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Elyaagoubi Ahmed
Université Moulay Ismail - EST de Khénifra.
Moulay Ismaïl University in Khenifra.
Abstract : L’ouvrage d’El Mostafa Chadli Les Sémiotiques textuelles apporte des gloses et des
éclaircissements intéressants à propos des différentes tendances de la sémiotique. Cette
discipline s’est constituée comme une branche des sciences du langage au confluent de la
linguistique, de l’anthropologie et de la logique formelle. Elle a été traitée selon plusieurs
approches. Cette présentation sera axée sur la relation entre la sémiotique et une autre discipline
de la linguistique, en l’occurrence la pragmatique. La question portera sur la sémiopragmatique,
ses fondements théoriques ainsi que les outils qu’elle offre pour analyser tout genre de discours.
Abstract: The book of El Mostafa Chadli Textual Semiotics offers interesting gloss and
clarifications regarding the different tendencies of semiotics. This discipline is seen as a branch
of langue sciences converging with linguistics, anthropology and formal logic. Semiotics has
been analyzed via various approaches. This article will focus on the relationship between
semiotics and pragmatics. We will examine semiopragmatics, its theoretical foundations as well
as the tools it offers in analyzing all types of discourse.
Texte intégral
L’analyse textuelle et l’analyse du discours ont vu leur émergence dans les années
cinquante. Considérés au début comme deux champs distincts, ils ont été rapprochés par la suite
de façon successive. Nous allons essayer de mettre au point la relation qui s’est instaurée entre
ces deux domaines à travers l’exposition de leurs fondements théoriques ainsi que les concepts
clés auxquels ils ont fait appel. Nous commencerons par le champ d’analyse de discours pour
passer par la suite à l’analyse textuelle et terminer enfin par l’analyse textuelle de discours, une
nouvelle approche conçue par J.M. Adam et qui intègre l’analyse textuelle dans le domaine plus
vaste de l’analyse du discours.
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Au sein des sciences du langage, l’A.D est donc la discipline qui postule une articulation
entre les phénomènes langagiers et les phénomènes sociaux et se rapporte de ce fait aux liens
existant entre texte et contexte. D. Maingueneau définit l’A.D comme « la discipline qui ne
traite ni l’organisation textuelle en elle-même, ni la situation de communication mais pense le
dispositif d’énonciation qui lie une organisation textuelle et un lien social déterminé »
(1973 :13)
Il faut souligner qu’en France, au cours des années 60 et 70, s’est développé un courant
dénommé l’École Française d’Analyse de discours, avec la parution du n°13 de la revue
Langages, intitulé « Analyse du Discours » (1969). Ce courant se fondait sur deux approches
philosophiques du discours :
D’une part, celle de Louis Althusser, dans le cadre de la pensée marxiste, avec les
théories de l’idéologie, dont les mécanismes contribuant au maintien des rapports sociaux et
des modes de domination
D’autre part, celle de M. Foucault et des notions de formations discursives, des pratiques
discursives et d’archives développées dans l’archéologie du savoir (1969). Il s’agissait d’un
véritable programme de recherche ayant comme objet d’étude la genèse et les modifications
des pratiques discursives. Le discours politique était le corpus favori de ces deux courants, de
gauche le plus souvent.
Plusieurs concepts et termes ont marqué cette discipline, nous noterons, entre autres, les
plus importants :
Dans la lignée de son travail de « description des événements discursifs » (1969 :39),
M .Foucault montre qu’un groupe d’énoncés est défini comme une unité de discours quand il
répond à quatre critères : il doit posséder un domaine d’objets communs, un type d’énonciation,
un système de concepts et des choix thématique propres. Ce sont les conditions d’existence
d’une formation discursive :
« Dans le cas où entre les objets, les types d’énonciation, les concepts, les choix
thématique propres. On pourrait définir une régularité (un ordre, des corrélations, des positions
et des fonctionnements, des transformations), on dira qu’on a affaire à une formation
discursive. »
Pour M. Foucault, c’est donc le concept de formation discursive qui permet de définir
celui de discours.
Quant à M. Pêcheux, les formations discursives déterminent « ce qui peut et doit etre
dit(…) à partir d’une position donnée dans une conjoncture donnée » (1971 :102) , Pour sa part,
D . Maingueneau reprend le concept de formation discursive et le présente comme l’un des trois
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piliers théorique de l’analyse du discours, avec ceux de « discours » et de « surface
discursive », il définit la formation discursive comme un « système de contraintes de bonne
formation sémantique » auquel le discours doit se conformer.
La linguistique Textuelle s’est développée à partir des années 60, son émergence est due
à la nécessité d’une linguistique transphrastique. Certains linguistes estimaient en effet que
l’unité d’analyse la plus grande devrait être prise en considération en linguistique était le texte
et non la phrase.son émergence est également due au développement du débat sur les rapports
entre texte et discours.
Aux États-Unis et en Angleterre, à partir des années 70, plusieurs ouvrages essentiels
sont publiés. En 1976, M.A.K. Halliday et R .Hassan publient « cohésion in English » donnant
ainsi une dimension transphrastique à une discipline dominée par la linguistique de la phrase.
De même en 1981, R .A . De Beaugande et W .U. Dresseler publient « Introduction to Text
Linguistcs », ils y définissent le texte comme une occurrence communicationnelle et
textualisation comme une procédure de réalisation de problèmes.
Au début des années 70, deux ouvrages fondateurs de pour la linguistique textuelle sont
traduits en Français et marquent son développement, le premier est le temps, ouvrage de H.
Weinrich, publié en Allemand en 1964, traduit en 1973, qui propose un programme
de « linguistique textuelle » permettant l’analyse des temps verbaux des langues européennes.
H. Weinrich conçoit la linguistique textuelle comme « prolongement et développement de la
linguistique structurale » et y définit le texte comme suit « une totalité où chaque élément
entretient avec les autres des relations d’interdépendance. Ces éléments et groupes d’élément
se suivent en ordre cohérent et consistant. Chaque segment textuel compris contribuant à
l’intelligibilité de celui qui suit. Ce dernier, à son tour, une fois décodée vient éclairer
rétrospectivement le précédent » (ibid., 144)
M. Bakhtine indique que ces « énoncés là peuvent et doivent être définis et étudiés, eux
aussi, de façon purement linguistique, comme des phénomènes du langage (1978 :59)
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reprises, le domaine relatif à la progression de l’information (thèmes-rhèmes), le non-dit et les
liens logiques.
Il faut avouer que c’est grâce aux travaux de J.M. Adam que la linguistique textuelle a
commencé à s’imposer dans le monde francophone. En effet, dans son ouvrage « la linguistique
textuelle : introduction à l’analyse textuelle du discours », J.M. Adam la définit comme « une
théorie de la production contextuelle de sens, qu’il est nécessaire de fonder sur l’analyse de
texte concrets » (2000 : 3) et place ce courant de recherche qu’il nomme « analyse textuelle des
discours » à l’intérieur de l’analyse du discours.
« Postulant à la fois une séparation et une complémentarité des taches et des objets de
la linguistique textuelle comme un sous domaine du champ plus vaste de l’analyse des
pratiques discursives » (ibid. : 19)
La linguistique textuelle a pour tâche de décrire les principes ascendants qui régissent
les agencements complexes mais non anarchiques des propositions au sein du système d’une
unité texte aux réalisations toujours singulières. L’analyse de discours –pour moi- analyse des
pratiques discursives qui renonce à traiter comme identiques les discours judiciaires, religieux,
politique, publicitaire, journalistique, universitaire, etc. s’attarde quant à elle prioritairement sur
la description des régulations descendantes que les situations d’interaction, les langues et les
genres imposent aux composantes de la textualité » (Ibid. :35).
Conclusion
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Remarque 2 : le texte est l’objet de l’analyse textuelle de discours. Il est la trace
langagière d’une interaction sociale, la matérialisation sémiotique d’une interaction socio-
historique de la parole.
Bibliographie
Adam, J. M. (1999), Linguistique Textuelle : des genres de discours aux textes. Paris, Nathan
Bakhtine, M. (1978), Esthétique et théorie du roman, Paris, Gallimard, trad. Fr. (1ère édition de
1975).
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