barthélemy, “ et Matthieu, et Thomas, 6
et Jacques, [fils] d’Alphée, et Simon appelé Zélote,
“ et Judas, [fils] de Jacques, et Judas Iscarioth, qui
devint im traître.

L’empressement des foules

Et, descendant avec eux, il se tint sur tm pla-


teau. E t [il y avait] une foule nombreuse de ses dis-
ciples et une multitude nombreuse de gens de
toute la Judée, et de Jérusalem, et du littoral de Tyr
et de Sidon, qui étaient venus pour l’entendre et
se faire guérir de leurs maladies. E t ceux qui
étaient tourmentés par des esprits impurs recou­
vraient la santé, et toute la foule cherchait à le
toucher, parce qu’une puissance sortait de lui et les
guérissait tous.
Mt 5. 1 - 2
L’entretien sur le plateau. Les « Béatitudes » 312

Et lui, levant les yeux sur ses disciples, disait:


« Heureux, vous, les pauvres, parce que vôtre est
le royaume de Dieu.

44, 45. — « qui devint un traître »j M t par, « celui-là même qui le livrerait »; Mc
par, « celui-là même qui le livra. »
17-19 Voir les notes sur Marc par. — «une puissance sortait de lui et les gué­
rissait tous », cf 5, I7 i « la puissance du Seigneur lui faisait opérer des guéri­
sons »; 8, 46: « j*al connu qu’une puissance était sortie de moi. »
20 «su r le plateau» (v 17); Mt 5, 1: «dans la montagne». Pas de contradic­
tion, mais présentation différente amenée par le développement du récit. Ce pla­
teau devait être une zone de terrain à peu près plate aux flancs d’une colline. —
Mt a huit béatitudes, Le quatre béatitudes et quatre malédictions. Mt se tient sur
le pian piuement spirituel, les expressions de Le s’appliquent d’abord à l’ordre
matériel. Le langage de Le est moins palestinien et, semble-t-il, moins primitif. —
« vous »; dans Mt, Jésus s’exprime à la troisième personne, comme dans les

87 LUC
Heureux, vous qui avez faim maintenant, parce
que vous serez rassasiés.
Heureux, vous qui pleurez maintenant, parce que
vous rirez.
Heureux serez-vous lorsque les hommes vous
haïront, et lorsqu’ils vous excluront et qu’ils insulte­
ront et rejetteront votre nom comme mauvais, à
cause du FÜs de l’homme. “ Réjouissez-vous ce
jour-là et bondissez, car voici que votre salaire est
grand dans le ciel; c’est de cette manière, en effet,
que leurs pères agissaient avec les prophètes.

Les malédictions

“ « Mais malheur à vous, les riches, parce que


vous avez reçu votre consolation.
“ Malheur à voüs, qui êtes repus maintenant,
parce que vous aurez faim.
Malheur, vous qui riez maintenant, parce que vous
connaîtrez le deuÜ et les larmes.
“ Malheur, lorsque tous les hommes diront du
bien de vous; c’est de cette manière, en effet, que
leurs pères agissaient avec les faux prophètes.

« macatismes » bibliques, dans Le, il apostrophe l’auditoire, réel ( w 20-23), ou


fictif (vv 24-26).
22 « votre nom », celui de Nazôréen, cf Mt 2, 23, et la note.
24 « vous avez reçu (ou: « vous tenez, avez déjà ») votre consolation », alors
qu’il faut l ’attendre, comme Syméon (2, 23).

LUC 88
TJamour des ennemis

^ « Mais je vous le dis, à vous qui m’écoutez: 6


Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous
haïssent, bénissez ceux qui vous maudissent,
priez pour ceux qui vous diffament, K qui te
frappe sur une joue présente encore l’autre, et à qui
te prend ton manteau ne refuse pas non plus la
tunique, quiconque te demande donne, et à
qui te prend. tes affaires ne les redemande pas, Mt 7,12

^^Et comme vous voulez que les hommes fassent


pour vous, faites-le pour eux pareillement, ^^Que
si vous aimez ceux qui vous aiment, quel gré vous
en saura-t-on? Car même les pécheurs aiment ceux
qui les aiment, E t si vous faites du bien à ceux
qui vous font du bien, quel gré vous en saura-t-on?
Les pécheurs aussi font de même, ^ E t si vous prê­
tez à ceux dont vous espérez recevoir, quel gré
vous en saura-t-on? Des pécheurs aussi prêtent à
des pécheurs pour en recevoir autant, Au con­
traire, aimez vos ennemis, et faites du bien et prêtez Mt 5 ,4 2
44-45
sans rien espérer en retour. Et votre salaire sera
grand, et vous serez fils du Très-Haut, parce qu’il
est bon. Lui, pour les ingrats et les méchants.

29 « A qui te frappe sur une joue », Mt 5, 39: « quelqu’un te donne-t-il un coup


sur la joue droite. » — La seconde partie du verset a dans Mt une couleur plus
biblique. D’autre part les situations sont différentes: Mt pense à une action judi­
ciaire, Le à une agression.
31 Cf Mt 7, 22: « tout ce que vous voudriez que les hommes fassent pour vous,
pareillement vous aussi faites-le pour eux; car c’est cela, la Loi et les Prophètes. »
33 « quel gré » (v 33), Mt 5, 46: « quel salaire aurez-vous? » — « pécheurs,
pécheurs » (V'34)i Mt par: « publicains, païens. »
35 « votre salaire» (après « g ré » des vv 32, 33, 34), cf Mt 5, 12, 46; 6, 1, 2, 3,
16.

89 LUC
Compassion et bienfaisance

« Montrez-vous compatissants, comme votre


Père est compatissant. ^^Et ne jugez pas, et vous
ne serez pas jugés; et ne condamnez pas, et vous
ne serez pas condamnés; absolvez, et vous serez
absous.
« Donnez, et on vous donnera; c’est une bonne
Mt 7, 2
mesure, tassée, secouée, débordante, qu’on mettra
Mc 4 ,2 4
dans votre giron. Car c’est de la mesure dont vous
mesurez qu’en retour il vous sera mesuré. »

Conditions du zèle
Mt 15, M
Il leur dit encore une parabole: « Un aveugle
peut-il guider un aveugle? Ne tomberont-ils pas
tous les deux dans un trou!
Mt 10,24-25 '•“ «L e disciple n’est pas au-dessus du maître;
une fois formé, chacun sera comme son maître.
Mt 7, 3 - 5
« Qu’as-tu à regarder la paille qui est dans
l’œil de ton frère? Et la poutre qui est dans ton œil
à toi, tu ne la remarques pas! Comment peux-tu
dire à ton frère: Frère, laisse que je retire la paille
qui est dans ton œil, toi qui ne vois pas la poutre
qui est dans ton œil? Hypocrite! de ton œil retire
d’abord la poutre; et alors tu verras clair pour
retirer la paifie qui est dans l’œil de ton frère.
3â « compatissants », encore et seulement Ja 5, 21. On trouve « compassions »,
Ro 12, Ij 2 Co 1, Phi 2, 1; Col 3, 22; He 10, 28, et « avoir compassion »,
Ro 9, V .
37-38 Voir références marginales, et se reporter aux notes de Mt et de Mc con­
cernant ces passages.
39-42 Voir Mt par, et les notes.

LUC 90
« Il n’y a certes pas de bon arbre qui fasse un
fruit pourri, ni inversement d’arbre pourri qui fasse
un bon fruit; car chaque arbre à son propre fruit
se connaît: on ne récolte pas en effet des figues
sur des épines, on ne vendange pas non plus du
raisin sur un buisson.
L’homme bon, du bon trésor de son cœur, sort
ce qui est bon, et le mauvais, de son mauvais
[trésor] sort ce qui est mauvais; car c’est du trop-
plein du cœur que parle sa bouche.

Nécessité de la pratique

« Pourquoi m’appelez-vous: Seigneur, Sei-


gneur! et ne faites-vous pas ce que je dis?

Parallèle entre celui qui pratique et celui qui ne


pratique pas

« Quiconque vient à moi, entend mes paroles


et les met en pratique, je vais vous montrer à qui il
est semblable. Il est semblable à un homme qui,
bâtissant une maison, a creusé, approfondi, et posé
les fondations sur le roc. La crue survenant, le tor-

43-44 Voir M t 16, 20; 12, 33, et les notes.


45a Cf Mt 12, 33.
45b Cf Mt 12, 54.
46 Cf Mt 7, 21, beaucoup plus explicite.
47-45 Le tableau de Le est beaucoup moins palestinien que celui de Mt. Tandis
que ce dernier se représente une habitation plantée sur un roc au bord d’un
oued. Le pense à une maison construite sur de solides fondations dans le voisi­
nage d’une rivière.
48 « n ’est poins parvenu à » (lit: « n ’a pas eu la force de »), plutôt que « n ’a
pu » (faible et banal), cf 13, 24; 14, 6, 29, 30; 20, 2S,

91 LUC
6 rent s’est précipité sur cette maison, et il n ’est point
parvenu à l’ébranler, parce qu’elle était bien bâtie.
Mais celui qui a entendu et n ’a pas mis en pra­
tique est semblable à un homme qui a bâti une mai­
son sur la terre, sans fondations. Sur elle s’est rué le
torrent, et aussitôt elle s’est écroulée; et le dé­
sastre de cette maison a été grand! »

Guérison de l’esclave d’un centenier

7 ^ Après qu’il eut fini de faire entendre au peuple


toutes ses paroles, il entra dans Capharnaüm. ^O r
Mt 8, s-13 centenier avait un esclave qui allait mal et était
jn gyj. jg point de succomber, et qui lui était cher,
^ Ayant entendu parler de Jésus, il envoya vers lui
quelques anciens des Juifs, pour lui demander de
venir sauver son esclave.
Arrivés auprès de Jésus, ils le priaient avec
insistance, en disant: « Il est digne que tu lui accor­
des cela; ®car il aime notre nation, et c’est lui qui
nous a bâti la synagogue, » ®Jésus faisait route
avec eux. Comme déjà il n’était plus loin de la
maison, le centenier envoya des amis pour lui dire:
« Seigneur, ne te fatigue pas, car je ne mérite pas
que tu entres sous mon toit; ^ aussi bien ne me suis-
je pas même jugé digne de venir vers toi. Mais
commande d’une parole et que mon serviteur soit

6 49 « désastre », lit: « déchirure, ruine. »


1-10 Voir texte parallèle de Mt 8, J-Ii, et les notes. Menues divergences.

LUC 92
guéri. ®Car moi, qui n ’ai rang que de subalterne, 7
j’ai sous moi des soldats, et je dis à l’un: Va, et il
va; et à un autre: Viens, et il vient; et à mon
esclave: Fais ceci, et il le fait. » ®En entendant cela,
Jésus l’admira et, se retournant, il dit à la foule qui
le suivait: « Je vous le dis: pas même en Israël je
n’ai trouvé une telle foi! » “ Et, de retour à la mai­
son, ceux qui avaient été envoyés trouvèrent l’es­
clave en bonne santé.

Résurrection du fils de la veuve de Nain

Or, il fit route ensuite vers une viUe appelée


Naïn. Et ses disciples et une foule nombreuse fai­
saient route avec lui. Quand il fut près de la
Porte de la ville, voilà qu’on emportait un mort, un
fils rmique dont la mère était veuve; et il y avait
xme foule considérable de gens de la ville avec
elle. Et, en la voyant, le Seigneur eut pitié d’elle
et lui dit: « Ne pleure pas. » Et, s’avançant, il tou­
cha le cercueil, et les porteurs s’arrêtèrent. E t il dit:
« Jeune homme, je te le dis: Lève-toi. » Et le mort
se dressa sur son séant et se mit à parler. Et [Jésus]
le rendit à sa mère. “ La crainte les prit tous, et ils

11-16 Propre à Le.


11 « ensuite », cf « le jour suivant », 9, 37\ Ac 21, Ij 25, I7j 27, Î8. — « Naïn »,
petite bourgade située au sud-est de Nazareth.
15 « le Seigneur », sur cette dénomination de Jésus aimée de Le, cf 1, 4Si 10, 1.
41; 11, 39; 15, V ; 17, J , 6, etc.
14 <( le cercueil », sorte de brancard sur lequel reposait le cadavre à découvert.
15 Cf 1RS 17, 25.
16 « La crainte les prit tous », cf 8, 25 et par; 1, 12, 63; 2, 9; 5, 26; 8, 37; etc.

93 LUC
7 glorifiaient Dieu en disant: « Un grand prophète
s’est levé parmi nous, et Dieu a visité son peuple! »
^^Et cette parole se répandit à son sujet dans la
Judée entière et dans toute la contrée.

Message de Jean-Baptiste et témoignage rendu par


Jésus à son précurseur

Mt 11, 2-11 18 disciples de Jean l’informèrent de tout


cela. Et, appelant à lui deux de ses disciples, Jean
les envoya dire au Seigneur: « Es-tu celui qui
doit venir, ou devons-nous en attendre un autre? »
^ Arrivés auprès de lui, ces hommes dirent; « Jean
le Baptiste nous a envoyés te dire: Es-tu celui qui
doit venir, ou devons-nous en attendre un autre? »
A cette heure-là, il guérit beaucoup de gens de
maladies, et de fléaux, et d’esprits mauvais, et à
beaucoup d’aveugles il rendit la vue. “ Et, répon­
dant, il dit aux [envoyés] : « Allez rapporter à Jean
ce que vous avez vu et entendu: les aveu^es recou­
vrent la vue, les boiteux marchent, les lépreux sont
purifiés, et les sourds entendent, les morts se relè-
— « ils glorifiaient Dieu », c£ 2, 20, et la note. — « s’est levé »; on trouve aussi
« ressuscité », 9, 8, 19. — « a visité son peuple », cf 1, 68, et la note.
17 Cf 4, 14, et la note. — Autres récits de résurrection: dans l’A.T.: le fils de
la veuve de Sarepta, par Elle, 1 Rs 17, 17-24; le fils de la Chounanunite, par
Elisée, 2 Rs 4, 18-37; dans le N.T.: la fille de Jaïre, 8, 49-36 et par; Lazare
11, 1-44.
18-35 Voir Mt par 11, 2-19, et les notes. Menues divergences; le v 21 n ’a pas de
parallèle. Au v 24, on peut traduire, en coupant autrement la phrase: « Qu’êtes-
vous sortis contempler au désert? Un roseau agité par le vent »; de même aux
w 25, 26.
36-50 Aucun véritable paraUèle. Mais comparer avec l ’onction de Béthanie,
absente de Le: Mt 26, 6-13; Mc 14, 3-9; J n 12, 1-8. — « le priait à manger avec
lui », Cf v 34; 11, 37; 5, 29-32; 15, 2; 19, 7.
« le priait à manger avec lui », cf v 34; 11, 37; 5, 29-32; 15, 2; 19, 7.

LUC 94
vent, les pauvres sont évangélisés, “ et heureux 7
celui qui ne se scandalisera pas à mon sujet! »
Les envoyés de Jean une fois partis, [Jésus] se
mit à dire aux foules au sujet de Jean: « Pourquoi
êtes-vous sortis dans le désert? Pour contempler tm
roseau agité par le vent?... ^M ais pourquoi êtes-
vous sortis? Pour voir un homme vêtu d’habits
douülets?... Voici que ceux qui ont des vêtements
magnifiques et vivent dans les délices sont dans
les palais royaux. ^®Mais pourquoi êtes-vous sor­
tis? Pour voir un prophète?... Oui, je vous le dis, et
plus qu’un prophète. C’est celui dont il est écrit:

Voici que j’envoie mon messager en avant de toi,


pour frayer ton chemin devant toi.

« Je vous le dis: De plus grand que Jean parmi


ceux qui sont nés des femmes, il n ’y en a pas,
pourtant le plus petit dans le royaume de Dieu est
plus grand que lui. Et tout le peuple qui a écouté,
et même les publicains, ont justifié Dieu en se
faisant baptiser du baptême de Jean, ^“mais les
Pharisiens et les légistes ont rejeté le dessein de
Dieu à leur égard en ne se faisant pas baptiser par
lui.

Jugement porté par Jésus sur sa génération

« A qui donc puis-je assimiler les hommes de


cette génération et à qui sont-ils semblables? ^^Ils
sont semblables à des enfants qui sont assis sur une

95 LUC
place et s’interpellent les uns les autres, et qui
disent:
Nous vous avons joué de la flûte,
et vous n’avez pas dansé !
Nous nous sommes lamentés,
et vous n’avez pas pleuré !
« Jean le Baptiste est venu en effet, qui ne
mangeait pas de pain ni ne buvait de vin, et vous
dites: Il a un démon! ^‘‘Le Fils de l’homme est
venu, qui mange et boit, et vous dites: Voilà un
homme glouton et ivrogne, un ami des publicains
et des pécheurs! ^^Et la Sagesse a été justifiée
par tous ses enfants. »

La pécheresse pardonnée et aimante

^*Un Pharisien le priait à manger avec lui, et


entré chez le Pharisien, il se mit à table. E t voici
une femme, qui dans la ville était une pécheresse.
Et, ayant su qu’il était à table dans la maison du
Pharisien, eUe avait apporté im flacon de parfum.
^®Et se tenant en arrière, à ses pieds, pleurant, elle
se mit à lui arroser les pieds de larmes; et avec ses
cheveux elle les essuyait, et elle les couvrait de
baisers et les oignait de parfum.
cette vue, le Pharisien qui l’avait invité se
dit en lui-même: « Celui-là, s’il était prophète,
saurait qui est cette femme qui le touche, et ce

37 Cette femme n ’est ni Marie de Béthanie, sœur de Marthe 10, 39, ni Marie
appelée Magdaléenne 8, 2.
39 « s’il était prophète », car un prophète lit dans les cœurs, cf Jn 4, 19.

LUC 96
15 — La pécheresse aux pieds de Jésus, avec son vase de parfum.
Si d’après l’Ecriture cette femme n’est pas Marie-Madeleine, l’icono­
graphie a confondu les deux personnages.
Vitrail de Marie-Madeleine, X III” siècle. Cathédrale de Chartres.
16 — Marthe et Marie. « ... Une femme du nom de Marthe le
reçut dans sa maison. E t celle-ci avait une sœur appelée Marie qui,
s’étant assise aux pieds du Seigneur, écoutait sa parole. Marthe,
elle, était absorbée par les multiples soins du service...» (10, 38-40).
Vitrail du X III° siècle. Cathédrale de Bourges.
qu’elle est: une pécheresse! » ^°Et, prenant la 7
parole, Jésus lui dit: « Simon, j’ai quelque chose à
te dire: » Et lui: « Parle, maître », dit-il. — « Un
créancier avait deux débiteurs; l’un devait cinq
cents deniers, l’autre cinquante. Comme ils
n’avaient pas de quoi rembourser, il fit grâce à tous
deux. Lequel donc des deux l’aimera le plus? »
Répondant, Simon dit: « Je suppose que c’est
celui à qui il a fait grâce de plus. » [Jésus] lui dit:
« Tu. as bien jugé. »
Et, se retournant vers la femme, il dit à Simon:
« Tu vois cette-femme? Je suis entré dans ta mai­
son, tu ne m’as pas donné d’eau pour mes pieds;
elle, au contraire, m’a arrosé les pieds de. larmes, et
avec ses cheveux elle les a essuyés. ^®Tu ne m’as
pas donné de baiser; elle, au contraire, depuis que
je suis entré, n’a cessé de me couvrir les pieds de
baisers. Tu ne m’as pas oint la tête d’huÜe; elle,
au contraire, m’a oint les pieds de parfum. A
cause de cela, je te le dis, ses péchés, ses nom­
breux [péchés] lui sont remis, puisqu’elle a beau­
coup aimé. Mais celui à qui on remet peu aime
peu.» Il dit à la [femme]: «Tes péchés sont
remis. » Et ceux qui étaient à table avec lui se
mirent à dire en eux-mêmes: « Qui est-il, celui-là,
qui remet même les péchés? » ^ Il dit à la femme:
« Ta foi t ’a sauvée! va en paix. »
41 « cinq cents deniers », un peu moins de cinq cents ârancs-or.
42 Cf Mt 18, 26 SV.
44 « tu ne m’as pas donné d’eau pour mes pieds », plutôt que « tu ne m’as pas
versé d’eau sur les pieds ».
47 « elle a beaucoup aimé », ou « a montré beaucoup d’amour ».
49 « Qui est-il celui-là...? » pour l ’étonnement, cf Le 8, 2^ et par; pour le
pardon des péchés, cf 5, 21 et par.

97 LUC
Le xepas chez Simon.
Ortulus Rosarum, XV’ siècle.

U entourage féminin de Jésus

8 ^ Or, il cheminait ensuite par villes et villages,


proclamant et annonçant la Bonne nouvelle du
royaume de Dieu. E t les Douze étaient avec lui,
^ ainsi que quelques femmes qui avaient été gué­
ries d’esprits mauvais et d’infirmités: Marie, appelée
Magdaléenne, de laquelle sept démons étaient

1 C£ Mt 4, 23, et surtout 9, 35, admirable de solennité et de grandeur. — « les


Douze », sur ce groupe, c£ 9, 1, 12-, 18, 31-, 22, 3, 47.
2 « fa Magdaléenne», c’est-à-dire de Magdala, sur la rive occidentale du lac de
Guennésareth, au nord de Tibériade; cf 24, 10; Mt 27, 56, 61-, 28, I; etc. —
« sept démons », c’est-à-dire un très grand nombre, c£ 11, 26.

LUC 98
sortis, ^ et Jeanne, femme' de Chouza intendant 8
d’Hérode, et Suzanne, et plusieurs autres, qui les ^
assistaient de leurs biens.

Deux paraboles. Occasion

^ Tandis qu’une foule nombreuse se réunissait et ^


que de toutes les viUes on s’acheminait vers lui, ü ^ 2
dit par parabole:

Le semeur

^ « Le semeur est sorti pour semer sa semence.


Et, comme ü semait, une partie [du grain] est tom-
bée le long du chemin et a été piétinée, et les
oiseaux du ciel l’ont dévorée. ®Et une autre est
tombée sur le roc et, après avoir poussé, elle s’est
desséchée, parce qu’eUe n’avait pas d’humidité.
^ Et une autre est tombée au milieu des épines, et
poussant avec elle, les épines l’ont étouffée. ®Et
une autre est tombée dans la bonne terre, a poussé
et fait du fruit au centuple, » Ce disant, il s’écriait:
« Que celui qui a des oreilles pour entendre
entende! »

3 « Jeanne n, encote 24, 10; absente de Mt et de Mc. I l s’agit d’Hérode-


Antipas (3, 1 ), qui résidait à Tibériade. — « Suzanne », inconnue par ailleurs. —
A la différence des docteurs juife, Jésus n’évite pas la société des fenunes,
cf 10, 3S-42; Jn 4, 27.
S-13 Voit le passage parallèle de Mc, et les notes. — Quelques additions et
moâfications: « a été piétinée » (v } ) ; « poussant avec elle » (v 7); « avec un
cœur noble et généreux» (touche grecque, v V ) ; « p ar la constance», encote 21,
19, terme aimé de Paul; « p reu v e » (v 13), mot aimé de Le (4, 13; 11, 4; 22, 28,
40, 46; Ac 20, 19), au lieu de « affliction », persécution » par, « ceux qui sont
semés » de Mc (vv 16, 18, 20) devient « ceux qui sont » ( w 1 3 ,1 4 , 13).

99 LUC
8 ®Ses disciples lui demandaient ce que pouvait
bien signiEier cette parabole. “ Il dit: « A vous il a
été donné de connaître les mystères du royatune
de Dieu, mais pour les autres, c’est en paraboles,
afin que
regardant, ils ne regardent pas,
et qu’entendant, ils ne comprennent pas.
“ « Voici ce que signifie la parabole. La semence,
c’est la parole de Dieu. Ceux qui sont le long du
chemin sont ceux qui ont entendu, puis vient le
diable, et ü enlève la Parole de leur cœur, de peur
qu’ils ne croient et soient sauvés. ^ Ceux qui
sont sur le roc sont ceux qui accueülent la Parole
avec joie lorsqu’ils l’ont entendue, et ceux-là n’ont
pas de racine: ils ne croient que pour im moment
et, au moment de l’épreuve, ils font défection.
^‘‘Ce qui est tombé dans les épines, ce sont ceux
qui ont entendu, mais en chemin ils sont étouffés
par les soucis, la richesse et les plaisirs de la vie, et
ils n’arrivent pas à maturité. Ce qui est dans la
bonne terre, ce sont ceux qui, ayant entendu la
Parole avec un cœur noble et généreux, la retien­
nent et portent du fruit par la constance.

La lampe

Mc 4 , 21-22 16 Personne, après avoir allumé une lampe, ne


la recouvre d’un vase ou la met sous un lit, mais on

16-18 Cf Mc 4, 21-22 fa r.

LUC 100
la met sur un lampadaire, pour que ceux qui pénè­
trent voient la lumière. Car il n ’y a rien de secret
qui ne deviendra manifeste, ni rien de tenu secret
qui ne doive être connu et venir au grand jour.
M t 13,12
Prenez donc garde à la manière dont vous
entendez! Car celui qui a, on lui donnera, et celui
qui n ’a pas, même ce qu’il pense avoir lui sera
enlevé. »

La vraie parenté de Jésus

Survinrent près de lui sa mère et ses frères,


et ils ne pouvaient l’aborder à cause de la foule, 3.3^-35
^ On le lui annonça: « Ta mère et tes frères se tien­
nent dehors, voulant te voir. » Répondant, il leur
dit: « Ma mère et mes frères, ce sont ceux qui écou- ^
tent la parole de Dieu et la mettent en. pratique. »

La tempête apaisée
Mt 8,23-27
Or donc, \m de ces jours-là, il monta dans un
Mc 4,33-41
bateau, ainsi que ses disciples, et il leur dit: « Pas­
sons à l’autre rive du lac. » Et ils gagnèrent le large.
^ Tandis qu’ils naviguaient, il s’endormit. Et une
bourrasque s’abattit sur le lac; ils faisaient eau et
étaient en danger. ^ S’étant avancés, ils le réveil-

18 « entendez », plutôt que « écoutez », cf w 32, 13, 14, 13. — « même ce qu’il
pense avoir », faite disparaître l ’oxymoron de Mc par « même ce qu’il a ».
19-21 Voir Mc par, et les notes.
22-25 Voir Mc par, et les notes. Le, gui suit Mc de très près, lui enlève une part
de son pittoresque et de sa vie; voit en particulier les w 37, 3S et 39 de Mc.

101 LUC
lèrent, en disant; « Chef, chef, nous périssons! »
Lui, s’étant réveillé, menaça le vent et le tumulte
des flots. Ils s’apaisèrent, et le calme se fit, ^ Il
leur dit: « Où est votre foi? » Saisis de crainte, ils
furent étonnés, se disant les -uns aux autres; « Qui
donc est-il, celui-là, qu’il commande même aux
vents et à l’eau, et qu’ils lui obéissent? »

« L’homme ayant des démons » du pays des Guê-


raséniens et l’aventure des cochons

Mt 28-34 26 abordètent au pays des Guéraséniens,


Mc 5, 1-20 Galüée. Comme il mettait
fg^gg ^ l a
pied à terre, vint au-devant de lui un homme de la
ville, ayant des démons. E t depuis m temps consi-
déraible, il n’avait pas mis de vêtement, et il ne de­
meurait pas dans une maison, mais dans les
tombes.
Voyant Jésus, il poussa des cris, tomba devant
lui, et d’une voix forte il dit: « Que me veux-tu,
Jésus, fils du Dieu Très-Haut? Je t ’en prie, ne me
torture pas! » Car il prescrivait à l’esprit, !’[esprit]
impur, de sortir de cet homme. A maintes reprises,
en effet, [l’esprit] s’était emparé de lui; et on le liait
avec des chaînes et des entraves pour le garder, et

26'39 Voir Mc pari notes. A signaler quelques modifications: v 30 Le


évite de faire donner par le démon le sens de son nom; v 32 « leur commander
de s’en aller dans l ’abîme », la résidence normale de la gent démoniaque, au lieu
de « il le priait instamment de ne pas les envoyer hors du pays »; v 33
« s ’étouffa», au Heu de « ils s’étouffaient dans la m er» (Mc); « ils moururent
dans les eaux » (Mt); v 39 « tout ce que Dieu », pour « tout ce que le Seigneur »;
« par la ville entière », pour « dans la Décapole ».

LUC 102
brisant les liens, il était poussé par le démon vers
les endroits déserts. ^ Jésus l’interrogea: « Quel
est ton nom? » Il dit: « Légion », parce que beau­
coup de démons étaient entrés en lui. ^^Et ils le
priaient de ne pas leur commander de s’en aller
dans l’abîme.
Or, il y avait là un troupeau d’un bon nombre
de cochons qui paissait dans la montagne. E t [les
démons] le prièrent de leur permettre d’entrer
dans ces [codhions]. E t il le leur permit. Etant
sortis de l’homme, les démons entrèrent dans les
cochons, et le troupeau s’élança du haut de l’es­
carpement dans le lac et s’étouffa.
^ Voyant ce qui était arrivé, les gardiens prirent
la fuite et rapportèrent [la chose] à la ville et dans
les hameaux; ^®les gens sortirent voir ce qui était
arrivé. Et ils vinrent vers Jésus et trouvèrent, assis,
l’homme dont étaient sortis les démons, vêtu et rai­
sonnable, aux pieds de Jésus; et ils eurent peur.
Ceux qui avaient vu [la chose] leur rapportèrent
comment avait été sauvé celui qui avait été
démoniaque. Et toute la multitude de la contrée
des Guéraséniens demanda à [Jésus] de les quitter,
car ils étaient en proie à une grande peur. Lui, mon­
tant en bateau, s’en retourna.
L’homme dont les démons étaient sortis le
priait de le garder avec lui. Mais il le renvoya en
disant: « Retourne chez toi et raconte tout ce
que Dieu a fait pour toi. » Et il s’en alla, proclamant
par la viUe entière tout ce que Jésus avait fait pour
lui.

103 LUC
Guérison d’une hémorroisse et résurrection de la
fille de Jdire

8 ‘“ Comme Jésus s’en retoxirnait, la foule l’ac-


Mt
Mc cueillit, car tous étaient à l’attendre, Et voici que
vint un homme du nom de Jaïre, qui était chef de
la synagogue. E t, tombant aux pieds de Jésus, il le
priait d’entrer chez lui, parce qu’il avait ime fille
unique, d’environ douze ans, qui se mourait.
Comme il y allait, les foules l’étouffaient.
Et il y avait une femme atteinte d’im flux de
sang depuis douze années, laquelle n ’avait pu être
guérie par personne, S’approchant par-derrière,
elle toucha la frange de son manteau, et à l’instant
même s’arrêta le flux de son sang. ^ E t Jésus dit:
« Quel est celui qui m’a touché? » Comme tous s’en
défendaient, Pierre dit: « Chef, ce sont les foules
qui te serrent et te pressent. » ^ Jésus dit: « Quel­
qu’un m’a touché, car j’ai connu qu’une puissance
était sortie de moi. » Voyant qu’elle n’était pas
passée inaperçue, la femme vint tremblante et,
tombant devant lui, elle raconta devant tout le peu­
ple pour quelle raison elle l’avait touché, et com­
ment elle avait été guérie à l’instant même. Il lui
dit: « Ma fille, ta foi t’a sauvée! va en paix, »
40-56 Voit Mc par 5, 21-43, et les notes.
42 « d’environ douze ans », Mc donne l ’âge de la fille en fin de récit, v 42.
43 « n ’avait pu être guérie par personne»; cf le v 26 de Mc, de saveur popu­
laire, mais peu aimable pour la corporation médicale, que Le, « le dier
médedn » (Col 4 , 14), a délicatement éliminé.
46 « qu’une puissance était sortie de moi », pour l ’ergpression, c f 5, 17, et surtout
6 , 19i « une puissance sortait de lui et les guérissait tous. »
47 « raconta devant tout le peuple pour quelle raison elle l ’avait touché », Mc
par écrit simplement « lui dit toute la vérité ».
48 Après « va en paix », Mc ajoute « et sois saine de ton fléau ».

LUC 104
® Tandis qu’il parlait encore, vient de chez le 8
chef de synagogue quelqu’un qui dit: « Ta fille est
morte à présent; ne fatigue plus le Maître. »
“ Jésus, qui avait entendu, lui répondit: « Sois sans
crainte; un acte de foi seulement, et elle sera sau­
vée. » Venu à la maison, il ne laissa personne
entrer avec lui, si ce n ’est Pierre, et Jean et
Jacques, ainsi que le père de l’enfant et la mère.
“ Tous pleuraient et se frappaient la poitrine à
cause d’elle. Il dit: « Ne pleurez pas; elle n’est
pas morte, mais elle dort. » Et ils se moquaient
de lui, sachant qu’eUe était morte. ®^Mais lui,
tenant sa main, l’appela en disant: « Enfant, lève-
toi. » “ Et son esprit revint, et elle se tint debout à
l’instant même. Et il commanda de lui donner à
manger. Et ses parents furent saisis de stupeur, et
lui leur prescrivit de ne dire à personne ce qui était
arrivé.

Envoi des Douze en mission

^ Ayant convoqué les Douze, il leur donna puis- 9


sance et pouvoir sur tous les démons, et sur les ma- 7-13
ladies pour les guérir. ^ Et ü les envoya proclamer le
royaume de Dieu et faire des guérisons. ^ E t il leur
dit: « Ne prenez rien pour le chemin, ni bâton, ni

50 Voit note sut Mc v 36 par.


51 Sut cette place de' Jean, immédiatement aptes Fiette, cf 9, 2S; Ac 1, 13. —
Sot i ’intétêt spécial que lui potte Le, cf 22, S; Ac 3, 1, 3, 11-, 4, 13, 19; 8, 14.
Voit encore dans le 4® évangile, 13, 23-26; 18,15 sv; 20, 3-8; 21, 7, 20-23.
1-9 Volt les patallèles, e t les notes. Le snit Mc de t ^ ptès, tout en l ’allégeant
et le tendant plus littétaite. Quelques points de contact avec Mt: interdiction du
bâton (v 3 ), tessemblance de vocabtdaiie ( w 4, 5 ).

105 LUC
besace, ni pain, ni argent; et n ’ayez pas chacun
deux tuniques. ‘‘E t en quelque maison que vous
entriez, demeurez là et c’est de là que vous sortirez.
^ Et ceux qui ne vous recevront pas, en sortant de
cette ville, secouez la poussière de vos pieds, en
témoignage pour eux. »
®Etant partis, ils passaient de village en village,
évangélisant et guérissant partout.

Perplexité d’Hérode et son opinion sur Jésus


Mt 14, 1 - 2
Mc 6,14-16 ’ Hérode, le tétrarque, apprit tout ce qui arrivait,
et il était fort perplexe, parce que certains disaient:
« C’est Jean qui s’est relevé d’entre les morts »;
®certains: « C’est Elie qui est apparu »; d’autres:
« C’est un des anciens prophètes qui est ressus­
cité. » ®Mais Hérode dit: « Jean! moi je l’ai fait
décapiter. Quel est-ü alors, celui dont j’entends
dire de telles choses? » Et Ü cherchait à le voir.

Retour des Apôtres, retraite de Jésus et multipli­


cation des pains

Mc Et à leur retour, les Apôtres lui racontèrent ce


jn 6, 1-13 qu’ils avaient fait. Et, les prenant avec lui, il se retira
7-9 Voir Mc par, et les notes,
10-17 Voir Mc par, et les notes. Le, comme Jn, ne rapporte qu’une seule
multiplication des pains, alors que Mc et M t en relatent deux. Quelques légères
divergences. Le récit de Mc est plus vif et plus circonstancié. — « Bethsaïde »,
de Julias, au nord du lac et à l ’est du Jourdain, non loin de l ’endroit où il
débouche dans le lac.

LUC 106
à l’écart vers une ville appelée Bethsaïde. “ Les
foules, l’ayant su, le suivirent. Et, leur faisant bon
accueil, il leur parlait du royaume de Dieu et rendit
la santé à ceux qui en avaient besoin.
Le jour avait commencé à décliner. S’avançant,
les Douze lui dirent: « Renvoie la foule, pour qu’ils
aillent dans les villages à la ronde et dans les
hameaux, où ils trouveront logis et vivres, car ici
nous sommes dans un lieu désert. » Il leur dit:
« Donnez-leur vous-mêmes à manger. » Ils dirent:
« Nous n ’avons pas plus de cinq pains et de deux
poissons. A moins peut-être d’aUer nous-mêmes
acheter des aliments pour tout ce peuple. » Car
ils étaient environ cinq mille hommes. Il dit à ses
disciples: « Faites-les s’allonger .par groupes
d’environ cinquante. » Ils agirent ainsi et les
firent s’allonger tous. Ayant pris les cinq pains
et les deux poissons, levé les yeux au ciel, Ü les
bénit et les rompit, et il les donnait aux disciples
pour les servir à la foule. E t ils mangèrent et fu­
rent tous rassasiés, et on enleva ce qui leur était
resté de morceaux: douze couffins!

La profession de foi de Pierre

Or, comme il était à prier seul, et que les


disciples étaient avec lui, il les interrogea en
11 « tendit la santé à ceux qui en avaient besoin », M t par <c eut pitié d’eux et
guérit leurs infirmes ».
18 Après ce qu’on a appelé la «grande omission» de Mc 6, 45-B, 26, Le
reprend le fil de la narration du deuxième évangile.

107 LUC
disant; « Qui suis-je, au dire des foules? » Répon­
dant, ils dirent: « Jean, le Baptiste; d’autres, Elie;
d’autres, qu’un des anciens prophètes est ressus­
cité. » Il leur dit: « Mais pour vous, qui suis-je? »
Pierre, répondant, dit: « Le Christ de Dieul » Mais
il leur enjoignit sévèrement de ne le dire à per­
sonne.

Première annonce de la Passion


Mt 16.21 Il disait que le Fils de l’homme devait beau­
Mc 8,31
coup souffrir, être rejeté par les anciens, les grands
prêtres et les scribes, être tué, et le troisième jour
se relever.

Conditions pour suivre Jésus

Mt 16,24-27 23 disait à tous: « Si quelqu’un veut venir


Mc 8,34-38 à suite, qu’il se renie lui-même, et qu’il prenne
sa croix chaque jour, et qu’il me suive. Car celui
Mt 16,25
qui veut sauver sa vie la perdra, mais celui qui
perdra sa vie à cause de moi, celui-là la sauvera.
^ Quel profit, en effet, y a-t-il pour un homme qui a
gagné le monde entier, mais s’est perdu lui-même
Mt 10,55
ou s’est porté préjudice? ^ Car celui qui aura
Le 12, 8- s iionte de moi et de mes paroles, de celui-là le Fils

18-21 Voir les parallèles, et les notes.


22 Voir les parallèles, et les notes.
23-26 Voir les parallèles, et les notes.

LUC 108
de l’homme aura honte, lorsqu’il viendra dans sa 9
gloire et dans celle du Père et des saints anges.

La Venue prochaine du royaume de Dieu

« Je vous le dis vraiment: Il en est de présents


ici même, qui ne goûteront pas la mort avant ^
d’avoir vu le royaume de Dieu. »

La Transfiguration

^ Or, environ huit jours après ces paroles, pre- ^


nant avec lui Pierre, et Jean et Jacques, il monta
dans la montagne pour prier. Or, comme il priait,
l’aspect de son visage devint autre, et ses vête­
ments devinrent d’une blancheur étincelante. ^“Et
voici que deux hommes parlaient avec lui: c’étaient
Moïse et Elie qui, apparus en gloire, parlaient de
son départ qu’il allait accomplir à JérusÉÛem. Pier­
re et ceux qui étaient avec lui étaient alourdis de
Jn 1,1 4
sommeil. S’étant réveillés, ils virent sa gloire et les
deux hommes qui se tenaient avec lui. Or,
27 Voir les notes sur Mc par.
28'36 Voir les parallèles, et les notes.
28 «pour p rier» (v 5^), propre à Le. Sur la prière dans Le, c£ Tlntroduction,
page ??. — « Pierre, Jean et Jacques », sut cette place de Jean, immédiatement
après Pierre, cf 8, J l , et la note.
29 « Taspect de son visage devint autre... », M t p a n « son visage brilla comme
b soleil, ses vêtements devinrent blancs comme la lumière »; Mc par: « ses vête-
ments devinrent éclatants, d’une blancheur extrême. »
31 « parlaient de son départ qu’il allait accomplit à Jérusalem », propre à Le.
32 « accablés de sommeil. S’étant réveillés », propre à Le. — « ils virent sa
gloire », propre à Le; Mt et Mc ont la « nuée », voir la note; pour cette
« gloire », cf v 26 et par, Mc 10, 37, et la note.

109 LUC
comme ceux-ci se séparaient de lui, Pierre dit à
Jésus: « Chef, il est bon que nous soyons ici; faisons
donc trois tentes, ime pour toi, et une pour Moïse,
et une pour Elie »: il ne savait ce qu’il disait.
Tandis qu’il disait cela, advint une nuée, et elle
les prenait sous son ombre; ils furent saisis de peur
en pénétrant dans la nuée. E t tme voix advint de
la nuée, qui disait: « Celui-ci est monfÜs,rElu: écou-
tez-le! » Et quand advint la voix, Jésus se trouva
seul. Et eux gardèrent le silence et ne rapportèrent
à personne, en ces jours-là, rien de ce qu’ils
avaient vu.

Guérison d’un possédé


Mt 17,14-21 37 Qj, le jour suivant, comme ils descen-
Mc 9.M-27 Paient de la montagne, une foule nombreuse vint
au-devant de lui. ^®Et voici qu’un homme de la
foule s’exclama: « Maître, je te prie de jeter les
yeux sur mon fils, parce que c’est mon unique. Et
voilà qu’un esprit le prend, et soudain il crie, et il le
secoue avec violence et le fait écumer, et ce n’est
qu’à grand-peine qu’il s’en éloigne, le laissant tout
brisé. Et j’ai prié tes disciples de le chasser, et ils
n’ont pas pu. »
Répondant, Jésus dit: « Génération incrédule
et pervertie, jusques à quand serai-je auprès de
33 « U ne savait ce qu’il disait »; Mc pan « il ne savait que dire »; Mt omet.
35 « l ’Elu » (23, 35; Jn 1, 34)\ autre leçon « le Bien-aîme », comme Mt et Mc.
37'43a Voir les notes sur le passage parallèle de Mc, dont le récit déborde de
pittoresque, de vie et d’émotion.

LUC 110
vous et vous supporterai-je? Amène ici ton. fÜs. »
“^Celui-ci ne faisait encore qu’approcher, quand le
démon le brisa et le secoua avec une grande vio­
lence, Mais Jésus menaça l’esprit, l’[ esprit] impur,
guérit l’enfant et le remit à son père. ^^Et tous
étaient frappés dé jà grandeur de Dieu.

Deuxième annonce de la Passion

Comme tous s’étonnaient de tout ce qu’il faisait, s?, 22-2}


il dit à ses disciples: « Vous, mettez-vous bien
dans vos oreilles les paroles que voici: le Fils de
l’homme est sur le point d’être livré aux mains des
hommes. » Mais ils ne comprenaient pas cette
parole, et elle leur restait voilée pour qu’ils n’en
saisissent pas le sens, et ils craignaient de l’inter­
roger sur cette parole.

Qui est le plus grand?

E t il leur vint un raisonnement: qui pouvait ^


bien être le plus grand d’entre eux? Jésus,
sachant le raisonnement de leur cœur, prit un en­
fant, le plaça près de lui et leur dit: « Quiconque ,
20 25-27
accueille cet enfant à cause de mon nom, c’est moi ^ .
22 24-25

43b-45 Voir les notes sur le passage parallèle de Mc. — « n e comprenaient pas
cette parole», sur cette inintelligence des Apôtres, dissimulée par Mt, voilée par
Le, cf Mc 8, 17-21, et la note. — «pour qu’ils n’en saisissent pas le sens»,
cf 18, J4.
46-48 Volt les notes sur Mc par.

111 LUC
9 qu’il accueille, et quiconque m’accueüle, accueille
Celui qui m’a envoyé; car celui qui est le plus petit
parmi vous tous, c’est celui-là qui est grand. »

De Vusage du nom de Jésus


Mc 9,38-40
Prenant la parole, Jean dit: « Chef, nous avons
vu quelqu’un chasser des démons en ton nom, et
nous voulions l’empêcher, parce qu’il ne nous
accompagne pas. » “ Jésus lui dit: « N’empêche2
pas; car qui n ’est pas contre vous est pour vous. »

49-50 Voix les notes sur Mc par,

LU C 112
IV. LA MONTÉE VERS JÉRUSALEM
(9, J I — 19,27)

Départ pour Jérusalem


Mauvais accueil d’un village de Samarie

Or donc, comme s’accomplissaient les jours 9


où il devait être emporté [de ce monde], il prit ^
fermement la route de Jérusalem “ et envoya des Mc 10, 1

messagers en avant de lui. E t s’étant mis en route,


ils entrèrent dans im village de Samaritains, pour
[tout] lui préparer. “ Mais on ne l’accueillit point,
parce qu’il faisait route vers Jérusalem. ®^Ce que
voyant, les disciples Jacques et Jean dirent: « Sei­
gneur, veux-tu que nous ordonnions au feu de
descendre du ciel et de les consumer? » “ Se re­
tournant, il les réprimanda. “ Et ils firent route vers
un autre village.

51-56 Piopre à Le. — « les jours o k U devait être enlevé», c£ Mc 16, 19;
Ac 1, 2, I I , 22; 1 Tm 3, 16. — « p rit fermement la toute de Jérusalem», lit:
« affeaanit sa face pour aller à Jérusalem », pour l*e:q>tession, 2 Rs 1 2 , 18,
53 Sut les Samaritains hostiles aux Juifs et détestés par eux, cf Sir 50, 25 svj
Mt 10,5; Jn 4 , 9. , ^
54 Cf 2 Rs 1, 10-12. Jacques et Jean se comportent vraiment en « fils du
tonnerre » (Mc 3 ,1 7 ).

113 LUC
Exigences de Jésus en matière de vocation apos­
tolique

9 Et tandis qu’ils faisaient route, quelqu’un lui dit


Mt 8, Î9-22 gjj chemin: « Je te suivrai où que tu aÜles. » ® Et
Jésus lui dit: « Les renards ont des tanières et les
oiseaux du ciel des abris, mais le Fils de l’homme
n ’a pas où reposer la tête. »
^ Il dit à un autre: « Suis-moi. » Celui-ci dit:
« Permets-moi de m’en aller d’abord enterrer mon
père. » ® Il lui dit: « Laisse les morts enterrer leurs
morts, pour toi, va-t’en divulguer le royaume de
Dieu. »
Un autre encore dit: « Je te suivrai. Seigneur,
mais d’abord permets-moi de prendre congé des
gens de ma maison. » “ Jésus lui dit: « Quiconque
a mis la main à la charrue et regarde en arrière ne
convient pas pour le royaume de Dieu. »

Envoi en mission des soixante-douze disciples

10 ‘ Après cela, le Seigneur en désigna soixante-


douze autres et les envoya deux par deux en avant
de lui dans toute ville et tout lieu où lui-même
devait aller. ^ Il leur disait:

9 57-62 Trois loifa-, les deux piemleis sont communs à Le et à Mt (voir les
de ce dernier), le troisième est propre à Le.
^ „ 61 « prendre congé », cf 14, 55; Mc 6, 46; Ac 18, 18, 21; 2 Co 2,15.
10 1-12 a 9, 5-5; M t 10, ?-16| Mc 6, 8-II.
2 Cf Mt 9,57-58.

LUC 114
a c D a tîa C a p im lttin ^ x ^

^ tcmocfîgna.
ctaWos kpta^^in'J
taditostm idtnios
b(no3 anu fadem
fitamîn omîieiîîcî^#
ttimtcmet locaquo
eran'pfeveiîtoroe»
Èt oi'c€ps£
®clïïstQuWc?mu!
ta î operar# autem
paaâ'Hogaîe ergo
(Oom tîîEm m cfC s vî
mttîatoperartos ixî
mcffem fîîajt ^Jteîeece ego mftto vos fîcut
Bible latine. Lyon, 1521.

«L a moisson est abondante, mais les ouvriers


peu nombreux; priez donc le Seigneur de la mois­
son de dépêcher des ouvriers à sa moisson. ^ Allez!
Voici que je vous envoie comme des agneaux au
milieu de loups.
« Ne portez pas de bourse, pas de besace, pas
Mc 6, 8-11
de chaussures, et ne saluez personne en chemin.

3 ΠM tlO , K .
4 Les disciples n ’ont pas de temps à perdre en cm lités et bavardages, a la
manière des Orientaux, c£ 2 Rs 4, 29.

115 LUC
10 ^ « En quelque maison que vous entriez, dites
Le 9, 3 - 5
d’abord: Paix à cette maison! ®Et s’il y a là un fils
de paix, votre paix ira se poser sur lui; sinon,
certes, elle vous reviendra. ^Demeurez dans la
même maison, mangeant et buvant ce qu’ils ont;
car l’ouvrier a droit à son salaire. Ne passez pas de
maison en maison. ®Et en quelque ville que vous
entriez et où l’on vous accueillera, mangez ce
qu’on vous sert; ®et guérissez ses malades, et dites
aux gens: Le royaume de Dieu est tout proche de
vous. “ Mais en quelque viUe que vous soyez
entrés et où l’on ne vous accueillera pas, en sortant
sur ses places, dites: “ Même la poussière qui, de
votre ville, s’est attachée à nos pieds, nous
l’essuyons pour vous [la laisser]. Pourtant sachez-le:
le royaume de Dieu est tout proche. “ Je vous dis
que, pour Sodome, en ce jour-là, ce sera plus
supportable que pour cette viUe-là.
M t n , 21-24
“ « Malheur à toi, Chorazin! Malheur à toi,
Bethsaïde! Parce que, si les miracles qui ont été
faits chez vous avaient été faits à Tyr et Sidon, il y
a longtemps que, sous le sac et assises dans la
cendre, elles se seraient repenties. “ Aussi bien.

5 « Fïûïc à cette maisoa », formule de salutation des Juifs, 24, 36*, Jn 20, 19, 24,
26; par « p aix » , il faut entendre Tensemble des biens temporels et spirituels. Mt
par écrit: « Saluez<la. »
6 «fils de paix» (sémitisme), quelqu’un qui en est digne; cf «fils de géhenne»
(Mt 23, 15); « fils de la perdition» (Jn 17, 12; 2 Th 2, J ) . — «elle vous
reviendra », la paix est, pour ainsi dire^ personnifiée.
7 « l ’ouvrier a droit à son salaire. » Paul se rappellera cette déclaration
(1 Tm 5, 15 Verbatim; 1 Co 9, 14), sans d’ailleurs user lui-même du «droit que
confère l ’Evangile » (1 Co 9, 15). Voir encore 1 Th 2, 7, 9; 2 Th 3, 9,
11 Cf Mc 6, 11, et la note.
12 « ce sera plus supportable », cf v 14; M t 10, 15; 11, 22, 24.
13-15 Cf Mt 11, 21-24 par, et les notes.

LUC 116
pouf Tyr et Sidon ce sera plus supportable, lors du 10
Jugement, que pour vous. ^^Et toi, Capharnaüm,
serais-tu élevée jusqu’au ciel?... Jusqu’à l’Hadès tu
descendras' ^
« Celui qui vous écoute, c’est moi qu’il écoute,
et celui qui vous rejette, c’est moi qu’il rejette, et
celui qui me rejette rejette Celui qui m’a envoyé. »

Ce dont les disciples doivent se réjouir


17 •
Les soixante-douze s’en retournèrent avec
joie, disant: « Seigneur, même les démons nous
sont soumis par ton Nom! » Il leur dit: « Je voyais
le Satan tomber du ciel comme un édair! Voici
que je vous ai donné le pouvoir de fouler aux ^ “
pieds serpents et scorpions ainsi que toute puis­
sance de l’ennemi, et rien ne pourra vous nuire.
Pourtant ne vous réjouissez pas de ce que les
esprits vous sont soumis; réjouissez-vous de ce que
vos noms se trouvent inscrits dans les deux. »

16 Pour une forme quelque peu différente de ce îogion, cf 9, 48\ Mt 10, 40:
Mc 9, 37; Jn 13, 20.
17 « démons soumis par ton Nom », cf Mc 16, 17. L’expulsion des démons par
la vertu de TEsprit Saint est un signe que le royaume de Dieu est arrivé (11, 20;
Mt 12, 28), et donc que le règne de Satan touche a sa fin, cf Jn 12, 31.
19 «serpents et scorpions» (Ps 91, 13), à entendre de toute puissance maléfique
de l ’ennemi, de quelque nature qu’elle soit.
20 « vos noms inscrits dans les deux », c’est-à-dire que vous êtes comptés au
nombre des élus. L ’image, empruntée à TA.T. (Ex 32, 32 sv; Is 4, 3; Dan 12, 1;
Ps 69, 29), reparaît plusieurs fois dans l ’Apocalypse, sous la désignation « Livre
de vie », cf 3, 3; D , 8; 17, 8; 2 0 ,1 2 , 13; 21, 27.

117 LUC
La révélation réservée aux si Le Fère et le
Fils

10 A l’heure même, il exulta par l’Esprit, 1’[ Esprit ]


Mt 11,25-27 Saint, et il dit: « Je te loue, Père, Seigneur du ciel
et de la terre, parce que tu as caché cela aux sages
et aux intelligents, et l’as révélé aux enfants. Oui,
Père, parce que tel a été ton bon plaisir. ^^Tout
m’a été remis par mon Père, et personne ne sait qui
est le Fils si ce n ’est le Père, ni qui est le Père si ce
n’est le Fils, et celui à qui le Fils veut le révéler. »

Le privilège des disciples de Jésus

Mt 13, ifi-17 23 gg retournant vers les disciples, il leur dit, à


l’écart: « Heureux les yeux qui regardent ce que
vous regardez! Car je vous dis que beaucoup de
prophètes et de rois ont voulu voir ce que vous
regardez, vous, et ils ne l’ont pas vu, et entendre
ce que vous entendez, et ils ne l’ont pas entendu! »

21-22 C£ ^ le texte parallèle de Mt 11, 25-27. Menues divergences: Le ajoute


« l’exultation par l ’Esprit », et il écrit « A l ’heure même », au lieu de « En ce
temps-là », et « ne sait qui », au lieu de « ne reconnaît ». Voir les notes sur Mt.
23-24 « ont voulu voit et ne l’ont pas vu », saint Paul a insisté sut les longs
silences dont a été entouré le « Mystère gardé dans le silence durant des temps
éternels » (Ro 16, 25); et encore Eph 3, 4 sv, 2; Col 1, 26. Voir aussi 1 Pe 1,
11 SV.
25-28 C£ 1m passages parallèles, surtout Marc, et les notes.
25 « un légiste », c’est-à-dire un docteur de la Loi, terme aimé de Le 7. 50; 11,
45, 46, 52, 55; 14, 5 (Mt une seule fois, Ti une fois; absent de Mc et de J n ).
28 « fais ceia, et tu vivras », c£ Lev 18, 5.

LUC 118
Parabole du bon Samaritain

^ Et voici qu’un légiste se leva et lui dit pour le 10


mettre à l’épreuve: « Maître, que dois-je faire pour
avoir en héritage la vie éternelle? » “ Il lui dit: Mt 19,16-19
« Dans la Loi qu’est-ü écrit? Comment lis-tu? »
Répondant, celui-ci dit: « aimeras le Seigneur Mt 22,34-40
ton Dieu de tout ton cœur, et avec toute ton âme, et
avec toute ta force et avec toute ta pensée, et ton
prochain comme toi-même. » [Jésus] lüi dit: « Tu
as bien répondu; fais cela, et tu vivras. »
Mais lui, voulant se justifier, dit à Jésus: « Et
qui est mon prochain7 » ^ Reprenant, Jésus dit:
« Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho, et
il tomba au milieu de brigands qui, après l’avoir
dépouülé et couvert de plaies, s’en aËèrent, le
laissant à demi mort. Par hasard, un prêtre
descendait par ce chemin; il le vit et passa outre.
^^Pareillement un lévite, survenant en ce lieu, le
vit et passa outre. Mais un Samaritain, qui était
en voyage, arriva près de lui et, le voyant, fut pris
de pitié. Et s’avançant, il banda ses blessures, y
versant de l’huile et du vin; puis le chargeant sur sa
propre monture, il l’amena à l’hôtellerie et prit soin
de lui. E t le lendemain, tirant deux deniers, il les

29-37 Propre à I*c.


29 4cvoulant se }usti£lec », d’avoir posé sa question.
30 <( de Jérusalem à Jérîdio », la distance est d ’environ 30 km, la différence
d’altitude entre les deux villes de çrès de 1100 mètres; la route, qui traverse un
d&ert propice aux embuscades, était infestée àe brigands.
33 <t un Samaritain » (cf 9, JJ , et la note); d’un côté ce qu’il y a de plus tenu à
observer la loi de charité, de l ’autre l ’étrai^er et l ’hérétique, dont on n’attendrait
normalement que de la haine.
34 Traitement jadis en honneur.

119 LUC
10 donna à rhôtelier et dit: Prends soin de lui, et tout
ce que tu dépenseras en plus, c’est moi qui, lors de
mon retour, te le rembourserai. ^ Qui de ces trois
te semble s’être montré le prochain de l’homme
tombé aux mains des brigands? » Il dit: « Celui
qui a exercé la miséricorde envers lui. » Jésus lui
dit: « Va, et toi aussi, fais de même. »

Marthe et Marie
Jn 11, 1 -2
Comme ils faisaient route, il entra dans un
village, et une femme du nom de Marthe le reçut
dans sa maison. Et celle-ci avait ime sœur appe­
Jn 11,20
lée Marie qui, s’étant assise aux pieds du Seigneur,
écoutait sa parole. '“ Marthe, elle, était absorbée
par les multiples soins du service. Intervenant, elle
dit: « Seigneur, cela ne te fait rien que ma sœur me
laisse servir toute seule! Dis-lui donc de m’aider. »
Mais, répondant, le Seigneur lui dit: « Marthe,
Marthe, tu te soucies et t ’agites pour beaucoup de
choses; ® pourtant il en faut peu, une seule même.
C’est Marie qui a choisi la bonne part: elle ne lui
sera pas enlevée. »

37 « V a» , ou, peut-être, en tenant compte du caractère sémitisant de l ’escpres-


sion: « Eh bien! »
38-42 Un des morceaux les plus fins et les plus délicats de Le.
38 « u n village», Béthanie (Jn 11, 1 ), sur le flanc oriental du mont des Oliviers,
à moins de 3 km de Jérusalem*
39 Sur ces deux sœurs, avec des caractères et des attitudes semblables, c£ Jn 11,
1-39. — « s*étant assise », cf Jn 11, 20.
40 « Intervenant », lit: « s’étant présentée ». — « cela ne te fait rien (Mc 4, 38),
brusquerie, qui suppose entre Jésus et Marthe des relations antérieures.
41 « pour beaucoup de dioses »; ce que Jésus blâme dans l’attitude de Marthe,
ce n’est pas le soin qu’elle apporte à son office de maîtresse de maison, c’est la
trop grande importance qu’â l e lui attache, au détriment de l ’essentiel: le
Royaume, l ’unique nécessaire. Même leçon 12, 29-31 et par.

LUC 120
Le Pater

^ Or, comme il était quelque part à prier, quand il 11


eut cessé, un des ses disciples lui dit: « Seigneur,
enseigne-nous à prier, tout comme Jean Va ensei­
gné à ses disciples. » ^ Il leur dit: « Lorsque vous M t 6. 9-13

priez, dites:
Père,
Sanctifié soit ton Nom!
^ Vienne ton règne!
Notre pain quotidien,
donne-le-nous chaque jour,
^ et remets-nous nos péchés,
car nous-mêmes remettons à quiconque nous
doit,
et ne nous fais pas entrer en tentation! »

1 « quelque part », peut-être dans le voisinage de Béthanie, suivant une antique


tradition, ce qui s’accorde avec le contexte (10, 38, et la note). — « à prier», sur
la prière de Jésus, c£ 6, 12, et la note. — « à ses disciples », 5, 33; 7, 18, 19;
Jn 1, 33, 37; 3, 23; etc. — « Jean l ’a enseigné » (?).
2-4 Le texte de M t — qui est devenu le texte de la liturgie — contient sept
demandes, celui de Le cinq seulement. Peut-être Le représente-t-il la forme origi­
nelle, M t ayant ajouté la troisième demande (7, 21; 21, 31; 26, 42) et la septième
(13, 19, 38) p o o l obtenir le chif&e 7 qu’il attectionne. — Sur le Pater, voir les
notes de Mt. — «rem ets... à quiconque nous doit», pour cet aspect juridique du
péché et de son pardon, cf 7, 47, 48, 4?;-12, 10; Ro 4, 7; Ja 5, 3; etc.

121 LUC
L ’ami importun

11 ^ Et il leur dit: « Si l’un d’entre vous, ayant un


ami, s’en va le trouver à minuit pour lui dire : Mon
ami, prête-moi trois pains, ®parce qu’un de mes amis
m’est arrivé de voyage et je n ’ai rien à lui servir,
et que, de l’intérieur, l’autre réponde et dise: Ne
me cause pas d’ennuis; maintenant la porte est
fermée, et mes enfants et moi sommes au lit, je ne
puis me lever pour t ’en donner... ®je vous le dis:
même s’il ne se lève pas pour les lui donner parce
que c’est son ami, il se lèvera du moins à cause de
son impudence, et il lui donnera tout ce dont il a
besoin.

Efficacité de la prière

Mt 7, 7-11 9 jg Dejjjandez, et l'on vous


^ jg .

i5;^7 donnera; cherchez, et vous trouverez; frappez, et


l’on vous ouvrira. “ Car quiconque demande reçoit,
16,29-24 cherche trouve, et à qui frappe on ouvrira.
“ Quel est parmi vous le père auquel son fils
demandera un poisson et qui, au Heu d’un poisson,
lui remettra un serpent, ou encore s’il demande
un œuf, lui remettra-t-il un scorpion? *^Si donc
vous, tout mauvais que vous êtes, vous savez don­
ner de bonnes choses à vos enfants, combien plus
le Père du del donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui
le lui demandent! »
5-8 Propre à Le. — « à m inuit» (Mc 13, 35; Ac 16, 25; 20, 7). — « n e me
cause pas d’ennui », cf 18, 5; M t 2 6 , 10 = Mc 14, 6. — « impudence », hapax.
9-13 Très proche du texte parallèle de Mt. Quelques légères diâérences:

LUC 122
Jésus accusé par certains
de chasser les démons par Béelzéboul

^'^Et il chassait un démon, et ce [démon] était 11


muet. Or donc, le démon sorti, le muet parla, et les
foules furent étonnées. Certains d’entre eux
dirent: « C’est par Béelzéboul, le chef des démons,
qu’il chasse les démons. » D’autres, pour le
mettre à l’épreuve, demandaient de lui un signe
venant du ciel. ” Mais lui, sachant leurs pensées,
leur dit: « Tout royaume divisé contre lui-même est
dévasté, et maison sur maison tombe. Si le Satan
aussi s’est divisé contre lui-même, comment se
maintiendra son royaume?.,, puisque vous dites
que c’est par Béelzéboul que je chasse les
démons. Mais si moi, c’est par Béelzéboul que je
chasse les démons, vos füs, par qui les chassent-Üs?
Voilà pourquoi eux seront vos juges. ^ Si, au con­
traire, c’est par le doigt de Dieu que je chasse les
démons, c’est donc que le royaume de Dieu est
arrivé jusqu’à vous. Lorsque TChomme] fort, bien
armé, garde son palais, ses biens sont en sûreté;
mais qu’tm plus fort que lui survienne et le batte.

« poisson, serpent, œuf, scorpion au lieu de « pain, pierre; poisson, serpent


« le Père du ciel », Mt « votre Père »; « FEsprit Saint », la bonne chose par
excellence, au lieu de Mt « de bonnes choses ».
14-22 Voir les notes sur Mc par. — « demandaient im signe venant du' c id »,
d Mc 8 , 11.
19 « vos fils », sémitisme pour désigner l ’appartenance à un groupe; il s’agit des
exorcistes juifs.
20 « le doigt de D ieu», sur l ’expression, c£ Ex 8, V ; "Ps S, 4 («tes doigts»).
C’est la comparaison de ce passage avec le texte parallèle de Mt 12, 28 (<c l ’Esprit
de D ieu»), qui a fait donner à l ’Esprit Saint l ’appellation de «Digîtus patemae
dexterae ».
21>22 Dans Mt l ’image est celle d ’un pillage à main armée, dans Le celle d’un
combat entre deux hommes de guerre.

123 LUC
11 il lui enlève sa panoplie en laquelle il se confiait,
et il distribue ses dépouilles.

Intransigeance de Jésus

Mt 12,30 23 gg^ contre moi, et qui


ne ramasse pas avec moi disperse.

Retour offensif et victorieux de l’esprit impur

Mt 12,43-45 24 Lgrsque l’esprit impur est sorti de l’homme, il


parcourt des lieux arides, cherchant du repos. Et,
n ’en trouvant pas, il dit; Je vais retourner dans mon
logis, d’où je suis sorti. “ Et, en venant, il le trouve
balayé et orné. ^ Alors il va prendre sept autres
esprits plus mauvais que lui; üs entrent dans [le
logis] et y habitent, et le dernier état de cet
homme devient pire que le premier. »

La vraie béatitude

Or donc, comme il disait cela, une femme,


élevant la voix du milieu de la foule, lui dit; « Heu­
reux le ventre qui t ’a porté et les seins que tu as
suces! »
Le 8,2 1
Mais il dit; « Heureux plutôt ceux qui écoutent
la parole de Dieu et l’observent! »
23 Cf Mt 12, 30 (identique), et à ia;^rodier de Mc 9, 40.
24 « lieux arides », séjour aimé des déinons.
26 « sept» (8, 2), chiffre de plénitude; une multitude. — « le dernier état devient
pire que le premier », cf Mt 12, 43\ 2 Pe 2, 20.
27-28 Cf 8, 21: «M a mère et mes frères, ce sont ceux qui écoutent la parole de
Dieu et la mettent en pratique. »

LUC 124
Le signe de Jonas

Comme les foules se pressaient en masse, il se 11


mit à dire: « Cette génération est une génération Mt r z, 38-42
mauvaise; elle cherche un signe, et de signe, il ne
lui sera donné que le signe de Jonas. Car, tout
comme Jonas devint un signe pour les Ninivites,
ainsi le Fils de l’homme en sera un pour cette géné­
ration. La reine du Midi se lèvera, lors du Juge­
ment, avec les hommes de cette génération, et elle
les condamnera, parce qu’eUe vint des extrémités
de la terre pour écouter la sagesse de Salomon;
et il y a ici plus que Salomon! ^^Les hommes de
Ninive ressusciteront, lors du Jugement, avec cette
génération, et Üs la condamneront, parce qu’ils se
repentirent à la proclamation de Jonas; et il y a ici
plus que Jonas!

Encore la parabole de la lampe


4,21
« Personne, après avoir allumé une lampe, ne
la met dans une cachette ou sous le boisseau, mais
bien sur le lampadaire, pour que ceux qui pénètrent
voient la clarté. ^ La lampe du corps, c’est ton' œü.
Lorsque ton φ est sain, ^ors, tout entier, ton corps
est lumineux; mais quand il est mauvais, ton corps
aussi est ténébreux. Veille donc à ce que la
lumière qui est en toi ne soit pas ténèbres! Si

29-32 Voir les notes sur M t par» — « elle dieidie un signe »; M t par
« ledietdie un signe ».
33-36 Voir les notes sur les parallèles.

125 LUC
11 donc ton corps tout entier est lumineux sans avoir
de partie ténébreuse, Ü sera lumineux tout entier,
comme lorsque la lampe t ’illumine de son éclat. »

Contre les Pharisiens et les légistes

Comme ü parlait, un Pharisien le prie à déjeu­


ner chez lui. Etant entré, il se mit à table. ^ Ce que
Mt 15, 1- 2 yoyant, le Pharisien s’étonna de ce qu’il ne se
fût pas d’abord lavé avant le déjeuner, ^®Mais le
Seigneur lui dit; « Vous voÜà bien, vous, les Phari-
Mt 2 3 .25-2S siens! L’extétieut de la coupe et du plat, vous le
purifiez, alors que votre intérieur est plein de
rapine et de perversité. Sots! Celui qui a fait
l’extérieur n’a-t-il pas fait aussi l’intérieur? Don­
Mt 23,23
nez plutôt en aumône ce que vous avez, et voilà
que tout est pur pour vous,
« Mais malheur à vous, les Pharisiens, parce que
vous acquittez la dîme de la menthe, de la rue et
de tous les légumes, et vous négligez la justice et
l’amour de Dieu! Il fallait faire ceci et ne pas omettre
cela.

37*54 Ensemble ptopte à Le. Bien des traits s’y rencontrent que M t a distribués
autrement dans son discours contre les scribes et les Pharisiens. Se reporter aux
références marginales. On se contente d ’indiquer les principales divergences entre
les deux discours qui s’appuient sur un même texte de base.
37 •« le prie », sur cette invitation, cf 7, 36.
38 « lavé », c’est-à-dire fait les ablutions rituelles, cf Mc 7, 2-5, et les notes.
39 « plat », M t par <c éraelle »; <c de rapine et de perversité », M t par « pleins de
rapine et d’^ o n tinence ».
41 <ice que vous avez » (?) ou « ce qui est dedans » (?).
42 « dîme de la menthe, de la rue et de tous les légumes », Mt par « dîme de la
mendie, du fenouil et du cumin»; « e t vous négligez la justice et l ’amour de
Dieu! » Mt par « et vous avez laissé ce qui a le plus de poids dans la Loi, la
justice, la miséricorde et la foi! ».

LUC 126
« Malheur à vous, les Pharisiens, parce que 11
vous aimez le premier siège dans les synagogues
et les salutations sur les places pubhques!
• ^ « Malheur à vous, parce que vous êtes comme
les tombeaux que rien ne signale et sur lesquels les ***
hommes marchent sans le savoir! »
Prenant la parole, tm des légistes lui dit:
« Maître, en disant cela, tu nous outrages, nous
aussi! » Il dit: « A vous aussi, les légistes, mal­
heur, parce que vous chargez les hommes de *
charges difficiles à porter, et vous-mêmes ne tou­
chez pas à ces charges d’un seul de vos doigts!
« Malheur à vous, parce que vous bâtissez les
tombeaux des prophètes, et ce sont vos pères qui
les ont tués! ^®Donc, vous êtes des témoins, et ^*23,2s-3i
vous approuvez les œuvres de vos pères: eux les
ont tués, et vous, vous bâtissez!
^ « E t voilà pourquoi la Sagesse de Dieu a dit: Je
leur enverrai des prophètes et des apôtres, et às
en tueront et pourchasseront, ®®pour qu’il soit
demandé compte à cette génération du sang de
tous les prophètes qui a été répandu depuis la fon­
dation du monde, depuis le sang d’Abel
jusqu’au sang de Zacharie, qui périt entre l’autel et

43 Cf 20, 46 = Mc 12, 3S-3P = Mt 23, 6-7.


44 Le texte par de Mt est beaucoup plus riche.
45 « un des légistes », cf 7, 50, et la note.
47-48 Le texte parallèle de Mt est beaucoup plus développé. — « et vous, vous
bâtissez! » ironique. En bâtissant des tombeaux aux prophètes, les légistes croient
réparer les fautes de leurs pères. Mais ils ont les mêmes dispositions intimes qui,
le cas échéant, leur feraient commettre les mêmes crimes.
49 « la Sagesse de Dieu » (1 Co 1, 24, 30; 2, 7), il s’agit ici des décrets divins
interprétés par Jésus.

127 LUC
11 la Maison. Oui, je vous le dis, il en sera demandé
compte à cette génération.
« Malheur à vous, les légistes, parce que vous
Mt 23,1 3
avez enlevé la clef de la science! Vous-mêmes
n’êtes pas entrés, et ceux qui vordaient entrer,
vous les en avez empêchés. »
^^Et quand il Ext sorti de là, les scribes et les
Pharisiens se mirent à [lui] en vouloir terriblement
et à le faire parler sur une foule de choses, ^ le
guettant pour surprendre quelque [parole] de sa
bouche.

Professer la vérité ouvertement et sans crainte

12 ^ Sur ces entrefaites, la foule s’étant rassemblée


par dizaine de milliers, au point qu’on se piétinait,
Mt 16, 6,12 gg à jj|j.g^ d’abord à ses disciples: « Méfiez-
vous du levain — c’est-à-dire de l’hypocrisie — des
Mt 10,26-27 Pharisiens. ^Rien n ’est voüé qui ne sera dévoilé, et
Mc 4,22 j . j g j j j i ’eg^- secret qui ne sera connu. ^ C’est pour-
quoi tout ce que vous avez dit dans les ténèbres.

11 yi « la clef de la science », la science est comparée à un palais dont les légistes


ont dérobé la def.
53 « lui en vouloir terriblement », Topposition des ennemis de Jésus va grandis­
sant. Le, mieux que Mc et Mt, en a marqué les étapes: 6, 11; 19, 48; 20, 19 sv;
22, 2. « terriblement », encore et seulement Mt 8, 6,
54 « surprendre quelque parole », cf 20, 20. — « le faire parler », hapax. — Pour
les w de ^ n s manuscrits ont le texte suivant: «Tandis qu^il leur disait
cela devant tout le peuple, les Pharisiens et les légistes se mirent a lui en vouloir
terriblement et à contester avec lui de beaucoup de dioses, dierdhant une
occasion de le prendre pour l’accuser. »
12 1 ^ dixaines de ^ l î e r s », ou « par myriades »; « milliers » minimise. — « on
se piétinait», pour le terme, cf 8, 5; Mt 5, 7, 6; He 10, 29. —• «levain...
hypocrisie», cf Mt 16, 6, 12, oh le levain, entendu, comme ici d’un élément
corrupteur, est « l ’enseignement des Pharisiens et des Sadducéens », en Mc 8, 15,
la nature du levain n ’est pas e:q>liquée.
2-3 Voir les passages parallèles, et les notes.

17-18 — Parabole du Bon Samaritain (10, 25-37).


Vitrail de la fin du X II° siècle. Cathédrale de Sens.
19 — Parabole du Bon Samaritain. Le vitrail de Chartres présente
en parallèle la parabole et sa transposition théologique : le Bon
Samaritain est une figure du Christ qui sauve l’humanité malade.
En bas, le Samaritain soigne le blessé dans un lit. Au-dessus com­
mencement de l’histoire de l’humanité.
Vitrail du X I I I ” siècle. Cathédrale de Chartres.
en pleine Itimière sera entendu, et ce que vous 12
avez dit à l’oreille, dans les resserres, sera pro­ Jn 1 5,M
clamé sur les terrasses.
* « Je vous le dis à vous, mes amis: Ne craignez Mt 10,28-31
rien de ceux qui tuent le corps, et après cela ne
sauraient rien faire de plus. ^ Je vais vous montrer
qui vous devez craindre: craignez Celui qui, après
avoir tué, a le pouvoir de jeter à la géhenne; oui,
je vous le dis. Celui-là, craignez-le. ®Est-ce que
cinq moineaux ne se vendent pas deux as? E t pas
un d’entre eux n’est en oubli devant Dieu! ’ Mais
même les cheveux de votre tête sont tous
comptés. Soyez sans crainte: vous valez plus qu’une
multitude de moineaux.
®« Je vous le dis: Quiconque se sera déclaré M t 10,32-33
pour moi devant les hommes, le Fils de l’homme M c 8 ,3 8
aussi se déclarera pour lui devant les anges de Le 9,26
Dieu; ®mais celui qui me renie à la face des
hommes sera renié à la face des anges de Dieu.
Et quiconque dira une parole contre le Fils de M t 12,52
l’homme, il lui sera fait rémission; mais à qui aura Mc 3,29
blasphémé contre le Saint Esprit Ü ne sera pas fait
rémission.
“ « Lorsqu’on vous conduira devant les synago­ Mt 10,17-20
gues, et les magistrats et les pouvoirs, ne vous Mc 13,1 1
mettez pas en souci de ce que vous répondrez ni Le 21.14-13
12,11
comment, ou de ce que vous direz, ^^car le Saint
4-7 Voir Mt par, et les notes. — « à vous, mes amis», même terme de ten­
dresse, Jn 13, 14 SV.
8-9 Voit parallèles indiqués dans les références marginales, et les notes.
10 Cf M t 12, 32 par, qui ajoute « n i dans ce monde-ci, ni dans le monde à
venir »; Mc 3, 29 par écrit: « il est coupable d’un péché éternel. »
11-12 Voir les parallèles et les notes.

129 LUC
12 Esprit vous enseignera à l’heure même ce qu’il faut
dire. »

Pratiquer le détachement des biens de ce monde

Quelqu’un de la foule lui dit: « Maître, dis à


mon frère de partager avec moi l’héritage. » Il
lui dit; « Homme, qui m’a établi sur vous pour juger
ou faire vos partages? » Il leur dit; « Attention!
gardez-vous de toute cupidité, car un homme a
beau être dans l’abondance, sa vie ne dépend pas
de ses biens. »
Et il leur dit cette parabole: « Il y avait un
homme riche dont les terres avaient beaucoup rap­
porté. ” Et il se demandait: Que vais-je faire? car
je n’ai pas où ramasser ma récolte. Puis il dit;
Voici ce que je vais faire: j’abattrai mes granges et
j’en bâtirai de plus grandes, et j’y ramasserai tout
mon blé et mes biens, *®et je durai à mon âme:
Mon âme, tu as là beaucoup de biens pour beau­
coup d’années: repose-toi, mange, bois, fais la
fête. ^ Mais Dieu lui dit: Sot! cette nuit même on
va te redemander ton âme. E t ce que tu as préparé
qui l’aura? ^ Ainsi en est-il de celui qui thésaurise
pour lui-même, au lieu de s’enrichir en vue de
Dieu. »
13-21 Propie à Le.
14 « Qui m*a établi?... », Jésus refuse d’autant plus de s’immiscer dans des que­
relles d’intérêts temporels qu’elles proviennent à l’ordinaite d ’im atta^em ent
désordonné aux biens de ce monde.
18 « granges », ou « greniers, magasins ».
19 4cmon âme», au sens biblique de siège des appétits, spécialement de la faim.
20 <con», c’est-à-dire Dieu. — «préparé», pour tout le teste de la vie, et non

LUC 130
S’abandonner à la Providence

“ E t il dit à ses disciples: «Voilà pourquoi je 12


vous dis: Ne soyez pas en souci, pour [votre] vie,
de ce que vous mangerez, ni pour [votre] corps, de
quoi vous le vêtirez. “ Car la vie est plus que la
nourriture, et le corps plus que le vêtement.
“ Considérez les corbeaux: Üs ne sèment ni ne
moissonnent, ils n ’ont ni resserre ni grenier, et Dieu
les nourrit. Combien plus valez-vous que les
oiseaux! “ Qui d’entre vous, à force de soucis,
peut ajouter à son âge une coudée? “ Si donc la
plus petite chose même passe votre pouvoir,
pourquoi être en soud des autres? “ Considérez
les lis, comme ils ne filent ni ne tissent. Or, je vous
le dis, pas même Salomon, dans toute sa gloire, n’a
été vêtu comme l’xm d’eux. “ Si, dans les champs,
l’herbe qui est là aujourd’hui et demain sera jetée
au four. Dieu la revêt ainsi, combien plus le fera-t-il
pour vous, gens de peu de foi! “ E t vous, ne cher­
chez pas ce que vous mangerez et ce que vous
boirez, et ne vous tourmentez pas. “ Tout cda, en
effet, les nations du monde le recherchent, mais
votre Père sait que vous avez besoin de cela.
Aussi bien, cherchez son Royaume, et cela vous
sera surajouté.

22-31 Comparer avec M t 6, 25-3} par, e t voir les notes. Quelques légères diver­
gences, w 23, 24, 25, 27, 29. A signaler, au v 27, une leçon suspecte d’harmoni­
sation avec M t 6, 2S par. « comme ils croissent: ils ne peinent ni ne Aient. » —
Au V 29 « ne vous tourmentez pas », contresens célèbre de la Vulgate, qui a
traîné dans bien des livres et entretiens de spiritualité: notite in sublim e tolli.

131 LUC
12 « Sois sans crainte, petit troupeau, parce qu’il
Ac 20,2S
Jn 10,16 a plu à votre Père de vous donner le Royaume.

Vendre ses biens

« Vendez vos biens et donnez-les en aumône.


Faites-vous des bourses qui ne s’usent pas, un tré­
Mt 6,20-21
sor inépuisable dans les deux, où ni voleur
n’approche ni mite ne détruit. Car où est votre
trésor, là aussi sera votre cœur.

Se tenir prêts pour le retour du Maître

« Que vos reins soient ceints et vos lampes


allumées. ^*Et vous, soyez semblables à des hom­
mes qui attendent leur seigneur à son retour de
noces, pour lui ouvrir dès qu’il viendra et frap­
pera. D’ Heureux ces esclaves que le seigneur, à
sa venue, trouvera veillants! En vérité, je vous dis
qu’il se ceindra, et les fera mettre à table et passera
Mc 13, 35
les servir. Qu’il vienne à la deuxième ou à la
32 Sans parallèle. — « petit troupeau », johannisant, cf Jn 10. 2, II, 12, 14, 16-,
21, 16, 18. Voir encore Ac 20, 28 svj 1 Pe 5, 2 sv. — « il a plu », pour le terme,
chargé de théologie, cf 1 Co 1, 21j Ga 1, 15; Col 1, 19.
33-34 Apparenté à M t 6, 20-21. — « aumône », cf 11, 41. Sur le danger des
richesses et le conseil pressant de s’en défaire — un des thèmes ascétiques de Le
— cf l’Introduction. — « inépuisable », ou « qui ne vous fera pas défaut ».
35 l i faut avoir les « reins ceints » (pour le travail ou la marche, on relevait la
tunique et on la serrait à la taille), c’est-à-dire se tenir prêt à aller au-devant du
maître. Les lampes doivent être allumées (Mt 25, 3, 5, 7, 8, 9), car il reviendra
probablement la nuit.
36 « à son retour de noces », les noces duraient longtemps et pouvaient se pro­
longer au-delà des prévisions: d’ob l ’incertitude sur le jour et l ’heure du retour
des invités.
38 « à la deuxième ou à la troisième veille», les Pomains divisaient la nuit en

LUC 132
troisième veüle, s’il trouve les choses ainsi, heu- 12
reux seront-ils! Comprenez bien ceci: si le maître
de maison avait su à quelle heure le voleur allait
venir, il n ’aurait pas laissé percer le mur de sa
maison. '‘“Vous aussi, tenez-vous prêts, parce que
c’est à l’heure où vous n’y pensez pas que le Fils
de l’homme va venir. »
Pierre dit: « Seigneur, est-ce pour nous que tu
dis cette parabole, ou bien aussi pour tout le
monde? » Et le Seigneur dit: « Quel est donc l’in-
tendant fidèle, prudent, que le seigneur a établi sur
sa domesticité pour donner en temps voulu la
ration de blé? Heureux cet esclave, que son sei­
gneur, en venant, trouvera occupé ainsi! ^V rai­
ment, je vous dis qu’il l’établira sur tous ses biens.
‘‘^Mais si cet esclave dit en son cœur: Mon sei­
gneur tarde à venir, et qu’il se mette à battre les
garçons et les filles, à manger, et à boire et à s’eni­
vrer, '’^il arrivera, le seigneur de cet esclave, un
jour qu’il ne s’y attend pas et à une heure qu’il ne
connaît pas; et il le retranchera et mettra sa part
avec les infidèles.
« Cet esclave qui, connaissant la volonté de
son seigneur, n ’aura rien préparé ou fait conformé­
ment à sa volonté, recevra un grand nombre de
coups; quant à celui qui, sans la connaître, aura

quatre veilles (Mt 14, 2J; Mc 13, 35), les Juifs en trois. C’est à la seconde
manière que semble se référer Le.
40 Sur cette incertitude de l ’heure du retour, qui semble avoir été un des
thèmes de la catéchèse apostolique, cf w 39, 46-, 17, 26-30-, 21, 34 sv: M t 24, 36,
42, 44, 30; 25, 13; Mc 13, 34-36-, 1 Th 5, 2-4; 2 Pe 3, 4-7, 9-10.
41-46 Cf Mt par, et les notes.
47-48 Propre è Le.

133 LUC
12 par sa conduite mérité des coups, il n’en recevra
que peu. A qui on aura donné beaucoup il sera
beaucoup demandé, et à qui on aura confié beau­
coup on réclamera davantage.

Comprendre l’état de violence spirituelle


inauguré par Jésus
49
Je suis venu jeter un feu sur la terre, et
comme je voudrais que déjà il soit allumé! ®°Je
Mc 10. 38
dois être baptisé d’un baptême, et comme je suis
oppressé jusqu’à ce que tout soit achevé!
« Pensez-vous que je sois paru pour donner la
Mt 10,34-3(5 pgjjj. gyj, terre? Non, je vous le dis, mais la divi­
sion. “ Désormais, en effet, dans une maison de
cinq personnes on sera divisé, trois contre deux et
deux contre trois; “ on sera divisé, père contre fils
et fils contre père, mère contre fiÛe et fille contre
mère, belle-mère contre l’épousée, et épousée
contre belle-mère. »

49 Pcpçie à Le. — « le feu», diffîcile, probablement Tétât de guerre spirituelle


que suscite Tappatition de Jésus. ,
50 «baptisé d’im baptême»» celui de la Passion» qui plonge Jésus dans un
abîme de souffrances» ^ Mc 10» 38j et la note. — « comme Je suis oppressé », ces
deux versets (49-30) nous permettent de pénétrer dans la vie intime de Jésus»
tout embrasée d*amour et tendue vers sa Passion (22» 15)» laquelle ouvrira Tète
nouvelle qu*il vient inaugurer.
51-53 Voir Mt par, et les notes.

LUC 134
Savoir interpréter les signes des temps
et agir en conséquence

Il disait encore aux foules: « Lorsque vous 12


voyez un nuage se lever au couchant, aussitôt vous ^
dites que la pluie vient; et c’est ce qui arrive, Et
lorsque c’est le vent du midi qui souffle, vous dites
qu’il y aura une chaleur brûlante; et cela arrive,
“ Hypocrites! vous savez apprécier le visage de la
terre et du ciel, et ce temps-ci alors, comment ne
l’appréciez-vous pas?
« Et pourquoi ne jugez-vous point par vous- Mt 5, 2;-2tf
mêmes de ce qui est juste? “ Ainsi, quand tu vas
avec ton adversaire devant un chef, en chemin fais
en sorte d’en avoir fini avec lui, de peur qu’il ne te
traîne devant le juge, et que le juge ne te livre à
l’exécuteur, et que l’exécuteur ne te jette en
prison. Je te le dis: Tu ne sortiras pas de là que
tu n ’aies remboursé jusqu’au dernier lepte. »

Vaire pénitence et profiter de la longanimité divine


Parabole du figuier stérile

^En ce même temps, survinrent des gens qui l’in- 13


formèrent de ce qui était arrivé aux Galiléens, dont
PÜate avait mêlé le sang à celui de leurs sacrifices.

54-56 Voir Mt par/ même l ^ n escrimée par des images differentes. 12


57-59 Voir M t par, et les notes. ^ «2
1 «avait mêlé le sang...», au cours d*une sédition, comme il y en eut tant. 1 ^
Nous savons par l ’JhistoiIen Josèphe que Pilate ne reculait pas devant les actes de
répression sanglante.

135 LUC
13 ^ Et, prenant la parole, il leur dit: « Pensez-vous que
ces Galiléens fussent de plus grands pécheurs que
tous les [autres] Galiléens, parce qu’ils ont subi
pareil sort? ^ Non, je vous le dis; mais si vous ne
vous repentez pas, vous périrez tous pareillement.
Ou ces dix-huit que la tour de Siloé a tués dans
sa chute, pensez-vous que leur dette fût plus
grande que celle de tous les hommes qui habitent
Jérusalem? ^ Non, je vous le dis; mais si vous ne
voulez pas vous repentir, vous périrez tous de
même. »
®Et il disait cette parabole: « Quelqu’un avait un
figuier planté dans sa vigne. Il vint y chercher du
fruit et n ’en trouva pas. ^ Il dit au vigneron: Voilà
Mc 11, V
trois ans que je viens chercher du fruit sur ce
figuier, et je n’en trouve pas. Coupe-le; pourquoi
donc encombre-t-il la terre? ®Celui-ci, répondant,
lui dit: Seigneur, laisse-le encore cette année, le
temps que je creuse tout autour et que je mette du
fumier. ®Peut-être fera-t-il du fruit à l’avenir... Sinon,
certes, tu le couperas. »

4 « la tour de Siloé» (Jn 9, 7 ), bâtie le long du canal gui amenait l ’eau à la


piscine de Siloé, à l ’est de Jâusalem . — Pas de relation ptécise et directe entre
faute et calamité; mais les mmbeurs publics sont une invitation à la pénitence.
6-9 Pas de parallèle, sauf au v 7. — «V oilà tiois an s...», est-ce une allusion à
la dotée du ministère de Jésus, telle qu’elle ressort du quatrième évangile? —
« encombre-t-il la terre », ou « ^nûse-t-il la terre », ou « laisse-t-il la terre impro­
ductive? » — « Sinon, tu le couperas », Dieu ne désire pas le châtiment, il s’y
résigne. — Le a omis l ’épisode du fin ie s desséché (Mt 21, 18-22 = Mc 11,
12-14, 20-2}).

LUC 136
Guérison un jour de sabbat d’une femme toute
courbée

“ Il enseignait dans une synagogue un jour de 13


sabbat. E t voilà une femme ayant depuis dix-huit
ans tm esprit qui la rendait infirme, et elle était toute
courbée et ne pouvait absolument pas se redresser.
“ La voyant, Jésus s’adressa à elle et lui dit: « Fem­
me, te voilà délivrée de ton infirmité », “ et ü posa
les mains sur elle. E t à l’instant même elle se tint
droite, et elle glorifiait Dieu.
Prenant la parole, le chef de la synagogue,
indigné de ce que Jésus eût fait une guérison le
sabbat, dit à la foule; « Il y a six jours pendant
lesquels on doit travailler, venez donc ces jours-là
vous faire guérir, et non le jour du sabbat! » “ Le
Seigneur lui répondit, et il dit; « Hypocrites! chacun
de vous, le sabbat, ne délie-t-il pas de la man­ Le 14, s

geoire son bœuf ou son âne pour le mener boire?


“ E t cette fiUe d’Abraham que le Satan a liée voilà
dix-huit ans, il ne fallait pas qu’elle fût déHvrée
de ce lien le jour du sabbat! » E t comme il disait
cela, tous ses adversaires avaient honte, tandis
que toute la foule était dans la joie de toutes les
choses magnifiques qui arrivaient par lui.

10-17 Propre à Le.


10 Autres violations du sabbat 6, 6 sw ; 14, 1 sw .
11 « un esprit qui la rendait infirme », les Juifs attribuaient volontiers les mala­
dies à Faction du démon. — « se redresser », ou « lever la tête complètement ».

137 LUC
Le grain de sénevé

13 Il disait donc: « A quoi le royaume de Dieu


mÎ ^4;jfcJI est-il semblable, et à quoi pourrais-je l’assimiler?
Il est semblable à un grain de sénevé qu’un
homme prend et jette dans son jardin; il croît et
devient un arbre, et les oiseaux du ciel s’abritent
dans ses branches. »

Le levain

Mt 13,33 20 ejjcore: « A quoi pourrai-je assimiler le


royaume de Dieu? Il est semblable à du levain
qu’une femme prend et cache dans trois mesures
de farine, jusqu’à ce que le tout ait levé, »

Sur la route de Jérusalem. La porte étroite,


le rejet des Juifs infidèles et Vappel des pdiens

Et il cheminait par villes et villages, enseignant


et faisant route vers Jérusalem. ^ Quelqu’un lui dit:
« Seigneur, est-ce que les sauvés seront peu nom-
Mt 7,13-M breux? » Il leur dit: « Luttez pour entrer par la
porte étroite, parce que beaucoup, je vous le dis,
chercheront à entrer et n’y parviendront pas.

18*21 Ces deux paraboles figurent dans un contexte différent Mt et Mc.


22 « faisant route vers Jérusalem », le voyage ne recommence pas (9, 51); Le
rappelle simplement que Jésus est en route. Voir l'introduction.
24 Cf Mt 7, 15-24, plus développé.

LUC 138
“ « Dès que le maître de maison se sera levé et 13
aura fermé la porte et que, restés dehors, vous
vous serez mis à frapper à la porte, en disant:
Seigneur, ouvre-nous, il vous répondra: Je ne sais
d’où vous êtes, “ Alors vous vous mettrez à dire:
Nous avons mangé et bu devant toi, et tu as
enseigné sur nos places. ^^Et il vous dira: Je ne
sais d’où vous êtes: écartez-vous de moi, vous tous,
ouvriers d’injustice! “ Là seront les sanglots et les
grincements de dents, lorsque vous verrez
Abraham, et Isaac, et Jacob et tous les prophètes
dans le royaume de Dieu, et vous chassés dehors.
“ E t on arrivera du Levant et du Couchant, du nord
et du midi, et on se mettra à table dans le royaume
de Dieu.
« Et voilà qu’il y a des derniers qui seront pre-
miers, et il y a des premiers qui seront derniers. »

Les ruses du renard Hérode et le destin de Jésus

A l’heure même, s’avancèrent quelques Pha­


risiens, qui lui dirent: « Pars et va-t-en d’ici, parce
qu’Hérode veut te tuer. » ^^Et il leur dit: « Allez dire
à ce renard: Voici que je châsse des démons et
accomplis des guérisons aujourd’hui et demain, et
le troisième jour c’est fini pour moi! Mais aujour­
d’hui, et demain et le jour suivant, je dois poursuivre

27 Ci Ps 6, S.
31-33 Propre à Le. — «Hérode... renard», il s^agit d’Hérode-Antîpas (3, 1, et la
note). Jésus est sur ses terres, c’est-à-dire en Pérée, puisqu’il fait route vers Jém-

139 LUC
13 ma route, parce qu’il ne convient pas qu’un pro­
phète périsse hors de Jérusalem.

« Grande Vie du Christ » de Ludolphe le Chartreux. XV" siècle.

Apostrophe à Jérusalem
Mt 23,37-3?
^ « Jérusalem, Jérusalem, toi qui tues les pro­
phètes et lapides ceux qui te sont envoyés, que de
fois j’ai voidu rassembler tes enfants de la manière
dont une poule rassemble sa couvée sous ses
ailes... et vous n ’avez pas voulu! Voici que votre
Salem (9, SI; 13, 22). H ne semble pas quH étode ait eu le dessein de « tu e r»
Jésus. Peut-être a-t-il voulu pat ce faux bruit habilement répandu se débartasset
de Jésus; c’est à cette manœuvre de roué que ferait allusion l’éjâthète de renard.
34-33 C i le texte par de Mt; très menues divergences.

LUC 140
maison vous est laissée. Je vous le dis: vous ne me 13
verrez plus, jusqu’à ce qu’arrive [le jour] où vous
direz:
Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur! »

Guérison d’un hydropique un jour de sabbat

^ Or, comme il était venu un sabbat chez l’im des 14


chefs des Pharisiens pour prendre un repas, eux
l’épiaient. ^ E t voilà qu’un homme hydropique était
devant lui, ^Et, prenant la parole, Jésus dit aux
légistes et aux Pharisiens: « Est-Ü permis le sabbat
de guérir, ou non? » ^E t eux se tinrent cois. Et,
prenant le [m alade], il le guérit et le renvoya. ®Et il
leur dit: « Qui de vous, si son fils ou son bœuf vient “
à tomber dans un puits, ne l’en retirera aussitôt le ^
jour du sabbat? » *E t ils ne parvinrent pas à répli­
quer à cela.

Sur le choix des places

^ Et il disait une parabole pour les invités, remar­


quant comment ils choisissaient les premiers divans;
il leur disait: ®« Lorsque tu es invité à des noces.

lîti « uuuigcx uu vaux uuuca cApxcs


cette surveillance hostile exprimée par
Gaa 4 , 10.
7-11
^■11 “Propre à Le, sauf v I I (voit références marginales). — « les premiers
divans
vans », ci 20, 46\ Mt 23, Mc 12, 39. — « t*étendre », on s’allongeait pour

141 LUC
14 ne va pas t ’étendre sur le premier divan, de
peur qu’un plus digne que toi n ’ait été invité aussi,
®et que celui qui vous a invités, toi et lui, ne
vienne te dire: Cède-lui la place. E t alors tu te met­
trais, plein de honte, à ^ e r occuper la dernière
place. “ Mais lorsque tu es invité, va te mettre à la
dernière place, de façon qu’à son arrivée celui qui
t ’a invité te dise: Mon ami, monte plus haut. Alors il
y aura pour toi de l’honneur devant tous les autres
Mt 23,12 Il.
convives; "" parce que quiconque s’élève sera
abaissé, et celui qui s’abaisse sera élevé. »

Sur le choix des invités

“ Et il disait à celui qui l’avait invité: « Lorsque tu


fais un déjeuner ou un ^ e r , ne convie ni tes
amis, ni tes frères, ni tes parents, ni de riches
voisins, de peur qu’eux aussi ne t ’invitent à leur
tour et qu’on ne te rende la pareille. ^ Mais lors­
que tu fais une réception, invite des pauvres, des
infirmes, des boiteux, des aveugles; ^‘‘ et heureux
seras-tu de ce qu’ils n’ont pas de quoi te rendre!
Car cela te sera rendu lors de la résurrection des
justes. »

pcendie ses repas, cf 9, 14 sv; Mc 6, 39 sv; 8, 6; M t 14, 18. — <ide façon»,


plutôt que « a&i que », qui exprimerait un calcul par trop intéressé.
12-14 Propre à Le. — « de quoi te rendre la pareille », ou « et que ce soit là la
récompense ». — « de ce qu’ils n ’ont pas de quoi te tendre », cf 6, 33.

LUC 142
Sur les invités qui se dérobent

A ces mots, Tim des convives lui dit: « Heu- 14


reux celui qui prendra son repas dans le royaume
de Dieu! » Il lui dit: « Un homme faisait un
grand dîner auquel il invita beaucoup de monde.
^’ Et il envoya son esclave, à l’heure du dîner,
pour dire aux invités: Venez, parce que maintenant
c’est prêt. ^®Et tous, unanimement, se mirent à
s’excuser. Le premier lui dit: J ’ai acheté un champ
et il me faut aller le voir; je t ’en prie, tiens-moi pour
excusé. Et un autre dit: J ’ai acheté cinq paires de
bœufs et je vais les essayer; je t ’en prie, tiens-moi
pour excusé. ^°Et un autre dit: Je viens de me
marier, et c’est pourquoi je ne puis venir.
« Et à son retour, l’esclave rapporta cela à son
seigneur. Alors, pris de colère, le maître de maison
dit à son esclave: Sors vite dans les places et les
rues de la ville, et introduis ici les pauvres, et les
infirmes, les aveugles et les boiteux. ^ E t l’esclave
dit: Seigneur, ce que tu as commandé est fait, et il
y a encore de la place. ^ E t le Seigneur dit à l’es­
clave: Sors dans les chemins et le long des dôtures,
et force les gens à entrer, pour que ma maison se

15*24 Voir le passage parallèle de Mt, avec ses notes. — « p i^ d r a son repas
(lit: «mangera du p ain») dans le royaume de D ieu»; depuis longtemps la M id té
des temps messianiques était comparée à un ban^iet, cf Is 25, 5: «pour tous les
peuples... un festin de viandes grasses, tm festin de vins dépouillés, de viandes
grasses, pleines de modle, de vins dépouillés, clarifiés», voir encore Le 13, 29\
22, 50. —* « p ris de colère», cf M t 18, 34 (en Mc 1, 41 «pris de p itié » ). —
«force les gens à entrer», il ne s’agit ^ s de les violenter, mais de passer outre
au rebis que i>outrait provoquer diez eux la honte de leur indigence et de leur
saleté. On sait l ’abus qui a été fait au cours de l’histoire de ce compeîle întrare.

143 LUC
14 remplisse. ^C ar, je vous le dis, aucun de ces
hommes qui avaient été invités ne goûtera de mon
dîner. »

Renoncer à tout ce qu’on a de cher

“ Des foules nombreuses faisaient route avec


lui, et se retournant, il leur dit: “ « Si quelqu’m
Mt 10.37-38 ^ jjioi et ne hait pas son père, et sa mère, et
sa femme, et ses enfants, et ses frères, et ses
soeurs, et jusqu’à sa propre vie, il ne peut être mon
disciple. “ Quiconque ne porte pas sa croix et ne
vient pas à ma suite ne peut être mon disciple.

Renoncer en particulier à tous ses biens

“ « Qui d’entre vous en effet, s’ü veut bâtir une


tour, ne commepce par s’asseoir, pour calculer la
dépense et voir s’il a de quoi terminer? “ De peur
que, s’il pose les fondations et ne parvient point à
achever, tous ceux qui regarderont ne se mettent à
se moquer de lui, en disant: Voilà un homme qui
a commencé de bâtir, et il n ’est point parvenu à

25-27 « se retournant », sur cette attitude de Jésus notée par Le, cf 7, 44\ 9, 55:
22, 61-, 23, 28. — « ne hait pas », hyperbole hébraïsante; il faut préférer Jésus a
tout ce qu’on a de plus cher. — « sa femme », propre à Le, dont il illustre la
tendance ascétique, de même 18, 29. — «n e porte pas sa croix», encore Jn 19,
27; on trouve encore « prendre sa croix », 9, 25; Mt 16, 24-, 27, 52; Mc 8, 34', 15,
21, « se saisir de sa croix », Mt 10, 38.
28-33 Propre à Le. — « tour », non pas une tour de vigne, petit édifice destiné
à servir de guet (Is 5, 2), mais un bâtiment considérable. — « demander la

LUC 144
•C3C■owîîmn^itfm commmm « pt t f puBf k

: Grande Vie du Christ » de Ludolphe le Chartreux. X V ’ siècle.

achever! Ou quel est le roi qui, partant faire la 14


guerre à un autre roi, ne commencera par s’asseoir
pour examiner s’il est capable, avec dix mÜle hom­
mes, d’aller au-devant de celui qui marche contre

145 LUC
14 lui avec vingt mille? “ Sinon, certes, alors que
l’autre est encore loin, il envoie une ambassade
demander les conditions de paix, “ Ainsi donc,
quiconque d’entre vous ne donne pas congé à tous
ses biens ne peut être mon disciple.

Ne pas s’affadir: parabole du sel


Mt 5 ,V
« C’est donc une bonne chose que le sel; mais
Mc 9 ,} 0
si le sel même s’affadit, avec quoi l’assaisonnera-
t-on? “ Ni pour la terre ni pour le fumier il ne
convient; on le jette dehors. Que celui qui a des
oreilles pour entendre entende! »

Lés trois paraboles de la miséricorde divine et du


privilège du pécheur. Occasion

15 ^ Tous les publicains et les pécheurs s’appro­


chaient de lui pour l’entendre. ^ Et les Pharisiens et
les scribes murmuraient, disant: « Celui-ci accueille
des pécheurs et mange avec eux! » ^ Il leur dit cette
parabole:

14 paix», ou « lu i porter ses compliments, le féliciter» (2 Sam 8, 10). — Sur cette


obligation faite au disciple de « renoncer à tous ses biens », cf 5, 11, 28; 12, 33;
18, 22, 2S. Voir 5 , 11, et la note.
34 Comparer avec les parallèles (voir les références marginales) et noter que Le
accentue la vigueur de la parabole. — « Que celui qui a des oreilles... », cf 8, S;
M t 11, 15; 13, 51, 43; Mc 4,5», 23; Ap 2, 7, 11, 17, 29, etc.
15 1 Ce chapitre est considéré universellement conune le joyau du troisième
Evangile. On le dit souvent « un évangile dans l ’EvangUe. » Aucun écrit sacré n’a
contribué autant que lui à former la sensibilité chrétienne, la littérature et l ’art
s’en sont nourris. Directement, il vise l ’orgueil des Pharisiens et la sévérité qu’ils
témoignaient è l ’égard des pécheurs. — « tons les publicains et les péÂeuts »,
2 ’Cf 5, 30; 7, 34; 19, 7.
LUC 146
La brebis perdue

'*« Quel homme d’entre vous, s’il a cent brebis et 15


qu’il en perde une, ne laisse les quatre-vingt-dix- Mt 18.12-M
neuf dans le désert pour aller après celle qui est
perdue, jusqu’à ce qu’il la trouve? ^ Et, quand il l’a
trouvée, il la pose sur ses épaules, tout joyeux, ®et
de retour chez lui, il convoque ses amis et ses voi­
sins et leur dit: Réjouissez-vous avec moi, car je l’ai
trouvée, ma brebis qui était perdue! ’ C’est ainsi, je
vous le dis, qu’il y aura plus de joie dans le ciel
pour un seul pécheur qui se repent que pour
quatre-vingt-dix-neuf justes, qui n ’ont pas besoin
de repentir.

La drachme perdue

®« Ou quelle femnie, si elle a dix drachmes et


qu’elle perde une drachme, n ’allume une lampe, et
ne balaie la maison et ne cherche avec soin, jusqu’à
ce qu’eUe la trouve? ®Et, quand elle l’a trouvée,
eUe convoque ses amies et ses voisines et dit: Ré­
jouissez-vous avec moi, car je l’ai trouvée, la

4-7 A comparer avec la parabole de la brebis «égarée» de Mt 18, 12. 14,


moins vivante, moins émue, pius juridique. — « dans ie désert », Lagrange: « On
peut penser au désert de Juda, tout vaiionné de coilines (Mt dans le passage
parallèle a « montagnes ») qui se recouvrent en hiver d’un tendre gazon, et où
paissent les troupeaux. » — « qui est perdue », un des mots-clefs du chapitre
w 4, é, 8, 9, 24, 32. — « Kéjouissez-vous... joie », encore w é, 7, 9, 10, 32. Sur
la joie dans Le, c£ 1, 14, et la note. — « qui n ’ont pas besoin de repentir »,
pointe dirigée contre l ’orgueil des Pharisiens, qui se donnaient pour justes,
c£ 18, 9; 20, 20; 7, 39-47.
8 « drachme », tme des plus petites monnaies, moins d’im franc. — « les anges
de Dieu », cf 12, S, 9; Jn 1, 31; H e 1, é.

147 LUC
15 drachme que j’avais perdue! C’est ainsi, je vous
le dis, qu’il naît de la joie devant les anges de Dieu
pour un seul pécheur qui se repent. »

Le fils perdu et retrouvé, et le fils fidèle, orgueil­


leux et faloux: « l’enfant prodigue »

“ Il dit encore: « Un homme avait deux fils. Et


le plus jeune dit à son père; Père, donne-moi la part
de fortune qui me revient. Il leur partagea son
bien. E t peu de jours après, rassemblant tout,
le plus jeune fils partit pour un pays lointain et y
dissipa son bien en vivant dans l’inconduite.
« Quand il eut tout dépensé, survint une
famine sévère dans ce pays, et il commença à
manquer. Il alla s’attacher à l’im des citoyens de
ce pays, qui l’envoya dans ses champs garder les
cochons. “ Et il aurait bien voulu se remplir le
ventre des caroubes que mangeaient les cochons,
et personne ne lui en donnait. ” Revenant à lui, il
dit: Combien de mercenaires de mon père ont du
pain en surabondance, et moi je suis ici à périr de
faim! “ Je veux partir, aller vers mon père et lui

11-32 La plus émouvante des paraboles, celle qui foit verser des lannes à tous
et tressaillir les cœurs les plus endurcis. On ne peut pas ne point évoquer les
pages immortelles de Péguy: <cUn homme avait deux fils... »
13 « rassemblant tout », ou « ayant tout réalisé ».
15 « garder les cochons », une des pires humiliations pour un fils d*Israël, le
cochon étant pour lui un animal impur, dont Pélevage lui était interdit, cf Lev
11, 7; Deut 14, 8.
16 « caroubes », fruits du caroubier, nourriture des indigents et des bêtes.
18 « je veux partir » (v 20), lit: « m’étant levé, je ferai route vers. » Eviter la
traduction « je me lèverai », littéralisme ridicule qui a longtemps t r ^ é dans les
sermonnaires et ouvrages de spiritualité, et susdté quelques

LUC 148
dire: Père, j ’ai péché contre le Ciel et envers toi; 15
^®je ne suis plus digne d’être appelé ton fils,
traite-moi comme l’un de tes mercenaires, “ Il
partit et vint vers son père.
« Tandis qu’il était encore loin, son père le vit et
fut pris de pitié; il courut se jeter à son cou et l’em­
brassa tendrement. Le fils lui dit: Père, j’ai péché
contre le Ciel et envers toi; je ne suis plus digne
d’être appelé ton fils, ^^Mais le père dit à ses
esclaves: Vite, apportez la plus belle robe et l’en
revêtez, et mettez-lui un anneau au doigt et des
chaussures aux pieds. “ E t amenez le veau gras,
tuez-le, mangeons et festoyons, parce que mon
fÜs que voilà était mort, et il est revenu à la vie; il
était perdu, et il est retrouvé! E t Üs se mirent à
festoyer.
“ « Son fils aîné était aux champs. E t quand, à
son retour, il approcha de la maison, il entendit de
la musique et des danses, “ et appelant un des ser­
viteurs, Ü demanda ce que cela pouvait bien être.
“ Celui-ci lui dit: C’est ton frère qui est arrivé, et
ton père a tué le veau gras, parce qu’il l ’a recouvré
en bonne santé. “ Il se mit en colère, et il refusait
d’entrer. Son père sortit l’en prier. “ Mais répon-
oratoires. — « Ciel », c’est-à-dite Dieu, cf Jn 3, 27; Mt 21, 25; 1 Mac 3, 18, 50;
4, 10, 40, 55; etc.
20 « fut pris de pitié », cf la pitié de Jésus, 7, 13; Mt 9, X; 14, 14; 15, 3; 20,
34; etc. — « la plus belle robe », et non « la première robe », contresens gro­
tesque, qui a permis à de pieux auteurs d’y déceler la robe de l ’innocence baptis­
male.
22 « un anneau... », cf Ja 2, 2. — « chaussures », les siennes doivent être bien
usées ou inexistantes.
24 « perdu, retrouvé », revient comme un joyeux refrain w tf, 9, 32.
25 Le fils aîné représente les Pharisiens et scribes du v 2, et comme eux, il
murmure.
28 « sortit l ’en prier », lit: « étant sorti, il le priait. »

149 LUC
15 dant, il dit à son père: Voilà tant d’années que je te
suis asservi sans avoir jamais transgressé un seul de
tes ordres, et jamais tu ne m’as donné un chevreau
à moi, pour festoyer avec mes amis; ^“et quand
ton fils que voilà revient, après avoir dévoré ton
bien avec des prostituées, tu fais tuer pour lui le
veau gras!
« Il lui dit: Toi, mon enfant, tu es toujours avec
moi, et tout ce qui est à moi est à toi. ^^Mais il
fallait bien festoyer et se réjouir, parce que ton
frère que voilà était mort, et il a repris vie; il était
perdu, et il est retrouvé! »

Le gérant prudent

16 ^ Il disait aussi aux disciples: « Il était im homme


riche qui avait un gérant, et celui-ci lui fut dénoncé
comme dissipant ses biens. ^ Il l’appela et lui dit:
Qu’est-ce que j’entends dire de toi? Rends compte
de ta gestion, car tu ne peux plus gérer. ^Le
gérant se dit en lui-même: Que faire, puisque mon
seigneur me retire la gestion? Bêcher? Je n ’en ai
pas la force; mendier? j’aurais honte... ^ Je sais ce
que je vais faire, pour qu’une fois relevé de cette
gestion, ü y en ait qui m’accueillent chez eux.

15 29 « je te suis asservi sans avoir jamais transgrçssé im seul de tes ordres », cet
orgueil de la vertu que l ’on croit avoir exprime l ’attitude de «ceux qui se
flattent d’être justes e t qui méprisent les autres », 18, 9.
32 « il était perdu, et il est retrouvé »; il convenait que la parabole du privilège
du pédieur se termine par ce refrain ( w 6, 9, 24).
16 1-8 Propre à Le.
1 « dissipant », ou « dilapidant », cf 0 ,1 3 .
2 « gestion », vv 3, 4.
4 « il y en ait qui m’accueillent », lit; « iis m’accueillent. »

LUC 150
L ’inspiration
des fils de ce monde.
«Grande Vie du Christ»
de Ludolphe le Chartreux.
XV® sihcle.

^ « Et faisant venir un par un les débiteurs de son 16


seigneur, il dit au premier: Combien dois-tu à mon
seigneur? ®Celui-ci dit: Cent barils d’huile. Il lui dit:
Prends ton billet, assieds-toi et écris vite: cin­
quante. ^ Puis il dit à un autre: E t toi, combien dois-
tu? Il dit: Cent kors de blé. Il lui dit: Prends ton
billet, et écris: quatre-vingts.
®« Et le seigneur loua le gérant malhonnête
d’avoir agi de façon prudente. Car les fils de ce
monde-ci sont plus prudents que les fils de la lu­
mière envers ceux de leur génération.
6 « baths », mesure de capacité d ’environ 38 litres.
7 « Kors », mesure de capacité d’environ 380 litres.
8 <( le gérant malhonnête »; sa malhonnêteté ne réside pas dans la réduction de
quittances qui n ’est qu’un sacrifice de ses intérêts immédiats, mais plutôt dans les
malversations antérieures qui ont motivé son renvoi (v 2). - - «fils... fils...»,
sémitisme pour désigner les disciples de ce monde et de la lumière.

151 LUC
Le bon emploi de l’argent

16 ®« Et moi, je vous dis: Faites-vous des amis avec


le Mamon de la malhonnêteté, afin que, lorsqu’il
viendra à manquer, ceux-ci vous accueillent dans
les tentes éternelles. “ Qui est fidèle en très peu
Le 19,17
de chose est fidèle aussi en beaucoup, et qui est
Mt 25,21
malhonnête en très peu de chose est malhonnête
aussi en beaucoup. Si donc vous ne vous êtes
pas montrés fidèles dans le malhonnête Mamon,
qui vous confiera le bien véritable? “ E t si dans le
bien étranger vous ne vous êtes pas montrés fidè­
les, qui vous donnera le vôtre?
Mt 6,24
“ « Nul domestique ne peut s’asservir à deux
seigneurs: ou bien en effet il haïra l’im et aimera
l’autre, ou bien il s’attachera à l’un et méprisera
l’autre. Vous ne pouvez vous asservir à Dieu et à
Mamon. »

Contre les Vharisiens amis de l’argent

“ Les Pharisiens, qui sont amis de l’argent,


Le 18, 9
entendaient tout cela, et ils le narguaient. “ Et il
Mt 23,2«
leur dit: « Vous êtes, vous, ceux qui se justifient

9-12 Voir les parallèles.


9 « le Mamon» ( w 11, 13; Mt 6, 24), terme araméen, qui revient souvent dans
les targoums et le talmud, pour désigner la richesse. — « malhonnêteté », parce
que souvent acquis et utilisé d’une manière contraire à l ’honnêteté. — « tentes
éternelles », expression poétique pour désigner le ciel, cf 12, 33; 18. 22.
12 « le bien étranger », un bien extérieur à l ’homme (la richesse),- « le vôtre », les
biens spirituels, qui peuvent vous appartenir.
13 Cf Mt 6, 24, et la note. — « domestique », Ac 10, 7; Ro 14, 4; 1 Pe 2, 18,
plutôt que « serviteur ».

LUC 152
devant les hommes, mais Dieu connaît vos cœurs; 16
car ce qui est élevé chez les hommes est une abo­
mination devant Dieu.

A l’assaut du Royaume

« La Loi et les Prophètes vont jusqu’à Jean;


depuis lors la Bonne nouvelle du royaume de Dieu
est annoncée, et chacun lui fait violence.

Férennité de la Loi
5 ,1 8
« Il est plus facile que le ciel et la terre pas-
sent que ne tombe un seul menu trait de la Loi.

Indissolubilité du mariage
M t 5 ,3 2
« Quiconque répudie sa femme et en épouse 19, 9
une autre commet l’adultère, et celui qui épouse
une femme répudiée par le mari commet l’adultère.

15 « SC donnent pour Justes », lit: « se justifient », cf 10, 29; 18, 9 « certains qui
se flattaient d ’êtie des justes »; M t 23, 78.
16 Cf Mt par, et la note.
17 Cf Mt par, et la note.
18 Cf Mt par, et la note.

153 LUC
Le mauvais riche et Lazare

16 « Il y avait un homme riche qui se revêtait de


pourpre et de lin fin et qui festoyait chaque jour
splendidement. ^“Un pauvre du nom de Lazare
gisait près de son portail, tout couvert d’ulcères.
Et il aurait bien voulu se rassasier de ce qui tom­
bait de la table du riche... Bien plus, les chiens
mêmes venaient lécher ses ulcères. “ Or donc, le
pauvre mourut et fut emporté par les anges dans le
sein d’Abraham. Le riche aussi' mourut, et on l’en­
terra.
“ « E t dans l’Hadès, levant les yeux, alors qu’il
était dans les tortures, il voit Abraham de loin et
Lazare dans son sein. Et il s’écria: Père Abraham,
aie pitié de moi et envoie Lazare tremper le bout de
son doigt dans l’eau pour me rafrdchir la langue,
parce que je suis tourmenté dans cette flamme.
Mais Abraham dit: “ Mon enfant, souviens-toi que
tu as reçu tes biens pendant ta vie, et Lazare
pareillement les maux; maintenant, ici, il est

19-31 Propre à Le.


19 « se revêtait », encore et seulement Mc 15, 17. — « de pourpre et de lin fin »,
cf Ap 18, 12; « lin fin » , Ap 18, 16; 19, S, 14. — «festoyait», cf 12, 19; 15, 29,
24, 29, 32.
20 « Lazare » (hébreu: Eléazar, Dieu aide)^ nom et personnage fictifs; le nom
semble avoir été choisi à cause de sa signiflcahon.
21 « les chiens mêmes... »; le chien étant en Orient une bête sale et chez les
Juifs un animal impur (Mt 7, 6; Phi 3, 2), ce trait ajoute encore à l ’abjection de
Lazare.
22 « dans le sein d’Abraham », l ’image exprime l ’intimité (Jn 1, 18) et la proxi­
mité avec Abraham dans le banquet messianique. Le sein d’Abraham, lieu de
repos des justes, est un des motifs de l ’iconographie médiévale.
23 Une mauvaise coupure du texte a donné lieu à un contresens célèbre de la
Vulgate (sepultus est in inferno), qui a fleuri dans la prédication. — « l ’Hadès »,
interprétation grecque de « Chéol », le séjour des morts des textes bibliques. —
« les tortures », encore et seulement v 28, et Mt 4, 24.
24 « tourmenté », encore 2, 48; Ac 20, 38.

LUC 154
consolé, et toi, tu es tourmenté, Ce n’est pas 16
tout: entre nous et vous un grand abîme se trouve
fixé, afin que ceux qui voudraient passer d’ici
chez vous ne le puissent, et qu’on ne traverse pas
non plus de là-bas chez nous.
^ « Il dit: Je te prie donc, père, d’envoyer
[Lazare] dans la maison de mon père, ^ car j’ai
cinq frères; qu’ü leur porte son témoignage, pour
qu’ils ne viennent pas, eux aussi, dans ce lieu de la
torture. Et Abraham de dire: Ils ont Moïse et les
Prophètes; qu’ils les écoutent. ^“Mais il dit: Non,
père Abraham, mais si quelqu’un de chez les morts
va les trouver, üs se repentiront, Mais il lui dit:
Du moment qu’ils n ’écoutent pas Moïse et les Pro­
phètes, même si quelqu’un des morts ressuscite, ils
ne seront pas convaincus. »

Bible italienne.
Venise, 1525.

29 <( Moïse et les Ftophètes », pour désigner l ’ensemble de la Bible et ses deux
grandes autorités, cf 24, 27; Mt 17, 3 et par, Jn 1, 46\ Ac 28, 23.
31 Un des versete majeurs de l ’év an ^ e. A qui n’utilise pas les moyens que
Dieu met à sa dispositicm, le plus grand miracle ne serait d’aucun profit. Même
pensée Jn 5, 45’47.

155 LUC
Le scandale

17 ^ Il dit à ses disciples: « Il est impossible que les


ul ^î',42 scandales n’arrivent pas, mais malheur à celui par
qui ils arrivent! ^ Il gagnerait plus à se voir passer
une pierre de meule autour du cou et à être jeté à
la mer qu’à scandaliser im seul de ces petits.
^ Prenez garde à vous!

Im correction fraternelle
Mt 18, l ï
21,22 « Si ton frère vient à pécher, réprimande-le et, s’il
se repent, remets-lui. '‘E t si sept fois le jour il
pèche contre toi et que sept fois il revienne à toi,
en disant: Je me repens, tu lui remettras. »

La puissance de la foi

M t 17,20 apôtres dirent au Seigneur: «Augmente


jg g

en nous la foi. » ®Le Seigneur dit: « Si vous aviez


de la foi comme un grain de sénevé, vous diriez à
ce mûrier: Déracine-toi et plante-toi dans la mer, et
il vous obéirait!

2 « Il gagnerait plus M t par « I l serait de son intérêt »; Mc par « Mieux


vaudrait pour lu i» . — «pierre de m eule» (Mt et Mc par «meule d’âne»), gros
disque de pierre dont on se servait pour broyer les grains. Voir note sut le
passage parallèle de Mc.
3-4 Tout se passe entre les deux frères. Dans Mt par, il est fait appel^ à
« l ’Eglise », c’est-à'dire à la communauté, et si le délinquant s’obstine, il est traité
« comme le païen et le publicain ». — « sept fois », pour indiquer un grand
'nombre, cf 8, 2; 11, 2(î; Mt 12, 4J; 18, 21; Mc 16, P.
5 « Augmente en nous la foi », lit; « Ajoute-nous de la foi », qui pour certains
signifierait: Donne-nous de la foi en plus de ce que nous avons déjà.
0 « grain de sénevé », cf 13, IP et par, et voir la note. — « ce mûrier », M t et
Mc par « cette montagne ».

LUC 156
Servir avec humilité

« Qui d’entre vous, s’il a un esclave qui laboure 17


ou garde les bêtes, lui dira à son retour des
champs: Vite, viens te mettre à table? ®Ne lui
dira-t-il pas au contraire: Prépare-moi de quoi
dîner, ceins-toi pour me servir, jusqu’à ce que j’aie
mangé et bu; après quoi tu mangeras et boiras à
ton tour? ®Sait-il gré à cet esclave d’avoir fait ce
qui a été prescrit? “ Ainsi de vous: lorsque vous
aurez fait tout ce qui vous a été prescrit, dites:
Nous sommes des esclaves inutiles; nous avons fait
ce que nous devions faire! »

Les dix lépreux

Or, comme il faisait route vers Jérusalem, il


passait aux confins de la Samarie et de la Galilée.
“ E t à son entrée dans un village, vinrent au-
devant de lui dix lépreux qui se tinrent à distance,
“ et ils élevèrent la voix et dirent: « Jésus, Chef,
aie pitié de nous! » “ Ce que voyant, ü leur dit:
« Allez vous montrer aux prêtres. » Or, comme ils ^

7-10 Propre à Le. — «ceins-toi», c^est-à-dîte tdève e t assujettis ta tmüque,


pour être en tenue de service, cf 12, 35. Voir aussi 12, 37; 22, 27; Jn 13, 1-ld,
surtout w 1 4 ,15.
11-19 Propre à Le.
11 «comme il faisait toute», le vt^age ne commence pas. Le rappelle qu’il se
poursuit, cf 9, 51; 13, 22.
12 « se tintent à distance », en cxmfoimité avec la Loi: « Le lepreux criera:
Impur! Impur! Autant de jours que durera sa plaie, il sera impur; c’est un
impur: il hwîtera à l ’écart... » (Lev 13, 45^46).
14 « Allez vous montrer aux prêtres ». cf 5, 14 et par, et voir les notes. Le
prêtre devait constater la guérison, opérer la purification rituelle et autoriser le
lépi^ux redevenu put à reprendre les relations sodales dont la maladie l’avait
exclu. Cf Lev 14,1-32.

157 LUC
17 s’en allaient, ils furent purifiés. L’un d’entre eux,
voyant qu’il avait été guéri, revint, glorifiant Dieu
d’une voix forte, et il tomba sur la face aux
pieds de [Jésus], en le remerciant. Et c’était un
Samaritain! Prenant la parole, Jésus dit: « Est-ce
que les dix n ’ont pas été purifiés? Les neuf autres,
où sont-ils? Il ne s’est trouvé, pour revenir rendre
gloire à Dieu, que cet étranger! » ^®Et il lui dit:
« Relève-toi, va; ta foi t ’a sauvé! »

La Venue du royaume de Dieu

Les Pharisiens lui ayant demandé quand vien­


drait le royaume de Dieu, il leur répondit, et il dit:
« Le royaume de Dieu ne doit pas venir, de façon à
être épié, et on ne dira pas: Le voilà ici! ou: là.
Car voÜà que le royaume de Dieu est au milieu de
vous. »

Le Jour du Fils de Vhomme

“ Et il dit aux disciples: « Viendront des jours où


vous désirerez voir un sexil des jours du Fils de
16 <( c’était un Samaritain! » la teinte du récit, c£ 10, 33; Jn 4, 9\ 8, 48. Les
Jui£s n’avaient que mépris et haine pour ces voisins hérétiques, schismatiques,
incommodes, qui depuis le retour de la captivité n ’avaient cessé de leur créer des
embarras, d Sir 50, 26.
18 «rendre gloire à D ieu», le remercier; pour req>ression, c£ Jn 9, 24;
Ac 12, 23.
19 « ta foi t ’a sauvé! » c£ 7, 50; 18, 42; Mt 9, 22; Mc 10, 52.
20»21 Propre à Le. — « au milieu de vous », comme une réalité agissante. La
traduction «au-dedans de vous», qui exprime une idée juste, semble déconseillée
par le contexte.
22'37 Voir les références marginales, et les notes des parallèles sur les différents
morceaux. ~ Ce discours est propre à Le, ^ i a nettement distingué dans les
piéiÛctions de Jésus ce qui concerne la ^ n e de Jérusalem (21, 6>24} et ce qui se
rapporte au retour glorieux de Jésus à la fin des temps (17, 22-37).

LUC 158
l’homme, et vous ne le verrez pas. ^ E t on vous 17
dira: Le voici là! Le voici ici! N’y allez pas, n ’y 24,2M7
courez pas. ^‘‘ Car, de même que l’édair étincelant
brille d’un point du ciel à l’autre, ainsi en sera-t-il
du Fils de l’homme en son Jour. “ Mais d’abord il
doit souffrir beaucoup, et être rejeté par cette
génération.
“ « E t comme il advint aux jours de Noé, ainsi en 24, 37 .3s
sera-t-il encore aux jours du Fils de l’homme. ^ On
mangeait, on buvait, on prenait femme ou mari, jus­
qu’au jour où Noé entra dans Varche\ et vint le
déluge, qui les fit tous périr. “ Pareillement,
comme il advint aux jours de Lot: on mangeait, on
buvait, on achetait, on vendait, on plantait, on
bâtissait; mais le jom où Lot sortit de Sodome, il
tomba du ciel une -pluie de feu et de soufre, qui les
fit tous périr. De même en sera-t-il, le Jour où le
Fils de l’homme doit se révéler.
« En ce Jour-là, que celui qui sera sur la terrasse M t 2 4 ,17-1S
et aura ses affaires dans la maison ne descende pas
pour les prendre, et pareillement, que celui qui
sera au champ ne retourne pas en arrière. ^^Rap­
pelez-vous la femme de Lot. Quiconque cher­ Mt 10,39
chera à préserver sa vie la perdra, et quiconque la
perdra la fera vivre. Je vous le dis: Cette nuit-là.

22 « Voir un seul des jours du Fils de l ’honune », un de ceux gui suivront sa


manifestation glorieuse, cf v 2(5.
24 « son Jour », terme biblique (« le Jour de Yahvé ») pour indiquer une inter­
vention spéciaie de Yahvé, ici celle du retour glorieux de Jésus. Mt emploie pour
désigner ce jour le mot «P arousie» (c’est-à-dire Présence, «Avènement»), terme
emprunté à la langue hellénistique.
29 Cf Gn 19, 24.
32 Cf Gn 19, 26.

159 LUC
17 deux seront sur un même lit: l ’im sera pris et l’autre
m 2^,40-41 laissé; deux seront à moudre ensemble: l’une
sera prise et l’autre laissée. » ...] ^^ Et, prenant la
parole, ils lui disent: « Où, Seigneur? » Il leur dit:
Mt 24, 2S
« Où sera le corps, là aussi les aigles se rassem­
bleront. »

Le ]uge inique et la veuve importune

18 ^ Il leur disait rme parabole sur ce qu’il leur fallait


prier toujours et ne pas se décourager, il disait:
^ « Il y avait dans rme ville tm juge qui ne craignait
pas Dieu et ne respectait aucun homme. ^E t il y avait
dans cette vdle une veuve qui venait le trouver, en
disant: Venge-moi de mon adversaire. * Il s’y
refusa longtemps. Après quoi il se dit: Bien que je
ne craigne pas Dieu et ne respecte aucun homme,
^ comme cette veuve me cause de l’ennui, je vais
la venger pour qu’elle ne vienne pas sans fin me
rompre la tête. »
®Et le Seigneur dit: « Ecoutez ce que dit ce juge
inique. ’ E t Dieu ne vengerait pas ses élus qui da-

17 34 « en cette nuit-là », suc cette nuit imprévisible et tragique, cf Mt 24,43; 25,


6; Mc 13, 35; 1 Th 5, 2. — « sur un même lit », à table ou couchés.
35 « prise » pour le Royaume, l ’autre « laissée » à l ’écart.
37 « vautours », ou « aigles »; image de la sûreté et de la rapidité avec lesquelles
se fera la discrimination,
,, J, 1-8 Propre à Le.
10 1 Pensée et vocabulaire pauliniens: « prier toujours », cf Ro 1, 10; 12, 12; Eph
6, 18; Col 1, 3: 1 Th 1, 2; 2 Th 1, 11. — « sans se décourager », cf 2 Co 4, 1,
16; Ga 6, 5; Eph 3, 13; 2 Th 3, 13.
3 « Venge-moi »,cf Ro 12, 19; Ap 6, 10; 19, 2.
5 « me cause de l'ennui », cf 11, / , et la note.— « sans fin », et non« à la
fin » (le verbe est au présent).

LUC 160
20 — Le retour du fils prodigue (15, 11-32).
Vitrail du X III" siècle. Cathédrale de Sens.
21 — Le retour du fils prodigue. 23 — Le mauvais riche et Lazare
'Peinture du X V i r siècle. Musée du (16, 19-31).
Louvre. Sacramentaire de Paris. Manuscrit du
X III" siècle. Bibliothèque Sainte-
Geneviève, n° 102.

22 — Le fils prodigue avec les co­


chons ; le retour vers le père.
Missel Orléanais. Bibliothèque d'Or­ 24 — Missel Orléanais. Bibliothèque
léans, incunable 162. d’Orléans, incunable 162.
25 — Le mauvais riche refuse à La2 are les miettes de sa table.
Vitrail du XII P siècle. Cathédrale de Bourges.
ment vers lui joxir et nuit, alors qu’il patiente à leur 18
sujet? ®Je vous dis qu’il les vengera promptement.
Mais le Füs de l’homme, quand il viendra, trou-
vera-t-Ü la foi sur la terre? »

Le Pharisien et le publicain

®Il dit encore, pour certains qui se flattaient


d’être des justes et qui méprisaient les autres, la
parabole que voici: “ « Deux hommes montèrent
au Temple pour prier; l’un était Pharisien, et l’autre
publicain. Le Pharisien, debout, priait ainsi en lui-
même: Ô Dieu, je te rends grâce de ce que je ne
suis pas comme le reste des hommes, qui sont
rapaces, injustes, adultères, ou bien encore comme
ce publicain; ^^je jeûne deux fois la semaine, je
donne la dîme de tout ce que je possède. Le
pubhcain, se tenant au loin, ne voulait même pas
lever les yeux au ciel, mais il se frappait la poitrine,
en disant: Ô Dieu, prends en pitié le pécheur que je
suis! ^"^Je vous le dis: Celui-ci descendit chez lui
Mt 23,12
justifié, l’autre non; parce que quiconque s’élève
Le 14,11
sera abaissé, mais celui qui s’abaisse sera élevé. »
7 « il patiente à leur sujet », smr cette « patience », qui semble s’appliquer au
retard de la « Parousie », c£ 2 Pe 3, Ap 6, 9 -1 1 .
8 « trouvera-t-il de la foi sur la terre? » perspective sombre sur la fin des
temps, cf Mt 2 4 , 12 « l ’amour du grand nombre se refroidira ».
9-14 Propre à Le (sauf 14b).
11 « debout », attitude normale de la prière; mais la forme verbale de l ’original
semble bien avoir un sens emphatique, que l ’on pourrait rendre par « la tête
haute », cf 19, 8; Ac 2, 1 4; 5, 20; 17, 22; 27, 21.
12 « je jeûne deux fois la semaine », il s’agit d’un jeûne surérogatoire de dévo­
tion. — «la dîme de tout ce que je possède» (ou « j ’acquiers»), l ’obligation de
la dîme ne frappait que certains revenus.
13 « lever les yeux », pour cette attitude lors de la prière, cf Ps 121, 1: 123, 1;
Dan 4, 31; Mt 14, 19; Mc 6, 41; 7, 34; Jn 6, 3; 11, 41.
14 « l ’autre non », et non « plutôt que l ’autre », ou « plus que l ’autre ».

161 LUC
Jésus bénit les petits enfants

18 15 On lui présentait aussi les tout-petits, pour

Mc io; il-is qu’ü les touchât; ce que voyant, les disciples les
réprimandaient. “ Mais Jésus appela à lui ces
[enfants] et dit: « Laissez les enfants venir à moi et
ne les empêchez pas; car c’est à leurs pareils
qu’appartient le royaume de Dieu. ” En vérité je
vous le dis: quiconque n ’accueille pas le royaume
de Dieu comme un enfant n’y entrera pas, »

La question d’un riche


Mt V ), 16-22
Et un chef l’interrogea en disant: « Bon Maître,
Mc 1 0 , 17-22
que faire pour avoir en héritage la vie éternelle? »
Jésus lui dit: « Pourquoi m’appelles-tu bon? Per­
sonne n’est bon que Dieu seul. ^“Tu connais les
commandements: Ne commets pas d’adultère, ne
Le 1 0 ,2 2 -2 8
tue pas, ne vole pas, ne porte pas de faux témoi­
gnage, honore ton père et ta mère. » Il dit: « Tout
cela, je l’ai observé dès ma jeunesse. » ^ En enten­
dant, Jésus lui dit: « Il y a encore une chose qui te
manque: tout ce que tu as, vends-le et distribue-le
aux pauvres, et tu auras im trésor dans les deux;

16 <( Jésus appela à lui »» Mc p a r <c se fâcha »; de même eu 6» 1 0 , ^ omet la


colère de Mc 3, 3 p a r . De même, au v suivant, Le élimine le délicieux « les
serrant dans ses bras » de Mc 1 0 , 1 6 p a r , qui lui aura paru trop familier.
18-23 Voir les parallèles et les notes.
18 « un chef », Mt p a r « un jeune homme », Mc p a r « quelqu'un ».
22 «E n entendant, Jésus Itii dit»; on regrette que Le ait éliminé l ’admirable
notation de Mc p a r : « Jésus, fixant sur lui ses regards, se prit à l ’aimer. » —
« tout ce que tu as »; p a r « ce que tu as »; Mt p a r « tes biens ». Pour cette
tendance ascétique de Le, c£ 5 , 1 1 , 28; 14, 33.

LUC 162
puis viens, suis-moi. » En entendant cela, il 18
devint très triste, car ü était fort riche.

Le danger des richesses

^‘‘En le voyant, Jésus dit: «Combien difficile-


ment ceux qui ont de l’argent pénètrent dans le
royaume de Dieu! “ Il est plus facile en effet à un
chameau d’entrer par im trou d ’aiguille qu’à un
riche d’entrer dans le royaume de Dieu. » Ceux
qui avaient entendu dirent: « Et qui peut être
sauvé! » Il dit: « Ce qui est impossible aux
hommes est possible à Dieu. »

Récompense promise à quiconque aura tout laissé

^* « Pierre dit: «Voici que nous, laissant nos “*^^>27-29


biens, nous t ’avons suivi. » ^ Il leur dit: « En vérité, “•2s-9o
je vous dis que personne n ’aura laissé maison, ou
femme, ou frères, ou parents, ou enfants, à cause
du royaume de Dieu, ^ qui ne reçoive bien davan­
tage en ce temps-ci, et dans l’âge qui vient la vie
étemelle. »

Troisième annonce de la Passion

Prenant avec lui les Douze, il leur dit: « Voici mc


que nous montons à Jémsalem, et que va s’achever

25 « chameau » , le plus gtos animal connu des Juifs palestiniens.


29 « femme », c£ 14, 2 6 , et Paul 1 Co 7, 1 0 « il est bon pour l ’homme de s’abs­
tenir de la femme », encore w 6 , 7 , 8 .

163 LUC
18 tout ce qui se trouve écrit par les Prophètes pour le
Fils de l’homme. Car il sera livré aux nations, et
bafoué, et outragé, et couvert de crachats, et
après l’avoir fouetté, on le tuera, et le troisième
jour il ressuscitera. » Et eux ne saisirent rien de
tout cela, et cette parole leur demeurait cachée et
ils ne comprenaient pas ce qui était dit.

Uaveugle de Ventrée de Jéricho


Mt 20, 2?-34
Or donc, comme il approchait de Jéricho, un
Mc 10,46-52
aveugle était assis au bord du chemin et mendiait.
Entendant une foulé qui marchait, il demanda
ce que c’était. On lui annonça que c’était Jésus
le Nazôréen qui passait. E t il clama; « Jésus, FÜs
de David, aie pitié de moi! » ^®Et ceux qui mar­
chaient en tête le menaçaient pour lui imposer
silence, mais lui n ’en criait que de plus belle: « Fils
de David, aie pitié de moi! » ^ S’arrêtant, Jésus
ordonna de le lui amener. Quand il fut près, il l’in­
terrogea: « Pour toi qu’est-ce que tu veux que je
fasse? » Il dit: « Seigneur, que je recouvre la vue! »
Et Jésus lui dit: « Recouvre la vue; ta foi t ’a sau-

31 « écrit par les Prophètes », c£ 24, 25, 2 7 , 4 4 ; Ac 3, 18; 8, 32-35; 13, 27; 26, 27.
34 « ne comprenaient pas », rf 9, 45.
35 C’est pour \in motif d’ordonnance littéraire que h c a déplacé le mîrarîf» de
l ’aveugle de Jéricho, bien en situation dans les textes parallèles de Mt et de Mc.
37 « le Nazôréen », cf la note sur Mt 2, 23.
43 Le récit de « l ’aveugle de l ’entrée de Jéricho » est moins vivant et pittoresque
que celui de Mc, mais à la fin Le y introduit sa note de joie; comparer ledit
verset 43 et Mc 10, 52.

LUC 164
vé! » et à l’instant même il recouvra la vue, et il 18
le suivait en glorifiant Dieu. Et tout le peuple,
voyant cela, célébra les louanges de Dieu.

Bible italienne. Venise, 1525.

Zachée

‘ E t entré dans Jéricho, il traversait [la ville]. ^ Et 19


voici un homme appelé du nom de Zachée; et
c’était tm chef de publicains, et il était riche, ^ E t il
cherchait à voir qui était Jésus, mais Ü ne le pouvait
à cause de la foule, car il était petit de taille, * Et
courant en avant, il monta sur un sycomore pour le
1-10 Propre à Le..
2 « publicains », agents du fisc qui percevaient les droits de douane et d’oettoi.

165 LUC
19 voir, car il devait passer par là. ®Et quand il fut
arrivé en ce lieu, Jésus, levant les yeux, lui dit:
« Zachée, hâte-toi de descendre, car il me faut
aujourd’hui demeurer dans ta maison. » ^ E t il se
hâta de descendre et le reçut avec joie. ’ Ce que
voyant, tout murmuraient et disaient: « Il est entré
loger chez un pécheur! » *Mais Zachée, debout,
dit au Seigneur: « Voici, Seigneur, que je donne la
moitié de mes biens aux pauvres, et si j’ai extor­
qué quelque chose à quelqu’im, je lui rends le
quadruple. » ®Jésus lui dit: « Aujourd’hui le salut
est arrivé pour cette maison, parce que lui aussi est
un fils d’Abraham. “ Car le Fils de l’homme est
venu chercher et sauver ce qui était perdu. »

Parabole des mines


Mt 25,14-30
“ Comme les gens écoutaient cela, il dit encore
xme parabole, parce qu’il était près de Jérusalem,
et que les gens pensaient qu’à l’instant même le
royaume de Dieu allait apparaître. ^^11 dit donc:
« Un homme de haute naissance alla dans im pays

6 « avec joie », sut ce sentiment chet à Le, cf 1, 14, et la note.


7 « (liez un pèchent! » cf 5, 30; 15, 2.
8 « debout » (ou « la tête haute »), pout indiquet l ’assutance et la feimeté.
Cf 18, 11 et la note. — « je lui le n ^ le (Quadruple»; les lois juive et tomaine
n ’imposaient le quadtuple que dans les cas majeuts ou connus de tous.
9 « fils d’Abtaham», c’est à leut qualité de fils d’Abiaham que les Juifs
devaient leuts privilèges de peuple élu, cf 3, S et par; Jn 8, 33-40; Ro 9, 7-8; Ga
4, 21-31.
10 Cf 5, 32; 15, 7, 10, 24, 32; Mt 18, II.
11-27 Compatet avec M t 25, 14-30, la patabole des talents, et voit les notes sur
cette detnlète. Le ajoute le thème du piétendant à la n^auté, w 12,1 4 , 27.
11 « à l ’instant même », Le aime placer les paroles de Jésus <lans leut contexte
psychologique.

LUC 166
lointain pour recevoir la dignité royale et revenir. 19
Appelant dix de ses esclaves, il leur donna dix
mines et leur dit: Faites des affaires jusqu’à ce que
je vienne. ^‘‘Mais ses concitoyens le haïssaient, et
ils envoyèrent derrière lui une ambassade pour
dire: Nous ne voulons pas que celui-ci règne sur
nous.
« Or, quand Ü fut de retour après avoir reçu la
dignité royale, ü fit appeler les esclaves auxquels il
avait donné l’argent, pour savoir quelles affaires
chacun avait faites. ^^Le premier se présenta, en
disant: Seigneur, ta mine a rapporté dix mines. E t il
lui dit: C’est bien, bon esclave; puisque tu t ’es
montré fidèle en très peu de chose, reçois pouvoir
sur dix villes. “ E t vint le second, en disant: Ta mine,
Seigneur, a produit cinq mines. dit encore à
celui-là: Et toi, sois à la tête de cinq villes.
« Et l’autre vint, en disant: Seigneur, voici ta
mine, que je tenais déposée dans un liage. Car
j’avais peur de toi, parce que tu es un homme
rigide, tu prends ce que tu n ’as pas mis et mois­
sonnes ce que tu n’as pas semé. “ Il lui dit: C’est
d’après ta bouche que je te juge, mauvais esclave.
Tu savais que je suis im homme rigide, prenant ce
que je n’ai pas déposé et moissonnant ce que je
n’ai pas semé. “ Pourquoi donc n’as-tu pas confié
mon argent à la banque? Et moi, en venant, je

12 « pays lointain » (cf 20, P), cet éloignement, qui nécessite un long voyage,
évoque peut*êtie les délais de la Parousie. —• « et revenir ensuite », allusion pro­
bable au voyage que fit Archélaüs à Rome en Pan 4 av. J.-C., pour faîte confir­
mer en sa faveur le testament d’Hérode le Grand. Des Juifs Ty avaient suivi
pour faire échouer sa démarche (v 14).

167 LUC
19 l’aurais retiré avec un intérêt. ^"^Et à ceux qui se
tenaient là, il dit: Enlevez-lui sa mine, et donnez-la
à celui qui a les dix mines. Et ils lui dirent: ^ Sei­
gneur, il a dix mines!... — Je vous dis qu’à tout
Mt 13,32
homme qui a on donnera; mais à celui qui n ’a pas,
même ce qu’il a sera enlevé.
« Quant à mes ennemis, ceux qui n ’ont pas
voulu que je règne sur eux, amenez-les ici et égor-
gez-les devant moi. »

L’entrée à Jérusalem.
«Grande Vie du Christ» de Ludolphe le Chartreux, XV‘ siècle.

25 « même ce qu’il a », c£ Mt 13, 32; Mc 4, 25; en 8, 3S, Le écrit « même ce


qu’il pense avoir ».
27 « mes ennemis, ceux qui », ou « ceux de mes ennemis qui ». — « égorge-les
devant moi », cf peut-être 12, 46 et par.

LUC 168
V. MINISTÈRE DE JÉSUS
À JÉRUSALEM
(19,28 — 21,38)

Accueil triomphal de Jésus aux Portes de Jérusalem

Et ayant dit cela, il partait en avant, montant à 19


Jérusalem. Or, quand il approcha de Bediphagué “c ü; lio
et de Béthanie, près, du mont appelé «' Oliveraie », il
envoya deux des disciples, en disant: ^ « Allez au
village qui est en face et, en y pénétrant, vous
trouverez un ânon attaché, sur lequel aucun homme
ne s’est jamais assis; et après l’avoir délié, amenez-
le. Et si quelqu’un vous demande: Pourquoi [le]
déliez-vous? vous direz ceci: C’est que le Seigneur
en a besoin. » S’en étant allés, ceux qui avaient
été envoyés trouvèrent [les choses] selon ce qu’il
leur avait dit. Tandis qu’ils déliaient l’ânon, ses
maîtres leur dirent: « Pourquoi déliez-vous
l’ânon? » Ils dirent: « Parce que le Seigneur en
a besoin. »

28-38 Voir Mt et Mc par, et les notes de Mc.


28 «partait en avant», cf Mc 10, 32 «Jésus marchait devant eux», —
« montant à Jérusalem », le terme du voyage commencé en 9, 31, est maintenant
tout proche.
29 « Olivaie » (ou « Oliveraie »), encore 21, 37 et Ac 1 , 12.

169 LUC
19 Et ils ramenèrent à Jésus et, jetant leurs man­
teaux sur l’ânon, ils firent monter Jésus. “ Tandis
qu’il avançait, les gens étendaient leurs manteaux
sur le chemin. Comme déjà il approchait de la
descente du mont des Oliviers, toute la multitude
des disciples, dans sa joie, se mit à louer Dieu
d’une voix forte pour tous les miracles qu’ils
avaient vus. Ils disaient:
« Béni soit celui qui vient,
le Roi, au nom du Seigneur!
Dans le ciel paix,
et gloire au plus haut [des deux] ! »

Jésus approuve les acclamations de ses disciples

“ E t quelques Pharisiens de la foule lui dirent:


« Maître, réprimande tes disciples. » Et, répon­
dant, il dit: « Je vous le dis: Si eux se taisent, les
pierres crieront. »

Lamentation sur Jérusalem

Et quand il fut proche, en voyant la ville, il


pleura sur elle, disant: « Si tu avais connu en ce

35 « lançant », Mc par « jeter sur », Mt par « poser sur ».


37 « dans sa joie », c£ 1, 14 et la note. — « louer Dieu », cf 2, 20 et la note.
38 « le Roi», cf Jn 12, 13\ Mc par « le Royaume...» — «dans le ciel paix»,
propre à Le, cf 2, 13, 14. Lagrange; « Les hommes voient dans l ’avènement de
Jésus le signe que la paix est décrétée dans le ciel, et ils en font remonter la
gloire dans les hauteurs. »
39*40 Propre à Le, mais comparer Mt 21, 14-16. Sur «les pierres qui crient»,
cf Hab 2 . 11.
41-44 Propre à Le. A comparer avec 13, 34-33, qui lui est commune avec Mt.
41 Sur les pleurs de Jésus, cf Jn 11, 35.

LUC 170
jour, toi aussi, les conditions de la paixl Mais non, 19
cela a été caché à tes yeux... Car arriveront des
jours sur toi, où tes ennemis t ’environneront de re­
tranchements, et t ’investiront, et te presseront de
toute part. ^ E t ils t ’écraseront, toi et tes enfants
en toi, et ils ne laisseront pas en toi pierre sur
pierre, parce que tu n ’as pas reconnu le temps où
tu fus visitée! »

Les vendeurs chassés du Temple

Et, entré dans le Temple, il se mit à chasser les , -u


21 12
vendeurs, en leur disant: « Il est écrit: E t ma mcu. ij-iz
Maison sera une maison de prière, mais vous, vous
en avez fait une caverne de brigands. »

Enseignement quotidien de Jésus dans le Temple

'‘^Et il était à enseigner journellement dans le


Temple. Les grands prêtres et les scribes cher­
Mc 11, IS
chaient à le faire périr, les premiers du peuple
aussi; ‘*®mais ils ne trouvaient pas ce qu’ils pour­
raient faire, car tout le peuple l’écoutait, suspendu
à ses lèvres.
42 « les conditions de la paix » (cf 14, 32), il s’agit de la paix messianique, c’est-
à-dire de l’ensemble des biens temporels et spirituels que le Messie devait appor­
ter à son pays. — « visitée », pour le sens de ce terme, cl la note sur 1, SS.
45 Mc place cette scène au lendemain de l’entrée de Jésus à Jérusalem. Remar­
quer comment Le amortit la violence de l ’intervention de Jésus, et comparer
avec les récits parallèles de Mc et de Jn.
46 Ci Is 56, 7i J r 7,11.
47 « dans le Temple », c’est-à-dire sous ses portiques et dans ses parvis, ci 21,
37; 22, 33 e t par; Jn 18, 20. Voir aussi 2, 46 sv. — « cherchaient à le faite
périr », cf Mc 11, 18.
48 « suspendu à ses lèvres », pour la pensée, cf 21, 38; Mc 12, 37, pour l ’expres­
sion, cf Mt 22, 40 (« la Loi suspendue à deux commandements»).

171 LUC
Propos polémiques de Jésus
La mission de Jésus et le baptême de Jean

20 ^ Or, certain jour qu’il ensei^ait le peuple dans


ucn’3 % le Temple et l’évangélisait, survinrent les grands
prêtres et les scribes avec les anciens, ^et ils lui
dirent: « Dis-nous par quel pouvoir tu fais cela, ou
quel est celui qui t ’a donné ce pouvoir? » ^ Répon­
dant, il leur dit: « Je vais, moi aussi, vous demander
une chose: dites-la moi donc: ‘‘ Le baptême de
Jean était-ü du Ciel ou des hommes? » ®Ils firent
entre eux ce calcul: « Si nous disons: du Ciel, il dira:
Pourquoi n ’avez-vous pas cru en lui? ®Si nous
disons: des hommes, tout le peuple nous lapidera,
car il est persuadé que Jean est un prophète. » ^ Et
ils répondirent ne pas savoir d’où il était. ®E t Jésus
leur dit: « Moi non plus je ne vous dis point par
quel pouvoir je fais cela. »

Parabole des vignerons homicides


Mt n, 33-46 9 J2 gg ^ |g peuple la parabole que
Mc 12, 1-12 Ujj ùomme planta une vigne, puis il la loua
à des vignerons et partit en voyage pour un temps
assez long.

1*8 Voir les notes sur Mc par.


1 «évangélisait», terme dier à Le (10 fois dans TEvangUe, 15 fois dans les
Actes); « évangéliser le peuple », encore 3 , 18.
5 « ce calcul »> M t par « ce raisonnement ».
6 « i l est perkiadé que Jean est un prophète»; M t «tous tiennent Jean pour
un prophète »; Mc « tous tenaient que Jean avait été téelleaient un prophète ».
7 « répondimnt ne pas savoir d’où il était »; Mt et Mc par ont le sQrle ^ rect.
9-19 v oir les notes sur Mc par.
9 La citation est à peine esquissée, à la différence des par. — « pour un temps

LUC 172
“ « Et le temps venu, il envoya aux vignerons un 20
esclave, pour qu’on lui donne du fruit de la vigne;
les vignerons le renvoyèrent les mains vides, après
l’avoir battu, Il envoya encore un autre esclave;
celui-là aussi, l ’ayant battu et traité avec mépris, ils
le renvoyèrent les mains vides. Il en envoya en­
core un troisième; celui-ci aussi, l’ayant blessé, ils
le jetèrent dehors. “ Le seigneur de la vigne se
dit: Que faire? Je vais envoyer mon fils, le bien-
aimé; peut-être ils le respecteront, “ Mais en le
voyant, les vignerons faisaient entre eux ce raison­
nement: Voici l’héritier; tuons-le pour que l’héri­
tage soit à nous. “ Et, le jetant hors de la vigne, ils
le tuèrent,
« Que leur fera donc le seigneur de la vigne?
“ Il viendra et fera périr ces vignerons, et il don­
nera la vigne à d’autres. » En entendant cela, ils
dirent: « Jamais de la vie! » “ Mais, les regardant,
il dit: « Qu’est-ce donc que ceci qui se trouve écrit:
ha pierre qu’avaient rejetée les bâtisseurs,
c’est elle qui est devenue tête d’angle?
“ « Quiconque tombera sur cette pierre sera fra­
cassé, celui sur qui elle tombera, elle le broiera. »
“ Et les scribes et les grands prêtres cherchèrent
à porter les mains sur lui à l’heure même, et ils
craignirent le peuple. Car ils avaient compris que
c’était pour eux qu’ü avait dit cette parabole.
assez long», pour cette allusion aux délais de la Parousie, c£ Mt 24, 48; 25, 5,
19; voir aussi 2 Pe 3, 9.
17 Citation plus courte que dans les par.
19 « porter les mains sur lui », pour l ’expression, c£ 21, 2; Mt 26, 50; Mc 14,
46; Jn 7, 30, 44; Ac 4, 3; 5, 18; 12, 1; 21, 27. — « c’était pour eux... », cf Mc 12,
12.

173 LUC
Le paiement de l’impôt

20 ^“E t rayant épié, ils lui envoyèrent des espions


Mt
Mc n’,v-i7 ‘l'id. jouèrent les justes, pour le prendre en défaut
sur quelque parole, de manière à le livrer à l’auto­
rité et au pouvoir du gouverneur. Et ils l’interro­
gèrent en disant: « Maître, nous savons que tu
parles et enseignes avec droiture et que tu n ’as pas
égard à la personne, mais qu’en toute vérité tu
enseignes la voie de Dieu. ^ Nous est-il permis ou
non de payer l’impôt à César? » ^ Pénétrant leur
astuce, il leur dit: ^ « Montrez-moi un denier. De
qui porte-t-il l’effigie, et l’inscription? » Ils dirent:
« De César. » ^ Il leur dit: « iîdnsi donc, tendez à
César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à
Dieu. » ^ Et ils ne parvinrent pas à le prendre en
défaut sur quelque propos devant le peuple et,
étonnés de sa réponse, ils gardèrent le silence.

La femme aux sept maris et la résurrection

Mt 22. 2^■n 27 S’avançant, quelques-uns des Sadducéens —


Mc 12, ïs-27 soutiennent qu’il n ’y a pas de résurrection

20-26 Voir les notes sur Mc par.


20 «jouer les justes», c£ 10, 29; 16, IS. — «prendre en defaut»; Mt par
« prendre au piège »; Mc par <c attraper », ^
21 .« tu n’as pas égard à la personne», M t Mc par ta ne regardes pas a la
personne ». — « en toute vérité », Mc par, M t par « en vérité »,
22 « im pôt», pltis que « trib u t» ^ ^
23 « aswce » (1 Co 3, 19; 2 Co 4, 2; 11, 3; Eph 4, 14; 2 Co 12, 16); M t par a
« perversité »; Mc par « hypocrisie ». ,, ♦» »
26 «étonnés de» ; Mt par « ils furent étonnés»; Mc par « ils n e n revenaient
pas d’étonnement ».
27-39 Voir les notes sur Mc par.
27 « soutiennent »; M t JVfc par « disent ».

LUC 174
— l’interrogèrent en disant: « Maître, Moïse a 20
écrit pour nous: Si le frère de quelqu’un vient à
mourir, ayant femme et qu’il soit sans enfant, il faut
que son frère prenne la femme et suscite une
descendance à son frère. ^ Il y avait donc sept
frères. E t le premier, qui avait pris femme, mourut
sans enfant; ^ le second aussi; et le troisième
prit la [femme]. De même aussi, les sept ne laissè­
rent pas d’enfants et moururent. Finalement, la
femme aussi mourut. Eh bien! cette femme, à la
résurrection, duquel d’entre eux doit-elle devenir la
femme? Car les sept l’ont eue pour femme. »
Et Jésus leur dit: « Les fils de ce monde-ci
prennent femme et mari, ^^mais ceux qui ont été
jugés dignes d’avoir part à ce monde-là et à la
résurrection d’entre les morts ne prennent ni
femme ni mari; car il ne peuvent plus mourir, ils
sont en effet les égaux des anges et ils sont füs de
Dieu, étant fils de la résurrection. ^^Et que les
morts se relèvent. Moïse même nous en a prévenus,
au passage du Buisson, quand il appelle le
Seigneur: le Dieu d’Abraham, et le Dieu d’Isaac, et
le Dieu de Jacob. Or Dieu n’est pas [im Dieu] de
morts, mais de vivants; tous, en effet, vivent pour
lui. »

33 « doit-elle devenir » (lit: « devient-elle? » M t Mc par « sera»t-elle? ».


34 « les fils de ce monde-ci » (ou « de cet âge-ci »), encore 16, 8; sémitisme pour
désigner ceux qui appartiennent à ce monde présent. — «prennent femme et
mari », lit « épousent et sont épousées ».
35 « ce monde-là », le monde ou l*âge à venir, c£ 18, 30.
36 « fils de la résurrection », sémitisme: ressuscites. — « les égaux des anges »,
cf Mt Mc par « comme des anges ». — « n ’osaient plus l ’interroger sur rien »,
c fM c l2 ,5 4 ;M t2 2 ,

175 LUC
20 Prenant la parole, quelques-uns des scribes
dirent: « Maître, tu as bien parlé. » Car ils
n ’osaient plus l’interroger sur rien.

Le Christ, fils et Seigneur de David

Mt 22,41-4} 41 JJ Comment dit-on que le Christ est


Mc 12, }}-37 pjjg jJe David? Car David lui-même dit, au Livre
des Psaumes:
Le Seigneur a dit à mon Seigneur:
Assieds-toi à ma droite,
jusqu’à ce que j’aie mis tes ennemis
comme marchepied de tes pieds.
David donc l’appeUe Seigneur-, comment alors
est-il son fils? »

Jugement sur les scribes


Mc iZ,3B-40
Comme tout le peuple écoutait, il dit aux
Mt 23, 6 - 7 (Jisciples: « Méfiez-vous des scribes, qui se plai­
Le 11,43
sent à circuler en longues robes, et qui aiment les
salutations sur les places publiques, et les premiers
sièges dans les synagogues et les premiers divans
dans les dîners, “^^eux qui dévorent les biens des
veuves et affectent de faire de longues prières.
Ceux-là subiront une condamnation plus sévère! »

41-44 Voir les notes sur Mc par. - Au V 42, Le a jo u te «au Livre d es


Psaumes » (Ac 1, 20),
43-47 Voir les notes sur Mc par.

LUC 176
U « obole » de la veuve

^ Levant les yeux, il vit les riches qui mettaient 21


leurs offrandes dans le Trésor. ^11 vit aussi une
veuve indigente qui y mettait deux leptes, ^ et il
dit; « Vraiment, je vous dis que cette veuve, qui est
pauvre, a mis plus que tous. * Car tous ceux-là,
c’est de leur superflu qu’üs ont mis dans les
offrandes, mais elle, c’est de son indigence: tout le
bien qu’elle avait, elle l’a mis. »

Discours sur la ruine du Temple et de Jérusalem, et


la Venue en gloire du Fils de Vhomme. Annonce
de la ruine du Temple et question des disciples
Mt 24, 1- 3
^ Et comme certains disaient du Temple qu’il était
Mc 13, 1- 4
orné de belles pierres et d’offrandes votives, il dit:
®« De ce que vous contemplez, viendront des jours
où il ne sera pas laissé pierre sur pierre qui ne soit
détruite. » ’ Ils l’interrogèrent, en disant: « Maître,
quand donc cela aura-t-il lieu, et quel sera le signe,
lorsque cela va arriver? »

1-4 Voir les notes sur Mc par.


Le récit de Mc est beaucoup plus vivant et pittoresque, plus « vu ». Au v 2
« Levant les yeux, il vît », Mc par « s’étant assis en face du Trésor, il regardait »;
V 2 « Il vit aussi une veuve indigente », Mc par « Et vint une pauvre veuve »;
V 4 « tout le bien qu’elle avait, elle l ’a mis », Mc par « tout ce qu’elle avait, elle
Ta mis, tout son bien ».
5-7 Voir les notes sur Mc par.
lÀ encore, Mc plus vivant, plus direct. — « E t comme certains disaient du
Temple qu’il était omé de belles pierres... », Mc par « un de ses disdples lui
dit: Maître, vois; quelles pierres! »...

177 LUC
La ruine du Temple: signes précurseurs

21 * Il dit: « Prenez garde de ne pas vous laisser


Mt 24, 4-14 égarer. Car il en viendra beaucoup sous mon Nom,
Mc 13, jr-33 diront: C’est moi, et: Le temps est tout proche.
N’allez pas à leur’ suite. ®Lorsque vous entendrez
parler de guerres et de désordres, ne vous
effrayez pas; car U faut que cela arrive d’abord,
mais ce ne sera pas aussitôt la fin. » “ Alors il leur
disait: « On se lèvera nation contre nation et
royaume contre royaume. Il y aura de grands
tremblements de terre et, par endroits, des pestes
et des famines; il y aura aussi des phénomènes
terrifiants et, venant du ciel, de grands signes.
Mt 10,17-22 12 ]\^ais avant tout cela, on portera les mains sur
i6;^i- 2 vous, on vous persécutera, vous livrant aux syna­
gogues et aux prisons, vous emmenant devant des
rois et des gouverneurs à cause de mon Nom;
” cela aboutira pour vous à un témoignage.
Mettez-vous donc dans vos cœurs que vous
n ’avez pas à vous préoccuper de votre défense;
car c’est moi qui vous donnerai un langage et ime
Le 12, 11-12 gagesse, à quoi aucun de vos adversaires ne pourra

8-18 Voir les notes sur Mc par. — Le, ayant déjà traité du Retour glorieux de
Jésus (17, 22-37), n ’envisage directement ici que la ruine de Jérusalem, laquelle se
trouve prédite, notamment aux w 23-28, en termes devenus traditionnels chez les
prophètes pour décrire les grandes interventions de Dieu dans l ’histoire. Tout au
long du discours, il combine Mc avec une autre source, qui apparaît clairement
en plusieurs endroits, par exemple aux w 20, 21b-22, 23b-26a, 28.
9 Cf Dan 2, 28.
10 Cf Is 19, 2; 2 Chr 15, é.
12 « on portera les mains sur vous », pour l ’expression, cf 20, 19, et la note.
15 « car c’est moi qui... », Luc attribue à Jésus l ’initiative que Mc 13, 11; Mt
10, 20 et Le lui-même 12, 12 réservent à l ’E c r it du Père (Mt) ou à l ’Esprit Saint
(Mc et Le).

LUC 178
Jérusalem e t le T em ple.
Cosmographie de Munster. X V I' siècle.

ni résister ni répliquer. ^®Vous serez livrés même 21


par vos parents et vos frères, et vos proches et vos
amis; et on en mettra à mort d’entre vous, ^^et
vous serez haïs de tous à cause de mon Nom. Et
pas un cheveu de votre tête ne périra. C’est par
votre constance que vous posséderez vos vies.

18 « pas un dieveu... », cf 12, 7; Mt 10, 30; A c 27, 34; emprunté à l’A.T^ cf


1 Sam 14, 43; 2 Sam 14, 1 U . \ Rs 1, 32. — «constance», vertu chère à Paul
(17 fois) et à TApocalypse (7 fois).

179 LUC
La ruine de Jérusalem:
l’investissement et son caractère terrifiant

21 ^“ «Lorsque vous verrez Jérusalem investie par


Mt 24.13-20 jgg armées, alors comprenez que sa dévastation
Mc 13,14-18 toute proche. Alors, que ceux qui seront en
Judée fuient dans les montagnes, et que ceux qui
seront à l’intérieur de la [ville] s’éloignent, et que
ceux qui seront dans les campagnes n’y pénètrent
point, parce que ce sont des jours de ven­
geance, pour que soit accompli tout ce qui se
trouve écrit, “ Malheur à celles qui seront enceintes
et à celles qui allaiteront en ces jours-là!

La grande détresse et les temps des nations


Mt 24,21
« Car il y aura grande détresse sur la terre, et
Mc 13,1 9
colère contre ce peuple. Et ils tomberont sous le
tranchant du glaive, et ils seront emmenés captifs
dans toutes les nations, et Jérusalem sera foulée
aux pieds par les nations, jusqu’à ce que soient
accomplis les temps des nations.

19 « posséderez », c’est-à-dire « sauverez ». — « vos vies », ou <( vos âmes ».


20 « toute proche », pour tendre Ténergie du parfait grec, cf v 10, 9, II;
Mt 3, 2; 17’i 10, 7; etc. — <cJérusalem investie par des armées », Le, renonçant
à l ’expression «Abomination de la Désolation» (voir par) annonce en clair le
siège de Jérusalem.
22 « tout ce qui se trouve écrit », dans rEcriture.
23 « Colère », la colère divine, cf 3, 7; Ro 2, J; 3, 5\ 9, 22; Eph 5, 6\ 1 T h 1,
10; etc.
24 « les temps des nations », il s’agit du temps accordé par Dieu aux nations
païennes pour châtier Israël coupable, après quoi celui-ci verra sa délivrance,
cf les 70 ans de Jr 25, II; 29, 10; 2 Chr 36, 21 sv; Dan 9, I sv, repris dans la
prophétie des 70 semaines d’années de Dan 9, 24-27.

LUC 180
Les catastrophes cosmiques et la Venue en gloire
du Fils de l’homme

“ « E t il y aura des signes dans le soleil, et la lune 21


et les étoiles, et sur la terre angoisse des nations, mc ff,
inquiètes du fracas de la mer et de son agitation,
“ des hommes expireront de peur dans l’attente
de ce qui va survenir au monde, car les puissances
des deux seront ébranlées. E t alors on verra le Fils
de l’homme venir dans une nuée avec beaucoup
de puissance et de gloire. “ Quand cela commen­
cera d’arriver, redressez-vous et relevez votre tête,
parce que votre rédemption approche. »

La parabole du figuier

“ Et il leur dit une comparaison: «Voyez le ^* 24. 32-1?


figuier et tous les arbres. “ Dès qu’ils bourgeon­
nent, en les regardant, vous comprenez de vous-
mêmes que désormais l’été est proche. Ainsi de
vous: lorsque vous verrez cela arriver, comprenez
que le royaume de Dieu est proche. “ En vérité, je
vous dis que cette génération ne passera pas que
tout ne soit arrivé. “ Le ciel et la terre passeront,
mais mes paroles, non, elles ne passeront pas.

25 « signes », comme il s’en produit dans les grandes interventions divines. —


<( angoisse des nations... », propre à Le.
28 Propre à Le. — rédemption », terme du vocabulaire paulinien (9 fois).
31 « le royaume de D ieu», non dans son stade initial, déjà inauguré (17, 21),
mais dans son stade de développement et de œnguête, quMnaugutera la ruine de
Jérusalem.

181 LUC
Exhortation à la vigilance

21 « Prenez garde à vous, de peur que vos cœurs


ne s’alourdissent dans la crapulerie, l’orgie, les
soucis de la vie, et que ce Jour-là-ne fonde soudain
sur vous comme un filet; car il surviendra sur tous
M t 24,4 2
ceux qui sont assis à la surface de toute la terre.
Soyez vigilants et priez en tout temps, pour
avoir la force d’échapper à tout ce qui doit arriver,
et de tenir debout devant le Fils de l’homme. »

Les dernières journées de Jésus


Mt 21,1 7
Pendant le jour, il était dans le Temple à ensei­
Mc 11,11,15
gner, mais les nuits, il sortait les passer en plein air
sur le mont appelé « Oliveraie ». ^ Et tout le
Jn 8, 2 peuple, dès l’aurore, venait à lui dans le Temple
pour l’écouter. .

34 « ne s’alourdissent », cf 9, 32; Mt 26, 43. — « crapulerie », hapax.


36 « tenir debout », dans une attitude de fermeté et d’assurance, cf 6, S; 18, 11;
19, S; 21, 36.
37 « Olivaie », cf 19, 29; A c 1,12.

LUC 182
VI. LA PASSION
{ 2 2 , 1 — 23,^6)

Le complot contre Jésus et la trahison de Judas

^ La fête des Azymes, appelée la Pâque, appro- 22


chait. ^ Et les grands prêtres et les scribes dier- mc m’, i- 2
chaient comment le faire périr, car ils craignaient le
peuple.
^ Satan entra dans Judas, appelé Iscariote, qui Jn 13, 2,27
était du nombre des Douze, ^et celui-ci s’en alla
parler avec les grands prêtres et les officiers sur le
moyen de le leur livrer. ®Ils se réjouirent et con­ Mc 1 4,10-11
vinrent de lui donner de l’argent. ®Il acquiesça, et
il cherchait une occasion favorable pour le leur
livrer en l’absence de la foule.

1-2 Voir les notes sur Mt Mc par.


3-6 Voir les notes sur Mc par.
3 « entra dans judas », rf 4, V ; Jn 13, 2, 27.
A « les officiers », chargés de la police du Temple sous l ’autorité d’un officier
supérieur (Ac 14, 1 ). Ils étaient Juifs et se recrutaient parmi les lévites.

183 LUC
Les préparatifs du repas pascal

22 ^ Vint le jour des A2 ymes, où l’on devait immoler


la pâque, ®et il envoya Pierre et Jean, en disant:
« Allez nous préparer la pâque, pour que nous la
mangions. » ®Ils lui dirent: « Où veux-tu que nous
fassions les préparatifs? » “ Il leur dit: « Voici
qu’à votre entrée dans la ville un homme portant
une cruche d’eau viendra au-devant de vous. Sui-
vez-le dans la maison où il pénétrera, “ et vous
direz au propriétaire de la maison: Le Maître te dit:
Où est la s ^ e , où je pourrai manger la pâque avec
mes disciples? ^^Et celui-ci vous montrera, à l’étage,
une grande pièce, aménagée; faites-y les prépa­
ratifs. » S’en étant allés, üs trouvèrent les choses
selon ce qu’il leur avait dit, et ils préparèrent la
pâque.

Le repas. Sentiments de Jésus et dernière pâque


juive

Et lorsque l ’heure fut venue, il se mit à table, et


'les Apôtres avec lui. E t il leur dit: « J ’ai désiré
ardemment manger cette pâque avec vous avant
de souffrir; “ car je vous dis que jamais plus je ne
la mangerai, jusqu’à ce qu’elle soit accomplie

7-13 Voir les notes sur Mc par. Menues divergences. Mt écrit en style de
14-18 Propre à Le, sauf le v 14.
15 « E t il leur dit », les paroles prononcées par Jésus à la Cène tiennent chez
Le une place plus importante ^ e wez M t et Mc; les entretiens de Jn 13, J2-17,
26 seront encore plus développa* — <cJ ’ai désiré ardemment », lit: « T*ai désiré
de désir », sémitisme pour indiçtuer un désir intense, cf Gn 31, 30.

LUC 184
dans le royaume de Dieu. » Et, ayant reçu une 22
coupe, rendu grâce, il dit: « Prenez ceci et parta­
gez entre vous; “ car je vous dis que je ne boirai
plus désormais du produit de la vigne, jusqu’à ce
que le royaume de Dieu soit venu. »

Le repas. Institution de l’Eucharistie

Et, ayant pris du pain, rendu grâce, il le rompit jfc m;»!?


et le leur donna, en disant: « Ceci est mon corps,
qui est donné pour vous; faites ceci en mémoire de
moi. » “ E t [ü prit] la coupe, de même, après le
dîner, en disant: « Cette coupe est la nouvelle
Alliance en mon sang, qui est répandu pour vous.

Annonce de la trahison

« Mais voici que la main de celui qui me livre m’.ÎsM.


est avec moi, sur la table. “ Car le Fils de l’homme jn 13, is-3o
va son chemin selon ce qui se trouve établi; mais

16 « accomplie dans le royaume de Dieu », cette pâque s’accomplira d’une


manière initiale par l ’institution de l ’Eucharistie, d’une manière parfaite et défini­
tive lors de la consommation du Royaume iv 18).
17 Le a distingué la pâque et la coupe des w lS-18 du pain et de la coupe des
vv 19-20, pour mettre en parallèle le rite ancien de ia Pâque juive et le rite
nouveau de l ’Eucharistie chrétienne.
19-20 Cf le récit de saint Paul (1 Co 11, 23-29), et noter que les paroles « faites
ceci en mémoire de moi », ne se trouvent que dans Paul et Le. — « donné,
répandu », participes du futur immédiat (« va être... »), ou de la destination (« qui
doit être...» ), mais la traduction « q u i est maintenant...» va bien au-delà du
texte. — « la nouvelle Alliance en mon sang »; B Jr: « Comme jadis, au Sina'i, le
sang des victimes scella l ’alliance de Yahvé avec son peuple (Ex 24, 4-S), de
même sur la Croix le sang de la Victime parfaite, Jésus, va sceller entre Dieu et
les hommes l ’alliance nouvelle (22, 20) qu’ont annoncée les prophètes (Jr 31,
31-34). »
21-23 Le place cette annonce après l ’institution de l ’Eucharistie, et non avant
comme Mt et Mc,
21 « la main de celui qui me livre est sur la table », Mt et Mc par: « l ’un de
vous. »

185 LUC
22 malheur à cet homme par qui il est livré! » ^ E t eux
se mirent à se demander entre eux quel était donc
parmi eux celui qui allait faire cela.

^ Qui est le plus grand?

Il y eut aussi une contestation parmi eux;


qui d’entre eux semblait être le plus grand? ^ Il
Mt 20,25-27 ^gg jjations dominent sur elles, et
Mc 10,42-44 g g ^ exercent le pouvoir sur elles se font
appeler Bienfaiteurs. “ Pour vous il n’en est pas
ainsi; mais que le plus grand parmi vous devienne
comme le plus jeune, et celui qui gouverne comme
celui qui sert. Quel est en effet le plus grand,
celui qui est à table ou celui qui sert? N’est-ce pas
celui qui est à table? E t moi, je suis au milieu de
vous comme celui qui sert!

Récompense promise aux Apôtres

“ « Vous êtes, vous, ceux qui sont demeurés cons­


tamment avec moi dans mes épreuves; ^ et moi je
dispose pour vous d’un Royaume comme mon Père

22 « va son dienün », M t et Mc p a n « va ». <— « établi », pour Vespiession,


c£ Ac 2, 25; 10, 42; 11, 2Pj 17, 31. — «malheur à cet homme». Le omet
« mieux vaudrait ne être né! »
23 • Absent de M t et de Mcj mais Jn 13, 22: « les disciples se regardaient les uns
les autres, ne sachant de qui il parlait. »
24-27 Voir les notes sur Mc par. Pour le v 27b, c£ Jn 13, 2-5, 12-17.
28-30 Propre à Le, sauf 30b. — «mangiez et buviez à ma table...», au festin
messianique, cf 13, Mt 8 , 11. — « juger les douze tribus », c£ M t 19, 28.

LUC 186
en a disposé pour moi, ^“pour que vous mangiez 22
et buviez à ma table en mon Royaume, et que vous
vous asse)dez sur des trônes pour juger les douze
tribus d’Israël.

Annonce du retour et des reniements de Pierre


Mt 26, 31-3}
« Simon, Simon, voici que le Satan vous a Mc 14, 27-31
Jn 13,36-38
réclamés pour vous passer au crible comme le fro­
ment, ^^mais moi j’ai prié pour toi, afin que ta foi
ne défaille pas; et toi, quand tu seras revenu, affer­
mis tes frères. » Celui-ci lui dit: « Seigneur, avec
toi je suis prêt à aller en prison et à la mort. »
^ [Jésus] dit: « Je te le (fis, Pierre: Un coq ne
chantera pas aujourd’hui que tu n’aies trois fois nié
me connaître. »

L ’heure du combat décisif

Et il leur dit: « Lorsque je vous ai envoyés sans


bourse, ni besace, ni chaussures, avez-vous manqué
de quelque chose? » Il dirent: « De rien. » Il leur
dit: « Mais maintenant, que celui qui a une bourse
31-34 « Retour et reniements »; Mt et Mc plscent l ’annonce du reniement sur le
chemin de Guethsémani; Jn, comme Le, le place au Cénacle.
31 « cribler », secouer fortement, comme dans un crible, image saisissante pour
désigner une dure épreuve spirituelle; pour l ’image, cf Am 9, 9. Sur Satan qui
éprouve, c£ 2 Co 2, II; Jb 1, 6 sw ; 2, I svv.
32 « quand tu seras revenu », de ta défaillance passagère; ne pas traduire
« converti ». — « affermis tes ftères », sur ce rôle prééminent de Pierre dans le
maintien de la fol, cf Mt 16, 17-19; Jn 2 1 , 13-17.
35-38 ! ^ p r e à Le.
35 Cf 10, 4.

187 LUC
22 la prenne, de même celui qui a une besace, et que
celui qui n’a pas de glaive vende son manteau
pour en acheter un. Car je vous dis que ce qui
se trouve écrit doit s’achever en moi, ceci: E t avec
des sans-loi U a été compté. Aussi bien, ce qui me
concerne touche à sa fin. » Ils dirent: « Seigneur,
voilà ici deux glaives. » Il leur dit: « Cela suffit. »

L’agonie au mont des Oliviers.


BiMe italienne. Venise, 1525.

LUC 188
Au mont des Oliviers. La prière et « Vagonie »

Et, sortant, il alla comme de coutume au mont 22


des Oliviers, et les disciples le suivirent. Arrivé
en ce lieu, il leur dit: « Priez, pour ne pas entrer en ^
tentation. »
E t il se sépara d’eux d’environ un jet de pierre
et, s’étant mis à genoux, il priait en disant:
« Père, si tu veux, écarte de moi cette coupe!
Cependant, que ce ne soit pas ma volonté, mais la
tienne, qui se fasse. » Et lui apparut, venant du
ciel, un ange qui le fortifiait. ^ Et, entré en agonie,
il priait de façon plus ardente, et sa sueur devint
comme des caillots de sang qui descendaient jus­
qu’à terre.
'’^Et, se relevant de sa prière, venant vers les
disciples, il les trouva endormis de tristesse, et
il leur dit: « Qu’avez-vous à dormir? Levez-vous et
priez, pour ne pas entrer en tentation. »

36 « bourse, besace, glaive... », expressions symboliques pour dépeindre l’hostilité


universelle, cf 12, 51.
37 Cf Is 53, 12.
3S Les Apôtres n ’ont rien compris aux paroles du Maître, qu’ils ont entendues
au sens matériel. Jésus coupe court.
39-46 Voir les notes sur Mc p a r . Le récit de Le est plus court que celui des
paralièies, mais ii a en propre queiques traits dramatiques ou touchants.
39 «sortant», de la salle, ou simplement «partant». — «comme de coutume»,
cf 21, 37; Jn 18, 2.
41 « un jet de pierre », Mt Mc p a r « s’étant avancé un peu ». — « s’étant mis à
genoux »; M t p a r « tomba sur sa face »; Mc p a r « tombait à terre ».
42 «coupe», symbole de souffrance, cf Mc 14, 36 p a r: M t 26, 39 par; Mc 10,
3S; Ps 75, 9; J r 25, 15-17, 27-28; 49,12.
43-44 Ces versets, propres à l e , manquent, à tort semble-t-il, dans de bons
manuscrits.
45 « endormis de tristesse », pauvres apôtres; les voilà bien excusés!

189 LUC
L ’arrestation de Jésus

22 Tandis qu’il parlait encore, voici une foule, et


Mc it fiSo le nommé Judas, l’un des Douze, les précédait; et
jn 18, 3-11 12 s’approcha de Jésus pour lui donner un baiser.
Jésus lui dit; « Judas, c’est par un baiser que tu
livres le Fils de l’homme! » Voyant ce qui allait
arriver, ceux qui étaient autour de lui dirent: « Sei­
gneur, frapperons-nous du glaive? » ^“E t l’un
d’entre eux frappa l’esclave du grand prêtre et lui
coupa l’oreille droite. Prenant la parole, Jésus
dit: « Restez-en là. » Et, touchant son bout d’oreille,
il le guérit.
“ Jésus dit à ceux qui étaient survenus contre lui,
grands prêtres, officiers du Temple et anciens:
« Comme contre un brigand vous êtes sortis
avec des glaives et des bâtons! Alors que cha­
que jour j’étais avec vous dans le Temple, vous
n ’avez pas étendu les mains contre moi. Mais c’est
votre heure et le pouvoir des Ténèbres.

Les reniements de Pierre

Ut 26,69-73 54L’ayant saisi, ils l’emmenèrent et le firent


Mc 14,66-72 j2ans la maison du grand prêtre. Pierre sui-
47'53 Voir les notes sut Mc p a r . Menues divergences.
47 « s’approcha pour donner un baiser Mc « donna un baîs^ ».
48 « J u ^ s , c’est par un baiser...» M t p a r «M on ami, [fais ce] pour quoi tu es
là Mc manque.
50 « l ’oreille droite »; Mt Mc p a r « l ’oreille ». — « le guérit », propre a Le.
53 « votre heure et le pouvoir des Ténèbres », style johannique. Dans le passage
parallèle, Mt signale l ’accomplissement des « écrits des Prophètes », Mc
l ’accomplissement des Ecritures.
54*62 Voir les notes sur Mc p a r,
54 « L’ayant saisi »j dans M t 26, 47-56, la troupe met la main sur Jésus dès que

LUC 190
vait de loin, Comme ils avaient allumé du feu au 22
milieu de la com et s’étaient aâsis ensemble, Pierre
s’assit au milieu d’eux. “ Une servante, le voyant
assis près de la flambée, le fixa des yeux et dit:
« Celui-là aussi était avec lui! » Mais il nia, en
disant: « Je ne le connais pas, femme. » Et un
peu après, quelqu’un d’autre l’ayant vu, déclara:
« Toi aussi, tu en es. » Mais Pierre déclara:
« Homme, je n’en suis pas. » E t après un interval­
le d’environ une ' heure, im autre soutenait avec
insistance: « En toute vérité, celui-là aussi était
avec lui, et d’ailleurs il est galiléen, » Mais Pierre
dit: « Homme, je ne sais pas ce que tu dis. » E t à
l’instant même, tandis qu’il parlait encore, un coq
chanta, “ et se retournant, le Seigneur regarda
Pierre, E t Pierre se ressouvint de la parole du Sei­
gneur, qui lui avait dit: « Avant qu’un coq chante
aujourd’hui, tu me renieras trois fois. » “ Et, sortant
dehors, il pleura amèrement.

Premiers outrages

“ Et les hommes qui le tenaient se moquaient de 26.fi7-ss


lui et le battaient; “ ils lui mettaient un voile et
l’interrogeaient en disant: « Prophétise! Qui est-ce

Judas Pa embrassé, suit Pépisode de Poreille coupée; le discours de Jésus vient


en dernier lieu. De même dans Mc 14, 43-49. L’ordre de Le souligne la maîtrise
de Jésus sur l ’événement: baiser de Judas, remontrance au traître, épisode de
Poreille coupée et de sa remise en place, discours de Jésus, puis et alors
seulement son arrestation.
60 Le n ’a pas les imprécations et les jurements du récit de Mc.
61 « fixa ses regards sur Pierre », une des plus précieuses perles d’un évangile
qui en contient tant.

191 LUC
22 qui t’a frappé? » Et ils proféraient contre lui beau­
coup d’autres injures.

La comparution devant le Sanhédrin


Jésus livré à Pilate

Mt 26,57-66 66 quand il fit jour, le conseil des Anciens du


Mc M,55-64 peuple s’asseuibla, grands prêtres et scribes, et ils
J" ifM l’emmenèrent à leur Sanhédrin et dirent: « Si
c’est toi le Christ, dis-le nous. » Il leur dit: « Si je
vous le dis, vous ne le croirez pas, et si je vous
interroge, vous ne répondrez pas. Désormais le
Fils de l’homme sera assis à la droite de la puis­
sance de Dieu. » ™Ils dirent tous: « C’est donc toi,
le Fils de Dieu! » Il leur déclara: « Vous le dites
vous-mêmes: c’est moi. » Ils dirent: « Qu’avons-
nous encore besoin de témoignage? Car nous-
mêmes l’avons entendu de sa bouche. »

23 Et s’étant levés, tous en corps l’amenèrent


Mc 15’ I devant Pilate.
Jn 1&’,2 8

Jésus devant Pilate

^ Ils se mirent à l’accuser, en disant: « Nous avons


trouvé cet homme pervertissant notre nation,
Mt 2 7 , 11-14 empêchant de payer les impôts à César et se di-
22 66 Mt et Mc ont deux comparutions, l ’une de nuit, l ’autre de jour; Le ne
mentionne que cette dernière.
69 C fP sllO , I.
Z ) 2 Jésus devant Pilate. Le récit de Le est plus circonstancié, plus dramatique
^ue ceux de Mt et de Mc. Il prélude à celui de Jn. — « empêchant de payer les
impôts », propre à Le.

26 — La Cène.
Evangiles en arménien. Manuscrit du X V r siècle. Musée Condé,
Chantilly, n° 1346.
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28 — Jésus et deux disciples, ha­


billés en pèlerins, sur le chemin d’Em-
maüs. La ville est représentée par
une porte.
Psautier d ’ingeburge. Manuscrit du
X III” siècle. Musée Condé, Chantilly,
n° 1695.

27 — Mort de Jésus sur la croix.


Livre d ’Heures. Manuscrit du X V ”
siècle. Bibliothèque Mazarine, n° 969.

29 — Livre d ’Heures. Manuscrit du


X V P siècle. Bibliothèque de Poitiers,
n" 57.
30 — L es p è le rin s d ’E m m a ü s re c o n n a is se n t Jé su s . « O r , com m e il
é ta it à ta b le avec e u x , a y an t p ris le p a in , il d it la b é n é d ic tio n e t
l ’a y an t ro m p u , il le le u r re m e tta it. L eu rs y e u x s’o u v rire n t e t ils le
re c o n n u r e n t...» (2 4 , 30-31).
Peinture de Paul Yéronèse, XVI" siècle. Musée du Louvre.
sant Christ-Roi. » ^ Pilate l’interrogea en disant: 23
« C’est toi, le roi des Juifs? » Répondant, il lui dé­ Mc 15, 2- 5
Jn 18,29-58
clara: « C’est toi qui le dis. » '*Pilate dit aux grands
prêtres et aux foules: « Je ne trouve aucun motif en
cet homme. » ^ Mais ils insistaient, en disant: « Il
soulève le peuple, enseignant par toute la Judée
depuis la Galilée, où il a commencé, jusqu’ici. » *A
ces mots, Pilate demanda si l’homme était galiléen.
^ Et, s’étant assuré qu’il était de la juridiction d’Hé-
rode, il le renvoya à Hérode, qui se trouvait, Ixxi
aussi, à Jérusalem en ces jours-là.

Jésus devant Hérode

*Hérode, en voyant Jésus, fut tout joyeux; car,


depuis assez longtemps, il désirait le voir pour
ce qu’il entendait dire de lui, et il espérait lui voir
faire quelque miracle, ’ Il lui posa donc bon nom­
bre de questions, mais Jésus ne lui répondit rien.
“ Cependant les grands prêtres et les scribes se
tenaient là, qui l’accusaient avec véhémence.
Hérode, avec ses troupes, après l’avoir traité
avec mépris et s’être moqué de lui, le revêtit d’ün
habit splendide et le renvoya à Pilate, E t Hérode
et Pilate devinrent amis le jour même, alors
qu’auparavant ils se haïssaient.

8 Jésus devant Héiode. Propre à Le, qui a pu avoir poiur informateur


Manaëm, «camarade d ’enfance d’Hérode le tétraïque» (Ac 13, 1 ). — «ce qu’il
entendait dire de lui », cf 9, 9,
11 «habit splendide», comme en portaient les princes (7, 2J). Par cette masca>
rade, Hérode se moque des prétentions de Jésus à la royauté.

193 LUC
Jésus à nouveau devant Pilate

23 Ayant convoqué les grands prêtres, les chefs


Mt 27.W-26
Mc 15, 6 -V et le peuple, Pilate leur dit: « Vous m’avez
présenté cet homme comme détournant le peuple,
et voici que moi je l’ai interrogé devant vous, et je
Jn 18,5«-
19,26 n ’ai trouvé dans cet homme aucun des motifs dont
vous l’accusez. Hérode non plus d’aiUeurs; car il
l’a renvoyé devant nous. Vous le voyez; rien n’a
été fait par lui qui mérite la mort. Je le relâcherai
donc, après l’avoir corrigé.» [ ^^ ...] *®Mais ils
s’écriaient tous ensemble: « A mort cet homme! et
relâche-nous Barabbas. » Ce dernier, pour m e sé­
dition survenue dans la ville et pour meurtre, avait
été jeté en prison.
De nouveau, Pilate, qui voulait relâcher Jésus,
leur adressa la parole. Mais ils criaient: « Cruci-
fie-le! crucifie-le! » “ Pour la troisième fois, il leur
dit: « Quel mal a donc fait cet homme? Je n’ai rien
trouvé en lui qui motive la mort. Je le relâcherai
donc, après l ’avoir corrigé. » Mais ils insistaient
à grands cris, demandant qu’il fût crucifié, et leurs
clameurs gagnaient en force.
Et Pilate prononça qu’il fût fait droit à leur de­
mande. “ Il relâcha celui qui, pour sédition et
meurtre, avait été jeté en prison, celui qu’ils récla­
maient. Et Jésus, il le livra à leur volonté.

15 « Vous le voyez », lit: « Et voici que ».


22 « Pour la troisième fois », déjà w 4, 15. Ainsi charge-t-il les Juifs et dégage-
t-il Rome. Jn fera de même (18, 3S; 19, 4, 6 ). — « après l ’avoir corrigé », v 16;
Le ne décrit pas ce châtiment, qui répond à la flagellation de M t 27, 27-31-, Mc
15, 16-20; Jn 19, 1-5. U le représente, d’ailleurs, à la différence de Mt et de Mc,

LUC 194
Sur le chemin du Calvaire

Et quand ils l’emmenèrent, ils prirent un certain 23


Simon de Cyrène qui revenait des champs, et ils Mifs’.wM
le chargèrent de la croix pour la porter derrière
Jésus. ^^Une nombreuse multitude du peuple le
suivait, ainsi que des femmes qui se frappaient la
poitrine et se lamentaient sur lui. Se retournant
vers elles, Jésus dit: « Filles de Jérusalem, ne pleu­
rez pas sur moi, mais pleurez sur vous-mêmes et sur
vos enfants! Car voici que viennent des jours où
l’on dira: Heureuses les stériles, et les ventres qui
n’ont pas enfanté, et les seins qui n’ont pas nourri!
Alors on se mettra à dire aux montagnes: Tom­
bez sur nous! et aux collines: Couvrez-nous! Car
si l’on fait cela avec le bois vert, avec le sec qu’arri­
vera-t-il? » On amenait aussi deux autres malfai­
teurs pour être exécutés avec lui.

Le crucifiement

E t lorsqu’ils furent arrivés au lieu-dit « Crâne »,


ils l’y crucifièrent ainsi que les malfaiteurs, l’xm à jn 19,18-24

comme un lemède piéveotîf, antérîeur à la sentence et ayant pour but de


l ’éviter: ce qui est aussi le point de vue de Jn 1 9 ,1-J.
26 « porter la croix derrière Jésus », pour l ’expression, cf 14, 27.
27 <( ainsi que des femmes... », propre à Le. Ou bien des femmes qui avalent
connu Jésus (8, 2 sv), ou bien, en se référant à un usage^ mentionné par le
Talmud, des femmes distinguées de Jérusalem, qui préparaient des breuvages
apaisants et les apportoient aux condamnés.
29 En contraste avec 11, 27. Comçarer avec Os 9, 14 <cDonne*leur, Yahvé... que
donneras-tu? Donne-leur un sein stérile et des mameUes dessédiées. »
31 Si on brûle « le bois vert», qui ne devrait pas être brûlé (allusion au
supplice de Jésus), que ne fera-t-on pas du «bois sec», (les Juifs) qui, lui, doit
être brûlé?
33 I 41 comparaison des vv 33*49 avec les passages parallèles de Mt et de Mc

195 LUC
23 droite, l’autre à gauche. Jésus disait: « Père,
remets-leur; car ils ne savent ce qu’ils font. » Et,
se partageant ses vêtements, ils jetèrent les sorts.

Jésus en croix raillé et outragé

Et le peuple se tenait là, regardant. Les chefs


aussi le narguaient et disaient: « Il en a sauvé
d’autres; qu’il se sauve lui-même, s’il est le Christ
de Dieu, l’Elu! » Les soldats aussi se moquèrent
de lui: ils s’avançaient, lui présentaient du vinaigre
et disaient: « Si c’est toi le roi des Juifs, sauve-
toi toi-même! » Il y avait aussi une inscription au-
dessus de lui: Le roi des Juifs est celui-ci.

Le malfaiteur repentant et comblé: le « bon larron »

L’un des malfaiteurs suspendus, à la croix l’in­


juriait: « N’est-ce pas toi qui es le Christ? Sauve-toi
toi-même, et nous aussi. » Mais, prenant la paro­
le et le réprimandant, l’autre déclara: « Tu ne crains
même pas Dieu, alors que tu subis la même peine!
Pour nous, c’est justice; nous recevons ce qu’ont

montre comment Le a su faire passer une brise de douceur suc ces scènes
d’horreur et de dérâiction. — « Crâne », en latin càlvaria, d’où notre terme de
Calvaire. Le a évité le mot araméen Golgouia, de M t et de Mc.
34 « ils ne savent ce qu’ils font », même pensée Ac 3, 17; 13, 27; 1 Co 2, ê. Le
diacre Etienne priera dans le même erorit, Ac 7, 60, suivant l ’exemple laissé par
le Maître à tous ses disciples, 1 Pe 2, 23.
35 « à regarder », tandis que, dans M t 27, 35-44 et Mc 15, 25-32, toute l ’assis­
tance et même les brigands irisultent Jésus, Le dit simplement de la foule qu’elle
« regardait », et conte l ’épisode du « bon larron ». — « le Christ de Dieu »,
cf 2, 26, et la note. — « l’Elu », cf 9, 35; Jn 1, 34.
36 « du vinaigre », la posca, mélange d’eau et de vinaigre dont buvaient les
soldats romains.
38 « aussi », comme une moquerie permanente de surcroît.

LUC 196
mérité nos actes, mais lui n ’a rien fait de fâcheux. » 23
Et il disait: « Jésus, souviens-toi de moi, lorsque
tu viendras dans ton royaume. » E t ü lui dit: « En
vérité je te le dis: Aujourd’hui, avec moi, tu seras
dans le Paradis. »

Les derniers instants et la mort de Jésus


44 • Mt 27, 45-50
‘E t c’était déjà environ la sixième heure, et Mc 15. 55-57
l’obscurité se fit sur toute la terre jusqu’à la neuviè- i9,2«-5o
me heure, le soleil s’étant éclipsé. ^®Le rideau du
Sanctuaire se fendit par le milieu, ‘'^et criant
d’une voix forte, Jésus dit: « Père, entre tes mains
je remets mon esprit. » Ayant dit cela, il expira.

Après la mort de Jésus

‘'^Voyant ce qui était arrivé, le centenier glori­


fiait Dieu, en disant: « Réellement, cet homme était ,
27 51-55
un juste! » Et toutes les foules qui, accourues à ce ^
spectacle,. regardaient ce qui était arrivé, s’en
retournaient en se frappant la poitrine.

42 « dans ton royaume », ou. suivant une autre leçon « avec ton royaume ».
43 « le Paradis », jardin délicieux: image exprimant un lieu d’inaltérable félicité,
et (en raison de l ’article) le seul lieu de la félicité. On ne peut pas ne point citer
Bossuet: «Aujourd’hui; quelle promptitudel avec moi, quelle compagnie! dans le
paradis, quel séjour! »
44 « le soleil s’étant éclipsé », à entendre au sens large. Luc savait, comme tout
le monde, que les éclipses de soleil ne se produisent pas au moment de la pleine
lune (date de la Pâque). I l emprunte le langage courant chez les prophètes pour
décrite les grandes interventions de Dieu dans le monde (cf 21, 25),
45 Dans Mt 27, 51 et Mc 15, 5S, le rideau du Temple ne se déchire qu’après la
mort de Jésus. Luc, qui préfère souvent l ’ordre de la logique littéraire à l ’ordre
chronologique, place l ’événement à côté des ténèbres comme im autre phénomène
lugubre. Il s’agit du rideau qui séparait le Saint du Saint des Saints, plutôt que
du rideau extérieur, celui de la porte d’entrée. Pour le symbolisme de l ’événe­
ment, cf He 10, 1 9 sv.

197 LUC
23 Tous ses familiers se tenaient au loin, ainsi que
jn ^ jjgg femmes qui l’accompagnaient depuis la
19, 2
Galilée, et qui voyaient cela.

La sépulture

E t voici un homme du nom de Joseph, qui était


Mt 27, S7-61 Conseil, homme bon et juste. — Celui-là
Mc 15,42-47 il’avait donné son accord ni à leur dessein ni à leur
Jn 19,5S-42 était d’Arimathie, ville des Juifs, et il
attendait le royaume de Dieu. “ S’avançant vers
Pilate,, il réclama le corps de Jésus. ®^Et l’ayant
descendu [de la croix], îl l’enveloppa d’un linceul
et le mit dans une tombe taillée dans le roc, où per­
sonne encore n ’avait été placé. C’était le jour de
la Préparation, et le sabbat commençait à luire.
Les femmes qui étaient venues de Galilée
avec lui avaient suivi [Joseph] ; elles regardèrent le
tombeau, et comment son corps avait été mis.
“ S’en retournant, elles préparèrent aromates et
parfums. Et, le sabbat, elles demeurèrent tranquil­
les, selon le commandement.

49 Sur ces femmes, cf 8, 2 sv.


51 « Arimathie », Tancieime Ramataïmj patrie de Samuel, aujourd’hui Reftiis, a
35 km au nord-ouest de Jérusalem.
53 « oîi personne encore n’avait été placé », ce détail, omis pat Mc par, est noté
par Mt 27, 60, mais avec une moindre insistance. — Sur ce point encore, Jn 19,
41 se rencontre avec Le.
54 « luire », serait-ce une allusion à la coutume juive d’allumer des lampes au
commencement du sabbat, à la nuit tombante?
56 Les femmes préparent aromates et parfums avant le sabbat, tandis que dans
Mc 16, 2 elles ne font ces préparatifs qu’après le sabbat.

LUC 198
V II. APRÈS LA RÉSURRECTION
(24,I-J53)

Le tombeau trouvé vide et le message de Lange

^ Le premier jour de la semaine, à la pointe de 24


l’aurore, elles vinrent à la tombe en apportant les i | j; I
aromates qu’elles avaient préparés. ^EUes trouvé-
rent la pierre roulée de devant le tombeau, ^ Etant
entrées, elles ne trouvèrent pas le corps du Sei­
gneur Jésus. '^Or, comme elles en demeuraient
perplexes, voici que deux hommes se présentèrent
à eUés en habit étincelant. ®Tandis que, saisies de
peur, elles tenaient leur visage incHné vers le sol,
ils leur dirent: « Pourquoi cherchez-vous le Vivant
parmi les morts? ®I1 n’est pas ici, mais il s’est

1 « Le premier jour de la semaine, à la pointe de l ’autote »; M t par « Après le


sabbat, comme le premier jour de la semaine commençait à luire»; Mc par « E t
le sabbat passé... de grand matin, le premier jour de la semaine... dès le lever du
soleil ».
4 « demeuraient perplexes », pour le terme, cf Mc 6, 20. — « deux hommes »,
Mt 28, 2 mentionne seulement «FAnge du Seigneur», Mc 16, ^ « u n jeune
homme »; Jn 20, 12a, comme liC, « deux anges » qui s’adressent à Marie de
Magdala. — « habit étincelant », pour l ’épithète, à 17, 24.
5 « le Vivant », cf v 2i; Ap 1, 18‘, Ac 1, 3; 3, 1^; 2 5 , 19; He 7, 25.
6 Le, qui ne mentionne pas les apparitions de Galilée, modifie le langage des
« deux hommes », tel que Mc l ’exprime: « dites à ses disciples qu’il vous précède
en Galilée; c’est là que vous le verrez, selon ce qu’il vous a dit. » Grande
hardiesse littéraire!

199 LUC
24 relevé. Rappelez-vous coroment il vous a parlé,
quand il était encore en Galilée: ^ Il faut, disait-il,
que le Fils de l’homme soit livré aux mains d’hom­
mes péchexors, et qu’il soit crucifié et que le troi­
sième jour il ressuscite. » ®E t elles se rappelèrent
ses paroles.

Les Apôtres refusent d’ajouter foi


aux dires des femmes

Mt 28,7,10. 9 retournant du tombeau, elles rapportè-


rent tout cela aux Onze et à tous les autres.
“ C’étaient la Magdaléenne Marie, et Jeanne, et
Marie, [mère] de Jacques. Les autres femmes qui
jn 20, 18,2! étaient avec elles le dirent aussi aux Apôtres;
“ mais ces propos leur semblèrent du radotage, et
ils refusèrent de les croire.

Pierre au tombeau

Jn 20, 3-10 12 Pierre partit et courut au tombeau. Mais, se


penchant, il ne voit que les bandelettes. Et il s’en
alla chez lui, s’étonnant de ce qui était arrivé.

7 C i v 46-, 9, 22.
9 Sur les « Onze », qui succèdent aux « Douze », après la défection de Judas,
cf V Mt 2 8 , 16\ Mc 16, 14\ Ac 1, 26) 2 , 14.
10 Sur ces femmes, c£ 8, 2 sv. — «Marie, mère de Jacques», cf Mc 16, 1, et la
note. — « le dirent» (v 9); Mc par « E t elles ne dirent rien à personne, car elles
avaient peur ».
11 «refusèrent de les croire» (plutôt que « n e les crurent pas»), cf v 41) Mc
16, II, 16) Ac 28, 24.
12 « les bandelettes », encore et seulement Jn 19, 40) 20, 9, 6, 7. — « s’éton­
nant », il ne croit pas encore; cf Mc 16, 14: « il blâma leur incrédulité, parce
qu’ils n ’avaient pas cru... »

LUC 200
Vie des saints
en espagnol.
X V P siècle.

Apparition de Jésus à deux disciples qui se


rendaient à Emmaüs: les « pèlerins d’Emmaüs »

Et voici que, ce même jour, deux d’entre eux 24


faisaient route vers un village du nom d’Emmaüs,
distant de Jérusalem de soixante stades, ^'’ et ils
conversaient entre eux de tout ce qui était arrivé.
^®Or, comme ils conversaient et discutaient, Jésus

13-15 Les « pèlerins d’Emmaüs », un des léd ts les plias justement célèbies de
Luc; il a diatmé toutes les générations dûétîennes, et il donne envie de croire à
ceux qui n ’ont pas le bonbeur d’avoir la toi.
13 «Emmaüs», difficile à identifier. Ceux ^ adoptent la leçon «cent soixante
stades » voient Emmaüs dans Amwas-Nicopolis, située à l’extrémité orientale de
la grande plaine de Lydda. Mais cette leçon parait secondaire et facilitante. On
a proposé Kolonije à une trentaine de stades à l ’ouest de Jérusalem, et eU
Kûbêbe dont la distance de Jérusalem répond à peu près à celle de notre texte,
mais dont la tradition est relativement récente.

201 LUC
24 en personne s’approcha, et il faisait route avec eux;
^^mais leurs yeux étaient empêchés de le recon­
naître. Il leur dit: « Quelles sont ces paroles que
vous échangez en marchant? » E t ils s’arrêtèrent, le
visage sombre.
Prenant la parole, l’un d’eux du nom de Cléo-
phas lui dit; « Tu es bien le seul de passage à
Jérusalem à ne pas savoir ce qui y est arrivé ces
jours-ci! » E t il leur dit: « Quoi donc? » Ils lui di­
rent: « Ce qui concerne Jésus le Nazarénien, qui
s’est montré un prophète puissant en œuvres et en
paroles devant Dieu et devant tout le peuple;
^“comment aussi nos grands prêtres et nos chefs
l’ont livré pour être condamné à mort et l’ont cru­
cifié. ^^Nous espérions, nous, que c’était lui qui
devait racheter Israël; mais avec tout cela, voilà le
troisième jour depuis que ces choses sont arrivées!
Quelques femmes qui sont des nôtres nous ont,
il est vrai, stupéfiés. S’étant rendues de grand
matin au tombeau ^ et n ’ayant pas trouvé son
corps, elles sont venues nous dire qu’elles avaient
même vu une vision d’anges, qui le disent en vie.
^Quelques-uns des nôtres sont allés au tombeau

16 « leuts yeux étaient empêchés... », l ’expression semble traduire l ’impression


même des disciples. Dans les apparitions racontées par Le et Jn, les disciples ne
reconnaissent pas le Seigneur au premier abord, mais seulement sur une parole
ou sur un signe, Le 24, 30 sv, 3S, 37, 35-43i Jn 20, 14, 16, 20; 21, 4, 6 sv. On a
rapproché, mais à tort, « l ’aveuglement » de Gn 19, 11 et 2 Rs o, 14.
17 « le visage sombre », pour le terme, encore et seulement Mt 6 , 16.
18 « Cléophas », inconnu par ailleurs; peut-être l’informateur de Luc.
19 « prophète », sur Jésus prophète, c£ M t 14, J; 16, 14; M c 6, 13; 8, 28; Le 7,
16; 9, 8, 19.
20 « nos grands prêtres et nos chefs », une fois de plus. Le affirme la culpabi­
lité des autorités juives dans la mort de Jésus.
21 «racheter», cf Ti 2, 14; 1 Pe 1, 18; «rachat», 1, 68; 2, 38; He 9, 12;
« rédempteur », Ac 7, 33.

LUC 202
et ont trouvé les choses tout comme les femmes 24
avaient dit; mais lui, Üs ne l’ont pas vu! »
^ E t lui leur dit: « O cœurs insensés et lents à
croire à tout ce qu’ont annoncé les Prophètes! “ Ne
faUait-il pas que le Christ endurât ces souffrances
pour entrer dans sa gloire? » Et, partant de
Moïse et de tous les Prophètes, il leur interpréta
dans toutes les Ecritures ce qui le concernait.
E t quand ils furent près du village où ils se ren­
daient, lui fit semblant d’aller plus loin. ® Mais ils le
contraignirent, en disant: « Reste avec nous, car le
soir vient et déjà le jour est à son déclin. » Et il
entra pour rester avec eux. ^ Or, comme il était à
table avec eux, ayant pris le pain, il dit la bénédic­
tion et, l’ayant rompu, il le leur remettait. Leurs
yeux s’ouvrirent et ils le reconnurent... mais il avait
disparu de devant eux, ^^Et ils se dirent l’un à
l’autre: « Notre cœur n’était-il pas tout brûlant au-
dédans de nous, quand il nous parlait en chemin,
quand il nous expliquait les Ecritures? »
Et à l’heure même, ils partirent et s’en retour­
nèrent à Jérusalem. Et ils trouvèrent réunis les Onze
et leurs compagnons, qui dirent: « Réellement, il
s’est relevé, le Seigneur, et il est apparu à Simon! »

24 « Quelques-uns des nôtres... », allusion possible à la visite faite ensemble par


Pierre et Jean et racontée Jn 20, 3-10.
25 « cceuts Insensés », lit: « insensés de cœur. »
27 « i l leur interpréta...», quel beau cours d’exégèsel Cet argument scripturaire
(v 44) est un élément essentiel du message primitif, tel qu’il est consigné par
exemple dans les discours des Actes, 2, 25 sv, 34; 3, 18-23; 4, 11; 10, 43; 13, 27,
33-37j 40-41, Pour saint Paul, voir le texte majeur 1 Co 15, 3 sv.
32 « expliquait », lit: « ouvrait. »
33 « leurs compagnons », lit; « ceux qui étaient avec eux », cf 6, 3 sv; Mc 2,
25 sv.

203 LUC
24 E t eux de raconter ce qui était arrivé en chemin,
et comment il s’était fait reconnaître d’eux par la
fraction du pain.

Jésus apparaît aux Apôtres et mange sous leurs


yeux

Tandis qu’ils disaient cela, lui se tint au milieu


d’eux et leur dit: « Paix à vous! » Saisis de frayeur
et apeurés, ils pensaient voir un esprit. Et il leur
dit: « Pourquoi êtes-vous troublés et pourquoi des
raisonnements montent-ils en votre cœur? Voyez
mes mains et mes pieds: c’est bien moi! Palpez-moi,
et voyez qu’un esprit n ’a ni chair ni os, comme vous
Jn 20,27
constatez que j’en ai. » Ayant dit cela, il leur mon­
tra ses mains et ses pieds. Comme, dans leur joie,
ils refusaient encore de croire et demeuraient éton­
nés, Ü leur dit: « Avez-vous ici quelque chose à
manger? » Ils lui remirent un morceau de poisson
Jn 21, }
griUé. E t l’ayant pris, il le mangea devant eux.

Dernières instructions de Jésus à ses Apôtres

^ Il leur dit: « Telles sont bien mes paroles que


je vous ai dites, quand j’étais encore avec vous: Il

35 « la fraction du pain », probablement le rite eucharistique, cf Ac 2, 42.


36 « Paix à vous! » formule juive de la salutation, cf 10, 5; Jn 20, 19, 21, 26.
38 « raisonnements », plutôt que « doutes ». — « montent-ils », pour l ’expression,
et 1 Co 2, 9; Ac 7, 23.
39 « Palpez-moi », pour ce terme réaliste, qu’il ne convient pas d’édulcorer,
cf Ac 17, 27; He 12, 18-, 1 Jn 1 , 1.
41 « dans leur joie », sur la joie dans l ’évangile de Le, cf 1, 14.
41-43 Cf Jn 21, 9, 10, 13.

LUC 204
faut que s’accomplisse tout ce qui se trouve écrit 24
de moi dans la Loi de Moïse, et les Prophètes, et
les Psaumes. » Alors il leur ouvrit l’esprit à
l’intelligence des Ecritures, et il leur dit: « Ainsi
est-il écrit que le Christ souffrirait et ressusciterait
d’entre les morts le troisième jour, et qu’en son M t 2 8 , 18-20
Nom le repentir pour la rémission des péchés serait
proclamé à toutes les nations, à commencer par ^
Jérusalem. De cela vous êtes témoins.
« Et voici que moi j’envoie sur vous la promes­
se de mon Père. Vous donc, restez dans la ville,
jusqu’à ce que vous soyez revêtus de la puissance
d’en haut. »

U Ascension de Jésus et l’attente des Apôtres

™Il les emmena jusque vers Béthanie et, levant ^


les mains, il les bénit. Or, comme il les bénissait,
il se sépara d’eux et fut emporté au ciel. “ Pour
eux, s’étant prosternés devant lui, ils retournèrent à
Jérusalem en grande joie, “ et ils étaient conti­
nuellement dans le Temple à bénir Dieu.

45 « leur ouvrit l'esprit », cf Dan 9, 22: « Daniel, maintenant je suis sorti pour
t ’ouvrir rintelligence. » Luc insiste sur la nécessité de l’interprétation des Ecri­
tures, soit par Jésus (v 27), soit par un de ses apôtres ou disciples (Ac 8, 51-55).
47 « à commencer par Jérusalem », cf Ac 1, Sj Ro 15, 19.
48 « témoins », cf Ac 1, 8, 22\ 3, 15; 5, 52; 10, 59; etc.
4P « la promesse de mon Père », c’est-à-dire ce que mon Père a promis, l ’Esprit-
Saint, cf Ac 1, 4 sv; 2, 55, 58 sv; cf Ga 3, 14, 22; Eph 1, 15; Jn 1, 55. — « puis­
sance d’en-haut », cf 1,
50 « Béthanie », sur le flanc oriental du mont des Oliviers, à moins de 3 km de
Jérusalem,
31 « emporté », ailleurs « enlevé », cf Ac 1, 9, 22; Mc 1 6 , 19.
52 « en grande joie », cf 1, 14, et la note.
53 <( continuellement dans le Temple », Luc sait bien que les Apôtres n’étaient
pas continuellement dans le Temple (Ac 1. 15 sv), mais Û lui plaît que son évan­
gile se termine au Temple où il a commence.

205 LUC
Actes des Apôtres
INTRODUCTION

Le Livre

Les Actes ( c’est-à-dire les Hauts faits ) des Apôtres ont


été écrits vers Tan 80 ap. J.-C. par Luc, l’auteur du troi­
sième Evangile, et dédiés au même Théophile (Le 1, 3;
Ac 1, 1 ). L’ouvrage contient le récit des premiers temps
de l’Eglise, dont il nous montre la propagation de Jéru­
salem à Rome (1, 8 ). Les douze premiers chapitres sont
consacrés à la Palestine et aux pays limitrophes, et
gravitent autour de Tapôtre Pierre. A partir du chapitre
13, c’est Paul qui devient la figure dominante, et les
Actes ne sont plus guère que le récit de ses missions.

La diffusion du christianisme

A. Yue d’ensemble

De Jérusalem à Rome en passant par la Syrie, l’Asie


mineure, le bassin de la mer Egée. Textes; Ac 1, S; 19,
21; Ro 15, 19-21, 22-32; 2 Co 10, 13 sv: « C’est ainsi
que, depuis Jérusalem et ses alentours jusqu’à TlUyrie, j’ai
assuré pleinement [la proclamation de] l’Evangile du
Christ... » (Ro 15, 19); « le Saint Esprit survenant sur
vous, vous recevrez de la puissance, et vous serez mes

La Pentecôte.
Evangiles avec commentaires. Paris, X V ” siècle.
témoins à Jérusalem, et dans toute la Judée et la
Samarie, et jusqu’à l’extrémité de la terre » (Ac 1, 5 );
« Après que j’y serai allé (à Jérusalem), il me faut aussi
voir Rome » ( Ac 19,21 ).

B. Les étapes

A Jérusalem, Juifs palestiniens et Juifs hellénistes: 2,


14-8,3;
En Samarie et en Philistie: 8 ,4-40;
Conversion de Paul et sa prédication à Damas et à
Jérusalem: 9 ,1-30;
A Lydda, dans le Saron et à Joppé: 9 ,32-43 ;
A Césarée, entrée des premiers païens dans l’Eglise:
10, M 1 ,IS ;
En Phénicie et à ChjTpre: la Parole annoncée seule­
ment aux Juifs : 11,19;
A Antioche: la Parole « annoncée aussi aux Grecs »,
11,20 sv;
A Antioche: Paul et Barnabé pendant tm an, une
foule considérable de convertis; les disciples pour la
première fois appelés « chrétiens », 1 1 ,22-26;
Les trois voyages de Paul dans l’Asie occidentale et
sur le pourtour du bassin de la mer Egée. Le concile de
Jérusalem et la charte des païens, 13, 4-21,16;
Paul de Jérusalem à Rome: Paul, prisonnier et « lié de
deux chaînes» (21, 33), après de multiples péripéties
(21, 17-25, 5 ), fait appel à César {25, 6-11). Après rm
voyage mouvementé (27, 1-44) et un court séjour à
Malte (28, 2-10), il traverse l’Italie et arrive à Rome où,
dans son logement, « il proclame le Royaume de Dieu
ACTES 210
et enseigne ce qui concerne le Seigneur Jésus Christ,
avec une entière assurance, sans entrave» (28, 30). Il
semble peu probable qu’il ait pu réaliser son dessein
de se rendre en Espagne (Ro 15,28 ).

C. Les instruments

I Les hommes

Apollos: 18, 24-28-, 19, L — 1 Co 1, 12; 3, 4, 5, 6,


22; 4, é; 16,12; Ti 3 , 13. — « C’était un homme savant,
versé dans les Ecritures. Il avait été instruit de la voie du
Seigneur et, fervent d’esprit, ü annonçait et enseignait
avec exactitude ce qui concerne Jésus » ( 18,24 sv).
Barnabé, chrétien de la première heure, qui présente
aux Apôtres Saul récemment converti, l’accompagne
lors de sa première mission, se brouille avec lui à cause
de Marc, mais plus tard se réconcilie: 4 ,36 sv; 9, 27; 11,
22-26,30; 12, 25; 13, î-3, 7,13, 43, 4 6 ,50; 14, 22; 15,
2, 3,12, 22, 25, 35-40. — 1 Co 9, 6; Ga 2 , 1, 9,13; Col
4,20.
Etienne, un des sept diacres, polémique avec véhé­
mence contre le judaïsme, le premier des martyrs: 6, 5,
8,9-14; 7,2-53,54-60.
Jean-Marc, cousin de Barnabé (Col 4, 20), appelé
encore Jean (13, 5, 13), et Marc (15, 39; Col 4, 20; 2
Tm 4, 22; Phm v 24; 1 Pe 5, 23 ), compagnon de Paul et
de Barnabé lors de la première mission ( 13, 5, 13), puis
du seul Barnabé après le refus de Paul (Ac 15, 37-39),
très apprécié de Pierre qui l’appelle son « fils » ( 1 Pe
5 ,1 3 ).
211 ACTES
Süas, chargé de mission après le « Concile » de Jéru­
salem, compagnon de Paul lors de la seconde mission:
15, 27, 32, 34, 40; 16, 19, 25, 29; 17, 4, 10, 14, 15;
18, 5. — Appelé encore Silvain 1 Pe 5, 12, et en compa­
gnie de Timothée 2 Co 1 ,15>; 1 Th 1,1 j 2 Th 1,1.
Timothée, collaborateur très estimé de Paul et son
enfant chéri: 1 6 ,1-3; 1 7 ,14 sv; 18, 5; 19, 22; 20, 4. —
Ro 16, 21; 1 Co 4, 17; 16, 20; 2 Co 1, 1, 19; Phi 1,
1; 2, 19; Col 1, 1; 1 Th 1, 1; 3, 2, 6; 2 Th 1, 1; 1 Tm
1 ,2 ,18; 6 ,20; 2 Tm 1,2; Phm v 1; He 13,23.
Pierre, le premier des Apôtres ( 1 , 15; 2, 14; 15, 7)
domine tout le récit depuis la Pentecôte jusqu’à son
effacement après sa délivrance miraculeuse (2, 14-12,
17); reparaît lors du «Concile de Jérusalem» (15, 7
sw ). Belle figure de chef: lucide, ferme et courageux,
attaché à la tradition, mais ne résistant pas à la
poussée de l’Esprit, plein de sollicitude pour les Eglises
qu’il a fondées.
Paul, le héros du livre des Actes, pour qui Luc mani­
feste une admiration sans réserve et dont Ü fait revivre
la riche et puissante physionomie.
U homme. Né à Tarse (9, 11; 21, 39), cité de haute
culture et qui « n ’était pas sans renom » ( 21,39 ), citoyen
romain ( 16,21,37; 22, 25-29; 23,27; 25,11-12), appar­
tenant à xme famiUe de petits industriels ( 18, 3 ), fait ses
études supérieures à Jérusalem, aux pieds d’un maître
célèbre, Gamaliel (Ac 22, 3). Intelligence profonde,
ferme et lucide, caractère fortement trempé, coura­
geux, intrépide (voir, dans le récit de la tempête, 27,
21-25, 31, 34, 36, et l’anecdote de la vipère 28, 3-6),
entraîneur, tempérament de chef.
ACTKS 212
Le -persécuteur. « je ne mérite pas d’être appelé
apôtre, parce que j’ai persécuté l’Eglise de Dieu >> ( 1 Co
15, 5 ), et voir 8 , 1, 3; 9 , 1, 2, 5 ,1 3 sv; 22, 4 sv, 19 sv;
26, M 2 ; Ga 1 ,1 3 ,23; PM 3,6; 1 Tm 1,23.
Le converti. SuMte et irrésistible irruption de Jésus
ressuscité dans sa vie, 9, 2-25; 22,3-26; 2 6 ,12-18.
Le missionnaire. Il l’est par tempérament et par voca­
tion: « cet homme m’est un instrument de choix pour
porter mon Nom devant les nations, les rois et les fils
d’Israël» (9, 23). Prêcheur infatigable, dans les syna­
gogues, les maisons, sur les places publiques, 9, 22 sv,
27-29; 11, 23 sv; 14,22; 17, 27; 18,3; 19, 5-20; 20, 2,
7, 22, 20 sv, 21, 31; 28, 23; lors des trois grandes mis­
sions, 13, 2-21, 32 — parmi les souffrances, épreuves et
persécutions, 13, 30; 14, 3, 29; 20, 29, 23, et voir « Les
obstacles », et dans les Epîtres de Paul, 2 Co 4,
7-22; 6, 4-20; 7, 3: « partout des afflictions; au-dehors
des luttes, au-dedans des craintes »; 11, 23-33; 12, 20;
2 Tm 3, 22. — Pour assurer l’indépendance de son minis­
tère, Paul s’astreint à un travail manuel, 18, 3; 20, 34;
1 Co 9, 6,12, 2 3 ,18; 1 Th 2 ,9 ; 2 Th 3, 5. — Il s’associe
des collaborateurs, mais il reste toujours le chef, celui qui
« porte la parole » (14, 22), intransigeant et inflexible
(15,37-40).
Le fondateur d’Eglises. Paul a établi de 20 à 30
communautés sur le pourtour du bassin oriental de la
Méditerranée, de préférence dans les grands centres
urbains, cf 14, 23: « Ils (Paul et Barnabé) leur désignè­
rent ( aux communautés de Lystres, Iconium, Antioche la
Pisidienne) des anciens dans chaque Eglise. » Impos­
sible d’en déterminer même approximativement Tim-

213 ACTES
portance numérique. Mais on peut être sûr qu’elles se
composaient presque exclusivement de petites gens,
cf 1 Co 1 ,26-28.
Le pasteur. Paul a toujours été préoccupé de la vie
de ses fondations et de leur persévérance: « mon
obsession quotidienne, le souci de toutes les Eglises »
(2 Co 11, 2S). Aussi les engage-t-il à « rester attachées à
la grâce de Dieu » (13, 43), les visitant et les faisant
visiter, cf 15, 36: « il dit à Barnabé: Retournons donc
visiter les frères dans chacune des villes où nous avons
annoncé la parole du Seigneur, pour voir comment ils
vont », et cf 14, 21-23; 16, 4-5; 18, 23; 2 0 ,1-3, 7-11. A
cette sollicitude pastorale nous devons ses Epîtres. Lire les
Adieux aux anciens de l’Eglise d’Ephèse 20, 18-35,
surtout w 18-21,27,31,33-35.

II La parole

Les apôtres sont des témoins (1, S), et leur témoi­


gnage s’exprime par la parole (4, 20, 29), qu’ils doivent
annoncer et annoncent « avec assurance » (2, 29-, 4, 29,
31; 9, 27, 28; 13, 46; 18, 26; 19, 8; 26, 26; 28, 31).
L’auteur note avec satisfaction la diffusion de cette parole,
qui « croît » (6, 7; 12, 24; 19, 20), « semxiltiplie » ( 12,
24), « se répand » ( 13,49 ), « se fortifie » ( 19,20 ).
Une place de choix est faite, dans le Livre des Actes,
aux discours de Paul, parleur et orateur infatigable (17,
3, 10 sv; 18, 4 sv; 19, 8 svv; 20, 1, 2, 7, 9, 11; 21, 19;
28, 23).
1 ) Auditoires juifs: Antioche la Pisidienne (1 3 ,16-41,
46 sv), Juifs de Rome (28, 25-28). Jésus est le Messie

ACTES 214
annoncé par Moïse et les Prophètes qui ont prédit sa
mort et sa résurrection. Par lui est assurée la rémission
des péchés. C’est le message même de Pierre (2, 22-36),
sauf que 13, 38b-39 contient une affirmation spécifique­
ment paulinienne ( voir la note sur 1 3 ,1é ).
2) Auditoires pàiens'. Lystres (14, 13-17), Athènes
( 17, 22-31 ). Le Dieu que Paul annonce est le Dieu de la
création et de l’histoire. Après « les temps de l’ignorance »
où Dieu « a laissé toutes les nations suivre leurs voies »,
il faut « se tourner vers le Dieu vivant qui a fait le ciel,
la terre, la mer et tout ce qui s’y trouve ». Voir encore
les discours devant Félix (24, 14-21) et devant Agrippa
(26,2-23).
3 ) Auditoires chrétiens: Voir les adieux de Paul aux
anciens de l’Eglise d’Ephèse (20, 18-33), qui sont une
apologie de son ministère et une mise en garde contre
des hommes « aux discours pervers ».

III Les miracles

Destinés à « confirmer la Parole » (Mc 16, 20 ), on les


trouve dans toutes les parties du Livre, sous l’appella­
tion la plus fréquente de « signes et prodiges » (2, 43; 5,
32; 6, 8; 8, 6, 13; 14, 3; 15, 32). Quelques-uns sont
racontés avec complaisance: le boiteux de la Belle Porte
(3, 2-33; 4, 22), la cécité du mage Elymas (13, 9-12),
le tremblement de terre de PhiHppes (16, 26-28), les
malades d’Ephèse guéris par application de langes
ayant touché la peau dè Paul ( 19, 33 sv), le retour à la
vie d’Eutyche à Troas ( 20, 9-12), la vipère inoffensive de
Malte ( 2 8 ,3-6 ), les guérisons dans la même île ( 28,8 sv).

215 ACTES
IV L ’activité apostolique

Principalement de Pierre et de Paul, Pour Pierre, cf 2,


24-42-, 6, 1-6-, 9, 32-43-, 10, 1-11, 18; pour Paul, cf 9,
20-22, 27-29; 11, 23 sv; les trois grandes missions, 13,
2-21, 30; à Rome, 28, 17-31; voir aussi le discours aux
anciens d’Ephèse, 20, 18-33, et dans les Epîtres, 2 Co 4,
7-12,16; 6,3-10.

V L’Esprit Saint

« le Saint Esprit survenant en vous, vous recevrez de


la puissance, et vous serez mes témoins à Jérusalem, et
dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’à l’extrémité
de la terre » (1, 8). C’est Lui, en effet, qui depuis sa
descente le jour de la Pentecôte (2, 1-13) jusqu’au
terme de l’ouvrage (28, 23), est l’initiateur et le maître
des événements, si bien qu’on a pu dire sans exagéra­
tion que les Actes des apôtres étaient l’Evangile de
l’Esprit. Voici comment est présentée son action: 1° Sa
communication-, « on est baptisé dans », 1, 3; 11, 16^. —
« on reçoit », le don de, 2, 38; 8 , 18; l’Esprit, 8 , 13, 17,
19; 10,47; 19,2 sv; la promesse de, 2 ,33. — « Dieu don­
ne », 15, 8; « donné par l’imposition des mains », 8, 18.
— « on est rempli de », 2, 4; 4, 8, 31; 6, 3, 3; 7 ,33, etc.
—• « Dieu répand de », 2, 17, 18; 10, 43. — « tombe
sur », 10, 44; 11, 13. — « vient sur », 1, 8; 19, 6. —
2° Son œuvre: « console », 9, 31; « décide » (avec les
Apôtres), 15, 28; « dit », 8, 29; 10, 19; 11, 12; 21, 4;
28, 23; 4, 23; « donne de s’exprimer », 2, 4; « donne des
ordres », 1, 2; 10, 19 sv; « empêche », 16, 6, 7; « em-

ACTES 216
porte », 8, 35>; « envoie en mission », 13, 2-4; « établit
les épiscopes », 20, 23; « lie Paul », 20, 22; « Jésus oint
par l’Esprit », 10, 38; « prédit », 1 , 16; « signifier par »,
11, 28; « témoigne », 5, 32; 15, 8; 20, 23. — 3° Attitu­
des coupables envers l’Bsprit: « mentir à », 5 ,3 ; « s’op­
poser à » , 7, 51; «résister à » , 6, 10; «tenter, le
mettre à l’épreuve », 5 ,9.

VI UEglise et sa croissance

L’auteur se plaît à noter la croissance de la jexme


Eglise: « le Seigneur lui ajoute » (des âmes, des
croyants) 2, 41, 47; 5, 14; 11, 24; « le nombre des.
croyants s’élève » (lit: « devient ») 4 ,4; « le nombre des
disciples se multiplie » 6, 7; « l’Eglise se bâtit, se
multiplie » 9 J 31; « une nombreuse multitude embrasse
la foi » 14, I ; « les Eglises deviennent solides dans la
foi et grandissent en nombre » ( 16,5 ).

Les obstacles

1. Non les autorités romaines qui se montrent pu bien­


veillantes ou indifférentes, mais jamais hostiles; voir 13,
7-12, le proconsul Sergius Paulus, qui se convertit; 18,
12-17; GaUion le proconsul d’Achaïe, qui refuse de se
mêler à « des controverses sur des mots, sur des noms
et sur une loi » qui n’est pas la sienne; 21, 32-40, et 23,
12-35, le tribun de l’Antonia; et encore 1 6 ,19 sv, 35-39;
2 4 ,24 svv; 27,3; 2 8 ,16,30 sv.
2, Mais les judéo-chrétiens, demeurés attachés à la
circoncision et aux observances juives prescrites par le

217 ACTES
code de pureté et qui n’admettent pas que les païens
entrent dans l’Eglise sans être circoncis: « Tu es entré
chez des indrconcis et tu as mangé avec eux! » (Ac 11,
3 ). Il faudra que l’Esprit Saint fasse irruption sur les nou­
veaux convertis, pour que les Judéo-chrétiens de Jéru­
salem se résignent à reconnaître qu’« aux nations aussi
Dieu à donné le repentir qui mène à la vie! » Le
conflit pourtant n’est pas apaisé: « Des gens descendus
de Judée enseignaient aux frères (d’Antioche): Si vous
n ’avez pas été circoncis selon la coutume de Moïse,
vous ne pouvez être sauvés » ( 15, 1 ). C’est le « concÜe
de Jérusalem» et sa charte libératrice (15, 28 sv) qui
ramènera la paix dans l’Eglise.
3. L’obstacle majeur réside dans l’attitude hostile et
parfois violente des Juifs envers les disciples du Christ,
et particulièrement envers Paul « le protagoniste de la
secte des Nazôréens » (24, 5 ), auquel ds ont infligé
d’innombrables épreuves (20, 19). Voici les principaux
textes: avant les missions de Paul, 4, 2-22; 5 , 17-42; 6,5,
8-1, 60; 8 , 1-3; 9, 2-2, 23-23; 1 2 ,1-17; lors des missions
de Paul à Chypre, 13, 6-12; à Antioche la Pisidienne, 13,
45,50 sv; à Iconium, 1 4 ,5 sv; àLystres, 14,19sv; àThes-
salonique, 17, 3-9; à Corinthe, 18, 5 sv, 22-27; à Ephèse,
19, 9, 33; en Grèce, 20, 3; à Jérusalem, 21, 27-30; 22,
22 sv; devant le Sanhédrin, 23, 2-20; complot pour tuer
Paul, 2 3 ,12-13; plainte contre Paul devant le gouverneur,
2 4 ,1-9; grands prêtres et notables préparent un guet-apens
pour tuer Paul, 2 5 ,1-3; 26,22.

ACTES 218
Les résultats

De vingt à trente communautés dans les provinces


romaines du bassin de la mer Egée.

L’atmosphère

Optimisme et joie, 5, 41-, 8, 8, 39; 1 1 ,23; 1 3 ,48, 52;


15,3 (note), 31.
Tableaux idylliques, 2, 42-47; 4 ,23-31,32-35; 5 , 12-
16.

Quelques beaux récits

7, 54-60; 8, 27-40; 9 , 1-19 et les parallèles; 12, 1-17;


16, 25-34; 17, 10-12; 19, 23-40; 20, 7-12, 36-38; 21,
4-6,10-14; 2 3 ,16-22; 2 7 ,1-44; 28,1-10.

Valeur historique

Il n’entre pas dans les intentions de Luc de tout


conter par le menu. Il est trop épris du beau, trop
artiste, pour se perdre dans les détails qui relèvent de
l’annaliste. A plusieurs reprises (9, 22, 27, et les notes;
12,21-23 et la note; 1 7 ,14-16; 18,5; 22,17) il condense
et diminue l’événement. Mais nous trouvons dans son
œuvre: 1° un ensemble de récits qui permettent de
suivre les étapes de la diffusion du christianisme; 2°
quelques détails précieux sur la primitive Eglise; 3° quel­
ques discours caractéristiques de l’apostolat de Pierre
et de l’activité missionnaire de Paul; 4° un cadre où il

219 ACTES
est relativement aisé de « situer » les épîtres du grand
apôtre.
Le lecteur remarquera qu’à plusieurs reprises le récit
cède la place au journal, la première personne rempla­
çant la troisième. C’est ce qu’il est convenu d’appeler
les « morceaux-Nous » (16, 10-17; 20, ^-1^; 21, 1-18;
27, 1-28, 16). Pour les faits relatés dans ces passages,
l’auteur a dû être témoin oculaire.
Luc est un historien de bonne qualité. Il dispose de
sources sérieuses, grecques ou araméennes, qu’il a
recueillies dans les diverses communautés palesti­
niennes, ou dans les Eglises fondées par Paul. Rien ne
permet de penser qu’ü les ait mal comprises ou
systématiquement faussées. Certes il ne s’embarrasse
pas de minuties chronologiques. Il insiste le moins qu’il
peut sur certains événements pénibles; il lui arrive
même d’en omettre (comme « l’incident d’Antioche »
de Ga 2, 11-21). L’histoire de la primitive Eglise, telle
qu’il l ’a écrite, contient un minimum d’ombres. Les
discours sont des compositions littéraires plutôt que
des reproductions littérales. La physionomie de Paul,
son héros, qu’ü admire et qu’il aime, n’a pas l’accent de
celle des Epîtres. Luc s’exprime souvent à demi-mot, et ce
délicat par excellence blâme moins les attitudes qui lui
déplaisent qu’il ne loue celles qui lui agréent. Mais ce
ne sont là que légères réserves. Son œuvre, qu’ü a
voulue toute de paix et de sérénité, mérite notre
confiance.

ACTES 220
Valeur littéraire

L’auteur écrit en grec hellénistique de bonne qualité,


avec des teintes aramaïsantes dans les douze premiers
chapitres. Le style est souple, plastique; les événe­
ments se déroulent dans une atmosphère d’allégresse
et de foi intrépide: 5, 41-, 8, 8, 39-, 11, 23; 13, 48, 32;
15, 3 (note), 31. Et encore 2, 42-47; 4, 23-31, 32-35;
5,12-15.
Le Livre abonde en morceaux d’anthologie: 7 ,34-60; 8,
27-40; 9, 1-19 et les parallèles; 12, 1-17; 16, 25-34; 17,
10-12; 19, 23-40; 20, 7-12, 36-38; 21, 4-6, 10-14;
23,16-22; 27,1-44; 2 8 ,1-10.

Le texte

Il nous est parvenu sous deux formes: a) celle des


grands manuscrits et du papyrus 45, celle-là même que
nous avons adoptée; b ) celle du texte dit « occidental »,
représenté par le codex Bezae, la vêtus latina et la version
syriaque, recension populaire du premier, née au 2®siècle
apr. J.-C. Il contient quelques leçons probablement ori­
ginales, qu’on trouvera indiquées dans les notes.

221 ACTES
Table analytique des Actes des Apôtres

I Avant Ventrée en scène de Pierre (1,1-2,13):

a. Prologue ( 1 ,1-3 ).
b. Derniers entretiens de Jésus avec ses disci­
ples (1,4-8).
c. L’Ascension de Jésus (1,9-11).
d. Les disciples dans la chambre haute ( 1 ,12-14 ).
e. L’élection de Matthias ( 1,15-26 ).
f. La descente de l’Esprit (2,1-13).

II De Ventrée en scène de Pierre à Venvoi de Paul


en mission (2,14-13,3):

A. A Jérusalem. Premières conquêtes et premiers con-


fhts avec les autorités religieuses juives (2, 14-
5 ,42):

a. Premier discours de Pierre et premières con­


versions (2,14-41).
b. Premier tableau idyllique de l’Eglise primitive
(2,42-47).
c. Le boiteux de la Belle Porte (3,1-11).
d. Deuxième discours de Pierre ( 3,12-26 ).
e. Arrestation de Pierre et de Jean et leur com­
parution devant le Sanhédrin ( 4 , 1-22 ).
f. Prière des fidèles après la délivrance des
Apôtres (4,23-31).
ACTES 222
g. Deuxième tableau idyllique de l’Eglise primi­
tive: la mise en commun des biens (4,32-37).
h. Ananie et Saphire (5,1-11).
i. Miracles opérés par Pierre et les Apôtres
{5,12-16).
j. Deuxième arrestation des Apôtres. Leur déli­
vrance miraculeuse et leur comparution de­
vant le Sanhédrin. Intervention de Gamaliel.
Les Apôtres battus et relâchés ( 5 ,1 7-42 ).

B. A Jérusalem. Premier confHt grave avec le Judaïsme


(6 ,1 -8 ,3 ):

a. Institution des « Diacres » (6,1-7).


b. Etienne devant le Sanhédrin ( 6 ,8-15 ).
c. Discours d’Etienne ( 7,1-53 ).
d. Lapidation d’Etienne (7,54-8, la ).
e. Première persécution (8, lb-3).

C. Premières conquêtes hors de Jérusalem ( 8 ,4-40 ) :

a. L’Evangile chez les hérétiques : Philippe, Pierre


et Jean en Samarie. Simon le Magicien (8,
4-25).
b. L’Evangile chez les exclus: baptême d’un
eunuque, intendant de la reine d’Ethiopie
(8,26-40).

D. L’entrée de Saul dans l’Eglise ( 9,1-30 ) :

a. La conversion de Saul ( 9, l-19a).

223 ACTES
b, Saul à Damas et à Jérusalem: premier voyage
à Jérusalem ( 9 ,19b-30 ).

E. Activité de Pierre en dehors de Jérusalem (9, 31-


11, IS:

a. L’Eglise en paix et en progrès (9 ,3 2 ).


b. Pierre à Lydda: guérison d’Enée ( 9 ,32-35 ).
c. Pierre à Joppé: résurrection de Tabitha (9,
36-43).
d. Conversion de Corneille: l’entrée dans l’Eglise
des premiers païens « craignant Dieu » (10,
1-48).
e. Emoi des Juifs convertis de Jérusalem. Pierre
ramène le calme en exposant qu’il n’a agi que
sous la contrainte divine et avec l’approba­
tion éclatante de l’Esprit {11,1-18).

F. L’entrée en masse des païens dans l’Eglise. Fon­


dation de l’Eglise d’Antioche. Barnabé et Saul
à Antioche (1 1 ,2 9-26 ).

G. A Jérusalem (11, 27-12,23):

a. Deuxième voyage de Saul à Jérusalem (11,


27-30).
b. Persécution d’Hérode Agrippa. Emprisonne­
ment et délivrance miraculeuse de Pierre
(12,2-29).
c. Mort d’Hérode ( 12,20-23 ).

31 — L’Ascension.
Peinture attribuée à Nicollo di Liberatore di Foligno, XIV'° siècle.
Musée Vivenel, Compiègne.
32 — Les apôtres et la Vierge pendant l’Ascension.
Vitrail du milieu du X IP siècle. Cathédrale du Mans.
34 — La Pentecôte.
Sacramentaire. Manuscrit du X I V
siècle. Bibliothèque Sainte-Geneviève,
n° 103.

35 — La Pentecôte.
Livre d’Heures. Manuscrit du X V P
siècle. Musée Condé, Chantilly,
1178.

33 — La Pentecôte.
Livre d’Heures. Manuscrit du X V ’
siècle. Bibliothèque Mazarine, n” 969.
36 — Pierre guérit le boiteux de la Belle Porte. « De l’argent et
de l’or, je n’en possède pas, mais ce que j’ai, je te le donne : au
nom de Jésus Christ le Nazôréen, lève-toi et marche» (3, 6).
Tapisserie du X V I‘ siècle. Eglise Saint-Pierre, Saumur.
H. A Antioche ( 12,24-13,3 ) :

a. Saul et Barnabé reviennent à Antioche (12,


24-23).
b. Saul et Barnabé envoyés en mission par
l’Eglise d’Antioche ( 13 ,1-3 ).

III Les grandes missions de Paul (13,4-21,16):

A. La première mission ( 13,4-14,2 8 ) :


a. Saul et Barnabé à Chypre. Le proconsul
Sergius Paulus. Le mage Elymas ( 13,4-12 ).
b. Paul et Barnabé à Antioche la Pisidienne
(13,13-32).
c. Paul et Barnabé à Iconium ( 14,1-7 ).
d. Paul et Barnabé à Lystres ( 14,8-20a ).
e. Paul à Derbé. Fin de la première mission:
retour à Antioche de Syrie ( 14,20b-28 ).

B. La question de la circoncision et des observances


légales au « ConcÜe » de Jérusalem. La charte libéra­
trice: troisième voyage de Paul à Jérusalem (15,
1-33).

C. La deuxième mission ( 15,3é-18,22 ) :

a. Paul se sépare de Barnabé et choisit Silas


(15,3é-40).
b. En cours de route, Paul prend avec lui Timo­
thée (15,41-16,3).

225 ACTES
c, De Lystres à Troas ( 1 6 ,6-8 ).
d. De Troas à Philippes. Fondation de l’Eglise
de Philippes ( 16,9-40 ).
De Philippes à Thessalonique. Fondation de
l’Eglise de Thessalonique ( 1 7 ,1-9 ).
f PaiJ à Bérée (1 7 ,1 0-1^ ),
g. Paxxl à Athènes (1 7 ,1 6-34 ).
h. Fondation de l’Eglise de Corinthe (18, 1-18).
i. Fin du deuxième voyage missionnaire.
Quatrième séjour de Paul à Jérusalem (18,
, 19-22).

D, La troisième mission ( 18,23-21,16):

a. Vers Ephèse ( 18,23 ).


b. Apollos à Ephèse et à Corinthe (1 8 ,24-28 ).
c. Paul à Ephèse ( 1 9 ,1-40 ) :
1. Jusqu’à l’émeute des orfèvres ( 19,1-22 ).
2. L’émeute des orfèvres {19,23-40).
d. Paul quitte Ephèse pour la Macédoine et la
Grèce, puis ü repart pour Jérusalem « via »
Macédoine (2 0 ,1-6).
e. La nuit de Troas ( 20, 7-12).
f. De Troas à Milet (20,13-16).
g. Les adieux de Paul aux anciens de l’Eglise
d’Ephèse (20,17-35).
h. De Milet à Tyr et Ptolémaïs ( 21,1 -7 ).
i. ACésarée (21,5-14).
j. DeCésaréeà Jérusalem (21,13-16).

ACTES 226
IV Paul prisonnier à ]érusalem et à Césarêe ( 2 1 ,17-26,
32): .

a. Paul à Jérusalem: cinquième séjour. Il s’asso­


cie dans le Temple à l’accomplissement d’un
vœu (2 1 ,17-26).
b. Emeute des Juifs et arrestation de Paul (21,
27-36).
c. Discours de Paul aux Juifs de Jérusalem
soulevés contre lui (2 1 ,37-22,21 ).
d. Paul citoyen romain. Sa conversation avec le
tribun de la cohorte casernée dans la forte­
resse Antonia ( 2 2 ,22-29 ).
e. PauldevantleSanhédrin (2 2 ,30-23,10).
f . Apparition de Jésus à Paul {23,11).
g. Complot des Juifs. Intervention du neveu de
Paul. Paul transféré à Césarée (2 3 ,12-33).
h. Paul prisonnier à Césarée. Paul et ses accusa­
teurs devant Félix ( 2 4 ,1-23 ).
i. Paul devant Félix et Drusilla ( 24, 24-26 ).
j . Porcins Festus succède à Félix ( 24,27 ).
k. Festus refuse de transférer Paul à Jérusalem
(23,1-3).
l. Paul en appelle à César ( 25, 6-12 ).
m. Festus informe le roi Agrippa du cas de Paul
(2 5 ,13-22).
n. Discours de Paul devant Agrippa (25, 23-26,
29).
O. Impression favorable produite par Paul
(26,30-32).

227 ACTES
L’Ascension.
Légende dorée. Westminster, 1483.
Prologue

^ J ’ai donc fait mon premier livre, ô Théophile,


sur tout ce que Jésus a fait et enseigné, depuis le
début ^ jusqu’au jour où, après avoir, par l’Esprit
Saint, donné ses ordres aux Apôtres qu’il avait
choisis, il fut enlevé [au ciel]. ^Et c’est encore à
eux qu’après avoir souffert il se présenta vivant
avec bien des preuves, se faisant voir d’eux pen­
dant quarante jours et [leur] disant ce qui concerne
le Royaume de Dieu.

Derniers entretiens de Jésus avec ses disciples

Et comme il se trouvait avec eux, il leur prescri­


vit de ne pas quitter Jérusalem, mais d’attendre la
promesse du Père: « celle que vous avez entendue

1 <( mon premier livre » , le troisième évangile dédié, lui aussi, à Théophile,
chrétien de haut rang, c£ Le 1, .3. — «fait depuis le début», lit: « a commencé
de faire », cf 10, 37.
2 « par l ’Esprit Saint », c£ Jn 20, 22. — Ou « après avoir donné des ordres aux
Apôtres qu’il avait choisis par l ’Esprit Saint ». — « enlevé », même terme
vv 11, 22‘, Mc 16, 19‘, 1 Tm 3, 16. On trouve « élever » une seule fois, Ac 1, 9.
3 « leur disant », texte dont il a été fait de fréquents abus.
4 Ou « mangeait avec eux. » — A la différence de Mt, de Mc et du ch 21 de
Jn, Luc, fidèle à lui-même (Le 24, 6, à comparer avec Mc 16, 7 ), passe sous
silence les apparitions en Galilée: rien ne doit distraire le lecteur de Jérusalem,
la ville sainte, qui est tout ensemble le lieu de l ’achèvement de la carrière terrestre
de Jésus et le point de départ de la prédication apostolique. — « la promesse du
Père », c£ Le 24, 49.

231 ACTES
de moi: ®Jean a baptisé avec de l’eau, mais vous,
c’est dans l’Esprit Saint que vous serez baptisés
d’ici peu de jours, »
®Eux donc, s’étant réunis, l’interrogeaient en
disant: « Seigneur, est-ce en ce temps-ci que tu vas
rétablir la royauté pour Israël? » ’ Il leur dit: « Il
ne vous appartient pas de connaître les temps ou
moments que le Père a fixés de son propre pou­
voir; ®mais le Saint Esprit survenant sur vous, vous
recevrez de la puissance, et vous serez mes té­
moins à Jérusalem, et dans toute la Judée et la
Samarie, et jusqu’à l’extrémité de la terre. »

L ’Ascension de Jésus

®Et à ces mots, sous leurs regards, il fut élevé, et


■une nuée le déroba à leurs yeux. “ Et comme ils
avaient les yeux fixés vers le ciel tandis qu’ü s’en
allait, voici que deux hommes se présentèrent à
eux, en habits blancs, et üs dirent: « GalÜéens,

5 « baptisés ». c’est-à-dire plongés et renouvelé. — « avec de l ’eau », cf


Mc 1, 8i Le 3 , 16.
6 Les Apôtres ont encore des idées fort terrestres.
7 « temps ou moments », c£ 1 Th 5, I . — Verset qui devrait décourager à
jamais les chercheurs d’avenir.
8 Universalisme absolu (C£ M t 28, 15^ sv). Aucune limite à l ’activité des Apôtres,
qui doivent être partout les témoins de Jésus. L’e^ression <c jusqu’à l ’extrémité de
la terre », très fréquente dans l ’A.T., et qui est reprise 13, 47, dans une dtadon
d’ïs 49, 6, désigne peut-être ici la ville de Rome ou l’E space. Quoi qu’il en
soit, ce verset donne le plan .d e l ’ouvrage. Comparer avec Ro ÏP, 19-21, où
Paul décrit l ’élargissement progressif de son champ d’action apostolique.
10 Cf les « deux hommes en habit étincelant » du r ^ t de la résurrection de
Le 24, 4.
11 « de la même manière », c’est-à-dire sur une nuée (cf M t 24, 90; 26, 64
et par, 1 Th 4, 17; Ap 1, 7). Dans l ’A.T., la nuée accompa^e et manifeste la
présence de Yahvé. Elle figure aussi dans le récit de la Transfiguration (M t 17, J
et par).

ACTES 232
Missel de Paris. Paris, 1489.

pourquoi vous tenez-vous là, regardant vers le 1


ciel? Ce Jésus, qui a été enlevé d’auprès de vous
vers le ciel, viendra de la même manière que vous
l’avez vu s’en aller vers le ciel. »
233 ACTES
Les disciples dans la chambre haute

Alors ils retournèrent à Jérusalem, du mont


appelé « Olivaie », qui est près de Jérusalem, à
la distance d’un parcours de sabbat. Et lorsqu’ils
furent entrés, ils montèrent à la chambre haute où
ils séjournaient: Pierre et Jean, et Jacques et
André, Philippe et Thomas, Barthélemy et Matthieu,
Jacques, [fils] d’Alphée, et Simon le Zélote, et
Judas, [füs] de Jacques, ^'^Tous ceux-là, d’un com­
mun accord, étaient assidus à la prière, avec quel­
ques femmes dont Marie, la mère de Jésus, et avec
ses frères.

L’élection de Matthias

Et en ces jours-là, Pierre, se levant au milieu


des frères, dit [le nombre des personnes réunies
était d’environ cent vingt] : “ « Frères, il fallait que

12 mont appelé « Olivaie » (encore et seulement Le 19, 29; 21, 17); ailleurs
(Le 19, 17; 22, 19; etc.) « mont des Oliviers ». — Parcours autorisé un jour de
sabbat: un kilomètre environ.
13 « chambre haute », chambre située sur ou immédiatement sous la terrasse,
généralement vaste, et servant de lieu de réunion (20, S ). Etait-ce la «salle»
(Le 22, 11) oh Jésus avait célébré sa dernière Pâque, ou une pièce de la maison
de Marie, mère de Jean Marc (Ac 12, 12)? — Dans ce catalogue des Apôtres,
à la différence de ceux de M t (10, 2-4), de Mc (3, 16-19), et même de Le
(6, 14-16), Jean vient immédiatement après Pierre. De fait, dans les premiers
chapitres des Actes, alors que « les Apôtres » paraissent à peine, on rencontre
fréquemment Jean aux côtés de Pierre (3, 1, 1, 4, 11; 4, I I , 19; 8, 14). Voir
aussi Ga 2, 9; « Képhas et Jean. » — « Jacques, fils d’Alphée » n ’est pas le
Jacques, frère du Seigneur (Mc 6, 1, et par), le futur évêque de Jérusalem;
Judas, [fils] de Jacques, non plus, n’est pas le frère du Seigneur de Mc 6, 3,
et par, le futur auteur de l ’épître qui porte son nom.
14 « d’un commun accord », terme irénique aimé de l ’auteur des Actes, qui
l ’emploie dix fois (2, 46; 4, 24; S, 6; etc.). — « ses frètes », ses cousins. Voir
Mc 6, 3.
15 « En ces jours-là », expression biblique, de sens vague, indéterminé. — les
« frètes », c’est-à-dire les membres de la communauté.

ACTES 234
s’accomplît l’Ecriture qu’a prédite l’Esprit, 1’[Es­ 1
prit] Saint, par la bouche de David, au sujet de
Judas, lequel s’est fait le guide de ceux qui ont sai­
si Jésus. Il était, en effet, compté parmi nous et
un lot de ce service lui était échu. Cet homme
donc a acquis un domaine avec le salaire de son
injustice et, tombant la tête en avant, a crevé par le
milieu, et toutes ses entrailles se sont répandues.
Et la chose a été connue de tous les habitants de
Jérusalem, en sorte que ce domaine a été appelé
dans leur langue Hakeldamach, c’est-à-dire Do­
maine du Sang. ^ Il est écrit en effet au Livre des
Psaumes:
Que son campement devienne désert
et que personne n’y habite.
Et:
Que sa charge, un autre la prenne.
« Il faut donc que, parmi les hommes qui nous
ont accompagnés pendant tout le temps que le
Seigneur Jésus est allé et venu parmi nous, de­
puis le baptême de Jean jusqu’au jour où il a été
enlevé d’auprès de nous, il y en ait un qui devienne
avec nous témoin de sa résurrection. »
16 « qui s’est fait le guide », c£ Le 22, 47.
17 « lo t» , et non « p a r t» (c£ Ac 8, 21, et Col 1, 12), terme biblique pour
désigner une portion de terre, une charge, une faveur que l ’on reçoit directement
ou indirectement de Yahvé.
18 « a acquis un domaine » n’est pas sans étrangeté. Mt 27, S-8 semble
plus près de l ’exactitude historique. Comparer l ’ensemble du récit avec Mt 27, 3-10.
20 Ps 69, 26, et 109, 8. 11 s’agit des persécuteurs (« leur campement ») ou d’un
persécuteur du psalmiste. La menace vise un ennemi, que le psalmiste voue aax
pires malheurs (psaume imprécatoire).
21 « est allé et venu», lit; « est entré et sorti» (9, 28), hébraïsme (Deut 31, 2;
1 Sam 18, 13, 16; 29, 6), pour désigner l ’ensemble des actions de la vie courante.
29, 6), pour désigner l ’ensemble des actions de la vie courante.
22 Le fait de la résurrection est au centre du témoignage des Apôtres (cf 1 Co ,
13, 3-4), comme il sera au centre de la métaphysique du Christ.

235 ACTES
^ E t ils en présentèrent deux, Joseph appelé
Barsabbas, qui avait été surnommé Justus, et Mat­
thias. Et ils firent cette prière: « Toi, Seigneur,
qui connais tous les cœurs, désigne lequel de ces
deux-là tu as choisi ^ pour prendre dans ce ser­
vice apostolique la place dont Judas s’est retiré,
pour s’en aller à sa place à lui. “ Et on les fit tirer
au sort, et le sort tomba sur Matthias, qui fut
compté parmi les onze Apôtres.

La descente de VEsprit

^Et comme s’écoulait le jour de la Pentecôte, ils


étaient tous réunis ensemble. ^ Et tout à coup vint
du ciel un bruit comme d’un violent coup de vent,
qui remplit toute la maison où ils étaient assis. ^ Et
ils virent apparaître des langues comme de feu,
qui se partageaient, et il s’en posa une sur chacun
d’eux. Et tous furent remplis d’Esprit Saint, et ils se
mirent à parler en d’autres langues, selon ce que
l’Esprit leur donnait de prononcer.
^ Or il y avait, habitant à Jérusalem, des Juifs
pieux [venus] de toutes les nations qui sont sous le

2 i « Ils », c’est-à-diie l ’assemblée.


24 « qui connais tous les coeurs », cC 15, S.
25 C’est-à-dite au lieu qui lui revenait. L’expression est volontairement imprécise:
euphémisme de bon alol, '
1 C’est-à-dire au terme de la période de cinquante jours qui séparait Pentecôte
de Pâque. — « tous », c’est-à-dite le groupe de 1, 13-14.
4 Première manifestation d ’un « charisme », ou don spirituel, qui semble avoir
été fréquent dans la primitive Eglise; Ac 10, 4S-, 19, é: Mc lé, 17 (?), et surtout
1 Co 12-14.
5 Hyperbole familière au style biblique: Ac 19, 10, 2é; Col 1, é, 23. Mais il

ACTES 236
Bréviaire de Paris, 1492.
ciel. ®Au bruit qui se fit, la multitude s’assembla, et
elle fut confondue de ce que chacun les entendait
parler dans sa propre langue.
^ Ils étaient stupéfaits, et dans leur étonnement
ils disaient: « Tous ces gens qui parlent ne sont-
ils pas des Galiléens? ®Comment donc les enten­
dons-nous chacun dans notre langue maternelle?
®Parthes, et Mèdes, et Elamites, et habitants
de la Mésopotamie, de Judée et de Cappadoce,
du Pont et de l’Asie, “ de Phrygie et de. Pamphy-
lie, d’Egypte et de la région de la Libye voisine de
Cyrène, et Romains résidant ici, “ Juifs et prosé­
lytes, Crétois et Arabes, nous les entendons parler
dans nos langues des grandeurs de Dieu! »
^^Tous étaient stupéfaits, et perplexes ils se
disaient l’un à l’autre: « Qu’est-ce que cela veut
dire? » “ Mais d’autres raillaient et disaient: « Ils
sont pleins de vin doux. »

convient de rappeler que, selon une tradition rabbinique, quand Yahvé donna la
Loi, sa voix fut entendue de toutes les nations qui sont sous le ciel.
6 Autre élément du miracle. Tandis que, dans les autres cas, «personne ne
comprend» (1 Co 14, 2 ) celui qui «parle en langues», ici, chacun des auditeurs
entend les Apôtres parler dans sa propre langue.
9 «Judée», texte difficile et peut-être corrompu (incorrection grammaticale).
On a proposé d’entendre ce terme de toute la terre occupée par les Juifs de la
frontière de l ’Egypte à l ’Euphrate, ce qui expliquerait l ’omission de la Syrie.
11 Les prosélytes (6, J; 13, 43; Mt 23, 15) étaient des païens agrégés au
judaïsme par la circoncision. — « Arabes », il s’agit probablement des Arabes
Nabatéens, dont la capitale était Fétra.
13 Ce « vin doux » ne pouvait être que celui de la précédente récolte, qu’une
recette permettait de conserver longtemps.

ACTES 238
Premier discours de Pierre et premières conversions

Pierre, debout avec les Onze, éleva la voix et


leur adressa ces paroles: « Juifs, et vous tous habi­
tants de Jérusalem, sachez bien ceci et prêtez
l’oreille à mes paroles. ^^Non, ces gens ne sont
pas ivres, comme vous le supposez, car c’est la
troisième heure du jour. “ Mais c’est ce qui a été
dit par le prophète Joël:
E t il adviendra, dans les derniers jours, dit
Dieu,
que je répandrai de mon Esprit sur tpute chair:
et vos fils et vos filles prophétiseront,
et vos jeunes gens verront des visions
et vos vieillards songeront des songes;
“ et même sur mes serviteurs et sur mes ser­
vantes, en ces jours-là, je répandrai de mon
Esprit, et ils prophétiseront.
Et j’opérerai des prodiges dans le ciel en haut
et des signes sur la terre en bas:
du sang, du feu, des colonnes de fumée.
Ee soleil se changera en ténèbres
et la lune en sang,
avant que vienne le Jour du Seigneur,
le grand et glorieux [ Jour];

14 « debout », la forme grammaticale em p ilée par Le évoque une idée d’assu­


rance, de hardiesse, de sûreté de soi, c£ 5, 20} 27, 21} Le 18,1 1 et la note.
15 Soit pour motif religieux, soit par habitude, les Juifs ne buvaient pas le matin.
La « troisième heure » équivaut à neuf heures.
17-21 Cf Jo 3,1-5.
20 « le Jour du Seigneur », le jour du Jugement. Dans la perspective du prophète,
effusion de l’Esprit et Jugement sont intimement liés et se présentent sur le même
plan.

239 ACTES
et il adviendra. que quiconque invoquera le
[nom du Seigneur sera sauvé.
^ « Israélites, écoutez ces paroles; Jésus le Nazô-
réen, cet homme que Dieu a accrédité auprès de
vous par des miracles, prodiges et signes que Dieu
a faits par lui au milieu de vous — comme vous-
mêmes le savez — ^ ce t homme, livré selon le
dessein établi et selon la prescience de Dieu, et
que vous avez tué en le fixant [à la croix] par la
main des sans-loi, ^ Dieu l’a ressuscité, le délivrant
des douleurs de la mort, parce qu’il n’était pas
possible qu’il fût retenu en son pouvoir. ^ David,
en effet, dit à son sujet:
]e voyais constamment le Seigneur devant moi;
car il est à ma droite, pour que je ne sois pas
[ ébranlé.
Voilà pourquoi mon cœur est dans l’allégresse
[ et ma langue exulte,
et même ma chair s’abritera dans l’espérance.
^ Car tu n’abandonneras pas mon âme à l’Hadès
et tu ne laisseras pas ton Saint voir la corruption.
Tu m’as fait connaître des chemins de vie,
tu me rempliras de gaieté par [la vue de] ta Face.
« Frères, qu’Ü soit permis de vous dire avec
assurance du patriarche David qu’il est mort et a

22 « Nazôréen », quels que soient l ’origine et le sens primitif de ce terme, il fut


mis de très bonne heure en relation avec Nazareth (Mt 2, 2S) et appliqué à
Jésus, ainsi qu’à ses disciples (Ac 24, J).
24 « douleurs de la mort », c£ Ps 17, J LXX.
25-28 Ps^ 16, S’i l . Le psalmiste exprime sa confiance inaltérable en Yahvé, qui
ne souffrira pas qu’il soit jamais séparé de Lui. L’auteur cite d’après les L ! ^
(« corruption », au lieu de l ’hébreu: « fosse »).
27 « l ’Hadès ». Ce mot traduit l ’hébreu Chéol, qui était le séjour souterrain des
morts, réduits à l ’état d’Ombres.

ACTES 240
été enseveli, et que sa tombe est parmi nous jus­
qu’à ce jour. ^ Etant donc prophète et sachant que
Dieu lui avait juré par serment de faire asseoir sur
son trône un fruit de son rein, ^^il a prévu et
annoncé la résurrection du Christ, en disant qu’iZ
n’a pas été abandonné à l’Hadès et que sa chair
n’a pas vu la corruption.
« C’est ce Jésus que Dieu a ressuscité, de quoi
tous nous sommes témoins. ®Ainsi donc, exalté
par la droite de Dieu et ayant reçu du Père l’Esprit,
r[E sprit] Saint promis, il a répandu ce que vous
voyez et entendez, ^ Car David n’est pas monté
aux deux; il dit lui-même:
Le Seigneur a dit à mon Seigneur:
Assieds-toi à ma droite,
jusqu’à ce que j’aie mis tes ennemis
comme marchepied de tes pieds.
« Que toute la maison d’Israël le sache donc
avec sûreté: Dieu l’a fait Seigneur et Christ, ce
Jésus que vous, vous avez crucifié. »
” En entendant cela, ils furent piqués au cœur,
et ils dirent à Pierre et aux autres Apôtres: « Frères,
que nous faut-il faire? » Et Pierre de leur [dire] :
« Repentez-vous, et que chacun de vous soit bap­
tisé au nom de Jésus Christ pour la rémission de
ses péchés, et vous recevrez le don du Saint Esprit.
Car elle est pour vous la Promesse, ainsi que

30 2 Sam 7, 32; Ps 89, 3; 132, 13. — « tin fruit de son rein » (bébtàïsme,
cf H e 7, 3, 30), c’est-à^dite un fils de son sang.
34 Ps 110, 3. Un des textes de l ’A.T. cités ou utilisés le plus souvent dans les
écrits du Nouveau; M t 22, 44, et par, 1 Co 15, 25: Eph 1, 20; H e 1, 3, etc.
39 « la Promesse», celle de l ’E c r it (v 33), qui était l ’ultime épanouissement de

241 ACTES
pour vos enfants et pour tous ceux qui sont au loin,
tous ceux qu’appellera le Seigneur notre Dieu. »
''“ E t par beaucoup d’autres paroles il les adjurait
et exhortait, en disant: « Sauvez-vous du milieu de
cette génération tortueuse. » Ceux-là donc qui
accueillirent sa parole furent baptisés, et ce jour-là
furent ajoutées environ trois mille âmes.

Premier tableau idyllique de VEglise primitive

Ils se montraient assidus à l’enseignement des


Apôtres, à la communion fraternelle, à la fraction
du pain et aux prières. Toute âme était dans la
crainte, car beaucoup de prodiges et de signes se
faisaient par les Apôtres. ‘‘''Tous ceux qui avaient
cru étaient ensemble et avaient tout en commun;
‘‘^ils vendaient leurs propriétés et leurs biens, et
ils en partageaient [le prix] entre tous selon les
besoins de chacun. ''“ Chaque jour, d’un commun
accord, ils fréquentaient assidûment le Temple et,
rompant le pain à la maison, ils prenaient leur nour­
riture avec allégresse et simplicité de cœur; ^^üs
louaient Dieu et trouvaient faveur auprès de tout le
peuple. E t le Seigneur ajoutait chaque jour à leur
groupe ceux qui étaient sauvés.
la t>tomesse fd te à Abraham (Ga 3, 1 4 )» — <cau loin», cf Is 57, 1 9 . — «en
aussi grand nombre... » Jo 3, 5.
41 Luc se plaît à noter raccroissement de l ’Eglise e t parfois à le prédser: v 47x
4, 4; 5, 14; 6, 1 , 7; 9, 31} 11, 2 1 , 2 4 ; 16, 5. De même pour la « Parole »: 6, 7;
n .2 4 - ,ü ,4 9 i- i9 ,A
42 « la uaction du pain », l ’ejiptession désigne le rite euriianstigue; v 46; 20, 7,
11; L z 24, 3 0 ,3 9 .
42-47 Autres sommaires: 4, 32-33; 5, 12-16.
45 A tempérer par 5 , 4 .
47 « trouvaient faveur auprès de tout le peuple », la jeune Eglise n’a pas encore
rompu avec le Judaïsme.

ACTES 242
Bible française.
Lyon, 1557.

Le boiteux de la Belle Forte

^ Pierre et Jean montaient au Temple à l’heure


de la prière, la neuvième. ^ E t il y avait un homme
boiteux dès le ventre de sa mère, qu’on portait et
qu’on plaçait chaque jour près de la porte du
Temple appelée la Belle, pour demander l’aumône
à ceux qui entraient dans le Temple. ^ Voyant Pierre
et Jean sur le point de pénétrer dans le Temple, il
leur demanda l’aumône. Pierre, fixant les yeux

1 Trois heures de l ’après-midi.


2 Probablement la porte qui conduisait du parvis extérieur au parvis des
femmes.

243 ACTES
vers lui, ainsi que Jean, dit: « Regarde-nous. »
^ Celui-ci les regardait attentivement, s’attendant à
recevoir d’eux quelque chose. ^Mais Pierre dit:
« De l’argent et de l’or, je n ’en possède pas, mais
ce que j’ai, je te le donne: au nom de Jésus Christ
le Nazôréen, lève-toi et marche. » ^ Et, le prenant
par la main droite, il le fit lever. A l’instant même,
ses pieds et ses chevilles s’affermirent; ®et d’un
saut ü fut debout, et il marchait. Puis il entra avec
eux dans le Temple, marchant, sautant et louant
Dieu. ^ Et tout le peuple le vit marcher et louer Dieu.
On le recotmaissait: c’était bien Ixoi qui, pour de­
mander l’aumône, était assis près de la Belle Porte
du Temple. E t l’on fut rempli de frayeur et de stu­
peur au sujet de ce qui lui était arrivé. “ Comme il
ne lâchait pa? Pierre et Jean, tout le peuple, saisi
de frayeur, accourut vers eux au portique dit de
Salomon.

Deuxième discours de Pierre

Voyant cela, Pierre s’adressa au peuple:


« Israélites, pourquoi vous étonnez-vous de cela?
Ou pourquoi tenez-vous les yeux fixés sur nous,
comme si c’était par notre propre puissance ou
piété que nous lui avons donné de marcher?
C’est le Dieu d’Abraham, et d’Isaac et de Jacob,
le Dieu de nos pères, qui a glorifié son serviteur

6 Sur Nazôiéen, voir 2, 22 et la note.


11 Situé à l ’est de l ’e^lanade du Temple.
13 Ex 3, 6, V , — « son serviteur », inspiré dTs 52, 13, — Luc insiste, dans i

ACTES 244
Jésus, que vous, vous avez livré et renié devant
Pilate, dors que celui-ci jugeait devoir le relâcher.
*'*Mais vous, vous avez renié le Saint et le Juste, et
vous avez rédamé pour vous la grâce d’un meur­
trier, tandis que vous avez tué lè Chef de la vie,
que Dieu a relevé d’entre les morts, de quoi nous
sommes témoins. “ E t c’est par la foi en son Nom,
que son Nom a affermi celui que vous voyez et
connaissez, et c’est la foi qui vient par lui qui a
donné à cet homme ce parfait état devant vous
tous.
” « E t maintenant, frères, je sais que c’est par
ignorance que vous avez agi, tout comme vos
chefs. Ce que Dieu avait annoncé d’avance par
la bouche de tous les prophètes, à savoir que son
Christ souffrirait, il l’a ainsi accompli. Repentez-
vous donc et convertissez-vous, pour que soient
effacés vos péchés, afin que viennent d’auprès
du Seigneur des moments de rafraîchissement, et
qu’il envoie celui qui vous a été destiné d’avance
comme Christ: Jésus, que le ciel doit rece­
voir jusqu’aux temps du rétablissement de toutes
choses, dont Dieu a parlé par la bouche de ses
saints prophètes des temps anciens. Moïse en

évangile (23, 4, 14-16, 20, 2 2), suc le désir que Pilate, persuadé de l'innocence
de Jésus, avait de le telâchér.'
15 « le Chef », ou « l ’Initiateur », ou « le Prince ». Le terme reparaît Ac 5, J l;
He 2, 10; 12, 2.
17 Pierre se fait insinuant. Bientôt Etienne tiendra un tout autre langage
(Ac 7, 51-53).
18 CC Le 24, 46.
20 C’est-à-dtre les temps messianiques. — Dieu « enverra » Jésus, Christ, établir
son règne glorieux.
21 Mt 19, 28 emploie le terme de « Régénération ». On trouve aussi « rétablir
tout », Mt 17, 11; Mc 9, 12 par; « rétablir la royauté », Ac 1, 6.

245 ACTES
effet a dit: Le Seigneur Dieu vous suscitera d’entre
vos frères un prophète comme moi; vous l’écou­
terez en tout ce qu’il vous dira; et il adviendra
que quiconque n’écoutera pas ce prophète sera
exterminé du milieu du peuple. ^'^Et tous les pro­
phètes qui ont parlé depuis Samuel et ceux qui ont
suivi ont aussi annoncé ces jours-là. ^^Vous êtes,
vous, les fils des prophètes et de l’alliance que
Dieu a établie pour vos pères, en disant à Abraham:
Et en ta descendance seront bénies toutes les fa­
milles de la terre. C’est pour vous d’abord que
Dieu a suscité son serviteur et l’a envoyé vous
bénir, en détournant chacun de vous de ses perver­
sités. »

Arrestation de Lierre et de Jean et leur comparu­


tion devant le Sanhédrin

^Tandis qu’ils parlaient au peuple, survinrent


près d’eux les prêtres, le commandant du Temple
et les Sadducéens, ^excédés de ce qu’ils endoctri­
naient le peuple et annonçaient en Jésus la résur­
rection d’entre les morts. ^ E t ils portèrent les mains
sur eux et les retinrent en prison jusqu’au lende-

22 Deut 1 8 , 15, 18, 19.


25 « les fils », c’est-à-dire les héritiers. — Gn 22, 18.
25 « suscité », ou « ressuscité ». — « en détournant chacun de vous de ses perver­
sités », ou « si chacun de vous se détourne de ses perversités. »
1 Le « commandant du Temple » était le chef des prêtres et des lévites chargés
d’assurer la garde du Temple; il reparaît 5, 24, 26. — Les Sadducéens apparte­
naient pour la plupart a l ’aristocratie sacerdotale. Ils n ’admettaient pas la
résurrection, c£ Ac 23, 8; Le 20, 27, et par.

ACTES 246
main, car c’était déjà le soir. '‘Beaucoup de ceux
qui avaient entendu le discours embrassèrent la foi,
et le nombre des hommes s’éleva à environ cinq
milliers.
^ Or donc, le lendemain, les chefs des [Juifs], les
anciens et les scribes s’assemblèrent à Jérusalem,
®ainsi que Anne le grand prêtre, et Caïphe, et
Jean, et Alexandre, et tous ceux qui étaient de fa­
mille pontificale. ’ Et, les plaçant au milieu, ils leur
demandèrent: « Par quelle puissance ou par quel
Nom avez-vous fait cela, vous? » ®Alors Pierre,
rempli d’Esprit Saint, leur dit: « Chefs du peuple et
anciens, ®puisqu’on nous interroge aujourd’hui sur
un bienfait accordé à un homme infirme et par le­
quel il a été sauvé, “ sachez-le, vous tous, ainsi
que tout le peuple d’Israël: c’est par le Nom de
Jésus Christ le Nazôréen que vous avez crucifié,
vous, et que Dieu a relevé d’entre les morts; c’est
par lui que cet homme se présente devant vous en
pleine santé. C’est lui la pierre méprisée par
vous, les bâtisseurs, qui est devenue tête d’angle.
Et le salut n ’est en aucun autre; car il n’est pas
sous le ciel d ’autre Nom donné chez les hommes
par lequel nous devions être sauvés. »

4 Voir 2, 41, e t la note.


6 En réalité, Anne n’était plus grand prêtre depuis longtm ps, mais il en conser­
vait le titre, l e grand prêtre en exercice était â ïp h e , mais il était comme écrasé
par la personnalité de son beau-père, qui pratiquement détenait l ’autorité (cf
Le 3, 2; Jn 18, 12). — Les «familles pontificales», celles où se recrutaient les
grands prêttes.
9 « par lequel », ou: « par qui ».
11 « tête d’angle», c’est-à-dire pierre de faite. I l ne s’agit pas de la pierre angu­
laire sur laquelle repose l ’édifice, mais d’une pierre qui, rejetée par les bâtisseurs,
est posée à la place d’honneur, an sommet de l ’édifice, qu’elle couronne.
12 « d’autre Nom », c’est-à-dire: d’autre personne.

247 ACTES
Remarquant l’assurance de Pierre et de Jean,
et comprenant que c’étaient des illettrés et des
simples, ils étaient dans l’étonnement. Ils les recon­
naissaient pour avoir été avec Jésus; mais
comme ils voyaient avec eux, debout, l’homme qui
avait été guéri, ils n ’avaient rien à répliquer.
Leur ayant ordonné de s’en aller hors du Sanhé­
drin, ils discutaient entre eux; « Qu’aUons-nous
faire à ces hommes-là? disaient-ils. Qu’un signe no­
toire soit arrivé par eux, c’est en effet chose mani­
feste pour tous les habitants de Jérusalem, et nous
ne pouvons le nier. Mais, pour que la chose ne se
propage pas davantage dans le peuple, défendons-
leur avec menaces de parler désormais à qui que
ce soit en ce nom-là. »
Et, les ayant appelés, ils leur interdirent for­
mellement d’ouvrir la bouche et d’enseigner au
nom de Jésus.
‘^Mais Pierre et Jean, prenant la parole, leur
dirent: « S’il est juste devant Dieu de vous écouter
plutôt que Dieu, à vous d’en juger; ^ car nous ne
pouvons pas, nous, taire ce que nous avons vu
et entendu. » Après leur avoir fait de nou­
velles menaces, ils les relâchèrent, ne trouvant pas
comment les punir, à cause du peuple, parce que
tous glorifiaient Dieu de ce qui était arrivé; ^ car
l’homme à qui était arrivé ce miracle de guérison
avait plus de quarante ans.

ACTES 248
Prière des fidèles après la délivrance des Apôtres

^ Une fois relâchés, ils vinrent auprès des leurs


et annoncèrent tout ce que les grands prêtres et
les anciens leur avaient dit. ^E ux, ayant entendu,
d’un commun accord élevèrent la voix vers Dieu et
dirent: « Maître, c’est toi qui as fait le ciel, et la
terre, et la mer et tout ce qui s’y trouve-, “ c’est toi
qui as dit par l’Esprit Saint, de la bouche de notre
père David, ton serviteur:
Pourquoi les nations ont-elles frémi,
et les peuples ont-ils médité de vains projets?
Les rois de la terre se sont présentés
et les chefs se sont ligués ensemble
contre le Seigneur et contre son Oint.
« Car, en toute vérité, c’est une ligue que,
dans cette ville, Hérode et Ponce Pilate, avec les
nations et les peuples d’Israël, ont formée contre
ton saint serviteur Jésus que tu avais oint, pour
faire tout ce que ta main et ton conseü avaient
déterminé d’avance. Et maintenant. Seigneur,
considère leurs menaces, et donne à tes esclaves
d’annoncer ta Parole avec une entière assurance,
alors que tu étendras la main pour qu’il se fasse
des guérisons, des signes et des prodiges, par le

23 « les grands prêtres », c’est-à-dire le grand prêtre, les anciens grands prêtres et
les membres des familles pontificales (cf v d).
24 P sl4 6 , ff.
25 La construction est enchevêtrée, soit que la phrase ait subi une retouche
maladroite, soit qu’elle représente la traduction fautive d’un original araméen. —
Ps 2,1-2.
27 « les peuples d’Israël », le pluriel, au lieu du singulier (« le peuple »}, par
référence à la citation (v 25).

249 ACTES
4 Nom de ton saint serviteur Jésus. » E t quand ils
eurent prié, le lieu où ils se trouvaient assemblés
fut ébranlé; et ils furent tous remplis du Saint Esprit,
et ils annonçaient la parole de Dieu avec assurance.

Deuxième tableau idyllique de l’Eglise primitive:


la mise en commun des biens

^^La multitude de ceux qui avaient cru n’avait


qu’un cœur et qu’une âme, et nul ne disait sien l’un
quelconque de ses biens, mais tout leur était com-
mim. ^^Et avec une grande puissance les Apô­
tres rendaient leur témoignage à la résurrection du
Seigneur Jésus, et une grande faveur était sur eux
tous. ^ Car il n ’y avait aucun indigent parmi eux;
tous ceux, en effet, qui se trouvaient possesseurs de
domaines ou de maisons les vendaient, appor­
taient le prix de la vente et le déposaient aux
pieds des Apôtres. On le distribuait alors à chacun
selon ses besoins.
Joseph, surnommé par les Apôtres Barnabé —
ce qui veut dire füs de consolation — lévite origi­
naire de Chypre, possédait un champ; il le
vendit, apporta l’argent et le déposa aux pieds
des Apôtres.

31 On dirait d ’une petite Pentecôte (2, 4 ), au bénéfice de toute la communauté.


33 Texte obscur et ambigu. — « leur témoignage », lit; « le témoignage. » — Par
« faveur », on peut entendre celle de Dieu ou celle du peuple.
34 Voir 2, 4.? et 5, 4.
36 « fils de consolation», c’est-à-dire sachant bien consoler (hébraïsme). On
peut aussi traduire: « fils d’exhortation ». sachant bien exhorter. Ce lévite était
appelé à jouer un grand rôle dans le développement de la jeune Eglise: 9, 27;
11, 22-2é; 12, 2$ et 13-15. Voir encore 1 Co 9, 6; Ga 2, 1-13; Col 4, 10.

ACTES 250
Bible italienne. Venise, 1525.

Ananie et Saphire

^ Un homme du nom d’Ananie, d’accord avec


Saphire sa femme, vendit une propriété, ^ détourna
une partie du prix, de connivence avec sa femme,
et apporta le reste qu’il déposa aux pieds des
Apôtres. ^ Mais Pierre dit: « Ananie, pourquoi le
Satan a-t-il rempli ton cœur, pour que tu mentes à
l’Esprit, l’[Esprit] Saint, et que tu détournes une
partie du prix du domaine? Quand il restait [in-
251 ACTES
vendu], ne te restait-il pas, et une fois vendu,
n’était-ü pas à ta disposition? Comment as-tu pu
mettre dans ton cœur cette action? Ce n’est pas à
des hommes que tu as menti, mais à Dieu. » ®En
entendant ces paroles, Ananie, tombant, expira.
Et une grande crainte s’empara de tous ceux qui
l’apprirent. ®Mais les jeunes gens se levèrent, l’en­
veloppèrent et, l’ayant emporté, l’ensevelirent.
^ Il y eut un intervalle d’environ trois heures, et
sa femme, qui ne savait pas ce qui était arrivé,
entra. ®Pierre lui adressa la parole: « Dis-moi, est-
ce bien tant que vous avez vendu le domaine? » —
«O ui, dit-eUe, c’est tan t.» ®Pierre lui [d it]:
« Comment êtes-vous tombés d’accord pour mettre
à l’épreuve l’Esprit du Seigneur? Voici que les
pieds de ceux qui ont enseveH ton mari sont à la
porte; ils vont t ’emporter. » “ Elle tomba à l’instant
même à ses pieds et expira. En entrant, les jeunes
gens la trouvèrent morte et, l’ayant emportée, l’en­
sevelirent auprès de son mari. ^^Et une grande
crainte s’empara de toute l’Eglise et de tous ceux
qui apprirent cela.

4 La vente des biens (2, 4i', 4, 34) était donc laissée à l ’initiative d’un chacun.
6 « les jeunes p n s », non des ptofessionnels, mais les plus jeunes, donc les
plus vigouiemc et les plus décidés.
9 Pour voir si l ’Esprit Saint ferait découvrir leur fraude aux Apôtres. L’expres­
sion « tenter Dieu » ou « le mettre à l ’épreuve » fait partie du vocabulaire religieux
d’Israël: Ex 17, 2; Deut 6, 16 (cité par M t 4, 7, e t par)-, Jdt 8, 12-13-, Ps 95, 9
(cité par H e 5, 9). Elle est passée dans le N.T.: Ac 15, 10; 1 Co 10, 9. On
« tente Dieu », en particulier, quand on lui demande de confirmer par des mira­
cles ime puissance qu’il a surabondamment démontrée.
10 De ce double châtiment exemplaire, rapprocher 1 Co 11, 30, où Paul attribue
à des manques d ’égard envers « le Corps» beaucoup de maladies, d’infirmités
et même de décès survenus à Corinthe.

AC'TES 252
Miracles opérés par Pierre et les Apôtres

^ Par les mains des Apôtres, il se faisait de nom­


breux signes et prodiges dans le peuple. Ils se
tenaient tous d ’im commun accord sous le portique
de Salomon; aucun des autres n’osait se joindre
à eux, mais le peuple les magnifiait. De plus en
plus étaient ajoutés des croyants au Seigneur, des
multitudes d’hommes et de femmes. ^^En sorte
qu’on conduisait les malades sur les places et
qu’on les mettait sur des lits et des grabats, pour
qu’au passage de Pierre son ombre au moins cou­
vrît quelqu’xm d’entre eux. ^^La multitude accou­
rait aussi des villes voisines de Jérusalem, condui­
sant des malades et des gens tourmentés par des
esprits impurs; et tous étaient guéris.

Deuxième arrestation des Apôtres. Leur délivrance


miraculeuse et leur comparution devant le Sanhé­
drin. Intervention de Gamaliel. Les Apôtres battus
et relâchés

” Alors intervint le grand prêtre, ainsi que tous


ceux qui étaient avec lui, c’est-à-dire la secte des
Sadducéens. Remplis de jalousie, ils portèrent
les mains sur les Apôtres et les mirent dans la pri-

12 C i 2, 43.
15 A son habitude, le texte Occ. ajoute ime précision, qu’on peut trouver inutile:
« car ils étaient débarrassés de toute maladie que chacun d'eux avait ».
17 « intervint », lit: « se leva ».

253 ACTES
son publique. ^®Mais, pendant la nuit, l’Ange du
Seigneur ouvrit les portes de la prison, les fit sortir
et dit: ^ « Allez et, debout, annoncez au peuple,
dans le Temple, ces paroles de vie. » Ce qu’ayant
entendu, ils entrèrent au Temple, dès l’aurore, et
se mirent à enseigner.
Survenant, le grand prêtre et ceux qui étaient
avec lui convoquèrent le Sanhédrin et tout le Con­
seil des anciens des füs d’Israël, et ils envoyèrent
à la geôle pour amener les [Apôtres]. ^^Mais en y
arrivant, les gardes ne les trouvèrent pas dans la
prison. Ils revinrent l’annoncer: « Nous avons,
dirent-ils, trouvé la geôle fermée en toute sûreté et
les sentinelles debout aux portes; mais ayant
ouvert, nous n ’avons trouvé personne dedans. »
Quand ils eurent entendu ces paroles, le com­
mandant du Temple et les grands prêtres, per­
plexes au sujet des [Apôtres], se demandaient ce
que cela pouvait bien signifier. “ Survint quel­
qu’un, qui leur annonça: « Les hommes que vous
avez mis en prison, les voüà qui se tiennent dans le
Temple et endoctrinent le peuple. » ^ Alors le
commandant du Temple partit avec les gardes et
les amena, mais sans violence, car ils avaient peur
d’être lapidés par le peuple,
^^Les ayant amenés, ils les placèrent dans le
Sanhédrin. Le grand prêtre les interrogea en
19 « l ’Ange du Seigneur », e^tession stylisée, empruntée à l ’A.T., pour désigner
tout ange de Dieu charge d’ime mission particulière: 8, 2d; 12, 7, 21; Le 1,
11-19; 2,9-10; M t 1,20, 24-, 2,1 1 , 19. , ^ ..
21 On peut aussi traduire « c’est-à-dire tout le Conseil », Sanhednn et Conseil
désignant de toute évidence le même Conseil supérieur.
26 Sur ce personnage, voir Ac 4 ,1 , et la note.

ACTES 254
disant: ^ « Nous vous avions expressément inter­
dit d’enseigner en ce Nom-là, et voilà que vous
avez rempli Jérusalem de votre enseignement, et
que vous voulez faire retomber sur nous le sang de
cet homme! » ® Mais répondant, Pierre et les Apô­
tres dirent: « Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hom­
mes. ^“Le Dieu de nos pères a relevé Jésus, que
vous aviez fait mourir, vous, en le suspendant au
gibet. C’est lui que, par sa droite. Dieu a élevé
au rang de Chef et Sauveur, pour donner à Israël
le repentir et la rémission des péchés. ^^Et nous
sommes témoins de ces choses, nous et l’Esprit,
r [Esprit] Saint, que Dieu a donné à ceux qui lui
obéissent. »
En entendant, ils frémissaient de rage et
voulaient les tuer. Alors se leva dans le Sanhé­
drin un Pharisien du nom de Gataaliel, doc­
teur de la Loi honoré de tout le peuple, et il or­
donna de faire sortir ces hommes un instant. Puis
il dit aux [sanhédrites]: « Israélites, prenez garde à
ce que vous allez faire à l’égard de ces hommes.
Ces temps derniers, se leva Theudas qui se
disait quelqu’im et auquel se rallièrent environ
quatre cents hommes; il fut tué, et tous ceux qu’il
28 Voir 4. 18.
30 I3eat 21, 22, cité pat Ga 3 , 13.
32 La foi est âé^uemment présentée conune un acte d’obéissance (Ko 13, 18),
soit à la foi (6, 7: Ro 1, 3j 16, 2 6), soit à l ’enseignement (Ro 6, 17), soit a
l ’Evangile (Ro 10, 16-, 2 Th 1, 8 ), soit au Christ (2 Co 10, 5-, 1 Pe 1, 2; H e 5, 9 ).
34 II s’^ t de Gamialiel I , ou l ’Ancien, illustre docteur juif, de tendances libé­
rales, mais Pharisien sincère. Son intervention, aussi sensée que courageuse, n ’a
nui en rien à son prestige auprès de ses compatriotes. Il fut le maître de Paul
(Ac 22, 3).
36 Josèphe a connu cette révolte de Theudas, mais il l’a située sous le gouver­
nement de Fadus (44-46). C’est peut-être une erreur de sa part, ou un accident
de transmission.

255 ACTES
5 avait gagnés se débandèrent et furent réduits à
rien. Après lui, à l’époque du recensement, se
leva Judas, le Galiléen, qui entraîna du monde à
sa suite; celui-là aussi périt, et tous ceux qu’il avait
gagnés furent dispersés. Et maintenant, je vous
le dis: écartez-vous de ces hommes, laissez-les. Car
si cette entreprise ou cette œuvre vient des hom­
mes, elle sera détruite; mais si elle vient de Dieu,
vous ne pourrez les détruire. Ne risquez pas de
vous trouver en guerre avec Dieu. » Ils se rangè­
rent à son avis ‘‘“et, après avoir rappelé les Apô­
tres et les avoir fait battre, ils leur interdirent de
parler au nom de Jésus et les relâchèrent. Eux
donc se retirèrent de devant le Sanhédrin, joyeux
d’avoir été jugés dignes d’être traités avec mépris
pour le Nom. E t chaque jour, au Temple et à la
maison, ils ne cessaient d’enseigner et d’annoncer
la bonne nouvelle du Christ Jésus.

Institution des « diacres »

6 ‘ En ces jours-là, le nombre des disciples se mul­


tipliant, les Hellénistes murmurèrent contre les Hé-

37 Ce « recensement » eut lieu en l ’an 6-7 ap. J.-C., Sulpicius Quirinius étant
gouverneur de la Syrie.
38 Après « laissez-les », le texte occidental ajoute: « ne vous souillez pas les
mains », leçon peut-être originale.
39 « d e vous trouver en guerre avec P ie u » , cf 2 Mac 7, 19: « n e pense pas que
tu resteras impimi, après avoir entrepris de faire la guerre à Dieu. »
41 «pour le Nom » (cf 3 Jn 7), c’est-à-dire le nom de Jésus: 21, 13; 1 Pe 4,
14, etc.
1 « En ces jours-là », expression vague empruntée à l ’A.T.: 1, 13; 11, 27; M t 3,
1; M c 8, 1; Le 6, 12. — «Hellénistes», Juifs nés à l ’étranger ou y ayant vécu, et
parlant grec. — «H ébreux», Juifs nés en Palestine et parlant la langue du pays,
laquelle depuis longtemps n ’était pas l ’hébreu, mais l’araméen.

ACTES 256
37 — Institution des «diacres» (6, 1-7). Saint Pierre impose les
mains à Etienne.
Tapisserie du XV" siècle. Musée de Cluny.
38 — Lapidation de saint Etienne (7, 54-60).
Vie des saints. Manuscrit du X I I P siècle. Bibliothèque Sainte
Geneviève, n° 588.
breux, parce que dans le service quotidien leurs
veuves étaient négligées. ^Les Douze convoquè­
rent l’assemblée des disciples et dirent: « Il ne
nous plaît pas de délaisser la parole de Dieu pour
servir aux tables. ^ Recherchez donc parmi vous,
frères, sept hommes de qui l’on' rende un bon
témoignage, remplis d’Esprit et de sagesse, que
nous préposerons à cet office; '^pour nous, nous
serons assidus à la prière et au service de la Pa­
role. » ^ Ce langage plut à toute l’assemblée, et on
choisit Etienne, homme rempli de foi et d’Esprit
Saint, Philippe, Prochore, Nicanor, Timon, Parménas
et Nicolas, un prosélyte d’Antioche. ^ On les pré­
senta aux Apôtres qui, après avoir prié, posèrent
les mains sur eux.
’ Et la parole de Dieu croissait, et le nombre des
disciples se multipliait considérablement à Jérusa­
lem, et une nombreuse foule de prêtres obéissaient
à la foi.

Etienne devant le Sanhédrin

®Etienne, rempli de grâce et de puissance, fai­


sait des prodiges et de grands signes dans le peu­
ple. ®Quelques-uns de la synagogue dite des
Affranchis, des Cyrénéens, des Alexandrins et des
3 Luc note avec plaisir la bonne réputation de ses personnages, cf 10, 22; 16, 2;
22, 12. De même Paul exigera de l ’« épiscope » que « ceux du dehors lui rendent
un bon témoignage » (1 Tm 3, 7).
5 « prosélyte », cf 2, 21, et la note.
6 Ainsi les fidèles choisissent les Sept, mais ce sont les Apôtres qui, par un rite
emprunté au judaïsme, leur confèrent les pouvoirs.
7 Refrain optimiste, dans le goût de Luc, cf encore 2, 47\ 5, 14; 9, 31; 12, 24;
16, 3; 19, 20.

257 ACTES
Etienne devant le Sanhédrin.
Bible latine. Lyon, 1569.

6 gens de Cilicie et d’Asie se levèrent pour discuter


avec Etienne; ^“mais ils n ’étaient pas de force à
résister à la sagesse et à l’Esprit par lequel il par­
lait. “ Alors ils subornèrent des gens, qui dirent:
« Nous l’avons entendu prononcer des paroles blas­
phématoires contre Moïse et contre Dieu. » Ils
excitèrent le peuple, les anciens et les scribes et,
survenant, ils s’emparèrent de lui et l’amenèrent
au Sanhédrin. Ils produisirent de faux témoins,
qui dirent: « Cet homme ne cesse de prononcer
des paroles contre le Lieu saint et la Loi; ^'‘ nous
9 Le texte est embatrassé, U semble que chacun des groupes mentionnés ait
sa synagogue particulière.

A CTES 258
l’avons entendu dire, en effet, que Jésus, ce Nazô-
réen, détruirait ce Lieu et changerait les coutumes
que Moïse nous a transmises. » Et tous ceux qui
siégeaient dans le Sanhédrin, fixant les yeux vers
[Etienne], virent son visage comme un visage
d’ange.
^ Le grand prêtre dit: « En est-il bien ainsi? »
^ Il déclara:

Discours à’Etienne

« Frères et pères, écoutez! Le Dieu de gloire


apparut à notre père Abraham alors qu’il était en
Mésopotamie, avant d’habiter à Harran, ^ et il lui
dit: Sors de ton pays et de ta parenté, et va au
pays que je te montrerai. — '‘Alors, sortant du
pays des Chaldéens, il vint habiter à Harran. E t de
là, après la mort de son père, [Dieu] le fit passer
dans ce [pays] où maintenant vous habitez. ^E t il
ne lui donna aucune propriété dans ce pays, pas
même de quoi poser le pied, mais il promit de le
lui donner en possession, ainsi qu’à sa descendan­
ce après lui, bien qu’ü n ’eût pas d’enfant. ®Dieu lui

14 « détruirait ce Lieu », c’est-à-dire le Temple. Cf Mc 14, SS et Jn 2 , 19. 6


2 Le discours d ’Etienne s’in v ite de traditions qu’il est parfois malaisé de
concilier avec les données bibliques, mais qu’on trouve attestées par Philon et
7
Josèphe. Sa composition est lâche, à la manière rabbini^e. Le ton est dur. A la
différence de Kerre, qui se montre doux et conciliant, Etienne est agressif
( w S1-S3) et il rompt avec le judaïsme et le Temple ( w 48-SO). — «D ieu de
gloire »; Ps 29, 3.
3 Dans le récit de la Genèse (11, 31-12, 3), ces paroles (Gn 12, 1) furent dites
à Abraham alors qu’il était à Hatan. L’orateur suit ici une tradition attestée par
Philon et Josèphe.
5 Deut 2, S. — G n 12. 7j 13,13; 17, S. — Gn 15, 2.
6-7 Gn 15,13-14; Ex 3,12.

259 ACTES
parla ainsi: Sa descendance séjournerait en pays
étranger, et on Vasservirait et on la maltraiterait
durant quatre cents ans. ’ Mais la nation à laquelle
Us auront été asservis, je la jugerai, moi, dit Dieu;
et après cela, ils sortiront et me serviront en ce
lieu-ci. — ®Puis il lui donna l’alliance de la circon­
cision, et c’est ainsi qu’[Abraham] engendra Isaac
et le circoncit le huitième jour. E t Isaac [fit de
même] pour Jacob, et Jacob pour les douze patriar­
ches.
®« E t les patriarches, devenus jaloux de Joseph,
le vendirent pour l’Egypte. Mais Dieu était avec lui-,
l’arracha à toutes ses afflictions et lui donna
faveur et sagesse devant Eharaon, roi d’Egypte,
qui l’établit chef sur l’Egypte et sur toute sa maison.
Vint une famine sur toute l’Egypte et sur Canaan,
et une grande affliction, et nos pères ne trouvaient
rien à manger. Ayant appris qu’il y avait des
vivres en Egypte, Jacob [y] envoya nos pères rme
première fois. ^^Et la seconde fois, Joseph se fit
reconnaître de ses frères, et la race de Joseph
devint manifeste au Pharaon. ^'‘ Joseph alors fit

7 E k 3 ,1 2 .
8 Gn 17, 10. — Gn 21, 4. — Ici et au v ?, ce sont les donae fils de Jacob qui
sont qualifiés de « patriatdies ». En 2, 29, le même titte est donné à David, et en
H e 7 ,4 , à Abraham.
9 Gn 37, 11. — Gn 37, 2S; 45, 4. — « était avec lui » (Gn 39, 2, 5, 21, 23),
expression fréquemment employée (Gn 26, 5; 28, 15; 31, 3; Ex 3, 12; Jos 1, 5;
3, 7; Jug 6, 16; J r 1, 19, etc.), pour exprimer l ’appui tout puissant que Yahvé
prête à ses ptotégra. Dans le N.T., on la rencontre encore Ac 10, 38; Jn 3, 2, où
Dieu est avec Jésus, et M t 28, 20, où Jésus déclare à ses Apôtres qu’il « sera avec
eux tous les jours jusqu’à la fm du monde ».
10 Gn 39, 21. — Gn 41, 46. — Gn 41, 40-41, 43; 45, S; Es 105, 21.
11 Gu 41, 54-55; 42, 5.
12 Gn 42,1-2.
13 G n 4 5 ,1.

ACTES 260
venir Jacob, son père, et toute sa parenté: soixante- 7
quinze personnes. E t Jacob descendit en Egypte,
et il mourut, ainsi que nos pères. “ Et ils furent trans­
portés à Sichem et mis dans la tombe qu’Abraham
avait acquise à prix d’argent des fils d’Emmor,
à Sichem.
« Comme approchait le temps de la promesse
que Dieu avait jurée à Abraham, le peuple s’ac­
crut et se multiplia en Eg3rpte, jusqu’à ce que se
leva sur l’Egypte un autre roi qui n’avait pas connu
Joseph. Celui-là, usant d’astuce envers notre
race, maltraita nos pères au point de leur faire
exposer leurs nouveau-nés pour les empêcher de
vivre. ^ C’est à ce moment que naquit Moïse, qui
était divinement beau. Il fut nourri trois mois dans
la maison de son père, ^ et comme il avait été
exposé, la fille de Eharaon le prit et l’éleva comme
son propre fils. Moïse fut instruit dans toute la
sagesse des Egyptiens, et il était puissant en pa­
roles et en oeuvres.

14 Le texte hébreu de Gu 46, 27; Ex 1, Deut 10, 22, porte: « soixante-dix


personnes ». C’est ie texte grec des LXX qui, dans ies deux premiers cas, porte
« soixante-quinze ».
15 Gn 46, 6. — Gn 49, 33. — « nos pères », c’est-à-dire ies fils de Jacob, les
« patriarches » (vv S-9), dont la mort est mentionnée Ex 1, 6.
16 Les indications de ce verset sont en désaccord avec les données bibliques.
Seion celles-ci, Abrabam achète à Ephrôn, le H ittite, une grotte sise à Hébron
(Gn 23, 16-18; 50, 13), tandis que Jacob acquiert de Hamor une pièce de terre à
Sichem (Gn ?3, 19; Jos 24, 32). — D’autre part, Jacob fut iiÂumé à Hébron
(Gn 5 0 , 13), et Joseph à Sichem (Jos 24, 32).
17 Ex 1, 7.
18 Ex 1, 8.
19 Ex 1, 10, 11. — Ex 1 , 18, 22.
20 « divinement beau », lit: « beau pour Dieu », c’est-à-dire aux yeux de Dieu;
superlatif de majesté, comme, par exemple: Gn 10, 9; Jon 3, 3; Ps 36, 7; 68, 16;
80, II; 104, 16; Nomb 24, 6. — He 11, 23 dit simpiement que les patents de Moïse
<1virent que l ’enfant était beau ». — Ex 2, 2.
21 Ex 2, 5, 10.
22 Cette sagesse — nous dirions « culture » — était proverbiale (1 Rs 5, 10;

261 ACTES
Alors qu’il atteignait la quarantaine, le désir
lui monta au cœur de visiter ses frères, les fils
d’Israël. ^ E t en voyant un à qm on faisait tort, il prit
sa défense et vengea l’opprimé en frappant l’Egyp-
tien. “ Ses frères, croyait-il, comprendraient que,
par sa main. Dieu leur accordait le salut; mais eux
ne comprirent pas. Le jour suivant, ü en vit qui se
battaient, et il voulait les réconcilier: Hommes, di­
sait-il, vous êtes frères; pourquoi vous faire tort l’un
à l’autre? — ^ Mais celui qui faisait tort à son pro­
chain le repoussa, en disant: Qui t’a établi chef et
juge sur nous? ^ Voudrais-tu me tuer de la manière
dont tu as tué hier l’Egyptien? — A cette parole,
Mdise s’enfuit et alla séjourner au pays de Madiân,
où il engendra deux fÜs,
« Quarante ans s’étant écoulés, un Ange lui
apparut au désert du mont Sindi dans la flamme
d’un buisson en feu. Moïse, voyant [cela], était
étonné de cette vision. Comme il s’avançait pour re­
garder, advint la voix du Seigneur: Je suis le
Dieu de tes pères, le Dieu d’Abraham, et d’Isaac et

Is 19, 11-12). Philon sait que Moïse a été initié à toutes les blanches du savoir:
sciences, philosophie, astrologie, poésie, musique. — «puissant en paroles et en
œuvres », cf Le 24, 19. La puissance oratoire de Moïse ne consistait pas dans une
facilité d’élocution (Ex 4 , 10), mais dans l ’effîcacité de ses paroles.
23 « Monter au cœur » est une expression biblique (Jr 3, 16; 7, 31; 19, 3;

— Ex 2 , 11.
24 Ex 2, 12. Les IX X , suivis par le texte Occ, ajoutent: « q u ’il cacha dans le
sable ».
23 L’attaque commence.
27 Ex 2, U
27-28 Ex 2,14.
29 E x 2 , 13, 22.
30 Ex 3,1-2.
32 E x 3 , é.

ACTES 262
de Jacob. Devenu tout tremblant. Moïse n ’osait pas
regarder, Mais le Seigneur lui dit: Délie la chaus­
sure de tes pieds, car le lieu où tu te tiens est une
terre sainte. J’ai vu, j’ai vu les mauvais traite­
ments de mon peuple qui est en Egypte, et j’ai en­
tendu son gémissement, et je suis descendu pour
les délivrer. Et maintenant viens, que je t’envoie en
Egypte.
« Ce Moïse, qu’ils avaient renié en disant: Qui
t’a établi chef et juge? c’est lui que Dieu envoya
comme chef et rédempteur, par l’entremise de
l’Ange qui lui était apparu dans le buisson. C’est
lui qui les fit sortir, en opérant des prodiges et des
signes au pays d’Egypte, à la mer Rouge, et au
désert pendant quarante ans. C’est ce Moïse
qui dit aux fils d’Israël: Dieu vous suscitera d’entre
vos frères"un prophète comme moi. C’est lui qui,
lors de l’assemblée au désert, fut avec l’Ange qui
lui parlait sur le mont Sinaï, ainsi qu’avec nos
pères, lui qui reçut des oracles de vie pour vous les
donner. ^®Et c’est à lui que nos pères refusèrent

33 Ex 3 ,5 .
34 Ex 3, 7-S. — Ex 3,1 0 .
35 Moïse est « tédempteur», patce qu’il délivie, «rachète», les fils d’Israël de
la servitude où les tiennent les Egyptiens.
36 Ex 7, 5. — Nomb 14, 55.
37 D eu tlS , 0 .
38 « l ’assemblée» (Nomb 16, 5; Dent 9, 10; 10, 4), ou « l ’assemblée de Yahvé»
(Nomb 16, 5; 20, 4),^o u « l ’^semblée d’Israël » (Ex 12, 6\ Lev 16, 17; Deut
31, 50), ou « l ’^ em b lée des fils d’Israël» (Nomb 14, 5): autant de termes pour
designer les Hébreux réunis au désert en vue d’y recevoir la Loi. — « avec
l’Ange», dans le récit biblique (Ex 3-4), c’est Yahvé lui-même qui apparaît et
parle à Moïse — l ’Ange de Yahvé n ’en étant que la manifestation sensible
(comparer Ex 3, 2, et 3, 4) — mais, pour mieux sauvegarder la transcendance et
la dignité divines, on en vint à remplacer Yahvé par l ’Ange exécuteur de sa
volonté. Voir encore 7, 55; Ga 3, 29; He 2, 2, où il est question non d’un ange,
mais d’anges — « oracles de vie », lit: « oracles vivants ».
39 L’attaque devient plus pressante. — Nomb 14, 5.

263 ACTES
d’obéir! Au contraire, ils le repoussèrent et, retour­
nant de cœur en Egypte, Us dirent à Aaron: Fais-
nous des dieux qui marchent devant nous; car ce
Moise qui nous a fait sortir du pays d^Egypte, nous
ne savons ce qu’il lui est advenu. E t ils fabriquè­
rent un veau en ces jours-là et offrirent un sacrifice
à l’idole, et ils se réjouirent des œuvres de leurs
mains. ‘*^Mais Dieu se détourna [d ’eux], et il les
livra au service de l’Armée ciel, selon qu’il est
écrit au livre des Prophètes:
Des victimes et des sacrifices, m’en avez-vous
[offerts
pendant quarante ans au désert, maison d’Israël?
Vous avez porté la tente de Moloch
et l’étoile du dieu Kompha,
ces images que vous avez faites pour les adorer?
Aussi vous déporterai-je par-delà Babylone.
« Nos pères, au désert, avaient la Tente du Té­
moignage, selon qu’avait prescrit Celui qui avait dit
à Moise de la faire suivant le modèle qu’il avait vu.
'‘^L’ayant reçue, nos pères, avec Josué, la firent
entrer dans le pays conquis sur les nations que Dieu
chassa de devant nos pères; [ainsi en fut-Ü] jus­
qu’aux jours de David. Celui-ci trouva grâce de­
vant Dieu et demanda de trouver un abri pour le

40 E x 3 2 ,1 , 23.
41 E x32, 4,
42 Ou « les tourna » (de l ’idôlatrie à l ’astrolattie). — « l’Armée du ciel (ou « des

pade de Babylone, par allusion à l’exil.


44 Ex 25, 40, c£ H e 8, 3.
46 P sl3 2 , 5.

ACTES 264
Dieu de Jacob. Ce fut Salomon qui lui bâtit une
maison. le Très-Haut n ’habite pas dans ce
qui est fait à la main, selon que dit le prophète:
Le ciel est mon trône,
et la terre, le marchepied de mes pieds.
Quelle maison me bâtirez-vous? dit le Seigneur,
ou quel sera le lieu de mon repos?
N ’est-ce point ma main qui a fait tout cela?
« [Hommes] à la nuque raide et incirconcis de
cœur et d’oreilles, toujours vous résistez, vous, à
l’Esprit, l’[Esprit] Saint! Tel furent vos pères, tels
vous êtes! Lequel des prophètes vos pères
n ’ont-ils pas persécuté? Ils ont tué ceux qui. annon­
çaient d’avance la venue du Juste, dont vous vous
êtes faits maintenant traîtres et meurtriers, vous
qui avez reçu la Loi par le ministère des anges et ne
l’avez pas gardée! »

Lapidation d’Etienne

^ En entendant cela, ils rageaient en leurs cœurs


et grinçaient des dents contre lui, “ Mais lui, rempli
d’Esprit Saint et les yeux fixés vers le ciel, vit la
gloire de Dieu et Jésus debout à la droite de Dieu,
47 l R s 6 , 2 .
48-50 I s 6 6 , 1-2.
51 « à la nuque raide » (Ex 32, 9; 33, 3, 5; 34, 9; Deut 9, <5, 13), « indiconcis
de cœur», (Lev 26, 41; J r 9, 25; Ez 44, 7), deux expressions qui désignent, la
première, Tobstination dans la désobéissance, la seconde, l ’incapacité de com­
prendre les réalités spirituelles (c£ le « cœur endurci »: Mc 3, 5; 6, 52; 8, 17;
Eph 4 , 18; et l ’« oreille incirconcise »; J r 6 ,10).
52 L’attaque s’achève en invective passionnée et aboutit à une rupture avec le
judaïsme.
53 Voir V 38, et la note sur « l ’Ange » (v 38),
55 La «gloire de D ieu» est, ici, la splendeur lumineuse qui manifeste la pré­
sence divine. — Jésus est « débout », comme pour mieux contempler son tânoin
et se tenir prêt à l ’accueillir.

265 ACTES
Vie des saints. Lyon, 1514.

et il dit: « Voici que je contemple les deux ou­


verts, et le Fils de l’homme debout à la droite de
Dieu. » Ils crièrent d’une voix forte et se bouchè­
rent les oreilles; puis d’un commxm accord ils
s’élancèrent sur lui et, l’entraînant hors de la ville,
Ac 22,20
ils le lapidaient. Les témoins avaient déposé leurs
vêtements aux pieds d’un jeune homme appelé
Saul. Et pendant qu’on le lapidait, Etienne priait
et disait: « Seigneur Jésus, reçois mon esprit. » Et,
s’étant mis à genoux, Ü cria d’une voix forte: « Sei­
gneur, ne leur compte pas ce péché. » Et ce disant,
il s’endormit.
^ Quant à Saul, il approuvait ce meurtre.
Ac 22,20
58 Cf 72, 20. Paul fait modestement son entrée dans Phistoire.
59-60 On sent, diez récrivain, le désir de souligner ^certains traits de ressemblance
entre les derniers instants d*Etienne et ceux de Jésus: Ac v 59 et Le 23, 46\
Ac V 60a et Le 23, Ac v 60b et Le 23, 46.

ACTES 266
Première persécution

Il y eut, ce jour-là, une grande persécution contre 8


l’Eglise de Jérusalem. Tous, excepté les Apôtres, se ^ i; m-u
dispersèrent dans les campagnes de Judée et de
Samarie,
^ Des hommes pieux ensevelirent Etienne et ^
firent sur lui une grande lamentation. ^ Quant à Saul,
il ravageait l’Eglise; allant de maison en maison et
traînant hommes et femmes, il les livrait à la prison.

UEvangile chez les hérétiques: Philippe, Pierre et


]ean en Samarie. Simon le Magicien

“^Ceux donc qui s’étaient dispersés parcoururent


le pays en annonçant la bonne nouvelle de la
Parole. ®Philippe, qui était descendu dans une
vüle de Samarie, y proclamait le Christ. ®Les foules
s’attachaient d’un commun accord à ce que disait
Philippe, en apprenant et en voyant les signes qu’il
faisait. ’ Car de beaucoup de ceux qui avaient des

1 C£ 22, 20. — Le chrisdsnîsme sort de Jérusalem: deuxième étape de son expan­


sion (1, 5).
3 « ravageait TEgUse », cf 9, 1-2, 13-14, 21; 22, 4, 19-20; 26, 10-11; Ga 1, 13, 23;
l Co 15, 9; H ii 3, 1 Tm 1,13.
5 « Philippe », non pas PApôtre, mais Pun des Sept (6, 5). — « était descendu »;
on «descendait» de Jérasalem (9^ 32; 11, 27, etc.), comme on y «m ontait» (11,
2; 15, 2, etc.), e::^ressions de géographie lo (^ e <^>ourvues de toute signification
religieuse. —• « u n e » , et non « la ville de Samarie», car cette ville, rebâtie par
Hérode le Grand, s’appelait alors Sébaste. — Porter la parole en cette d té &ait
un acte d’audace, car d ^ u is de longs siècles les Samaritains étaient exclus de la
communauté d’Israël et voués au mépris par les Juifs (Jn 4, 9; 8, 48). Lors de
leur premier envoi en mission, du vivant de Jésus, les Apôtres avaient reçu pour
consigne de « ne pas entrer dans une ville de Samaritains » (M t 10, 5).
7 Nous avons conservé, dans la traduction, le tour embarrassé de l ’original.

267 ACTES
8 esprits impurs, ceux-ci sortaient en clamant d’une
voix forte. Beaucoup de paralysés et de boiteux
furent guéris. *E t il y eut grande joie dans cette
ville.
®Or ü se trouvait déjà dans la ville rm homme du
nom de Simon qui, par ses pratiques magiques,
stupéfiait le peuple de Samarie. Il se disait un per­
sonnage, et tous, du plus petit au plus grand,
s’attadiaient à lui: « Cet homme, disaient-ils, est
la Puissance de Dieu, celle qu’on appelle la
Grande. » Ils s’attachaient à lui, parce que
depuis un assez long temps il les tenait stupé­
faits par ses tours de magie. ‘^Mais lorsqu’ils eu­
rent cru Philippe, qui leur annonçait la bonne nou­
velle du Royaume de Dieu et du nom de Jésus
Christ, ils se faisaient baptiser, hommes et femmes.
Simon crut, lui aussi, et une fois baptisé, il était
assidu près de Philippe, et à la vue des signes et
des grands miracles qui arrivaient, il était stupéfait.
Apprenant que la Samarie avait reçu la parole
de Dieu, les Apôtres qui étaient à Jérusalem y en­
voyèrent Pierre et Jean. ^^Une fois descendus,
ceux-ci prièrent pour eux, afin qu’ils reçoivent
l’Esprit Saint. “ Car il n’était encore tombé sur

8 Note optimiste, conforme au goût de Luc, ravi de noter les manifestations ÿ


joie qui accompagnent la diffusion de la Parole et les miracles de Jésus (Le 8, ip;
13,17; 19, ^ ,^7 ; Ac 8, JP; 11, 2J; 13, 48) . . , ^
10 Première émanation de la Divinité, qu’on supposait avoir élu domicile en
Simon.
14 Les Apôtres estimaient donc que Philippe n ’avait pas qualité pour imposer
les mains et faire descendit le Saint Esprit.
16 «tom bé», terme qui s’inspire de certains passages de l ’A.T., où l ’esprit de
Yahvé «fond su r» (Jug 14, 6, 19; 15, 14; 1 Sam 10, 6, 10, etc.), et qui peint la
puissance de l ’Esprit et la violence de son irruption.

ACTES 268
aucun d’eux; ils avaient seulement été baptisés au 8
nom du Seigneur Jésus. Alors [Pierre et Jean]
posèrent les mains sur eux, et ils recevaient l’Esprit
Saint.
“ Simon, voyant que l’Esprit était donné par
l’imposition des mains des Apôtres, leur offrit de
l’argent, en disant: « Donnez-moi ce pouvoir à
moi aussi, poxxr que celui sur qui je poserai les
mains reçoive l’Esprit Saint. » ^ Mais Pierre lui dit:
« Périsse ton argent avec toi, puisque tu as cru ac­
quérir le don de Dieu à prix d’argent! Tu n’as ni
part ni lot en cette affaire, car ton cœur n’est pas
droit devant Dieu. ^Repens-toi donc de ta mé­
chanceté et prie le Seigneur pour que te soit re­
mise, si possible, la pensée de ton cœur; ^ ca r je
vois que tu es dans un fiel amer et des liens d’injus­
tice. » ^ Répondant, Simon dit: « Priez vous-mêmes
pour moi auprès du Seigneur, afin qu’il ne m’arrive
rien de ce que vous avez dit. »
^®Eux donc, après avoir rendu témoignage et
annoncé la parole du Seigneur, s’en retournaient à
Jérusalem, et ils évangélisaient de nombreux vil­
lages des Samaritains.

18 Simon le « vit » aux manifestations visibles de sa ptdsence, non mentionnées


ici, mais que d’autres textes font connaître (10, 44, 46-, 19, 6 ). — « d e l ’argent»,
de là vient le mot « simonie » pour désigner et fiétrir ie trafic des choses saintes.
21 P s78, 37.
22 « si possibie », tellement la faute est grave!
23 Inspiré de Deut 29, 1 7 (cité par H e 12,17).

269 A CTES
UEvangile chez les exclus: baptême d’un eunuque,
intendant de la reine d’Ethiopie

8 “ L’Ange du Seigneur parla à Philippe en disant:


« Pars et va au midi, sur le chemin qui descend
de Jérusalem à Gaza; il est désert. » Il partit et
se mit en route. Justement un Ethiopien, un eunu­
que, haut fonctionnaire de Candace, reine d’Ethio­
pie, et surintendant de tous ses trésors, qui était
venu adorer à Jérusalem, s’en retournait et,
assis sur son char, il lisait le prophète Isaïe. ^ L’Es­
prit dit à Philippe: « Avance et rejoins ce char. »
^“Philippe, accourant, entendit l ’[Ethiopien] qui
lisait Isaïe le prophète, et il dit: « Est-ce que tu
comprends ce que tu lis? » Il dit: « E t comment
le pourrais-je, si personne ne me guide? » E t il pria
Philippe de monter s’asseoir près de lui.
Le passage de l’Ecriture qu’il lisait était celui-
ci:
Comme une brebis, il a été amené à l’abattoir,
et comme un agneau muet devant celui qui le
tond, ainsi il n’ouvre pas la bouche.
Dans l’humiliation son jugement a été levé.
26 « l ’Ange du Seigneur », voir 7, 38 et la note sur 1*« Ange ». — « Debout! »
ou « Lève-toi », ainsi commencent la plupart^ du temps, dans l’A.T., les envois
en mission. — « au midi », ou « à l ’heure de midi ».
27 L’eunuque était, en principe, exclu de la communauté d’Israël. Mais Is 56, 5-5,
et Sag 3, 14 avaient annoncé leur admission future. Qu’en était-il l’époque de
Jésus? — « qui était venu pour adorer» (24, l l j Jn 12, 20), c’est-à-dire rendre un
culte à Yahvé dans son Temple. Nous dirions volontiers: « qui était venu en
pèlerinage ».
30 Les anciens lisaient le plus souvent à haute voix.
31 Parole d’or, à méditer par tous les lecteurs de la Bible.
32 Is 53, 7-5, texte aussi célèbre par ses difficultés que par sa richesse, et que
la primitive Eglise a tenu pour messianique, comme tout le poème dont il fait
partie. — « l ’abattoir », et non « la boucherie ».
33 « son jugement a été levé », c’est-à-dire son humiliation a fait disparaitre le

ACTES 270
Sa génération, qui la racontera?
Car sa vie est enlevée de la terre.

Prenant la parole, l’eunuque dit à Philippe:


« Je t’en prie; de qui le prophète dit-il cela? De lui-
même ou de quelque autre? » Philippe, ouvrant
la bouche et partant de cette Ecriture, lui annonça
la bonne nouvelle de Jésus!
Chemin faisant, ils vinrent à un point d’eau.
L’eunuque dit: « Voici de l’eau; qu’est-ce qui em­
pêche que je sois baptisé? » [^^...] Et il fit arrêter
le char, et Üs descendirent tous deux dans l’eau,
Philippe et l’eunuque, et [Philippe] le baptisa.
Lorsqu’ils furent remontés de l’eau, l’Esprit du
Seigneur emporta Philippe, et l’exmuque ne le vit
plus; car il allait son chemin, joyeux. Quant à Phi­
lippe, il se trouva dans Azot et, parcourant le pays,
il évangélisait toutes les viUes, jusqu’à son arrivée
à Césarée.

jugement qui pesait sur lui; le^ texte hébreu est différent. — On traduit aussi
« dans son abaissement la justice lui a été déniée », et « dans l ’humiliation
son jugement a été détruit ». — « sa génération », ou « sa postérité ».
35 « ouvrant la bouche », cette expression, quelque peu emphatique, introduit
une déclaration importante: 10, 34\ Jb 3 , 1\ M t 5, 13, 35.
31 [Philippe] dit: « Si tu crois de tout ton cœur, c’est possible. » Et, répondant,
il dit: « Je crois que Jésus Christ est le Fils de Dieu. »
3P « joyeux », c£ v ^ et la note.
40 « Azot », entre Gaza et Joppé. — « Césarée », entre Joppé et Dora, résidence
des procurateurs de Judée.

271 ACTES
La conversion de Saul

9 ^ Saul, respirant encore la menace et le meurtre à


i ; sJi l’égard des disciples du Seigneur, alla trouver le
grand prêtre ^ et lui demanda des lettres pour les
synagogues de Damas, afin que s’il trouvait des
adeptes de la Voie, hommes et femmes, il les ame­
nât, liés, à Jérusalem.
^ Comme il faisait route, il approchait de Damas,
quand soudain resplendit autour de lui une lumière
venant du ciel. Et tombant à terre, il entendit une

1-2 La conversion de Saul est le fait le plus riche de conséquences de Thistolre


de la primitive Eglise. Il sera raconté deux autres fois: 22, 3-21, et 26, P-20,
avec quelques légères variantes qui laissent intact le noyau de l^événement: le
rapt de Paul par Jésus ressuscité (Phi 3, 12). — Le grand prêtre exerçait imc
certaine juridiction religieuse sur les Juifs qui vivaient hors de la Palestine; les
« adeptes » juifs de la Voie (v 2), c’est-à-due de l*EgUse (18, 25, 26; 19, 9, 23;
22, 4; 2 4 , 14, 22) pouvaient être poursuivis comme apostats.

ACTES 272
voix qui lui disait: « Saoul, Saoul, pourquoi me per­
I C o 9 ,1
sécutes-tu? » ^ Il dit: « Qui es-tu. Seigneur? » Et lui: 15, S
« Je suis Jésus, que tu persécutes; ®mais relève-toi
et entre dans la ville, et on te dira ce que tu dois
faire. » ’ Les hommes qui faisaient route avec lui
s’étaient s’arrêtés, muets de stupeur: ils enten­
daient bien la voix, mais ne voyaient personne.
* Saul se leva de terre et bien qu’il eût les yeux ou­
verts, il ne voyait rien. C’est en le conduisant par la
main qu’on le fit entrer à Damas. ^Et il fut trois jours
sans voir, et il ne mangea ni ne but.
“ Il y avait à Damas un disciple du nom d’Ana-
nie. Le Seigneur lui dit dans une vision: « Ananie. »
Celui-ci dit: « Me voici, Seigneur. » Le Seigneur
lui [dit] : « Debout! va dans la rue qu’on appelle la
Droite et cherche dans la maison de Judas un nom­
mé Saul de Tarse: il est justement en prière, et il
a vu dans une vision m homme du nom d’Ananie
entrer et poser les mains sur lui, afin qu’il recouvre
la vue. » Ananie répondit: « Seigneur, j’ai appris
de bien des gens au sujet de cet homme quel mal
il a fait à tes saints, à Jérusalem, ^'‘ et ici il a

4 <aSaoul », forme ataméeune du nom de Saul (2 6 , 14).


5 Jésus s’identifie à ses fidèles, cf M t 25, 40, 45; Le 1 0 , 16.
1 Récit l^èrem ent différent dans Ac 22, 9 (les compagnons de Saul voient la
lumière, mais n ’entendent pas la voix) et 26, 14 (tous tombent à terre, et Paul
entend tme voix).
10 « Me voici », manière de conter empruntée à l’A.T.: Gn 22, 1: 31, 11;
Ex 3, 4; 1 Sam 3, 4.
11 « Debout! » lit: <c lève-tol » (hébraîsme; cf 8, 26, et la note).
12 II y a donc deux visions qui se répondent. Pour certains, ce verset ne
rapporte pas les paroles du Seigneur. U constitue comme ime parenthèse, oh le
narrateur expose pour son compte ce qui arrive à Paul.
13 « saints » ( w 32, 41; 26, 10, et ôiéquemment dans les p itre s de Paul) est une
désignation des chrétiens empruntée à l’A.T. (Ex 19, 6; Lev 11, 45; Nomb 16, 3 ).
Elle évoque l ’idée d’une consécration à Dieu, d’une absence de toute souillure et
d’une vie de pureté.

273 ACTES
9 pouvoir de la part des grands prêtres pour lier
tous ceux qui invoquent ton Nom. » Mais le Sei-
E^i k gneur lui dit: « Va, car cet homme m’est un instru­
ment de choix pour porter mon Nom devant les na­
tions, les rois et les fils d’Israël, car moi je lui
montrerai tout ce qu’il doit souffrir pour mon
. Nom. »
Ananie s’en alla, entra dans la maison et,
posant sur lui les mains, il dit: « Saoul, mon frère,
c’est le Seigneur qui m’a envoyé — Jésus, qui t ’est
apparu sur le chemin par où tu venais — afin que tu
recouvres la vue et que tu sois rempli d’Esprit
Saint. » Et aussitôt tombèrent de ses yeux comme
des écailles, et il recouvra la vue. Et, se levant, il fut
baptisé; et quand il eut pris de la nourriture, les
forces lui revinrent.

Saul à Damas et à Jérusalem


[premier voyage à Jérusalem]

Il passa quelques jours avec les disciples de


Ac 26,20 Dapjas, ^“ et aussitôt Ü proclamait dans les syna-
Ga 1,16-17 gogues quc Jésus est le Fils de Dieu. Tous ceux
qui l’entenc^ent étaient stupéfaits, et ils disaient:

15 Ou « l’instrument que j ’ai choisi », e t ncm <( m’est un vase d’élection »,


expression qui, sur l’autorité de Lemaistre de Saqr, a traîné trop longtemps dans
la prédication et les ouvrages de piété. — «pour porter mou Nom», comme on
porte un &rdeau. Dès l ’abord, la mission de Paul est présentée comme onéreuse
et lourde de souffrances, ainsi que le précise le verset suivant.
18 « Et, se levant, il frit baptisé », ou, peut-être, « et, sur-le-cframp, il frit
baptisé ».

(Ac 2, 21; Ro 10, 13, citant Jo 3, 3 ), oh eUe désigne les fidèles de Y ^vé.

ACTES 274
« N’est-ce pas lui qtii malmenait, à Jérusalem, ceux
qui invoquent ce Nom, et n’est-il pas venu ici tout
exprès pour les amener, liés, aux grands prêtres? »
^ Mais Saul se fortifiait de plus en plus et confon­
dait les Juifs qui habitaient à Damas, en démon­
trant que [Jésus] est le Christ.
^ Quand se furent écoulés un bon nombre de
jours, les Juifs se concertèrent pour le tuer. Leur
complot vint à la connaissance de Saul. On
gardait même les portes jour et nuit, afin de le tuer.
2Co 11, 32-33
^ Mais ses disciples, le prenant de nuit, le descen­
dirent par la muraille en le laissant gbsser dans
une corbeille.
Ga 1.18-19
“ Arrivé à Jérusalem, il tentait de se joindre aux
disciples; mais tous le craignaient, ne croyant pas
qu’il fût un disciple. ^ Barnabé, le prenant avec lui,
l’amena aux Apôtres et leur raconta comment, sur
le chemin, [Saul] avait vu le Seigneur qui lui avait
parlé, et comment à Damas il s’était exprimé avec
assurance au nom de Jésus. Et il était avec eux
allant et venant dans Jérusalem, s’exprimant avec
assurance au nom du Seigneur. Il parlait et dis-

22 Luc, qui volontiers abrège et simplifie (v 27; 17, 14-16 et 18, 5; 22, 17, etc.),
omet le séjour de Paul en Arabie, que nous connaissons par Ga 1 , 17.
25 Voir, en 2 Co 11, 32 -3 3 , le récit par Paul lui-même (et quelque peu différent)
de cette évasion.
26 L’épître aux Galates permet de donner de Pair à ce récit fort resserré; c’est
seulement « trois ans après » sa conversion que Paul « monta à Jérusalem »
(Ga 1 , 18).
27 Sur Barnabé, voir 4, 36 -3 7 , et la note. — Selon Ga 1,^ 1 8 -1 9 , Saul, monté à
Jérusalem pour faite la connaissance de Képhas, c’est-à-dire de Pierre, ne vit
« aucun autre des Apôtres, sauf Jacques, le frère du Seigneur ». — « qui lui avait
parlé », ou « et ce qu’il lui avait dit ». — « Parler avec assurance » — terme cher
à l ’auteur des Actes: 4, 13, 2 9 , 31] 13, 46] 14, 3; 18, 2 6 , etc. — c’est délivrer le
message évangélique en toute franchise et sincérité (2 Co 4, 2), sans redouter les
combats et dangers que cela comporte (1 Th 2, 2).
28 « allant et venant », lit: « entrant et sortant » (cf 1, 21).

275 ACTES
9 cutait avec les Hellénistes; mais ceux-ci entrepri-
rent de le tuer. ^“Les frères, Payant su, le firent
descendre à Césarée, d’où ils l’envoyèrent à Tarse.

L’Eglis€ en paix et en progrès

L’Eglise, donc, avait la paix sur toute l’étendue


de la Judée, de la Galilée et de la Samarie. Elle se
bâtissait et marchait dans la crainte du Seigneur et,
par la consolation du Saint Esprit, elle se multipliait.

Pierre à Lydda: guérison d’Enée

Or, Pierre, qui passait partout, descendit aussi


chez les saints qui habitaient Lydda. Il y trouva
un homme du nom d’Enée, qui depuis huit ans était
couché sur un grabat; Ü était paralysé. E t Pierre
lui dit: « Enée, Jésus Christ te guérit; lève-toi et fais
ton lit. » Et aussitôt il se leva. E t tous les habitants
de Lydda et du Sarôn le virent, et ils se tournèrent
vers le Seigneur.

29 « Hellénisfês » (6, 1; 11, 20? ) , Juî£s de langue grecque, de passage à Jérusalem


ou revenus sV fîxer pour achever leurs jours.
31 Au lieu de l ’Eglise, le texte Occ. porte «E glises», qui pourrait bien être la
leçon originale (c£ 16, 5 ) . — C’est la seule fois que la Galilée est mentionnée dans
le récit des progrès de l ’Eglise. — « d i e se bâtissait», métaphore aimée de Paul
(1 Co 3, 9i 8, 1, 10; 10, 23; 14, 3, J ; 1 Th 5, 11; surtout, Eph 2, 21; 4, 12). —
« vivait », Ut: « m atdiaît », terme biblique pour « se conduire » (Le 1, 6; Ro 6, 4;
8, 4; 1 Co 3, 3; 7, 17; Eph 2, 2; 4, 17, eto.). — « se multipliait par », ou « était
comblée de. »
32 Pierre visite les communautés, sans doute, comme Paul plus tard, pour voir
«comment eUes vont», 15, 36. — Lydda, dans la plaine de Saron, à 18 km au
sud-est de Joppé.
35 « tous »; hyperbole (cf 2, 5; 19,10, 27; Col 1, 6, 23) .

ACTES 276
Pierre à Joppé: résurrection de Tahitha

^ K Joppé, il y avait une disciple du nom de \


Tabitha, ce qui se traduit: Gazelle. Elle était
riche des œuvres bonnes et des aumônes qu’elle
faisait. ^’ O r donc, en ces jours-là, elle tomba
malade et mourut. Après l’avoir lavée, on la mit
dans la chambre haute. Comme Lydda est près
de Joppé, les disciples, apprenant que Pierre y
était, lui envoyèrent deux hommes pour lui adres­
ser cette prière: « Passe chez nous sans tarder. »
Pierre partit et alla avec eux. A son arrivée, o n .
le fit monter dans la chambre haute. E t toutes les
veuves se présentèrent à lui, pleurant et lui mon­
trant les tuniques et les vêtements que faisait la
Gazelle quand elle était avec elles, ‘“’Mais Pierre,
faisant sortir tout le monde dehors, se m it à genoux
et pria. Et, se tournant vers le corps, il dit: « Tabi­
tha, debout! » Celle-ci ouvrit les yeux et, voyant
Pierre, se m it sur son séant. Il lui donna la main
et la mit debout. Appelant les saints et les veuves,
il la leur présenta vivante. '’^La chose fut connue
dans tout Joppé, et beaucoup crurent au Seigneur.
Or donc, Pierre demeura un bon nombre de
jours à Joppé chez rm certain Simon, corroyeur.

37 Sur « la chambre haute », voir 1, 13, et la note.


39 « partit », lit: « se leva ». — Ces « veuves » étaient sans doute des indigentes
que secourait Tabitha.
40 Cf Mc 5, 40, dans le récit de la résurrection de la fille de Jaïre. — « Tabitha,
lève-toi »; cf Mc 5, 41 et Le 8, 34. — « se m ît sur son séant », cf Le 7, 15, dans
le récit de la résurrection du fils de la veuve de Naïn.
43 La profession de « corroyeur » était tenue pour impure.

277 ACTES
Conversion de Corneille: Ventrée dans l’Eglise des
premiers pdiens « craignant Dieu »

10 ^ Il y avait à Césarée xm homme du nom de Cor­


neille, centenier de la cohorte appelée Italique. ^ Il
était pieux et craignant Dieu, ainsi que toute sa
maison, faisait au peuple d’abondantes aumônes et
priait Dieu constamment. ^ Il vit clairement dans
une vision, vers la neuvième heure du jour, im
ange de Dieu entrer chez lui et lui dire: « Cor-
neüle! » ^Les yeux fixés sur l’[ange] et saisi de
peur, il dit: « Qu’y a-t-il. Seigneur? » Il lui dit: « Tes
prières et tes aumônes sont montées en mémorial
devant Dieu. ^Et maintenant, envoie des hommes
à Joppé et fais venir un certain Simon, qui est
surnommé Pierre; ^il loge chez im certain Simon,

1 La conversion de CorneHle et des siens est l ’événement le plus marquant de


la carrière apostolique de Pierre, telle qu’elle est racontée çar les Actes. L’auteur
en fait un récit circonstancié, sans hâte et avec une complaisance manifeste. Trois
affirmations s’en dégagent: 1° l ’Eglise est ouverte à toutes les âmes de bonne
volonté, celles, qui «craignent Dieu et pratiquent la justice» (10, 34-35)\ 2^ les
interdits alimentaires qui rendaient quasi impossibles les relations entre Juifs et
non Juifs sont désormais abolis (10, 12-X5); 3° les païens peuvent être admis dans
l ’Eglise sans passer par la circoncision (10, 44-48). Le ch 11 montre les dhSicultés
que rencontrèrent ces dispositions libérales (voir surtout vv 2-3, 17-18). Elles se
heurtèrent longtemps à l ’opposition de ce groupe de Juifs convertis, qu’on appdle
les Judaïsants (voir l’Epître aux Galates). — la cohorte appelée «Italiq u e» était
composée, en principe, de volontaires originaires d’Italie. Le «centenier» — ou
« centurion » — était un officier subalterne qui commandait à cent cinquante
hommes environ.
2 Par «craignant D ieu» (v 22; 13, 16, 26) ou «adorant D ieu» (16, 14; 18, 7)
ou « adorants » (13, 43, 30; 17, 4, 17), il faut entendre les païens qui, sans se faire
circoncire, acceptaient certaines croyances et règles de vie du judaïsme. A ne pas
confondre avec les «prosélytes» (voir 2, 11, et la note). — «peuple» désigne le
peuple juif.
3 Environ trois heures de l ’après-midi.
4 La fin de ce verset est « très Ancien Testament », et nous avons tenu à en
respecter la couleur. Dans la langue cultuelle, le « mémorial » désigne soit la
part d’oblation que l ’on fait fumer devant Yahvé « en parfum apaisant » (Lev
2, 2, 9, 16; 5, 12; 6, 8; Nomb 5, 26), soit l ’encens que l ’on fait fumer sur les
pains de proposition (Lev 24, 7). Les prières et aumônes de Corneille sont un
sacrifice d’agréable odeur qui plaît à Dieu (Eph 5, 2; Phi 4, 15) et lui concilie
ses bonnes grâces.

ACTES 278
Vision de Pierre.
Bible latine. Lyon, 1569.

corroyeur, qui a une maison près de la mer. » 10


^ Quand fut parti l’ange qui lui parlait, [Corneille]
appela deux de ses domestiques, et un soldat
pieux, de ceux qui lui étaient attachés, ®et après
leur avoir tout raconté, il les envoya à Joppé.
®Le lendemain, comme ceux-ci faisaient route et
approchaient de la ville, Pierre monta sm: la ter­
rasse pom prier, vers la sixième heure. “ La faim le
prit et il voulut manger. Pendant qu’on faisait les
7 « attachés », soit à son service, soit dévoués à sa personne.
9 Environ midi. Pierre monte sur la terrasse — toit plat des maisons orientales
— pour y prier en paix. Peut-être s’y trouvait-il une tente, comme sut la terrasse
de la maison de Judith (Jdt 8, S ) , ou une petite chambre, comme 2 Rs 4 , 10.

279 A CTES
10 préparatifs, Ü lui vint une extase: “ il voit le ciel
ouvert et un objet qui descendait comme une
grande nappe tenue par les quatre coins, et qui
s’abaissait vers la terre; il y avait dedans tous les
quadrupèdes et reptiles de la' terre et les oiseaux
du ciel. E t une voix lui advint: « Debout! Pierre,
tue et mange. » Pierre dit: « Non, non, Seigneur,
car jamais je n’ai rien mangé de souiUé ou d’im­
pur! » Et de nouveau, xme seconde fois, une voix
lui [d it]: «C e que Dieu a déclaré pur, toi, ne
l’appelle plus somllé. » Cela eut lieu par trois
fois, et aussitôt l’objet fut enlevé vers le ciel.
Tandis que Pierre, perplexe, se demandait ce
que pouvait bien signifier la vision qu’il avait vue,
voici que les hommes envoyés par Corneille, qui
s’étaient renseignés sur la maison de Simon, se
présentèrent au portail. Ils appelèrent et deman­
dèrent si c’était bien là que logeait Simon, sur­
nommé Pierre. Comme Pierre était toujours à
réfléchir sur la vision, l’Esprit dit: «Voici deux
hommes qui te cherchent; ^“mais debout! des­
cends et va avec eux sans hésiter, car c’est moi
qui les ai envoyés. » Pierre descendit vers ces
hommes et dit: « Me voici; je suis celui que vous
cherchez. Pour quel motif êtes-vous ici? » “ Ils
dirent: « Le centenier Corneille, homme juste et
craignant Dieu, de qui toute la nation juive rend
bon témoignage, a été averti par un ange saint

14 Même attitude qu’EzêcMel (Ez 4, 14). Sur la loi de pureté alimentaire, voir
Lev 11.
15 Cf Mc 7,14-25.

ACTES 280
d’avoir à te faire venir chez lui pour entendre tes 10
paroles. » [Pierre] donc les fit entrer et leur offrit
l’hospitalité.
Le lendemain, il partit et s’en alla avec eux; et
quelques-uns des frères de Joppé allèrent avec lui.
Le lendemain, il entra à Césarée. Corneille les
attendait, ayant convoqué ses parents et ses amis
intimes. ^ Quand donc Pierre entra. Corneille vint
à sa rencontre et, tombant à ses pieds, se pros­
terna. ^ Pierre le releva, en disant: « Debout! et
moi aussi, je suis un homme. » E t tout en conver­
sant avec Im, il entra. Il trouve réunis un grand
nombre de gens, ^ et il leur déclara: « Vous savez
comme il est illicite pour rm Juif de frayer avec un
étranger ou de l’approcher; mais Dieu m’a montré
à moi qu’il ne faut appeler aucun homme souillé ou
impur. Voüà pourquoi, sans discuter, je suis venu
à votre appel. Je vous le demande donc: pour quel
motif m’avez-vous fait venir? »
Et Corneille déclara: « Il y a quatre jours, à
cette heure-ci, j ’étais à prier chez moi, à la neu­
vième heure, et voici qu’un homme se tint devant
moi, en habit splendide: Corneille, dit-ü, ta
prière a été exaucée, et de tes aumônes on s’est
souvenu devant Dieu. Envoie donc quelqu’un à
Joppé et fais venir Simon, qui est surnommé Pierre;
il loge dans la maison de Simon le corroyeur, près
de la mer. — l’instant donc j’ai envoyé vers

28 « illicite pour wx Juif de frayer », dans la crainte de se souiller au contact de


ceux qui n ’observaient pas les prescriptions du code de pureté.
31 Lit: « tes aumônes ont été remémorées devant Dieu ».

281 ACTES
10 toi, et tu as bien fait d’arriver. Maintenant donc,
nous voici tous ici devant Dieu, pour entendre tout
ce qui t ’a été prescrit par le Seigneur, »
Ouvrant la bouche, Pierre dit: « En toute vérité,
je comprends que Dieu n’est point partial, mais
qu’en toute nation celui qui le craint et pratique la
justice est agréé de lui, “ Telle est la parole qu’il a
envoyée aux fils d’Israël, leur annonçant la bonne
nouvelle de la paix par Jésus Christ, qui est le
Seigneur de tous.,. ^^Vous savez, vous, ce qui est
arrivé dans toute la Judée, à commencer par la Ga­
lilée, après le baptême qu’avait proclamé Jean:
Jésus de Nazareth, comment Dieu l’a oint d’Esprit
Saint et de puissance, lui qui a passé en faisant le
bien et en guérissant tous ceux qui étaient tyranni­
sés par le diable, parce que Dieu était avec lui. Et
nous sommes témoins de tout ce qu’il a fait dans le
pays des Juifs et à Jérusalem, lui qu’ils ont tué en le
suspendant au gibet. Mais Dieu l’a relevé le troi­
sième jour et lui a donné de se montrer, non à
tout le peuple, mais aux témoins choisis d’avance
par Dieu, à nous qui avons mangé et bu avec lui
après sa résurrection d’entre les morts. Et il nous

34 « ouvrant la bouche », voir 8, 35, et la note. — Deut 1 0 , 17; 2 Chr 19, 7.


33 « Pratiquer la justice », c’est accomplir pleinement la volonté de Dieu.
36- 38 La construction de ces versets est fort embarrassée et a donné lieu à de
nombreuses variantes sans intérêt.
36 Ps 107, 20. — Is 52, 7; Nah 2, I. — « de tous », c’est-à-dire des païens
comme des Juifs (Ro 10,12).
37- 43 Véritable compendium de la prédication apostolique, spécialement de celle
de Pierre, qui semble avoir été déterminante en ce qui concerne la structure de
l ’évangile de Marc et, par là, des deux autres synoptiques.
38 Is 61, 1. Pour le fait, voir M t 3, 16, et par. — Sur l ’expression «D ieu était
avec lui », voir 7, 9, et la note,
39 Deut 21, 22; encore 5, 30. et Ga 3,13.
41 « mangé et bu », cf Le 24, 41-43, et Jn 21, 3, 13,

ACTES 282
a prescrit de proclamer au peuple et d’attester que 10
c’est lui qui a été établi par Dieu juge des vivants
et des morts. A lui tous les prophètes rendent ce
témoignage, que quiconque croit en lui reçoit par
son Nom rémission des péchés. »
Pierre prononçait encore ces mots, quand
l’Esprit, l’[Esprit] Saint, tomba sur tous ceux qui
écoutaient la Parole. Tous les croyants de la Cir­
concision qui avaient accompagné Pierre furent
stupéfaits de ce que le don du Saint Esprit se fût
répandu même sur ceux des nations; '*®car ils les
entendaient parler en langues et magnifier Dieu.
Alors Pierre prit la parole: « Peut-on refuser l’eau
du baptême à ceux qui ont reçu l’Esprit, l’[Esprit]
Saint, tout comme nous? » Et ü prescrivit de les
baptiser au nom de Jésus Christ. Alors ils le priè­
rent de rester quelques jours.

Conversion de Corneille. Emoi des Juifs convertis


de Jérusalem. Pierre ramène le calme en exposant
qu’il n’a agi que sous la contrainte divine et avec
l’approbation éclatante de l’Esprit

^ Les Apôtres et les frères qui étaient en Judée 11


apprirent que même ceux des nations avaient reçu

42 « juge des vivants et des morts », cf 2 Tm 4, I; 1 Fe 4, 5. Pour Fidée, 1 0


d 17, 31-, Mt 16, 27; 25, 31-46; 2 Co 5 , 10.
44 « tomba sur », d 8 , 16, et la note.
46 Comme les Apôtres le jour de la Pentecôte (2, 4 ). ....
1 Dans ce chapitre, Paul, pour se justifier devant les frètes « d e la Citcon- i l
dsion » (v 2 ), c’est-à-dire les convertis du Judaïsme, reprend, avec quelques
variantes et en les résumant, les données du ch 10.

283 ACTES
11 la parole de Dieu, ^Et lorsque Pierre fut monté à
Jérusalem, ceux de la Circoncision le prenaient à
partie, ^ en disant; « Tu es entré chez des incircon­
cis et tu as mangé avec eux! » Pierre se mit alors
à leur faire un exposé suivi :
^ « J ’étais, dit-Ü, en train de prier, dans la ville de
Joppé, quand je vis, en extase, une vision: un ob­
jet descendait, comme une grande nappe tenue par
les quatre coins, qui s’abaissait du ciel et qui vint
jusqu’à moi. ®J ’observais, les yeux fixés vers elle,
et je vis les quadrupèdes de la terre, et les bêtes
sauvages, et les reptiles et les oiseaux du ciel.
^ J ’entendis aussi une voix me dire: Debout! Pierre,
tue et mange. — ^ Je dis: Non, non. Seigneur, car
ce qui est somUé ou impur n ’est jamais entré dans
ma bouche, — ®Une seconde fois, une voix reprit
du ciel: Ce que Dieu a déclaré pur, toi, ne l’appelle
plus souillé, Cela eut lieu par trois fois, et tout fut
de nouveau retiré au ciel.
« E t voilà qu’à l’instant trois hommes qui
m’étaient envoyés de Césarée se présentèrent
devant la maison où nous étions. L’Esprit me dit
d’aller avec eux sans hésiter. Les six frères que
void vinrent avec moi, et nous entrâmes dans la

3 Cette violation du code de pureté était, du point de vue du Judaïsme, une


faute très grave, ^ensemble du récit fait sentir la difficulté cpi’éprouva le diris-
tianisme naissant à se libérer des entraves du Judaïsme. Bien remarquer que ce
que l ’on r^ ro d ie à Pierre, ce n ’est pas d’avoir baptisé des païens, mais d’être
entre chez eux et d’avoir mangé avec eux.
7-10 L’attitude de Pierre prouve ^ue, sur cette question capitale, Jésus n ’avait
laissé à ses Apôtres aucune instruction. Il faut se rappeler ce mot de l ’EvangÜe
de Jn: « J ’ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais vous ne pouvez les
porter à présent. » (Jn 1 6 , 12),
11 Autre leçon bien soutenue: « où j ’étais »,

ACTES 284
maison de l ’homme. Il nous annonça comment il 11
avait vu dans sa maison l’ange se présenter et dire;
Envoie à Joppé et fais venir Simon, surnommé
Pierre; il te dira des paroles grâce auxquelles tu
seras sauvé, toi et toute ta maison.
« Je commençais à parler quand l’Esprit, 1’[Es­
prit] Saint, tomba sur eux, tout comme sur nous au
commencement. Je me souvins de la parole du
Seigneur, qui disait: Jean a baptisé avec de l’eau,
mais vous, vous serez baptisés dans l’Esprit Saint.
Si donc Dieu leur a donné le même don qu’à
nous qui avons cru au Seigneur Jésus Christ, qui
étais-je, moi, pour pouvoir m’opposer à Dieu? »
En entendant cela, ils se tinrent tranquilles, et
ils glorifièrent Dieu en disant: « Donc, aux nations
aussi Dieu a donné le repentir qui mène à la vie! »

L’entrée en masse de ceux des nations dans


l’Eglise. Fondation de l’Eglise d’Antioche. Barnabé
et Saul à Antioche

^®Ceux donc qu’avait dispersés l’affliction sur­


venue à l’occasion d’Etienne passèrent jusqu’en
Phénicie, et à Chypre et à Antioche, n’annonçant la
Parole à personne, si ce n ’est aux seuls Juifs. ^ Mais

15 En réalité, l ’exposé catédiétique de H erte avait dû être assez long (10, 34-43).
16 Verset précieux:, qui montre comment les paroles de Jésus, d’abord incom­
prises, s’éclaimîent à la lumière des événements. Cette parole est rapportée Ac 1, 5.
17 L ’attitude de Pierre est à la fois humble et habile.
18 Cette fois, tout se termine bien. Mais la bataille entre légalistes et <clibéraux »
ne fait que commenœr.
19 n s’agit de la Parole par excellence, l ’Evangile.

285 A CTES
11 il y en eut quelques-uns, des Cypriotes et des Cyré-
néens qui, venus à Antioche, s’adressèrent aussi
aux Grecs et leur annoncèrent la bonne nouvelle
du Seigneur Jésus. ^^Et la main du Seigneur était
avec eux, et grand fut le nombre de ceux qui cru­
rent et se tournèrent vers le Seigneur.
J^La nouvelle en vint aux oreilles de l’Eglise
établie à Jérusalem, et on envoya Barnabé à An­
tioche. ^ Quand il fut arrivé et qu’il eut vu la grâce
de Dieu, il se réjouit et il les exhorta tous à rester
d’un cœur ferme attachés au Seigneur; car
c’était un homme de bien, et rempli d’Esprit Saint
et de foi. E t une foule considérable fut ajoutée
pour le Seigneur.
[Barnabé] se rendit à Tarse pour rechercher
Saxil. Et l’ayant trouvé, il l’amena à Antioche. Or
donc, ils furent reçus dans l’Eglise une année tout
entière, et ils instruisirent une foule considérable;
et c’est à Antioche que pour la première fois on
donna aux disciples le nom de chrétiens.

20 « Grecs », c’est-à-dite non Juifs.


21 « la main », c’est-à-dite; l ’assistance, la protection. Expression biblique, pour
désigner l ’intervention toute puissante de Yahvé: Ex 9, Jî 1 Sam 5, 6, 9j Is 59, 1;
66, 14; Ez 1, 5.
24 Luc est heureux de saluer' de ce bel eloge le défenseur des libertés chrétiennes
contre les intransigeants et les timorés de Jérusalem.
25 Capitale de la province de Cilicie et patrie de Paul (Ac 21, 59; 22, 5). Paul
s’y trouvait, depuis son départ précipité de Jérusalem (9, 50). Le terme employé
laisse supposer que la recherche de Barnabé a été laborieuse.
26 « iis furent reçus », ou « ils vécurent ensemble dans l ’Eglise », ou « ils agitent
de concert ». Texte difficile. — « chrétiens », c’est-à-dite sectateurs de Christos,
nom que les païens d’Antioche entendaient souvent prononcer par les chrétiens.

ACTES 286
Deuxième voyage de Saul à Jérusalem

ces jours-là, des prophètes descendirent 11


de Jérusalem à Antioche. ^®L’un d’eux, du nom
d’Agabus, se leva et signifia, par l’Esprit, qu’il allait
y avoir une grande famine dans le monde entier;
c’est celle qui eut heu sous Claude. ^ Les disciples
décidèrent d’envoyer, chacun selon ses moyens,
une contribution au service des frères qui habi­
taient en Judée: ^“ce qu’üs firent, en l’expédiant
aux anciens par l’entremise de Barnabé et de Saul.

Persécution d’Hérode Agrippa. Emprisonnement et


délivrance miraculeuse de Pierre

^ Vers ce temps-là, le roi Hérode entreprit de 12


maltraiter quelques-uns des membres de l’Eghse.
^ Il tua par le glaive Jacques, le frère de Jean.

27 « Eu ^ces jours4â », cette indication chronologique, vague en elle-même, se 11


rapporte ici à l ’époque oh Barnabé et Saul travaillaient ensemble.à Antiodie. —
Les «prophètes» (13, U 15, 32; 21, P, 10) avaient une place de choix dans les
communautés. Paul (1 Uo 12. 28; Eph 4, 11) les range immédiatement après les
apôtres, dans la hiérarchie des charismes, en raison du privilège qu’ils avaient
d’exhorter, d’édifier, de lire dans les coeurs et, le cas échéant, de prédire l ’avenir.^
28 Agabus reparaît à Césarée (21, 10). — «se leva», dans l ’assemblée des fidèles.
— Le texte Occ. a tme leçon peut-être originale: « Il y eut grande allégresse. Et
comme nous nous trouvions réunis, l ’un d’eux, Agabus...» On aurait ici le pre­
mier emploi du « nous » dans le récit. Voir 16, 10. — « famine » ou « disette »,
Les famines ne manquèrent pas sous le règne de Claude (41-54). Josèphe parle
d’une famine qui aurait sévi en Palestine sous les procurateurs Cuspius Fadus et
llberius Alexander, soit de 44 à 48.
30 « anciens », ce mot désigne les membres de la communauté chargés, sous
l’autorité supérieure des Apôtres, de certaines fonctions administratives. ^^
1 «Vers ce temps-là», cette formule, aussi vague que « en ces jours-là» (1, 13; 1 2
6, 1; 9, 37; etc.), obtient précision grâce aux données de l ’histoire générale.
L’événement a dû se passer entre 41 — date oh Hérode devint « roi » de Judée
et de Samarie — et 44, date de sa mort (v 23). — «entreprit», lit: «porta les
mains pour ».
2 Plusieurs critiques, s’appuyant sur des bribes de textes obscurs, selon lesquels

287 ACTES
12 ^Voyant que cela plaisait aux Juifs, il fit encore
prendre Pierre. On était aux jours des Azymes.
L’ayant appréhendé et mis en prison, il le confia à
la garde de quatre escouades de quatre soldats,
dans l’intention de le produire devant le peuple
après la Pâque. ®Pierre, donc, était gardé dans la
prison, tandis que l’Eglise priait Dieu pour lui ar­
demment.
®Or, comme Hérode allait le faire comparaître,
cette nuit-là, Pierre, lié de deux chaînes, dormait
entre deux soldats, tandis que des sentinelles,
devant la porte, gardaient la prison. ^ Et voici qu’un
ange du Seigneur se présenta, et tme lumière res­
plendit dans le cachot. Frappant Pierre au côté, il le
réveilla, en disant: « Debout! Vite! » E t les chaînes
lui tombèrent des mains. ®L’ange lui dit: « Mets ta
ceinture et chausse tes sandalettes »; ainsi fit-il. E t il
lui dit: « Revêts ton manteau et suis-moi. » ^ E t
[Pierre] sortit et il le suivait, mais sans savoir que ce
qui arrivait par l’ange était vrai; il pensait regarder
ime vision. “ Ils franchirent un premier poste de
garde, puis un second, et vinrent à la porte de fer

Jean aurait subi le même sort que son &ète (Mt 20, 2 3), proposent de lire, contre
toute la tradition- manuscrite: « Jacques et Jean son frère ». Fantaisie qui mérite à
peine d’être signalée.
3 « jours des Azymes », c’est-à-dire la semaine t^scale, du 14 au 21 Nisan,
pendant laquelle on mangeait des pains azymes, c’est-à-dire sans levain. Cf Mt 26,
17, et par; 1 Co 5, 7S .
4 « mis en prison », soit dans la caserne de la forteresse Antonia, au nord-ouest
de l ’esplanade du Temple, soit dans le Palais d’Herode, qui dominait la ville
haute. — « quatre escouades », tme pour chacune des quatre « veilles » de la nuit.
— « après la Pâque », pour ne pas souiller la Fête par une exécution capitale.
6 Texte embarrassé. U s’agit de la nuit précédant le jour où Pierre doit compa­
raître.
7 « l ’Ange du Seigneur », cf 5 ,1 9 , et la note.
8 « Mets ta ceinture », pour retrousser la longue tunique et en retenir les plis à
la ceinture; c’est la tenue de marche (cf Le 12, 3 j).

39 — La chute de Simon le magicien. Aux données des Actes


(8 , 18-24), la légende ajoute l’épisode de l’Ascension de Simon,
qui voulut s’élever dans le ciel, emporté par des anges. Pierre se
m it en prière et les démons précipitèrent le m a^cien sur le sol.
Peinture de l’Ecole française, milieu du X V ” siècle. Musée Vivenel,
Compiègne.
4 0 — P ie rre e s t d é liv ré d e p ris o n p a r u n ange (1 2 , 6-11).
Vitrail du X I P siècle. Cathédrale du Mans.
Emprisonnement et délivrance de Pierre.
Bible italienne. Venise, 1525.

qui donne sur la ville. D ’eËe-même, celle-ci s’ouvrit 12


devant eux. Ils sortirent et s’avancèrent dans une
rue, et aussitôt l’ange le quitta. “ E t Pierre, revenu
à lui, dit; « Maintenant je sais vraiment que le Sei­
gneur a envoyé son ange et qu’il m’a arraché à la
main d’Hérode et à tout ce qu’attendait le peuple
juif. »
^ S’étant reconnu, Ü vint à la maison de Marie, la

10 On ne sait tien de cette <cporte de fer ». — Après « ils sortirent », le texre


Occ. ajoute: « descendirent les sept degrés », leçon peut-être originale.
12 Marie est identîâée par référence a Jean Marc, le fils étant plus connu que
la mère. 11 paraît tantôt sous le nom de «Jean, surnommé Marc» (Ac 12, 2J),
ou de « Jean, appdé It^rc » (Ac 15, 57), tantôt sous celui de <c Marc » (Ac 15, 59:
Col 4, 10; Phm v 24; 2 Tm 4, 11; 1 Pe 5, 15), tantôt sous celui de « Jean »

apprend qu'

289 ACTES
12 mère de Jean surnommé Marc, où un bon nombre
de personnes se trouvaient réunies et priaient. ^ Il
frappa à l’entrée du portail, et une servante du
nom de Rhodé vint aux écoutes. ^'’ EUe reconnut
la voix de Pierre et, dans sa joie, elle n ’ouvrit
pas le portail, mais elle courut à l’intérieur annon­
cer que Pierre se tenait devant le portail. Ils
lui dirent; « Tu es folle! » Mais elle soutenait avec
insistance qu’il en était ainsi. Et eux de dire; « C’est
son ange. » Cependant Pierre frappait toujours.
Quand ils eurent ouvert, ils le virent et furent stupé­
faits. ^^Màis, de la main, [Pierre] leur fit signe de
se taire et leur raconta comment le Seigneur l’avait
fait sortir de la prison. Et il dit; « Annoncez cela à
Jacques et aux frères. » Puis il sortit et s’en alla
dans un autre lieu.
Le jour venu, on ne fut pas peu troublé chez
les soldats; qu’était donc devenu Pierre? ^®Hé-
rode le fit rechercher et, ne le trouvant pas, il inter­
rogea les sentinelles et ordonna de les emmener.
Puis de Judée il descendit à Césarée, où il
séjourna.

13-17 Petit récit plein de vivacité et de pittoresque, qui se rapproche de la


manière de Marc.
13 Cette servante a un nom grec: Khodé = Rose.
15 La croyance à « l ’ange gardien » était fort répandue chez les Juifs.
17 II s’agit de jfacques, le « frère du Seigneur » (Mt 13, 55, et par) qui, en raison
même de cette parenté, jouissait d’un grand prestige dans la communauté de
. Jérusalem et y occupait une place de choix (Ga 2, 9, 12; Ac 15, 15» 21, 18),
19 Les gardes qui laissaient s’évader un prisonnier encouraient la peine même de
ce dernier (Ac 16, 27; 27, 42). Cependant, le mot grec que nous avons traduit « fit
exécuter» pourrait s’entendre, en un sens moins fort, d’une simple condamnation
à la prison.

ACTES 290
M-ort d’Hérode

^ Hérode était fort irrité contre les gens de Tyr 12


et de Sidon. Ceux-ci d’un commun accord vinrent
le trouver et, après avoir gagné Blastus, le cham­
bellan du roi, ils demandaient la paix, parce que
leur pays tirait sa subsistance de celui du roi. Au
jour fixé, Hérode, revêtu de l’habit royal et assis au
tribxmal, les haranguait. “ E t le peuple criait: « Voix
d’un dieu, et non d’tm homme! » Mais, à l’instant
même, l’Ange du Seigneur le frappa, parce qu’il
n ’avait pas rendu gloire à Dieu, et mangé des vers,
il expira.

Saul et Barnabé reviennent à Antioche

^ L a parole du Seigneur croissait et se multi­


pliait. ^ Quant à Barnabé et Saul, une fois leur ser­
vice assuré, ils s’en retournèrent de Jérusalem,
emmenant avec eux Jean qu’on avait surnommé
Marc.

20 On ignore la cause de cette « irritation », mais il est vraisemblable qu’elle


était due à un conflit d’intérêts é<x>nomiques. Tyr et Sidon, cités maritimes, qui
vivaient de tractations commerciales, dépendaient, pour les denrées alimentaires
dont elles avaient besoin, des pays agricoles voisins. Il en était déjà ainsi au temps
de Salomon (1 Rs 5, 23).
21-23 Le récit que les Antiquités judaïques de Josèphe (19, 8, 2) donnent de la
mort d’Hérode. a la fois plus détaillé et moins dramatique (Hérode ne meurt que
cinq jours apres avoir été «saisi d’une subite douleur d’intestins»), semble plus
près de la réalité historique.
23 C’est'â-dire n’avalt pas rapporté à Bleu la gloire que les flatteries des courtisans
et du peuple lui avaient attribuée (v 22). — «mangé des vers», comme Antio*
chus Ephiphane (2 Mac 9, 5, 9 ) . — « ejtpira », cf 5, 5, 10.
24 Regain joyeux, dont Luc salue les progrès de la Parole (cf 6, 7; 13, 49i
19, 20).
23 Autre leçon bien attestée: <c après avoir accompli leur ministère à Jérusalem,
ils revinrent ».

291 ACTES
Saul et Barmbé envoyés en mission par VEgj,ise
d’Antioche

13 ^ Il y avait dans l’Eglise établie à Antioche des


prophètes et des docteurs: Barnabe, Syméon ap­
pelé Niger, Lucius le Cyrénéen, Manaën, un cama­
rade d’enfance d’Hérode le tétrarque, et Saul.
^Tandis qu’ils célébraient le culte du Seigneur et
jeûnaient, l’Esprit, 1’[Esprit] Saint, dit: « Mettez-
moi donc à part Barnabé et Saul pour l’œuvre à la­
quelle je les ai appelés. » ^ Alors, après avoir
jeûné et prié, ils posèrent les mains sur eux et les
firent partir.

Saul et Barnabé à Chypre.


Le proconsul Sergius Paulus. Le mage Elymas

^ Eux donc, envoyés par le Saint Esprit, descen­


dirent à Séleucie, d’où ils firent voile vers Chypre.
^ Et arrivés à Salamine, ils annonçaient la parole de
Dieu dans les synagogues des Juifs. Ils avaient
aussi Jean comme auxiliaire. *Après avoir traversé

1 « prophètes », voir 11, 27, et la note. — « docteurs », chrétiens qui ont reçu
le don d^enseigner leurs frères. En 1 Co 12, 28, Paul les range immédiatement
après les apôtres et les prophètes, dans la hiérarchie des membres de la commu­
nauté qui ont reçu un don de l ’Esprit — un charisme — en vue du bien
commun. — Niger, c’est-à-dire le Noir. — Il s’agit de l ’Hérode de la Passion:.
Le 23, é-I2; Ac 4, 27, mentionné à plusieurs reprises dans les évangiles: Le 3, 1;
8. 3; 13, 31-33; Mc 6, 14-27 et par, etc.
2 « l ’Esprit dit », par l ’organe d’un des prophètes.
4 « Séleucie », le port d’Antioche. — Barnabé était originaire de Chypre (4, 35).
5 « Salamine », suc la côte orientale de l ’île de Chypre. — « dans les synagogues »,
telle ftit toujours la ligne de conduite de Paul. Comme descendance d’Abraham,
qui avait reçu les promesses, les Juifs devaient recevoir les premiers l ’annonce
que ces promesses étaient maintenant réalisées, cf v 45; 18, J; Ro 1, 15; 2, 9-10.
— Sur Jean, c’est-à-dire Jean Marc, voir 12, 12, et la note.

ACTES 292
toute l’île jusqu’à Paphos, ils trouvèrent un certain 13
magicien, faux prophète juif, du nom de Bar-Jésus,
’ qui était avec le proconsul Sergius Paulus,
homme intelligent. Ce dernier fit appeler Bamabé
et Saul, et il demanda à entendre la parole de
Dieu. *Mais Elymas le magicien — c’est ce que
veut dire son nom — leur résistait, cherchant à
détourner de la foi le proconsul. ®Saul, qui est
aussi Paul, rempli d’Esprit Saint, fixa les yeux vers
lui “ et dit: « O toi qui es plein de toute ruse et de
toute scélératesse, fils du diable, ennemi de toute
justice, ne cesseras-tu pas de pervertir les voies du
Seigneur qui sont droites? E t maintenant, voici
que la main du Seigneur est sur toi: tu seras aveu­
gle et pour un temps tu ne verras pas le soleil. » A
l’instant même, tombèrent sur lui obscurité et ténè­
bres, et allant de tous côtés, il cherchait des guides.
Alors, à la vue de ce qui était arrivé, le proconsul
embrassa la foi, frappé de la doctrine du Seigneur.

6 Soit environ rm trajet d’environ 180 km. — Paphos, port sur la côte occi­
dentale de nie, et résidence du gouverneur. — Bar-Jésus, c’est-à-dire: fils de Jésus
ou de Josué.
7 Sergius Paulus a le titre de proconsul, parce que, à cette époque, Chypre était
province sénatoriale.
8 « Elymas le magicien... », texte d’interprétation difficile. Peut-être appelait-on
Bar-Jésus de ce nom, dont le sens paraît être « sage », et que l ’écrivain a entendu
d’expert en arts magiques.
9 Les Jtiifs avaient souvent deux noms, un nom juif et xm nom grec ou latin
(Jean-Marc; Joseph-Barsabbas-Justus (1, 23). Maintenant que Saul entre vraiment
en contact avec le monde païen, Luc lui donne son nom latin.
10 Nous avons traduit: « rendre pleines de détours », pour souligner l ’emploi —
probablement intentionnel — du meme terme aux versets 8 et 10. — Os 14, 10.
11 « la main du Seigneur... », cf 11, 21, et la note.

293 ACTES
Paul et Bamabé à Antioche la Pisidienne

13 De Paphos, gagnant le large, Paul et ses com­


pagnons vinrent à Pergé, en Pamphylie; mais Jean,
s’éloignant d’eux, retourna à Jérusalem. Pour
eux, poussant au-delà de Pergé, ils arrivèrent à
Antioche la Pisidienne et, entrés à la synagogue le
jour du sabbat, ils s’assirent. Après la lecture de
la Loi et des Prophètes, les chefs de la synagogue
leur envoyèrent dire: « Frères, si vous avez quelque
•parole d’exhortation pour le peuple, parlez. »
Paul, se levant, fit signe de la main et dit:
« Israélites, et vous qui craignez Dieu, écoutez.
Ro 9 ,4 -i
Le Dieu de ce peuple, Israël, fit choix de nos
pères et il éleva le peuple bien haut pendant son
séjour au pays d’Egypte. Et il les en fit sortir à bras
levé, et pendant quarante ' ans environ, il les
entoura de soins au désert. ^^Puis U détruisit sept
nations au pays de Canaan, et U distribua leur pays
en héritage “ pour environ quatre cent cinquante

13 « Paul et ses compagnons », lit: « ceux qui étaient autour de Paul ». Paul a pris
la direction, il est « le chef de la parole» (14, 32). —* Province romaine située au
sud de l ’Asie Mineure. — « s’en retourna », sans doute effrayé p ^ la longueur et
les périls du voyage missionnaire projeté par Paul. Ce dernier lui en tint rigueur
[15,37-40). ^ , , . , ,
14 Autre leçon; « Antioche de Pisidie ». Mais, à cette époque, Antioche ne^ faisait
pas partie de la Pisidiej elle était située vers ses confins nord-est, La Pisidie était
une région montagneuse de l ’Asie Mineure, au nord de la Pamphylie.
16 « vous qui craignez Dieu », voir 10, 2. et la note. — Ce discours est le type
des discours de Paul à ses auditoires juifs. Il se compose; 1° d’un résumé de
l ’histoire d’Israël d’Abraham à David (37-22); 2° d’un témoignage et d’un com­
mentaire sur la mort et la résurrection de Jésus (23-37); 3° d’un appel pressant a
la fol {38-41). 11 présente beaucoup de ressemblances avec le discours de Pierre, le
jour de la Pentecôte (2, 22-36).
17 « ce peuple », désignation emphatique d’Israël. — « à bras levé » (he: « d’un
bras étendu »), Ex 6, 3, 6; surtout Deut 4, 34; 5, 33; 7, 13; etc., expression biblique
pour désigner l ’action toute puissante de Dieu.
18 Deut 1,33.
19 Deut 7, 3, .qui énumère « les sept nations ».-

ACTES 294
ans. E t après cela il leur donna des juges jusqu’à 13
Samuel, le prophète. Ensuite ils réclamèrent un
roi, et Dieu leur donna pour quarante ans Saül, fils
de Kis, homme de la tribu de Benjamin. ^ Puis il le
rejeta et leur suscita pour roi, David, à qui il rendit
ce témoignage: J'ai trouvé David, fils de Jessé,
homme selon mon cœur, qui fera toutes mes vo­
lontés. — “ C’est de sa descendance que Dieu, ^
selon sa promesse, a amené à Israël im sauveur;
Jésus. ^'^Dès avant sa venue, Jean avait proclamé
rm baptême de repentir à tout le peuple d’Israël.
“ Et, comme Jean achevait sa course, il disait: Ce
que vous supposez que je suis, moi je ne le suis
pas; mais voici que vient après moi celui dont je ne
suis pas digne de délier la chaussure.
^ « Frères, vous les fils de la race d’Abraham, et
vous ici présents qui craignez Dieu, c’est à vous
que cette parole de salut a été envoyée. En
effet, ceux qui habitent à Jérusalem et leurs chefs
ont méconnu ce [Jésus], ainsi que les paroles des
prophètes qu’on Ht chaque sabbat, et qu’ils ont
accomplies en le condamnant. E t sans trouver en
lui aucun motif de mort, ils ont demandé à Pilate
de le tuer. Après avoir achevé tout ce qui se
trouvait écrit de lui, ils l’ont descendu du gibet

20 « des juges », ce sont les héros du Livre des Juges.


22 1 Sam 13, U \ Ps 89, 21; Is 44, 2S.
23 Paul, négligeant toute Phistoite postérieure d’Israël, relie directement Jésus
à David.
25 Çf Mc 1, 7, et par. Rien, dans les textes évangéliques, n’indique que Jean-
Baptiste ait rendu ce témoigimge « comme il adievait sa course ». Cette insistance
sur la déclamtion de Jean viendrait-elle de ce qu’il y avait dans l ’auditoire des
disciples de Jean? cf 19, J-4; Jn 1, S, 15; 3, 25,
28 a 3 ,1 3 , et la note.

295 ACTES
13 et mis au tombeau. ^ Mais Dieu l’a relevé d’entre
icoi5, 3 - 8 jg g morts, et pendant de nombreux jours il est
apparu à ceux qui étaient montés avec lui de Gali­
lée à Jérusalem, ceux-là mêmes qui sont mainte­
nant ses témoins auprès du peuple.
« Et nous, nous vous annonçons la bonne nou­
velle: la promesse faite à [nos] pères, ^^Dieu l’a
Ro 15, 8
accomplie pour nous, leurs enfants, en ressuscitant
He 1, 5
5, 5 Jésus, tout comme il est écrit au psaume deuxième:
Tu es mon fils; c’est moi qui t’engendre aujourd’hui.
— Que Dieu l’ait ressuscité d’entre les morts
pour ne plus devoir retourner à la corruption, c’est
bien ce qu’il a dit: Je vous donnerai les choses
saintes de David, celles qui sont sûres. — C’est
pourquoi ailleurs encore il dit: Tu ne laisseras pas
ton Saint voir la corruption. — “ Or David, après
avoir en son temps servi le dessein de Dieu, s’est
endormi, a été adjoint à ses pères et a vu la corrup­
tion. Mais celui que Dieu a relevé n ’a pas vu la
corruption.
Eph 1, 7
« Sachez-le donc, frères: par lui la rémission
Col 1,14
des péchés vous est annoncée; de tout ce dont
Ro 20,28 n’avez pu être justifiés par la Loi de Moïse,
en lui, quiconque croit est justifié. Prenez

33 Autre leçon, moins bonne, bien que fort attestée: <c nos en&nts ». — Ps 2, 7.
34 Is 55, 3. — « les dioses saintes de David » sont les promesses &ites à David
en faveur de sa descendance, et qui ne peuvent s’accomplir intégralement que
par la résurrection de J^ u s.
35 Cf Ps 16, 10, déjà cité 2, 27. Voir la note sur 2, 25-28.
36 C i 2, 29-31.
38-39 C’est la seule mention qui soit faite, dans les discours de Paul relatés par
les Actes, d’une des idées fondamentales de la pensée de l ’Apôtre. Pierre, au
<( concile » de Jérusalem, tiendra, et d’une manière encore plus accentuée, le même
langage (1 5 , 10-11).

ACTES 296
donc garde qùe ne survienne ce qui se trouve dit 13
dans les Prophètes:
Voyez, contempteurs,
et étonnez-vous et disparaissez!
Car moi je fais en vos jours une œuvre,
une œuvre que vous ne croiriez pas, si on vous
[la racontait. »
Comme ils sortaient, on les pria de parler le
sabbat suivant sur le même sujet. Et quand l’as­
semblée se fut séparée, beaucoup de Juifs et de
prosélytes adorateurs suivirent Paul et Barnabé, et
ceux-ci, dans leurs entretiens avec eux, les enga­
geaient à rester attachés à la grâce de Dieu,
Le sabbat suivant, presque toute la viUe se
rassembla pour entendre la parole de Dieu. A la
vue de ces foules, les Juifs furent remplis de jalou­
sie, et ils répliquèrent par des blasphèmes à ce que
disait Paul. Mais, pleins d’assurance, Paul et
Barnabé dirent: « C’était à vous d’abord que devait
être annoncée la parole de Dieu. Puisque vous la
repoussez et que vous-mêmes ne vous jugez pas
dignes de l’éternelle vie, eh bien! nous nous tour­
nons vers les nations. '^^ Car ainsi nous l’a com­
mandé le Seigneur:
]e t’ai établi lumière des nations.

41 Hab 1, 5. cîté d’après les LXX.


43 II s’agirait Ici, non de prosélytes proprement dits (voir 2, 11, et la note), mais
de païens « craignant Dieu », non circoncis.
43 « blasphèmes », ou « injures ».
46 « à vous d’abord », c£ v 3, et la note.
47 Is 49, 6. Le texte vise le Serviteur de Yahvé.

297 ACTES
pour que tu deviennes le salut jusqu'à l’extrémité
[de la terre. »
13 ‘‘®Ën entendant, ceux des nations, joyeux, glori-
Ro 8,29-30 fiaient la parole du Seigneur, et tous ceux-là cru­
rent, qui étaient désignés pour la vie étemelle.
^®La parole du Seigneur se répandait à travers
toute la contrée. ™Mais les Juifs montèrent la tête
aux dames distinguées qui.adoraient [D ieu], ainsi
qu’aux notables de la ville; ils soulevèrent ime per­
2Cb 6, 3
sécution contre Paul et Barnabé et les chassèrent
2T m 3 .1 1
de leur territoire. Ceux-ci, secouèrent contre eux
la poussière de leurs pieds et vinrent à Iconium.
“ Quant aux disciples, ils étaient remplis de joie
et d’Esprit Saint.

Paul et Barnabé à Iconium

14 ^ Or donc, à Iconium, ils entrèrent de même dans


la synagogue des Juifs et parlèrent de telle sorte
qu’une nombreuse multitude de Juifs et de Grecs
embrassèrent la foi. ^Mais les Juifs restés incré­
dules soulevèrent et indisposèrent contre les frères

13 48 On lencontte fréquemment dans la littérature rabbinigue l ’expression « être


destiné à la vie du monde futur». L’A.T. fait à plusieurs reprises mention d’un
livre où se trouvent inscrits ceux qui sont destinés à la vie: Ex 32, 32-33\ Is 4, 3;
Dan 12, 1; Ps 69, 29. L’image a passé dans le N.T.: Le 10, 20; Phi 4, 3; Ap 3, 5;
13, 8; 20, 13i 21, 27. Ainsi est-il affirmé que « la vie étemelle » est un don de
Dieu.
50 En 17, 12, nous rencontrons heureusement d’autres « dames distinguées » qui
embrassent la foi.
51 En exécution de la çarole du Maître, cf Mt 10, 14. C’est le symbole de la
mpture complète et définitive avec quelqu’un. A Corinthe, pour signifier la même
attitude, Paul secouem ses vêtements (18, 6).
14 1 Ville réunie administrativement à la Lycaonie, mais phrygienne d ’origine et
de langage: la moderne Koniéh. Faisait partie de la province romaine de Galatie.
— « d e même », ou « ensemble ».

ACTES 298
les âmes de ceux des nations. ^ [Paul et Barnabe] 14
prolongèrent donc leur séjour un assez long temps,
pleins d’assurance en l’appui du Seigneur, qui ren- ^coia.ia
dait témoignage à la parole de sa grâce en accor- ^
dant que signes et prodiges se fassent par leurs
mains. *La population de la ville se divisa: les uns
étaient pour les Juifs, les autres pour les apôtres.
®E t comme ceux des nations et les Juifs, avec leurs
chefs, s’élançaient pour les outrager et les lapider, ^
®[les apôtres], s’en étant aperçus, se réfugièrent
dans les villes de Lycaonie, Lystres, et Derbé, et
dans [toute] la contrée, ’ et là ils annonçaient
l’Evangile.

Paul et Barnabé à Lystres

®Et à Lystres se tenait assis un homme impotent


des pieds, boiteux dès le ventre de sa mère, qui
n ’avait jamais marché. ®I1 écoutait parler Paul.
Celui-ci, fixant les yeux sur lui et voyant qu’il avait
la foi pour être sauvé, “ dit d’une voix forte:
« Lève-toi droit sur tes pieds. » E t il sauta et se mit
à marcher.
“ A la vue de ce qu’avait fait Paul, les foules
élevèrent la voix et dirent en lycaonien: « Les

6 Lycaonie; entre la Fbtygie à l ’ouest, la Galatie ethnique au nord, la Cappa-


doce à l ’est, la Cilicie et la Fisidie au sud. Fays de pâturages et d’élevage.
S Au sud-ouest de la Lycaonie.
9 « la foi pour être sauvé », c’est-à^lire la foi qui est nécessaire pour être guéri
(c fM c 9 ,2 3 ).
10 'Eli 2 , 1 . — « il sauta », cf 3, S; Mc 10, 5 0 {« bondissant »).
11 « e n lycaonien», c’était la langue des indigènes. La langue officielle était le
latin, celle des affaires et des relations, le gtec. — Il ne faut pas oublier que.

299 ACTES
G u ^ o n du b oiteu x d e L ystres. L ’illu strateu t n ’h ésite pas à
u tiliser un docum ent où P au l est atitéolé du nim be crucifère.
Bible italienne. Venise, 1525.

14 dieux, devenus semblables à des hommes, sont


descendus chez nous. » Ils appelaient Barnabé
2Co 10, JO
U , 6 Zeus et Paul Hermès, parce que c’était lui qui por­
tait la parole, prêtre du Zeus-de-devant-la-
ville, ayant amené devant les portes taureaux et
guirlandes, voulait, avec les foules, offrir un sacri­
fice. ^“^Mais, l’ayant appris, les apôtres Barnabé et
Paul déchirèrent leurs vêtements et bondirent vers
la foule, en criant:

selon la mythologie, Fhilémon et Baucls avaient teyu Zeus et Hermès en Ly­


caonie.
12 « portait la parole », lit: « était le chef de la parole ». Hermès était le dieu
de l ’éloquence.
13 Ainsi nommé pour le distinguer des autres Zeus, et parce qu’il avait son
temple « devant la ville ». — « ayant amené... des guirlandes », de manière è les
parer pour le sacrifice.

ACTES 300
« Hommes, que faites-vous là? Nous aussi, 14
nous sommes de même nature que vous, des hom­
mes qui vous exhortons à abandonner ces Vanités, ^
pour vous tourner vers le Dieu vivant qui a fait
le cielj et la terre, et la mer et tout ce qui s’y
trouve. ^*Dans les générations passées, ü a laissé
toutes les nations suivre leurs voies; d’ pourtant il
n ’a pas manqué de se rendre témoignage par ses
bienfaits, vous donnant du ciel pluies et saisons
fertÜes, comblant vos cœurs de nourriture et de
gaieté. » E t ce disant, à peine empêchèrent-ils
les foules de leur offrir un sacrifice.
d®D’Antioche et d’Iconium survinrent alors des
Juifs qui gagnèrent les foules, lapidèrent Paul et
le traînèrent hors de la ville, croyant qu’il était
mort. Mais les disciples l’entourèrent; il se releva
et entra dans la ville.

Vaul à Derbé. Fin de la première mission: retour à


Antioche de Syrie

Le lendemain, il partit avec Barnabé pour Derbé.


^d Après avoir évangélisé cette ville et fait bon
nombre de disciples, ils retournèrent à Lystres, et à
Iconium et à Antioche, ^ affermissant l’âme des

15 Pour l ’attitude, cf Pierre devant Corneille (10, 2fi) et Jean devant l ’ange de
l ’Apocalypse (Ap 19, 10; 22, 9 ). Pour l ’expression « d e même nature» (lit: «ayant
mêmes passions, affections, sentiments »), cf Ja 5,17.
16 Ce sont « les temps de l ’ignorance » du discours sur l ’Acropole (17, 50).
17 Ce verset respire l ’tmtimisme et la joie. I l semble qu’on y perçoive un écho
du psaume 104,15,15, 16, 24, 31.
19 Même chasse il l’homme 17, 15. — «lapidèrent», cf 2 Co 11, 25, et aussi
2 Tm 3,11.

301 A CTES
14 disciples, les exhortant à rester attachés à la foi, et
iTh3, 3-4 disant] que c’est par beaucoup d’afflictions
qu’il nous faut entrer dans le Royaume de Dieu.
Ils leur désignèrent des anciens dans chaque
Eglise et, après avoir prié et jeûné, ils les confièrent
au Seigneur en qui ils avaient cru. ^Traversant
alors la Pisidie, ils vinrent en Pamphylie, ® et après
avoir annoncé la Parole à Pergé, ils descendirent à
Attalia. ^ De là ils firent voile vers Antioche, d’où
ils avaient été confiés à la grâce de Dieu pour
l’œuvre qu’ils venaient d’accomplir. ^ K leur arri­
vée, ils rassemblèrent l’Eglise et racontèrent tout ce
1 0 )1 5 ,1 0
que Dieu avait fait avec eux, et comment il avait
ouvert aux nations la porte de la foi. ^P u is ils
passèrent un temps assez long avec les disciples.

La question de la circoncision et des observances


légales au « Concile » de Jérusalem. La charte
libératrice [troisième voyage de Paul à Jérusalem]

15 ^ Des gens descendus de Judée enseignaient


aux frères; « Si vous n’avez pas été circoncis selon

14 22 Paul a éprouvé très vivement le souci d’assurer la persévérance et le progrès


des néophytes: 13, 43; 15, 36, 41; 16, 4-5; 20, 1-2. — « c ’est par beaucoup d’af­
flictions qu’il nous faut entrer », cf Eph 3, 23j Col 1, 24j 1 Th 3, 3 sv; 2 Th 1,
4 sv; 2 Tm 3, 12.
23 Le terme employé ici semble indiquer que les anciens ont été « désignés » par
l ’imposition des mains.
25 « Attalia », port de la Pamphylie.
27 « la porte », pour cette métaphore, cf 1 Co 16, S>; 2 Co 2 ,1 2 ; Col 4, 3.
15 1 La « discussion » (v 2) ne pouvait être que vive sur un problème qui était à
la fois d’attitude et de doctrine. Le point de vue « des gens descendus de Judée »
était conforme à la tradition, une tradition plus que millénaire; celui de Paul et
de Batnabé relevait d’une intelligence plus profonde de l’œuvre de Jésus.

ACTES 302
la coutume de Moïse, vous ne pouvez être sau- 15
vés. » ^11 s’ensuivit une controverse et une discus-
sion assez vive entre eux et Paul et Barnabe, et on
décida que Paul, Barnabé et quelques autres des Ga 2, 1 ?
leurs monteraient à Jérusalem vers les Apôtres et
les anciens pour traiter de cette question.
^ Eux donc, après avoir été accompagnés par
l’Eglise, traversèrent la Phénicie et la Samarie, ra­
contant en détail la conversion des nations, et ils
causaient une grande joie à tous les frères.
'‘Arrivés à Jérusalem, ils furent accueillis par
l’Eglise, les Apôtres et les anciens, et ils racontè­ IC o 15.10
rent tout ce que Dieu avait fait avec eux. ^ Alors se
levèrent quelques-uns de la secte des Pharisiens
qui avaient cru, pour dire: Il faut les circoncire et
leur prescrire de garder la Loi de Moïse.
^Les Apôtres et les anciens s’assemblèrent pour
examiner cette affaire. ^ Une grande discussion
étant survenue, Pierre se leva et leur dit: « Frères,
vous le savez: dès les premiers jours. Dieu a fait
son choix parmi vous, pour que, par ma bouche,

2 Jérusalem reste pour ces païens omvertîs d’Antiodie FEglise mère, au juge>
ment et aux décisions de laquelle on se réfère, cf 11, 22.
3 « grande joie »; rf 8, 8, 39; 11, 23; 13, 48, 32; 15, 31. Dans l ’Evangile de
Le, cf 1, 14, 28; 2, 10; 6, 23; 10, 17, 20; 13, 17; 15, 3, 7, 10, 32; 19, 6, 37;
24, 41, 32.
5 Reprend le verset 1.
6 Rarement assemblée religieuse eut à discuter et résoudre un problème de
pareille importance: il ne s’agissait de rien moins que de l ’avenir du christianisme.
Le déroulement des débats et le décret qui les condut sont un modèle d’audace
prudente et charitable. Mais bien des points dmneurent obscurs. En particulier,
il est remarquable: 1° que Jacques, quelques années plus tard, informe Paul des
décisions dudit décret, comme si l^ u l n ’en avait jamais entendu parler (21, 23),
2° que Paul n’y fasse pas la moindre alltision, alors qu’il traite de problèmes, au
sujet desquels l ’autorité des décisions prises par le « condle » pourrait être diri­
mante (1 Co 8-lOj Ro 14). — Mais ces obscurités ne sont pas une raisem suffisante
pour dénier au récit toute valeur historique.
7 Allusion à la conversion de Corneille.

303 ACTES
15 ceux des nations entendent la parole de l’Evangile
et embrassent la foi. ®Et Dieu, qui connaît les
cœurs, leur a rendu témoignage en leur donnant
l’Esprit, r [Esprit] Saint, tout comme à nous. ®Et il
n’a fait aucune distinction entre eux et nous, puis­
qu’il a purifié leur cœur par la foi. “ Maintenant
Ga 3,io-ip pourquoi mettez-vous Dieu à l’épreuve en
imposant sur le cou des disciples un joug que ni
Ro 3 ,2 4
9 ,1 6 nos pères, ni nous, n ’avons eu la force de porter?
“ Aussi bien c’est par la grâce du Seigneur Jésus
que nous croyons être sauvés, de la même manière
qu’eux. »
“ Toute l’assemblée se tut, et on écoutait Bar-
nabé et Paul raconter tout ce que Dieu avait fait
par eux en fait de signes et de prodiges parmi les
nations.
“ Après qu’ils se furent tus, Jacques prit la pa­
role et dit: « Frères, écoutez-moi: Syméon vous a
raconté comment Dieu a d’abord visité les nations
pour y prendre un peuple qui soit à son Nom. “ E t
avec cela s’accordent les paroles des Prophètes,
selon qu’il est écrit;

8 « qui connaît les cœuts », même épiâiète 1, 24. Idée fréquemment e^^rimée
dans la Bible: 1 Sam 16, 7; 1 Bs 8, 39; Jr 11, 20; 17, 10; 20, 12; Ps 7, 10; etc.
Dans le N.T., Le 16, V ; Ro 8, 27; 1 Th 2, 4; etc.
10 Cf 13, 38, et la note.
11 Paul n^auiaît pas parlé autrement. Mais la conversion de Corneille et
l ’influence que cet événement n ’a pas manqué d ’avoir sur la pensée de Pierre ne
tendent pas ce discours invraisemblable sur ses lèvres.
14 Syméon, forme sémltisante du nom de Simon-Pierre (cf 2 Pe 1 , 1).
15 Am 9,11-12, d té librement d’après les LXX. Le verset 18 s’inspire d’Is 45, 21.
I l semble étrange que Jacques, à Jénisalem, cite un texte biblique d’après la version
grecque, et précisément dans im passage oh celle-ci est presque en contradiction
avec l ’hébreu: au lieu de <c afin que le reste des hommes recherche le Sdgneur »
(v 17), l ’hébreu porte <c afin qu’ils (les fils d’Israël) conquièrent ce qui reste
d’Edom ».

ACTES 304
Après cela je reviendrai 15
et je relèverai la tente de David qui était tombée;
et ses ruines, je les relèverai
et je la redreserai,
afin que le reste des hommes recherche le
[Seigneur,
ainsi que toutes les nations qui sont appelées de
[mon Nom,
dit le Seigneur, qui fait ces choses, [ à lui]
[ connues depuis toujours

« C’est pourquoi je suis d’avis, moi, qu’il ne


faut pas inquiéter ceux des nations qui se tournent
vers Dieu. Qu’on leur écrive simplement de
s’abstenir des souillures des idoles, et de la fornica­
tion, et de chair étouffée et du sang. Car, depuis
2 C o 3 ,n
les générations anciennes. Moïse a dans chaque
ville des hérauts qui le proclament, puisqu’on le lit
dans les synagogues chaque sabbat. »
^ Alors les Apôtres et les anciens, avec toute
l’Eglise, décidèrent de choisir des hommes parmi

19 « moi » fait lessortir Timportance de Torateur et par conséquent de l ’opinion


qu’il émet.
20 « des souillures des idoles », c’est-à-dire des viandes immolées aux idoles
(v 29, et 21, 25) et de ce fait souillées. — « de la fornication », soit de l ’impudi­
cité proprement dite, soit de mariages interdits par la Loi (Mt 5, 32). — « d u
sang», la consommation du sang était sévèrement interdite par la Loi (Lev 3, 17;
7, 2é-27; 17, 10-14\ 19, 2(5); on faisait remonter cette interdiction jusqu’aux temps
de Noé (Gn 9, 4 ). — « L a diair étouffée» tombait, par voie de conséquence,
sous le même interdit. — Le but de ces défenses est clair: il s’agit d’interdire aux
païens convertis l ’usage de choses défendues et particulièrement odieuses aux
Juifs, pour rendre faciles et même possibles les relations entre chrétiens issus du
judaïsme et chrétiens venus du paganisme. — Le texte Occ. omet « chair étouf­
fée » et ajoute, à la fin du verset: « et ne pas faire aux autres ce qu’on ne vou­
drait pas voir arriver à soi-même ».
21 « on le lit », il s’agit de la lecture de la Loi, de sa traduction en araméen ou
en grec, et de son commentaire par un Juif qualifié.

305 ACTES
15 eux et de les envoyer à Antioche avec Paul et Bar-
nabé: c’étaient Judas, appelé Barsabbas, et Silas,
hommes considérés parmi les frères. “ On leur
remit la lettre suivante:
« Les Apôtres et les anciens, vos frères, à ceux
des frères qui sont à Antioche, en Syrie et en Cih-
cie, et qui viennent des nations, salut!
« Ayant appris que quelques-uns des nôtres
Ga 1, 7 vous ont troublés par leurs paroles et ont boule­
5 ,1 0
versé vos âmes, et sans mandat de notre part,
^ nous avons décidé d’un commun accord de choi­
sir des hommes et de vous les envoyer avec nos
chers Barnabé et Paul, ^ des hommes qui ont
livré leur vie pour le Nom de notre Seigneur Jésus
Christ. Nous envoyons donc Judas et Silas qui, de
vive voix, vous annonceront la même chose:
« L’Esprit, 1’[Esprit] Saint, et nous-mêmes
avons décidé de ne pas vous imposer d’autres far­
deaux que ceux-ci qui sont indispensables: ^vous
ico 6,28^^ abstenir de viandes immolées aux idoles, de sang,
de chairs étouffées et de fornication; de quoi vous
gardant fidèlement, vous ferez bien. Bonne santé! »
Eux donc, quand on les eut fait partir, descen­
dirent à Antioche, où ils réunirent l’assemblée et
remirent la lettre. On la lut, et on se réjouit de ce
icoi4,3-4 qu’elle avait de réconfortant. Judas et Silas, qui

22 Judas, inconnu pat ailleurs. A ne pas confondre avec « le frète du Sâgneur»


(Mc 6, 3 )f Tauteur de l ’épître qui porte son nom (Ju 1, I ) . — Silas — appelé
Silvaîn d ^ les Epîttes (2 Co 1, 19; 1 T h 1, 1; 2 T h 1, 1; 1 Vg 5, 12) — sera
dioisî par Paul pour remplacer Marc (15, 4 0), et il accompagnera TApôtie pen­
dant le deuxième voyage missionnaire (15, 4(7-18, 5).
29 Cf 21, 25, où se Ut le même décret, avec de très légères variantes, respectées
dans la traduction.

ACTES 306
étaient eux-mêmes prophètes, exhortèrent les frè­ 15
res par maint discours et les affermirent. Au bout
de quelque temps, les frères les firent partir en
paix vers ceux qui les avaient envoyés. [^'^...]
Quant à Paul et Barnabé, ils séjournaient à An­
tioche, enseignant et annonçant avec beaucoup d’au­
tres la bonne nouvelle de la parole du Seigneur.

Deuxième voyage missionnaire. Paul se sépare de


Barnabé et choisit Silas

Quelques jours après, Paul dit à Barnabé:


« Retournons donc visiter les frères dans chacune
des villes où nous avons annoncé la parole, du Sei­
gneur, pour voir comment ils vont. » Barnabé
voulait emmener aussi Jean appelé Marc. ^®Mais
Paul estimait ne plus devoir emmener celui qui les
avait quittés dès la Pamphylie et n’avait pas été à
l’œuvre avec eux. L’irritation devint telle qu’ils
se séparèrent l’un de l’autre, Barnabé, prenant
Marc avec lui, s’embarqua pour Chypre. Quant à
Paul, il fit choix de Silas et partit, confié par les
frères à la grâce du Seigneur.

32 « prophètes », voir 11, 27, et la note.


34 « Toutefois Silas décida de rester à Antioche. »
38 Cf 13, 13. Paul lui tint rigueur de sa défection. Mais Col 4, 10; Phm v 24 et
2 Tm 4, 11 montrent que Paul a pardonné.
39 Barnabé prend Marc, son cousin (Col 4, 10), et part pour Chypre, sa
patrie (4, 36).

307 ACTES
En cours de route, Paul prend avec lui Timothée

15 Il traversa la Syrie et la Cilicie, affermissant les


Eglises,
16 ‘ Il arriva à Derbé, puis à Lystres. E t voici qu’il y
2T m 1, S
avait là un disciple du nom de Timothée, fils d’une
juive croyante, mais d’un père grec, ^ Les frères de
Lystres et d’Iconium lui rendaient un bon témoi­
gnage, ^ Paul voulut qu’il partît avec lui. Il le prit et
IC o 9,20
le circoncit, à cause des Juifs qui étaient dans ces
Ga 2, 3
lieux-là; car tous savaient que son père était grec.
En passant par les villes, ils transmettaient aux
[frères], pour qu’on les observât, les décisions pri­
ses par les Apôtres et les anciens de Jérusalem,
^Les Eglises, donc, devenaient solides dans la foi
et grandissaient en nombre chaque jour.

15 41 Cf 14, 22 et la riote.
i Z 1 « Timothée », sur sa famille et son éducation, c£ 2 Tm 1, 5 (sa mère s’appc*
lait Eunice, sa grand-mère Lois), et 3, 15 (Ximodiée «connaît les Saintes Leûres
d ^ u is sa tendre enfance»). I l deviendra le collaborateur de dioix de Paul, «son
enfant bîen-aimé et fidèle dans le Seigneur» (1 Co 4, 17), pour lequel il aura les
attentions (1 Co 16,10-11) et les ménagements (1 Tm 5 ,2 3 ) d’un père.
2 « rendaient un bon témoignage », cf 6, 3, et la note.
3 Né d'une mère juive, Timothée devait être circoncis, sous peine d'être incri­
miné d'apostasie par les Juife. Paul, qui n'attadie aucune importance ou valeur
à la circoncision (1 Co 7, 13; Ga 6, 13), circoncit Timothée, pour rendre possible
son apostolat auprès des Juife (1 Co 9, 12, 20). — «grec», c'est-à-dire non Juif.
4 Ces décisions — celles du « concile de Jérusalem » — n'avaient été adressées
qu'aux frères issus du paganisme « qui étaient à Antiodie, en Syrie et en Cilicie »
(15, 23), mais elles étaient valables pour toutes les communautés de même prove­
nance, et leur promulgation était d'autant plus indiquée à Lystres, Iconium et les
villes évangélisées lors du premier voyage missiminaire, si, comme nous le
croyons, les événements qui ont donné naissance à l'épître aux Galates avaient
déjà eu lieu.
5 Cf 6, 7, et la note.

ACTES 308
De Lystres à Troas

®Ils traversèrent la région phrygio-galatique, le 16


Saint Esprit les ayant empêchés d’annoncer la Parole
en Asie. ’ Arrivés aux confins de la Mysie, ils ten­
taient d’entrer en Bithynie, mais l’Esprit de Jésus ne
le leur permit pas. ®Il longèrent donc la Mysie et
descendirent à Troas,

De Troas à Philippes
Fondation de VEglise de Philippes

®Pendant une nuit, Paul vit une vision: un Macé-


donien était là, debout, qui lui adressait cette
prière: « Passe en Macédoine et viens à notre se­
cours! » ^°Dès qu’il eut vu cette vision, aussitôt,
nous cherchâmes à partir pour la Macédoine, con­
vaincus que Dieu nous appelait à les évangéliser.
^^De Troas, gagnant le large, nous cinglâmes
droit sur Samothrace, et le lendemain sur Néapolis.
‘^De là nous [allâme] à Philippes, qui est la pre-

6 C’est-à-dire la partie de la Fhrygie attribuée à la province romaine de Galatie.


Seion d'autres — la majorité — « ia Fhtygie et le pays galate». Or, en traver­
sant le «pays galate», on n ’aboutissait pas «aux confins de la Mysie» (v 7),
mais à ia Bithynie. — Far Asie, il faut entendre la province d’Asie, dont la capi­
tale était Ephèse. Fanl y fera plus tard un très long séjour (19, 8, 10; 20, 31). —
Le mode d’intervention du Saint Esprit n ’est pas précisé, même absence de détails
au V suivant.
8 « Troas », port de met sur la côte nord-ouest de l ’Asie Mineure, à une dizaine
de milles de l ’emplacement de l ’antique Troie,
10 « nous », brusque apparition dans le récit de la première personne du pluriel
(motceaux-Nous): Luc est devenu le compagnon de voyage de Paul. Ces morceaux
sont les suivants; ici même vv 10-17; 20, 3-13; 21, 1-18; 27, 1-28, Iff. Peut-être
faut-il y joindre 11, 28, voir la note.
11 « Samothrace », île située au sud de la Thrace. — Néapolis, la moderne
Kavalla.
12 «_Philippes », aujourd’hui Filibedjik, village sans importance. — « qui est la
première », sens difficile à préciser. Peut-être faut-il traduire, en admettant une

309 ACTES
16 mière ville de ce district de Macédoine, une colo­
nie. Nous passâmes quelques joizrs dans cette viUe
^^et, le jour du sabbat, nous sortîmes hors de la
Porte,- près d’un cours d’eau où nous croyions qu’ü
y avait un lieu de prière. Nous nous assîmes et par­
lâmes aux femmes qui s’étaient réunies.
, E t m e femme du nom de Lydie, négociante en
pourpre de la ville de Thyatire et qui adorait Dieu,
écoutait. Le Seigneur lui ouvrit le cœur, pour qu’elle
s’attachât à ce que disait Paul. ^^Lorsqu’elle eut
été baptisée, ainsi que les siens, elle [nous] fit cette
prière: « Si vous me jugez fidèle au Seigneur, entrez
dans ma maison et demeurez-y. » E t elle nous y
contraignit.
“ O r donc, un jour que nous allions au lieu de
prière, une servante qui avait un esprit python vint
au-devant de nous; elle procurait im bon gain à ses
maîtres en pratiquant la divination. ^’ Et tout en
nous suivant, Paul et nous, elle criait: « Ces hom­
mes-là sont des esclaves du Dieu Très-Haut, et ils

conjecture de Blass: « ville du premier district de la Macédoine ». La province de


Macédoine était divisée en quatre districts. — « colonie », simple transcription du
latin colonia, c’est-à-dire ville peuplée en partie de citoyens romains, qui y ont
été établis à des fins surtout militaires.
13 « lieu de prière », soit une synagogue, soit un bâtiment de moindre impor­
tance. Il est à proximité d’un cours d’eau — un petit affluent du Strymon —
pour faciliter les ablutions. On peut aussi traduire, en se référant à tme autre
leçon: « où se faisait ordinairement la prière »,
14 « Thyatire », ville de la Lydie méridionale, une des sept destinataires des lettres
de l ’Apocalypse (Ap 2, 1 8 ) . — « lu i ouvrit le coeur» (2 Mac 1, 4 ) , le cœur étant
dans la psychologie biblique le centre de toute l ’activité consciente, aussi bien
intellectuelle que morale et affective, l ’expression a le même sens que « ouvrir
l’intelligence » de Le 24, 43.
13 Cette « contrainte » de Lydie semble indiquer une certaine résistance de la part
de Paul, fier et toujours préoccupé de ne pas être à la charge des fidèles (1 Co
9, V - IS ). Fout l ’expression, cf Le 24, 29.
16 Esprit de divination, censé inspiré pat Apollon « pythien », c’est-à-dire de
Delphes, dont Pytho est l ’ancien nom. Pour l ’expression « avoir un esprit »,
cf Mo 3, 22, 3 0; 7, 2 3 ; Le 13, 1 1 , etc.

ACTES 310
VOUS annoncent une voie de salut. » Elle fit cela 16
pendant plusieurs jours. Excédé, Paul se retourna
et dit à l’esprit: « Je t ’ordonne, au nom de Jésus
Christ, de sortir de cette [femme]. » Et [l’esprit]
sortit à l’heure même.
^®Mais ses seigneurs, voyant disparaître leur ^co 6, ;
espoir de gain, se saisirent de Paul et de Silas, les 1Th 2, 2
traînèrent sur la place publique, devant les magis­
trats et les amenant aux prêteurs, ils dirent:
« Ces gens-là perturbent notre viUe. Ce sont des
Juifs, qui annoncent des coutumes qu’il ne nous
est permis ni d’accueiUir, ni de pratiquer, à nous
qui sommes Romains. » ^^La foule se souleva con-
tre eux, et les préteurs, après avoir fait arracher

Bible italienne. Venise, 152^.

17 « Tiès-Haut », cf 7, 45; Mc 5, 7; Nomb 24, 16\ Is 14, 14. L’épithète se ren*


contre chez les auteurs j^ïens.
20 « préteurs », ma^strats municipaux, chargés de rendre la justice.
21 « Romains », c’est-à-dire citoyens romains.

311 ACTES
16 leurs vêtements, ordonnèrent de les battre de ver­
ges. ^ Les ayant couverts de plaies, ils les jetèrent
en prison, en donnant au geôlier la consigne de les
tenir sous bonne garde. Ayant reçu pareille con­
signe, celui-ci les jeta dans le cachot intérieur et
leur fixa les pieds dans les ceps.
Eph 5 ,1 9
“ Vers minuit, Paul et Silas, en prière, chantaient
Col 3 ,1 6
les louanges de Dieu; les prisonniers les écou­
taient. “ Tout à coup, il y eut une grande secousse,
en sorte que les fondations de la geôle furent
ébranlées. A l’instant même, toutes les portes
s’ouvrirent et les liens de tous les prisonniers
se détachèrent. ^ Réveillé et voyant ouvertes
les portes de la prison, le geôlier tira son glaive,
et Ü allait se tuer, croyant que les prisonniers
s’étaient enfuis. ^ Mais Paul cria d’une voix forte:
« Ne te fais pas de mal: nous sommes tous là. »
^®Le geôlier demanda des torches, entra préci­
pitamment et, devenu tout tremblant, tomba devant
Paul et Silas. Puis, les menant dehors, il déclara:
« Seigneurs, que dois-je faire pour être sauvé? »
Ro 10, 9
Ils dirent: « Crois au Seigneur Jésus, et tu seras
sauvé, toi et les tiens. » “ E t ils lui annoncèrent la
parole de Dieu, ainsi qu’à tous ceux qui étaient
dans sa maison.
[Le geôlier] les prit avec lui à cette heure de
la nuit, lava leurs plaies, et Ü fut baptisé, lui et tous

25 Cf Ps 119) .55: <c Je me souviens, la nuit, de ton Nom ».


27 Le geôlier qui laissait édiapper un prisonnier devait subir la peine à laquelle
était condamné ce dernier. Cf 1 2 , 19; 27, 42.
31 Cf Ro 10, 9.

ACTES 312
les siens, à l’instant même. Puis, les emmenant 16
chez lui, il mit la table, et il exulta avec tous les
siens d’avoit cm en Dieu,
Le jour venu, les préteurs envoyèrent les lic­
teurs dire [au geôlier]: «Relâche ces hommes. »
Le geôlier annonça ces paroles à Paul: « Les pré­
teurs envoient dire de vous relâcher; maintenant
donc, sortez et allez en paix. » Mais Paul leur
déclara: « Ils nous ont fait battre en public et sans
jugement, nous qui sommes des Romains, et ils
nous ont jetés en prison. Et maintenant ils nous
feraient sortir en cachette! Non, non! qu’ils vien­
nent en personne nous élargir. » Les licteurs an­
noncèrent ces paroles aux préteurs, qui eurent peur
en apprenant que c’étaient des Romains. Ils vin­
rent donc, les exhortèrent, les élargirent et les
prièrent de quitter la viUe, Une fois sortis de la
prison, [Pard et SÜas] entrèrent chez Lydie, y virent
les frères, les exhortèrent et partirent.

De Philippes à Thessalonique
Fondation de VEglise de Thessalonique

^ Ils traversèrent Amphipolis et ApoUonie, et ils 17


vinrent à Thessalonique, où les Juifs avaient une

34 « il se i:éjouit », cf 8, 8, et la note. 16
37 Cf 22, où Paul aigue de sa qualité de citoyen romain pour ne pas
recevoir le supplice du fouet.
39 Ou: <i vinrent les presser de quitter la ville. »
1 Amphipolis et ApoUonie, deux étapes sur la <cvia Egnatia », qui reliait l*Egée 17
à TA^iatique. — Thessalonique, la Salonique moderne, était la capitale de
la province romaine de Macédoine. C’était une grande cité maritime et commer­
ciale, de population nombreuse et mêlée, comprenant une colonie juive im j^r-
tante.

313 ACTES
17 synagogue. ^ Selon sa coutume, Paul entra chez
iTh 2, 2 pendant trois sabbats il discuta avec eux à
gj.
partir des Ecritures; ^ il les leur ouvrait et établissait
que le Christ devait souffrir et ressusciter d’entre
les morts; « et le Christ, [disait-il], c’est Jésus que je
vous annonce. » * Quelques-uns d’entre eux furent
persuadés et se joignirent à Paul et à Süas, ainsi
qu’une multitude nombreuse de Grecs qui adoraient
[D ieu], et maintes dames de qualité.
2C b 6, ;
^ Les Juifs en furent jaloux et, prenant avec eux
quelques vauriens des rues, üs provoquèrent des
attroupements et semèrent le tumulte dans la ville.
Ils se présentèrent à la maison de Jason, cherchant
Ko 16,21
[Paul et Silas], pour les faire comparaître devant
l’assemblée du peuple. ^Ne les trouvant pas, ils
traînèrent Jason et quelques frères devant les poli-
tarques, en clamant: « Ces gens qui ont bouleversé
le monde, les voilà maintenant ici, ^et Jason les
accueille! Tous ces gens-là contreviennent aux
édits de César, en disant qu’il y a un autre roi,
Jésus. » * Ces propos troublèrent la foule et les
politarques, ®et ce n ’est qu’après avoir exigé rme
caution de la part de Jason et des autres qu’ils les
relâchèrent.

4 « se joignirent à », lit: « furent assignés comme lot à », c’est le rôle qui leur est
assigné dans l ’œuvre de la conversion des païens. Four l ’expression, cf Ac 26, 18:
Eph 1,11; Col 1,12.
6 «politarques», magistrats municipaux dont l ’existence est attestée par les
documents épigraphiques.
7 Même accusation contre Jésus: Le 23, 2; Jn 19, 12-15.

ACTES 314
Paul à Bérêe

Les frères aussitôt envoyèrent de nuit Paul et 17


SÜas à Bérée. Arrivés là, üs se rendirent à la
synagogue des Juifs, Ceux-ci avaient Pâme plus
noble que ceux de Tbessalonique: ils reçurent la
Parole avec une extrême ardeur, interrogeant
chaque jour les Ecritures pour voir s’il en était bien
ainsi, Beaucoup d’entre eux donc embrassèrent
la foi, ainsi que des dames grecques distinguées et
bon nombre d’hommes.
Mais quand les Juifs de Tbessalonique surent
qu’à Bérée aussi la parole de Dieu avait été annon­
cée par Paul, ils vinrent là encore agiter et troubler
les foules. Alors aussitôt les frères firent partir
Paul, pour aller jusqu’à la mer; quant à Silas et Ti­
mothée, ils restèrent là. Ceux qui escortaient
Paul l’amenèrent jusqu’à Athènes, et après avoir I T h 3 ,2

reçu l’ordre pour Silas et Timothée de venir vers


lui au plus vite, ils s’en allèrent.

Paul à Athènes

Tandis que Paul les attendait à Athènes, son


esprit s’exaspérait en lui-même, au spectacle de
10 « Bérée », ville du sud de la Macédoine, la moderne Verria.
11 Seul exemple, dans les Actes, d ’un bon accueil fait par les Juifs à Paul et au
message évangélique, — « la Parole » par excellence, c’est-à-dire l ’Evangile.
13 Sur cette chasse à l ’homme, c£ 1 4 , 19.
14 La comparaison avec 1 Th 3, 1, 2, 6 montre que Luc a condensé les événe­
ments. On peut se les représenter de la manière suivante: a) Paul laisse Silas et
Timothée à Bérée (17, 14); b) sur son ordre, ils le rejoignent à Athènes (1^ Th
3, 1); c) Paul envoie Timothée et Silas en Macédoine, Timothée à Tbessalonique
(1 Th 3, 1) et Silas peut-être à Philippes; d) lui-même part pour Corinthe (18, 1);
e) Timothée et Silas viennent l ’y rejoindre (18, 3; 1 Th 3, 6 ).

315 ACTES
17 cette ville toute remplie d’idoles. ^^11 discutait
donc à la synagogue avec les Juifs et ceux qui
adoraient [D ieu], et sur l’agora, chaque jour, avec
les passants. ^®Et des philosophes épicuriens et
stoïciens s’entretenaient avec lui. Certains disaient:
« Que peut bien vouloir dire ce picoreur? » D’au­
tres: « On dirait un prêcheur de divinités étrangè­
res », parce qu’il annonçait Jésus et la résurrection.
Le prenant avec eux, ils l’amenèrent à l’Aréo­
page, en disant: « Pouvons-nous savoir quelle est
cette nouvelle doctrine dont tu parles? “ Ce sont
propos étranges, en effet, que tu nous fais enten­
dre; nous voulons donc savoir ce que cela veut
dire. » Tous les Athéniens et les étrangers rési­
dents n’avaient d’autre passe-temps que de dire
ou d’écouter la dernière nouvelle.
Debout au milieu de l’Aréopage, Paul dit:
« Athéniens, je vois qu’en tout vous êtes les plus
religieux des hommes. “ Parcourant en effet [votre
ville] et considérant vos monuments sacrés, j’ai
même trouvé un autel qui portait l’iascription: A ton

16 Athènes, déchue de toute grandeur politique, gardait le prestige de son passé et


de sa culture.
18 Représentants des deux grandes écoles de la pMlosophîe contemporaine.
« picoreur », terme d^réciatif, pour indiquer tout discoureur dont le savoir est
fait de bribes de doctrine ramassées pêle-mêle un peu partout. — Les auditeurs
de Paul semblent avoir pris la résurrection pour ime divinité.
19 « à TAréopage », soit la coUine de ce nom, à Touest de TAcropole, pour y être
à Vabri du tumulte de Tagora, soit le haut tribunal religieux qui jadis se réunissait
sur ladite colline, mais qui, au temps de Paul, tenait ses séances sous le Portique
royal, en bordure de l ’agora.
21 Ce goût des Athéniens pour « la dernière nouvelle» a été noté pat
Thucydide et Démosthène.
22 Discours de haute tenue littéraire (on y rencontre même des «atticism es»),
où Paul présente le message évangélique en philosophe chrétien. Il est difficile de
déterminer, dans ce petit wef-d’œuvre, ce qui est de Paul, ce qui est de Luc et ce
qui est d’emprunt aux discours de propagande des philosophes hellénistiques.

ACTES 316
Bible latine. Lyon, 1569.

Dieu inconnu. Eh bien! ce que vous adorez sans le 17


connaître, c’est ce que je viens, moi, vous annoncer.
^ « Le Dieu qui a fait le monde et tout ce qui s’y
trouve, lui qui est le Seigneur du ciel et de la terre, Ac 7,48
n’habite pas dans des sanctuaires faits à la main.
Il n’est pas non plus servi par des mains humai­
nes, comme s’il avait besoin de quoi que ce soit, lui
qui donne à tous la vie, et le souffle et toutes choses. Ac U .lS -1 7

23 Paul n’a pu lire sur cet autel qu’une des inscriptions suivantes: « Aux dieux
inconnus »; « A une divinité inconnue « A la divinité que cela concerne ». Il
n ’y était jpas question — évidemment — du Dieu Créateur et Ptovidence. Mais,
usant de sa liberté d’orateur, Paul a tiré de sa rencontre un magnifique exorde,
une « captatîo benevolentiae » digne d’un orateur classique.
25 « lui qui donne à tous... », cf Ac 14, 15-17 (discours de Lystres), et Ps 104,
27-30.

317 ACTES
17 “ D’un sexd être il a fait tout le genre humain,
pour qu’il habite sur toute la face de la terre, éta­
blissant des temps prescrits et les limites de leur
Ro 1,19-20 Jjabitat, ^’^pour qu’ils cherchent Dieu, si toutefois,
1 Co 1,2 1
en tâtonnant, ils peuvent le trouver, encore qu’il ne
soit pas loin de chacun de nous. “ Car c’est en Lui
que nous avons la vie, et le mouvement et l ’être,
tout comme l’ont dit certains de vos poètes: Car de
sa race aussi nous sommes.
Ro 1,2 9
“ « Ainsi donc, étant de la race de Dieu, nous ne
devons pas croire que la divinité soit semblable à
de l’or, ou de l’argent, ou de la pierre, travaillés
par l’art et la pensée de l’homme.
Ro 3 .2 6
“ « Voici donc que, fermant les yeux sur les
temps de l’ignorance. Dieu annonce maintenant aux
hommes d’avoir tous et partout à se repentir,
Ro 14, ÎO
parce qu’il a fixé un jour où il va ]uger le monde
avec justice, par un homme qu’il a établi et accré­
2 Co 5 ,1 0
dité auprès de tous en le ressuscitant d’entre les
IT h l.IO
morts. »
En entendant parler de résurrection des morts,
les uns se moquaient, les autres dkent: « Nous t ’en­
tendrons là-dessus une autre fois. » C’est ainsi

26 <c des temps prescrits », c’est-à-dire la durée des différents peuples; « les limi«
tes de leur habitat », c’est-à-dire leur aire d’e;^>ansion. Cf Deut 32, 8: « Quand le
Très-Haut s^ a ra ît les fils d ’Adam, il dressa les bornes des peuples d’après le
nombre des fÛs d’Israël »,
27 « en tâtonnant », ce sont « les temps de l ’ignorance » (v JO) où l ’humanité,
cheminant dans les ténèbres, ne peut trouver Dieu qu’en le chprrhflnt laborieuse­
ment à tâtems. Dans l ’épître aux Romains (1, 20-2J), Paul se montre plus sévère.
2S La citation est empruntée au philosophe'Aratus. Même idée diez Cléanthe et
Epiménide.
31 Ps 96,13; 98, 9.
52 Pour l ’esprit grec, la résurrection est un non-sens, cf Eschyle, E um (A l
« Lorsque la poussière a bu le sang d’un homme, s’il est mort, il n ’est plus pour
lui de résurrection. »

ACTES 318
que Paul sortit du milieu d’eux. ^‘‘Mais quelques 17
hommes se joignirent à lui et embrassèrent la foi,
parmi lesquels Denys l’Aréopagite, une femme du
nom de Damaris, et d’autres avec eux.

Fondation de l’Eglise de Corinthe

^ Après cela, [Paul], quittant Athènes, vint à Co- 18


rinthe. ^ Il trouva un Juif du nom d’Aquilas, origi- ^^ 2. 1
naire du Pont, récemment venu d’Italie, ainsi que
sa femme PrisciUe, parce que Claude avait prescrit
à tous les Juifs de quitter Rome. H alla les trouver,
^ et comme il était du même métier, il demeurait
4 ,1 2
chez eux, et ils travaillaient: ils étaient de leur
métier fabricants de tentes. '* [Paul] discutait à la
synagogue chaque sabbat et s’efforçait de persua­
der Juifs et Grecs.
^ Quand Silas et Timothée furent descendus de
Macédoine, Paul s’adonna tout entier à la parole.

34 « l ’Aréopagite », c’est-à-dîte membre du haut tribunal de ce nom. Ce Denys 17


n ’a rien de commun avec le Denys du 3ème siècle, évêque de Paris, encore moins
avec l ’auteur inconnu d’écrits mystiques, le Pseudo-Aréopagite. — La « supériorité
de langage ou de sagesse» (1 Co 2, 2) a été peu efficace. Paul s’en souviendra à
Corinthe (18, 5; 1 Co 2 , 1~^).
1 « Corinthe », capitale de la province romaine d ’Achaïe, grande cité commer­ 18
ciale et industrielle, célèbre par la liberté de ses mœurs.
2 Sur Aquilas et Pxiscille (appelée aussi Prisca), et leurs multiples déplace­
ments, voir Ro 16, 1 Co 16, 19; 2 Tm 4, 19. — Le Pont était une province
romaine située au sud-est du Pont-Euxin (mer Noire). — Cette prescription de
Claude est connue par un texte célèbre de Suétone? Judaeos impulsore Chresto
assidue tumuUuantes Roma expuUt.
3 L’industrie de la toile tissée de poils de chèvre était très prospère à Tarse. Les
parents de Paul, qui n ’étaient pas sans ressources, avalent peut-être un atelier de
tissage, et c’est là que le jeune Paul aurait appris le métier.
4 « discutait », ou « discourait ». ^ Ou « persuadait des Juifs et des Grecs ».
5 Cf 1 Th 3, d. Peut-être lui apportaient-ils des secours financiers (2 Co 11, 5^).
En tout cas, Timothée rassurait pleinement Paul sur la persévérance de la jeune
communauté de Thessalonique (1 Th 3, 6-10), tandis que sa présence et celle de
Silas procuraient aide et réconfort. C’est vers cette époque que Paul écrivit la pre­
mière épître aux Thessaloniciens.

319 ACTES
18 attestant aux Juifs que Jésus est le Christ, ®Mais,
devant leur opposition et leurs blasphèmes, il
secoua ses vêtements et leur dit: « Que votre sang
soit sur votre tête! Pour moi, je suis pur, désormais
c’est aux nations que j’irai. » ’ E t partant de là, il
vint à la maison d’un nommé Titius Justus, homme
adorant Dieu, dont la maison était contiguë à la sy­
nagogue, ®Crispus, le chef de synagogue, crut au
1 Co 1,1 4
Seigneur avec tous les siens. Et beaucoup de Corin­
thiens qui entendaient [Paul] croyaient et étaient
baptisés.
IC o 2, 3
®Une nuit, dans une vision, le Seigneur dit à
2Co 12, 1
Paul: « Sois sans crainte, mais parle et ne te tais
pas, “ parce que moi je suis avec toi, et personne
ne mettra la main sur toi pour te maltraiter; car j’ai
à moi un peuple nombreux dans cette viUe. » Il
demeura là xm an et six mois, enseignant parmi eux
la parole de Dieu,
Alors que Gallion était proconsul d’Achaïe,
les Juifs se soulevèrent d’un commun accord contre
Pard et l’amenèrent devant le tribunal, en disant:

6 «secoua ses vêtements» (c£ 13, $ 1), en signe de complète niptuie. ~ - « Q u e


votre sang... » c£ Lev 20, 9, 11, 13, 16; 2 Sam 1, 16; M t 27, 29), Les Juifs ont
refusé de croire; ils sont donc seuls lespcmsàbles des malheurs que leur incrédu­
lité pourrait attirer sur eux.
8 Cf 1 Co 1, Crispus était un des principaux membres de la commimauté,
^ arg é de veiller, avec ses collègues — les autres «chefe de synagogue» — à
des bâtiments et au bon ordie des réunions. — « E t beaucoup », contraste avec
17,34.
9 Manière discrète d^apprendre au lecteur que Paul, pour quelque raison que ce
soit, a eu besoin du lecooEort d’en Bbut (cf 23, 11; 27, 23-24). Paul est plus
explicite (1 Co 2, 3). ^
10 « je suis avec to i» , sur le sens de cette expression, fréquente dans l ’A.T.,
voir 7, 9, et la note.
12 Gallion, frère de l ’écrivain Sénèque. I l fut proconsul d’Adiaïe du printemps
51 à 52 (dates assurées par une inscdt^cm de Delphes). — «A chale», province
romaine correspondant à peu près à la Grèce contemporaine.

ACTES 320
41 — Conversion de Saul (9, 1-19).
Psautier à l’usage de Sainte-Elisabeth de Senlis. Manuscrit du
X l i r siècle. Bibliothèque Sainte-Geneviève, n° 2689.
^ CIŸ LC

fAUTOpwmitopcçjplicn
42 — Saint Paul s’adressant aux Romains. ^
Bible latine. Manuscrit du XI" siècle. Bibliothèque de Dijon, n 2.
« Cet homme persuade aux gens d’adorer Dieu 18
contrairement à la Loi. » Comme Paul allait ouvrir
la bouche, Gallion dit aux Juifs: « S’il s’agissait de
quelque injustice ou de quelque vilain méfait, ô
Juifs, comme de raison, je vous supporterais. Mais
puisqu’il s’agit de questions sur des mots, des
noms et ime loi qui est la vôtre, à vous de voir; de
cela je ne veux pas, moi, être juge. » E t il les ren­
voya du tribunal. Tous alors se saisirent de Sos-
thène, le chef de synagogue, et ils le frappaient
devant le tribxmal. Et de tout cela Gallion n ’avait
cure.
18
Paul resta encore un bon nombre de jours.
Puis, ayant pris congé des frères, ü s’embarquait
pour la Syrie, avec PrisciUe et Aquüas, après s’être
fait tondre la tête à Kenchrées, car il avait fait un
vœu.

Fin du deuxième voyage missionnaire.


Quatrième séjour de Faut à Jérusalem

Ils arrivèrent à Ephèse, où il les laissa. Pour lui,


il entra dans la synagogue et discuta avec les Juifs.
Ceux-ci lui demandèrent de demeurer plus long­
temps. Il n ’y consentit pas, mais ü prit congé
d’eux, en disant: « De nouveau je reviendrai chez
vous. Dieu le voulant. » D’Ephèse il gagna le large.

17 Ce Sosthène n ’a vraisemblablement rien de commun avec le Sosthène de


1 Co 1 , 1.
18 Un des deux ports de Corinthe, sur le golfe Saronique.
19 Capitale de la province d’Asie. Grande cité commerciale, sur la route de
Rome à l ’Euphrate. Célèbre par son temple d’Artémis (19, 35).

321 ACTES
18 “ puis, ayant débarqué à Césarée, il monta saluer
l’Eglise et descendit à Antioche.

Troisième voyage missionnaire. Vers Ephèse

“ E t après y avoir passé quelque temps, il s’en


alla et parcourut successivement la région galatico-
phrygienne, affermissant tous les disciples.
1 C o l,.12
Ÿ’u.Tz Apollos à Ephèse et à Corinthe
4>
16,12
T i 3,13
Un Juif du nom d’Apollos, originaire d’Alexan­
drie, était arrivé à Ephèse. C’était im homme
savant, versé dans les Ecritures. “ Il avait été ins­
truit de la Voie du Seigneur et, fervent d’esprit, il
parlait et enseignât exactement ce qui concerne
Jésus, bien qu’il ne connût que le baptême de
Jean. “ Il se mit donc à parler avec assurance dans
la synagogue. L’ayant entendu, PrisciUe et Aquilas
le prirent avec eux et lui exposèrent plus exacte­
ment la Voie de Dieu.
“ Comme il voulait passer en Achaïe, les frères
l’y encouragèrent, et ils écrivirent aux disciples de
l’accueillir. Arrivé là, il fut, de par la grâce, d’un

22 II s’agit de l ’Eglise de Jltusalem.


23 C’est-à-diie les légions de Lycaonie et de Fisidie indtises dans la ptovince
tomaine de Galatie. A notre avis — et malglé l ’opinion génétaie — il ne sautait
être question de la Galatie ethnique, oh aucun passage des Actes ne dît que Paul
ait fait des disciples. — « affetmissant », cf 14, 22; 13, 32, 41 . .
24 Alexandrie était un centre de haute cultute juive hellénistique (livie de la
Sagesse, Fhilon). — <c savant », ou <c éloquent ».
25 Sur « la Voie du Seigneur », cf Ac 9, 2. — Cette exactitude concernait la vie
et l ’enseignement de Jésus, mais ne s’étendait pas au sens profond et durable de
son œuvre, puisque Apoilos ne connaissait pas le baptême de Jésus, non plus, sans
doute, que le Saint Esprit (19, 2).

ACTES 322
grand secours à ceux qui avaient cru; car il réfu­ 18
tait vigoureusement les Juifs en public, démontrant
par les Ecritures que Jésus est le Christ.

Paul à Ephèse. — T Jusqu’à l’émeute des orfèvres

^ Or donc, comme ApoUos était à Corinthe, Paul, 19


traversant le haut pays, vint à Ephèse. Il trouva
quelques disciples ^ et leur dit: « Avez-vous reçu
l’Esprit Saint, quand vous avez embrassé la foi? » Et
eux de lui [dire]: « Mais nous n’avons même pas
entendu dire qu’il y ait un Esprit Saint. » ^ Il dit:
« Quel baptême avez-vous donc reçu? » Ils dirent:
« Le baptême de Jean ». * Paul dit: « Jean a baptisé
d’un baptême de repentir, disant au peuple de
croire en celui qui viendrait après lui, c’est-à-dire
en Jésus. » ^ A ces mots, ils furent baptisés au nom
du Seigneur Jésus. ®Et quand Paul eut posé les
mains sur eux, l’Esprit, l’[Esprit] Saint, vint sur eux, I C o 14

et ils parlaient en langues et prophétisaient. ’ Ces


hommes étaient en tout une douzaine.

28 Apollos tin t une place considérable dans l'église de Corintbe, gn’il avait dû 18
séduire par son éioquence (1 Co 1, 22; 3, 4, S, 6, 22; 4, é; 16, 12). U en est
encore question Ti 3, 13. Peut-être a-t-il écrit l ’Epître aux Hébreux.
1 « le haut pays», la zone montagneuse qui sépare la Phrygie de la province 19
d’Asie.
3 Ces « disciples » (v 1) étaient probabiement des disciples de Jean-Baptiste
(comme Apollos?); de Jésus, ils savaient seulement ce que ces derniers leur en
avaient appris. L ’insistance râ e met Paul, dans son discours à Antiodie la Pisi-
dienne (Ac 13, 24-23), à subordonner Jean à Jésus et à marquer la vraie nature
de son baptême, semblerait prouver que, dans son auditoire, il y avait, comme à
Ephèse, des disaples de Jean-Baptiste.
6 « parlaient en langues », cf Ac 2, 4, 11; 10, 44-46: 11, 13. Il s’agit du « don
des langues» ou «glossolalie», qui se manifestera à Corinthe avec tant d’éclat et
de tumulte (1 Co 12-14). — «prophétisaient», c’est-à-dire parlaient sous l ’inspira­
tion de l ’Esprit pour âdiorter, édifier, louer Dieu, cf 1 Co 14, 1, 3, 4, 3, 24,
31, 33.

323 ACTES
19 ®Puis il entra dans la synagogue et pendant trois
mois il parlait avec assurance, discutant et s’effor­
çant de persuader sur le Royaume de Dieu. ®Mais
Ro 9,1 8
comme certains se durcissaient, refusaient de
croire et maudissaient la Voie devant l’assemblée,
il rompit avec eux, prit les disciples à part, et cha­
que jour il discutait dans l’école de Tyrannos.
Cela dura deux ans, de sorte que tous les habi­
IColé, $ tants de l’Asie, Juifs et Grecs, entendirent la parole
du Seigneur.
Ac 14, 3
“ Dieu faisait par les mains de Paul des miracles
peu ordinaires, tel point qu’on prenait, pour
les appliquer sur les malades, des linges ou des
mouchoirs qui avaient touché sa peau; les maladies
les quittaient, et les esprits, les [esprits] mauvais,
s’en allaient.
Quelques exorcistes juifs ambulants entrepri­
rent de prononcer le Nom du Seigneur Jésus sur
ceux qui avaient les esprits, les [esprits] mauvais:
« Je vous adjure, disaient-ils, par le Jésus que Paul
proclame. » Or, un certain Scévas, grand prêtre

9 Ce Tyrannos était vraisemblablement un professeur de rhétorique, qui donnait


des leçons publiques dans un local plus ou moins important. Paul le lui louait
sans doute pour les heures oh il était disponible. Le texte Occ. a une leçon qui
est peut-être originale: « de la cinquième à la dixième heure », c’est-à-dire de
11 à 16 heures, alors que la dialeur était à son comble et que toute activité cessait
dans la ville.
10 «tous les habitants», hypMbole (c£ Ac 9, 3^; Col 1, é, 23; 1 Th 1, 5). I l
s’agit évidemment de la provinœ d’Asie, qui comprenait le littoral de l ’Asie
Mineure, quelques îles et les territoires de l ’intérieur jusqu’à environ 300 km de
la côte.
12 « sa peau », inutile d ’édulcorer le texte, en traduisant « son corps ».
15 « qui avaient les esprits mauvais », « avoir un esprit » est une expression cou­
rante dans le N.T. pour désigner la possession: 8, 7: Mc 3, 22, 30; Le 4, 33;
13, 11; Jn 10, 20.
14 «grand prêtre», titre honorifique. Peut-être était-il allié à quelque grande
famille pontificale.

ACTES 324
juif, avait sept fils qui faisaient cela. ^^Mais, pre- 19
nant la parole, l’esprit, l’[esprit] mauvais, leur dit:
<<Jésus, je le connais, et Paul, je sais qui il est; mais
vous qui êtes-vous? » Et, sautant sur eux, l’hom­
me en qui était l’esprit l’[esprit] mauvais, maîtrisa
les uns et les autres et il fut si fort contre eux qu’ils
s’enfuirent de cette maison, nus et couverts de
blessures. Cela fut connu de tous les Juifs et
Grecs qui habitaient Ephèse; la crainte tomba sur
eux tous, et le nom du Seigneur Jésus était magni­
fié.
Beaucoup de ceux qui avaient cru venaient
avouer et déclarer leurs pratiques. ^®Bon nombre
de ceux qui avaient exercé la magie apportaient
leurs bvres et les consumaient devant tous. On en
estima la valeur: cela faisait cinquante mille [piè­
ces] d’argent. Ainsi, selon la puissance du Sei­
gneur, la Parole croissait et se fortifiait.
Ces événements accomplis, Paul forma le
projet de se rendre à Jérusalem en traversant la ^
Macédoine et l’Achaïe: « Après que j’y serai allé, 1,10-1}
15,23-29
16,25
disait-il, il me faut aussi voir Rome. » “ Il envoya
en Macédoine deux de ses auxiliaires, Timothée et 2Tm 4,20
Eraste; lui-même resta quelque temps en Asie.
16 « fut si fort », cf Le 11, 21-22; mais à l ’invetse du cas normal envisagé par Luc,
ici c’est le démon qui est plus fort que l ’exorciste.
17 « Grecs », c’est-à-dire non Juifs, comme Ro 1, 16. — « était magnifié », pour
le terme, cf Le 1, 46; Ac 10,_ 46; Phi 1, 20.
19 Sciences occultes et magie florissaient à Ephèse.
20 Refrain optimiste, à la manière de Luc (Ac 6. 7; 9, 51; 12, 24).
21 Voici indiqué le plan de la dernière partie du livre des Actes: d’Ephèse à
Jérusalem par la Macédoine et l’Achaïe (19, 22-21, 26); Jérusalem et Césatée
(21, 17-26, 52); de Césatée à Rome (27-28). Dans l ’épître aux Romains, écrite
quelque temps après, lors de son séjour en Achaïe (Ac 20, 2-5), Paul exprime
avec insistance le désir qu’il a de voir Rome et même de passer en Espagne
(Ro 1,11-15; 15, 22-52).

325 ACTES
Paul à Ephèse. — 2° L ’émeute des orfèvres

19 ^ Vers ce moment-là, on ne fut pas peu troublé à


propos de la Voie. ^U n nommé Démétrius, orfè­
vre, fabriquait des .sanctuaires d’Artémis en argent
et procurait aux artisans un gain qui n ’était pas
petit. Il les réunit, ainsi que ceux des métiers
similaires, et il dit: « Hommes, vous savez que c’est
de ce gain que vient notre bien-être. E t vous
voyez et entendez dire que, non seulement à
Ac 17,29
Ephèse, mais dans presque toute l’Asie, ce Paul a
Ro 1,29
persuadé et détourné une foule considérable, en
disant que les dieux faits à la main ne sont pas des
dieux. Or il y a péril que non seulement notre
profession tombe en discrédit, mais encore que le
temple de la grande déesse Artémis ne soit
compté pour rien, et même que vienne à être
dépouillée de sa majesté celle que toute l’Asie et
le monde vénèrent. » “ A ces mots, remplis de
fureur, ils se mirent à crier: « Grande, l’Artémis des
Ephésiens! » ^ La viUe fut remplie de confusion, et
2Co6. 9
ils s’élancèrent d’un commun accord vers le théâ­
tre, en s’emparant de Gaïus et d’Aristarque, Macé­
doniens, compagnons de voyage de Paul.
^ Paul voulait pénétrer dans l’assemblée du
peuple, mais les disciples ne le lui permirent pas.
Quelques asiarques même, qui étaient de ses
23 « la Voie», c’est-à-dite la lègle de vie, la doctrine du Seigneur, désignation
sémitisante de la religion de Jésus (9, 2; 19, 9; 22, 4; 24, 14, 22).
24 Artémis, déesse de la fécondité, grande divinité d’Ephèse.
26 « toute l’Asie », la province, évidemment, cf v 10.
28 Ou, suivant une autie leçon: « Grande Artémis des Ephésiens! » (de même au
V 3 4).

ACTES 326
Bible latine. Lyon, 1569.

amis, l’envoyèrent prier de ne pas se risquer au 19


théâtre. On y poussait les cris les plus divers; car
la confusion régnait dans l’assemblée, et la plupart
ne savaient pas pourquoi on s’était réuni. On tira
de la foule Alexandre, que les Juifs poussaient en
avant. Alexandre, ayant fait signe de la main, vou­
lait se défendre devant l’assemblée; ^^mais quand
on eut reconnu qu’il était Juif, tous crièrent d’rme
seule voix pendant près de deux heures: « Grande,
l’Artémis des Ephésiens! »

31 On appelait « asiaique » le prêtre qui présidait rassemblée provinciale d’Asie,


ainsi que les jeux célébrés à cette occasion en l ’honneur de l ’empereur et de
Rome. La fonction était annuelle, mais celui qui l ’avait exercée conservait le titre.
Paul s’était donc fait de hautes relations.
33 Autre traduction: « Des gens de la foule persuadèrent Alexandre. »

327 ACTES
19 Le secrétaite cdma la foide: « Ephésiens, dit-il,
quel est l’homme au monde qui ignore que la ville
d’Ephèse est la gardienne de la grande Artémis et
de sa statue tombée du ciel? Cela donc étant
indiscutable, vous devez rester calmes et ne rien
faire d’inconsidéré. Car ces hommes que vous
avez amenés ne sont ni des sacrilèges ni des blas­
phémateurs de notre déesse. Si donc Démétrius
et les artisans qui sont avec lui ont un grief contre
quelqu’un, Ü se tient des audiences et il y a des
proconsuls: qu’on se cite en justice. Et si vous
avez autre chose à demander, il en sera statué
dans l’assemblée régulière. Aussi bien nous
courons le péril d’être accusés de sédition pour ce
qui s’est passé aujourd’hui, vu qu’ü n’existe aucun
motif qui nous permette de rendre raison de cet
attroupement. » E t cela dit, Ü congédia l’assemblée.

Paul quitte Ephèse pour la Macédoine et la Grèce,


puis il repart pour Jérusalem « via » Macédoine

20 ^ Après que le tumulte eut cessé, Paul fit venir


2 co2 ,12-13 jgg disciples, et quand il les eut exhortés, il les
salua et partit pour se rendre en Macédoine. ^11
traversa cette région, exhortant les [frères] avec
force paroles, et vint en Grèce, ^ où il passa trois
mois. Les Juifs ayant formé un complot contre lui,
alors qu’il allait gagner le large pour la Syrie, il fut

35 Le secrétaire dirigeait les débats de l’assemblée. — Dans plusieurs sanctuaires


de la Grèce antique, on montrait des statues plus ou moins informes, que la
légende disait tombées du ciel. Elles étaient très vénérées.

ACTES 328
d’avis de s’en retourner par la Macédoine. ^L’ac- 20
compagnaient Sopatros, [fils] de Pyrrhus, de Bérée;
les Thessaloniciens Aristarque et Secundus; Caïus,
de Dobérès, et Timothée; les Asiates Tychique et
Trophime. ®Ceux-ci, ayant pris les devants, nous
attendaient à Troas. ®Pour nous, partis de Philip-
pes, nous nous embarquâmes après les jours des
Azymes et, au bout de cinq jours, nous les rejoi­
gnîmes à Troas, où nous passâmes sept jours.

La nuit de Troas

’ Le premier jour de la semaine, comme nous


étions rassemblés pour rompre le pain, Paul, qui
devait partir le lendemain, leur parlait, et il pro­
longea son discours jusqu’à minuit. ®Il y avait
un bon nombre de lampes dans la chambre
haute où nous étions rassemblés. ®Or un adoles­
cent. du nom d’Eutyche, qui était assis à la fenêtre,
se laissa gagner par un profond sommeil tandis
que Paul parlait toujours, et emporté par le
sommeil, il tomba du troisième étage en bas. On
le releva mort. “ Mais, étant descendu, Paul se

4 « Dobérès » (le(on du texte Occ., au lieu de « Derbé », leçon de la masse des


manuscrits), ville de Macédoine, située entre Philippes et Amphipolis. Ce Caïus
est vraisemblablement le Caïus de 19, 29.
5 La narration à la première personne du pluriel, interrompue après 16, 17,
reprend ici et continue jusqu’à 2 1 , 18. Luc est donc de nouveau avec Paul.
6 « jours des Azymes », c’est-à-dire la semaine pascale, durant laquelle on
mangeait des pains azymes, sans levain (12, 3).
7 Probablement le samedi soir. Le récit qui suit est l ’un des plus exquis de tout
le livre, pourtant si riche en pages d’anthologie. — « compte le pain », il s’agit du
rite eucharistique (voir 2, 42, et la note).
8 «lam pes», détail pittoresque, sans autre intention que de décrire. — Sur la
chambre Mute, d 1,13.
10 Cf Mc 3, 39.

329 ACTES
Bible italienne. Venise, 1525.

20 jeta sur lui, le prit dans ses bras et dit: « Cessez ce


tumulte: son âme est en lui. » Puis il remonta,
rompit le pain et mangea, longtemps encore Ü con­
versa, jusqu’à l’aube; après quoi il partit. Quant
au jeune garçon, on le ramena vivant, et ce ne fut
pas une petite consolation.

12 Noter la discrétion de l ’auteur en ce qui concerne le miracle.

ACTES 330
De Trous à Milet

^^Poiir nous, partis les premiers sur le bateau, 20


nous gagnâmes le large pour Assos, où nous de­
vions reprendre Paul: ainsi en avait-il disposé, lui-
même devant aller à pied. ” Quand il nous eut
rejoints à Assos, nous le prîmes à bord et nous vîn­
mes à Mitylène; de là, nous mîmes à la voile, et
le lendemain nous arrivâmes devant Chio, Le jour
suivant nous füâmes vers Samos, et le jour d’après
nous vînmes à Milet. ^®Paul avait en effet décidé
de passer au large d’Ephèse, pour ne pas traber
en Asie. Car ü se hâtait poxor se trouver, si cela lui
était possible, le jour de la Pentecôte, à Jérusalem.

Les adieux de Paul aux anciens de l’Eglise


d’Ephèse

*^De Milet, il envoya [des messagers] à Ephèse


et fit venir les anciens de l’Eglise. Quand ils
furent arrivés près de lui, il leur dit
« Vous savez comment, depuis le premier jour où
j’ai mis le pied en Asie, je me suis tout le temps
1 Th 2 , 6-7
comporté avec vous, asservi au Seigneur en
toute humilité, dans les larmes et parmi les épreu-

13 Autre traduction: <( Lui-même viendrait par la route. » La distance à par­


courir était d’environ 40 km. On s’est perdu en conjectures sur cette décision de
Paul. Peut-être avait-il simplement besoin de solitude.
17 « M ilet» , ville de la province d’Asie, située sur le golfe Latmique, en face
de l ’embouchure du Méandre.
18 Dans ce discours, l ’auteur du livre des Actes a réuni un certain nombre de
traits destinés à dépeindre le labeur apostolique de Paul au sein de ses commu­
nautés. Les épîtres de Paul, que Luc d’ailleurs ne semble pas avoir connues, en
sont le meilleur amiinentaite.

331 ACTES
20 ves qui me sont arrivées par les complots des Juifs,
^ comment je n ’ai rien négligé de ce qui était utile
IT h 2,11
pour vous avertir et vous enseigner en public et
dans les maisons, adjurant Juifs et Grecs de se
convertir à Dieu et de croire en notre Seigneur
Jésus.
“ « Et maintenant, voici que, lié par l’Esprit, moi
je vais à Jérusalem, sans savoir ce qui m’y arrivera,
“ sauf que, de ville en ville, l’Esprit, 1’[Esprit] Saint
IC o 9.26
m’atteste que liens et afflictions m’attendent.
Ga 2, 2
Mais d’aucune façon je ne tiens ma vie pour pré­
Phi 2 .Ï6
cieuse, pourvu que j’accomplisse ma course et la
2T m 4, 7
charge que j’ai reçue du Seigneur Jésus: rendre
témoignage à l’Evangile de la grâce de Dieu.
^ « E t maintenant, voici que moi je sais que vous
ne verrez plus mon visage, vous tous parmi les­
quels j’ai passé en proclamant le Royaume. “ C’est
pourquoi je vous atteste aujourd’hui que je suis pur
du sang de tous; car je n ’ai [rien] négligé pour
vous annoncer tout le dessein de Dieu.
PH 1, 1
^ « Prenez garde à vous-mêmes et à tout le trou­
lT m 3 , 1-2
peau sur lequel l’Esprit, l’[Esprit] Saint, vous a éta­
Ti 1, 7
blis épiscopes pour faire paître l’Eglise de THeu,

19 « parmi les preuves », cf 1 Co 15, 52j 16, 9; 2 Co 1, 8-10, surtout 8: « à tel


point que nous désespérions même de la vie »,
20 Cf V 27.
22 Tel un prisonnier, Paul doit aller oü l ’Esprit le conduit.
24 « ma course », pour cette image, cf 13, 25; 1 Co 9, 26; Ga 2, 2; FM 2, 26;
2 Tm 4, 7. — L’Evangile provient de la grâce de Dieu et la manifeste.
25 En dépit de ses pressentiments, Paul devait revenir à Ephèse, mais bien plus
t a r d l l Tm 1. 5; 3, 24; 4, 23).
26 Cf 18, 6, et la note. Ce passage, et quelques autres (w 29, 20, 27, 33-34),
laissent entendre qu’à Ephèse, comme à Corinthe et à Thessalonique, la conduite
de Paul a été l’objet de méchantes critiques.
28 « épiscopes », c’est-à-dire « surveillants », cf Phi 1, 2; 1 Tm 3, 2 sv; Ti 1, 6-9.

AC’TES 332
qu’il s’est acquise par son propre sang, ^M oi je 20
sais qu’après mon départ entreront chez vous des
loups redoutables qui n ’épargneront pas le trou­
peau, ^ et que, du milieu même de vous, se lève­
ront des hommes qui tiendront des discours per­
vers pour entraîner les disciples à leur suite. 1 Th 2, 9-12
C’est pourquoi veillez, vous rappelant que, trois
années durant, nuit et jour, je n’ai cessé d’avertir
avec larmes chacun de vous,
« E t maintenant, je vous confie au Seigneur et
à la parole de sa grâce, qui a le pouvoir de bâtir
[l’édifice] et de vous donner l’héritage parmi tous IC o 9,12
les sanctifiés. Argent, or, ou vêtements, je n’en ai 2C ol2,13-K
convoité de personne. ^ Vous savez vous-mêmes qu’à IC o 4,12
mes besoins et à ceux de mes compagnons ont
pourvu les mains que voÜà. ^®En tout je vous ai
montré que c’est en peinant de la sorte qu’ü faut
secourir les faibles et se souvenir des paroles
du Seigneur Jésus, qui a dit lui-même: Il y a plus de
bonheur à donner qu’à recevoir. »

Encore appelés « anciens » (presbyties) v 17; Ti 1, 5; « ceux qui président »


(Ro 12, 5); «ceux qui sont a la tête» (1 Tn 5, 1 2 ); «les diefs» (He 13, 17).
Désignés sans doute par Paul, ils ont reçu du Saint Esprit le « don de gouver­
nement» (1 Co 12, 2 8). — « p ar son propre sang», expression difficile, qui a son
origine dans Tétroltesse des relations du Père et du Fils (1 Th 3, II; 2 Th 2,
Idi-Z7). Autre traduction évitant cette difficulté, mais qui paraît moins sûre:
« çm’il s’est acquise par le sang de son unique ». Encore moins sûre la leçon
facilitante: « l ’Eglise du Seigneur, qu’il s’est acquise ».
29 « loups », pour le terme, cf Mt 7, I^; Jn 10, 12. Pour la pensée, cf 2 Pe 2, I.
30 Cf 1 Jn 2, 19; Ro 16,17; 2 Tm 3, 6; Ti 1, 11.
31 « chacun de vous », cf 1 Th 2, 12.
32 S’inspire de Deut 33, 3 (Septante),
33 2 Co 12,13-14.
34 Sur le travail des mains auquel Paul s’est astreint, cf Ac 18, 3; 1 Co 9, 6:
1 Th 2, 9; 2 Th 3, 8.
33 Soit les faibles dans la foi (1 Co 8, 7-13; Ro 14, I; 1 Th 5, 14), soit les
pauvres, les malheureux. — Sentence dont on ne trouve aucune trace dans les
évangiles, mais qui est en plein accord avec l ’esprit de Jésus.

333 ACTES
20 E t ce disant, il se mit à genoux avec eux tous
et pria. Tous éclatèrent en sanglots, et se jetant
au cou de Paul, üs le couvraient de baisers, ^ tour­
mentés surtout de la parole qu’il avait dite, qu’ils
ne devaient plus voir son visage. Puis ils l’accom­
pagnèrent jusqu’au bateau.

De Milet à Tyr et Ptolémaïs

21 ^Et quand il nous advint de gagner le large,


après -nous être arrachés à eux, nous cinglâmes
droit sur Cos, le jour d’après, sur Ehodes, et de là
sur Patara. ^ Trouvant un bateau en partance pour
la Phénicie, nous montâmes à bord et gagnâmes le
large. ^Arrivés en vue de Chypre, nous la laissâ­
mes sur notre gauche pour naviguer vers la Syrie,
et nous descendîmes à Tyr, car c’est là que le ba­
teau devait déposer sa cargaison. Ayant décou­
vert les disciples, nous restâmes là sept jours.
[Poussés] par l’Esprit, ils disaient à Paul de ne pas
monter à Jérusalem; ^mais lorsqu’il nous advint
d’achever notre séjour, nous partîmes et nous nous
mîmes en route, tous nous accompagnant avec
femmes et enfants jusqu’en dehors de la ville.
Après nous être mis à genoux sur le rivage et avoir
prié, ®nous nous dîmes adieu; puis nous montâmes
à bord, tandis qu’ils retournèrent chez eux. ’ Pour

20 37 Lit; « U y eut alois des sanglots abondants de tous. »


91 1 Cos, petite ile faisant face à la côte S.O. d’Asie Mineure. Elle était rattachée
à la province d’Asie. — Rhodes, île dont le chef-lieu — du même nom — était
un grand centre maritime et une cité de haute culture. — Patara, port de la
Lycie,

ACTES 334
nous, terminant notre traversée, de Tyr nous arriva- 21
mes à Ptolémaïs; nous saluâmes les frères et nous
demeurâmes un jour chez eux.

A Césarée

®Repartis le lendemain, nous vînmes à Césarée,


Eph 4,11
et entrés chez Philippe l’évangéliste, qui était des
2T m 4, J
Sept, nous demeurâmes chez lui. ®I1 avait quatre
fuies vierges qui prophétisaient. “ Pendant les
quelques jours que nous restâmes là, descendit de
Judée un prophète du nom d’Agabus. “ Il vint vers
nous et, prenant la ceinture de Paul et s’en liant les
pieds et les mains, il dit: « Voici ce que dit l’Esprit,
IfEsprit] Saint: L’homme à qui appartient cette cein­
ture, les Juifs le lieront ainsi à Jérusalem, et üs le
livreront aux mains de ceux des nations. » Quand
nous entendîmes cela, nous le priâmes, nous et
ceux de l’endroit, de ne pas monter à Jérusalem.
Alors Paul répondit: « Qu’avez-vous à pleurer et
à me briser le cœur? Car pour moi je suis prêt, non
seulement à être lié, mais encore à mourir à Jéru­
salem pour le nom du Seigneur Jésus. » Et
comme il ne se laissait pas persuader, nous nous
tînmes tranquilles, disant: « Que la volonté du Sei­
gneur se fasse! »
7 « Ptolémaïs », la moderne Saint-Jean d’Acre.
8 Césarée, entre Joppé et Dora, résidence des procurateurs de Judée. C’est D
que, pour la première fois — mis à part la conversion de l ’Intendant de la reine
d’Ethiopie (8, 2&-3!>) — un païen, le centenier Corneille, était entré dans l ’Eglise
(10-11). — « des Sept », diacres (6, S-, 8, J-1j ; 26-40).
9 Sur les prophètes des communautés, cf 11, 27, et la note.
10 Agabus, cf 11, 2S.
11 Action symbolique, à la maniète des prophètes de l ’A.T.

335 ACTES
De Césarée à Jérusalem

21 Après ces jours-là, ayant achevé nos prépa­


ratifs, nous montions à Jérusalem. ^®Des disciples
^ de Césarée vinrent aussi avec nous, et ils nous
amenèrent loger chez un certain Mnason de
Chypre, un ancien disciple.

Paul à Jérusalem: cinquième séjour. Il s’associe


dans le Temple à l’accomplissement d’un vœu

” A notre arrivée à Jérusalem, les frères nous


accueillirent avec joie. Le lendemain, Paxol
entrait avec nous chez Jacques, et tous les anciens
arrivèrent. Après les avoir salués, il racontait en
IC o 15,10
détail ce que Dieu avait fait chez les nations par
Ro 15, is-21 gQjj service, et eux, l’ayant entendu, purifiaient
Dieu. Puis ils lui dirent: « Tu vois, frère, combien il
y a parmi les Juifs de dizaines de milliers qui ont em­
brassé la foi, et tous sont de zélés partisans de la
Ro 10, 4
Loi. Or, on leur a raconté de toi que tu ensei-
Ga i^,24-2s l’abaudou de Moïse à tous les Juifs qui sont
parmi les nations, leur disant de ne pas circoncire
1 Co 7 ,1 9
leurs enfants et de ne pas suivre les coutumes.
Phi 3, 5
^ Que faire? A coup sûr, ils apprendront que tu es
venu. “ Fais donc ce que nous allons te dire. Nous

18 Sur ce Jacques, b ic e du Seigneur, cf 12,17.


20 Hyperbole évidente.
21 Ce n'était pas l ’enseignement de Paul (1 Co 7, 17-18), ni sa pratique (16, 5;
1 Co 9, 20), mais c’était la conséquence logique de sa doctrine théologique, en
particulier de ses déclarations sur l ’inutilité de la circoncision (1 Co 7,. 19;
Ga 6, 15).

ACTES 336
avons ici quatre hommes qui sont tenus par un 21
voeu. Prends-les avec toi, purifie-toi avec eux et
dépense pour eux de quoi se faire raser la tête. Et
tous sauront qu’il n ’y a rien de vrai dans ce qu’ils
ont entendu dire de toi, mais que tu te conduis,
toi aussi, en observateur de la Loi. Quant à ceux
des nations qui ont embrassé la foi, nous leur
avons, nous, mandé nos décisions: se garder de la
viande immolée aux idoles, de sang, de chair
étouffée et de fornication. » “ Alors Paul prit ces
hommes, et le jour suivant, s’étant purifié avec eux,
il entra dans le Temple et divulgua le délai dans
lequel, une fois les jours de purification accomplis,
on présenterait l’offrande pour chacun d’entre eux.

'Emeute des Juifs et arrestations de Paul

Comme les sept jours allaient finir, les Juifs


d’Asie, l’ayant aperçu dans le Temple, jetèrent la
confusion dans toute la foule et portèrent les mains
sur lui, ^®en criant: « Israélites, au secours! Le voilà,
l’homme qui enseigne à tous et partout contre le

24 On demande à Paul d’assumer les frais du sacrifice de clôture.


25 Jacques semble s’exprimer comme si Paul n ’était pas au courant des décisions
concernant « ceux des nations qui ont embrassé la foi »; mais ce détoil de xédac<
tion n ’est pas une raison suffisante pour dénier toute valeur historique au ch 15,
qui est un des sommets du livre des Actes.
26 « I l ne peut être question que d’une dédatation faite au Temple en vue des
cérémonies de clôture du nazirat (Nomb 6, 10-20), c’est-à-dire des sacrifices que
notre texte désigne en bloc sous le nom d’offrande. Vu le grand nombre de ces
sortes de sacrifices, surtout au temps des fêtes, il semble que l ’on dût faire une
déclaration préliminaire en vue de prendre jour, heure et rang pour l ’aax>mplis-
sement du vœu. » (Jacquier). Paul fait d’autant moins de d iffic u tâ que lui-même,
naguère, « s’était fait tondre la tête, à Kenchxées, car il avait fait tm vœu »
[18, 18). — Nous ne savons si cet acte de générosité condescendante apaisa les
frères de Jérusalemj toujours est-il qu’ils ne paraîtront, ni en bien ni en mal, dans
les événements qui vont suivre.

337 ACTES
21 Peuple, contre la Loi et ce Lieu-ci! Il a même fait
entrer des Grecs dans le Temple et souiUé ce saint
2 Tm 4,20
Lieu! » ^ Car ils avaient vu auparavant Trophime,
l’Ephésien, avec lui dans la ville, et ils croyaient
que Paul l’avait fait entrer dans le Temple. ^“La
ville entière s’agita et de toute part le peuple
accourut; on se saisit de Paul et on le traîna hors
du Temple, dont les portes furent aussitôt fermées.
On cherchait à le tuer, quand parvint au tribun
de la cohorte la nouvelle que tout Jérusalem était
dans la confusion. l’instant, prenant avec lui
des soldats et des centeniers, ü courut à eux. A la
vue du tribun et des soldats, on cessa de frapper
Paul. Alors le tribun s’approcha, se saisit de lui et
ordonna de le lier de deux chaînes; puis il de­
manda qui il était et ce qu’il avait fait. ^ On pous­
sait les cris les plus divers dans la foule. Ne pou­
vant rien savoir de sûr à cause du tumulte, [le tri­
bun] ordonna d’amener [Paul] dans la forteresse.
Lorsqu’il fut sur les degrés, les soldats durent le
porter, à cause de la violence de la foule. “ Car la
multitude du peuple suivait, aux cris de: « A mort,
cet homme! »

28 « le peuple », c’est-â-diie: le peuple juif; le « Lieu », c*est«à«dire le Temple


(6, 14); « le Lieu saint» (6, V ) . — L’accusation était grave, car tout païen qui
pénétrait dans l ’enceinte réservée aux Juifs était passible de mort; des inscriptions
gravées sur des colonnes l ’en avertissaient. C’était manifestement une calomnie
contre Paul, trop au courant de cette interdiction et trop respectueux des lois,
pour commettre une telle infraction.
31 Cette cohorte, chargée d’assurer l ’ordre, était casemée dans la forteresse
Antonia, laquelle était située au nord-ouest du parvis du Temple et communiquait
par des degrés avec le « parvis des Gentils ».

ACTES 338
Discours de Taul aux Juifs de Jérusalem soulevés
contre lui

Comme on allait le faire entrer dans la forte- 21


resse, Paul dit au tribun: « M’est-il permis de te dire
un mot? » Celui-ci déclara: « Tu sais le grec? Tu
n’es donc pas l’Egyptien qui, ces jours-ci, a soulevé
et emmené au désert les quatre mille sicaires? »
Paul dit: « Je suis Juif, moi, de Tarse en Cilicie,
citoyen d’une ville qui n ’est pas sans renom. Je t ’en
prie, permets-moi de parler au peuple. » Le tri-
bun l’ayant permis, Paul, debout sur les degrés, fit
signe de la main au peuple. Il y eut un grand
silence, et Paul s’adressa à eux en langue hébraï­
que:
^ « Frères et pères, écoutez ce que j’ai mainte- 22
nant à vous dire pour ma défense. » ^ Quand ils
entendirent qu’il s’adressait à eux en langue hé­
braïque, ils redoublèrent de silence. [Paul] dit:
^ « Je suis Juif, né à Tarse en Cilicie; mais j’ai été

38 Un de ces âneutiets, qui de temps en temps soulevaient la foule au moyen 21


de belles promesses et la misaient massacrer (cf 5 , 36-37),
39 Tarse, capitale de la province romaine de Cilicie, était en effet une ville
importante et un centre de lû u te culture.
40 « en langue hébraïque », c’est-à-dire: en araméen. Depuis longtemps, le
peuple avait cessé de parler et de comprendre l ’hébreu.
1 Ce discours reprend^ avec quelques variantes, le récit de la conversion, tel
qu’il figure 9, 1-19. Mais, présentant sa défense, Paul insiste sur plusieurs points
22
qui lui semblent de nature a le recommander auprès de son auditoire: 1) il a â é
élevé à Jérusalmn <c sdm i r e c t i t u d e de la Loi des ancêtres, aux pieds de Gama-
liel » (v 3 ), le maître illustre et universellement respecté; 2) il a été introduit dans
la <cVoie » nouvelle et instruit de sa mission par « un homme pieux selon la I ^ i
et de qui tous les Juifs habitant [la ville] re n fle n t un ^ n témoignage » (v 12);
3) c’est sur un ordre exprès du Seigneur qu’il a quitté la ville et est allé définiti­
vement aux tm ens ( w 17-21). Evidemment ce dernier çoint, qu’il ne pouvait
passer sous silence, n ’était guère de nature à lui concilier la faveur de son
auditoire.

339 ACTES
22 élevé dans cette ville-ci, et c’est aux pieds de Ga-
Ga 1,14 maliel que j’ai été instruit selon l’exactitude de la
Phi 3, 5
Loi des ancêtres. J ’étais rempli de zèle pour Dieu,
Ro 10, 2
comme vous l’êtes tous aujourd’hui. ‘‘J ’ai persé­
PH 3, 6
cuté à mort cette Voie, chargeant de liens et jetant
Ac 8, 3
en prison hommes et femmes, ^ tout comme le
grand prêtre m’en est témoin, ainsi que tout le col­
lège des anciens. Ayant même reçu d’eux des
lettres pour les frères de Damas, je m’y rendais en
vue d’amener aussi ceux qui étaient là-bas, liés, à
Jérusalem, pour être châtiés.
®« Or donc, chemin faisant et comme j’approchais
de Damas, vers midi, soudain, venant du ciel, res­
plendit autour de moi une grande lumière. ’ Je
tombai sur le sol et j’entendis une voix qui me
disait: Saoul, Saoul, pourquoi me persécutes-tu? —
®Je répondis: Qui es-tu Seigneur? — Il me dit: Je
suis Jésus le Nazôréen, que tu persécutes. —
®Ceux qui étaient avec moi virent bien la lumière,
mais ils n ’entendirent pas la voix de celui qui me
parlait. “ Je dis: Que dois-je faire. Seigneur? — Et
le Seigneur me dit: Relève-toi, va à Damas, et là on
te parlera de tout ce qu’ü t ’est prescrit de faire. —
Comme je n’y voyais pas à cause de l’éclat de
cette lumière, c’est condtdt par la main de mes
compagnons que j’arrivai à Damas.

3 Sur Gamaliel, voir 5 , 34, et la note.


4 « Voie », maoiète de servir Dieu inaugorée par Jésus, cf 9, 2; 18, 23, 26\ 19, 9,
23; 24, 14, 22.
9 Ac 9, 7: les compagnons de route de Paul entendaient la voix, mais ne
voyaient personne. La différence serait f>ius légère, si, comme la grammaire y
autorise, on traduisait 22, 9: «virent bien la lumière, mais ne comprirent pas
la voix... » (?).

ACTES 340
« Un certain Ananie, homme pieux selon la Loi 22
et de qui tous les Juifs habitant [la ville] rendaient
un bon témoignage, vint vers moi et, se présen­
tant, il me dit: Saoul, mon frère, recouvre la vue. —
Et moi, au même instant, je recouvrai la vue et le
regardai, Il dit: Le Dieu de nos pères t ’a destiné
à connaître sa volonté, à voir le Juste et à enten­ Ga 1, V -16
dre une voix sortie de sa bouche; car pour lui tu
géras témoin, auprès de tous les hommes, de ce
que tu as vu et entendu. “ E t maintenant, que
tardes-tu? Lève-toi, sois baptisé et lave-toi de tes
péchés en invoquant son nom,
« Or donc, de retour à Jérusalem, comme je
priais dans le Temple, j’entrai en extase “ et je vis
le [Seigneur] qui me disait: Hâte-toi et sors vite de
Jérusalem, car ils n ’accueiUeront pas ton témoi­
gnage à mon sujet. — “ Et moi je dis: Seigneur, ils
savent, eux, que c’est moi qui faisais mettre en
prison et battre, de synagogue en synagogue, ceux Ac 87,, 1 ^8
qui croient à toi; ^ et lorsqu’on répandait le sang
d’Etienne, ton témoin, moi aussi j’étais présent,
j’approuvais, et je gardais les vêtements de ceux
qui le tuaient. — E t il me dit: Va, parce que moi, Eph 3, 8-10
c’est vers les nations, au loin, que je t ’enverrai. »

16 « Lève-toi, sois baptisé », ou « sois baptisé stir-le-champ » (9,18, et la note).


17 « d e retour à Jérusalem», soit lors du premier voyage de Paul à Jérusalem,
après sa conversion' (9, 26-30), soit lors de son second voyage, en compagme de
Barnabé (11, 30; 12, 2 3). ■ — « j ’entrai en extase»; c£ 10, 10: « i l lui vint une
extase »j 11, 3: « je vis, en extase »; Ap 1, 10 et 4, 2: « je fus [ravi] en esprit ».
20 Cf 7, 38, et 8 ,1 .

341 ACTES
Faul citoyen romain. Sa conversation avec le tribun
de la cohorte casernée dans la forteresse Antonia

22 [Les Juifs] l’avaient écouté jusqu a cette


parole; mais alors ils élevèrent la voix, disant:
« Enlève de la terre un tel homme! Il ne convient
pas qu’il vive. » “ Comme ils vociféraient, lançaient
leurs manteaux et jetaient de la poussière en
l’air, le tribun ordonna de le faire entrer dans la
forteresse, et Ü dit de le mettre à la question par le
fouet, afin de savoir pour quel motif on criait ainsi
contre lui.
Quand on l’étendit pour la flagellation, Paul
dit au centenier qui se tenait là: « Vous est-il per­
mis de fouetter un citoyen romain, et cela sans
jugement? » ces mots, le centenier alla pré­
venir le tribun: « Que vas-tu faire? Cet homme est
un Romain. » ^ Le tribun alla donc trouver Paul et
lui dit: « Dis-moi, tu es Romain? » Il déclara:
« Oui ». Le tribun reprit: « Moi, c’est par une
forte somme que j’ai acquis ce droit de cité. » Paul
déclara: « E t moi je l’ai de naissance. » Aussitôt
donc, ceux qui allaient le m ettre à la question s’écar­
tèrent de lui, et le tribun prit peur, sachant que
c’était un Romain qu’il avait fait lier.

23 Ce sont des gestes d’indignation et de fureur, à la manière orientale.


23 Autre traduction: « Quand on l ’eut attaché avec les courroies ». — A la
différence de son attitude à £hilippes, où il s’est laissé « couvrir de plaies, battre
en public et sans jugement » (16, 23, 37), Paul met en avant sa qualité de citoyen
romain.
23 La civitas rom am procurait de tels avantages et assurait une telle sécurité que,
pour l ’acquérir, on ne regardait pas à la dépense.
29 Lit: « qu’il était Romain, et qu’il l ’avait fait lier. »

ACTES 342
Paul devant le Sanhédrin

^“Le lendemain, voulant savoir d’une manière 22


sûre de quoi l’accusaient les Juifs, il le fit délier et
ordonna aux grands prêtres et à tout le Sanhédrin
de se réunir; puis, faisant descendre Paul, il le
plaça devant eux.
^Les yeux fixés sur le Sanhédrin, Paul dit: 23
«Frères, c’est en toute bonne conscience que je
me suis conduit devant Dieu jusqu’à ce jour. » ^
^Mais le grand prêtre Ananie commanda à ceux
qiai se tenaient près de lui de le frapper sur la
bouche. ^ Alors Paul lui dit: « Dieu te frappera,
mur blanchi! Tu sièges, toi, pour me juger selon
la Loi et, au mépris de la Loi, tu ordonnes de me
frapper! » Ceux qui se tenaient là dirent: « C’est
le grand prêtre de Dieu que tu insultes! » ®Paul
déclara: « Je ne savais pas, frères, qu’il fût grand
prêtre, car il est écrit: Pu ne parleras pas mal d’un
chef de ton peuple. »
®Paul, sachant qu’une partie [de l’assemblée]
était composée de Sadducéens et l’autre de Phari­
siens, cria dans le Sanhédrin: « Frères, je suis, moi. PM 3, 3

Pharisien, fils de Pharisiens; c’est pour l’espérance

1 « je me suis conduit », même terme que Phi 1, 27.


2 Grand prêtre de 47 à 52. Destitué, puis rentré en grâce, et de nouveau déposé
en 59. — « à ceux qui se tenaient près de lui », pour exécuter ses ordres.
3 « mur blanchi! » c£ Mt 23, 27.
5 Qu’Ananias fût effectivement le grand prêtre ou qu’il n ’en eût que le titre,
comme en ayant exercé les fonctions auparavant, l ’ignorance de Paul étonne. Mais
l ’étrangeté même du fait en garantit l ’authenticité. Ex 22, 27.
6 Lit: « c’est pour l ’espérance et la résurrection des morts » (hendiadys). La
croyance en la résurrection des morts — condition sifie qua non de la résurrec­
tion de Jésus — était au centre même de la pensée de Paul, comme de sa prédi­
cation; et les Sadducéens en étaient « excédés » (4, 2 ).

343 ACTES
23 en la résurrection des morts que je suis mis en
jugement. » ^ Comme il disait cela, ime controverse
s’éleva entre Pharisiens et Sadducéens, et l’assem­
blée se divisa, ®Les Sadducéens, en effet, disent
qu’il n’y a ni résurrection, ni ange, ni esprit, tandis
que les Pharisiens professent l’un et l’autre, ®Ce
fut une grande clameur. Quelques scribes du parti
des Pharisiens se levèrent et protestèrent avec
énergie: « Nous ne trouvons rien de mal en cet
homme. Et si un esprit lui avait parlé?,,, ou un
ange? » “ Comme la controverse s’aggravait, le
tribun, craignant qu’ils ne missent Paul en pièces,
ordonna à la troupe de descendre pour l’arracher
du milieu d’eux et l’amener à la forteresse.

Apparition de Jésus à Paul

La nuit suivante, le Seigneur se présenta à


2 Co 12,1
[Paul] et lui dit: « Courage! Car, de même que tu as
rendu témoignage de moi à Jérusalem, ainsi faut-il
que tu témoignes encore à Rome. »

8 Voici le témoignage de Josèphe (Ant. jud. 18, 1, 3'4): «Les Pharisiens croient
à l ’immortalité de Pâme et à des récompenses et des peines... la doctrine des
Sadducéens fait mourir les âmes en même temps que les 0 )rps. »
10 C i2 l,3 U 3 6 .
11 11 est vraisemblable que, comme à Corinthe (18, 5^), Paul, inquiet, a eu besoin
d’être rassuré, encouragé, fortifié. Luc n ’a garde de signaler le moindre flédiisse<
ment dans l ’âme de son héros. Mais les épîttes de Paul sont, heureusement, plus
explicites. Cf le beau texte de 2 Co 7, 3: « nous étions affligés de toute manière:
au dehors, des batailles; au dedans, des craintes. »

A CTES 344
Complot des Juifs. Intervention du neveu de Paul.
Paul transféré à Césarée

Le jour venu, les Juifs formèrent un complot, et 23


ils s’engagèrent par anathème à ne manger ni
boire avant d’avoir tué Paul. Ils étaient plus
de quarante à avoir fait cette conjuration. ” Ils
allèrent trouver les grands prêtres et les anciens, et
ils dirent: « Nous nous sommes engagés sous peine
d’anathème à ne goûter à rien avant d’avoir tué
Paul. Vous donc maintenant, en accord avec
le Sanhédrin, proposez au tribun de le faire des­
cendre devant vous, comme si vous deviez ins­
truire plus exactement son affaire; pour nous, nous
sommes prêts à le tuer avant qu’il approche. »
Mais le fils de la sœur de Patil, ayant eu con­
naissance du guet-apens, arriva et, entrant dans la
forteresse, l’annonça à Paul. Appelant un des
centeniers, Paul déclara: « Emmène ce jeune hom­
me au tribun: il a quelque chose à lui annoncer. »
“ Celui-ci donc le prit et l’amena au tribun: « Le
prisonnier Paul, dit-il, m’a fait appeler et m’a prié
de t ’amener ce jeune homme, qui a quelque chose
à te dire. » Le tribun le prit par la main, se retira
à l’écart et demanda: « Qu’est-ce que tu as à m’an­
noncer? » Il dit: « Les Juifs sont convenus de te

12 « par anathème », c’est-à-dire en se vouant aux plus sévères punitions de Dieu,


la mort même.
12-14 L ’historien Josèphe raconte de semblables conjurations, ourdies par des
Juifs fanatiques.
16 Nous ne savons malheureusement rien, ni de la mère, ni du fils. Mais la
démarche de ce dernier laisse supposer que Paul n ’avaiv pas rompu toutes rela­
tions avec les siens.

345 ACTES
23 demander de faire descendre Paul, demain, devant
le Sanhédrin, sous prétexte de s’informer plus
exactement à son sujet. Toi donc, ne vas pas les
croire, car c’est im guet-apens que lui préparent
plus de quarante d’entre eux; ils se sont engagés
par anathème à ne manger ni boire avant de l’avoir
tué, et maintenant ils sont prêts et n ’attendent que
ton accord. » “ Le tribun alors congédia le jeune
homme, en lui faisant cette recommandation: « Ne
raconte à personne que tu m’as révélé ces
choses. »
“ Et appelant deux des centeniers, il dit: « Te­
nez prêts à partir pour Césarée, dès la troisiè­
me heure de la nuit, deux cents soldats, soixante-
dix cavaliers et deux cents lanciers. Qu’on pré­
pare aussi des montures afin de transporter Paul
sain et sauf chez le gouverneur Félix. » Et il écri­
vit tme lettre ainsi conçue:
“ « Claudius Lysias à l’excellent gouverneur
Félix, salut!
« L’homme que voici avait été saisi par les Juifs,
et üs allaient le tuer quand, survenant avec la troupe,
je le leur arrachai, ayant appris qu’il était Romain.
Voulant connaître le motif pour lequel ils l’accu­
saient, je l’ai fait descendre devant leur Sanhédrin.

19-22 Gentille scène, contée avec une délicate sobriété.


23 C’est-à-dire neuf heures du soir. — L’escorte était importante; le centenier
avait pris au sérieux les renseignements que lui avait fournis le neveu de Paul.
24 Une pour Paul, ime pour le soldat de garde. — Le texte Occ. ajoute; « Car
le tribim craignait que les Juifs ne l ’enlèvent et ne le tuent, et qu’ensuite on ne
l ’accuse lui-même d’avoir reçu de l ’argent. »
26 Félix, frère de Pallas, le favori de Claude et de Néron, et comme lui, affran­
chi. Procurateur de Judée de 52 à 60. A toujours conservé son âme d’esclave.
27 Lysias sait présenter les faits à son avantage (cf 21, 32-32; 22, 25-29).

ACTES 346
^®J’ai trouvé qu’on l’accusait à propos de ques- 23
tions touchant leur loi, mais qu’il n’y avait rien dans
l’inculpation qui méritât la mort ou les liens. ^ Pré­
venu qu’un complot se préparait contre cet homme,
je te l’envoie à l’instant, tout en enjoignant à ses
accusateurs de dire devant toi ce qu’ils ont contre
lui. »
Les soldats donc, conformément à ce qui leur
avait été prescrit, prirent Paul et l’amenèrent de
nuit à Antipatris. Le lendemain, laissant les cava­
liers partir avec lui, üs retournèrent à la forteresse.
Entrés à Césarée, [les cavaliers] remirent la lettre
au gouverneur et lui présentèrent aussi Paul. [Le
gouverneur] lut la lettre et demanda de quelle pro­
vince il était. Apprenant qu’il était de Cilicie:
« Je t ’entendrai, dit-Ü, lorsque tes accusateurs
seront arrivés, eux aussi. » E t il ordonna de le
garder dans le prétoire d’Hérode.

Paul prisonnier à Césarée.


Paul et ses accusateurs devant Félix

^ Cinq jours après, le grand prêtre Ananie des­ 24


cendit avec quelques anciens et un avocat, un cer­
tain TertuUus, et ils portèrent plainte devant le gou­
verneur contre Paul, ^ Celui-ci ayant été appelé,

29 Même attitude que le proconsul Gallîon (1 8 , 14-16). 23


31 Dans la plaine de Satôn, à 63 km de Jérusalem: une vraie marche forcée, Il
fallait se hâter, pour mettre Paul à l ’abri. Mais on peut supposer que le trajet se
fit en deux étapes de nuit,
35 Devenu, selon une coutume romaine, la résidence du gouverneur, ~ .
1 « TertuUus », peut-être un Juif (v 6 « nous ») helléniste. z4

347 ACTES
P aul devant F élix.
Bible italienne. Venise, 152}.

24 Tertullus commença l ’accusation en ces termes: « La


paix profonde dont nous jouissons grâce à toi, et
les réformes que cette nation doit à ta providence,
^ en tout et partout nous les accueillons, excellent
Félix, en toute gratitude. ^ Mais, potir ne pas t ’im­
portuner davantage, je te prie de nous écouter un
instant avec ta bienveillance. ®Nous avons trouvé
cet homme — vme peste! — qui suscite des sédi­
tions chez tous les Juifs du monde, et qui est le
protagoniste de la secte des Nazôréens. ^ Il a

2-4 Exoïde obséquieux et flatteur.


5 «une peste», terme méprisant (1 Mac 10, 61\ 15, 21). — «secte des Nazô>
réens », les disciples sont daignés d*après leur Maître, « Jésus le Na2Ôréen »
(2, 22; 3, d; 4, 10; 6, 14; 22, 8; 26, 9 ). Cette appellation n*a tien d*injurieux en
elle-même; mais il est possible qu4ci, comme 6 , 14, d ie soit dépréciative.

ACTES 348
même tenté de profaner le Temple et nous l’avons 24
alors arrêté, [’ ...] ®Par lui tu pourras toi-même, en
l’interrogeant, t ’assurer de tout ce dont nous l’ac­
cusons. » ®Les Juifs l’appuyèrent, affirmant qu’il en
était ainsi.
Le gouverneur lui ayant fait signe de parler,
Paul répondit: « Sachant que depuis de nombreu­
ses années tu es juge de cette nation, c’est de bon
cœur que je défends ma cause. “ Comme tu peux
t’en assurer, il n ’y a pas plus de douze jours que je
suis monté, pour adorer, à Jérusalem, et ni dans
le Temple, ni dans les synagogues, ni par la viUe,
on ne m’a trouvé discutant avec quelqu’un ou pro­
voquant un attroupement de la foule. Ils ne peu­
vent pas non plus te prouver ce dont maintenant
ils m’accusent.
« Je te le déclare cependant: c’est selon la
Voie qu’ils appellent xme secte que je sers le Dieu
des ancêtres, croyant à tout ce qu’il y a dans la Loi
et à ce qui est écrit dans les Prophètes, ayant en
Dieu cette espérance, comme ils l’ont eux-mêmes,
qu’il va y avoir une résurrection des justes et des
injustes. “ C’est pourquoi, moi aussi, je m’efforce
d’avoir constamment une conscience irréprochable
devant Dieu et devant les hommes.

7 Le texte Occ. ajoute: «Nous avons voulu le juger selon notre lo i; mais le
tribun Lysias, étant survenu. Va arraché de nos mains avec ime grande violen(% (8)
et a ordonné à ses accusateurs de venir devant toi. »
10 « de nombreuses années », environ huit ans.
U Cf 21,27 et 2 4 ,1.
14 Cf 9, 2 et la note.
15 « des justes et des injustes », au sens religieux de ces termes, c’est-à-dire de
ceux qui ont accompli la volonté de Dieu et de ceux qui ne l’ont pas accomplie.

349 ACTES
24 « Après bien des années, je suis venu faire
Ro i5,2;-2s aumônes à ma nation et [présenter] des offran­
des. C’est alors qu’ils m’ont trouvé, purifié, dans
le Temple, et il n’y avait ni attroupement ni tumulte.
^®Mais certains Juifs d’Asie, qui devraient être là
devant toi pour m’accuser, s’ils avaient quelque
chose contre moi... Ou bien qu’Üs disent, ceux
que voici, quelle injustice üs ont trouvée en moi,
quand j’ai comparu devant le Sanhédrin. A moins
qu’il ne s’agisse de cette seule parole que j’ai
criée, debout parmi eux: C’est pour la résurrec­
tion des morts que je suis aujourd’hui mis en juge­
ment devant vous. »
Félix, qui savait très exactement ce qui con­
cernait la Voie, les ajourna, en disant: « Lorsque le
tribun Lysias descendra, j’instruirai votre affaire. »
^ Et il prescrivit au centenier de garder Paul, tout
en lui laissant quelque liberté, et sans empêcher
aucun des siens de lui rendre service.

Paul devant Félix et Drusilla

Quelques jours après, Félix, arrivé avec Dru­


silla, sa femme, qui était juive, fit venir Paul et
l’écouta parler de la foi en Christ Jésus. “ Mais

17 Seule allusion dans les Actes à « la collecte en lavent des saints » (1 Co 16, 1 ),
qui a tenu une si grande place dans l’activité de Paul et lui a a é ê tant de soucis
(Ro 15, 25-2S; 1 Co 16, î-4; 2 Co 8-9; Ga 2, 10). Nous ne savons conunent elle
fut agtéée, ni si l ’Eglise de Jérusalem en manuesta quelque reconnaissance à
Paul.
21 a 23, 6.
24 La plus jeune des trois filles d’Hérode A^ipt>a I.
25 « la continence », vertu que Félix ne pratiquait guère.

ACTES 350
comme Paiil discourait sur la justice, la continence 24
et le jugement à venir, Félix, saisi de peur, répon­
dit: « Pour le moment, va; quand j’en aurai l’occa­
sion, je te rappellerai. » ^ Il espérait aussi que
Paul lui donnerait de l’argent; et c’est pourquoi il le
faisait venir fréquemment pour converser avec lui.

Porcius Festus succède à Félix

Après deux années écoulées, Félix eut pour


successeur Porcius Festus, mais voulant obliger les
Juifs, Félix laissa Paul en prison.

Festus refuse de transférer Paul à Jérusalem

^ Festus donc, trois jours après son arrivée dans 25


la province, monta de Césarée à Jérusalem. ^Les
grands prêtres et les notables juifs portèrent
plainte auprès de lui contre Paul, et ils le priaient
^ et lui demandaient en grâce, contre Paul, de le
faire venir à Jérusalem: ils préparaient un guet-
apens pour le tuer en chemin. '‘Festus répondit
donc que Paul était gardé à Césarée et que lui-
même devait s’en aller sous peu. ®« Que ceux
donc d’entre vous qui sont qualifiés, dit-il, descen­
dent avec moi, et s’il y a quelque chose de fâcheux
en cet homme, qu’üs l’accusent. »

26 Félix, savût que Paul «était venu pour faire des aumônes sa nation » 24
(v 17), devînt penser qu*il disposait d*tme grosse somme d’agent.
Z I « j^rcius Festus », procurateur de Judée de 60 à 62.
3 Cf 23, 20-21. 25
351 ACTES
Faul en appelle à César

25 ^ Après avoir passé parmi eux huit à dix jours au


plus, il descendit à Césarée, Le lendemain, il s’assit
au tribunal et ordonna d’amener Paul. ’ Quand il fut
arrivé, les Juifs descendus de Jérusalem l’entou­
rèrent, produisant de nombreuses et graves accu­
sations qu’üs ne pouvaient soutenir, ®Paul se dé­
fendait: « Je n ’ai péché en rien, ni contre la Loi des
Jiiifs, ni contre le Temple, ni contre César. »
®Festus, voulant faire une faveur aux Juifs, répon­
dit à Paul: « Veux-tu monter à Jérusalem pour y être
jugé là-dessus devant moi? » Paul dit: « C’est de­
vant le tribunal de César que je me trouve; c’est là
que je dois être jugé. Je n’ai fait aucun tort aux
Juifs, comme toi-même tu le sais fort bien. Si
donc je suis coupable, si j’ai fait quelque chose qui
mérite la mort, je ne refuse pas de mourir. Mais si
rien n ’existe de ce dont ces gens-là m’accusent,
personne ne peut me hvrer à eux: j’en appelle à
César, » ^ Alors Festus, après en avoir parlé avec
son conseil, répondit; « Tu en as appelé à César;
tu iras devant César. »

Festus informe le roi Agrippa du cas de Faul

Quelques jours s’étant passés, le roi Agrippa


et Bérénice arrivèrent à Césarée et saluèrent Fes-

12 Tout citoyen lomain, en quelque partie de l ’empite qu’il habitât, pouvait


demander à être jugé à Rome.
13 U s’agit d’Agcippa I I , depuis 30 toi de Cbalcis, petite principauté du Liban,

ACTES 352
tus. “ Comme ils restèrent là plusieurs jours, Fes- 25
tus exposa au roi le cas de Paul; « Il y a ici, dit-il, un
prisonnier laissé par Félix, au sujet duquel, lors­
que je me suis rendu à Jérusalem, les grands prê­
tres et les anciens des Juifs ont porté plainte, ré­
clamant sa condamnation. “ Je leur ai répondu
que les Romains n ’avaient pas coutume de livrer un
homme, avant que l’accusé ait été confronté avec
ses accusateurs et ait obtenu la faculté de se dé­
fendre contre l’inculpation. ‘^^Eux donc m’ayant
accompagné ici, sans aucun délai, le jour d’après,
je me suis assis au tribunal et j’ai ordonné d’ame­
ner l’homme. “ Les accusateurs se sont présentés
et n ’ont porté contre lui aucun des fâcheux
motifs que je supposais; ^®ils en avaient après
lui pour certaines questions sur leur religion à eux,
et sur un certain Jésus, qui est mort, et que Paul
affirmait être en vie. “ Ne sachant que faire dans
une discussion de ce genre, je lui ai demandé s’il
voulait aller à Jérusalem pour y être jugé là-dessus.
Mais Paul en ayant appelé pour être réservé au
jugement de l’Auguste, j’ai ordonné de le garder
jusqu’à ce que je l’envoie à César. » “ E t Agrippa
à Festus: « Je voudrais bien, moi aussi, entendre
cet homme. » — « Demain, dit-il, tu l’entendras. »

puis, à pattix de 32, téttatque de Batanie, Tiachonite, Itoiée, Autanite, Gaulanite


et Abilène. — Bétéaice, sa sœur, célèbre par sa beauté et son inconduite, idéalisée
par Racine dans la tragédie qui porte son nom. — Ou «arrivèrent à Césarée
pour saluer Festus. »
19 Cf 18, 13; 23, 29, même refus, quelque peu hautain, de s’immiscer dans des
querelles d’ordre mligieux. — « mort... en vie », aucune formule ne marque mieux
ce qui, par rapport à Jésus, distingue le chrétien du non chrétien,
21 « l ’Auguste », c’est-à-dire l ’empereur Néron. Tous les empereurs, à la suite
d’Octave, portaient les noms d ’Auguste et de César.

353 ACTES
Discours de Paul devant Agrippa

25 ^ Le lendemain donc, Agrippa et Bérénice vin­


rent en grand apparat et entrèrent dans la salle
d’audience avec les tribuns et les principaux per­
sonnages de la viUe, et sur l’ordre de Festus, on
amena Paul. « Roi Agrippa, dit Festus, et vous
tous ici présents avec nous, vous voyez cet homme
au sujet duquel toute la multitude des Juifs m’a sol­
licité, tant à Jérusalem qu’ici, clamant qu’il ne devait
plus vivre, “ Pour moi, j’ai compris qu’il n ’avait rien
fait qui méritât la mort; mais celui-ci en ayant lui-
même appelé à l’Auguste, j’ai décidé de le [lui] en­
voyer. “ Sur son compte je n’ai rien de sûr à écrire
au Seigneur; c’est pourquoi je l’ai fait comparaître
devant vous, et surtout devant toi, roi Agrippa, afin
qu’après cet interrogatoire, j’aie quelque chose à
écrire. ^ Il me semble en effet déraisonnable d’en­
voyer un prisonnier sans signifier aucun motif
contre lui, »
26 ^ Agrippa dit à Paul: « Il t ’est permis de parler
pour toi. » Alors Paxd, étendant la main, présenta
sa défense:
^ « De tout ce dont je suis accusé par les Juifs, roi
Agrippa, je m’estime heureux d’avoir à me défen-

25 23 <( les tribuns c’est-à-dire les commandants des cinq cohortes de Césarée.
^ ^ 26 « Seigneur », titre divin porté par les empereurs romains depuis Galigula.
2 O 27 « les charges qui pèsent sur lui », lit: « les motifs contre lui. »
1 Paul étend la main droite, qu’il dégage de son manteau. En 13, 16 et 21, 40,
il « fait signe de la main »; mais ici, devant parler solennellement devant im audi­
toire presque complètement païen, Paul fait le geste classique de l ’orateur. — Ce
discours est, après le discours de l ’Aréopage^ le plus soigné des Actes. En le
comparant au discours adressé par Paul aux Juifs soulevés contre lui (22, 3-21),

ACTES 354
dre aujourd’hui devant toi, *qui connais parfaite- 26
ment toutes les coutumes des Juifs et leurs ques­
tions. C’est pourquoi je te prie de m’écouter
patiemment.
* « Ce que, dès ma jeunesse, a été ma vie, qui
depuis le commencement s’est passée dans ma na­
tion et à Jérusalem, tous les Juifs le savent, ^ Ils me
connaissent depuis longtemps et peuvent, s’ils le
veulent, témoigner que j’ai vécu suivant la secte la
plus stricte de notre religion, en Pharisien. ®Et
maintenant, c’est pour avoir espéré en la promesse
faite par Dieu à nos pères que je comparais en
jugement, ’ cette promesse dont nos douze tribus,
en servant Dieu avec ardeur nuit et jour, espèrent
la venue. C’est pour cette espérance que je suis
accusé par des Juifs, ô roi! ®En quoi juge-t-on
incroyable parmi vous que Dieu relève des morts?
®« Pour moi donc, j’avais cru que je devais tout n’,3‘-2i
mettre en oeuvre contre le Nom de Jésus le Nazô-
réen, ^“et c’est ce que j’ai fait à Jérusalem. J ’ai Ac 8.3
8.1
moi-même enfermé dans des prisons rm grand
nombre de saints, ayant reçu pouvoir des grands
prêtres, et quand on les tuait, j’apportais mon suf­
frage, “ Souvent aussi, parcourant toutes les syna-

on se tendra compte de l ’habileté de Paul (ou de Luc) à adapter son e:qx)sé à la


nature de son auditoire.
3 Ou « car tu connais mieux que personne. »
5 « en Pharisien », cf Phi 3, 3.
6 Cf 13. 32 SV.
7 « L’espéi^ce des temps messianiques est le ressort de toute la religion juive,
et la félicité qp’on en attend se concrétise dans ia croyance en la résurrection
des justes, destmés à prendre part au Roj^aume de la fin des temps. Cette espé­
rance a reçu un commencement de réaiisation dans la résuttection du Christ, qui
devient ainsi le fondement de l ’espérance chrétienne » (note de B Jr).
9 « tout mettre en oeuvre contre », lit; « faite beaucoup de choses contre. »

355 ACTES
26 gogues et usant contre eux de sévices, je les for­
çais à blasphémer et, dans l’excès de ma folie
contre eux, je les poursuivais jusque dans les vüles
étrangères.
« C’est ainsi que je me rendais à Damas avec
pouvoir et procuration des grands prêtres,
quand, vers le müieu du jour, en chemin, je vis,
ô roi, venant du ciel, plus brillante que le soleil,
une lumière resplendir autour de moi et de ceux
qui faisaient route avec moi, ^^Et comme nous
étions tous tombés à terre, j’entendis une voix qui
me disait en langue hébraïque: « Saoul, Saoul,
pourquoi me persécutes-tu? Il t ’est dur de regimber
IC o 9, 1
contre l’aiguillon, » ^®Moi, je dis: « Qui es-tu. Sei­
gneur? » E t le Seigneur dit: « Je suis Jésus, que tu
persécutes. ^®Mais relève-toi et tiens-toi sur tes
pieds; car voici pourquoi je te suis apparu: je te
destine à être serviteur et témoin des choses pour
lesquelles tu m’as vu et de celles pour lesquelles je
Ga 1,1 6
t’apparaîtrai. Je t’arracherai au peuple et aux
nations vers qui je t ’envoie, pour leur ouvrir les
Eph 2, 2
yeux, afin qu’ils se détournent des ténèbres vers la
Col 1, V
lumière et du pouvoir de Satan vers Dieu, et qu’ils

I l «jusque dans les villes étrangères» (lit: « d u dehors»), trait qui ne figure pas
dans les deux autres récits du passé persécuteur de Faui.
14 C’est-à-dite: toute résistance est înutiie. Ce proverbe — qui ne figure dans
aucun texte araméen — se rencontre fréquemment dans ia littérature ciassique.
Dans les versets suivants, Paul abrège e t condense. I l attribue à un seul discours
de Jésus des paroles prononcées en des circonstances différentes. Le personnage
d’Ananie disparâit.
16 Ez 2 ,1 . — « vu... apparaîtrai », cf 2 Co 1 2 ,1.
17-18 J r 1, S-8-, Is 42, 7 , 16.
17 Autre traduction: « Je t ’ai enlevé du peuple et des nations ».
18 «pouvoir de Satan», cf 2 Co 4, 4; Eph 2, 2; Col 1, 13. — « u n lo t» , cf
Col 1, 12; Ac 1, 17; 8, 21. Les « sanctifiés » sont ceux qui, par la foi et le
baptême, ont été rendus saints.

ACTES 356
reçoivent par la foi en moi la rémission des péchés 26
et m lot parmi les sanctifiés.
« Dès lors, roi Agrippa, je ne me suis pas mon­
tré indocÜe à la vision céleste, ^°mais à ceux de Ga 1,15-24
Damas d ’abord, puis à Jérusalem et par tout le pays
de Judée, puis aux nations, j’ai annoncé qu’il fallait
se repentir et se tourner vers Dieu par une conduite
digne du repentir. C’est à cause de cela que les
Juifs m’ont saisi dans le Temple et ont tenté de me
faire mourir. ^ Mais, avec le secours que j’ai obtenu
de Dieu jusqu’à ce jour, je me tiens debout, rendant
témoignage devant petits et grands, ne disant rien
en dehors de ce que les Prophètes et Moïse ont
déclaré devoir arriver, ^ à savoir: que le Christ
aurait à souffrir et que, premier ressuscité d’entre l C o 0 , 5 -204
les morts, il annoncerait la lumière au peuple et
aux nations. »
Il en était là de sa défense, quand Testas dit
d’une voix forte: « Tu es fou, Paul! ton grand savoir
te mène à la folie! » ^ E t Paul de dire: « Je ne suis
pas fou, excellent Festus, mais ce sont des paroles
de vérité et de bon sens que je prononce. “ Car le
roi est instruit de ces choses, et je lui parle avec
assurance, persuadé que rien de cela ne lui
échappe; cela, en effet, ne s’est point passé dans
un coin. Crois-tu aux Prophètes, roi i^ ip p a ? Je
sais que ta [y] crois. » ^ E t Agrippa à Paul: « Tu

23 C£ 1 Co 15, 5-4, 20. — « luiniêre », cf Le 2, 52; Is 49, 6.


26 « ne s’est point passé dans nn coin », ei^tession ptovecbiale, très en situation; le
christianisme n ’est pas le fniit d’un conventicule sectet et ténébreux; il est né et a
grandi en piein air, suc la place publique.

357 ACTES
26 veux me persuader de me faire chrétien, à peu de
frais! » Et Paul: « A peu ou à beaucoup de frais,
plût à Dieu que non seulement toi, mais encore
tous ceux qui m’écoutent aujourd’hui, vous deve­
niez tels que je suis... à l’exception de ces liens! »

Impression favorable produite par Paul

Le roi se leva, ainsi que le gouverneur, Béré­


nice et ceux qui étaient assis avec eux. Et, en se
retirant, ils parlaient entre eux: « Cet homme,
disaient-ils, n’a rien fait qui mérite la mort ou les
liens. » Agrippa dit à Festus: « On aurait pu relâ­
cher cet homme, s’il n’en avait appelé à César. »

Yoyâge de Césarêe à Rome.


De Césarêe à Bons-Ports

27 ^ Lorsqu’il eut été décidé que nous ferions voile


pour l’Italie, on confia Paul et quelques autres pri­
sonniers à im centenier du nom de Julius, de la
cohorte Augusta. ^Nous montâmes à bord d’un
bateau d’Adramyttium en partance pour les ports
d’Asie, et nous gagnâmes le large. Il y avait avec

26 28 CXi « Peu s’en &ut que tu ne me persuades de me foîte chrétien. »


32 Troisième affirmation de la ncm-ciilpabiUté de Paul (23, 29; 25, 25). De même,
dans le troisième évangUe, Pilate dédme, par trois fois, que Jésus n ’est pas cou-
pable et qu’U n ’a rien fait qui mérite la mort (Le 23,^ 4, 14-19, 22),
2 / 1 narration à la première personne reprend ici et se continue jusqu’à 28, 15.
Le récit —> qui est d’un témoin oculaire — a la précision et la vivacité d’un
journal de bord. — La cohorte Augusta était sans doute une des cinq cohortes
de la garnison de Césatée.
2 Port de Mysie, en Asie Mineure. — « en partance pour », lit: <c qui devait
faire voile vers les lieux le long des côtes d’A sie». — Aristarque, cf 19, 29. U
partagera, à Rome, la captivité de Paul; G>14 , 10; Phm v 24.

ACTES 358
nous Aristarque, xm Macédonien de Thessalonique. 27
^ Le jour suivant, nous abordâmes à Sidon, et Julius, '‘’i?
qui traitait Paul avec humanité, lui permit d’aller
voir ses amis et de recevoir leurs bons-.offices. '^De
là, gagnant le large, nous navigâmes sous Chypre,
parce que les vents étaient contraires, ^puis, tra­
versant la mer de Cilicie et de Pamphylie, nous
descendîmes à Myre en Lycie. ®E t là, le centenier,
trouvant im bateau d’Alexandrie qui naviguait vers
l’Italie, nous y fit monter.
^ Pendant un bon nombre de jours la navigation
fut lente, et c’est à grand-peine que nous arrivâmes
à la hauteur de Cnide. Le vent ne nous favorisant
pas, nous navigâmes sous la Crète vers Salmone
®et, après l’avoir côtoyée à grand-peine, nous
vînmes à un endroit appelé Bons-Ports, près
duquel était la ville de Lasaïa.

La tempête

®Un assez long temps s’était passé et la navi­


gation était désormais périlleuse, car l’époque
même du jeûne était déjà passée. Paul les avertit:
“ « Hommes, leur disait-il, je vois que la navigation
n ’ira pas sans péril et sans grave dommage, non
seulement pour la cargaison et le bateau, mais
aussi pour nos vies. » “ Mais le centenier se fiait

4 Les vents gui, à cette époque de l ’année, étaient généralement de nord-ouest,


empêchaient de se diriger droit suc l’ouest; d ’oii la nécessité de louvoyer.
9 C’est le jeûne de Kippour, qui tombait vers le 24 septembre. A cette époque,
la navigation cessait. Elle ne reprenait que les premiers jours de mars.

359 ACTES
27 plus au pilote et au capitaine qu’aux dires de Paul,
^ et comme le port ne convenait pas pour l’hiver­
nage, la plupart furent d’avis de gagner le large,
afin d’arriver, si possible, pour hiverner, à Phénix,
port de Crète qui regarde au sud-ouest et au nord-
ouest,
^ Un léger vent du sud s’étant mis à souffler, ils
se crurent maîtres de leur dessein et, levant
l ’ancre, ils côtoyaient la Crète, ^^Mais peu après
s’abattit sur l’[île] un vent d’ouragan appelé Eura-
quilon, Comme le bateau était entraîné et inca­
pable de tenir tête au vent, nous nous laissâmes
aller à la dérive, Filant sous tme petite île appe­
lée Cauda, nous parvînmes, non sans peine, à nous
rendre maîtres de la chaloupe, Après l’avoir
hissée, on usa des moyens de secours et on cein­
tura le bateau. Puis, par crainte d’échouer sur la
Syrte, on fit descendre l’ancre flottante, et on allait
ainsi à la dérive. Comme nous étions fortement
battus par la tempête, le jour d’après [les matelots]
jetaient du fret ^®et, le troisième jour, de leurs
propres mains ils lancèrent les agrès du bateau.
^°Mais, comme ni soleil ni étoües ne brillaient
depuis plusieurs joms et qu’une violente tempête
continuait à sévir, tout espoir de nous sauver était
désormais perdu.

11 Ou « au capitaine et à l ’aimateui ».
12 Fort de la côte métidionale de la Crète.
14 Vent est-nord-est.
15 Ou encore: Clauda. Elle est située à l ’ouest du cap Lithinos.
17 « on ceintura », avec des câbles. — I l s’agit de la grande Syrte. — L’ancre
flottante était un large plateau jeté de la poupe et traîné derrière le navire pour
en ralentir la marche.

ACTES 360
Depuis longtemps on ne mangeait plus. Alors 27
Paul, debout au milieu d’eux, dit: « Hommes, il
fallait m’écouter, ne pas quitter la Crète et nous
épargner ce dommage et ce préjudice, ^^Et main-
tenantj je vous conseÜle d’avoir bon courage, car
aucun de vous ne périra; il n’y aura de perdu que
le bateau. Cette nuit, en effet, s’est présenté à
moi un ange du Dieu auquel j’appartiens et que je
sers. ^ Sois sans crainte, Paul, a-t-il dit; ü faut que
tu comparaisses devant César, et voici que Dieu
t ’accorde la vie de tous ceux qui naviguent avec
toi. — C’est pourquoi, hommes, ayez bon cou­
rage; j’ai confiance en Dieu qu’il en sera de la
manière dont il m’a été dit. ^M ais nous devons
échouer sur une île. »
C’était la quatorzième nuit que nous étions
ballottés sur l’Adriatique, quand, vers lé milieu de la
nuit, les matelots soupçonnèrent l ’approche d’une
terre. Jetant la sonde, ils trouvèrent vingt bras­
ses; im peu plus loin, ils la jetèrent de nouveau et
trouvèrent quinze brasses. Craignant alors de
nous voir échouer quelque part sur des récifs, de la
poupe ils mouillèrent quatre ancres, et ils appe­
laient de leurs vœux la venue du jour. ^“Mais,
comme les matelots cherchaient à s’enfuir du ba­
teau et qu’ils avaient fait descendre la chaloupe à
la mer sous prétexte d’élonger des ancres du côté
de la proue, Paul dit au centenier et aux soldats:

27 Met bordée par la Sicile, l ’Italie, la Grèce et l ’Afrique.


28 La brasse mesurait environ 1 m 80.

361 ACTES
27 « Si ceux-là ne demeurent dans le bateau, vous ne
pouvfâ être sauvés. » Alors les soldats tranchè­
rent les cordes de la chaloupe et la laissèrent
tomber.
En attendant qu’il fît jour, Paul exhortait tout
le monde à prendre de la nourriture, en disant:
« C’est aujourd’hui le quatorzième jour que vous
passez à attendre, à jeun, sans rien prendre.
C’est pourquoi je vous exhorte à prendre de la
nourriture; il y va en effet de votre salut, car il ne
se perdra pas un cheveu de la tête d’aucun de
vous. » Cela dit, ayant pris du pain, Ü rendit
grâce à Dieu devant tous, le rompit et se mit à
manger. ^®Et tous, encouragés, prirent eux aussi
de la nourriture. ^^Nous étions en tout deux cent
soixante-seize personnes à bord. Une fois ras­
sasiés de nourriture, ils allégèrent le bateau en
jetant le blé à la mer.
Lorsqu’il fit jour, üs ne reconnaissaient pas la
terre, mais ils distinguaient une baie avec une
plage, et ils se proposaient, si possible, d’y pous­
ser le bateau. Ils détachèrent les ancres, qu’ils
laissaient aller à la mer, et en même temps relâ­
chant les attaches des gouvernails et hissant
au vent la voile d’artimon, üs cinglaient vers la
plage. Mais ayant donné sur un haut-fond entre

34 « un cheveu de la tête... », expression proverbiale: 1 Sam 14, 4S-, 2 Sam 14,


l l j 1 Es 1, 32; Le 2 1 , 18. . , ,
35 Le choix des termes et la gravité du récit semblent indiquer le rite eucharis­
tique.
41 Le texte porte seulement: « sous la violence »; mais il ne peut être question
que de la « violence des vagues ».

ACTES 362
deiEc courants, ils y échouèrent le navire. La proue, 27
qui s’était engagée, demeurait immobile, tandis
que la poupe se disloquait sous la violence [des
vagues],
'’^Les soldats eurent l’idée de tuer les prison­
niers, de peur qu’il ne s’en échappe quelqu’un à la
nage. Mais le centenier, qui voulait sauver Paul,
s’opposa à leur dessein. Il ordonna à ceux qui sa­
vaient nager de se jeter à l’eau les premiers et de
gagner la terre; ''‘^les autres [la gagneraient] qui
sur des planches, qui sur des débris du bateau. Et
c’est ainsi que tous parvinrent sains et saufs à la
terre.

Séjour à Malte

^Une fois sauvés, nous reconnûmes que l’île 28


s’appelait Malte. ^Les Barbares nous témoignèrent
une humanité peu commune. Ayant allumé un
grand feu, ils nous prirent tous avec eux, à cause
de la pluie qui tombait et à cause du froid. ^ Paul
ayant ramassé une certaine quantité de bois mort et
l’ayant posé sur le feu, la chaleur en fit sortir une
vipère, qui s’accrocha à sa main. “ Quand les Bar­
bares virent la bête suspendue à sa main, ils se
42 Cf 12,19, et la note.
2 « Baibates », nom donné par les Gtecs à tous ceux qui ne parlaient pas leur
27
langue et ne savaient rien de leur culture, cf Ro 1,14; 1 Co 14, I I; Col 3, II. 28
4 U s’agît de la déesse Justice.
7 « Premier », titre officiel de l ’administrateur de l ’île.
8 « fièvres et dysenterie », la plaie du pays, une plaie qui dure encore.
11 Avec le printemps, la navigation devient à nouveau possible. — A la proue,
le vaisseau portait, peinte ou sculptée, l ’image des Dîoscures, Castor et PoUux,
patrons des navigateurs.
13 Pour toutes les localités, voir la carte.

363 A CTES
Saluat'* de naufragio TatduSjCÙminmfu^leiÇcurk
nomen Melite') eongregeiffet farmmtonirti alr% '
qudtam muîtitiidinemj igmque impôfmjfet,m-M.
'pera caloreprocedemampuk-moimnPHUi^V'ir.
dentes antem bafharï hefiiam pendentem ât
mantt^dixerüf.Homicida efl bomo ifle,qm cmi
euafit maris pericitlajyltk nonfin it ettmymereX
Tanltu yerh yiperam excuties^ nihil mali pafim
fins efi. lllis antem diu expeflantibf{s^& yiden~
tibus enm manerefanmn ,conu>ertahtibtM dixe-
rmt^iütm ejfe £>eiim, 28.
dirent entre eux: « A coup sûr, cet homme est un 28
meurtrier, puisque, sauvé de la mer, la Justice n ’a
pas permis qu’il vive, » ^ Mais lui, secouant la bête
dans le feu, ne souffrit aucun mal, ®alors qu’eux
s’attendaient à le voir enfler ou tomber mort tout à
coup. Après une longue attente, constatant qu’il ne
lui arrivait rien de fâcheux, ils changeaient d’avis
et disaient: « C’est un dieu! »
’ Aux environs de cet endroit il y avait des terres
appartenant au Premier de l’île, nommé PubHus,
qui nous reçut et nous donna pendant trois jours la
plus cordiale hospitahté. ®Or donc, le père de
Pubhus était couché, en proie aux fièvres et à la
dysenterie. Paul entra diez lui, pria, posa les
mains sur lui et le guérit. ®Là-dessus, les autres
habitants de l’île qui avaient des maladies venaient
le trouver, et ils étaient guéris. Aussi nous com­
blèrent-ils d’honneurs et, quand nous gagnâmes le
large, ils pourvurent à nos besoins.

De Malte à Rome

Trois mois après, nous gagnâmes le large sur


un bateau qui avait hiverné dans l’île, un [bateau]
d’Alexandrie, à l’enseigne des Dioscures. ^^Nous
abordâmes à Syracuse et y restâmes trois jours.
De là, en suivant la côte, nous arrivâmes à Khe-
gium. Un jour après, le vent du sud se leva, et le
deuxième jour, nous vînmes à Pouzzoles. “ Nous y
trouvâmes des frères, qui nous prièrent de rester
sept jours chez eux; et c’est ainsi que nous vînmes
Nouveau Testament. Paris, 1547.
28 à Rome. De là, les frères, qui avaient eu de nos
nouvelles, vinrent à notre rencontre jusqu’au Forum
d’Appius et aux Trois-Tavernes. En les voyant, Paul
2C o 1 ,5 -6
rendit grâce à Dieu et prit courage.

Vaul à Rome

“ Lorsque nous fûmes entrés à Rome, on permit


à Paul de demeurer chez lui avec le soldat qui le
gardait. Or donc, trois jours après, il convoqua
les notables juifs. Quand ils furent réunis, il leur dit:
« Moi, frères, qui n’ai rien fait contre le peuple ou
contre les coutumes des ancêtres, je suis prisonnier
depuis qu’à Jérusalem j’ai été livré aux mains des
Romains. Ceux-ci, m’ayant interrogé, voulaient
me relâcher, parce qu’ü n ’y avait aucun motif qui
méritât la mort; ^®mais, devant l’opposition des
Juifs, je me suis vu forcé d’en appeler à César, sans
vouloir pour autant accuser en rien ma nation.
Voilà donc pour quel motif j’ai demandé à
vous voir et à vous parler, car c’est à cause de l’es­
pérance d’Israël que je porte cette chaîne. »
Ils lui dirent: « Nous n’avons pas reçu à ton
sujet de lettre de Judée, et aucun des frères arri-
15 Le Forum d’Appius est à 65 km de Rome, les Trois-Tavernes à 47. Paul « prit
courage », en voyant les bonnes dispositions des disciples de Rome à son égard.
Cette indication laisse-t-elle supposer, chez Paul, quelque inquiétude? Œ 1 Co 2, 5;
2 Co 7, 5; Ac 18, 9-10 et la note; 23,11; 21, 2S-24. .
16 Le prisonnier soumis à la custodia nnlîtaris avait le bras droit attaché au bras
gaudie du soldat qui le gardait.
18 Cette affirmation de l ’innocence de Paul revient ainsi qu’un leitmotiv dans les
derniers chapitres des Actes (23, 2P; 25, 25; 26, 31), comme celle de l ’innocence de
Jésus dans l ’évangile de Luc (23, 4, 14~1$, ^ ) .
21 Les ^mmunautés juives répandues dans l ’empire romain entretenaient de
bonnes relations et se communiquaient tous renseignements utiles. I l paraît
étrange que celle de Rome n’ait reçu de Judée aucun avis concernant Paul.

ACTES 366
vés ici ne nous a rapporté ou dit du mal de toi. 28
^^Mais nous voudrions entendre de toi ce que tu
penses; car, pour ce qui est de cette secte, nous
savons qu’elle rencontre partout la contradiction. »
^ Et, lui ayant assigné un jour, ils vinrent en plus
grand nombre le trouver dans son logis. Il leur fit
un exposé, rendant témoignage au Royaume de
Dieu et s’efforçant de les persuader au sujet de
Jésus, à partir de la Loi de Moïse et des Prophètes,
depuis le matin jusqu’au soir. ^“^Les uns étaient
persuadés par ce qu’il disait, les autres refusaient
de croire. ^ Comme ils n’étaient pas d’accord
entre eux, ils se séparaient, tandis que Paul leur
disait ce simple mot: « l’Esprit, l’[Esprit] Saint a
bien parlé, quand il a dit à vos pères par Isaïe, le
prophète:
^ Y a trouver ce peuple et dis:
Vous entendrez de vos oreilles, et vous ne
comprendrez pas, et regardant, vous regarderez
et vous ne verrez pas;
^ car le cœur de ce peuple s’est épaissi,
et Us sont devenus durs d’oreilles,
et ils ont fermé leurs yeux,
de peur qu’ils ne voient de leurs yeux,
et n’entendent de leurs oreilles,
et ne comprennent avec leur cœur.

23 « les persuader à partit de la Loi... », c£ 17, 2-3, I I; 18, 3; 26, 22-23.


24 Cf 14, 1-2..
26 Is 6, ?-20, cité d’après les Septante, comme Mt 13,14-23.

367 ACTES
28 et ne se convertissent;
et je les aurais guéris!

^ « Sachez-le donc: c’est aux nations qu’a été


envoyé ce salut de Dieu; eux, ils écouteront. »
^ [Paul] demeura deux années entières dans m
logement qu’il avait loué. Il accueillait tous ceux
qui entraient chez lui, proclamant le Royaume de
Dieu et enseignant ce qui concerne le Seigneur
Eph 6, ï?-2o Jésus Christ, avec ime entière assurance, sans
entrave.

29 « Sui ces mots les Juifs se letitècent, ^sentant vivement entte emc, »
30 C’est au cours de ces deux années que Paul a écrit ses lettres aux Colossiens,
aux Ephésiens, à Hhilémon, et peut-être aux Philippiens.
31 Suc cette fin abrupte, voir l ’Introduction.

ACTES 368
Cartes
T A B L E D ES M A T IE R E S

In tro d u ctio n à l ’Evangile selon saint Luc . . . . 9


Table analytique de l ’Evangile selon saint Luc . . 32
Evangile selon saint L u c ......................................................45
In tro d u ctio n aux Actes des A p ô t r e s ...................................209
Table analytique des Actes des A pôtres . . . . 222
Actes des A p ô t r e s ................................................................ 231
C a r t e s ........................................................................................ 369
L’Evangile de Saint Luc et les Actes des Apôtres
en images
Saint Luc

I'v'ÿpv '

43 — Evangéliaire. Manuscrit du X “ siècle.


Bibliothèque d ’Amiens, n° 25.
45 —■Deux interprétations sont possibles : Luc s’adresse à « l’ex­
cellent Théophile » ( 1 , 5 ) ; il reçoit le message de saint Paul.
Bible latine. Manuscrit du X I P siècle. Bibliothèque de Troyes, n° 2391.

'V O m ^ O V lÆ
mvbKarmCmttiffr

n iw l« f(» p tr f

^ w to îte c îin
X w flrtfttA rîiôtt'
w ^m é'
nm m nqm dm ÊM mr o r 'K tm ék^r
A m i r iM iiw#tî€fii'<|it|r m cBtoafn««ï]pW0inïb;

| jW û i i m t m i m - ficfîT t m â i J U m m 'm 46 — Luc assis, entre deux têtes qui sortent de nuées ; celle du
bœuf, son attribut, et une tête d’homme.
I m cfïïf iS m iïïô ^ fîï^î^ftrrîT'^r mt - Bible latine. Manuscrit du X I P siècle. Bibliothèque de Troyes, n° 438.

|,. lm rtti# ^ le n n # îî^ fïtt& m c ft'€ r'; Deux initiales sont illustrées, dans le texte latin de l’Evangile de
Luc: le Q du prologue (44-46) et le F du récit (3-5, 52).
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44 — Luc écrivant son Evangile. Il a la tête du bœuf, son attribut.
Bible latine. Manuscrit du X P siècle. Bibliothèque de Dijon, n" 2.
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47 — Evangiles. Manuscrit du X ”
siècle. Bibliothèque de Douai, 11.

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48 — Luc, sous la forme du bœuf
ailé portant le livre où est écrit son
nom.
Chaire de Pomposa. Sculpture de la
fin du X r siècle. Musée du Louvre.

49 — Luc écrivant son Evangile ;


l’Annonciation.
Livre d ’Heures. Manuscrit du XV°
siècle. Bibliothèque de Rouen, n° 142.
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Annonce de la naissance mfi------ " "
de Jean-Baptiste
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50 — Cette initiale commençant le . ha.
texte de l ’Evangile de Marc est illus­
trée par des scènes empruntées à
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à m m a im M tx l’Evangile de Luc. Le sujet est le
même que dans les photographies 4,
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5 et 52.
Bible latine. Manuscrit du X I I ‘ siècle. tnttad& w tnoa^tm i^faffîM ^J
^twCm4d«rmte^ Bibliothèque de Troyes, n° 28. fie ™
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^ té n m |c m m ii: 51 — L’ange annonce à Zacharie la


naissance de Jean-Baptiste (1, 11). i^ttxpsxei
Quatre-feuilles de la cathédrale d’A ­
.tç^'ëre^iMsic miens, X l i r siècle. ^.C ^fiiii4iaiiî^atlum txii^^

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f b s r a u ia ^ f iif d 52 — L’Ange du Seigneur s’adresse rilt*ârî«Qi5urtm b«^ 'jT T " " " ::r T
à Zacharie. Zacharie s’adresse par gestes
à Elisabeth.
Evangiles. Manuscrit du X II" siècle.
ircDfT ro e m z U lflm tS S ftil C X O C O lttlC ^ * ^ ctr<
Bibliothèque de Troyes, n° 449.
h ’Annonciation

54 — L’ange de l’Annonciation pré­


sente à Marie la croix du Sauveur
dont elle devient la mère.
Chapiteau du X IF siècle. San ]uan
de la Pena, Espagne.

55 — Même sujet.
53 — Annonciation. Chapiteau du X IF siècle. Eglise
Fresque du X I P siècle. Saint-Martin-de-Fenollar. Saint-Pierre de Chauvigny.
56 — Issu de la Trinité, Jésus se donne au monde par Marie, qui 57 — Marie, surprise pendant qu’elle est en prière, se retourne
fait le geste de l’acceptation. pour répondre au message de l’ange.
Mbâtre anglais du XV" siècle. Victoria and Albert Muséum, Londres. Livre d’Heures. Manuscrit du XIV" siècle. Bibliothèque de Rouen,
n° 137.
La Visitation

58 — Livre d’Heures. Manuscrit du XV° siècle.


Bibliothèque Sainte-Geneviève, n° 1274.

59 — Tapisserie de la vie de la
Vierge, X
‘ L/’ siècle. Beaune.
La naissance de Jésus

Il est impossible de montrer la diversité des interprétations de la naissance


de Jésus dans l’art. L’imagier peut représenter la scène dans sa simplicité
(63, 66, 67) ou en expliciter des significations théologiques: il place
l’enfant Jésus, auréolé du nimbe crucifère, dans un berceau qui a forme
d’autel (10, 62, 65), il souligne la portée universelle de l’Incarnation (62)
ou le rôle que joue Marie dans l’histoire du salut (64)

63 — Détail d’un meuble sculpté.


Le Clos-Lucé, Amboise.

64 — L’Annonciation et la Nativité.
Marie est au centre du mystère de
l’Incarnation.
Ivoire de Venise, fin X IF siècle. Vic­
toria and Albert Muséum, Londres.

62 — La scène de la nativité remplit la ville toute entière, ce qui montre


l’importance de l’événement pour l’humanité.
Ivoire de Cologne, X IF siècle. Victoria and Albert Muséum, Londres.
66 — Bandeau sculpté du X I I ‘ siècle. Eglise du Boulou.

67 — Sculpture du X V P siècle. Calvaire de Pleyben.

65 — Dans un décor où réalisme et convention ornementale sont associés,

A Joseph fait la cuisine tandis que Jésus, non dans un berceau mais sur un
autel qui préfigure son sacrifice, tend avec simplicité la main vers sa mère.
Livre d’Heures. Manuscrit du X IV ” siècle. Bibliothèque de Rouen, «" 137.
Uannonce aux bergers

68 — Evangiles en arménien. Manus­


crit du X V r siècle. Musée Condé,
Chantilly, n” 1353.

69 — Chapiteau du X IE siècle. Eglise


Saint-Pierre de Chauvigny.
70 — Annonce aux bergers.
Graduel de Vauclair. Manuscrit du 12 — Les bergers arrivent à la crèche.
X IV " siècle. Bibliothèque de Laon, Missel à l’usage de Paris. Manuscrit du XM" siècle. Bibliothèque
240. Mazarine, n° 410.

73 — Adoration des bergers.


Recueil liturgique. Manuscrit du XV" siècle. Bibliothèque Sainte-
Geneviève, n° 2702.

71 — Psautier. Manuscrit du X II F
siècle. Musée Condé, Chantilly,
«° 14?3.
dnwrâdhavdanyMim mm micrnlîmr
in tT r a o n a n f iM in U f t F t i n f i c i f s o u K i r . v .
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Circoncision
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75 — La Circoncision (2, 21).
Missel. Manuscrit du XV® «ècie. Bi­
bliothèque Mazarine, n° 416. miiun^
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A d ^ te n rn n & u m 76 -— La Circoncision.
Missel. Manuscrit du X V ’ siècle. Ca­
thédrale de Narbonne.
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74 — Présentation de Jésus au Tem­
tf^ v m d a m tr ple (2, 22-38). Syméon, en vêtement
sacerdotal, tient Jésus debout sur
heûim fdSnqtwd l’autel.
Evangéliaire. Manuscrit du X I I ’ siè­
cle. Bibliothèque de Laon, n° 330.
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oiott cdcbiaix
Enfance de Jésus

77 — La vie de la sainte famille. 78 — Jésus au milieu des docteurs (2, 41-30).


Evangiles en allemand. Manuscrit du XV^ siècle. Musée Condé Peinture de ]érôme Bosch, X V I° siècle. Musée du Louvre.
Chantilly, n° 1435.
G hiG xtVmtct». :poWfthtx?Vrcatt
La brebis perdue
La drachme perdue
Le bon Samaritain

79 — La brebis perdue et retrouvée


(15, 4-7).
« Miroir de l’Humaine Salvation ».
Manuscrit du XV° siècle. Musée Condé,
Chantilly, n° 1363. lu û n e t^

Ÿ iâ n ff'
cuam
n te u is '
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80 — La drachme perdue (15, 8-10).
A â h étu c-c^iytt
« Miroir de l’Humaine Salvation ».
Manuscrit du X V ”siècle. Musée Condé,
Chantilly, n° 1363.

81 — Le bon Samaritain met sur son V ’ » * .» i» À l j V ’à ’® '


cheval le pauvre homme qui a été
battu et dépouillé par des brigands. t n m t a ^ î t i n e d i ^ ^ i M t m u t t ï P c r â ^ ^
Sentences de Pierre Lombard. Manus­
crit du X I I ” siècle. Bibliothèque de
Troyes, n° 900. Ÿ tM c w ifid ^ iïâ s io c e ^ ^
tim u a ti3 a V y itiftttu m » m a u ^
L’enfant prodigue Zachée

82 — Le fils dépense son argent avec


des femmes, se retrouve au milieu « Zachée, hâte-toi de descendre, car il
des cochons, revient vers son père. me faut aujourd’hui demeurer dans
Gravure du X V P siècle.
ta maison» (19, 6).
83 — Retour de l’enfant prodigue
(15, 11-32). 84 — Bible latine. Lyon, 1316.
« Miroir de l’Humaine Salvation ».
Manuscrit du X V ”siècle. Musée Condé, 85 — Commentaires sur les Evangiles,
Chantilly, n° 1363. 1482.
Le mauvais riche et Lazare

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86 — Pour les moralistes, le mauvais riche est l’image du glouton auquel 87 — Deux anges emportent au ciel l’âme du pauvre Lazare, figurée par
son vice fait perdre le sens d’autrui. un petit corps nu dans une mandorle. Des diables arrachent celle du
Livre de piété. Manuscrit du X I I P siècle. Bibliothèque Mazarine, n° 870. mauvais riche, sous les yeux de deux femmes.
Chapiteau du X IV siècle. Vézelay.
'^lUr4tr jw «ÿ.W t ytfüttr w W -iha^n tihca. e 4»r -tf^ytitr tnfîqrii

Aiitgf"t

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88 — En bas : le riche et Lazare, dont les chiens lèchent les plaies 89 — Des diables enlèvent l’âme du mauvais riche. Celle de Lazare est
(16, 19-31). mise par un ange « dans le sein d’Abraham ».
Bible historiée. Manuscrit du X IP siècle. Bibliothèque d’Amiens, n° 108. Bible historiée. Manuscrit du XII" siècle. Bibliothèque d’Amiens, n" 108.
Les disciples d’Emmaüs

90 — Jésus assis entre les deux dis­


ciples. Il tient la coupe et le pain.
Ivoire allemand, 1370. Victoria and
M hert Muséum, Londres.

91 — Relief du X I T siècle. Vézelay.

92 — « Notre cœur n’était-il pas tout brûlant au-dedans de nous, quand il


nous parlait en chemin, quand il nous expliquait les Ecritures ? » (24, 32).
Peinture italienne, XLJ" siècle. Musée du Louvre.
Les Acfes des Apôtres

Le P initial des Actes des Apôtres, dans la Bible latine, est le plus souvent
illustré par l’Ascension (97-100). Ce sujet s’inscrit aussi dans diverses
lettres historiées des livres liturgiques (96, 101-104). Il a été traité par
tous les arts (31, 32, 93...).

S I R T f l® N ^ f e r 'f l F R C I

© M lb flW S ® T H l » P b 1L î

93 — Jésus bénissant les Apôtres du haut de la nuée. 94 —■Première page des Actes des Apôtres. Dans le P, Luc s’adresse à
Missel de Saint-Martin de Tours. Manuscrit du X I I T siècle. Bibliothèque Théophile ; au-dessous, Jésus assis au milieu des Apôtres.
de Tours, n° 193. Bible latine. Manuscrit du X T siècle. Bibliothèque d’Arras, n° 539.
U Ascension fî;
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95 — Jésus s’élevant dans le ciel à la vue des disciples. 96 — Jésus achève de s’élever dans le ciel. L’empreinte de ses pieds est
Chasuble brodée, 1663. Eglise de Beaune. marquée sur le sol. Deux anges s’adressent aux disciples : « Galiléens,
pourquoi vous tenez-vous là, regardant vers le ciel ? Ce Jésus, qui a été
enlevé d’auprès de vous vers le ciel, viendra de la même manière que vous
l’avez vu s’en aller vers le ciel» (1, 11).
Missel à l’usage de Nantes. Manuscrit du X V E siècle. Bibliothèque du
Mans, n” 223.
97 — Bible latine. Manuscrit du XI1° 98 — Bible latine. Manuscrit du 99 — Bible latine. Manuscrit du 100 — Bible latine. Manuscrit du
siècle. Bibliothèque Sainte-Geneviève, X I I P siècle. Bibliothèque Sainte-Ge­ X l i r siècle. Bibliothèque de Tours, X l i r siècle. Bibliothèque Sainte-Ge­
n° 10. neviève, n° 1181. «“ 13. neviève, n° 13.
V

III ■ I

101 — Missel. Manuscrit du XV° 102 — Missel. Manuscrit du X I V 103 — Sacramentaire. Manuscrit du 104 — Commentaire sur les Psaumes
siècle. Bibliothèque Mazarine, n° 416. siècle. Bibliothèque de Soissons, 89. X l i r siècle. Bibliothèque Sainte-Ge­ de Pierre Lombard. Manuscrit du
neviève, n° 102. X i r siècle. Bibliothèque Sainte-Ge­
neviève, n° 56.
La Pentecôte

105 — Missel. Manuscrit du X IV"


K'èc/e. Bibliothèque de Reims, n° 230.

106 — Livre d'Heures. Manuscrit du


XVI" siècle. Bibliothèque de Douai, 107 — Psautier dit de Marguerite de Bourgogne. Manuscrit du X Ill" siècle.
n” 184. Bibliothèque Sainte-Geneviève, n° 1273.
Pierre et Paul

108 — L ’iœ n o g ra p h ie c h ré tie n n e re p ré s e n te trè s so u v e n t P ie rre e t P a u l 109 — D a n s ce c h a p ite a u , a p p elé le m o u lin m y stiq u e , o n a v u M o ïse,
e n se n ib le (c f E p ître s d e P a u l, p h o to g ra p h ie s 22 e t 2 3 ) . re p ré s e n ta n t l ’A n c ie n n e L o i, q u i v e rse le g ra in d a n s le m o u lin . P a u l
Vitrail du X V I" siècle. Cloître de Wettingen, Suisse. re cu e ille la fa rin e sy m b o lisan t la L o i N o u v e lle . O n p e u t y v o ir au ssi P ie rre
e t P a u l.
Chapiteau du X II" siècle. Vézelay.
Le martyre d’Etienne

110 — Jé su s se p e n c h e v ers E tie n n e ,


re v ê tu d e la d a lm a tiq u e , p o u r le b é n ir.
Bvangéliaire. Manuscrit du X ll" siècle.
Bibliothèque de Laon, n° 550.

111 — L a p id a tio n d ’E tie n n e p a r les


Ju ifs . L a m a in d e D ie u , s o rta n t d e la
n u é e e t in sc rite s u r la c ro ix , le b é n it.
Chapiteau du X IP siècle. Notre-Dame
de Beaune.
L ’apostolat de Pierre

112 — Discours de Pierre aux Juifs (2, 14-41 ; 3, 12-26).


Devant d’autel du X III" siècle. Musée de Dijon.

113 — Pierre baptise Corneille (10, 1-48).


Devant d’autel du X II P siècle. Musée de Dijon.
Paul

114 — «Saoul, Saoul, pourquoi me persécutes-tu?» (8, 4) ; 115 — A Malte, mordu par une vipère, Paul secoue sa main et
« Seigneur, dites-moi ce que vous voulez que je fasse ! » n’en souffre aucun mal (28, 1-6).
Evangiles en allemand. Manuscrit du XV® siècle. Musée Condé, Bible latine. Manuscrit du X IP siècle. Bibliothèque de Troyes,
Chantilly, n° 1455. n° 2391.
Les Apôtres

116 — Fonts baptismaux en plomb, X IP siècle. Eglise de Dor-


chester, Angleterre. 117 — Mosdique du V° siècle. Baptistère de la Cathédrale, Ravenne.
L ’iconographie, la m aquette et la mise en pages
du présent ouvrage
o n t été réalisées p ar l ’abbé
FR A N Ç O IS G A R N IE R .

L a com position et l ’im pression


sont dues à
l ’Im prim erie Union-Rencontre, à M ulhouse,
e t la reliure à
H . e t J . Schumacher, à Berne.

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