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meee coe oe . UN COLLOQUE DU PATRIARCHE JEAN AVEC L’EMIR. DES AGAREENS ET FAITS DIVERS DES ANNEES 712 A 716 prarabs Le as. pc sarrisa aceasta app. 17193 AVEC UN APPENDICE SUB LE PATRIARCHE JEAN I", SUB UN COLLOQUE D’UN PATRIARCHE AVEC LE CHEF DES MAGES BT SUR UN DIPLOME QUI AURAIT ETE DONNE PAR OMAR A LEVRQUE DU TOUR ‘ABDIN, PAR M. F. NAU. I LE COLLOQUE DU PATRIARCHE JEAN ET D'AMROU (9 MAI 639). FAITS DIVERS DES ANNERS 712 A 716, Dupais Ly waxcscarr pv sarrism ausEoM 400. 17193. . INTRODUCTION. 1. Le colloque : 1. Manuserit; interlocuteurs, date. — 2 a 4. Les cir- constances : expansion arabe; Amroa, ses colloques avec Tempe- rear Constantin en 638 et avec le patriarehe copte Benjamin en 663. — 546. Analyse da colloque dn g mai 639 (18 de Thégire); but poursuivi. — 7 & 10. Les conséquences : ia puis- sance des chrétiens dissidents, & cause de leurs griefs contre Tempire grec, est mise aa service des musulmans. Coux-ci ne tardent pas d'aillears & vexer et A perséeuter Jears sltiée et & lear montrer qu'ils ont mal agi. — II. Sommaire des faite divers. " 15 726 MARS-AVRIL 1915. 1. Un manuscrit syriaque du British Museum", terminé le mardi 17 aodt 874, renferme une slettre de Mar Jean, pe- triarche (jacobite), au sujet du colloque quill eut avec 1’émir des Agaréens», le dimanche g mai. Les noms propres contenus dans {a lettre, un passage paralléle de la Chronique de Michel le Sy- rien, histoire générale et la chronologie, nous permettent de dire qu'il s’agit d'un colloque «du patriarche jacobite Jean 1) Add., ms. 17193. — Crest un volume de mélanges intitulé «Volume de démonstrations, de collections et de lettres. Les extraits sont ea géoéral tras courts, vu qu'il y a 135 sujets différents sur gg feuillets. Lee seals sujets histo- Fiques sont ceux que nous éditons et te calalogue suivant des erois des Taiyayée : Mahomet vint sur la terre (bégire) fan g3a d’Alexandre, fils de Philippe le Macédonien (631); or il régna sept ans (+ 7 jain 6397). Aprés lui, Abou-Bekr régua deux ans (+ 12 aodt 634). Aprésiai, Omar régna douse ans, (+ 3 novembre 6441). Aprés lui, Othman régna douze ane (+ 17 juin 656) et ils farent sans chef, dans la guerre de Saft (Siffin), cing ans et demi, Aprés cela, Moawiah régna vingt ans (+ avril 660). Aprés lui Yexid fils de Moawiah régna trois ans et demi (+ 11 nov. 683). Aprés Yézid, ile fareat une année sans chef. Aprés loi, ‘Abdélmelek régna vingt et un ans (+ 8 oct. 705). Aprés Jui, son fils Walid commenca & régner I'an 1017 au commencement du premier Tichri (oct. 705). Voir le texte dans Lano, Anecdote Syriaca, Il, Leyde, 1868, p. 11, et les dates (d'aprés Weil), [bid., ly 41-62, On notera que Jacques d’Edesse (éd. Brooks) attribue aussi sept ans @ Mabomet, de 621 a 698. © Nous citons plus bes (p. 234) la traduction de ce passage. © Les paGiaiches jacobites du ooti) de Jean antérieurs 4 notre manuserit sont : Jean K7635 au 14 dée. 668; Jean IL, 744 a oct. 754; Jean Ill, 846 4 873. Le texte de Michel cité plus loin dans l'introdaction nous moatre qu'il “agit du premier. D'illeurs’le catalogue des erois des Taiyayéa» s'arréle & Walid (705 4715), ef. supra, note 1, et les faits historiques que nous allons éditer, et qui suivent immédiatement Ja letire de Jean, vont de 719 a 716. D cemble done que la compilation a été constituée a cette époque (ce qui ex- clut Jean II et Ill). Enfin les évéques mentioanés 4 te fin sont nommés par Michel autonr de {'année 630, surtout Aitilaha qui a un nom plas rerement employé (cf. infra, p. 263), tandis qu'on ne les trouve pas sous Jean Il et Hf: Voir en particalier les listes d'évéques jacobites dans la Chronique de Michel ou la Reous de P Orient chritien, t. IV (1899), p. 887 & 451 et Ag5 & 500. L'aceord des chaleédoniens avec les jacobites montre encore que te colloque a da avoir Tiea lors des premiéres défsites des Grecs chaleédoniens, cf. infra, p, 263, note 1. Voir a fappendice une notice sur Jean I, infra, p. 268. UN COLLOQUE DU PATRIARCHE JEAN. — FAITS DIVERS. 227 avec 'émir Amrou"), dans une ville de Syrie“, le dimanche g mai 639°) (18 de Fhégire)s. Le patriarehe ; convoqué par I’émir, est venu le trouver en compagnie de cing évéques, de chrétiens notables et de fidéles nombreux; quelques jours aprés le colloque, il en a éerit un compte rendu) qu'il a envoyé aux chrétiens de Mésopotamie pour les tenir au courant, les rassurer et lear demander «de prier pour Villustre émir, afin que Dieu Jui donne Ja sagesse et Wéclaire sur ce qui platt au Seigneur». C’est ce compte %) Ge nom demande unediscussion. I est fourni par Michel le Syrien, If, 431. Michel reconte en quatre lignes, d'aprés une presidre source sbrégée, que Amrou, fils de Sa'do, émir des Taiyays, défemdit que les croix parassent hors des églises; il ajoute ensuite sur eAmrous et le patriarche Jean le récit que nous rapportons plus loin dans lintroduction (p. #34). Cette source de Michel semble aindi identifier les deux Amrou, comme Bar Hébreeus I's compris aussi, Chron. ecel., 1, 275, lorequ'il a traneerit Michel. Une autre source trés développée,, écrite par Michel sur.colonne parelitie, mentionne a peste bubo- nique (Ibid., II, 431, col. 1 et 432, col. 1) ot ensuite interdiction des croix & et Damas par eAmrvus (cité, infra, p. 973). Nous savons qu'Obéida, Qéuverneur de Syrie, mourut durant Ja peste sasmentioanée, et ent pour succesear Amrou ben el ‘As, il nous paralt done certain que c'est a celui-ci qu'il faut altribuer le colloque et pent-dtre aussi, en dépit de Pune des sources de Michel, Vinterdiction des croix, car la premidre seurce n'est qu'an court résumé (peat-tre de ta seconde), et la seconde, qui doane ia rédaction déve- Joppée, ne particularise pas Amrou. D'silleurs Michel ne mentionne nulle part Amroa eben el ‘Ass. Lorsqu’il devait le faire, II, 450, & Toccasion de la tea- lative d'assassinat dont il a été lobjet en Egypte, il le nomme Sa‘td, nom qui permute souvent avec Se'd, ef. Pair. or., I, 501, ce qui nous donne une raison de plus pour supposer que. efils de Sa'd» est mis plas haut pour «fils de ‘Ass, © Crest-indiqué par la présence des trois tribus arabes qui habitaient «A Voceident de l’Buphrates. Cl. infra, p. 261, note 3. : © Sous Jean I, le g mai tombe un dimanche ‘en 633, 639, 648. La da de 644 est invraisemblable, car Amroa, qui était entré & Alerandrie ea déc. 643 (Patr. o., 1, gh), devait employer les années suivantes & conquérir la Pentapole. La date g mai 633 nous parait trop hitive, car les Arabes ex- traient seulement en Syrie, et Amrou, qui essidgeait Gaza avee 7,000 hommes, navait aucune qualité pour convoquer le patriarche, puisque Abou-Obéida tai Gait supérieur (celui-ci commandait 37,000 homnes, cf. Lusaav, Histeire de bas Empire, LVIL, 19). Il reste done le g mai 639. ©) Add, 17193, fol. 73-75. 228 MARS-AVRIL 1915. rendu, transerit sur le manuscrit of il était oublié depuis Yannée 874, que nous nous proposons de faire connattre; mais nous voulons d’abord le placer dans son cadre, en consa- crant quatre pages a Tinvasion arabe, & ses causes, A ses con- séquences, ainsi qu’a la personnalité d’Amrou, pour mieux comprendre ensuite les sentiments et les mobiles des deux illustres interlocuteurs. 2. L’Arabie, «terre de sécheresse et de misére »!!i, a connu des siécles de prospérité, lorsque le commerce de I'Inde avec la Syrie et !'Occident transitait par ses ports du golfe Persique et de la mer Rouge; mais, du vi" au vu’ siecle, les ravages des Perses en Syrie et jusqu’en Egypte, combinés avec ceux des Vandales et des Goths en Occident, avaient arrété les transac- tions, et les Arabes, 4 1’abri de leurs digues de sable, s’étaient multipliés dans 1a malpropreté et la misére, et n’attendaient qu'un prétexte pour déborder et prendre la place de nations plus fortunes et moins denses. Le prétextea pris le nom de panislamisme). Ce nom corres- pond un sentiment mal défini d’abord, qui était, a Yorigine, économique et politique autant que religieux. Le Bédouin famélique s’en servait pour se procurer des terres fertiles') et des pensions), mais il respectait, a l’origine, la liberté reli- ©) H. Lawnans, Mélanges de la Faculté orientale de Regrout, 1. 1906, p. 57, quicite le Kitab al Agdai, XIV, 156, 16. ©) Ge mot désigne pour nous «fobligation religieuse d’aller imposer I'lstam par la force a toutes les nations». © Dans certains cas, on confisquait la moitié des terres lorsque les popula- tions ne voulaient pas embrasser M'Islam. Cf. L’expansion nestorienne en Asie, p. 230-234: d'autres fois, on prenait le tout, et on se le partageait en nature ou om imposait un fermage aux anciens propriétaires, ef. G. Satwox, Introduction topographique & Uhistoire de Bagdad, Paris, 1904, p. 15-19. © Vers 684 (65 de I'hégire), sur le seul territoire d'Emése (Homs), 20,000 Yéménites, formant avec leurs familles une agglomération de plus de 100,000 personnes, étaient pensionnés. (H. Lauuxss, loc. cit., 1, 9.) Voir le taux des pensions dans Noél Desvergers, L’Arabie, Paris, 1847, p. 238. UN COLLOQUE DU PATRIARCHE JEAN. — FAITS DIVERS. 229 gieuse «des hommes du livre» et méme des Arabes. chrétiens — qu'il s‘agisse des Arabes nestoriens de 'Oman, du Qatar et de Hira, ou des Arabes jacobites de la Mésopotamie et de Ja Syrie: — il lui suffisait d’établir entre eux un lien politique plus ou moins lache. Lorsque le lien s'est vite resserré, lors~ que les Arabes chrétiens ont été amenés, par indifférence, par lassitude, par contrainte, 4 changer de religion, ils montrent longtemps encore quiils ont moins suivi T'Islam que «la grande idée arabe » : celle de «/hégémonie de leur race que ce dernier abritait maintenant de sa bannitre triomphante » (), A Vexemple des Tamimites qui répondaient 4 Mahomet lui- méme : «Seule les tribus de brigands t’ont reconnu»(), les Syriens nouveaux convertis n’entendaient pas céder le pas aux musulmans de la premiére heure, aux « pouilleux» du Hidjaz, A tous ces Bédouins, mangeurs de lézards et de gerboises, qui ne portaient a leur arrivée en Syrie qu’une méchante tunique ne descendant méme pas aux genoux), Leur panislamisme n'était en somme que le panarabisme, ou «!’Arabie par-dessus tout». 3. Cette machine de guerre, qui unifiait les volontés et les convoitises de millions d’hommes, ne devait rencontrer devant elle qu'un empire grec épuisé par de longues guerres, vidé ©) H. Lawwmns, Mélanges, ete., 1, 53. ©) H. Lanumes, Ibid., III, 1908, p. 287. © Voir les références citées par H. Lamwans, loc, cit., 1, 53 et 56-57. Ajou- tons 'histoire suivante de Michel, Chronique, Il, 491, un peu écourtée par Bar Hébraeus, Chron. ayr., éd. Bedjan, p. 101, et qui nous montre sous quel jour les envahiseurs arabes se sont présentés aux Perses. Ceur-ci eavoyérent ‘un horame de Hirta pour espionner lee Arabes; eil vit un ma'déen qui, secroupi , urinait, mangeait du pain et netioyait sa chemise (ea tuant les insectes). Il lui dit : Que fais-tu? Le ma'déen répondit: Comme tu le vois, je fais entrer du nouveau, jexpulse Fancien et je toe les ennemis.» Et Yhomme dq Hirte alla dire aux Perses : J'ai va un! peuple ou-pieds, mal babillé, mais trés courageux.» 230 MARS-AVRIL 1915. au point de livrer ses provinces et ses armées 3 des merce- naires étrangers, divisé par un impérialisme intolérant, qui avait persécuté, au nom d’un dogme d’Etat, des millions de chrétiens dissidents et de Juifs. Son agonie fut courte : les Arabes, venus par le désert de Syrie, prirent Bosra en 634, Damas en 635, Saroug, Séleucie-Ctésiphon et Jérusalem en 637"), Antioche et Jes villes du littoral en 638. A cette date, avant de terminer en 63g la conquéte de la Mésopo- tamie ott les Jacobites étaient tout-puissants, il est naturel qu’Amrou ait convoqué leur patriarche pour tenter de s’en faire un allié, Amrou était d'ailleurs "homme des colloques : «Eloquent, Tompu au maniement des grandes affaires, habile a dénouer les situations les plus délicates >, la conférence d’Adroh lui a laissé encore Je renom du diplomate «le plus roué et le moins scrupuleux de son temps»), Il avait déja &té chargé de deux missions en Abyssinie pour réclamer les transfuges. Nous connaissons, de plus, deux autres de ses colloques qui encadrent te nétre : Tun avec T'empereur Con- stantin en 638, l'autre avec le patriarche copte-jacobite Benjamin en 643. Avec Constantin ®), Amrou aemployé la maniére brutale : comme Tempereur lui demandait quel droit les Arabes prétendaient avoir a la Possession de la Syrie : «Le droit que confere le Créateur>, répondit Amrou. cLa terre appartient 4 Dieu; il la donne pour héritage & qui il lui plait de ses serviteurs, et c'est le suec’s des armes ( Nous prenons les quelques dates précédentes dans K. Krumbacher, Ry:. Literatur, Munich, 1897, p. 950. Voirla suite des événements dans Cl. Hu Histoire des Arabes, t. 1, ch. -t1-1. bee. cit., I, 1907, p. 2. a4, © Idem, ibid.,’p. Cf. le Koran, trad. Savaay, Paris, Garnier, p. 15, 16 et 66. —Amrou avait attaqué aussi en Gag les chrétiens de Oman, ef. J. Pénn, Vie d'Al Hadjdjadj, Paris, 1904, p. abt. © Laneac, Histoire du bas Empire, 1. LVI, ch. 56. ee eee ean UN COLLOQUE DU PATRIARCHE JEAN. — FAITS DIVERS. 231 qui manifeste sa volonté». Cette théorie, d’aprés laquelle le désir du succés suffit pour justifier invasion d’un pays con- voité, est trés ancienne, comme on le voit. fl est intéres- sant de la noter sous la forme moitié brutale, moitié mystique quelle prend, I’an 17 de I’hégire, dans la bouche d’un ancien chamelier teinté d'islamisme. 4, Cing ans plus tard, dans son colloque avec le patriarche Jacobite égyptien Benjamin"), Amrou se montre onctueux. Les Jacobites de son armée, en particulier le duc Sanutius, lui ont raconté les perséeutions des Grrecs contre les Jacobites; il sait en particulier que leur patriarche Benjamin, chassé d’Alexan- drie, erre depuis treize ans dans les monastdres de la Haute Egypte, et il concoit le dessein de s’en faire un allié. Il lui adresse aussitét un sauf-conduit, puis, lorsqu’il le voit venir, il s’écrie : « Vraiment, dans tous les pays dont nous avons pris possession jusqu’ici, je n’ai jamais vu un homme de Dieu comme eelui-la». «Car Benjamin, dit Ihistorien, avait belle prestance; il était éloquent et il discourait avec calme et dignité.» Ensuite Amrou se tourna vers lui et lui dit : «Reprends le gouvernement de toutes tes églises et de ton peuple, et administre leurs affaires, et, si tu veux prier pour moi qui vais aller vers l'Ouest et Ja Pentapole, pour en prendre possession comme du reste de I'Egypte, et si je reviens aprés un prompt succés, je te donnerai tout ce que tu me deman- deras»), Et Vhistorien ajoute que Benjamin pria pour ‘Amr ©) Pate. orientalis, tT, p. gh-bg8. ©) La chronologie de IHistoire des patrikrches d’Alezandrie est sans doute exacte. Les Arabes entrent en Egypte durant année 357 de Divelétien (ag aodt Go & 641), se signalent le 6 juin 641, prennent le Caire en mars 663, rgoivent pendant un an un tribut do petriarehe melkite d’Alexan- drie, prennent enfin Alexandrie en décembre 643, et vont ensuite conquérir la Pentapole, ef. Petr. orientalis, 1, hga-4g5. — La conquéte de l'Afrique fut poursuivie par le successeur d'Amrou, jusqu’a la hataille de Iseoube oi Je 232 MARS-AVRIL 1915. et quill prononea un éloquent discours dont ‘Amr et tous les assistants furent émerveillés. Nous ne connaissons pas, cette fois, le contenu du discours, nous ne savons pas si Benjamin a Isué la piété d’Amrou, le néo-mystique, ni s'il a engagé les siens 4 lui ouvrir les villes; mais !’historien continue encore : «Et tout ce que le bienheureux pére disait 41’émir ‘Amr, fils de ‘As, it le faisait, et il n’en omettait pas une lettre»; et Michel le Syrien, écrivain jacobite, consigne gravement dans sa chro- nique: «A propos du pays dEgypte, nous avons trouvé dans des histoires que Benjamin, patriarche des orthodoxes (Jaco- bites), avait livré VEgypte aux Taiyayé. » C’est une exagération, mais il est du moins certain que la diplomatie onctueuse d’Amrou n’a pas été vaine. 5. Nous en arrivons maintenant au colloque intermédiaire de Yan 18 de I'hégire (9 mai 639) On en trouvera plus loin Je texte et la traduction, il nous suffit d’'indiquer ici les prin- cipales questions qui furent posées : «Liillustre général émir demanda si c’est un seul et méme Evangile, sans aucune dif- férence, qui est tenu par tous ceux qui sont chrétiens et qui portent ce nom par le monde. . . Pourquoi, puisque I'Evangile est un, la foi est-elle différente?. .. Qu’est-ce que le Christ? Est-il Dieu ou non?. . . Lorsque le Christ, que les chrétiens disent étre Dieu, était dans le sein de Marie, qui portait et gouvernait le ciel et la terre? .. Quelles étaient l’opinion et Ja foi d’Abraham et de Moise?. .. Pourquoi n’ont-ils pas éerit avec clarté et n’ont-ils pas fait connattre ce qui concerne le Christ? » — La discussion devient done scripturaire, et l'auteur continue : eLorsque l’émir entendit tout cela, il demanda patrice Grégoire fut tné par Abdallah Ebn Zobsir. A noler que ce dernier Prononca, a cette occasion, laxiome : «Tout homme poilu est un poltrony. Cf. BE. Qcarauiax, dans le Journal asiat., t. IX, avril 1833, p. 297-298, cilé par Noel Desrancuns, L’Arabie, p. 253. “UN COLLOQUE DU PATRIARCHE JEAN. — FAITS DIVERS. 233 seulement de iui démontrer, par le raisonnement et par le seul Pentateuque, que Je Christ est Dieu et qu’lll est né de Ja Vierge et que Dieu a un fils.» Jean cite et montre les textes ” grec et syriaque de la Bible, I’émir prend méme lavis d'un Juif qui était présent , pour savoir si le texte hébreu leur était conforme. Le Juif répondit : «Je ne le sais pas avec exacti- tude», et «Villustre général émir> le savait sans doute beau- coup moins encore, aussi il se hata de porter la discussion sur Ja casuistique législative qu'il connaissait mieux que le grec et le syriaque : « L’émir en arriva de 18 & interroger au sujet des lois des chrétiens; quelles et comment sont-elles; si elles sont dans VEvangile ou non? [ll ajouta : Si un homme meurt et laisse des garcons ou des ‘filles, et une femme et une mére et une seur et un cousin, comment convient-il de leur parta- ger I'héritage?» Apres la réponse du patriarche, if elétura le colloque par : «Je vous demande de faire une chose de trois: ou de me montrer que vos lois sont écrites dans l’Evangile, et de vous conduire par elles”, ou d’adhérer & 1a oi musul- mane.» Le patriarche s'efforca de montrer que les chrétiens peuvent avoir d'autres livres que YEvangile, inais. cette pré- tention d’Amrou de ramener les chrétiens 4 un livre unique, YEvangile, nous prépare au dilemme en vertu duquel, sur Yavis d’Omar, il aurait brdlé quelques années plus tard la bibliothéque d’Alexandrie, pour tout ramener a un livre unique : le Koran. . Pour montrer l'importance de ce colloque, rappelons encore que le patriarche avait été convoqué, quiil était venu avec cing évéques et’ des notables, qu'il cy avuit 1, réunis en foule, non seulement les nobles des Agaréens, mais les chefs et les gouverneurs des villes et des peuples fideles et amis du Christ : les Tanoukaiés, les Tou‘aié et les ‘Aqoulaié». Ces trois der- © Cf. fe Koran, sowrate vr, 50, 51: eLes chrétiens seront jugés d'apréx + PEvangile.» 234 MARS-AVRIL 1915. niers noms désignent Jes trois principales tribus arobes qui étaient jacobites", L’auteur avertit encore que !’émir avait convoqué en méme temps certains des principaux tenants du concile de Chaleédoine, et il conclut par-: «Nous mandons & Votre Charité ces quelques mots des nombreuses choses qui furent agitées en ce moment, afin que vous priiez sans cesse pour nous avec zéle et soin, ct que vous suppliiez le Seigneur afin que, dans ses miséricordes, il visite son église et son peuple, et que le Christ donne cette affaire Vissue qui plait & sa volonté, qu'il aide son église et qu'il console son peuple. — Méme ceux du concile de Chalcédoine, comme nous I’avons dit plus haut, priaicnt pour le bienheureux patriarche, parce qu'il avait parlé pour tout l'ensemble des chrétiens et qu'il ne leur avait pas porté préjudice. Ils envoyaient constamment prés de Jui et ils demandaint ainsi 4 sa bonté de parler pour tout l'en- semble (des chrétiens) et de ne rien soulever contre eux; car ils connaissaient leur faiblesse, et la grandeur du danger et du péril qui menagait, si Dieu, selon ses miséricordes, ne visitait pas son église. » Ge colloque eut d’ailleurs un lendemain qui nous est raconté par Michel le Syrien : Amron écrivit & notre patriarche Jean. Quand celui-ci entra prés de lui, Amrou commenca par dire des paroles insolites et econtraires aux Ecritures, et il se mit 4 lui poser des questions difficiles. Le patriarche les résolut toutes par des exemples tirés de I'Ancien et du Nouveau Tes- tament et par des arguments natorels. En voyant son courage et I'éten- due de sa science, Amrou fat dans I'étonnement. Alors il donna cet ordre : «Traduis-moi votre évangile dans la langue sarrasine, c'est-a- dire des Taiyayé. Seulement tu ne parleras ni.de la divinité du Christ, ni du baptéme ni de la croix.» — Le bienheureax, fortifié par le Sei- gneur, répondit : eA Dieu ne plaise que je retranche un seul yod on un seul point de IEvangile; alors méme que tous les traits et toutes fes lances qui sont dans ton camp me transperceraient». Voyant qu'il ne © Cf. infra, p. 261, note 3. UN COLLOQUE DU PATRIARCHE JEAN. — FAITS DIVERS. 235 pouvait le convainere, Amrou Ini dit : «Va, éeris comme ta vou dras.> Le patriarehe réunit les évéques et fit venir des Tanoukaiés, des Aqoulaiés et des Tou'aiés, qui connaissaient les langues arabe et syria- que, etil lear commanda de traduire l'Evangileen langue arabe. Il avait ordonné que chaque sentence qu'ils traduisaient passlt sous les yeux de tous les interprétes. C'est ainsi que I'Evangile fat traduit et présenté an roin. (Chronique, I, 431-43.) 6. Tel fut le colloque de 1’an 18. Amrou, au courant des dissensions qui déchiraient les chrétiens, avait congu le projet de les rattacher en bloc — au moins les chrétiens jacobites — 4 Tislamisme. Il n’accepte que les textes du Pentateuque"); cest en effet le livre le plus utilisé dans le Koran. Il ra- méne les principales difficultés a trois : que le Christ est Dieu; que Dieu est né de 1a Vierge et que Dieu a un fils. Il pou- vait en effet citer de nombreux versets du Koran contre ces assertions ®), Mais il n’avait pas prévu que la discussion se continuerait sur les textes grec et syriaque du Pentateuque, et cest sans doute pour cela qu'il ya mis fin bientét. Quelques jours plus tard, il a voulu -obtenir du moins un évangile arabe qui ne serait pas contraire au Koran et iui permettrait © prépos des fivres recus ches les Musulmans, notons qu'il fétaient au 1, 6, 19, 18, a4 du mois de Ramadan a descente du ciel des livres d’Abrabam, de Moyse, de David, de l'Evangile et du Koran; voir notre édition Des fétes des Musulmans et de leurs jours remarquabless, dans la Rerwe de COrient ehrétien, t. XVII (1913), p. 98-99. 45, 48, 50, 70, 72, 1105 vu, 256, 168, 169; a1, 6; ete. Vs 195 764 77+ 793 Wy 100, 1045 a1, 91, 92, 93; mum, 81; tam, 5g, ete, eCeux qui disent que Dien c'est le Messie, fis de Marie, sont des infidéles. .. Si Dieu avait an file, jo serais le premier & ladorer... Peu en faut que les cieux ne se fendent a ces mots, que la terre ne s'entrouve, et que les montagnes ne s'écroulent de ce qu’ils attribuent un fils au Misérivor- dieux...»; ef. sour, rum, g3:eDieu n'a point de filss. La Trinité est aussi nige explicitement : eNe dites pes qu'il y a une Trinité en Dieu. II est uns, sour., 1¥, 16g. I est vrai que la Trinité de Mahomet semble se com- poser du Pére, de Marie et du Fils; ef. sour.,1v, 1693, 116. 236 MARS-AVRIL 1915. de rallier en bloc tous les Arabes chrétiens. C’est sans doute pour cela qu'il avait déjd commencé par demander si e’était un _seul et méme évangile qui était tenu par tous les chrétiens, car, s'il y en avait eu plusieurs, il aurait choisi le plus avan- tageux, ou du moins i aurait pris ce prétexte pour en deman- der un de plus. Ii tui suffisait qu'il n’y edt pas trace 1” de la divinité du Christ, déja combattue dans la conférence; 2° du baptéme, qu’il voulait sans doute remplacer par I'initiation musulmane; 3° de la croix et du crucifiement, qui est en effet contraire au Koran "), Amrou a da voir qu’en insistant davantage, il n’aboutirait qu’a couronner des martyrs et A se créer des ennemis, — Omar semble étre intervenu en faveur des chrétiens, — aussi semble-t-il avoir recouru dés lors 4 la politique onctueuse que nous V'avons vu pratiquer, quatre ans plus tard, envers le patriarche égyptien Benjamin : promettre son appui, rendre quelques églises, autoriser les processions, et demander les secours des pritres, des sympathies et des fiddles jacobites, quitte a reprendre plus tard en détail ce qu'il avait dd concé- der en bloc. Crest 4 développer ces conséquences de ta conférence que nous voulons consacrer {a fin de cette introduction, en don- , 156: ells ne Pont point erueifié ; an bomme qui lui ressem- ta place.» D'aprés I'Evangile musalman attribué a Barnabé, est Judas qui fut erucifié en place du Christ. Loreque cet évangile fut signalé, Jes savants, pour qui imperfection est une preave d'antiquité, y voyaient le christianisme des judéo-brétiens, antérieur i celui de nos évangiles. (Crest le méme postulat t placer deux mauvaises versions syriaques de mauvai ‘manuserits grecs avant la Peschitto.) Depuis U'édition del'Evangile de Barnabé par L. Race, The Gospel of Barnabas, Oxford, 1907, M. James place sa composition au im sidele. Cf. Journal of theolog. studies, t. IX, avril 1908, p- 458-459. — Crest probablement notre Amron benel ‘As quia défenda de porter les croix en dehors des églises. (Michel, Chronique, II, 432, col. 1), bien qu'un , abréviateur ait mis Amrou bar Sa'd, Ibid., 431, col. 2. Cf. infra, p. 973, note 1. ©) Cf. Appeadice, 3°, p. 277-278. Rinne UN COLLOQUE DU PATRIARCHE JEAN. — FAITS DIVERS. 237 nant une esquisse de la puissance des chrétiens arabes au début de Thégire, des services quils ont rendus 4 V'Islam et de ce qui leur en est advenu. Nous en concluerons que les patriarches chrétiens ont eu tort de préter leur appui a un panislamisme qui était en apparence cultivé, modéré et mys- tique, mais en réalité brutal et barbare. 7. Les Chrétiens encerclaient YArabie. Les Nestoriens avaient des évéchés 4 Nedjran, & Sana, capitale du Yémen, & Socotora, I'le de Y’aloés, & Sohar, capitale de ?Oman, nom- mée alors Mazoun, 4 Khota, 4 Qatar, & Hagar, dans les tiles de Deirin, de Tharon et de Mashmahiq, a Bassora, & Hira, & Damas, & Bosra"); les Jacobites, qui avaient été puissants ‘au Yémen, revendiquaicnt encore toutes les tribus arabes du nord, depuis Damas jusqu’au Tigre. De plus, le désert était sillonné de moines et de pélerins qui se rendaient — méme par troupes de 700 et de 800 personnes — A Jérusalem et au Sinai); les romans et les histoires vantaient Je prosély- tisme chez les Arabes, le commerce avec I’Inde mobilisait de nombreuses caravanes; la'vie érémitique avait une telle vogue quiil n’y avait pour ainsi dire pas de désert et de montagne sans solitaire, on peut done dire que les Arabes polythéistes ne formaient en Arabie qu'un espéce d'ilot sillonné en tout sens par les chrétiens. Ces polythéistes, nommés Sarrasins par les auteurs grecs du vi* au vu" siécle, ont d’aillears moins d’im- portance a leurs yeux que les Peaux Rouges d’Amérique n’en ont aujourd'hui aux nétres. Ce sont des barbares ignorants, pasteurs et chasseurs, en général inoffensifs). Il leur arrive ©) Nous avons développé ce sujet et identifé les noms peu connus dans L'expansion nestorienne en Asie, Bibliothéque de vulgarisation du Musée Gui- met, t. XL, Chalon-eurSedne, 1914, p. 205-312. ©) [bid., p. 918, note 2. © Voir en particulier Lee ricite du muine Anastase sur lee Pires de Sinai, trad. du gree par P. Nav, Paris, 1902. 238 MARS-AVRIL 1915. aussi d’entrer sur le sentier de la guerre, surtout lorsque la faim ou Tespoir du pillage les Y pousse, mais on se prémunit contre cet accident en entourant le monastére d'un mur solide pereé d'une seule ouverture & quatre ou cing métres du sol. Le visiteur qui montre patte blanche est introduit a l'aide d’une corbeille, vénérable ancétre de nos ascenseurs". Les chré- tiens ont commencé par doter ces barbares d'un alphabet et de V'écriture (vi* au vir’ siécle) ®. Hs leur créaient en méme temps des traditions en rattachant La Mecque, son puits et les tribus des environs, 4 Agar et a son fils Ismaél), comme ils ont rattaché plus tard les souverains mongols du Tangout aux trois rois mages, et comme ils ont montré dans le Turkestan ” Hen est ainsi au Sinai et a Scété. (9 On ne peut prouver, croyons-nous, que les Arabes aient écrit quelques ouvrages, pas méme des piéces de vers, avant d'avoir converti des ehommes du livres, puisque la pocsie antéislamique elle-méme n'a été consignée par écrit qu'un sidele apres Ihégire: ef. Cl. Haar, Jowrn. asiat., 2° série, t 1V (1904), p. 142-145. Nous ne méconnaissons pas ce que les Arabes ont fait plus tard pour les Jettres et les sciences. (9 Cf, Noél Dasrsucuns, L'drabie, Paris, Didot, 1847, p. 12-13, g8-g9. Crest ala Meeque que Mange a fait jaillir la source Zemzem pour étancher la soif d’Agar et de son file Ismaél. Celui-ci s'est marié et « fait souche dans'les environs. Abraham a bati la Caaba. Le pére L. Cheikho a publié dans le Machrig (Beyronth, 1913-14), sur eChristianisme et littérature avant T'islam>, de nombreux articles que nous n’avons pu utiliser. Bar Hébracus écrit, Chron. eecl., Il, 118, que fa ville de Yatreb ou Médine qu'il ponctne Médian (pe ser IK) a pris ce dernier nom du quatriéme fils, Médien, qu’Abraham eut de Céthura, ef. Gen., x1, 2. Nous sommes loin de l'étymologie sccou- tumée médinat al-Nabi ela ville du Prophéte>. Notre document ne donne aux Musulmans que le nom d’Agaréens (mahgroié, participe ephel formé de Hagar, pour marquer I'état); les mots correefondants ches les Grecs sont "Ayapnvoi, Jean Damascine, éd. Le Quien, I, 110; et avec un m initial, eayepiopdy qui équiveut & wislamismer; fer d Movyapi® xnptrlow rir payapiopde eMahomet (Mouchameth) vint préclant le mayariame (devenir agaréen )». Cf. Théodore Abucara dans les ceurres de Jean Damescéne, I, 470. On trouvg le plus souvent Zappexavoi rapporié, a tort ou a raison, a Sara, et parfois cistnaétites». Tous ces noms raltachent directement les Musulmans aux feaditions judéo-chrétiennes, a . UN COLLOQUE DU PATRIARCHE JEAN. — FAITS DIVERS. 239 1a montagne sur laquelle l’arche de Noé s'était arrétée(), Le réle du moine chrétien Sergius l’éprouvé (Bahira) prés de Mahomet est non seulement vraisemblable mais nécessaire “), & cela prés que les auteurs musulmans, ici comme ailleurs, ont pris une épithéte syriaque pour un nom propre“. Les bio- graphes de Mahomet racontent ses luttes avec les paiens et les juifs, mais ne rapportent pas qu'il ait été en guerre avec les tribus chrétiennes; ils citent au contraire deux diplémes qu’il a aceordés aux chrétiens d’Adrok et d’Aila, il a méme donné son manteau a ceux de cette derniére ville. Lorsque nous lisons que Mahomet a permis aux gens du Nedjran de rester chré- tiens, nous supposons que cette faveur a dd aussi étre mise par écrit, et les Nestoriens produisent en effet un dipléme vraisemblable, dans le préambule duquel on fait dire 4 Maho- met que les Arabes paiens ou juifs ont combattu le peuple de ©) Cf, Lrexpansion nestorienne en Asie, oe. cit, p. 976-377. (9 Nous avons mis longuement en relief la personnalité de Sergius 'éprouvé (Babira), dans PExpansion nestorienne en Asie, loc. cit., p. 913-293. Les ‘savants allemands ont voulu reconstituer le rile de Sergius a l'aide des écri- vains arabes, qui sont des sources secondaires puisqu'ils ont pris P'épithéle pour tun nom propre. Ces sources secondaires et tendancielles font de I'histoire de sBahira> une sorle de efantasmagorien, cf. Cl. Heast, dans Journ. aviet., at série, IV (1904), p. 127. Crest cher les Gres (et les Syriens) qu'il faut chereber ce que pouvait atre Sergius. 9) Liépithéte fo (Bahira = éprouvé) est trés usitee en syriaque, par exemple dans la seule vie de Jean le Petit, Revue de U'Orient chretien, t. XVIL (1924), p. 350: Heat qiate aire. Loasee hinese Lengo Lolp inal ol Miataire de pére saint ot eprowes (Babira) et eublime... Mar Jean le Petit. — Toid., p. 357 : Vramde Late Loney low Loi gio om. Le grand dicit un meine choisi et ¢prowvé (Bahira). — Ibid., p. 366 : Jamare Loi ya Law Sashes) ol tay. Il arrive un cisillard grand et éprowes (Babira) qui demewait 1, ete. — De la méme manitre : de ce qu’Abrabam était d’abord paien (Je = Henfa}, — son apocalypse racunte méme qu'il allait vendre les dieax fabri- qués par son pére, — on a fait de ce mot epaien> fe nom d'une religion. — LiHegire est saus doule aussi 'ére des fils d’Hager (agp Ca) ou des Aguréens (Atqgue). 240 MARS-AVRIL 1915. Dieu et ont discuté sa doctrine, mais que les chrétiens ne ont jamais fait, Ceat la qu’il faut chercher 1a cause des premiers suceés des Musulmans depuis le sud de I'Egypte jusqu’au fond de la Perse. Nous avons vu qu’en 639 Amrou a traité avec les chrétiens syriens et quills lui ont rendu le service de traduire YEvangile, prémice de tous les ouvrages et de toutes les scien- ces que les Syriens devaient plus tard transmettre a V'Islam. Lrannée suivante (640), les Arabes franchirent !Euphrate; Jes Edesséniens vinrent traiter avec eux, et leur ouvrirent leur ville sans résistance, le primat jacobite d’Orient livra Tagrit, () CE. Dezpansion nestorienne en Asin, lor. cit., p. 224-230. On apporte en général trop de rigueur, a notre avis, dans la recherche des sources du Coran. Il ne peat s'agir que de sources orales plus ou moins digérées et brassces. Toates les confusions restent done possibles et méme probables. M. Cl. Huart mis en relief influence des anciens podtes arabes qui colportaient et réci- taient des poésies, comme nos trouvéres les chansons de gestes, Journ. asiat., x adie, t IV (1904), p. 130-3 et 165-7. Il ne faut pas négliger non plas les conversations familiales de Mabomet. Sur introduction postérieare des tradi- tions judéo-chrétiennes dans I'Islam, ef. Cl. Hoant, Ibid., p. 331-350. ( La défeetion, en plein combat, des Benoa-Thenoukh qui semblent étre Jes Tanoukaié jacobites, a sauré une premidre fois les Arabes, cf. infra, p. 261, note 3. Les Arabes du Sud, aurquels Sergius n'avait pes donné leur solde sccou- tumée, avaient été les premiers a faire défection et & introduire leurs com- patriotes & Gara, ef. Théophane, ad ann. 623; célaient les transfuges qui enseignaient aux nomades l'emploi des machines de guerre, Laauac, Histoire du bas Empire, uri, 19. Ce n’est partout que trahison: Romain tivrait Bosra, Tid, Josias livrait Damas, Mid., uri, 25; un autre livre fee gens de Tripoli, urnt, 32; un autre fait perdre Ja betaille de fYarmouk qui améne Ja défeetion des Arabes de Ghassan, Ibid., uri, 44; Yukinne (sans doute un Arabe, car ce nom n'est autre que Uin,, = Jean) livre de nombreuses villes, Ibid., um, 4g 8 54; d'autres se taillent des royaumes, Ibid., vin, 24; les gouverneurs se jalousent et ne se prétent pes secours, uv, 35; d’antres traitent pour leur compte particulier comme Cyrus pour Alexandrie, uv, 63, et Jean pour I'Osroéne, ef. Théophane ad ann. 628. L'empire grec a donc succombé sous les coups des siens plutdt que sous les coups des habitants de I'Hidjex. (©) Cf Ban Hisasscs, Chron. eccl., I, 124-126. Cité Patr. orient, I, 58 : Vie de Marouta. _ UN COLLOQLE DU PATRIARCHE JEAN. — FAITS DIVERS. 241 Pévéque Gabriel fivra le Tour ‘Abdin (voir appendice 3°), et «l’armée des Romains, dit Michel, se retira avec douleur de toutes les villes»(. On allait voir bientdt les conversions en masse’ de villes et de peuplades comme les Ghassanides de Syrie et les habitants de toute‘la cdte du golfe Persique. Ces désertions avec armes et bagages devaient introduire en bloc dans l'islamisme les écoles et les monastéres, la philosophie et la mystique des chrétiens. «Oi est le grand peuple des Mazo- nites, écrivait, vers!’année 650, un patriarche nestorien; ob est le grand peuple des Mazonites qui s'est précipité dans le gouffre de l’apostasie pour Je seul amour de la moitié de ses biens “/? Oi sont les sanctuaires de 1a Karmanie et de tout le Fars?) » En Egypte, Jean de Nikiou nous apprend que, dés{’an 641, on prétait secours aux Musulmans a cause des persécutions d'Héraclius; les habitants du Fayoum sétaient soumis aux Arabes, leur payaient tribut et tuaient tous les soldats romains quiils rencontraient). Ce mouvement ne pat que s'accroftre apres le colloque de Benjamin et d’Amrou en 643, aussi Makrizi raconte que 70,000 moines quittarent le désert et vinrent au-devant d’Amrou ibn al ‘As pour le complimenter, ©) Checinigue, Il, p. 636. © Mazon était Je nom donné en particulier & Sobar, et en général & toate a région d’'Oman, ef. H. Lawurss, lo. cit., 1, 1907, p, 00-801, et F. Nav, Meronites, Mazonites ot Meranites, dans ta Revue de [Orient chrition, t. 1X (1g08), p. 268-276. © D'autres ont préféré — ad ce momentli — perdre la moitié de leurs biens. Voir aussi Bun Hésaszos, Chronigua sccl., 1, 338: eLes habitants du pays d'Alep (aprés 798) abandonnérent leur foi tous en méme tompe, et 00 firent Arabes.n » © CE Rubens Devan, lo'yahb patriarchae Ill, Liber epistularum, Paris, 1905, p. 179 & 183, 192. ) Chronique de Jean de Nikiou, éd. Zoraweanc, dans Notices ot extraite des manvacrits, t. XXIV, Paris, 1883, p. 559, 562-563; cf. p. 570. © Les cowvents dei chritions, usd. E. Laacr, dans Revue de POrient cheétion , 1. XII (1908), p. 198-199. ” 16 242 MARS-AVRIL 1915. 8. Nous condamnons ce concours apporté au panislamisme par les patriarches copte et syrien, mais nous ne voulons cependant pas dissimuler leurs motifs: ils n’étaient Grees que par droit de conquéte; leur gouvernement, au lieu de s’appli- quer a faire régner la paix entre tous les citoyens, comme était son devoir, avait fomenté les discordes civiles en se faisant T'instrument d’un parti; aussi les Jacobites avaient vu eonfisquer leurs couvents et a de force leurs commu- nautés!), Ils avaient que ce gouvernement, si brutal envers les étres sans setae était miné par le matérialisme et la corruption, puisque, au milieu d’un luxe qui nous a fourni Vépithete de wbyzantin et avec un budget jusquela inoui, il n’avait su préparer ni ces armes, ni ces fortifications perma- nentes ou volantes, sans lesquelles la bravoure toute seule n'est plus qu'imprévoyance et folie. Ils avaient vu leurs pro- vinces envahies et ils pouvaient encore se demander si certains matérialistes étaient capables d’apprécier les idées de sacrifice et de dévouement, et s'ils ne se bornaient pas a les exploiter au temps du péril). Aussi on comprend que l'un des leurs ait écrit : Héraclius ne permettait pas aux orthodoxes de se présenter devant lui et n’accueillait pas leurs plaintes au sujet du vol de leurs églises. C'est ©) Les Grees avaient encore commis la faute politique de décapiter et d’é mietter, pour raison confersionnelle, la confédération des Arabes jacobites : cf: Micam, Chronique, Il, p. 350. © Nous ne savons pas ai le gouvernement bysantin ctait capable de se cor- riger, de cesser d’étre fe représentant d'une seule faction et l'oppresseur du reste des Grees et de donner I'égatité de droits et de traitement a tous les sujets de Empire, car, trois cents ans plus tard (968), lorsque Nicéphore Phocas eut récupéré la Syrie dévastée et dépeuplée, ill demanda au patrirehe jecobite Jean VII de venir y habiter et d'y amener ses coreligionnaires avec hui; il Ini promit la liberté religiense, mais bieatét il manqua a sa promesse, ft conduire le patriarche jecobite avec quatre évéques & Constantinople et les somma, aprés une discussion de deux mois, d'adhérer au concile de Chalcé- doine. Sur lear“refas, ils furent emprisonnés. Cf. Micner, Chronique, IL, 1345 UN COLLOQUE DU PATRIARCHE JEAN. — FAITS DIVERS. 243 pourquoi le Dieu des vengeances, qui est seul tont-puissant, qui change Tempire des hommes comme il vent, le donne & qui il veut et y dave les plos humbles, voyant la méchaneeté des Romains qui, partout oi ils dominaient, pillaient cruellement nos églises et nos monastéres et nous condamnaient sans pitié, amena de la région du Sud ies fils d'Tamadt pour nous ddivrer par eux des mains des Romains ”, v : +9. Tis ont été délivrés des Romains, mais ils n’ont pa moins souffert de la part des panislamistes. Pour nous borner a TEgypte, nous trouvons que les Musulmans prenaient Jes notables pour otages, les maltraitaient et les mettaient & mort pour semer la terreur, car Jean de Nikiou éerit : « Amrou fit arréter les magistrats romains et leur fit attacher les mains etles pieds avec des chaines et des ais de bois, et il exerca d'innombrables actes de violence; alors il y eut ane paniqne par toutes les villes Egypte; Jes habitants prenaient a fuite en abandonnant leurs biens). » Ces départs fournissaient le prétexte cherché pour déména- ger les maisons vides, prendre possession des biens abandon- nés, mettre le pays en coupe réglée et briler les villes. Jean de Nikiou écrit) : « Lorsque les Musulmans, accompagnés de rénégats, arrivaient dans une ville, ils s'emparaient de tous Jes biens des chrétiens qui s%étaient enfuis. . ., ils obligeaient tes chrétiens 4 porter aux Musulmans du fourrage pour leurs bétes et & fournir du lait, du miel, des fruits et beaucoup autres objets en dehors des rations ordinaires. .. Amrou fit Bia Hisaancs, Chron, ocel., 1, b12-414; Assiaam, Bibl or., I, 133-140; Lagcies, Oriens christ, IT, 1378 et seq. Ce fut encore pis, cinquante ans plas tard (1029), sous le rigne de Romain, ef. Micamn, Chronique III, 180-185, 147, 166-167. Par contre, Michel love plusieurs fois la tolérance «des Franca», Ibid., IU, 222, 296, ag. (0 Marcum, Chronique, I, 612-613, et Ban Hénaares, Chron. eccl., 1, 273. © Chronique, dans Notices et extreits des manuserite, t. XXIV, Paris, 1883, . 560. Po Mid, p- 560, 56s, 577. . 16. 244 MARS-AVRIL 1915, détruire les maisons des habitants d’Alexandrie qui avaient pris la fuite et il ordonna de briler 1a ville des deux fleuves. Les habitants, avertis du danger, sauvérent leurs biens et abandonnérent Ia ville, et les Musulmans y mirent le feu. » Tl pouvait méme arriver & Amrou d’incendier quelques cathédrales, comme Saint-Marc d’Alerandrie"), ou quelques biblioth¢ques, comme celle de 1a méme ville. On a voulu laver sa mémoire de ce dernier forfait qui n'est pas, unique dans histoire de lislamisme , mais il n'est pas vraisemblable qu'il en ait enlevé Jes livres avant d’y mettre le feu, car cet artifice suppose une culture plus raffinée que Ja sienne. Une partie des habitants était emmenée en captivité; les autres étaient accablés d’impéts, car Jean de Nikiou écrit) : cApreés avoir vaineu Jes habitants de la Pentapole, Amrou ne les y laissa pas demeurer, mais il enleva de ce pays un immense butin et un grand nombre de captifs. .. et les Mu- sulmans prirent possession de toute TEgypte, du midi et du nord, et ils triplérent l’impét. Les habitants arrivérent a offrir leurs enfants en échange des sommes énormes qu’ils avaient & payer chaque mois.» Et si l’on se demande comment conci- lier les actes d’Amrou avec ses paroles, Jean de Nikiou nous ~ apprend en somme qu'il tenait les traités pour des chiffons de Papier : «Amrou traitait les Egyptiens sans pitié, dit Jean, et n’exécutait pas Jes conventions qui avaient été stipulées avec lui, car il était de race barbare “), » © Patr. orientalis, 1. : (© Cf. Ban Hisnatcs, Histoire des dynasties, trad. Pococke, Oxford, 1663, p- 118, On a trouvé étrange que cet incendie ne soit pas mentionné per les contemporains, et on a vu li — non sans raison — un motif pour le révoquer en doute. . Cest ainsi que tes livres de Sévére bar Sakako furent aussi portés au hain public (ypdoioy) du sultan de Mossoul, ef. Baa Hisaaace, Chron. eccl., A, fra (en année 1241). ) Loc. eit, p. 569, 577, 578, 585. © Lae, eit, p. 578. UN COLLOQUE DU PATRIARCHE JEAN. — FAITS DIVERS. 245 Ce fut encore pis lorsque les rénégats, déja redoutables au temps de Jean de Nikiou, entrarent en scéne avec la rage qui les coractérise; ils en arrivérent 4 former un complot et & briler simultanément la plapart des églises de Egypte. cA ce moment, écrit Makrisi, les hommes qui faisaient la priére du Vendredi sortirent des mosquées et furent témoias d'un spectacle effrayant : une poussiére épaisse, la fumée de Yincendie, le tumulte de 1a foule qui emportait son butin fai- saient songer aux horreurs du jugement dernier), » Le sultan voulait punir les coupables, mais les émirs lui démontrérent que sles véritables causes de incendie étaient la perversité des chrétiens ct leurs exces d’impiété dont Dieu (qu'il soit loué!) avait voulu les punir ‘>, «Un grand nombre de chrétiens fu- rent donc mis 4 mort, et— apres diverses péripéties —le sultan dEgypte «ordonna de tui amener tous tes chrétiens que l'on trouverait.’ Quiconque les arréterait serait maitre de leurs biens et de leur vie..., de-sorte que les chrétiens durent s'abstenir de parattre sur la voie publique et qu’un grand nombre d’entre eux se firent musulmans»“), 10. Telles ont été les conséquences des colloques d’Amrou avec Jean en 639, et avec Benjamin en 643. Les Arabes chré- tiens, nombreux et riches, auraient pu servir de rempart, une fois de plus, a empire grec, et arréter lexode des Agaréens,. que 1a surpopulation, la misére et l’avidité faisaient sortir des” sables de l'Hidjaz'®). Is étaient la digue naturelle opposée & 1 Loe. cit, p. 585. » Las Beglises des chrétiens, dans Rewwe de U’Orient chritien, t. XII (1907), P: 197. ©) TBid., p. sor. © Bid., p. 208. © Bn 1178, par exemple, eun peuple nombreux, presé per ta famine, s'ébranla et partit de 'Arabies. Mais cette ebégires ne trouva pes les compli- cilés qui avaient feit le sucots de la, précédente. Cent mille hommes farent tués, d 246 " MARS-AVRIL 1915, tout mouvement panarabique, qui devait ou échouer, ou évo- juer sous leur direction. Lorsque Jes deux patriarches jacobites ont pactisé avec les Agaréens, ils ont enlevé cette dernitre digue, et le panara- bisme, triomphant hors de leur direction, est vite devenu le panislamisme. Le Dieu des vengeances qu’ils invoquaient les a certainement mis en face des conséquences de leurs compro- missions : il leur a montré le sang chrétien répandu par les Arabes musulmans depuis 1a Perse jusqu’aux Pyrénées, et les ruines accumulées par les Tures musulmans depuis leur pays Gorigine, la Sibérie"”, jusqu’a l'Inde et jusqu’au Danube. Ils ont pu voir, au point de vue chrétien et au point de vue petriotique, qu’ils avaient mal agi. Ils devaient laisser la Providence le soin de rendre A chacun son da, offrir leurs souffrances passées en holocauste pour leur salut et pour le salut de leur peuple, et donner un Joyal concours & leur sou- verain, par cela seul qu'il était leur souverain et que les Arabes Pillards étaient d'injustes agresseurs. Et s'ils avaient échoué, si leur sacrifice avait été vain, ils auraient eu du moins la satisfaction que donne le devoir accompli, et ils auraient pu répéter ce que Judas Macchabée disait dans une circonstance analogue : Il nous vaut mieux mourir dans le combat que voir les maux de notre nation. Si notre jour est venu, mourons avec cou- rage pour nos freres TI. Les faits divers, consignés dans notre manuscrit & la suite du colloque, ressemblent aux colophons et ont donc et les autres se noyérent en voulant repesser !Euphrate. Micuat, Chronique, MIL, 376, © Micar us Stags, Chronique, Ul, 151-157, raconte comment les Tures ont quitté le sud de la Sibérie, d'abord comme auriliaires des Perses ou des Arabes, et ensuite comme envahisseura. © TMaeeh., m1, 593m, 10. . : UN COLLOQUE DU PATRIARCHE JEAN. — FAITS DIVERS. 247 chance d’étre euvre personnelle du compilateur. Les concor- dances des jours de la semaine et des quantitmes du mois sont d’ailleurs exactes. Le tremblement de terre du 28 février 713, raconté ici trés longuement, est mentionné en trois lignes par Théophane, Agapius et Michel le Syrien. Les autres faits semblent personnels 4 notre auteur : comite le 8 avril 719; peste de 719 4 713; peste, sauterelles, owragan (20 mai 714); gréle; mort de Walid (février 715), avarice de Soliman; gréle le 27 avril 715 et le 20 avril 716. F. Nav. 248 MARS-AVRIL 1945, TEXTE SYRIAQUE. © Det see Sige Loge cine sist Mig ol «Lesapucr Janse) poo Nae eae Dgpey Lice Lior cine: Ngo dood Ikune fod cecol/ obdgpo7 be / bison eimtaw ter Lori gee fase Lo! los wo ro.wo Lemos pans «i! bor Lorre laabs; Sasa Rafe Jens} fl. co) Loar prod cde lero werquel oor 15 ce ee aI? “Joa Loo Asad oo ots eT ote ome he! pens adnas Yo cook! 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Vaso out baste alm inw0 oto paar het NAND | ronnctoy umoposomy aie nao) Bmp oo Wppo - oe rge wi bso soade oS UN COLLOQUE DU PATRIABCHE JEAN. — FAITS DIVERS. 253 Absnsolo . ou) ithe flo Jao pam « Lu gantss Joa cdo oo? -oloskoog eo con aso clad com einer syoetmawad prio wl Vo Nias Joa cho ae boo w0s0p tact Jlasie -.ootmes Ilo mwo Lacon emo Wp ese P worranT yo) Lise qf LoNensoy [iusto et woransaciens fons *Jinso} Lunas? dm op wehon IeAsag cor .Jignsco «Lindy Jimar oo Lor scrastouso wise Lacofh ops wend) ronems Jers) lrenco : fogs bo] O90 Keds wince Jom AL) wise eras wise .ioleo my foie biroroisc0 hiaso JNano odut broom ee A gre brea berpsco Canoe Nebo * cnet yenude dle «Lins fey vo Lins} wero Lanse +eotas JMano olde Be (0 LS\ Kaw fai) We ci) [A@Sa20 Jlatse ool 4 2iko? dete wo ptensSs; Lanes wnt So SNe) 215; flaadco pos J} > B> poe 45 061 pho woraseaan tobe biiJ Wa Monsen) © Jm% en noir et de seconde main; en face en rouge, dans la marge Lae © In mary, eageen- ol. 76. 254 MARS-AVRIL 1915. Joe wp—K200 3 bat co> Joo ae co 08 orto So Lails Lensopols}y [Mme Jlanaey lorigo Jeaerasy Lies Loagy Jrwan gor oo LAX : bios, wo) webs Lisas betso ») qqze Ia Nia ronaase Peto Lnsoc} Loton> Larner |i) Atul} “2 Lisoks Iencio Jame 2 -brcia tags Lm beni MA® JRai) Nom gel Lasoit bere loo LiteAoe . [inal lags o ehh Joo Pane ais winds athe [Nias s5e I Kuaso Br ed on5) Wage Lair alo. bilo boi puns bee ity D brarom rom 20 tinsly buy ita bios od0 . coa0 ISL ges o> SS «hoe wel IMac do Nan JRS_ bea +155 roto LSa5 Joo «Lay oapas Laas We Nas +. [sicko IhLige [Nupw00 Ilo «Liens? Jo Mout Jug Letrmoes as) boo toss [For wortwce -oragl) JKisrsope . 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Livems, frase 2); So hia.) :i50 los Aum boos emds opebialy coho oie po ,omasze JAiqsot0 Wage INdus podu: Liam yo id Jiggs bo eee 9 eto eo Com Gad Jlas hao Sib soma few 25 Meg et bee) .agsso Lidar oot Wins cc buee sing IBaoto [kup go fideo We if) Munk Am CALL) fla Zmases J Spe Kan ol cn Sor a erer oot atmo bi) ep JS2uy Janse elil ro Noe 2 |? ool Jos jpmo * Ladin Nee Ko of Spo I oti I= Sorta Jorsctes 2}; Kuo 2 Mbp flense Joie Wyo qeoane Py Lars nas floibls las) ud oiso > # eptse dol, Jods jm 2) :Jerso) Lace Ir Jlausor —2 onaro Latte Lies Xan 2 Ipase ale geo Lopag JniJ a Jos go bettas, Leasing: Qo woo +}ASy0 ell) 2Jo a1) Lams Joo Jaa po ber ufo 75 .ool ho pro eas JAS. oronds LS), ba) ein Lois $000 qa temse coord Jai] Qe aransy Larise Lroze Jawe Lawl J2i> Joo iho ibl> ool fro hoo ©) Pour moe ..... ab 256 MARS. AVRIL 1915, Iacte [AaSa20 Jlawe Gro eo? Keo ba.j #1kSy0 . sett Ite pe ho wot Nv a Kame Io [Nuuto werolve -as-aily orealy J Wr nso avaoly Jnas 30) BJo «Lae Kop oo go semokse *. coordina Jas Las fhe bros Lod » Lolo Jods; aSdco om Oe 000 any E30) pS wed) ams « Lyoons PS wl eae Eh Law Igo seote Nous eel weokes} serokl Diy es J) aso} peo Late «doe wile ade fads; |Muas ue? ool Lecged con) gram fledias ois poo. Kiso Wi0d boo pa aac y-op| Minty Lane lado Lice? Ie ode oo .|Leg boloe loa vous JRasgso praiols -o0 Ig> as) pmo waBce as) aid Sty ON] J Wo wot isle bo yale oe |New obile Bas eae wilo .ac0 IAS Naas Gra iA ©? ool. 2) a) ings Lorol fro Kio of Jags Joo od saat Leer cine Spo iorte Wy [Mugor buto ofaanzo [hSa) zo 2.05) laius u: bar oo Pome > > mw webs ido Las Nias oe ool Latte NSpn Leo) .flinto Leo res Joo laas oil Pjomts Wy ars Lowe OJ 25 Noul) UN COLLOQUE DU PATRIARCHE JEAN. — FAITS DIVERS. 257 TRADUCTION. Ensuite, lettre de Mar Jean, patriarche, au sujet de Centretien » quil eut avec Pémir des Agaréens (Mabgroié "). 1. Parce que nous savons que vous étes dans le souci et la crainte & cause de nous, au sujet de faffaire pour laquelle nous avons été appelés en cette région), (avec) notre bienheureux pére le patriarche"), nous faisons savoir & Votre Charité que le neuf de ce mois de mai, le jour du saint Dimanche), nous sommes entrés chez l'illustre général émir, et ce bienheureux pere de l'ensemble (des chrétiens) a été interrogé par lui si cest-un seul et méme évangile sans aucune différence, qui est tenupar tous ceux qui sont chrétiens et qui portent ce nom par tout Je monde. — Le bienheureux lui répondit qu’il est un et le méme chez les Grees, les Romains, les Syriens, les tiens, les Couschites, les Hindous, les Arméniens, les Perses et le reste de tous les peuples et (de toutes) les langues). 2. Il lui demandait encore : « Pourquoi, puisque lEvangile est un, Ja foi est-elle différente? Et te bicnheureux répon- dit : «De méme que la loi (le Pentateuque) est une et Ja méme, et quelle est acceptée par nous autres chrétiens et par vous Agaréens ( Mahgroié), et par les juifs et par les samari- © qDeseendants d'Agar.» (9 Sans doute la Syrie, voir Introd., p. 27. (9 Litt. : eAvee te bienheareax et honoré de Dien, pére et seigneur et patriarche de nous.» 9 g mai 63g, voir Introd, p. 227, note 3. ©) Dans cette énumération, il n'est pas quostion des Arabes. I! semble d'ail- Jears ressortir de toute la discussion que I'Evangile n'éait pes encore traduit en lear langue et Ma-été pour la premiére fois en maijuin 639 (apris le g mai et avant le départ d’Amrou pour Egypte). . 7 258 “ MARS-AVRIL 1915. tains, et chaque peuple est divisé pour la foi; il en est de méme pour la foi de LEvangile , chaque hérésie le comprend et linterpréte de maniére différente, et non comme nous. 3. Il demandait encore : «Que dites-vous qu’est le Christ; qu'il est Dieu ou non?» — Et notre pére répondit : «(Nous disons) qu'il est Dieu et le Verbe qui est né de Dieu le pére, éternellement et sans commencement, et qu’a la fin des temps, pour le salut des hommes, il s’est incarné et s'est fait homme du Saint-Esprit et de la Sainte Vierge, Mére de Dieu, Marie, et il fut homme. » A. Lillustre émir lui demanda encore ceci : « Lorsque le Christ était dans le sein de Marie, Lui que vous dites étre Dieu, qui portait et gouvernait le ciel et la terre 2» — Notre bienheureux pére lui rétorqua le méme argument : = Lorsque Dieu descendit sur la montagne du Sinai, et y fut en conversa- tion avec Moise durant quarante jours et quarante nuits"), qui portait et gouvernait le ciel et la terre? car vous dites que vous recevez Moise et ses écrits'.» — L’émir dit : «C'est Dieu qui était et qui gouvernait le ciel et la terre.» — Et aussitét il entendit de notre pére : = [len est de méme du Christ Dieu; quand il était dans le sein de Ja Vierge, il portait et gouver- { Exode, xaiv, 18. © Om notera, sansen tirer d'ailleurs de conclusion négative, qu'il n'est pas question du Koran, c'est au seul Pentateuque que l'on fait appel. Les Musalmans sont bien des *Agaréens», descendents et disciple d’Abrabam et ad’Agar». Il est trés intéremwant de voir Michel le Syrien, Chronique, Il, 403, faire partir V'islmisme du judaisme : eMahomet s‘attacha & Ia croyance des Juifo qui lui plaissit... I la proposa a ses compatriotes et y gagna quelques- uns d’entre eus.» Comme consequence, il les envoyait piller — par droit Ahéritage — Vancien pays des Juifs, la Palestiae (ibid.). Théophane nous apprend aussi (an. G22) que des Juifs se sont attachés & Mahomet parce qi'ils, le tensient pour un de Iours prophetes. UN COLLOQUE DU PATIARCHE JEAN. — FAITS DIVERS. 259 nait le ciel et le terre et tout ce qui est en eux, en tant que Dieu tout-paiseat.2 5. Litlhestre ésnir dit encore : « Quelles étaient l’opinion et la foi d Abraham et de Moise?» — Notre bienheureux pére dit; «Abraham, Isaac, Jacob, Moise, Aaron, et le reste des prophetes, tous les sages et les justes, avaient et tenaient la foi des chrétiens. » — L’émir dit : «Pourquoi dés lors n’ont- ils pas écrit avec clarté et n’ont-ils pas fait connaltre ce qui concerne le Christ?» — Notre bienheureux pére répondit : ells le savaient, en tant quills étaient les confidents et les familiers (de Dieu), mais — (a cause de) Yenfantillage et de Ja rudesse du peuple d’alors, qui penchait et tendait vers le polyth¢isme, au point de regarder comme dieux des bois, des pierres et beaucoup de choses, d’élever des idoles, de les ado- rer et de leur offrir des sacrifices, — les saints ne voulaient pas donner prétexte aux égarés de s’éloigner du Dieu vivant et de suivre erreur", mais ils proclamaient avec circonspection ce qui est la vérité : Ecoute, Israel, le Seigneur Diew est un Set- greur un), car ils savaient en vérité quil n'y a qu'un Dieu et une divinité, du Pére, du Fils et du Saint-Esprit; aussi ils parlaient de maniére mystérieute et ils écrivaient au sujet de Dieu que le méme est un dans Ja divinité et (qu'il est) trois hypostases et personnes; car il n’y a pas et on ne confesse pas trois dieux ou trois divinités, ni en aucune manitre des dieux‘ et des divinités, parce qu'il y a une seule divinité du Pare, du Fils et du Saint-Esprit, comme nous [avons dit, et du Pere procédent le Fils et Esprit; et, si vous le voulez, je suis prét et disposé & confirmer tout cela & aide des Livres saints. » ©) Méme raison dans Phomélie LEX de Sévére d'Antioche, p. [303]. Patr. orient., t. XIL, p. a1. () Dewt., 1, 4. 260 MARS-AYRIL 1915. 6. Ensuite, lorsque I’émir entendit tout cela, il demanda seulement de lui démontrer par le raisonnement et par la Loi (Pentateuque) que le Christ est Dieu et qu'il est né de la Vierge et que Dieua un fils. — Et le bienheureux dit que non seulement Moise, mais encore tous les saints prophétes ont prophetisé d’avance et ont écrit cela au sujet du Christ. L’un a écrit au sujet de sa naissance d’une vierge, un autre qu'il nat- trait & Bethiéem, un autre (a écrit) au sujet de son baptéme; tous, pour ainsi dire (ont écrit), au sujet de sa passion salva~ trice et de sa mort vivifiante et de sa résurrection glorieuse du tombeau aprés trois jours; et il commenga a le confirmer daprés tous les prophétes et d’aprés Moise en méme temps"). Et Fillustre émir n‘accepta pas les (paroles) des prophetes, mais réclama Moise pour lui démontrer que Je Christ est Dieu; et le bienheureux, avec beaucoup d'autres choses, cita ce (pas- sage de) Moise : Le Seigneur ft descendre de devant le Seigneur le feu et le soufre sur Sodome et sur Gomorrhe'), Liillustre émir demanda qu’on le lui montrat dans le livre méme, et notre pere Je lui fit voir, sans erreur (possible), dans les livres complets grecs et syriaques. Certains Agaréens (mabgroi¢) étaient pré- sents avec nous en cet endroit, et ils virent de leurs propres yeux ces passages et le nom glorieux des Seigneurs et du Sei- gneur ©), L’émir appela un juif qui était et quils réputaient un connaisseur de l'Ecriture, et il lui demanda s'il en était {) La didasealie de Jacob (Sargis d'Aberga), Patrol. orientalis, -p. 711-780 (fase: 5), est consacrée a la démonstration de cette thise. E ailleurs été écrite vers Ia méme époque (640). © Gen., xx, 34. Ce texte est commenté de la méme maniére par Sévére d'Antioche, loc. cit., p. [308]. Le gree porte : Kal xipios SpeEev ex) Yddopa xal Tépoppa Slow xai wip wapd xuplov 4 odpavod. Le syriaque porte : Line sHaae ge Lise wo ge liese |Mins Jian Nae pore Me hel © Gen., 11x, 18, le syriaque porte le pluriel +330, mais il faut peut-dire lire ele nom glorieux du Seigneur et (une seconde fois) du Seigneur. ON COLLOQUE DU PATRIARCHE JEAN. — FAITS DIVERS. 261 textuellement dans {a Loi. Et celui-ci répondit: «Je ne le sais pas avec exactitude » '), 7. L’émir en arriva de 14 & interroger an sujet des lois des chrétiens; quelles et comment sont-elles; si elles sont dans YEvangile ou non?.Il ajouta : Si un homme meurt, et laisse des garcons ou des filles, et une femme et une mére et une sseur et un cousin, comment convient-il de leur partager 'héri- tage)? — Quand notre pére eut dit que YEvangile divin enseigne et impose les doctrines célestes et les préceptes vivi- fiants; qu’il maudit tous les péchés et tous les maux; quill enseigne l'excellence et la justice, et que beaucoup de choses | eurent été citées & ce sujet, — il y avait 14 réunis en foule non seulement les nobles des Agaréens (maghroié), mais les chefs et les gouverneurs des villes et des peuples fiddles et amis du Christ, les’ Tanoukaié, les Tou‘aié et les ‘Aqoulaié °), — ©) Le texte massoretique est tradait mot pour mot dans le grec et le syriaque OYSUT YD TIA NXD----YODA MA". Tout ceci semble encore indiquer que le Pentateaque n’était pas tradait en arabe, sinon on aurait allégué — pour ou contre — cette traduction. Voir infra, p. 270-271, au sujet da epatriarche Jean sur les héri- tages». De trés bonne heure tes lois romaines ont été compilées en syriaque pour régler cetle casuistique. M. Lane a édité ane de ces compilations d'aprés un manuscrit syriaque du commencement du ui* sidele, Leges seeculares, dans Anecdote syriaca, 1, Leyde, 1872, p. 128. — Les collections conservées ont 46 éditées par E. Sacmav, Syrische Rechtsbicher, t. I et II, Berlin, 1907 et 1908. — Citons, dans cet ordre d'idées, Pédition récente des lois des Musulmans espagnols : Particion de Herencias entre les Muswmanes del rilo malequi, par José A. Sascues Pénaz, Madrid, 1914, in-8*, 1-313 pages. © Ce sant les trois principsles tribus des Arabes chrétiens, Voir leur conver- sion et leur doge dans la vie d’Ahoudemmeh, Patr. orient., Ill, 21-33. Les “Aqoalaié, ec'est-i-dire les gens de Bagdad, pesséreat de Harran 4 Mabboug et ‘a Hemath», écrit Michel, Chronique, II, 445. Les trois tribus semblent étre a Toceident de Euphrates ( Iéid., If, 466-867). La triba chrétienne ta plus puissante semble avoir été celte des Teglibites qui s’étendaient depais [Oman et les bords du Tigre jusque vers la vallée de TOronte ot le Damssctne : on disait en matiére de proverbe : «Sans lapparition de I'Islam, Tegtib surait 262 MARS-AVRIL 1915. Villustre émir dit : «Je vous demande de faire une chose de trois : ou de me montrer que vos lois sont écrites dans YEvan- gile,-et de vous conduire par elles, ou d’adhérer & 1a loi mu- sulmane (Mahgrd).» Et lorsque notre pére eut réponda que nous avons des lois, nous autres chrétiens, qui sont justes et droites, qui concordent avec Venseignement et les préceptes de I'Bvangile et les canons des apétres et les lois de I'Eglise, Ja réunion de ce premier joyr fut dissoute 1a-dessus, et nous n’arrivames plus jusqu‘ici 4 paraitre devant lui. 8. (L’émir) avait fait venir aussi certains des principaux tenants du concile de Chaleédoine, et tous ceux qui étaient présents, orthodoses ou chaleédoniens, priaient pour Ja vie et Ja conservation du bienheureux patriarche; ils louaient et ils exaltaient Dieu qui avait donné abondamment la parole de vérité 4 sa bouche et qui l'avait rempli de sa force et de sa grace, selon ses promesses véridiques lorsqu’il a dit : Ils rous conduiront devant les rois et les gouverneurs d cause de moi, mais ne soye pas en souci de ce que vous direc et ne méditec pas; car il vous sera donné, en cette heure, ce que vous devez dire, parce que ce n'est pas vous qui parlez, mais PEsprit de votre Pére parle en vous (0), 9. Nous mandons a Votre Charité ces quelques mots des nombreuses choses qui furent agitées en ce moment, afin que tout envabi». Cf. H. Lanmens, dans Mélanges de la Faculté orientale de Beyrouth, 1908, III, 1, p.262-263. Les Tanoukaié sont sans doute ces Benon- Thenoukh (fils de Tanouk) qui ont convenu avee Khaled, avant 639, de faire défection au milieu du combet, ef. L’Arabie, par Noél Disvancuas, Paris, Didot, 1847, p. 235 (d'eprés Kemal-Eddin, Histoire dAlep). On comprend das lors comment des «Tanoukaié» étaient dans le camp d'Amrou. Voir dans Mucus, Chronique, Il, 481, le martyre des chefs des Tegibites Mo'sdh et Sam‘alla, vers 709. Chez Ban Hésnaxcs, Chron. eccl., Il, 123 (cité Patr. orient. IIL, 57) eles Arabes chrétiens cont les Taglibites demeurant sous les tentes». © Matth., x, 19-20.

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